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3 MONXQUE GENEST-LE BLANC INTRODUCTION DE LA CEINTURE BLÉc~~ÉE CHEZ LES ~~RINDIENS: C-TION D'UN SYMBOLE DE STATUT SOCIAL These presentee a la Faculté des &tudes supkieures de 1' Universite Laval pour 1' obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph-D.) ETHNOLOGIE DES FRANCOPHONES EN MRIQUE DU NORD DÉPARTEMENT D ' HISTOIRE FACULTÉ DES LETTRES UNI-RS I T ~ LAVAL Q~BEC MARS 1996 O~onique Genest-Le Blanc, 1996

4 Acquisitioris and Bibliographk Services Acquisitions et semas bibiiogaphiques The author has granted a nonexclusive licence ailowing the National Libmy of Canada to reproduce, ban, distribue or seil copies of this thesis m microform, paper or electronic fonnats. The author retains ownership of the copyright in this thesis. Neither the thesis nor substantial extracts fiom it may be printed or otherwise reproduced without the author's permission. L'auteur a accorde une licence non exc1usive permettant à la Bibliothèque nationale du Canada de reproduire, prêter, distribuer ou vendre des copies de cette thèse sous la forme de microfiche/nlm, de reproduction sur papier ou sur fomiat électronique. L'auteur conserve la propriété du droit d'auteur qui protège cette thèse. Ni la thèse ni des extraits substantiels de celle-ci ne doivent être imprimés ou autrement reproduits sans son autorisation.

5 Les «ceintures fléchées» tissées aux doigts avec de la laine colorée au moyen de laquelle on réalisait des dessins géométriques faisaient partie du costume de l'habitant du BasCanada. Fabriquées a la main par les femmes, ce sont les hommes qui la portaient par-dessus leur manteau. Quand cew-ci sfengag&r e n t auprès des compagnies du Norb-Ouest et de la Baie d'hudson qui faisaient la t r a i t e des fourrures, leurs ceintures exercèrent un grand a t t r a i t aupres des Amérindiens et les traiteurs apprirent vite à sren servir comme articles de troc. Dans notre recherche, nous démontrons que contrairement à 13 croyance répandue voulant que ces ceintures color6es soient d'origine amérindienne, elles ont plutôt été adoptées par les Autochtones par le biais des commerçants. Cette tradition de porter l a ceinture dans des occasions particulieres est toujours vivante chez certains groupes amdrindiens. La documentation utilisée est surtout tirée des récits de voyageurs et des archives administratives des compagnies de traite, mais le moyen essentiel et complémentaire pour suivre le cheminement des ceintures des rives du Saint-Laurent jusqufh celles du Pacifique, fut surtout le recours à l'expertise technique quant a la fabrication des ceintures,

6 Notre recherche t e n t e de démontrer que les attrayantes..ceintures flechéesm f a i t e s de Laine colorees et tissées aux doigts qui faisaient partie du costume traditionnel des habitants du BasCanada, ne sont pas d'origine autochtones comme on a tendance à le croire a la suite de conclusions hâtives, mais qurelles ont été adoptées par certaines tribus amérindiennes par le biais du commerce des fourrures. Pour étayer cette affirmation, un abondant corpus de documents manuscrits et de sources imprimées a d'abord été étudié, partant des écrits des missionnaires (relations et correspondance), en passant par des récits de voyageurs et des livres de comptes de marchands. Cela, afin de confirmer la présence des ceintures chez les Canadiens français, de même que leur absence a l'origine dans l'habillement des autochtones. Des recherches dans les archives manuscrites des compagnies de traite de fourrures (celle du NordOuest et celle de l a Baie d'hudson) ont permis de révéler des transactions concernant l'introduction de ces ceintures chez certaines nations amérindiennes. Un corpus iconographique a permis d'appuyer les informations recueillies dans les écrits concernant la présence ou L'absence des ceintures, de même que leur adoption par les autochtones grâce à la traite des fourrures. L'expertise technique quant a la fabrication des ceintures et la connaissance des fibres e t des motifs, a facilité une lecture minutieuse de multiples échantillons de ceintures disséminées dans plusieurs musées en Amérique du Nord et en Europe. Cette opération s'est averee incontournable pour mener Zt bien notre étude. La tradition de porter la ceinture en certaines occasions est toujours vivante au sein de quelques nations autochtones qui tiennent cet accessoire vestimentaire cornaie un symbole identitaire.

7 Je remercie sincè-rement M. Henri L&tourneau, autrefois conservateur du mu&e historique de Saint-Boniface au Manitoba ainsi que son assistante Mad. Marie-Paule Robitaille, qui me dirigèrent vers de nombreuses sources dr information, entre autres, aux archives de la Compagnie de la Baie drhudson et vers Mme Shirlee Smith, la conservatrice. Je dois aussi des ~emerciements chaleureux 8 tous les conservateurs de musées, tous les bibliothécaires des pays où j'ai poursuivi mes recherches; ils ont tous manifeste empressement et enthousiasme devant mes sequetes; cette artisane des textiles du Montana, Jessie H. Clemans qui a suivi fébrilement mon cheminement, rnr apportant des renseignements complémentaires à certains documents manuscrits. Jrai aussi un grand sentiment de gratitude envers Jocelyne Mathieu, ma directrice de these ainsi que Jean-Claude Dupont, codirecteur, pour leurs conseils judicieux et leur disponibilité. Je ne peux passer sous silence la contribution des membres de ma famille, leur soutien et leurs encouragements.

8 TABLE DES MATIÈEES PAGE R E M E R C I E M E N T S iv TABLE DES ILLUSTRATIONS,.,.,..,,...,.. vii BIBLIOGRAPHIE.,,,..,,.,..,....,,. xii INTRODUCTION.. œ,.,,.,.. a,., ~ o..,., 1. Genése de la présente recherche,...,.,., Fonctions et significations du vêtement.., Unepratiquedelréchange Sourcesetméthodes,....,,,....,.., 16 Notes de l'introduction..., , 30 CHAPITRE 1: FICHE TECHNIQUE DE LA CEINTURE FLÉCHÉE Les critgres techniques..., Les types dr assemblage, Les genres de fibre L'ordre des couleurs Le répertoire des désignations Lf Assomption aux doigts L'Assomption au métier L'Acadienne et autres La ceinture h fleche La ceinture au chevron. 1.3 La ceinture fléchée typiquement Le tissage aux doigts, Le motif fleches... Notes du chapitre 1....,... L I * * O ,.... O, o......,. 45 -, o......, 46.,.,..., o..., 47 québécoise..., 48..,,...* ,...,, ~....,. 55. CHAPITRE II: PRÉSENCE DE LACEINTURE..,.,.,, 57 Chez les explorateurs en Nouvelle-France... l 57 Dans les écrits canadiens-français,.,,, 62 Sous le Rkgime britannique...., 67 Chez la Compagnie du Nord-Ouest,.,.. 77 Chez les visiteurs étrangers La Compagnie de la Baie d'hudson.,. l 91 Chez les visiteurs américains..,..,. 94 Chez les historiens de la ceinture fléchbe, l 98 Danslesmus&es,..., a, 100 Notes du chapitre II..., l 108

9 ... vi PAGE CHAPITRE III: LWABILLEMENT CHEZ LES AUTOCHTONES EN MRIQUE DU NORD.., La Nouvelle-France et l'acadie Le as-canada sous le rkgime anglais Le Haut-Canada. les Grands Lacs et leur pourtour 3.4 La riviére Rouge La Baie d'hudson et ses environs Au-delà des montagne Rocheuses jusqura l'océan Pacifi~ue... Notes du chapitre III... CHAPITRE IV: LA CEINTURE FLEcBÉE: SYMBOLE D'UN STATUT SOCIAL... Le concept de fonction symbolique Un symbole positif Un symbole negatif..,.... Un symbole amérindien Anecdotes et thoignages Oeuvres picturales temoins Témoignages 6crits Le Haut-Canada et la rbgion des Grands Lacs... Le Manitoba, les Territoires du Nord-Ouest, le sud et l'est de la baie d'hudson...m...m Rayonnement symbolique jusqufen Floride... L'ouest des Rocheuses et les Etats américains du sud-ouest... Notes du chapitre IV CONCLUSION ANNEXES

10 TABLE DES ILLUSTRATIONS Illustrations Illustration 1: Illustration 2: Illustration 3: Illustration 4: Illustration 5: Illustration 6: Illustration Illustration 8 : Illustration 9 : Illustration 10 : Dessin du chevron, enfilade de V, Monique Le B 1 m c a ~lhsphère de la terre, Petit Larousse illustré, p qui a senri à tracer sommairement une route fictive du "chevronu 3a... Dessins de fleches (tête), flèches nettes ou parallélograrmaes, éclaires, Monique Le Blanc Sa... "John White's famous portrait of a Secotan Chief from the Pamlico River, North Carolina. Note tattoing, the bare feet, and bow guard on the left wristmu Indians of North America, Geoffrey Turner, Sterling Publishing Co. Inc., New York, 1992 (reprint lwg), p a "Mato-Topi (Four Bears) Mandan Chief", painted by Karl Bodmer, 1834, ibid., p b "Navajo Indians of Arizona and New Mexico. The girl wears the 'offices's wifer style adopted after 1865, whilst the older woman shows the traditional home-woven two-piece dres~.~ Indians of North America, Geoffrey Turner, New York, Sterling Publishing Co. Inc.,p.42,... 6c M&is dansant et portant leur ceinture de laine, Julia Dw Harrison, Metis, Peonle between two Worlds, Vancouver/Toronto, The Glenbow-Alberta Institute in Association with Douglas & Mclntyre, 1985, p. 11 1Sa... Carte servant a situer les Postes de traite, tirée de A Historical Atlas of Canada, D.G.G. Kerr editor, University of Western Ontario, a... Ibid., carte qui a servi situer les diverses tribus environnant les Postes 17b Tableau de Thomas Davies, Touple Canadien au Chateau-Richer en 1788". Galerie Nationale du Canada, Ottawa... 6Sa

11 viii Illustration 11 : %in Canadischer Bauerw ou Canadien en costume d'hiver, 1778 par F.V. Germann, APC... 70a Illustration 12 : Broderie au motif de chevron, appel6 Bargello, Hungarian Point, Florentine Stitch or Flame Stich, Erica Wilson, Needle~lav highlights from the television series "EricaW, New York, charles Scribers's Sons. 1975, p Oa Illustration 13 : WCostumes de divers types de Canadiens tels que représentés par John Lambertw, Travels throuah Canada and the United States of North America in the vears 1806, 18n7 and 1808, dans Canada-Oukbec, Synthese historique, Je Lacoursiére, J. Provencher, D. Vaugeois, Editions du Renouveau pédagogique, Montreal, 19 60, p.266..œ...œ.~...87a Illustration 14: Illustration 15: Illustration 16: Two Habitants of Lower Canadan, watercolour oves pencil, 1825, de John Crawford Young, tableau 2093 ( ), Royal Ontario Museum...,,.,., b wbeaded arrow sash of Dr. Chénier in 1837 : of an exceptional type, with five bands interlocking together (Dominion Archives, Ottawa, Ontario), Plate 1 dans Assomption Sash de Marius Barbeau, National Museum of Canada, Bulletin 93, Anthtopological series no 24, Facsimile Edition 1972, page liminaire. 99a Travail du tissage des porcelaines àites aussi wampum. Planches D, E, F reproduites df apr&s le hdian Crafts and ~eadworks, Temple ~ ity, California, Craft Course Publisher, 1964, p, 8 Illustration 17: Illustration 18: Illustration 19: Travail du tissage des piquants de porc-épic- Reproductions df aprés The World of the American Indians, Washington DeC. National Geographic Society, 1974, p. 266., a Cuirasse de baguettes entrelacees de cordelettes dfaprés The World of the American Indians, p.151,.,...,. e., m, e e 120a wstudies of seven Indians figures in Eutopean and Indian dressw, no 2220, upper sketch, Mary Allodi, vol. 2, Canadian Watercolours and 129a Drawinas in the ROM,,.....

12 Illustration 20: Illustration 22: illustration 23: illustration 24: illustration 25: Illustration 26: Illustration 27: Huile de Peter Rindisbacher "Captain W. Andrew Bulger Saying Farewell at Fort Mackayr Prairie du Chien, Wisconsin, 1815, showing a group of fjibwa Indians*, c. 1823, Ink and Watercolour. "Bof fou, Neeiee!" Profiles of Canadian Indian Art, Ted Brasser, Ottawa, A travelling Exhibition of the National Museum of Man, 1970, p a Dessin de Peter Rindisbacher "Interior of Settlerf s House in Red Riverw, Original in Public Archives of Canada, Ottawa, dans The Picture C-?llerv of Canadian Historv, 1763 to 1030, C.W= Jefferys, vol. 2, Toronto, Ryerson Press Toronto, 1970 (1945), p b "Man and Two Wornen". (Red River Metis; sketch for his painting, OA Halfcast and His Two Wives de Peter Etindisbacher ( ), Courtesy Glenbow-Alberta Institute, Calgary, dans "Bo' jou, Neeiee! ", loc. cit., p c... "Ink and WatercolourN du tableau de Peter Rindisbacher, "An Indian Scalp Dancew (Southern Manitoba), Courtesy Hudsonf s Bay Company, Winnipeg, ibid., p d Dessin d'un artiste anonyme "White Trader Meeting the Indiansu, 1820 (no 2217), Watercolours, touches of gouache over pencil, Roval Ontario Museum 152a... Photo drune Soeur Grise enseignant le tissage aux Inuits, intitulee "Mission Chesterfield Inletw, "le f léchew, Sociéte historique de Saint-Boniface. Manitoba, gracieuseté de M. - Paule Robitaille 159a... Effigie du docteur John Rae au-dessus de sa tombe au cimetière de la cathédrale Saint- Magnus, d Kirkwall, capitale des Orcades, dans La baie drhudson, la compagnie des aventuriers, Montreal, Les editions de 1' Homme, 1985, p a... Dessin de C.W. Jefferys "Samuel Hearn on his journey to the Coppermine, 1770" dans C.W. Jef ferys, The Picture Gallery of Canadian Historv to 1830, vol. 2, Toronto, McGraw-Hill Ryerson, 1870 (reprint 1945),

13 Illustration 28 : Illustration du tissage africain des kentes, dans Parle-moi de la ceinture fl&chée!, Monique Le Blanc, Montr6a1, Fides, 1977, 3 182a... Illustration 29 : Photo -Symbol of Afioican pride for the Kentew, dans l'article "King of FibersR by John Thomson, photographs by Cary Wolinsky, National Geoara~hic, vol, 185, no 6 June 1994, Washington D.C. National Geographic Society, 8 183a... Illustra+ion 30 : Photographie d'un chapeau conique de 60 cm. dans l'article de Evan Hadingham, photographies de Jeffery Newbury, "Riddle of the Chinese Mummiesu, Discover, New York, April 187a Illustration 31: Illustration 32: Illustration 33: Illustration 34: Illustration 35: Illustration 36:. 1994,p. 72,...O...,.. Photo de Madeleine Ozeray portant un bandeau flkch6 par Cécile Barot, dans Ceinture fléchée, Édition Paysana, Montreal, 1945, gravure - VIX1...O 189a Photo où on voit Joskphine Gérin-Lajoie portant une ceinture fléchee au cou, dans Marie Gerin-Laioie, de Hglène Pelletier-Baillargeon, Montréal, Boréal Express, 1985, p. 96 et photo de Françoise Gaudet-Smet dans Mr en allant promener, Montréal, Beauchemin, 1953, par Françoise Gaudet-Smet, intérieure de la jaquettedulivre. 190a... Croquis de la toile de Thielke des Chefs hurons de Lorette en 1838, commandee par le marchand Syme dans C.W. Jefferys, The Picture Gallery of Canadian Historv, 1763 to 1880, vol. 2, Ryerson Press Toronto, 1970 (reprint 1945), p ,... 19Sa Three Chiefs of the Huron Indians, Residing at La Jeune Lorette, near Quebec, 1825, Handcoloured lithograph, Public Archives of Canada, Ottawa, dans "Bo* iou, Neeiee! ", lac. cit., p a mnicholas Vincent Isawanhoni, a Huron Chief, Holding a Wampum Beltur 1825, After Edward, Collection personnelle. 197b Portrait de Joseph Brant par William Berczy en 1807, huile sur toile, MBAC a

14 Illustration 37 : "A Group of Menomine MenR, oil on canvas by Samuel M. Brookes, 1858 * Courtesy Milwaukee PublicMuseum.. l,.,. 208a Illustration 38: wwi-jun-jonr the Pigeonr s Egg Headw, 1844, George Catlin, Courtesy Amon Carter Museum Fort Worth, Texas, dans "Bo'iou, Neeiee!" Profiles of Canadian Indian Art, par Ted Brasser,po180.,.,.. l, l 212a Illustration 39 : "An Indian TrapperR, by Frederic Remington, 8 9 in Harpers Monthly Magazine, dans The Fur Trade in North Dakota, Edited by Virginia L, Heidenreich, State Historical Society of 213a Illustration 40: North Dakota, Bismark, l Illustration de Louis Riel, =Les Communes reconnaissent le r61e (unique et historique) de Louis =el, par Maurice Girard, La Presse, 213b Montréal, 11 mars l,. l Illustration 41 : Tableau d'adam Sherrif f Scott, dans Héritage du Canada, Les &v&nements et les hauts lieux de notre histoire, le conflit de la riviere Rouge, Montréal, CAA, 1984, p. 168., 214a Illustration 42 : Portrait du Métis Joseph Rolette, dans The Fur Trade in North Dakota, Edited by Virginia L. Heidenreich, State Historical Society of North Dakota, Bismark, 1990, page frontispice 217a

15 BIBLIOGRAPHIE

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32 INTRODUCTION 1. Gengse de la ~resente recherche Lorsque j &tais étudiante lrecole normale, j' aperçus, pendant un cours, dans mon livre d'histoire du Canada, une illustration montrant un voyageur portant une ceinture fldchee. Voulant savoir ce que c'était, je questionnai le professeur qui me répondit que cela n'existait plus, Je découvris plus tard, en visitant lrexposition universelle de Montreal, en 1967, que la fabrication de ces ceintures &tait encore connue de quelques personnes. Très curieuse dcen savoir davantage, je décidai, 1' automne 1968, df apprendre cette technique. Je fus confrontée, dés le début, à une difficulte, A savoir tresser un chevron avec des brins de laine. Bien que possedant une bonne experience du tressage de la paille pour confectionner des chapeaux, je nfarrivais d aucun résultat. Une compagne tisserande me conseilla alors de tisser plutdt que de tresser. Je ncai jamais oublie ce mauvais depart et jfai garde une forte aversion utiliser le mot tressage que je considère non approprié à la confection de ceintures f lkchées. L'expérience acquise de 1968 à 1972 m'amena di tisser devant des groupes de visiteurs qui faisaient toujours la remarque suivante: "Vous tressez une ceinture indienne?" Ceinture indienne ou ceinture de voyageur? Je ne pouvais me prononcer, mais je me demandais bien pourquoicommandait-on des ceintures aux Canadiennes si elles etaient faites par les Am&rindiemes?" C'&tait pout le moins bizarre. Cela déclencha en moi le souci et le désir de percer le mystére.

33 La visite du plus grand nombre possible de musees s'imposait afin de connaitre les différentes ceintures conservees, noter les techniques de confection, les diffkrentes fibres ainsi que les couleurs. Jr en visitai en tout quarante-six. Jr en retirai peu d' information sur l'origine de la ceinture fléchee, mais sur un autre aspect je fis une découverte inattendue: lrappellation "ceinture f16ch6ew englobait de multiples sortes de ceintures de laine, oh le plus souvent la couleur rouge dominait et oh on ne voyait pas r.&cessairement des dessins de flèches et pour lesquelles différentes techniques de fabrication avaient &te utilisees. Perplexe devant cette constatation, je decidai de me replonger dans lr histoire du Canada. Je nt appris rien à propos des ceintures fléch&es, mais cela mraida a mieux connaitre la g6ographie du commerce des fourrures. Je découvris que les Amerindiens ne connaissaient ni la laine, ni le tissage, mais je nravais rien trouve pouvant mfeclairer sur l'origine ou la presence des ceintures dites fléchkes. Dans une &tape suivante, delaissant la grande histoire, je lus des biographies concernant des persomes qui furent actives dans le commerce des fourrures. Je consultai aussi les archives des compagnies de traite de fourrures qui me rev6lèrent une profusion dr appellations de ceintures en provenance de Montréal et d'angleterre. Ces ceintures étaient distribuées dans de nombreux postes de traite, troquees et parfois vendues aux Amérindiens. La lecture de recits de voyages, de journaux personnels, de recueils de correspondance familiale ou d' affaires, même de romans historiques, mrapprit la presence de ceintures de laine chez l'habitant de la vallee du Saint-Laurent, sa confection avec de la laine filée h la maison ainsi que l'adoption de celles-ci par les Amerindiens dans leur costume. Cependant, si cette ceinture colorée du paysan canadien, comme elle etait couramment appelée, representait souvent un dessin de chevron (enchaînement de V) (voir illustration 1), une connaissance plus etendue de diverses techniques s'imposait et me

34 Illustration 3

35 fit découvrir que le motif chevron était réalisé au moyen d'un tissage aux doigts dans plusieurs pays dont le Japon, Israël, l'afrique du Nord, la Turquie, la Roumanie, la Tchécoslovaquie, la Lituanie, la Norvgge, la France et le Canada (region de Charlevoix). Il y avait, presque comme la route de la soie, une route du chevron (voir illustration 2). Des témoignages de personnes originaires de ces pays, de visiteurs en ayant apporté des &chantillons, des rencontres avec des spécialistes en textiles d'ailleurs alimentgrent le débat sur l'origine de la ceinture canadienne. Toutes ces donnees rassemblées, il devenait impérieux de justifier les allegations prônées bien fort concernant l'exclusivité de la ceinture canadienne et la présomption de son origine amérindienne. Mes connaissances pratiques de la technique du fleche et de plusieurs autres techniques dites aux doigts m'ont permis une analyse s6quentielle du travail de la ceinture qui r&v&la un mouvement particulier permettant de former des pointes de fleches, des flèches nettes, des éclairs et d'autres motifs cr&s par la &organisation de ces différents dessins (voir illustration 3). Cette demarche m'a amenée corriger les assertions inexactes &mises sur la seule foi des comparaisons visuelles qui ne tenaient pas compte des sp6cificitas techniques. C'&tait donc en ayant mis la main a la pate, ou pour mieux dire à la laine, aussi peu scientifique que cela paraisse premiére vue, que je decidai de structurer ma démarche. Cette recherche en tous sens aboutit a une problematique selon laquelle, grace aux contacts d'un peuple avec un autre, des idees, des manieres de vivre, des modes vestimentaires s'introduisent et par la suite se diffusent i3 d'autres, se modifient et finissent par s'installer dans les traditions de ces peuples. Cette problematique d' &changes interculturels tente de demontrer qu'au cours des contacts entre les Blqncs et les Amerindiens, un article de vétement, la ceinture flechee, a &te introduit, diffusé

36 Reproduction d'une planisphère de la terre, Petit Larousse illustré, p. 1021qui a servi à tracer samairement une route fictive du "chevron"

37 et adopte par certaines tribus qui lui ont reconnu un symbole de statut social, et cela jusqur à nos jours. Robert Cresswel, notamment, &rit que dans la majorite - des cas, les migrations ou les rapports des peuples entre eux etaierit l'origine des ressemblances culturelles et que des traits culturels similaires étaient rarement dus des inventions independantes'. Cette caracteristique du diffusionnisrne peut très bien s'appliquer l'objet de notre recherche: la ceinture flech6e. - Cette ceinture de laine colorée était portée par l'habitant de la vallée du Saint-Laurent sur son capot d'étoffe du pays. En plus df étre bien utile pour tenir au chaud, son apparence tres décorative suscitait un grand attrait. Le voyageur John Lambert rapporte que lorsqur il visita le pays en 1806, cinq habitants sur six la portaient2; d' autres visiteurs 1' ont aussi mentionnee aussit6t qu'en Madame de Riedesel, Warburton et le mercenaire allemand. Elle faisait donc partie du costume quotidien de l'habitant et lfidentifiait. Elle jouissait d'une grande reputation de par sa joliesse et par sa fabrication ingénieuse qui ne necessitait pas de metier, seulement des doigts habiles. Cette ceinture a été aussi associée à l'image du coureur de bois, qui cherchait A gagner sa vie sans être soumis trop de contraintes émanant drune autorité. Plus tard, c'est à l'image du voyageur, embauche officiellement par les traitants de fourrures. qur elle fut lice. Les coureurs de bois et les voyageurs, au début, accompagnèrent les prospecteurs de fourrures' firent de nombreux voyages vers les Grands Lacs et bien au-del8 B l'ouest, pour tracer des itinéraires par voie d'eau ou de terre afin d* ouvrir des postes pour y traiter avec les Amérindiens. Plusieurs transactions entre Amérindiens et marchands se réglaient par le troc d'objets soit fort utiles comme chaudieras, fusils, alênes, aiguilles a coudre, soit parfcis par des articles

38 plut6t décoratifs, rubans, &harpes, tissus, perles et ceintures de laine. Lr aspect coloré et dkcoratif de ces dernieres fit nastre le désir d'en poss6der. Les compagnies comprirent bien vite l'outil quf ils detenaient et virent h sg en procurer. Ce qui ne tarda pas - h creer une nouvelle mode vestimentaire chez ces peuplades. Fonctions et sisnifications du vêtement Selon Jean Cazeneuve, la mode serait une institution qui permettrait de réaliser un équilibre entre des besoins de conformité, d'approbation et de dgsir de distinction: L'homme cherche transformer son apparence. à se parer pour le plaisir et ce serait une erreur de croire que tout s'explique par la nécessité de protéger le corps humain contre les rigueurs du climat, même si tous les peuples de la terre ont recours à des vêtements pour se couvrir3. Ils le font d'abord pour se proteger du froid Ih ob la temperature est peu clentente comme en Sibkrie, en Finlande, en Laponie, en Alaska et dans les territoires du Grand Nord; ils le font aussi pour se protéger des rayons trop ardents du soleil dans les régions méridionales ou torrides de lgh&nisphère austral, comme en Afrique du Sud ou en Amkique du Sud; ils le font méme dans des régions oh on croirait qu' ils ne devraient pas en porter si ce n'est par pudeur, Qu'ils soient couverts ou pas, ils ont tous au moins recours a des parures. Certains peuples utilisent le tatouage pour simuler des vetements de belle apparence comme c'était le cas pour les Indiens rencontrés en 1584 par 18exp6dition organiske par Sir Walter Raleigh et dont lr artiste de 1' equipage, John White, fit des croquis. Sa participation h la mission conduite par Sir France Duke, venue explorer les côtes de l'atlantique, en longeant le littoral au niveau de la Virginie, lui fournit cette occasion. Le

39 navire fut amarre à Pile Roanoak et le groupe d'explorateurs Y fit un bref sejour. Les Indiens n'étaient pas vetus mafs avaient les jambes, les bras, le torse, le dos et m&ne le ventre couverts de dessins géom6triques simulant bas, manches, chemises, etc. (voir illustration 4). Ce même phhomène de tatouage tenant r41e de vêtement a et& observé lroccasion d'une autre expedition, celle du prince Maximillien de Weid en 1834, en Amerique du Nord, dans la partie sud-ouest. L'artiste Karl Bodmer qui l'accompagnait peignit lui aussi des Amérindiens et ses dessins servirent h illustrer le récit de ce périple (voir illustration 5). L'ethnologue Jean Cazeneuve, au sujet du vetement, parie encore du plaisir de se parer et du besoin de se proteger: «Il y a des npeuples nus* comme il y a des hommes qui "mangent crum; ditil, cependant les uns et les autres sont rares et, chez les premiers, le vêtement existe tout de meme sous forme de parure (plumes, bracelets). Cela amène à constater que la parure est difficile A distinguer du vêtement proprement dit puisqu' elle en tient parfois lieu. Par ailleurs on perçoit immédiatement que les questions dr esthétique sont elles aussi intimement liées au costume; il existe à peu prbs partout une manière de s'habiller qui est la "manière comme il fautn, compte tenu du rang social, de la saison, des 6v6- nements en cours, etc. Les impératifs sociaux viennent parfois A l'encontre des impératifs climatiques et l'emportent sur eux: les Noirs portent des chapeaux haut de forme et les femmes huit des blouses de nylon pour marquer leur sortie de la *sauvageriew'.» Il y eut aussi les femmes navajo qui adoptèrent la chemise indigo des militaires, ce qui les plaçait à un certain niveau social (voir illustration 6).

40 Illustration 4 P Photocopie de "John -te's taaait prtait of a Semmn Chief fran the P d i m River, North Wroli~. Note mtto- - ing, the bar@ Eeet, and bow.guïd on the left wrist." Indians of North mica, Ceoffrey Turner, Sterling Publishing Co. Inc., Mew York, 1992 (ceprint 19791, pl13

41 pain- by Rarl Bodmer 1834, lndians of North America, - Geoffrey Tuner, Sterling Pubiishing Co. Inc. NRir York 1992 (reprint pi26

42 ehotocopie de "Navajo Inàians of Uizona an6 Pieu Pkxico. me girl wears the 'ofcicer8s wife* style adopted after 1865, whilst the older uamn shows the traditiaial home-woven two-piece 6ress." Inlians of North Amria Geoffrey Turnes, h??d York, Stsrlins PoSlishing. Co. Inc.

43 Des changements vestimentaires sont. command6s atssi pour des raisons techniques, telle la crkation de nouvelles matières; pour des raisons politiques, telles que lr influence du conquérant, ou pour des raisons commerciales, comme la publicit6. La mode, qui est de tous les pays et de tous les temps, joue parfois sur ltensemble du vetement, parfois sur la maniere de le porter5, Lr adoption et 1 intégration nouvelle df un vêtement ou d'un accessoire est une pratique répandue dans le monde. Le vêtement ne sert pas seulement de protection, il se double d'un sens df identité, dr appartenance, de distinction ou de conformité. Et cr est même souvent une partie de 1' habillement qui joue un r61e de symbole de statut social, comme le dit R. Lowie: «Sans nier If importance du besoin, on est donc conduit supposer gue d'autres facteurs ont &é détesminants ou bien, tout au moins, ont convergé avec celui-lh pour faire nastre des habitudes vestimentaires. La mode, en cette matière, serait une institution qui réaliserait un équilibre entre le besoin de conformité, drapprobation, et le désir de distinction, d'individualisme.., Le costume, dr ailleurs, est souvent un symbole de la hikarchie sociale: il y a des costumes speciaux pour les chefs, pour les sorciers, pour les guerriers6.» té d'une 1 ' Exode : Dans la Bible mdme on voit le vetement dksigner lfautoripersonne, comme pour les pretres dont il est dit dans «Tu feras des vêtements sacres à Aaron, ton frère, pour lrhomeur et la splendeur, Tu diras tous les artistes habiles que joai dou6s du goqt de l'art, de faire les vêtements df Aaron pour qu'on puisse le consacrer et qu'il me serve comme

44 pretre, Voici les vêtements qu'ils devront faire : un pectoral, un éphod, une robe, une tunique brodée, une tiare et une ceinture: ils feront ces vêtements sacrés A Aaron, ton frere, et ses fils, pour quf il me serve comme prêtre. Ils emploieront de l8 or, de la pourpre violette et rouge, du cramoisi et du lin7.% Ces prescriptions signifient que des véternents speciaux étaient conçus pour le grand prêtre et jouaient un r61e sacre. La couleur des vêtements peut aussi être réservée à certaines personnes. En Grèce durant la période de 750 h 500 av. J.-C., les prêtres portaient du blanc, et durant la période hellénique, les servants et les artisans s'habillaient de robes sombres- Plus près de nous, en France, Colbert avait emis un &dit interdisant A toute personne n'étant pas de la famille royale de porter des vêtements de couleur rouge &carlate. La couleur nf identifiait pas seulement la personne, mais 1' autorité quf elle d6tenait. Au Pérou, lr interdit touchait, les vêtements tissés de la laine des lamas, ils ne pouvaient être portés que par les chefs et une infraction était punie drexécution. Chez les Amérindiens Haïda, la chape tissée d'une laine rare drun petit chien éleve a ces fins, était exclusivement r6servee aux chef S. De nos jours, outre habiller, le vêtement sert aussi h annoncer l'appartenance une classe sociale et à montrer sa connaissance de la mode. Jusquraux années 1960, d6but de la révolution tranquille au Québec, le besoin de conformité chez la classe populaire se manifestait grandement chez les hommes et chez les femmes par la sobriétk des couleurs, par la coupe sévère et le rigorisme de la presentation. Mais il arrive aussi que des modifications se font par choix volontaire, nr6tant imposées par personne. Prenons lradoption du jean. Ce vêtement de denim bleu -indigo, en pantalons ou en salopettes, &tait autrefois porté par le

45 manoeuvre accomplissant des travaux de maçonnerie, de ferronnerie ou autres. On le trouve maintenant port& par la classe dirigeante masculine autant que f6minine. Combien a-t-on vu d'hommes d' affaires se présenter arborant a la fois veston conservateur, cravate de soie dglicate et jean indigo. Ce jean, qui se veut symbole du refus de la conformité aux exigences d'une socidtk dist inguke, devient cependant, du méme coup, symbole d8 appartenance h un groupe se voulant liber& de conventions contraignantes. Ce privilège du port du jean est meme reck~ch6 dans tous les pays du monde. En Russie et dans bien des pays d'europe de l'est plusieurs y voient un symbole d'appartenance à la mentalite américaine libérée et ne ménagent rien pour en obtenir. L'adoption assez récente mais bien remarquable du port de la casquette à visière par lfadolescent, en plus de son jean frangé, complétant ainsi son accoutrement d'adolescent, s0ins6re dans une pratique d'identification. Cette casquette signee du nom dfun club sportif favori, est po&e h droite ou gauche ou carrément visière en arrière, selon l'adhésion h un clan, Ce phenomène de manifester son appartenance par le vêtement, peut srappliquer aussi aux tartans des clans écossais. Même s'il n'y a pas de loi codifiee pour règlementer ces exigences, elles sont bien passees dans la coutume. Si le choix des adolescents est important h leurs yeux pour témoigner de leur adhesion a tel ou tel groupe, chez d'autres personnes, leur choix permet de signifier leur allegeance un concept politique. C'est le cas du keffie, ce carré de tissu au gros motif pied-de-poule, porte sur la tete, plié en triangle et retenu par un aga1 comme le porte Yasser Arafat, chef de l'organisation pour la libération de la Palestine. Ce keffie porte seul, sans l'agal, est adopte dans différents pays. On le porte alors au cou comme foulard, geste de sympathie pour ce mouvement.

46 3. Une ~raticrue de 1' échanse L'expédition de 1584 organisée par Sir Walter Raleigh vers lfamérique, qui s'arrêta à l'île Roanaok sur les cdtes de la Virginie, ramena deux Indiens en Angleterre, qui, lorsque qu'ils revinrent dans leur pays, &aient couverts de beaux et riches habits a la mode d'angleterre dont la reine Elisabeth leur avait fait cadeau. Mais ils abandonnèrent vite ces accoutrements qui les kloignaient de leurs semblables. Ce refus témoigne bien fort de ce que représentait pour eux le port de ces vgtements; ce nrest pas le statut spgcial qu'ils leur conféraient qui importait mais la perte de leur propre identité, df où une certaine soumission d* autres. Si les deux indigenes de Roanoak refuserent d'adopter les vêtements anglais, par contre, des membres d'autres tribus recherchaient la possession d'habits européens. Ils se sentaient honorés de les revêtir et h la hauteur de ceux qui les leur avaient donnés. Cf Btait &videment le plus souvent les chefs de tribu ainsi que leurs fils ou leurs filles qui bénéficiaient de ce privilége puisqufils étaient les premiers palabrer avec les visiteurs étrangers et que c'était au premier contact que se faisaient des &changes. Lorsque le pére Jacques Marquette et Louis Joliet rencontrérent une tribu amérindienne en 1673, le chef dbambulait vêtu d'un veston de laine tout défraîchi mais qu'il portait fiarement comme pour démontrer qufil avait traite auparavant amicalement avec des explorateurs europeens. Ce vetement etait un symbole d' amitié, ce qui rassura grandement les explorateurs'. Toujours dans cette pratique de lf &changer nous trouvons dr autres exemples lorsque le navire gliza quitta le port de Boston a l'kt6 de 1798 en direction de la c6te nord-ouest du Pacifique, sous la direction du capitaine Rowan, apportant des vétements de couleur bleu et rouge, qui seraient troqués contre des fourrures

47 qui étaient leurs tours Bchangées plus tard, h Canton, en Chine, contre du thé, de la soie et drautres marchandises orientales. William Sturgis, le marin, fut amical avec les Indiens, apprit leur langue, eut avec eux de bonnes relations; il fut d'ailleurs invite occasionnellement dans leurs habitations. 11 les observa de pres et relata plus tard leurs manières de vivre, de manger et de se vêtir. Ce meme Sturgis rapporte que le capitaine de son bateau leur remit des vetements en présents et df excellentes relations en - d&coul&rent. 11 dit encore, qur étant entre dans leurs abris, il y vit des vêtements domes par d'autres capitaines, et qui dtaient précieusement conserv~sg. Ces quelques exemples permettent de démontrer que le phbnomène de l'adoption dfun vêtement ou d'un article de vetement, fut pratique dans diverses regions du monde. En ce qui concerne cette partie du continent nord-am6ricain en relation avec les gens de la fourrure, les exemples foisonnent. On rapporte que les hommes de la Compagnie de la Baie d'hudson adoptérent vers 1821 (annke de la fusion de celle-ci avec la compagnie rivale, la Nord-Ouest) la capote, crest-&-dire le manteau 3 capuchon en lainage emprunté aux employés de la Compagnie du Nord-Ouest qui lf auraient eux-memes empruntbe des coureurs de bois de la Nouvelle-France. Ce manteau &ait relativement facile h confectionner h partir d'une couverture de laine et une personne habile laissait tsés peu de retailles. Il fut adopté par ces hommes et ne tarda pas jouer un r61e de statut social. Ainsi, les capotes destinees aux serviteurs portaient la mention uteinte bleu pale», alors que les capotes les plus nombreuses portaient la mention «teinte gris fonces, une couleur moins populaire et donc laissée à ceux des rangs subalterneslo. La couleur etait plus importante que le vgtement lui-meme pour marquer le rang.

48 Toujours auprés des hommes des compagnies de traite, voici un autre exemple de vêtements qui marquaient les diffkrences de statut social: «Les chemises de flanelle brodées furent déclar4es invendables parce qu'elles etaient ade trop mauvaise qualit6 et (que) la broderie est de mauvais goût pour les agents de traite et trop discrète pour plaire a nos ~oyageursu'~.u En William Tomison gardait même une veste karlate quril portait durant ses visites York Factory (il sf agissait du poste le plus important appartenant la Compagnie de la Baie d'hudson), qu'il mettait h son arrivée et rangeait soigneusement au moment de retourner dans les terresf2. Cette veste tenait évidemment le r61e de symbole de son statut particulier, Les capotes, les chemises de flanelle, les vestes avaient une grande importance chez ces gens d'autant plus que, compte tenu du contexte géographique -terre isolée et froide- où on ne pouvait afficher son rang dans une societe par des possessions, des propri&tés, l'appartenance A des clubs sociaux, ces quelques articles vestimentaires prenaient encore plus d'importance. Les &harpes de tlworstedn dont on se servait pour fermer les capotes, c'est-&-dire les ceintures flechees, furent &galement utilisées pour signaler le statut social. Cela se manifestait chez les commis, infkrieurs aux agents de traite. Couleurs et franges servirent ces fins. Les cramoisies devinrent moins populaires que les écarlates et les franges atteignirent jusqu8& 60 ~entirnètrres~~ ou plus; même si dès 1776, les franges etaient décrites comme partie intégrante des ceintures mais sans démontrer un statut particulier. La chemise de flanelle a servi de symbole de statut social mais ailleurs c'est une autre chemise qui a joué ce r81e: la chemise bleu marine du militaire américain devint la blouse de la femme navajo par exemple. Le vétement par excellence pour &tre

49 bien mise, pour montrer qu'on est arrive i% un certain niveau social. Si, comme le démontrent les cas déjài Rnumérés, les vêtements ou modes vestimentaires sont parfois imposes officiellement ou tacitement, ils peuvent aussi signifier l'appartenance volontaire un groupe, et les exemples de transfert et de changement de sens dont jrai fait état jusqurici peuvent s'appliquer une partie du vêtement en particulier, cette ceinture flkhée dont l'habitant de la vallée du Saint-Laurent était si fier. Nous suivons maintenant à la trace le passage de la ceinture f léchee dr une population chez laquelle cette pike vestimentaire était fonctionnelle, à une population radicalement différente dans ses traditions et ses moeurs. Et si un tel transfert s'est produit, nous nous demanderons comment et pourquoi cela s'est fait. Nous savons que des habits complets, des coiffures, paletots, pantalons, chemises, justaucorps, furent offerrts 3 maintes occasions aux Arn6rindiens. Ainsi, Frontenac revetit les Indiens qu'il ramenait de France de chemises de soie et de redingotes, Montcalm fit cadeau Pontiac d' un costume complet. Quelle fut la place de la ceinture flechee dans ces activitbs? L'habitant de la vallée du Saint-Laurent portait sur son capot dr etof fe du pays, une ceinture coloree, decorative et bien utile durant la saison froide- Cette mode déjà bien établie en 1776 comme nous le montrent des dessins et gravures dt*lizabeth Simcoe faisait partie du costume quotidien du Canadien. Non seulement identifiait-elle celui-ci, mais elle jouissait d'une grande réputation par sa joliesse et par sa fabrication ingénieuse qui ne necessitait pas de metier. Bien que cette ceinture fut portée par l'habitant, une croyance populaire largement répandue lf associe plutet h lr image des coureurs de bois et des engagés qui allaient la traite des

50 fourrures et aux voyageurs qui étaient affectés plus spécialement aux opérations de transport en canot des hommes et des marchandises. Tous ces gens firent de nombreux voyages vers les Grands Lacs et bien au-dela a Irouest par voies d'eau et de terre pour ouvrir des postes et traiter avec les Amérindiens. C'est au cours de ces transactions que furent apportés aux Amérindiens des objets europeens tels que les chaudi&resr les fusils, les alênes, les aiguilles à coudre et bien d'autres fort utiles dont les Autochtones ne surent plus se passer. Parmi ces objets apparaltra la ceinture flkchee dont l'aspect décoratif et coloré suscitait la convoitise. Les gens de la fourrure s'en paraient eux-mêmes dans leur costume pour impressionner les grands chefs des tribus1'. Cela fit naetre chez les Amerindiens le désir d'une mode vestimentaire nouvelle qui deviendra rapidement un symbole de statut social. Les compagnies comprirent la valeur de l'outil qu'elles détenaient, Les écrits des premiers explorateurs, visiteurs et missionnaires, nous révelent que les Autochtones n'avaient pas de ceinture dans leurs vêtements, sauf une bande de peau d'anguille ou de cuir ou encore un cordelet de chanvre pour retenir le abrahier~. Le visiteur parisien S. C. Bonnef ons, présent en Nouvelle-France entre 1751 et 1761, en a laissé la description; «Le brahier est de peau de chevreuil ou de drap que leur procurent les Européens, crest un quart ou un tiers de drap que les homes passent entre leurs jambes comme s'ils se mettaient cheval; ce morceau àf étoffe passe sur un cordon qui s'attache autour du corps sur les hanches, les deux extrémité!^ du brahier se rabattant par devant et derriere le bout du devant plus pendant que 1' autre".»

51 pantalon façonné nf existait pas chez les considéraient comme une entrave à leurs et de guerrel6. La ceinture f lechke nf etait Le port du Amkrindiens; ils le déplacements de chasse pas reliée au pantalon mais plutôt au capot, deux vetements originalement inexistants chez les autochtones. Cependant, il arrivait que la ceinture fut portée tant lf intérieur (sur le pantalon) qura l8 ext6rieur (sur le capot dr ktoffe). Dans les bals qui se tenaient dans les postes, on décrit le costume avec ceinture et des dessins nous le montrent ainsi (voir illustration 7)". Il semble donc &vident que la presence de la ceinture fléchée chez les Amerindiens découlerait d8un emprunt culturel, ce qui renvoie h la théorie du diffusionnisrne. Dans notre &tude, nous explorons le probléme par une observation minutieuse de la manière qufun tel fait a pu se repandre d'un groupe un autre. Ainsi les tribus en contact avec les gens de la fourrure, avec lesquels se faisaient les gchanges et sr&tablissaient les contacts, constituent notre objet d' étude. Drapr&s notre hypothgse, la ceinture fit son apparition chez les Amérindiens partir du moment ob ceux-ci entrerent en contact avec des traiteurs de fourrures de la vallee du Saint- Laurent, ce qui nous met en presence dfun phénomène de diffusion drune mode. A ce sujet, Jean Cazeneuve ecrit: «Il y a des éléments de culture qui ne sont pas universellement repandus bien que leur avantage pour lrhomxne soit incontestable, de sorte que, lorsqufun peuple en a fait l8invention ou lracquisition, ses voisins semblent avoir intéret à l'imiter sur ce point. C'est le cas par exemple, pour des techniques comme celle de la poterie ou de l8agriculture; celle oa est répandu tel type de vêtement; celle où se rencontre tel rituel religieux ou tel type d'organisation sociale,. on staperçoit que vraisemblablement ces

52 Illustration 7 Reproduction de 8Gtis Gansant rt portant leur ceinture de laine, Julia D. iiarriscn, PrSTIÇ, People between 'IM - YJorlOs, Vancauverf ibronto The GlenbOrJ-Nber ta Ins ti tute in asdation with Douglas & PrIntyre, 1985, p.11

53 divers traits ont pu apparaztre dans quelques centres de diffusion et se sont répandus de proche en proche. Leur distribution uniforme sur certaines aires et leur absence ailleurs suggère une diffusion par contact direct au cours des ages. tr invention secondaire [...] apporte seulement une amélioration et consiste dans une application nouvelle df un principe de j a connu18.» L'observation de différentes ceintures attribuées 8 diverses tribus, ceintures qui presentaient des similitudes indéniables avec la ceinture fléchée du Canadien, telles que la texture de la laine, les motifs, la finition des franges, l'ordre des couleurs, etc. est a lrorigine de notre hypothèse voulant que la ceinture a été implantee chez certaines tribus amérindiennes qui 1' ont facilement adoptée; elle ne serait donc pas propre leurs traditions vestimentaires originales. 4. Sources et méthodes Afin de retracer la présence de ceintures dés le début de la colonie, aprés avoir consulté les écrits des premiers explorateurs, découvreurs, fondateurs et missionnaires, de méme que des sources primaires, tels que les actes notaries, inventaires -apr&s décès, contrats de mariage ou de vente, dans lesquels on pouvait trouver des traces de la ceinture de laine, Pour ce qui touche le Régime anglais, des récits de voyage, journaux personnels, correspondance et quelques romans ont été lus attentivement, En ce qui a trait à la période de traite de fourrures par les deux compagnies, celle de la Baie drhudson et celle du Nord-Ouest, leurs livres de comptes ont &té examinés scrupuleusement afin de compiler les inventaires de ceintures en dépôt et les listes de noms de gens a qui on avait vendu ou troqué des ceintures. Quelques "Indent Books* ou si on veut livres de bord ont aussi &té consultés. Des

54 biographies de ceux qui furent actifs au sein de ces compagnies, des récits drexplorations, des etudes de moeurs et coutumes de diverses tribus ont éte drune grande aide. L'histoire de ces compagnies par différents auteurs a aussi paru essentielle pour une bonne connaissance des lieux et des contacts etablis avec diffkentes nations autochtones tout au cours de leur operations commerciales. Des cartes geographiques ont aussi servi pour bien localiser les emplacements des nombreux postes de traite des deux compagnies ainsi que pour identifier et situer les tribus habitant au pourtour de ces lieux et avec lesquelles le personnel faisait affaires. J'ai surtout retenu deux cartes: l'une servant A localiser l'emplacement des divers postes de traite et forts des deux compagnies officielles (voir illustration 8) ; et lr autre situer les tribus qui vivaient dans les mêmes pkrimètres (voir illustration 9). La compagnie de la Baie d'hudson fut fondée en 1670, et la compagnie du Nord-Ouest le fut en Cette derniése avait son siège social B Montréal, ce qui contribua grandement a la diffusion de la ceinture fléchée. Ses hommes "engagésm, des Canadiens et des gcossais, portaient presque tous leur ceinture et l'introduisirent dans le territoire du Nord-Ouest. L'histoire de ces deux compagnies est intéressante plus d'un titre. Jfen ai retenu notamment la nature du personnel qui les composait et qui y travaillait, tant au siège social de Montreal que dans les postes de l'ouest. Il y avait les bourgeois, les agents, les commis, les voyageurs et, l'occasion des explorateurs, ainsi que des missionnaires à qui les compagnies procuraient certaines formes d'aide, en particulier dans leurs deplacements. Les ouvrages les plus importants concernant ces compagnies sont ceux de Peter C. Newman, Hudson Bay: Company of Adventurers et Caesars of the Wilderness, publié en Ils sont

55 Re~roduction d'une carte servant 5 situer les Postes de t e, tir& de A Histofical Atlas of -da, DOGOGO Kerr. ditor, Univezsity of kkstern Ontario; Major

56 Illustration 9 17b Ibid. carte qui a servi à situer les diverses tribus environnant les Ebstes miet 8- ïxoquois 15- Outaauais - 2- Chipewan 9- Kant 16- Sauteux 3- aiippwm 10- ~enaninee 17- Seminole - 4-.q~anche 11- :&is 18- SeneCa 57 ai -12- Miarac 14- Shawnee 6- Fox, Sauk, Winnebago 13- Wssitsay Z0- Shoshonie 70. Hurons 14- O jibwa * 21- %th-

57 fort bien documentés et lf auteur a eu accès (avec son équipe) a des documents qui ne sont pas accessibles à n'importe qui. Lr historien Robert Rumilly a publié en 1980 un ouvrage en deux VO~W~S intitulk La Compagnie du Nord-Ouest: les détails nry manquent pas, mais l'auteur ne donne pas toujours les références touchant certains événements ou faits, Cette information est forcément diverse, compte tenu du fait que des auteurs insistent plus particulièrement sur les aspects géographique, commercial ou économique, alors que ci' autres mettent l'accent sur les rivalités entre les compagnies %t leurs agents, les attitudes de rigidit6 et de fermeté, même df injustice, des dirigeants, et la qualité des relations avec les diverses tribus avec lesquelles ils faisaient affaire- D ' autres sources furent fort utiles : des autobiographies, des biographies, des journaux personnels, des récits de voyages des personnes qui ont oeuvré pour ou près des compagnies de traite. L'utilisation de la biographie ou du récit de vie est légitime, car, comme le dit Panof, des faits sont toujours des constructions intellectuelles, n6es de la décision inévitable de choisir, df isoler, de généraliser, etc.». Et quand on peut les rapprocher les uns des autres, les comparer et ainsi, ecdémontrer magnifiquement que les faits sociaux ne tirent leur sens que de leur position Ifintérieur d'une totalité correspondant a 1 ' ensemble des institutions dr une socictd d 0 ~ 6 e d leur ~ ~ validité n'en est que plus évidente. Robert Creswell et au ri ce Godelier, quant h eux, croient que l'intérêt des biographies dépend de leurs auteurs, de l'aptitude de ceux-ci aune relation fidèle et détaillke de leur vie, relations nombreuses et diverses [...]w et que des biographies ont un intérét non negligeable en matiere dg histoire, Ces documents peuvent compléter utilement une chronologie en lrétayant sur de solides points de repère individuels [... ], ils peuvent apporter une information particulière sur

58 des faits locaux qui ont pu avoir des conséquences ou une importance généraleuzo. Lf4tude de cette abondante documentation terminée, nous avons procédé à l'observation minutieuse d'un corpus iconographique. La comparaison dr oeuvres graphiques et df écrits a permis de vérifier la cohksion de ces deux sources et leur crédibilité. Ces oeuvres consistent en toiles, croquis, aquarelles de quelques artistes qui ont vécu avec les Amérindiex ou prés d'eux. Ces artistes ont cherché saisir fidèlement dans leurs tableaux des portraits, des scénes de vie avant qu'il ne soit trop tard, qur elles soient envahies par la civilisation qui poussait constaniment ses frontieres vers l'ouest; ils se sont aussi pr6occupes de laisser des renseignements écrits complétant leurs tableaux, écrits dont plusieurs furent publih. Ces artistes sont Peter Rindisbacher, jeune Suisse allemand, dont la famille émigra dans la région de la rivière Rouge au Manitoba, vers Il a peint des gens du commerce des fourrures et de differentes tribus amérindiennes. George Catlin, un Américain, visita certaines tribus de l'ouest et du centre de l'amérique du Nord, il vécut parmi les Autochtones, les connut bien et, si on peut dire, les croqua sur le vif avec force dktails. Conscient du fait que leurs moeurs se modifiaient de plus en plus rapidement au contact de l'homme blanc, il ne se contenta pas de les peindre; il confia dans des lettres des descriptions de leurs façons de vivre. Ses lettres et ses notes furent publiées vers Paul ~ane'~, ne en Angleterre, mais vivant avec sa famille dans le Haut-Canada, a, à l'instar de George Catlin, parcouru les territoires de la Compagnie de la Baie dr Hudson en Il obtint du directeur, George Simpson, une subvention et le privilége d'accompagner une brigade de voyageurs en partance pour l'ouest. Cette exp6dition le conduisit de Toronto jusqufau fort Vancouver à l'embouchure du fleuve Colombia, sur le littoral ouest de lfamétique du Nord. Tout au long de son parcours, il peignit des

59 Amérindiens, leurs habitations, leurs excursions de chasse, de pêche, de guerre, leurs danses et leurs costumes bien décorés. Quelques annees apr&s son retour a Toronto, il écrivit le récit de son voyage de près de deux ans quril rkussit à faire publier en 1859 apres de nombreuses, longues et difficiles démarches. Ses oeuvres picturales et ses ecrits offrent donc une précieuse information, Un quatri&me artiste, Charles Bodmer, a laissé des dessins et des tableaux intéressants sur les moeurs amérindiennes. En 1833, il accornpagns- an illustre visiteur allemand, le prince Maximillian de Wied, qui dksirait voir lui-même comment vivaient ces peuples, D' autres oeuvres dr artistes anonymes nous montrent des habitudes et des modes vestimentaires de certains Amérindiens. Dans toutes ces oeuvres, on ne remarque aucune représentation de la ceinture fléchée. Les collections publiques ou privées de ceintures conservées dans des organismes muséographiques ont supporté ma démarche qui ne visait pas prouver lrauthenticité des ceintures, mais rassembler certains critères pour identifier les ceintures, les dater, en noter la provenance et les circonstances ayant mené à leur acquisition. L' intkrêt nr était pas d' analyser la qualit6 des ceintures, c'est-&dire de savoir si elles étaient tissées aux doigts donc authentiques, ou de facture mécanique et manufacturees ou fabriquées a partir drautres techniques manuelles et cherchant a imiter les authentiques. Cr était surtout leur provenance, le nom du possesseur original, l'histoire ou les faits historiques qui y étaient rattachés qui étaient surtout retenus. Les ceintures conservées dans les musées des provinces de l'ouest sont plus souvent identifiées comme ayant appartenu h des personnages de l'histoire locale plutôt que presentées 8 simple titre de pièce muséologfque comme crest plus souvent le cas au Qukbec. Il semble même que ceinture et personnage ne faisaient qurun: en présentant la ceinture aussitôt surgit le recit de sa vie.

60 À propos des ceintures conservées dans les mus&es, nous avons cherché comartre la date, les circonstances de fondation du musée ainsi que la source dfacquisition des artefact colligés, exposés ou non, Par exemple, le musge Pitt Rivers de la ville d'oxford en Angleterre, dont la fondation par Pitt Rivers remonte Celui-ci a commencé à colle~tio~er dr abord des armes à feux en 1851; plus tard, son intérêt srétendit a d'autres objets. De l'amérique du Nord on trouve une collection de 40 artéfacts ray;xtée par Edward Belcher en 1861; celui-ci faisait partie dr une expedition partie h la recherche dr une expedition anterie~re~~. Ces faits couplés à l'inscription suivante tirée des livres de la compagnie de la Baie drhudson en 1858, donc à la même époque, a1 scarlet Belt 2 inches, payment to an Indian who accornpanied Henry Youle Hind, Canadian Government Expedition [...] "u incitent faire un rapprochement sinon une déduction. La compagnie donne une ceinture h un Indien en 1858, une date qui sravère plausible pour la ceinture fléchée, cet Indien accompagne une expédition dans la même partie du pays, oh, deux ou trois années plus tard, Edward Belcher acquerra une ceinture de laine que lui, ou les muséologues, identifieront comme amérindienne. Et voilà comment on fabrique parfois l'histoire, Notre expertise nous oblige h remettre en question 1' interprétation du musée. Les ceintures faisant partie de ses artéfacts, ont sans doute été recueillies chez les Ambrindiens, mais d8 oh venaient-elles? La lecture attentive des inventaires nous apprend que des quantitks de ceintures furent trafiquées dans les différents postes de traite et venaient de Montréal ou Lachine. 11 faut donc analyser l'objet avec d'autres critéres tels que la qualité des fibres, l'échelle de couleurs, la qualité et le mode de tissage. Ainsi pourrons-nous critiquer 1' inf orrnation fournie aux visiteurs qui souvent, probablement involontairement, relève du mythe plutôt que de la vérité. Lahontan nous a préc6dee dans nos interrogations lorsquf il a &rit:

61 «Si, comme je le prétends, les traditions des peuples sauvages se sont enrichies dr cléments étrangers, et profondément modifiées, du 16* au 17' siècle, sous les influences de rapports multipli&s entre les naturels du pays et les Européens [...]. Aujourdrhui, les Outaouais et les autres nations de l'ouest, citent comme appartenant a leurs croyances primitives, certains faits, dont il n'y a pas encore 150 ans, ni Perrot, ni les missionnaires jésuites ne trouvaient la plus légère trace dans les traditions de ces pe~ples*~.» Nos observations concernant le musée Pitt Rivers peuvent sr appliquer à un autre musée, le Peabody Museum de Harvard et probablement aussi dr autres, Ce musée date probablement de 1865, il fut donne A sa ville par un mécgne: <<George Peabody, a Salem boy [... ] made a fortune in England after the Civil War, and made a philanthropie mission to his native land by founding the Peabody Museum at ~arvard~%; il possède au moins une ceinture fleches attribuée aux Micmacs. Comme pour le musee Pitt Rivers, il faudrait faire un examen plus pousse avant de se prononcer pour une réalisation micmac. Il faut rappeler qur annuellement, au printemps, les Micmacs venaient à Pointe-Lévy pour recevoir les cadeaux du gouverneur du Bas-Canada. 11 y aurait lieu de remettre en question l'information des musées de New York et de Washington (le Smithsonian) concernant les ceintures qui y sont exposees, appelées iroquoises ou indiennes. On sait que des artefacts ont ét& rapportes par le peintre George Catlin et plus tard cedes au Smithsonian, ce qui fausserait leur histoire. Selon J.E. Erskine, les musées et leur contenu ne sont malheureusement pas toujours audessus de tout soupçon: «Every year, hundred of artif acts of Indian origin are picked up [...] our museums are full of "Indian Relies" but without a history, they tell nothing [... ] but, was it f ound

62 here or brought here? Every piece has its importance, but it needs a def inite record27.» Nous en avons tenu compte dans notre étude. Plusieurs auteurs ont traité de la ceinture fléchée: son origine et son utilisation au Québec, sa présence dans les Pays d'en haut, dans le cadre du commerce des fourrures, Quelques-uns de ces ouvrages ont été écrits au Québec, d'autres au Manitoba et un au Michigan. En premier lieu, dans le roman L'influence d'un livre, de Philippe-Aubert de Gaspé, fils, publié en 1837, lf auteur mentionne la ceinture de laine color6e qui complétait l'accoutrement de celui qui revenait du nord-ouest du pays. En 1845, Alphonse Poitras, dans Histoire de mon oncle, nous permet de connaltre surtout la présence de la ceinture et l'importance qufelle avait pour l'habitant canadien en partance pour lrouest: &pr& avoir entamé et quelquefois même épuisé les avances qurils recevaient, et après s être munis d' un couteau de poche, dfun briquet et dfune ceinture fléchée - ce dernier article était indispensable -, nos voyageurs partaient en chantant pour se rendre à ~achine~~,» Pierre Poulin, prêtre de lfassomption, pour sa part, accorde quelques lignes à la ceinture lech6e, dans une brochure intitulée Légendes du Portage, en Il raconte la vie, les gens, les activités de ce coin de pays où il est né. Il cherche expliquer l'origine de la ceinture. Il y voit un emprunt ou une adaptation de l'écharpe en plaid national des Ecossais de la Compagnie du Nord-Ouest, comme il lf &rit:

63 <<Ils remarquèrent bientôt que leur écharpe plaisait beaucoup aux Sauvages ainsi qur aux ~ 6 t et h jusqur aux employes canadiens. Ils engagèrent alors la compagnie faire venir drécosse ces tissus de laine gui paraissaient être l'objet de tous les dksirs. Les importations de ce genre furent même trés considérables et lr écharpe devint le jusfe-aucorps des sauvages ainsi que la ceinture du Métis qui en ornait son capot bleu traditionnel 1... J. NOS femmes canadiennes si industrieuses, et qui voulaient exempter leurs fils partant pour le Nord-Ouest une depense qui devait leur être onereu- Se, s'ingénièrent confectionner elles-mêmes les fameuses ceintur e ~» ~ ~. Selon lrhistorien Maçon Wade, la concentration de la production des ceintures dans la region de l'assomption se situe aux environs de Poulin part de cette date pour étayer Son hypothèse df origine. 11 ne semble pas connaitre la presence de la ceinture colorge chez l'habitant avant cette date, même si elle est portee en 1776 et confectionnee a la maison dans differents villages des rives du Saint-Laurent et du Richelieu. Rien ne nous interdit de penser qu'elle serait même apparue au cours des annees antérieures h E. -2. Massicotte, archiviste, apporta une grande attention la ceinture fléchée. Il faut rappeler qu'un 6vénement particulier déclencha son interet et soutint sa recherche. En 1907, a une exposition d'artisanat A la Galerie des arts de Montreal, il admira des ceintures flkhées tissees aux doigts par les artisanes de la région de lfassomption. C'est alors qu'il Se rendit compte que la ceinture de son costume de raguetteur &ait plutôt une ceinture tisske en Angleterre sur mktier mecanique.

64 Dans la monographie quf il publia en 1924, La Ceinture fléchge, chef-d'oeuvre de 2 Yndustrie domestique du Canada, il consacre plusieurs pages aux origines possibles de la ceinture qu'il admirait grandement comme travail artisanal. 11 en étudie les differents dessins et certains aspects de sa confection. 11 accorde cependant peu d'attention a la présence de la ceinture flechee dans les Pays d'en haut. Il attribue la Compagnie du Nord-Ouest, composee d'écossais et de Canadiens français et qui eut son siege Montreal, le mérite d'avoir beaucoup contribué populariser le port et la confection de la ceinture de laine. «Cette firmer dit-il, employait nombre de voyageurs de race française, semi-française ou sauvage et sfappliqua les attires et a les retenir par tous les moyens30.» Son travail permet de bien connaltre et apprécier la ceinture fléchée authentique mais apporte peu de renseignements sur sa diffusion l'ouest des Grands Lacs. Cependant, il faut citer le passage où pour démontrer qu'il ne pouvait pas soutenir l'hypothèse que la ceinture aurait origine à l'ouest, il écrit: tpourquoi, il y a plusieurs années, une compagnie de traitants, auraitelle fait la coûteuse et vaine tentative d'envoyer Dlle (sic) elodie St-Jean de Saint-Jacques de 1'Achigan, au Nord-Ouest pour enseigner la fabrication des ceintures aux Sauvagesses, si ces femmes avaient d6jh connu le procédé en usage dans notre r&gion3'?» Cette interrogation est très pertinente et rejoint lrhypoth&se de ma recherche, Lranthropologue Marius Barbeau a Qcrit une monographie, intitulee Assomption Sash df abord publiée en anglais. Elle fut plus tard traduite par les soins de la revue Paysana, Comme ses pr6d6cesseurs Poulin et Massicotte, Barbeau a cherche à retracer l'histoire de la ceinture flkhée. Son travail reprend les grandes lignes de celui de Massicotte. La partie qui cherche l'origine des

65 ceintures ne sera pas retenue mais plutôt celle qui concerne la presente recherche, la diffusion et lfadoption de la ceinture par les Métis et par differentes autres tribus de l'ouest, au nord et au sud des Grands Lacs- Barbeau écrit alors que lorsque les Canadiens voulurent rencontrer les Amerindiens pour faire les échanges, ils leur offrirent leur manteau, leur chapeau de castor, etc., impressionner par des marques de supériorit6. Les chefs furent heureux d'acquérir de telles marques de puissance, dont la ceinture fl&ch&e, qui fit vite partic de l'équipement d'un chef digne de ce nom. Et de la, d6coula une large diffusion drun article de traite jadis inconnu dans les forêts de lf0uest32. Cette explication appuie parfaitement - mais sans références - Ir hypothèse que nous cherchons à confirmer. François Lanoue, prêtre, nous précise dans Une Nouvelle Acadie, ouvrage rédigé a lfoccasion du deuxième centenaire de la fondation de Saint-Jacques-de-LrAchigan, que a [... ] autrefois, les bourgeois du Nord-Ouest, les membres de la Baie drhudson, les engagés pour la traite, les canotiers, les voyageurs portaient la ceinture fléchée autour des reinsa3.» Il dit aussi que dès 1837, date se rapportant de celle donn4e aussi par Mason Wade, les ceintures etaient vendues aux Anglais qui lui donnaient le nom df Assomption parce que cf est la quf ils se les procuraient. Fait intéressant souligner même si l'auteur ne d o ~ pas e lui non plus de références. Un chercheur du Manitoba, grnile Pelletier, accorde quelques lignes dans le chapitre X "The Art of Finger Weavingm dans son livre The Social History of the Manitoba Metis. «These sashes, &rit-il, were very colourful and attracted the fancy of the natives [...] although the origin of the sashes was from localities northeast of ~ontreal~'.~ Voila un autre témoignage sur la présence de la ceinture dans l'ouest canadien,

66 Un historien manitobain, 1, abbé Antoine Deschambault, &rit dans Le Voyageur que l'appellation Voyageur a acquis une signification précise après la Cession (sic). «Le voyageur est lrengag& drune compagnie de fourrures- II est embauché par contrat, pour une p6- riode determinée (ordinairement pour trois ans) des gages fixes et aux conditions énumérées dans 1' acte 3 C,al qui le lie. Par ailleurs le mot tlcoureur de bois" désignait, surtout la fin du régime français, les traiteurs individuels, qui, s'affranchissaient de toute contrainte, faisaient le commerce illicite de fourrures. Sous le régime anglais, le terme qui &quivaut au mot "coureur de bois" dans le sens df émancipe est celui1 "df homme libret1 [...] cf est df ailleurs du Voyageur de lrouest canadien que je veux tout simplement vous parler. C'est là surtout quf il laissa sa marque la plus durable3'.» Les précisions de lrauteur sont importantes parce que souvent on méle coureur de bois et voyageur, attribuant ainsi le port de la ceinture flkchée aux premiers qui etaient actifs plutdt sous le Régime français alors que la ceinture flechee n'existait pas encore. Recemment, un travail a été realise par lrassociation des artisans de ceinture flechée de Lanaudière Inc., intitule Histoire et origines de la ceinture fléchée traditionnel le dite de 1'Assomptfod6. Ce travail est bien redige et bien str~ctut4~ mais il se limite a demontrer que la ceinture tissee dans la region de l'assomption a cr& une réputation de qualité qui perdure. Cependant, les chercheurs ne tiennent pas compte, ni ne cherchent demontrer que la ceinture dite fléchke faisait partie de l'habillement de l'habitant de la vallee du Saint-Laurent des 1776,

67 et pas seulement de la partie du pays située au nord-est de l'rie de Montréal, Ce travail permet toutefois de souligner la concentration de la production de ceintures dans cette région, ceintures auxquelles, h partir de 1853, les commis de la Compagnie de la Baie d'hudson ont donné le nom de la region oo ils allaient les chercher. Les ouvrages que j ' ai consultés permettent dr appuyer que la ceinture fléchke, portée par les gens de la traite des fourrures et introduite chez les Autochtones et les Métis comme un objet de convoitise, a fait naître chez eux une nouvelle mode vestimentaire doublée d'un symbole particulier de statut social. Chez lr habitant, dans sa vie quotidienne, rurale ou urbaine, la ceinture n'avait alors pas de symbole social particulier. Elle identifiait bien sqr l'habitant, elle d6rnontrai-t une création fort utile dans un pays de froidure et elle ne laissait pas indifférents certains visiteurs étrangers qui en parlerent avec admiration, Mais quand cet habitant sr embarquait à Lachine en direction de l'ouest, sa ceinture créait autour de lui comme une auréole de vaillance, de bravoure, d'audace téméraire pour le périlleux voyage qu'il entreprenait. D&s ce moment, la ceinture du voyageur se trouvait h faire partie du prestige dont jouissait celui-ci. Les bourgeois de la traite l'adoptèrent aussi et ne restérent point indifferents devant l'effet qu'elle produisait auprés des Amérindiens. Astucieusement, ils l'introduisirent comme objet de troc, ce que nous tenterons de voir et d'évaluer. Pour bien comprendre l'objet de notre étude, nous avons d'abord présenté la fiche technique de la ceinture fléchée dans le but de prkises ce qui doit être désigné sous ce nom; cela permet au lecteur de mieux distinguer le vrai du faux. Nous présentons donc les types de tissage, mécanique ou aux doigts; nous livrons aussi une analyse de la fibre utilisée et des couleurs qui la composent,

68 Pour appuyer notre hypothèse de départ, nous avons dressé les principaux axes de p8nétration de notre ceinture depuis la vallée du Saint-Laurent jusqur au Pacifique; l8 aspect de 1' échange nous a particulièrement intéressé, car, preuves l8 appui, nous faisons la d6monstration que la ceinture, sous quelque forme que ce fût, ne faisait pas partie de lr habillement des Amérindiens qui lradoptérent, selon nous, beaucoup plus pour le prestige qu'elle représentait. Ce qui revient A dire que crest grsce l'ambition des compagnies de fourrures qui étendirent lem ramifications dans toutes les directions, pour aller faire la cueillette de la précieuse matière première, que notre ceinture flechée a fait son chemin dans les territoires amérindiens. La route de la ceinture part de la valme du Saint- Laurent, base des opérations du commerce de la fourrure, et nous conduit dans lrontario actuel et la région des Grands Lacs, ensuite dans la partie centrale de l'amérique du Nord britannique, notamment dans la colonie de la riviére Rouge. La recherche du passage vers l'ouest conduit nos explorateurs et nos voyageurs vers la Terre de Rupert, soit le territoire de la baie d'hudson. Grdce à Simon Fraser et Alexander Mackenzie cherchant h franchir les montagnes Rocheuses pour aller vers le Pacifique, nous faisons une incursion sur la c6te ouest, de Sitka 180regon et dans les plaines du sud-ouest oh durent se rendre les gens de la fourrure lorsque leurs activit6s commerciales commencerent il décliner. Cela obligea de nombreux employks aller de plus en plus loin pour gagner leur subsistance. Enfin, nous terminons par une reflexion sur l'aspect symbolique de la ceinture fl&ch&e, pour certains symbole positif, pour d'autres symbole négatif,

69 NOTES DE L'INTRODUCTION Robert Cresswel, Éléments dr ethnolosie, Paris, Armand Colin, coll, V, 1975, p. 13, John Lambert, Travels throucrh Lower Canada and the United States of America in the year 1806, 1807 and 1808, London, Richard Phillips, 1810, vol. 1 p Jean Cazeneuve, Lr ethnoloqie, Paris, Larousse, 1967, pp , Cette idée a été maintes fois reprises depuis par les nombreux chercheurs dans le domaine du costume. André Leroi-Gourhan, Encvclopédie de la Pléiade (ethnologie sénérale), Gallimard, Paris, 1968, pp- 861, 862. R. Lowie, Manuel dfanthropolosie culturelle, Paris, Payot, 1951, p La Sainte Bible, The Catholic Press, Chicago, copie de 1910, chapitre 28, Exode, pp Francis Parkman, France and Ensland in North America, vol. 1, Literary Classics of the United States Inc., New York, 1983, p William Sturgis, The Journal of William Stur~is, ed. with an introduction and notes by S.W. Jackman, Sono nis Press, Victoria B.C., 1978, p. 16. Michael Payne, Lrendroit le plus respectable du Territoire la vie quotidienne au service de la baie d'hudson, 1788 a 1870, HBC, doc. B 239/105, fol. 127 d. James Clare W.G. (secs&- taire du Comitb de Londres) 9 septembre Michael Payne, Ouvraae cité, p Michael Payne, Ouvraae cité, p Marius Barbeau, Assomption Sash, Ottawa, National Museum of Man, Bulletin 93, Anthropological Series, 1972, p. 1 et 2. J-C. Bonnefons, Vovacre au Canada fait depuis l'an 1751 aur& 1' an 17 61, Paris, ~ubier/étranger, 1978 (&-édit. 1887), p. 173.

70 Pehr Kalm, Vovaqe de.. - au Canada en 1749 du journal de soute par J. Rousseau et concours de R. Morisset), ontr ré aï, Le France, 1977, Po 547. Mary Mindess, "Gay Assomption Sashes Were Symbolsl', Saturdav Macrazine, Winnipeg Free 17, Jean Cazeneuve, Ouvracre cité, p. 291, Michel Panoff, Bronislew Malinoski, Science et 49. (traduction annotee G. Bethune avec le cercle du livre de Red River Status Press, September Robert Cresswell et Maurice Godelier, Outils d'enquête et d' analvse anthropolosisue, Paris, François Maspero, 1976, p Georges Catlin, North America Indians, N. Y., Penguins Books, 1989, 522 pages- Paul Kane, Wanderinqs of an Artist amona the Indians of North America, London, William Ryan Chapman, Anthro~010~~~ Oxford, 1982, p. 1s. APW, HBC B 105 d84, Baron de Lahontar,, M4moires de lfam&rique ou la suite de Vovases de Mr..., Quebec, ré-&dition Élysee, 1974, p. 93. W.R. Chapman, OP. cit., p. 49. J. E. Erskine, Bef ore Jacques Cartier, Journal of Education, Wolfville, N. S., Alphonse Poitras, Répertoire National, 2' p édition, vol. III, Pierre Poulin, Lésendes du Port aqe, 1' Assom~tion, Collége de lrkssomption, 1975 (legs), p. 2. E.-Z. Massicotte, La Ceinture fl&ch6e, Chef-d'oeuvre de l'industrie domestique au Canada, Mémoires de la Sociétb Royale du Canada, section 1, série III, mai Ouvrase cit6, p. Marius Barbeau, Les Canadiens f rancais de 1760 à XIOS 70UTSr tome 1, 2. ddition, Cercle du livre de France traduit pax Adrien Venne, 1960, p. 135.

71 33. François Lanoue, Une Nouvelle Acadie, Saint-Jacuues de lrachiaan, , Joliette, 1973, p Émile Pelletier, A Social Historv of the Manitoba Metis, Manitoba, Metis Federation Press, 1974, p Antoine Champagne, Petite Histoire du Vovacreur, Saint-Boniface, Manitoba, La Socigté historique de Saint-Boniface, 1971, p Association des artisans de ceinture fl6chée de Lanaudière inc., Histoire et orisines de la ceinture flechee traditionnelle dite CL Lf Assomption, Sillery, Septentrion, 1994, 125 pages.

72 CHAPITRE 1 FICHE TECHNIQUE DE LA CEINTURE F&C&E 1.1 Les crit&res techniaues 11 nous apparut, dés nos premieres visites en musde, qu'une certaine confusion régnait dans les conservateurs et chez des collectionneurs quant h Ir identification drune ceinture authentique, cf est-&-dire tissée aux doigts, différente dg une ceinture tissée au métier, en Angleterre ou au pays. De meme, si parfois le nom du donateur est inscrit, l'on nous donne rarement le nom de l'endroit de production, se contentant de rapporter le lieu où la ceinture fut acquise, ce qui ne nous guide guere. Les critgres 2L partir desquels nous avons bdti notre répertoire sont les suivants: 1. Les types de tissage, mbcanique ou aux doigts; 2. L'analyse de la fibre utilisée; 3. La disposition des couleurs Les tmes d'assemblaae Il nous a fallu séparer m&ticuleusement ceintures dites L'Assomption selon qu'elles etaient tissees aux doigts - ce sont celles-la qui nous intéressent - ou tissées sur métier en Angleterre ou au pays. Nous avons été bien étonnée de constater que presque tous les musées ne faisaient pas 6tat de la différence entre les deux techniques. Si visuellement Ifon peut s'y mbprendre, A l'analyse tactile et technique on etablit la diffbrence qui est essentielle lorsque lton veut traiter de ceintures authentiques ou tissées aux doigts.

73 2. &es ceintures chez les habitants du Bas - Camal du XVI:IIe au XXe siecle Voyons si à lfint4rieur du Basocanada des ceintures de worsted sont portées par les habitants ou si ce ne sont que les gens de la compagnie de traite qui les portent- Pour cela nous avons consult4 des récits de voyage. Nous connaissons le fait militaire de Général Isaac Brock, qui, mort au champ de bataille en 1812, portait une ceinture de laine6. Dans ses deux biographies on ne dit pas ceinture fléchée. Sa ceinture conservée au Musée de la Guerre Ottawa est du type l'assomption, mais irreguli&re. Travail d' une apprentie? Distraction durant le tissage et erreurs non corrigées? Période où le motif nf&tait pas encore entièrement structuré? Nous croyons que le motif plus ou moins précis de la ceinture appelée 'l'assomption" à partir de 1857 serait probablement le motif appel4 "North West Belt" en Et cela, parce que ces belles ceintures appréciées par les Amérindiens apparaissent dans les mêmes proportions dans les commandes, et que c'est aussi le moment où la concentration des fabricants est située à l'assomption. Il faut préciser ici que la ceinture d'isaac Brock n'est pas de laine worsted fine, mais plut& de laine un peu plus grosse et sûrement de filage domestique, les couleurs correspondent a peu pr&s, sauf pour le brun, à l'ordre de la laine conimandée Londres par la CNO. La compagnie voulait-elle donc faire produire des ceintures identiques a celles portées au pays? Le cas du général est cependant isolé puisque la ceinture était réputee canadienne, du Bas-Canada.

74 Nous avons aussi remarqué que certaines ceintures tissees en Angleterre pour imiter la veritablc L'Assomption &aient identifiées Metis Sash. Il en découle une certaine confusion, car le visiteur croit que ces ceintures viennent de L'Assomption, et bien des Métis possbdant une précieuse ceinture ayant appartenu a l'un de leurs ancetres le croient aussi. Il en est de même pour la ceinture dite Chénier depuis les évhements de , Cette ceinture est la seule 3il l'on voit très distinctement une vraie pointe ou tete de flèche, On lf a relevke dans l'inventaire apr&s dkbs de madame Chaboillez en 1798, ainsi que dans la description que fit le maitre dr6cole Labadie des vêtements du voyageur trouv6 noy6 au bout de lrzle de Montréal en décembre Cette ceinture fléche se tissait par bandes étroites que l'on réunissait d'un ourlet, en groupe de deux, trois ou cinq bandes. Celle d'olivier Chhier en comprenait cinq. Les pointes de flkhe étaient souvent de deux couleurs, vert olive et marine sur fond cramoisi. On a pu conclure, prerniere vue, que cette ceinture était originaire de la région de Saint-Eustache, en s'appuyant sur le fait d'armes de Chénier. Mais, il faut se souvenir que madame Chaboillez qui possbdait deux ceintures, vivait 8 Montréal et parfois aussi Michillimakinac. Chénier, né Longueuil de parents originaires de Lachine, avait repris le costume des anciens, donc de ses grands-parents. Si depuis 1837, on a donné d la ceinture l'appellation ChBnier, rappelons que dans plusieurs musées elle est identifiee comme "amkrindienne des Plaines du Nordm. Nous avons aussi apporté une attention particulière au fait qu'anterieurement 1797, les ecrits ne revhlent que le terme "ceinture color&em de l'habitant; et que les oeuvres picturales principalement, et particulihrement l'aquarelle de Frederick von Germann de 1778, correspondent a la description faite par un soldat

75 allemand loge h Sainte-Anne-de-la-Perade, nous apprend dans une lettre de selon ce que celui-ci Nous prétendons donc que ceinture colorée designe la ceinture en V ou chevron, et qu'elle serait le motif le plus ancien, Cependant, si nous la considérons la plus ancienne par son motif, nous ne nous prononçons pas sur l'origine du port d'une ceinture de laine dans le costume du Canadien. Certains chercheurs, E.-2. ass si cotte', Bernard kdet2, Robert-Lionel s6guin3, ainsi que nous-méme, avons retrouv6, pour la periode du Régime français, dans des inventaires après déces, des ceintures de laine Notre but dans le présent chapitre étant de trouver l'origine de la technique complexe de la ceinture fléchée, nous nous en tiendrons à. cela. Techniquement, il faut donc diffkencier ainsi les procéd6s : 1. L'Assomption authentique aux doigts; 2. Lf Assomption au métier en Angleterre; 3. A flèche ou Chbnier tissbe aux doigts; 4, Ceinture colorée ou chamarrée, comportant le V, ou W ou chevron, tissee aux doigts Les crenres de fibre Nous avons porté notre attention sur la fibre utilisée dans les ceintures. Nous n'avons pas tenu compte dans notre rbpertoire des ceintures tissées de crins de cheval, de poils de bisons, de cheveux humains ou de fibres végetales, même si elles étaient teintées cramoisi ou appelées "tight woven Sashw. D' abord, la texture nous a rappelé le tressage (ou nattage) des paillassons et non le tissage aux doigts spécifique la ceinture authentique.

76 En g&n&al, les ceintures sont faites de laine. Exceptionnellement, des ceintures ont &C tissées de soie, mais elles sont de facture rccente, Dans la laine, il faut aussi parler de catégories, Les ceintures postérieures à 1800 sont tissées de fine laine worsted importbe d'angleterre - de nombreuses commandes relevees dans les livres de comptes de la Compagnie du Nord-Ouest nous le prouvent. Une seule commande de 1801, "fine worsted sent for the belts, 2000'" parle de laine sans couleur, alors que toutes les autres commandes les 4numerent et nous doment la quantite et les couleurs precises. Nous utiliserons d'ailleurs ces diffetentes anum&rations comme guide pour situer approximativement lfann6e de confection de certaines ceintures. Quelques personnes ont parle de laine "Berlinw pour les ceintures. Nous avons retracé a peine trois de ces ceintures, de confection plutdt du début du 20' si&cle. Cette laine est un peu plus rigide que la fine worsted et elle est facilement identifiable. Selon les écrits des soeurs Grises au Manitoba vers 1848, on utilisait la laine Berlin pour broder sur canevas5 dans cette région. Les ceintures antbrieures 1800 Otaient tissees dans les familles l'aide de la laine des moutons. Les femmes filaient et teignaient cette laine qui avait plus de corps que le worsted. Ceci donnait des motifs plus gros et une texture plus Qpaisse. Elles n'utilisaient probablement pas encore de cire d'abeille sur les brins de laine, A la façon du cordonnier qui glisse son fil sur un bloc de cire d'abeille pour lui donner du corps avant de l'utiliser. Même si 1' on répbte que ce procede servait a impermbabiliser les ceintures, sans nier le fait que ce procédé pouvait y concourir, nous croyons plutet que l'utilisation de la cite &ait non seulement utile mais bien nécessaire, voixe indispensable. Car, en fait, cette matière s'intbgrait aux proc6dés de fabrication. On devait protcger les brins de laine qui avaient parfois

77 plus de douze pieds de long contre l'usure que ces brins subissaient par frottement serré durant le tissage et le dbmelage. Il suffit d'avoir tisse une seule ceinture A l'exemple de nos aïeules pour comprendre que les brins s'amincissaient au cours du tissage, risquant de se rompre à tout moment et d'entraver la réussite de la ceinture dont la qualité souffre de brins raccordés- Le matbrie1 &ait donc constitue de laine: 1. De filage domestique, antérieure 1800; 2. Fine worsted non retordue; 3- Fine worsted retordue des 1801; 4. nberlin", en petite quantité, au début du 20' sikle, Il faut aussi mentionner la soie, comme matériau contemporain, mais d'un usage peu répandu Lf ordre des couleurs Nous avons apporté une attention particuliére aux couleurs de la laine. Quand nous avons affaire h une ceinture dont les couleurs sont delavées, bien sqr, c'est qu'elle a subi les intemperies du climat, mais c'est aussi que la laine a &te teinte de colorant vegétal qui, même avec mordant, ne tenait pas bien. Les teintures minérales synthbtiques 'grand teintw ne firent leur apparition qufen 1856, suite aux expériences du jeune chimiste anglais William perkin6. Cela peut &tre une premiare indication de la date probable de confection des ceintures, Ensuite, nous devons tenir compte de l'ordre des couleurs de la ceinture pour le comparer aux commandes de laine reçues. Nous avons tire quelques commandes significatives et bien d&aillées, dont:

78 1822: white, yellow, black, dark blue, sky blue, green, scarlet, crimson. T. Block & sons'. 1822: fine worrsted sent for the belts 20008, 1819: scarlet, crimson, yellow, sky blue, dark reen, white, McTavish Fraser & Co, : scarlet, do light, white, black, yellow, green1'. Ces commandes de laine constitueront de bonnes pistes pour situer 1 ' année approximative de confection. Ces commandes de laine devaient probablement servir durant quelques annees. Du meme coup, nous pourrions aussi identifier les motifs qui se faisaient aux mêmes dates. Si nous repérons une ceinture, par exemple, de l'ordre des couleurs de 1801, nous saurons que tel motif existait autour de Et si ce motif existait dans des ceintures confectionnées pour la Compagnie du Nord-Ouest, il se retrouvait presque certainement chez les habitants, puisqurils en faisaient de leur propre laine domestique. Les ceintures ont d'abord fait partie de la vie quotidienne au sein de la population avant de devenir une petite production quasi industrielle destinbe aux compagnies de traite de fourrures. Dans les livres de comptes des compagnies, nous avons retrouvé de frequentes commandes de crimson et sca~let sashes que nous croyons etre des ceintures de couleur unie. 6tait-ce 18 les ceintures rouges qui figurent si souvent dans les oeuvres picturales que nous avons étudikes? Au cours de nos visites de musees, nous avons vu de ces ceintures cramoisi et écarlate au Lower Fort Garry, à la citadelle d'halifax, au musée provincial de Victoria en Colombie-Britannique, à Lafayette en Louisiane et en Angleterre, à la Tour de Londres.

79 Ces dif fkentes ceintures, étroites ou larges, étaient toutes confectionnées mkcaniquement, soit au métier, soit tressées, ou encore, tricotées comme les bas de soie (ceux-ci ont commencé l'etre dès 1711)11. Ces ceintures ont-elles compense la ceinture tissee aux doigts trop cooteuse ou l'ont-elles pr6cld6e? Elles ont approvisionn6 les militaires tres prbsents au pays, et le surplus aurait-il été offert en vente aux paysans? Nous ne nous sommes pas attardée sur ce point, puisque cf était loin de notre pr4occupation. Nous signalons cependant que le peintre Peter Rindisbacher, dans ses toiles ou aquarelles tds précises realisées vers 1821, représente le chevron sur des ceintures cramoisis chez les agents de traite. Une r6trospective montrerait donc la présence de couleurs comme suit: 1. Délavke, antérieure à 1856; 2- Noire, vers 1822; 3- Petit bleu (sans marine ni noire) vers 1819; 4. Noire (sans aucun bleu: petit, moyen ou marine) vers 1801; 5. Cramoisi ou ecarlate uni, des 1776, et tissage mkanique. 1.2 Le répertoire des d&sianations Nous avons apporte une grande attention à l'appellation des ceintures selon le dessin ou le motif qui y est reprcsenté. Nous nous sommes rendu compte que, par exemple, le fait que Marius Barbeau ait ajoute le mot Assomption dans son texte Pfor instanceu, 98 (Assomption) sashes are listed in the <outfit 1799>... for the North West Company al~ne)'~~ a guidé bien des gens pour classifier leurs ceintures d8 aprb 1' appellation. Nous avons lu les documents originaux à propos de ces 98 ceintures dans les livres de comptes13, et en 1799, lrappell+ion Assomption n'y figure pas. Nous n'avons pu déterminer non plus quelles ceintures

80 auraient &te appelees commande, flammew dans lr&num&ration de cette même Nous nous sommes pose une question h propos de la toile attribuée A Louis Dulongpré, "Garçon à la ceinture fléchéew, savoir si ce titre aurait été dom4 par l'artiste en plus tard par un collectionneur? Cette ceinture ne represente pas de pointe de f leche mais un V ou chevron y est clairement dessine. Si nous avions pu le savoir, cela nouc guiderait sur la vraie appellation de cette ceinture. Nous croyons plutdt que la ceinture du jeune garçon rependrait la description de la ceinture coloree du Canadien, Dans notre classement de ceintures, c'est ainsi que nous la consid6rerons. Les appellations que nous avons retenues et pour lesquelles des dates sont attestees, sont donc les suivantes: 1. Assomption, aprés 1857; 2, Ceinture North West, avant 1857: 3. Acadienne, ce nom nf a pas été retracé dans les sources &rites, mais seulement dans les écrits de M. Barbeau et de E.-2. Massicotte; 4. Afleche durant les annees 1796, 1797 et 1798; 5. Ceinture color&e, chamarrbe, c' est-&dire en V, W ou récemment appelée chevron, 1820, 1801, Du point de vue des techniques, fabrication, couleurs et motifs, ces ceintures revetent des particularites qui determinent leur cafegorie d'appartenance. On y retrouverait donc les: 1. Ceintures L~Assomption aux doigts, standardisees; sans marine, mais avec petit bleu; coeur ne comportant pas de rouge; sans noir, marine ou vert; motif non standardisé; présentant la couleur rose.

81 2. Ceintures L'Assomption, au metier et fabriquees en Angleterre; ou au métier au pays; au filet"; aux cartons egyptiens. 3. Ceintures dites L'Assomption, authentique avec alternance d'éclairs et de fleches nettes. 4. Ceintures acadiennes aux doigts- 5. Ceint--=:es acadiennes au métier. 6. Ceintures a fleches nettes authentiques; avec couleur rose; sans marine mais couleur noire. 7. Ceintures à têtes de flèche; authentiques ou faites au m étier. 8. Ceintures au chevron, ou V ou W, authentiqyes LrAssomption aux doiats Nous avons donc d6nombr6 58 assomption^^ toutes tissees aux doigts. Elles etaient de largeur variable, de l3,5 à 23 cm. La plupart nous ont paru avoir et& tissees de brins de fine Laine worsted retordus tr&s serres, cires mais pas necessairement de brins doubles comme il est souvent répét6. Un modèle standardise nous a semblé avoir été exige probablement par les gens des compagnies de traite de fourares car on y retrouve un ordre de couleurs. Ces ceintures sont dvidemment celles que nous avons pu voir, mesurer et, autant que possible lorsque la permission nous fut acordé, manipuler pour en analyser la fibre et la texture afin d'en juger la qualité. et l'authenticité. Notons que nous avons retrouve des brins doubles dans qgelques ceintures du premier quart du 20" siècle, et la laine nous a semblee etre "Berlinu et non fine worsted.

82 evidemment nous n'avons pas rejoint toutes les personnes qui possèdent une ceinture. Mais, nous croyons que les ceintures que nous avons répertoribes seraient les mêmes qui sont passées par le r6seau de vente des compagnies du Nord-Ouest et de la Baie d8 Hudson. Nous ne décrirons pas toutes les ceintures authentiques, nous en tenant à celles dont l'ordre des couleurs est différent de &elles qui nous semblent standardis6es et fabriquées de laine teinte de couleurs synth6tiques postérieures à Nous avons dénombré, parmi les 58 ceintures dites Lt Assomption, 48 que nous appelons standardisees, cf est-&-dire dont le coeur rouge, plus ou moins large, etait flanque d'une serie d'éclairs dont la suite des couleurs etait identique dans chacune. Seule la largeur variait, de 13'5 h 23 cm. Quatre des autres ceintures, quoique des L'Assomption traditionnelles, n'avaient pas d'éclairs de couleur marine mais plutdt de petit ou moyen bleu. Cela pourrait indiquer qu'elles auraient et6 tissqes vers 1~18'~~ puisque les couleurs correspondent A la commande de laine de cette ann6e-lh. Trois avaient des caracteristiques bien particulieres. Dans une, le coeur ainsi que chaque éclair en interstice étaient d'un vert irlandais au lieu du rouge traditionnel; une deuxième n'avait pas dreclairs marine, ni noir, ni vert. donc elle était assez ancienne, tandis que la troisième avait un coeur marron et la laine etait beaucoup plus soyeuse que toutes les autres recensees. Trois L'Assomption, quoipue de modèle standardise, formaient au centre un bombement permettant d'utiliser cette ceinture en capeline1'. Nous n'avons pas cherché à vkifier sf il s agissait de defaut de fabrication. fonctiomalisé ou d' une particularité voulue.

83 Deux ceintures nous ont paru très speciales, nf &tant pas de niodéle standard. L'une, composée de cinq bandes rassemblées par un surjet bien visible, présentait dans la bande centrale une pointe de flèche à deux couleurs beige/gris et marine sur fond cramoisi, mais conservant la vraie forme d'une pointe de flhche, ce quf on ne peut pas toujours dire des l'assomption au coeur très large et ayant tendance 8 être déformé, De chaque ceté de ce coeur, les bandes sont composées de deux klaits, deux fléches nettes et deux autres éclairs, Deux bandes latérales d droite et h gauche terminent la ceinture et représentent une demi-pointe de fléche. L'autre ceinture est composée de trois bandes identiques à flèches nettes oh le surjet est visible. Les deux bandes gauche ont chacune une fléche nette de petit bleu alors que dans la bande de droite cette flèche nette est marine. Notre r6flexion sur ces deux ceintures nous =&ne d penser qu'elles pourraient etre un jalon de lgévolution du type Nord-Ouest qui deviendra lfassomption. Elles ont appartenu h des personnes de la région du Richelieu, Beloeil et Sorel, Nous avons observé quatre 1' Assomption oo apparaissent des éclairs roses, phénomene assez exceptionnel, et nous les associons h la tradition de Saint-Ambroise-de-Kildare ob la doyenne des f lécheuses travaillait ainsi", Et pour terminer, nous avons noté quatre l'assomption dont les couleurs etaient grandement delavees, signe de grande usure et dfavoir souffert des intempéries, elles appartiennent aussi à une période antérieure aux couleurs synthétiques. Elles seraient du début du 19' siècle si nous considérons que l'une d'elles a appartenu James Douglas qui fut embauché par la compagnie en 1819,

84 Nous avons aussi dénombrb 32 ceintures qui voulaient imiter les 1' Assomption, mais, qui etaient fabriquées au metier, en Angleterre pour la plupart. Nous avons bien analyse la technique de quelques-unes qui nous ont paru fabriquées au pays sur des métiers moins spécialisés que ceux drangleterre. Il peut paraitre peu pertinent de retenir des ceintures non authentiques et non tissées aux doigts, mais, si nous l'avons fait, c'est que nous avons remarqué que l'ordre des couleurs dans ces ceintures était similaire à celui des authentiques qu'on desirait imiter et ceci pourrait s'avérer une bonne piste pour situer la période de production des unes comme des autres, et fournir ainsi un indice des années de fabrication que nous consid6rons comme un jalon de l'évolution des divers motifs de ceintures, Cela nous a amenée penser qu'il n'&tait pas juste de tenir le curé Tancséde Viger responsable de la production des ceintures en Angleterre aprés qu'il eut conseillé aux tisseuses de cesser de travailler pour une trop faible r ~un~~ation~~, car crest bien avant 1890 que l'on eut recours 8 cette ceinture plus abordable et qui fut vendue en grandes quantités. Si nous nous fions aux livres de comptes, des ceintures arriverent d'angleterre en Parmi ces ceintures, nous en relevons une qui nous semble bien particuliere, d'abord parce qu'elle est faite a la technique "sprangw, ou filet, comme en auraient confectionné mesdames Fortier et Boucher en , et ensuite parce qu'elle a appartenu A Jean-Baptiste Lagimodiere qui travaillait au Selkirk Settlement de la rivière Rouge, au Manitoba, en s'agissait du premier Blanc s'y installer avec sa femme. L'un de leurs petits-fils sera célebre pour la défense des Métis: Louis Riel.

85 1.2.3 Lf Acadienne et autres Nous n'avons rencontré gue trois ceintures aux doigts appelées Acadiennes. Ce modèle differe de l'assomption, puisque, en somme, il est composb de deux l'assomption étroites et donne un bien joli effet, Deux de ces trois ceintures font partie de la collection du musée McCord A Montréal, et l'autre que nous avons vue d Winnipeg, était composee de deux lrassomption au métier et réunies par un surjet. Quand nous trouvons une telle ceinture, nous nous posons la question, savoir, laquelle serait apparue la première. Celle de Winnipeg aurait-elle accommodé une taille trop gknéreuse, ou aurait-on délibérément voulu imiter une jolie ceinture acadienne? Nous avons relevé, dans une catégorie bien à part, deux ceintures aux cartons égyptiens et reputées tissees par Joseph Garneau et sa femme, ~illery'~. Nous avons dénombre 12 ceintures à motif flèche nette ou parallélogramme tissées aux doigts dont quatre comportant une alternance d'éclairs et de flèches nettes. Dans deux de ces douze ceintures apparaissait quelquefois la couleur rose; et nous avons cru alors quf elles seraient les ceintures inscrites =rose beltr dans les livres. Nous avons de plus fait un rapprochement avec les ceintures que faisaient la doyenne des tisseuses de ceintures à saint-ambroise-de- ild da se^'. Une ceinture ne presentait pas de couleur marine mais plut8t du noir. Tr&s rarement retrouvons-nous cette couleur qui n'apparalt que dans une commande de laine en 18012' La ceinture 3 fleche Nous parlerons maintenant des ceintures qui ont vraiment donne le nom de flechee d. la ceintuqe de lfhabitant canadien. C'est la seule oh l'on voit avec précision la forme d'une pointe ou

86 tête de flgche, Presque toujours cette flèche est de deux couleurs, marine ou indigo et vert olive, sur fond cramoisi. On les dirait aussi standardisees pour le compte, probablement, de la Compagnie du Nord-Ouest. Cependant, dans les livres de comptes, on nr a jamais retrouvé d'appellation warrow sashu ou ceinture a f leche. On les retrouve en bande simple d'environ deux pouces, mais le plus souvent seunies d'une couture par grou~.zs de deux, trois, quatre, cinq et méme six bandes. C'est une ceinture de ce type que portait le patriote Chénier et qui a laissé son nom ce genre de ceinture. Elles sont identifiées comme amérindiennes dans bien des musées. Elles avaient sorement leur faveur parmi les objets de troc disponibles aux Amerindiens, comme le rappelle 1' inscription suivante: "advanced the f ollowing on account, to Kaitbaignon, 1 scarlet Belt 2 inches2% Ce motif serait antérieur à celui de l8assomption et aurait existé en 1797 et 1798 si l'on se réfgre au journal du maitre d'école Généreux IabadieZ6 et a 1 ' inventaire après d6cès de madame chaboillez2' La ceinture au chevron Un dernier type de ceinture nous a beaucoup intriguee, celui au V ou chevron, dessiné avec précision par trois artistes, 1' Allemand Frederick von Germann en 1778, Louis Dulongprb, pretendon, en 1801, et par Peter Rindisbacher, en 1822, dans l'ouest canadien- Non seulêzient ces trois artistes en ont-ils clairement dessine la forme, mais encore peint les couleurs. Nous n'avons retrace que huit specimens du genre, dont seulement deux non identifiks comme étant amérindiens. Une ceinture de fine laine worsted qui etait semblable a celle apparaissant sur la toile de Louis Dulongprb, et une autre, de laine plus grosse et probablement de filage domestique, nous ont

87 fait penser h l'aquarelle de l'allemand de 1778 Outre le calibre de la laine, nous avons notb une caractéristique qu'on ne retrouve jamais; au lieu d'un oeil au milieu de la ceinture indiquant oh on change la direction du tissage, nous y retrouvons un procede reconstituant techniquement la reproduction d'un pu. Nous croyons cet échantillon teprbsentatif de la -ceinture colorée de l'habitant canadienw telle que nommée par quelques visiteurs partir de Dans cette catkgorie dite zhevron, nous devons mentionner que nous avons vu dans des collections quelques paires de jarretiéres identiques de technique, mais non de couleurs. Nous nous devons d'inclure dans notre quete de l'objet matériel huit spécimens de ceintures étroites ou de jarretieres qui nous ont été signalés par des immigrants, ou par des artisans et artisanes les ayant rapportés de voyage- Les pays d'origine de ces pièces sont l'afrique du Nord, la Bretagne, 1 sraël, le Japon, la Lituanie, la Norvège, la Roumanie et la Turquie- Nous nous voyons donc maintenant tenue d'explorer cette voie du chevron bien attentivement, car il est quasi universel- Quelle place tient-il dans notre fléché authentique? Nous tenterons d'expliquer le procedé qui aurait mené les tisseuses développer des motifs différents et exclusifs leurs ceintures. 1.3 La ceinture fléchée tmiquement cni6b6coise Apr&s avoir identifié le type de ceinture qui nous apparapt comme étant le plus ancien selon les descriptions que nous avons retenues dans nos sources 6crites' iconographiques et materielles, c'est-à-dire le chevron, plus couramment appel6 le V, nous expliquerons ce qui aurait donne la technique des ceintures fléché9s typiquement quebécoises.

88 Cette demarche nous a amenée à verifier le plus grand nombre possible de techniques dites aux doigts pour faire ressortir les points communs et les points différents, de même que ceux qui sont exclusifs a la ceinture de l'habitant canadien Le tissacre aux doiats Jus.-,,-& présent, les chercheurs qui se sont interroges sur le sujet n'ont pas exploré à fond cette facette de la technique La plupart disposaient de connaissances historiques, ethnologiques ou archbologiques, mais aucun n'&tait tisserand ou artisan des textiles. Cette connaissance des procédés de fabricat ion nous semble nbcessaire, sinon indispensable, pour compléter les recherches d6 ja accomplies. Nous nous attarderons, dans une première étape, bien faire comprendre la diffkrence entre le tressage et le tissage. Cela s'avére important, car le fait de confondre les deux techniques a déjd, dans le pas&, amené faire des comparaisons inexactes et h suivre de fausses pistes- Dans le tsessage, les fibres, toutes install6es & la verticale, ont une certaine rigiditb (du corps), comme la paille, la cordelette, les lacets, le jonc, le sisal, le chanvre, le lin et autres. Ces brins de.fibres s'entrecroisent ainsi: les brins impairs croisent les brins pairs vers la gauche, le rang suivant, et les brins pairs croisent les brins impairs vers la droite et ainsi alternent les rangs. Ceci donne une ligne horizontale de texture, même si aucun brin étranger n'est ajouté. Nous retrouvons 1' illustration de ce mouvement lorsque nous observons une danse folklorique suisse qui s'exécute autour du "mat de maiw. Des rubans attaches au. haut du mat sont de deux couleurs, les femmes représentent disons les rubans blancs, et les

89 hommes, les rubans noirs. Les femmes passent 8 droite de leur compagnon, et puis à leur tour, le compagnon passe A gauche de sa compagne, Ainsi se forme un cylindre tressé ou encore natté. Ce meme procbd6 se fait dans le tressage japonais sur un anneau de paille. Cf est le m b e mouvement realise par les femmes qui tressent des paillassons, des chapeaux ou des paniers. On obtient ainsi une texture assez serde mais O& les brins sont toujours apparents et srentrecroisent en X, formant une ligne horizontale de travail, peu importe le nombre de brins integrés et l'apparence entremelée que prennent les fils. Dans le tissage haute ou basse lisse, on a aussi un -treillis de brins qui donne une texture plus ou moins serrée et l'on aura, selon le calibre et la rigidite de la fibre utilisée, une trame couverte ou visible. Les brins places en ligne verticale, ou brins de charne, resteront ainsi tout au long du travail, et dans 1' ordre du départ, et ce, qu'on se serve d'un métier rigide ou a cadre primitif, ou encore, d'une grille perforée B la façon des Lapons. On introduit toujours un brin etranger horizontal comme trame pour executer la tissure. On constate que les brins de chaine si nous les numerotons 1, 2, 3, 4, 5, 6, etc. r seront encore dans cet ordre apres 10, 20 ou 40 cm ou plus de tissage. Les Japonais font ce meme travail sur un mbtier, mais ils utilisent une trame qui passe de droite gauche, et une autre qui passe de gauche h droite. Ils obtiennent ainsi une texture 00 les brins de chazne seront encore dans 1' ordre du depart peu importe la longueur du tissage accompli. Les Inuit font, sans métier, des bandes plutet etroites d' apres le meme principe. Cependant, au lieu df introduire une trame etrangère, ils utilisent le premier et le dernier brin des brins de chalne. Ils obtiennent ainsi une texture ligne horizontale.

90 Nous utilisons des graphiques simples afin de bien visualiser le principe. Nous n'irons pas plus loin dans la description de tous les motifs qui peuvent etre r&alis&s avec une trame ou des trames de diverses couleurs qui, selon leur trajet, donnent des dessins géom6triques ou la representation d'objets et de fleurs stylisés, la façon maya ou navajo, Nous expliquerons maintenant la technique du tissage aux doigts du chevron que monsieur Barbeau a compas6 aux jarretières norvégiennes. Nous y portons une grande attention puisque nous considkrons ce motif comme étant un jalon important dans 1'6volution de la ceinture du Canadien français, Ce motif aurait été. celui des premières ceintures, Si on les a rapportées comme déjà existantes en 1776 Québec, Beaupré, h Sainte-Anne-de-la-Pdrade, a Sorel et à Chambly, elles devaient surement y avoir fait leur apparition depuis quelques années auparavant. Les brins de chaxne sont disposes cote à c6te et verticalement, ils passeront un h un, dessus et dessous un brin de chafne placé diagonalement qui tient lieu de trame temporairement. Quand tous les brins seront tisses, la trame retrouvera en aucun temps un brin étranger comme trame, meme si cette façon de tisser aux doigts donne toujours un rang de travail en diagonale. Les brins ne se croisent pas comme dans le tressage ou le nattage. Nous avons affaire b du tissage et non à du tressage. De nos observations precedentes nous avons tiré trois points prkcis pour identifier le tissage au chevron: 1. On n'utilise pas de métier, ni de cadre de; rigi- 2. Les brins de chalne d'au moins deux couleurs sont placés tendus à la verticale, dans un ordre donné. Ils seront déplac6s un d un, par

91 les doigts de la tisseuse sur une trame temporaire; 3. Aucune trame étranghre n'est ajoutée, ce sont les brins de chaine qui serviront à tour de rble de trame, pour, la fin du rang redevenir brin de chaine, Le motif a f léches On sfest habitu6 au cours des années h nommer indistinctement "ceintures fléchéesw toutes les ceintures de laine colorées et tissées aux doigts, sans vraiment tenir compte du dessin représenté sur celles-ci. Reprenons la remarque de monsieur Massicotte qui trouve que la ceinture l'assomption ne représente pas de fleches mais des zigzags; la ceinture au chevron ne représente pas elle non plus de fleche. Il nry a qu'un seul type de ceinture où l'on voit vraiment une fleche; et c'est la ceinture au jourdr hui nommee Chénier et rapportée en 1797 comme cinture d flesche. Depuis quelques annees, par air ou par mer, l'orient vient rencontrer l'occident. Des gens de multiples pays immmigrent chez nous et apportent avec eux leurs traditions, leur artisanat. Des spécialistes en textile et en folklore vont etudier des groupes ethniques et nous rapportent des 6chantillons de tissage qui nous amènent d réviser notre discours, Exhibant une ceinture au chevron que nous proclamions exclusive aux Canadiens français que pouvionsnous repondre ou penser drun chevron identique rapporte du Moyen- Orient, d'europe de lrest, et meme du Japon où cela se fait depuis le huitieme siécle? Il ne nous restait plus qu'a reprendre nos ceintures l'assomption, l'acadienne, Chénier et à fleche nette, à les analyser en détachant bien chaque sequence de mouvements afin de pouvoir btablir un parallble avec les chevrons; A bien noter la

92 direction des brins horizontaux, verticaux, diagonaux; et a ktudier toutes les techniques de tissage dites aux doigts et trouver la différence qui existe réellement entre ces techniques et celle de notre ceinture fl&ch&e qui demeure exclusive au Bas-Canada, au j ourd' hui Québec. Nous avons constath, dans nos chapitres ant6rieurs, que la ceinture ne s'&tait pas toujours appelée fléch4e. En 1776, on disait "ceinture à f leschen; en 181 t, "fine ceinture Nord-Ouesta; et aprgs 1853, ceinture mlassomptionn. C'est donc que la ceinture colorée était A chevron, et qu'elle aurait evolue vers des dessins plus compliques donnant les pointes de flbches, les fleches nettes, les éclairs. Comment en serait-on arrivé cela? Faute de trouver des explications écrites, nous avons rencontre en 1974, madame Phidias Robert de Saint-Ambroise-de- Kildare, une octogenaire qui avait &te initiée la ceinture fléchbe vers l'age de sept ans mais qui s'y mit vraiment vers l'age de 24 ans. Quand nous lui avons demandé comment on enseignait les divers motifs, elle rbpondit: «On nous disait: si tu te rends au bout de la couleur et que tu fais ton crochet, tu feras une fleche nette; et si tu laisses trois brins, tu auras un éclair. Voila, cf &tait pas plus compliqu6 que ça.w2' Au moment de notre apprentissage nous avons decouvert que ce petit "crochetm utilise librement nous permettait de realiser non seulement des fleches et des éclairs, mais aussi des formes stylisees variées. Il n'y avait pas de methode dcrite ni structur6er mais plutdt des trucs transmis df une artisane h l'autre. Sans doute avait-il do en etre ainsi des les premières ceintures différentes des chevrons.

93 On nous apportera comme argument que dans les tapis navajo ou dans les ceintures maya, l'on retrouve aussi des dessins géom6triques semblables aux f leches et éclairs de nos ceintures. Cependant, ces dessins sont faits d'une trame a joutée et même si deux trames de couleurs différentes sont acrochbes pour former des triangles ou autres motifs, ce sont des brins ajoutés, tandis que dans la ceinture flechée où il y a déplacements systématiques, mathématiques de brins, ceux-ci sont toujours 1à partir du début et jusquf a la fk, et c'est à Pinterieur que ces brins joueront un r61e tantôt de chaine, tantbt de trame. Ce système ingénieux transmis fid&lement, de gbnération en génération, aura attiré l'admiration du résultat obtenu - la ceinture sous ses différents motifs -, mais sans qu'on se soit arrêté comprendre la subtilite du geste qui les produisait. Nous aurions préféré retrouver des documents manuscrits tres précis sur les procédés techniques la source de ce travail de mains habiles; mais la tradition du geste complete ici la réponse déj8 fournie par les sources écrites et les documents figurés conservés dans nos collections muséographiques.

94 NOTES DU CHAPX TRE 1 E. -2. Massicotte, "La ceinture fléchee, Chef-dr oeuvre de l'industrie domestique au Canadaa, îy&oires de la Société Royale du Canada, Montréal, section IIIr vol. XVIII, mai 1924, p. 5 h 7. Bernard Audet, Le costume paysan dans la région de Québec au XVIr siècle, Montreal, Lembac, 1980, 214p. Robert-Lionel Séguin, Le costume civil en Nouvelle-France, Ottawa, Musée national du Canada, 1968, 330p. LPW, HBC A 26 Indent Book, , p. 15. Archives du couvent des soeurs Grises di Saint-Boniface, Thronique et correspondance des soeurs Grises au Manitoban, 17 juillet 1848, p, 238. American People's Inc., 1948, p. 7. Encyclopedia, Chicago, The Spencer Press, APW, HBC A 26, Indent Book, 1822, p. 25y. APW, HBC 74, 1819, p. 10. APW, HBC A 26 10, 1801, p. 5. J. Dantzer et D. de Prat, Tissus spéciaux, paris, Librairie polytechnique, 1935, p. 138, Marius Barbeau, Assomption Sash, National Museums of man, Ottawa, 1972, p. 12. AMG, Fond de la Compagnie du Nord-Ouest, livre 0521, 1799, March 30th, p. 5. APW, HBC F 4 8, , p. 95 (Sprang). Appellation issue de HBC IM 505, Marius Barbeau, Ceinture flechee, Montréal, Edit ion Paysana, 1945, planche VIII. Monique Le Blanc, Parle-moi de la ceinture fléchée, Montréal, Fides, 1977, p. 47.

95 Marius Barbeau, Ceinture fléchee, p. 33. APW, HBC A 26 7, , decembre 1825, p. 73; et APW, H%C 74 15, , p. 2 et 3, APW, HBC F 4 7, , p. 93. Marius Barbeau, Assomption Sash, National Museums of Canada, 1972, p. 2, Monique Le Blanc, Parle-moi de la ceinture flechée, p. 46. APW, fi8c A 26 10, 1801, p. 4, APW, HBC B 105/d/83, , Archives du Séminaire de Quebec, Vousna1 du maftre d'école Généreux Labadiea, ANQ, greffe du notaire Beek, Inventaire après dkcès de madame Jean-Baptiste Chaboilly, 22 juin 1798, Musée de la civilisation, Qu&bec, fléchees, no Collections ceintures Communication de madame Phidias Robert de Saint-Ambroise-de- Kildare, 1974,

96 CHAPITRE II Entreprendre une recherche sur la ceinture fléchee prksente, dès les premières démarches, une grande difficulté, celle de son appellation. C'est ce que mf a signifie la conservatrice des archives de la Compagnie de la Baie d'hudson a Winnipeg en Il ne faut pas chercher ceinture flechée dans les livres de comptes ni dans les Indent Books me dit-elle, mais plutôt belt ou sash. Ce conseil devrait rester présent mon esprit tout au long de cette recherche partout où je consulterai des documents. Dans mon mémoire de maztrise, j'en vins a la conclusion que la ceinture color&e de l'habitant de la vallee du Saint-Laurent aurait fait son apparition un peu avant parait donc pertinent de retracer les ceintures ainsi que leurs diverses appellations durant la période antérieure au Regime anglais. 2.1 Chez les explorateurs en Nouvelle-France Un bref extrait du recit du voyage de Jacques Cartier, au moment de son abordage a la baie des Chaleurs en 1534, lorsque son navire fit escale au cap du Sauvage, merite d'etre rappel&: ((À ce cap, nous vint un homme, qui courait après nos barques, le long de la cete. 11 nous faisait plusieurs signes que nous retournions vers ledit cap. Et en voyant de tels signes, nous commançames à nager vers lui, et lui voyant que retournions, commença B fuir et courir devant nous. Nous descendlmes a terre devant lui et lui-mbe un couteau et une ceinture de laine sur une berge, et puis nous nous en allâmes 3 nos navires [:.. I1.u

97 Nous avons là le récit drun des premiers échanges entre Indiens et Blancs; il faut retenir ici que crest lrhomme blanc qui possede une ceinture de laine, dont on se sert pour engager des pourparlers. Ce geste ne signale pas l'instauration drune mode nouvelle chez les Autochtones mais fournit une occasion de constater assez tôt dans l'histoire du Canada, que la ceinture de laine est apportée par les visiteurs europeens, car Jacques Cartier ajoute: «Ils sont tous nus, excepet une petite peau qui couvre leur sexe, et quelques vieilles peaux de bgtes qur ils jettent sur eux en écharpes2.» Ce qui confirme l'absence de vetements de textile, dont une ceinture. Au moment dr une autre rencontre du découvreur h Hochelaga avec un chef indien, celui-ci, vieillard paralysé, dans un accoutrement sordide sur une litière, supplie Cartier de le guérir et en guise de reconnaissance lui remet la seule richesse qu'il possède, une bande de filet rouge travaillée de piquants de porc- &pic canadien teints qui entoure sa tete3. Ici, il sragit dfun bandeau de tête, mais plus tard, on verra des ceintures d6corées de piquants de porc-épies confectionnées par les Amérindiens. Elles seront écarlates, ~edllon ou cramoisies, comme les verront Champlain (1609), Sagard (1623), Kalm (1749) et Bonnefons (1759). Champlain, au retour de son voyage en 1609, se rendit a Fontainebleau rendre compte Sa Majestk de tout ce qui sr était passé durant son voyage en Nouvelle-France; il écrit: ejr avais une ceinture faite de poils de porc-épic qui etait fort bien tissée, selon le pays, et Sa Majesté la trouva agr6able4.» Pour sa part, Gabriel Sagard écrit quelque quatorze ans après Champlain : Quelques-unes df entre elles ont aussi des ceintures et autres parures faites de poils de porc-épic teints en

98 rouge cramoisie et fort proprement tissées5.» Il faut ici sr arrêter à «fort bien tissees et ccproprernent tissees>>, termes dont on pourrait conclure que les Indiens tissaient des ceintures, argument souvent utilisé relativement la théorie voulant que les Canadiens aient emprunté des Amerindiens la méthode de fabrication de la ceinture fléchée. Dans les pages qui suivent, en relevant les appellations des ceintures, il sr agit moins de faire une nomenclature que dr essayer de voir comment la ceinture sf est transformee pour devenir la scinture colorée de l'habitant du Bas-Canada. Nous croyons que lr expression ccproprement tiss6es» nr établit aucun lien avec le tissage aux doigts de la ceinture fléchée, puisqugil n'y a pas de trames de laine ou dr autres fibres, ni de chaine, mais plutôt une insertion minutieuse de piquants de porc-épic aplatis, en rangées uniformes enchâssées dans une bande de cuir. Cet aspect technique est fondamental, car il s'avère essentiel de dissocier certaines utilisations du mot tisse utilisé pour décrire la ceinture de porc-épic. Crest Kalm qui va nous donner l'explication pertinente en montrant d'abord son etonnement devant la façon de tisser des autochtones qui ne ressemble pas aux techniques qur il a observées dans son pays ou au cours de ses voyages. Il précise que les femmes indiennes, qur il a vues travailler, ne passent pas les fils de trame entre les fils de chaîne un dessus, un dessous, mais les entortillent autour comme lorsqur on met une ficelle autour d'un paquet6. Sa remarque rejoint celle de Champlain: &ien tissée selon le pays»; entendons ici tissée différemment que dans notre pays. Donc, d'apres ce qu'on peut dkduire des propos de Kalm, la ceinture =&indienne n'est pas la ceinture fléchée que nous connaissons. Dans ses écrits, cet auteur revient quelques reprises sur le sujet et il parle notamment drune ceinture rouge que les Canadiens imiteraient:

99 «Chose curieuse! tandis que beaucoup de nations imitent les coutumes françaisesr je remarque qur ici ce sont les Français qui, maints égards, suivent les coutumes des Indiens, avec lesquels ils ont des rapports journaliers, Ils fument, dans des pipes indiennes, un tabac préparé à 1' indienne, se chaussent 1' indienne et portent des jarretigres et des ceintures comme les indiens7. >> Aprés une lecture attentive de toutes les descriptions de vêtements au cours de son séjour, que ce soit chez les Indiens ou chez les Blancs, Kalm se révéle un observateur soucieux des détails, et il décrit avec une grande précision ce qu'il a vu. Sa remarque ersonnée sur les ceintures rouges portée par les Canadiens a &te reprise par Benjamin Sulte, ensuite par Marius ~arbeau' et par d8 autres chercheurs. Il faut noter cependant qu'il s'&tait passé deux siècles depuis la rencontre que fit Cartier avec les Amkindiens. Cette remarque de Kalm causera une certaine confusion dans l'esprit de plusieurs qui verront là l'origine de la ceinture colorée de lrhabitant du Bas-Canada sans plus de questionnement. Mais un deuxiéme point des observations de Kalm semble bien pertinent pour soutenir notre remarque, et cf est lorsqu'il voit, cette fois, des Canadiennes qui teignent leur laine. 11 s'arrête pour leur poser des questions et dkcrire lui-même les couleurs que ces femmes obtiennent a partir de certaines plantes ou racines, le domaine de la botanique étant son premier intkét. S'il a vu la laine que teignent les femmes canadiennes, il n'a jamais parlé de la presence de laine chez les femmes amerindiennes où qu'il les aie visitkes. 11 note: <<Les gens drici ont du fil de laine de couleur légérernent café. Ce sont les femmes qui teignent ainsi la laine en utilisant l'ecorce de sapin appel6 Fbrusse: de même une partie

100 de la laine filée a une assez belle teinte jaune. Les femmes qui sont dehors me montrent avec quoi elles ont fait cette teinture: il s'agit des graines de cônes de Myrica appe- 16 ici poivrier9-» Lafiteau en 1729, soit quelque vingt ans avant le sejour de Kalrn, nra pas parlé de ceinture chez les Amkrindiens; il insiste surtout sur le fait que les Autochtones ont abandonné les peaux de fourrure pour faire usage du coton et de la laine. Nulle mention de la ceinture. IL spécifie que passé les Grands Lacs, les Indiens n'ont pas encore accès aux lainages, du fait qu'ils sont encore isolés. Devant ces différentes observations, le commentaire de Sagard est bien pertinent: «Il est vrai qu'une personne, pour exacte qufelle soit, ne peut entièrement savoir observer tout ce qui est dans un pays, ni voir et entendre tout ce qui sry passe; et c'est la raison pour laquelle les historiens et voyageurs ne se trouvent pas toujours d'accord en plusieurs choseslq.» Un extrait de First Western Pioneers livre une description des vêtements portés par un noyé retrouve le 6 décembre 1732: «For clothing, he had a cape and a brown couloured jacket, a Cotton shirt whose cloth was grass bleached, cloth breeches, which, which were cinnarnon coloured, a red tuque and shoes such as savages Wear: mocassins. To his coat was attached the key of a box left with the navigator Jean Jeanne. In the pocket on the coat was a pocket-book of olive coloured cloth encloshg playing

101 cards, money, marked sous, a promissory note for thirty francs1'.» Cette description détaillée permet de constater que le costume ne comportait pas de ceinture de laine ou autre, comme de piquants de porc-épic, et, que deux couleurs sont présentes dans ses vêtements, soit le vert herbe et le vert olive. Ces deux couleurs seront utilisées dans les ceintures flèches quelques années plus tard. 2.2 Dans les écrits canadiens-français Dans des études sur le vêtement en Nouvelle-France, E.-Z. Massicotte, Bernard Audet et Robert-Lionel Séguin ont mentionné la ceinture parmi les pièces vestimentaires- Une recherche personnelle dans le greffe du notaire Antoine Crespin mf a aussi fourni un certain nombre de mentions. E. -Z. Massicotte rapporte dans son ouvrage sur le costume masculin, dans la garde-robe de Louis Chartier, chirurgien: aune ceinture de coton» (1660) ; Fresnaye, sieur de Brucy, possédant une ceinture dr argent (1684). Sr il nr y a pas de lien avec la ceinture fléchée, une indication est cependant fournie sur If existence df une ceinture de textile est présente dans des garde-robes au 17. siécle12. À peu prés h la meme &poque, une description des vêtements que Jeanne Le Ber portait pendant sa vie de recluse mentionne l'existence drune ceinture de chanvre, mais on ne sait pas si elle est tissee ou tressée13. La recherche de Bernard Audet fournit quelques mentions de ceintures comme on les trouve dans les greffes de notaires de la fin du 17' siècle et du début du 18= sidcle. Ainsi:

102 en 1696: feu Antoine Pouliot, époux de Marie-Louise Chabot, une ceinture prisée à 40 sols, 2 livres; en 1701 : feu Nicolas Guillemet, époux de Marie Selle, une ceinture de moquette prisée à 30 sols, 1 livre et 10s; en 1703: feu Noël Côte et feu Marie Drouin, une ceinture prisée à 1 livre, une ceinture rouge rayee prisée h 2 livres; feu Hippolyte Thivierge et feu Marie Drouin, une ceinture anglaise prisée à 6 livres; feu François NoGl, époux de Catherine Bruslon, une ceinture de férandine prisée 4 livres; en 1706: Charles Delage, veuf de Marianne Marceau, une vieille paire de calecons et une ceinture verte de moquette prisée à 8 livres? Quelques homes possèdent une ceinture dont on connaft la texture et la couleur. Ainsi, Bernard Audet précise que la ferrandine est une étoffe légère dont toute la chasne est de soie, mais qui est tramee de laine, qui differe en cela du point de soie, dont la charne et fa trame sont toutes de soie. Pour ce qui est de la moquette, on lit dans le document Maurepas: <an velours solide a poil de laine, beaucoup utilisé pour lrameublementls.» Par ces descriptions d'inventaires après déces, nous pouvons affirmer quf il sr agit bien de ceintures tissées d lf aide de metiers m&caniques, probablement europeens. Elles permettent aussi de constater la presence de ceintures de laine dans le costume masculin; de ceintures de couleurs puisque une est rayee rouge et une autre verte. Faut-il y voir une indication de la mode qui se répandra et sera tres presente h partir du troisième quart du 18. siècle? 11 faut surtout retenir 1' appellation suivante ceinture anglaise qui reapparaztra dans dr autres documents. Pour sa part, Robert-L. Séguin trouve dans le greffe du notaire Antoine Adhémar, à Montreal,

103 en 1689: une ceinture rouge de moquette, dans la succession de Laurens Teyssier et Anne La Mire 8 présent sa veuve; en 1693: une ceinture de moquette, chez Claude Garigue, celle-là dans le greffe du notaire BBnigne Brasset. On y ajoute que cet homme est originaire de Cahors, cela peut-il être de quelque signification quant a l'origine de sa ceinture? Séguin rapporte d'autres ceintures, toujours de laine mais de confections différentes. En 1696, le 6 juillet, encore h Montreal et dans le greffe du notaire Basset: une ceinture de camelot barré dans 1' inventaire de Médard Mezeret. Le camelot, ajoute-t-il, est une étoffe de laine. Chez le Montrealais Joseph Baillard il y a aussi une «Ceinture rets de ~aine>>l', soit un tricot à grosses mailles. Pourrait-on faire un lien avec des ceintures appelées nets ou au filet enumerees ulterieurement dans des documents de la Compagnie du Nord-Ouest? Dans la liste de Séguin, il faut souligner la présence d'une «Ceinture de Laine garnie de porc-&pic», possedee par Michel Duperon en 1735 lorsquf il s'engage pour les Hauts. Faudrait-il ici faire un rapprochement avec les ceintures rouges et les jarretieres dont a fait mention Kalm en 1749 lorsqu' il disait que les Canadiens imitaient les ceintures amérindiennes sans jamais cependant parler de laine. Seguin rapporte quf un an plus tard, soit ir et6 1736, un tabellion de Lachine, François Lepailleur, dénombre dans l'inventaire des biens de la communauté de Jacques Quesnel et de feu Marianne Truillé LaCombe sa femme «quarante Six Ceintures de laine»16. Cette quantité est assez grande et n'&ait sqrement pas seulement pour la population locale, dr autant plus que Quesnel tenait magasin à Lachine dr oh partaient les trafiquants du commerce de fourrures. De telles ceintures se retrouveront-elles dans les descriptions de vêtements quand les documents concernant le marche officiel des négociants en fourrures seront consult4s? Il semble bien que selon lfenumeration rapportee par Seguin, toutes les ceintures soient de laine. En 1759, c'*est une grise d Chambly, et

104 une rouge Montréal et une ceinture de laine en rassade (perles) en On pourrait allonger la liste mais inutilement, puisqurelle révèle déjà une forte indication que l'usage de la ceinture de laine se repand; on en dénombre Chambly, Lachine, Laprairie, Montréal, Pointe-aux-Trembles et Saint-Antoine-sur-Richelieu. Leur mode de fabrication nous r&f&re au métier mécanique, car elles &aient de ferrandine, de moquette, de camelot barré; au moins dans un cas Séguin raysarte la précision suivante: aune vieille cinture faite au métier'7». La ceinture de laine existait, mais ce n'est pas encore la ceinture dite fléchée. Dommage que le mot ceinture ne permette pas de différencier ses caractéristiques comme le font en anglais les mots belt et sash signifiant une large ceinture décorative ou ceinture fléchée- Afin de compléter ce qu'avaient t:&vélé Kalm, Massicotte, Audet et Séguin, jf ai consulté le greffe du notaire Antoine Crespin de Château-Riches, entre 1750 et 1771 village voisin de Beaupre qui avait la réputation d'avoir été assez tôt actif et avancé dans les arts domestiques du filage et: du tissage de la lainex0, et qui fut l'objet dr un tableau de Davies montrant un agriculteur et son jeune fils portant une ceinture rouge (voir illustration 10). On y trouve donc les renseignements suivants: le 3 février 1758 : aune ceinture de rassade»; le 3 mars 1761: feu Pierre Dorval Coteux, «une ceinture de porc-&pic et une ceinture de coliande». N'ayant pas trouve ce qu'&tait la coliande, je me suis permis de faire un rapprochement avec Cotton Holland, appelé aussi façon de calmande, coliande pouvant etre une contraction, Plusieurs noms de tissus sont déformés en changeant de pays. Donc, Cotton Holland serait une étoffe raybe, dont la chaîne est de coton et la trame de lin et qui servait entre autres 3 des jupons, des mouchoirs, des fichus, etc.lg.

105

106 Donc jusqu'en 1792, dans ce coin de pays, nous nf avons pas trouvé de mention de ceintures qui auraient &té tissees aux doigts ou sur le métier. TABLEZLU 1 Appellations chez les explorateurs et visiteurs II SOURCE APPELLATION II 1535 Jacques Cartier saincture de laine 1609 Samuel de Champlain ceinture,..poils porc-épic 1624 Gabriel Sagard ceinture..,poils porc-épic ceinture.. cramoisy Pehr Kalm ceinture.. rouue TABLEAU II Appellations dans les écrits canadiens francais SOURCE Jeanne LeBer Greffe notaire Basset Greffe notaire Basset Medard Mezeret Joseph Baillard Nicolas Guillemet Noël Côte Hippolyte Thivierge François Noël Michel Duperon Jean Brouillet Greffe notaire Crespin Jean Pineau Notaire Crespin APPELLATION ceinture de chanvre ceinture de coton ceinture df argent ceinture camelot bars& ceinture a rets de laine ceinture de moquette ceinture rouge rayée ceinture anglaise ceinture de ferrandine ceinture de laine garnie de porc-épic ceinture faite au métier ceinture de rassade ceinture de laine en ras s ade ceinture de porc-epic ceinture coriande En conclusion, nous ne voyons aucun indice de la presence de la ceinture flechée durant le Rggime français. Voyons maintenant si la documentation du Régime anglais nous fournira des renseignements sur les façons de nomme; la ceinture.

107 2.3 Sous le Résime britannique Sous le Regime britannique, il me paralt important de commencer par la lecture du premier roman écrit à propos du Canada et publie en Angleterre, par Frances Brooke. Cette femme accompagnait son mari, ministre du culte, aumônier militaire durant son obedience au Canada, particulièrement dans la ville de Québec en Pendant son séjour, elle eut lfoccasion de visiter quelques endroits dont Montréal, Trois-Rivières, Kamouraska, 1' île df Orlhns et Lorette et drobserver les gens et leur maniere de vivre, Cfest aprgs son retour en Angleterre, qufelle publia son roman The History of Emily Montague. Cette oeuvre est rédigbe sous forme de correspondance avec ses amies qu'elle a quittées pour traverser l'atlantique vers le Nouveau-Monde. Ces lettres décrivent la vie qu'on mène au Canada ainsi que la beauté des paysages le long du Saint-Laurent. Cependant, si Frances Brooke s'attarde sur les activites de la vie mondaine de ses compatriotes britanniques en poste, ainsi que des quelques notables français demeures au pays après la conquête, elle ne parle qufoccasionnellement ou peu de la vie quotidienne des gens du pays et de leurs façons de se vêtir. On y trouve deux breves descriptions de la mode vestimentaire chez les habitants du Canada et les Hurons de Lorette, mais aucune mention de la ceinture de laine même si le capot de fourrure était porté par les Canadiens de cette époque, ni de mention de la ceinture de laine chez les Hurons- Alexander Henry, Écossais de New York, cherchait & établir un commerce de fourrures. 11 voyagea travers le Canada ainsi que dans les territoires amérindiens autour des Grands Lacs. Comme il avait besoin d'un guide et d'un interpréte, il engagea Jean-Baptiste Bodoine, un coureur de bois bien exp&imenté, pour 1 accompagner dans ses deplacements. Durant cet hasardeux périple, il l ui arriva des aventures désagréables et dangereuses. C'&ait

108 au temps de la révolution de Pontiac contre les Britanniques. Alexander Henry ne fut donc pas bien reçu dans ce coin du pays. Il se trouva à Michillimakinac au moment des attaques des hommes de Pontiac. 11 raconte que pour échapper a ses ennemis, il dut se déguiser en Canadien: <My costume consisted of a molton or blanket coat, over my shirt; and a handkerchief about my head, hats being very little worn in this country [.,,] and a large red milled worsted cap2'». Donc, en 1763, on ne trouve pas encore mention de la ceinture de laine dans la région des Grands Lacs, du moins a Détroit et à Michillimakinac. Un autre visiteur, Thomas Anbury, lors de son voyage dans les parties intérieures de l'amérique, en 1776, se rendit Charlesbourg et à Beauport, II écrit : «Les Canadiens; consiste en une et, quand il fait leur habillement sorte de jaquette froid, ils portent couverture qur ils une espèce de attachent autour df eux avec une ceinture de laine; ils ont pour la plupart. un bonnet de laine, ou, dans lrhiver un bonnet de fourru~e~~.» Nous avons là une première mention de la ceinture de l'habitant canadien. Anbury ne précise pas si la ceinture de laine était de plusieurs couleurs ou unie, 11 se rend aussi à Lorette, mais il ne remarque pas de ceintures dans cet endroit; il note plutôt que les Indiens font de jolis ouvrages de «grenaillesu de porcelaine. Aribury est donc le premier visiteur étranger à mentionner la présence d'une ceinture de laine dans le costume de l'habitant canadien,

109 1777 est une année de conflit, Les Américains luttent pour obtenir leur indépendance et cherchent a entraxner les Canadiens ou du moins s'assurer leur appui, LrAngleterre alertee a besoin de force défensive. Elle fait appel des regiments de mercenaires allemands et suisses. Comme il nry a pas suffisamment de casernes pour loger tous ces militaires, ils seront logés dans des familles; on obligeait presque chaque chaumière leur réserver une place. Plusieurs furent cantonnés dans des villages riverains du Saint-Laurent entre Trois-Rivié-2s et Qu6bec. Ces soldats sont avertis, en quittant leur pays, qur ils vont séjourner dans un pays du Nouveau-Monde où bien des choses sont différentes des leurs; on leur recommande de noter, dans de petits carnets «qui ne les quittent jamais» tout ce quf ils observent. Ces hommes sr appliquent donc a noter mais aussi à raconter dans des lettres à leur famille ou leurs amis ce qu'ils voient, Plusieurs de ces lettres ont été conservées à lguniversité de Gottingen en Allemagne. Quelques journaux intimes ont kt6 publiés dès 1790 et j'eus l'occasion fortuite d'en lire un exemplaire conserve la bibliothèque du Congrés Washington D.C. 11 est très étonnant de lire sous la plume drun de ces militaires, anonyme, en novembre 1777, alors qu'il est logé Sainte-e-dela-Pkrade, une description dans laquelle apparazt en détail le costume canadien que l'auteur de ce texte qualifie de national, et il décrit une ceinture de laine de confection domestique, dpaisse &harpe de laine tissee ayant de longues tresses»23. Il utilise le mot Scharpe, désignant une écharpe ou une large bande, et non pas le mot Gürtel qui represente une ceinture. Le fait qu'elle soit large et portée sur les hanches et de toutes sortes de couleurs confirme bien qu'il s'agit de la ceinture colorée du Canadien. Ce militaire est peut-être influence dans son appellation par le fait que les militaires allemands portent eux «a green silken sash».

110 L'appellation donnée par ce soldat allemand ne contient pas de mention de flèches, seulement un assortiment de couleurs selon l'imagination de la personne qui la tisse. L8 élbent important à retenir est que nous sommes en 1777, et quf il considgre l'accoutrement du Canadien comme national et si pratique que même le gouverneur Carlton le porte dans ses déplacements au cours de ses fonctions officielles. 11 faut aussi signaler que ce soldat étranger a aussi visite les Amérindiens sans cependant rapporter le port de ces- -:.&paisses &harpes tissees de laine de couleurs variées». Et comme pour confirmer cette description, un autre militaire trace, en aquarelle, le portrait d'un paysan canadien vêtu d'une façon correspondante à la description du militaire de Sainte-Anne (voir illustration II). II faut prkiser que cette ceinture de laine est au motif chevron (re: illustration 1). Détail essentiel à mentionner quand on parle de l8 histoire des ceintures canadiennes. Une autre personne aura lroccasion de mentionner dans son journal personnel la présence de la ceinture de l'habitant canadien et elle utilisera une appellation différente. C' est pendant la même période de tension de 1777, durant laquelle les militaires sont omnipr6sents au pays, que 1' épouse du ma jos géneral Friedrich Adolph von Riedesel, commandant quelques regiments, vient le rejoindre. Elle confie a son journal intime les circonstances de son arrivée et du moment où elle revoit son mari. Le major géneral est arrive a Québec B l'automne de Sa femme Louise, incapable de l'accompagner alors, vient le rejoindre plusieurs mois plus tard. Son voyage B partir de l'allemagne dure environ six mois. Lorsqu8elle arrive Sorel, son mari vient de quitter pour Chambly. Elle reprend la route et, Chambly, voici ce qu'elle relate dans son journal en avril 1777: «[... ] Meanwhile, my children and the honest Rockel [son -serviteur], watched on the road, in the hope

111 Illustration 11

112 that Mr. de Riedesel might yet arrive that evening: and indeed a chaise was at lenght seen advancing up the road and a Canadian in it, 1 saw the vehicule stop, the traveller alight, run towards the children, and hold them in his arms, it was my husband! not having yet got rid of his fever, he wore (though it was summer) a blanket coat or gown with "rirbandsw, and the usual blue and red fringes, in the Canadian f ashionz4,» En avril, ce nrétait pas encore l'été, cr6tait même frisquet. Pour le confort, il fallait se vetir la mode canadienne, comme l'avait si bien décrite le soldat allemand canton& & Sainte-Anne. Lr appellation qur elle donne la ceinture diffère de celle de son compatriote cité plus haut. Elle n'emploie pas scharpen mais ritband. Ce mot qu'elle utilise a été conservé dans la version anglaise de son texte personnel en allemand. Ce rirband dont elle parle désigne sûrement la ceinture de laine du Canadien puisqurelle précise "the usual blue and red fringesn. Pour s'assurer de la justesse de cette interpretation, jrai consuit6 le dictionnaire Webster de 1904, les éditions plus récentes l'excluant. On y lit que "Rirband or ribbon is a word probably of Germanic origin: a strip of fine fabric as silk, used chiefly as an ornament or dec~ration~'~~. Cette précision ajoute à la mention de Thomas Anbury drune ceinture de laine que les habitants portent autour d'eux. Cette ceinture de laine se retrouve non seulement Beauport, Charlesbourg, Sainte-Anne mais aussi h Chambly, Il semble que madame von Riedesel était déj& au courant de cette mode lorsqu'elle dit usual. Elle venait dr Allemagne, elle avait séjourné quelque temps 8 Londres, devant attendre le départ d'un navire. On se demande si durant son séjour, elle ne se serait pas renseignée sur les coutumes vestimentaires des habitants du Canada, Pendant son séjour à Londres, elle était prt5occupée de suivre les modes

113 vestimentaires, qu'elle trouvait bien diff6rentes des siennes. La ceinture du Canadien &ait donc connue en Angleterre en Avant de passer à df autres recits, il m'apparalt interessant drexarniner La Gazette de Québec qui fut publiee partir de 1767 par William Brown. Ce journal fournit une foule de renseignements sur la vie de l'époque ainsi que sur la nature des marchandises offertes en provenance d'angleterre, dtallemagne, drécosse et de Hollande. On y trouve des offres de galons de fil de laine (1775), des bas de laine, des jarretigres et d' ktroits galons (tavelle), des bonnets de laine rouge &carlate, des tavelles rayées pour jarretières et bords de diverses couleurs, de fil et de soie (1779), mais aucune laine fine ou ceinture de laine. On peut donc conclure que la ceinture de l'habitant devait etre uniquement de confection domestique et nravait pas encore atteint la commercialisation qufelle connaztra plus tard pour &pondre B la demande des compagnies de f~urrures*~. C'est dans les récits dfune autre femme qu'on aura lroccasion de trouver d'autres traces de notre ceinture. Élisabeth Simcoe etait l'épouse du premier gouverneur du Haut-Canada. Avant que son mari aille exercer ce poste, ils firent un &jour dans la ville de Québec du 11 novembre 1791 au mois de juin Voici ce qu'elle &rit le samedi 31 decembre 1791 dans son journal personnel : «(... ] There is little wind here, except with a snowstorm of fine snow. The French call it poudre or powdered snow, and to travel with that blowing in one's face is very desagreable. The Canadians wear scanty, thick woolen coats, and sornetimes leather ones, with hoods to them, over a bonnet rouge, a red bonnet. The habitants cal1 it capitshaw, and their coats are tied round with a coloured worsted sash. They have always a pipe in their

114 mouths. The French women W e a r long, thin linen clocks, sornetimes hood lines with eiderdown, but often walk in the Street with only a muslin capz7.» Madame Simcoe écrit "coloured worsted sashwf ce mot sash se traduit par ceinture large, ou écharpe décorative. On devine la présence de couleurs, comme notre soldat allemand lgecrivait: «écharpes de toutes sortes de couleurs selon l'imagination de la personne qui la tisses, mais ni l'un ni lf autre ne précise ces couleurs. Elle parle bien entendu de la ceinture de lf habitant du Bas-Canada sans parler de dessins specifiques tels que fleches ou rayures. Il s'est écoulé quatorze annees entre les lettres du militaire de Sainte-Anne et le journal dr Élisabeth Simcoe Quebec. Cependant lrappellation des ceintures n'est pas modifiee ni plus précise. On en reste a laine fine, color&s et portees partout et par presque tous les hommes- Madame Simcoe dit à une autre occasion, lorsqu'elle accompagne son mari à un bal au château Saint-Louis - la résidence du gouverneur Sir Frederick Haldimand -: ''The Canadian coats with Capots and sashes look very picturesquen et elle prit le temps de faire un petit croquis où lf on voit un habitant canadien conduisant une carriole. Celui-ci porte une ceinture sur son capot2'. Le peintre George Herriot, en 1793, capte une scene de bal oh quelques hommes portent la ceinture rayée. Est-ce lrillustration d'une scène qui eqt pu se passer lors dfun bal au chateau Saint-Louis? La lecture des souvenirs de voyage de ce peintre voyageur n'ajoute rien de plus: <&es habitants portent un bonnet de laine et une ceinture pour retenir le capot ferm62q». Selon Marius ~arbeau~', Massicotte au cours de ses recherches, aurait retracé une lettre de Jacques Dupéron Baby, traiteur de Détroit; celui-ci écrivait son frère François de

115 en 1781 pour commander une "jolie ceinture" comme on les fait là3'. Lr appellation de jolie ceinture rejoint celle d'elisabeth Simcoe, de dix ans auparavant. François Baby est &lu au Conseil législatif de Québec en 1792, Jacques Duperon Baby sait ce qui se fait à Québec, puisquf il est en communication avec son frère François, qui sr occupe du commerce familial à Montréal, tandis que les deux autres frgres Antoine et Louis sfoccupent du commerce du pére à Détroit. Ce réseau familial dut sqrernent promouvoir la mode de la ceinture fléchée dans la région des Grands- Lacs. Ouvrons une parenthèse sur les Baby. Jacques Baby est marié depuis 1785 a Marie-Anne de Lanauâière; il possede une maison A Montréal, à Québec et à Mascouche où il aime bien se retirer, À Québec, en 1791, sa femme est amie df Élisabeth Simcoe. Celle-ci avait, A deux occasions, parlé des ceintures colorées des Canadiens, une fois en particulier lorsque invitee chez les Baby. Les ceintures sont présentes de 1776 à 1791 de Charlesbourg à Sorel; les Baby auraient-ils propagé cette mode dans le voisinage de Mascouche? Ils avaient, en 1781, envoyk une ceinture au fs&re de Detroit. On ne parle pas de ceintures dans cette région éloignee avant leur inscription dans les livres de compte de la Compagnie du Nord-Ouest, lors de la tournée de Vital Mailloux, partenaire d'alexander Mackenzie, pour recruter des hommes entre Québec et Sorel. Un document fort pertinent mentionné par Barbeau révèle une nouvelle appellation de la ceinture; il s'agit d'une page du journal du 18 mai 1798 du martre df6cole de Vercheres, Louis Genereux Labadie dans laquelle est fait mention qu'un noye trouve sur le rivage de Vercheres portant «une jolie ceinture à fleche qui lui serrait le corps»32. Voilà donc une nouvelle appellation bien ciifferente des prkkdentes. Labadie &rit jolie, madame Sirncoe et Jacques Duperon Baby avaient deja utilise ce qualificatif, mais ce qui est nouveau

116 et important, il ne parle pas de couleur mais spécifie ceinture d flèche - Cette modification de Ir appellation sugggre du même coup un changement dans le dessin de la ceinture. En 1777, selon lr aquarelle drun soldat allemand, on avait affaire à un chevron, dans les années suivantes, on ne donnait pas de prkision sur les motifs de la ceinture, seulement qurelle était colorée. C'est donc grâce à Labadie qur on constate qu'on est passé du chevron la flèche. Ce nr est pas le fait qu'elle soit colorée qui a retenu son attention et guid6 sa descrircion mais la présence de flèche. Les fléches dans la ceinture seraient donc apparues entre 1791 et Une énumération de couleurs ainsi que les dimensions de ladite ceinture, si Labadie les avait données, auraient été des indices très prkcieux pour lrhistoire de son évolution. 11 faut quand même retenir la mention de flèche et que cette ceinture appartenait un Montréalais. Le noyé du texte était un voyageur, cf est-&-dire un homme habituellement embauché par la Compagnie du Nord-Ouest- Sa ceinture était-elle confectionnée de laine du pays ou était-elle de laine fine importée d'angleterre pour la Nord-Ouest? Labadie est le premier déceler le motif de flgche. &ait-il familier avec la ceinture A flèche, y en avait-il dans sa région? Franchere raconte cette anecdote sur un Canadien, Antoine Des jarlais, ancien guide de la Compagnie du Nord-Ouest, devenu traiteur libre depuis 1805 et qui vivait avec sa famille au lac Labiche. &tant illettre, celuici prie Franchère de lui lire deux lettres de ses soeurs de Verchères, reçues en Franchére croit reconnaître l'écriture de L.G. Labadie, instituteur de cette paroisse. On pourrait supposer que Labadie connaissait les ceintures h fleches. Les soeurs de Desjarlais habitent Verchères, Antoine venait-il lui aussi de lh? 11 est important de faire remarquer tort, ceinture fléchée toute ceinture de laine elle ne représente pas de dessin de flèches. qu'on appelle, a colorée, meme si Massicotte avait

117 lui-même manifesté son étonnement devant ce fait. Les ceintures, celles au chevron, ainsi que celles appelées PAssontption à cause de la région où sr est concentrée leur fabrication, ne présentent pas véritablement de flèches. Une seule sorte comporte de véritables flèches, On lr appelle depuis les Patriotes de 1837, ceinture Chgnier. Ces ceintures flckhes véritables sont fréquemment identifiées comme amérindiennes. On pourrait y trouver deux explications: la premiére, le fait que John Duncan ait rapport6 %de les Indiennes de Kanawage faisaient des ceintures avec un dessin de flèche, Ces ceintures &aient command~es par la Compagnie du Nord-Ouest, puisque dans leurs livres de cornptabilit6, on inscrit Taid to Work People" et qurapparaissent les noms des femmes qui font les ceintures, elles ne sont pas cependant toutes amérindiennes. Ces ceintures étaient éventuellement vendues aux Canadiens et également acheminées aux postes de traite de fourrures de l'ouest - La seconde explication provient du fait que des ceintures retrouvées chez quelques Amérindiens représententpresque toujours un dessin de flkhe. Crest un commerçant qui va nous fournir lroccasion de retracer lf appellation spécifique de ceinture h flèche. Grâce h une information de Massicotte qui a releve deux ceintures h fléches chez Charles ~haboillez~~, dans l'inventaire apr& dkès de la femme de Chaboillez chez le notaire Beek, en date du 22 juin Le document mentionne «deux ceintures à f léches», mais à la lecture de l'&numération des autres articles on retrouve aussi: "dix-sept pelotons de laine du pays, sept escheveaux de laine de couleur, un lot de tavelle de lainew". Ces quantites de laine servaient-elles à madame Chaboiflez pour fabriquer elle-même des ceintures, pour fournir de la laine d des tisseuses de ceintures ou simplement s'agissait-il de laine a vendre a sa clientele?

118 Madame Chaboillez gère le commerce de son mari parti A la traite des fourrures. Si les ceintures enumérees appartenaient h celui-ci, absent depuis 1793, pourquoi les aurait-il laissées A Montréal? 11 ne reviendra a Montreal que plus tard oq il mourra en Il nr y aura pas df inventaire de ses biens h son deces. Contrairement la seflexion de Massicotte que ces ceintures auraient été portées par Chaboillez, nous pouvons tout aussi bien penser qufelles faisaient partie de la marchandise vendre dans son commerce de Montréal, tout comme la laine, le fil, la tavelle, etc. TABLEAU III Appellations sous le Résime britannique Il SOURCE APPELLATION 1776 Thomas Anbury ceinture de laine 1777 soldat allemand dicken Scharpen von Wolle mit lange TreBen* 1777 Louise von Riedesel Rir bands and the usual blue and red frlnges 1781 Jacques Dupéron Baby jolie ceinture de Québec 1791 Élisabeth Simcoe coloured worsted sash 1793 George Herriot ceinture 1797 ~6né;eux Labadie jolie ceinture h flèche 1798 Chaboillez cintures h flèches 1846 E. Warburt on colored sash * épaisse kharpe de laine a longues franges. 2.4 Chez la Compasnie du Nord-Ouest Lf interet des compagnies de fourrures pour la ceinture flkhee, entre autres objets de commerce, apparait clairement dans leurs livres de compte et leurs journaux de bord. Les livres de la

119 Compagnie du Nord-Ouest fondé en 1783 ont été consultés : ceux qui sont restés au Québec et ceux qui font partie des archives de la Compagnie de la Baie d'hudson, depuis que celle-ci a absorbé sa rivale en Plusieurs livres sont disparus, dr autres ont kt6 récupérés par des particuliers non identifiés, donc pas accessibles. Parmi cette masse df information, nous apprenons que, le 30 mars 1799, le nommé Mailloux, notaire, est payé pour embaucher des hommes au service de la Compagnie du Nord-Ouest ainsi que pour la confection de plusieurs worsted sashes de differents prix, probablement selon leur dimension35. Comment interpreter leur provenance et leur appellation? Le notaire inscrit worsted sashes sans plus de précision, Peut-être n'y avait-il pas de motifs particuliers. Cependant, nous sommes quelque vingt-deux ans aprés la description du soldat allemand et ce n'est pas plus de laine épaisse mais de worsted qur il s agit, Des transactions d'affaires comme celles-là ne demandaient pas de commentaires sur leur particularité, le worsted importé avait surtout de 1' importance pour le commerce. Ce notaire se promenait pour recruter des voyageurs entre Québec et Sorel, sur les rives nord et sud du Saint-Laurent, ainsi que sur le Richelieu. Lr année suivante, soit le 2 avril 1800, à Montréal on paye pour l'emballage de 12 ceintures de laine, 9 paires de couvertures, 3 douzaines de mouchoirs de soie, du ruban de troc cramoisi et jaune, du ruban large, de la tavelle écarlate, Highland, London, ~ ~ 0 t h Ces ~ ~. marchandises sont charroyees de Montréal 8 Lachine pour ensuite être transportées en canot vers le Grand Portage, dépôt sur le bord du lac Supérieur, pour etre acheminkes ensuite plus 8 l'ouest. Ces marchandises sont en partie destinées aux Amerindiens Lr énumération de 1800 ressemble a celle relevée chez les Chaboillez en 1798, Donc ici une vague appellation de worsted sashes. Aucun indice permettant de savoir s'il

120 s'agit de sashes importées comme la tavelle écarlate ou si elles sont de confection locale, En 1799, c'est 24 ceintures fleches qu'on inscrit; en 1800, 12 ceintures à flgches, et en 1802, 13 ceintures sans appellations particulières et sans lieu de provenance, seulement le fait qu'elles sont inscrites dans les livres au siege social de la Compagnie du Nord-Ouest à ont réal^'. En 1801, la Compagnie du Nord-Ouest re~oit d'angleterre, 30 livres de laine de chacune des couleurs suivantes: Worsted scarlet, worsted light red, white, black, yellow et green. Cet ordre de couleurs ne correspond pas aux ceintures dites A flgches, du moins celles qu'on a recensées dans des musées, c'est-&-dire environ une douzaine. Celles-ci sont toutes de couleur narine et olive pour les flèches et carmin pour le fond. Une ceinture oti se retrouve cet ordre de couleur, non pas en espèce, mais sur une toile. Le 31 mars 1801, reapparast lrappellation ceinture d fléches 23/4 L28, au moment où on paye a Montréal le notaire Mailloux pour une facture sur laquelle on peut lire 'ainsi que pour façon de chemises et culottesw. On ne sait pas qui a confectionne les ceintures ni les chemises* Plus loin, on note "12 ceintures a flèches1t envoyees de Montréal au poste des Chats. Il pourrait s'agir de la redistribution des marchandises enregistrees Montréal le 31 mars de la même année? On ne donne aucun lieu spécifique de provenance. Quand le 30 avril 1803, la Compagnie du Nord-Ouest paye L. Venance pour 14 ceintures à flammes et une ceinture fl&che3', &est la premiére fois que lr appellation d flammes apparalt. Si on ne peut determiner de quel motif il s'agit, on sait qu'il y a une difference entre les deux types de ceintures. Quelle indication peut fournir flammes qu'on ne reverra pas, du moins dans les livres

121 de compte? Selon l'historienne américaine de la broderie, Patricia Rosenthal, en Nouvelle-Angleterre la broderie pointe de Hongrie etait désignée Flame Stich, Hungarian Point ou Florentine Stich par son dessin qui est un chevron (voir illustration 12). C'est vrai qu'il s'agit de broderie, mais il faut tenir compte du fait que l'aspect visuel semble être le premier qui influence lf appellation des ceintures. Jean Palardy, spécialiste des meubles anciens, avait un jour fait un rapprochement entre la ceinture fléchde et le tissu dfameublement à la pointe de Hongrie. Crest donc quril appelait la ceinture au chevron, ceinture fléch6e, où pourtant nt apparaît aucun dessin de flèche. Lr aspect visuel de la pointe de Hongrie ressemble au motif de la ceinture que les contemporains appellent chevron ou au motif en V. On ne retrouve jamais cette appellation (chevron) dans aucun document de lf8poque, incluant les ecrits personnels, journaux ou souvenirs de voyage. Outre la constatation df une nouvelle appellation, rien df autre ne peut mener h une conclusion définitive. Dans les livres de compte de la Compagnie du Nord-Ouest où on trouve des mentions de ceintures, on peut relever les différentes appellations utilisées. Le plus souvent il est &rit fine belt40. On relève aussi dr autres appellations utilisees dans differents postes de traite, pendant certaines annees anterieures a la fusion des deux compagnies rivales. Ainsi pour 1814, a Waswanapie, c'est large worsted belt et small worsted belt, en Abitibi, a Matavagamang, au Grand Lac, crest broad worsted belts et narrow worsted belt. À King's Post, common worsted belt4'. Ces appellations sont donn6es par des commis de la Compagnie du Nord- Ouest dans leurs livres de compte. Ces hommes vivent évidemment dans des endroits assez éloignes du lieu de provenance des ceintures, soit Montréal. Il est difficile de savoir s'ils sren tiennent aux appellations inscrites dans les livres a Montréal ou sr ils les donnent selon leur propre observation, de façon bien pragmatique, ce qui est commun à une banale transaction commerciale.

122 Illustration 12

123 Les appellations que l'on retrouve dans les livres de compte A Montreal entre 1814 et 1818 sont d'un interet particulier. On écrit: Vaid to Work ~eople~~'~, crest-&-dire les femmes qui travaillent au compte de la Compagnie du Nord-Ouest confectionner des ceintures pour les différents postes de traite: fine belts, narrow belts, fine worsted belts, net belts, North West belts. Ces appellations ne designent pas nécessairement les ceintures dont parlait le soldat de 1777, car il disait %paisse &harpe de lainegf, alors qur ici rc-rient souvent le mot fine, ce qui nous indique assez clairement quron a affaire a de la laine filée (worsted) importee d'angleterre - Dr ailleurs cette assertion est confirmee par la liste des quantites de laine qui sont reçues de Londres pour le compte de Sir Alexander ~ackenzie". Il semble important de relever pour chaque appellation la quantité de ceintures produites par 22 femmes dont plusieurs des noms donnes dans le document de 1817 dont il vient d'être question sont Amérindiens: 420 fine Belts, 281 narrow Belts, 87 nets Belts, 27 fine North W est. Un point est particulièrement h retenir, la faible quantité de fine North West par rapport aux autres genres de ceintures, a peine 3,3%, leur prix plus éleve et les acheteurs, surtout des agents de traite, les plus aptes a se permettre une telle depense. Cette constatation sugggre une réflexion: ces ceintures, appelees North West, etaient particulières, diffkrentes probablement par la cornplexit6 de leur tissage. Ces ceintures pourraient être du motif de celles qui seront appelees lrassomptiun, a partir de 1853, par les agents de la Compagnie de la Baie drhudson quand ils venaient les chercher au fort lrassomption. On pourrait st4tendre sur ce sujet et essayer de faire des rapprochements en se servant de certains points de repere. Par exemple,

124 lrordre des couleurs dans les ceintures indiquerait l'annee possible des ceintures. Ainsi, les couleurs utilisées en 1801, étaient: rouge écarlate, blanc, noir, jaune et vert (180 livres) "; celles utilisees en 1818 étaient: rouge écarlate et carmin, jaune, bleu ciel, vert foncé et blanc (90 livres et 240 livres)"; en 1822: rouge écarlate et carmin, blanc, jauner noir, bleu foncé, bleu ciel, vert (335 livres) COULEURS ANNÉE Rouge écarlate Rouge carmin Blanc Noir Jaune Vert Vert fonce Bleu ciel Bleu foncé X X X X X, Les appellations dans les livres diffgrent un peu de celles données au Bas-Canada, mais sous quels noms les retrouve-ton dans le territoire où ces ceintures sont acheminees, crest-&- dire l'ouest des Grands Lacs? Un événement survenu en 1815 nous fournit une r6ponse. Un individu a accompli un exploit remarquable en parcourant la distance aller-retour entre Pembina (aujourd'hui dans le Michigan, U.S.A., mais alors sur le territoire de la riviere Rouge) et Montreal; il venait livrer un message important a Lord Selkirk, reponsable de la colonie naissante de la rivière Rouge. Ce personnage, Jean-Baptiste Lagimodière ou Lagimoniére, actif dans le commerce des fourrures pendant quelques annees, &tait passé au service du developpement de la rivière Rouge conune pourvoyeur de victuailles à cause de son habilete toute particuliere h chasser le bison. 11 est né a Saint-Ours en 1778, village sur le Richelieu entre Sorel et Charnbly où Luise von Riedesel y avait rencontré son mari en 1777 alors qu'il portait ce moment le rib'and canadien. Quand Lagimoniere revint de Monts&al, il fut

125 fait prisonnier à cause df un conflit entre les gens de la Compagnie de la Baie d'hudson et ceux de la Compagnie du Nord-Ouest. On lui confisqua ses biens, et dans lr~nurnération de ceux-ci par James Grant, on retrouve: a[...] bonnet de laine, un chale dr indienne, une robe df indienne, un mouchoir noir, de soie, une ceinture de laine, un collier porter, etc-"-» Cette appellation est à sa plus simple expression, "ceinture de laine", cependant si elle a une certaine importance pour nous, c'est qu'elle est conservée au musée historique de Saint-Boniface au Manitoba ou nous avons pu constater qu'il s'agissait d'une ceinture de fine laine worsted colorée, mais non retordue comme dans la ceinture à flèches. Lorsque la laine worsted, fine laine peignée, nt est pas retordue, elle n'a pas de corps et donne une texture molle, La ceinture de Lagimoniere ne représentait pas de dessin de chevron, ni de flgche, mais des rayures unies, sa texture ressemblait au tricot appel4 jersey, sîîrement de fabrication mécanique, Ses couleurs étaient rouge, jaune et vert. Ce qur il faut retenir ici, c'est que dans les années 1815, on portait toutes sortes de ceintures de laine, pas nécessairement une ceinture t isske aux doigts. Une confection étrangère pouvait aussi répondre aux besoins. Il faut signaler que Lagimoniére nf &ait pas au service des compagnies de traite mais de Lord Selkirk au moment de cet événement: sa ceinture pouvait donc venir de sa période de service la Compagnie du Nord-Ouest.

126 TABLEAU IV Appellations de la Compasnie du Nord-Ouest SOURCE notaire Mailloux livres de compte notaire Mailloux LI Venance livres de compte " (Waswanapu) " (Abitibi) (Kingr s Post) " (Montréal) Champagne (Pembina) APPELLATION worsted sashes ceintures ceintures flesches ceintures h flamme fine belt large worsted belt small worsted belt broad worsted belt narrow worsted belt common worsted belt fine belt narrow belt fine worsted belt net belt North West belt ceinture de laine 2.5 Chez les visiteurs étransers Une autre source documentaire nous est fournie par les kcrits des visiteurs qui rapportent ce quf ils voient en particulier au Bas-Canada, plusieurs années après la periode de la Guerre de l'indépendance américaine. Lf anglais John Lambert arrive à Québec à lf automne de 1806 et dans le recit quf il fera de son séjour, il raconte des choses bien intéressantes, dont voici un extrait très pertinent la présente recherche: «The dress of the Habitant is simple and homely; it consists of a long skirted cloth coat or frock of a dark color with a hood attached to it, which in winter time or wet weather he puts oves his head. His coat is tied around the waist by a worsted sash of various colours

127 ornamented with beads. Ris waistcoat and trousers are of the same cloth, A pair of mocassins or swampboots, complete the lower part of his dress- Upon his head is a bonnet rouge, That is the way five out of six habitants dres~'~.» Voila une nouvelle appellation tfès descriptive de la ceinture de l'habitant du Bas-Canada; le visiteur avertit le lecteur qu'il s'était renseigné sur le pays avant dry venir. Ceinture de laine worsted, de couleurs variées, ornees de perles: c' est la première fois que lf on mentionne la présence de perles sur les ceintures de l'habitant- Lorsque John Lambert parle de worsted of various colours il lr utilise de la même maniere que Elisabeth Sirncoe en 1791, Il ne se prononce point sur le motif ou les dessins de la ceinture. Plus loin, lorsquf il donne une autre description de tenue vestimentaire impliquant la ceinture, il se contente alors de l'appeler de la façon suivante: << [. - - J at this season of the year, the men wrap themselves up in thick great coats with several capers that cover the shoulders above which is a collar of fur, they fasten their coats round their waist with a sash ornamented with beads4'.» Cette appellation diffère peu de la précédente, c'est plutôt la présence de perles décoratives qu'il faut retenir, c'est nouveau dans les descriptions et il le prkcise deux fois. Dans le même temps où Lambert est au Bas-Canada, deux Américains, Lewis et Clark, partent explorer lforegonr entre 1804 et 1806, à la demande de Thomas Jefferson. Celui-ci s'est beaucoup renseigné grâce aux récits des explorations ainsi qu'auprès de différents employés au service des compagnies de fourrures.

128 Quelques Canadiens français les accompagnent comme interprètes et guides durant ce long pgriple. Ils ne mentionnent pas que ces gens portent des ceintures; cr est quand ils rencontrent un "moutain mantc c'est-&-dire un Blanc qui srest retiré de la traite des fournires pour vivre dans une montagne avec sa femme indienne la maniera des Autochtones, qu'ils écriront que cet homme porte une ceinture moirées0. Voilà une appellation nouvelle, originale et bien imagee, laissant deviner une ceinture aux couleurs chatoyantes et de laine cirée, Bien des personnes croient que les ceintures sont de soie & cause justement de L'effet brillant occasionné par la cire dr abeille dont on a enduit les brins avant le tissage (note 2). Certaines ceintures, au Lower Fort Garry de Winnipeg, semblaient tellement faites de soie, qu'il m'est arrivé de détordre des brins des franges pour vérifier s'il s'agissait de laine ou de soie. Cette observation de Lewis et Clark est interessante, car elle n'est pas influencée par la connaissance assez répandue à l'&poque ici, en Angleterre ou ailleurs, de la ceinture de lr habitant du Bas-Canada, En 1818, John Duncan visite à son tour le pays comme 1' avait fait avant lui John Lambert en Comme lui, il se rendit a Kahnawake. Il y vit des Amerindiennes travaillant des "ceintures que portent les Canadiensw. Une activite nouvelle, puisque Lambert avait trouvé ces gens bien oisifs dans leurs huttes lors de sa visite. Des femmes tissent donc, douze ans plus tard, des ceintures pour les marchands ecossais de Montréal, sans doute les actionnaires de la Compagnie du Nord-Ouest, puisquron a retrace les commandes de laine venues d'angleterre a leur demande. Duncan visite aussi Montréal, il decrit la façon de se vetis des gens du peuple : «The dress of the lower order is somewhat peculiar. The women and children have a kind of quaint formality in the shape of their clothes:

129 the men, in place of a hat Wear a red or blue nightcap of a thick texture with a partly coloured worsted sash around their waists, and shoes f ashioned like the 1 ndians mocassins, but of thicker leathersl,» Au cours de cette même visite, il observera que: «The students of the Seminary W ear a long blue surtout, with seams of white cloth, and a sash of coloured worsted around the - cist, gathered into a knot in front5' -» Duncan donne deux appellations mais qui n'ont rien de nouveau : "partly coloured worsted sash" et "sash of colored worsted". 11 ne fair: pas de lien ou de comparaison entre les ceintures des gens du peuple et celles des sbinaristes, Avaientelles le même dessin, les mêmes couleurs, la meme texture? Rien ne permet de répondre. On peut cependant retenir sa remarque que les séminaristes attachent la ceinture en avant: est-ce pour se distinguer de la population en géneral qui, elle, semblait lfattacher sur le côté. Pour être mieux fixe sur ce sujet, nous devrons nous tourner du côté des tableaux et des croquis de quelques artistes (voir illustrations 13 et 14). Plus loin dans son recit, Duncan ajoute que les ceintures tissees par les Amkrindiennes sont destinées aux Canadiens. CI visited a good many of the Indian huts and found most of othe females at work, some making and embroidering mocassins, others working the worsted sashes which are worn by the Canadians; they are very ingeniously woven into an arrow-head pattern, occasionally with beads intermixed, and made solely with the hands without pins or wires. The females of this village are, so far as 1 can learn the sole rnanufacturers of these sashes, of whieh a great

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132 number are sold to the Montreal store keepers- Many of the men are Voyageurs - (The merchants are ~cotsmen. ) 53.» La description donnée par Duncan du tissage d'une ceinture h flèche est bien exacte, plus détaillée, plus explicite que celle donnée par le soldat allemand séjournant Sainte-Anne en 1777, Elle confirme que ces femmes tissent des ceintures fléchées même si, lorsqur il parle des ceintures des gens du peuple, il ne semble pas faire de rapprochements avec la formation de flgches car il parle de ceintures de worsted colorées et décorées de perles, Nous devons analyser les conclusions de Duncan alleg~ant que ces femmes indiennes sorit les seules h confectionner les ceintures. 11 faut revenir en arrière de quelque quarante et un ans, pour relire la correspondance du mercenaire allemand, et de douze ans, pour les réflexions de John Lambert qui, lorsqu'il visita ces mêmes lieux, trouva ces gens dans un état pitoyable droisiveté. Lambert remarque que la ceinture est portée par cinq habitants sur six au Bas-Canada. 11 faut aussi tenir compte du fait que Duncan dit que ces ceintures sont vendues aux voyageurs et aux marchands &cossais. Ne trouve-t-on pas ici les Work People à qui la Compagnie du Nord-Ouest paye entre 1814 et 1818 la confection de diverses ceintures de worsted? Il y a parmi ces Work People des noms d'amérindiennes ainsi que de Canadiennes qui elles aussi tissent des ceintures. Duncan nraurait donc pas eu lfoccasion de les rencontrer et les livres de la compagnie ne donnent pas 1 eur lieu d' habitation. 11 semble évident que les dires de Duncan ont largement contribué à répandre lcid&e que la ceinture est une réalisation amérindienne. 11 ne semble pas s'être renseigné avant son arrivée au Bas-Canada en lisant les ecrits de ses compatriotes qui l'ont pr&céd& en Amérique, comme d'autres avant lui l'avaient fait,

133 Pour attgnuer notre jugement sur Duncan, reproduire ce qu'il écrit dans sa prkface: il faut <<No one but he who has tried the experiment, knows how dif ficult it is to be accurate; a book of travels must always be more or less a volume of inaccuraciess4.» Sans conclure que le récit de John Duncan est inexact, il faut tenir compte que son propos sur les ceintures prête h confusion et demande que l'on se renseigne davantage dans d'autres écrits pour s y retrouver. Le Dr John J. Bigsby, tel que cité par Grace Lee Nute, rapporte de sa visite à Lachine en 1814: <CI was disappointed and not a little surprised at the appearance of the Voyageurs on Sundays as they stand round the door of the village chuxches, they are proüd dressy fellows in their partly coloured sashes and ostrich featherss5,» Ce visiteur est déçu mais rapporte que les voyageurs sont fiers dans leur accoutrement. D' autres visiteurs trouverent le spectacle de ces mêmes voyageurs bien coloré. En 1872, Lady Dufferin visita Ottawa avec ses enfants. Ceux-ci étaient habilles à la mode canadienne, selon la description qu'elle nous a laissée: «Sunday, 17'". A beautiful, ideal winter àay: the ground and trees with white snow, blue sky, and bright Sun. We went to church, and the children were unable to resist some of the pleasures of a first day of snow, and tumbled about in it as though it were sand.

134 You should see them, al1 five in blanket coats, which are made of thick blue cloth, with red epaulets and sashes, and pointed hoods lined and piped with red the coat are very long and straight, and the little figures in them look both funny and pictureswe". s La mode se serait donc &tendue en dehors du monde des voyageurs. La red sash est aux yeux de Lady Dufferin tout comme aux yeux dt6lfsabeth Simcoe en 1792, Npicturesquem. Deux autres auteurs, Morgan et Burpee, racontent la vie des Canadiens 8 la ville et à la campagne à la fin du 19. siecle; ils décrivent aussi leurs façons de se vêtir: uthe French-Canadian of the lower classes is fond of bright coloured clothing, in which he is markedly dif ferent f rom his English-speaking compatriot who share the universal Anglo-saxon distaste for anything conspicious in one's dress. The "habitantu wears bright colours al1 the year round, but particularly in winter; his "étoffe du paysw or homespun suit, bright sash, and fur caps, form one of the feu remaining picturese in a rapidly changing s cene5'. s Cette description apporte peu de nouveau mais elle confirme la présence très visible de la ceinture.

135 ' TABLEAU V Appellations par des visiteurs &tramers b- SOURCE John Lambert Lewis et Clark 1818 John Duncan Dr J. ~igsby 1872 Lady Duf ferin 1905 J. Morgan & L. JI Burpee APPELLATIONS worsted sash of various colors,.. with beads ceinture moir6e partly coloured worsted sash sash of coloured worsted worsted sash, arrowhead occasionaly with beads coloured sashes red,,. sashes briqht sash 2.6 La Compaqnie de la Baie d'hudson Les documents de la Compagnie de la Baie d'hudson ont et6 examinés avec soin, en particulier, ceux couvrant la pcriode suivant la fusion avec sa rivale la Compagnie du Nord-Ouest en Antérieurement, la compagnie offrait des ceintures de worsted, en 1733, deux pour une plue (mot de vieux français) ". C'est après la rencontre de John McKay avec Charles Boyer de la Compagnie du Nord-Ouest en 1796, que la Compagnie de la Baie dr Kudson sr intéressa aux ceintures colorées des Canadiens. Pour 1821, on reléve les appellations suivantes: crimson belt, crimson worsted belt, belt common, Belts House, Belt Canada; pour 1824: small Canadian Belts, broad crimson belt, broad scarlet worsted belts et North West scarlet; pour 1826: Rosebelts; pour 1838: fancy knitted and fine knitted sash; pour 1839: fine scarlet 3 inches ainsi que small Canadian Belt; pour 1841: scarlet 3 inches; pour 1842: scarlet 2 inches, 4 and 6 inches; pour 1863: Broad Lassomption, ainsi que Belt English et Belt Canadian, et pour 1873: Dresden sashesss. Il y a 18 une varieté d'appellations qui denote une présence et une popularitb de la ceinture au sein de la compagnie, mais aucun indice ne peut &tre releve pouvant servir h

136 identifier les ceintures conservées dans les musees ou chez les collectionneurs, J'ai 6tabli une liste des postes de traite ott on trouve les ceintures ainsi que les quantitqs consignées dans les livres. On en trouve un assez grand nombre, mais ce qui est à retenir, c'est la proportion des ceintures appelées North West et celles appelces lrassomption par rapport au nombre total de ceintures. - Ceci renforce l'idée d'une probabilite qu'il s'agisse de la même ceinture qui aurait changé d'appellation lorsquoon concentra sa confection dans la région nord-est de Montréal. Ces postes sont: lac La Pluie, situ6 sur le trajet entre le Grand Portage ob sont conservées les marchandises apportées de Lachine pour ensuite étre transportées à l'ouest: White Fish Lake, h mi-chemin entre la baie d'hudson et l'océan Pacifique; lac des Bois Blancs, situe l'ouest du lac La Pluie, sur la route vers le lac Winnipeg; Rat River, au nord du lac Winnipeg; lac des Xles (non repéré) ; lac Nipigon, au nord du lac Supérieur; Grand River, sur la rive est de la baie James; York Factory, sur la rive ouest de la baie d'hudson, l'embouchure de la rivière Nelson; Fort Alexander, sur le parcours de la riviere Red Deer; Dalles, sur le parcours de la riviere Columbia; Fort Frances, sur le bord du lac La Pluie; Moose Factory, dans la baie James, l'embouchure de la riviere Moose; Norway House, sur la rive nord du lac Winnipeg; lac Seul, sur la rivière Attawapiskat, l'ouest de la baie James; Slave Lake, 8 l'ouest de la baie d'hudson; Oxford House, sur la riviére Hayes qui prend son embouchure h l'ouest de la baie d'hudson et Kickendatch (non repérk). En tout on a calcul6 un total de ceintures pour tous les postes, quelques-uns exploités auparavant par la Compagnie du Nord-Ouest, mais plus tard propriétbs de la Compagnie de la Baie d'hudson. On a dresse une liste donnant les quantites pour chaque appellation donée dans les livres et pr4sentes dans les postes

137 énumér6s plus haut, entre les années 1821 et Cela permet de constater combien les ceintures &aient populaires, soit aupres des gens de la fourrure, soit auprès des Amérindiens. Nous verrons au prochain chapitre les noms des tribus indiennes ainsi que les postes oh elles faisaient lracquisition de la ceinture. APPELLATIONS Canada Belts North West Belts L'Assomption Belts Scarlet worsted Belts Crimson worsted Belts Worsted (narrow, small, large, broad) Worsted (fine, colored, narrow, broad) Dresden sashes Fine knitted sashes Fancy knitted Small red Belt Broad French 2 in. (sic) Belt English Rosebelts Belt House Belt # 1 Belt # 2 TOTAL : TABLEAU VI Appellations de la Com~acmie de la Baie d'hudson SOURCE APPELLATION 1821 livres de compte crimson Belt crimson worsted Belt Belt common Belts House Belt Canada 1824 livres de compte small Canadian Belt broad crimson Belt broad scarlet worsted Belt North West scarlet 1826 livres de compte Rosebelts 1838 livres de compte fancy knitted & fine knitted sash fine scarlet 3 inches small Chnadian Belt

138 ANNÉE SOURCE APPELLATION 1841 livres de compte scarlet 3 inches 1842 livres de compte scarlet 2 inches scarlet 4 inches scarlet 6 inches 1863 livres de compte broad lassomption Belt English 1873 livres de compte Belt Canadian Dresden sashes 2.7 Chez les visiteurs américains Dans le territoire de la riviere Rouge que l'on cherche à coloniser, un jeune peintre suisse allemand, Peter Etinciisbacher, arrive avec sa famille en Il observe tout ce qu'il voit autour de lui. Non seulement fait-il des tableaux mais il tient son journal personnel oh il note ses remarques sur les personnes qu'il a fidelement dessinées. Ainsi, il do~e une description de la façon dont est vetu Alexander McDonald, responsable de cet établissement : uer tragt einem gutgeschitten oder geschnitten Gehrock und darunter ein Hemd mit Stehkragen... Die elegant Kleidung von Alexander McDonald, dem Governeur des Red River Kolonie wirkt in dieser primitiven Umbegung etwas sonderbar. Doch auch die Herren, die Herr McDonald begleiten sind mlich gekleidet, Das eine und andere tragt eine rote bauchbinde Über der dunklen Gerock,.,'O,» (note 3 traduction) On a ici l'appellation descriptive "rote Bauschbindea qu'on pourrait traduire littéralement par "bande de taille rougeu. C'est descriptif mais il n'y a aucune refkrence la ceinture

139 canadienne, même si Rindisbacher mentionne que non seulement McDonald mais ceux qui lraccompagnent portent aussi cette ceinture rouge. Peter Rindisbacher est arriv6 à la rivière Rouge par la voie de la baie drhudson et des rivières de lffnterieur, 11 n'a alors aucune connaissance des Canadiens ni du Bas-Canada, Il est intéressant de noter que les personnes dont il parle, le gouverneur et sa suite, portent une ceinture rouge, pas n6cessairement pour se protéger du froid, En observant d'autres oeuvres de Rindisbacher on voit qufil dessine aussi des ceintures sur les hommes en service, cependant il n'en parle pas dans son journal. Un autre artiste peintre aura l'occasion de parler des ceintures. Il s'agit de Paul Kane, de Toronto, Il avait reçu du directeur de la Compagnie de la Baie d'hudson, George Simpson, le privilège d'une subvention pour réaliser un voyage en compagnie df une brigade de voyageurs vers l'ouest. A l'instar du peintre ambricain George Catlin, il désirait faire quelques tableaux montrant les Indiens dans leurs activit6s, peche, chasse aux bisons, danse, guerre, dans leurs lieux d'habitation et dans leurs cost-unes traditionnels, Il sentait que disparaissaient rapidement leurs manieres de vivre, car elles se modifiaient sans cesse SOUS les influences européennes, canadiennes et am6ricaines. 11 ne se contenta pas que de les peindre, il écrivit ses observations sut tout ce qu'il vit. Ayant vécu près des gens de la compagnie, il livra ainsi quelques remarques sur les Canadiens au service de la compagnie, athere were no more colourful men than the crews of the fur brigades of the HBC who linked al1 parts of the northern half of the continent [., -1, Many of these Voyageurs specially selected young men were Franch-Canadians from St-Lawrence, others were half-breed and Indians barn in the West, Lithe and bronzed, they were a colorful lot with hankerchieves twisted around their

140 Il ajoute un peu plus loin: heads and sash at their waists and spoke in a unique accent,» &These Voyageurs were a rough merry lot. Their boisterous singing and ribald jokes could often be heard long before their canoes came into sight. And what a sight they were! Dipping their paddles at a fantastic rate, their long toques waving out behind them in the breeze, their bright coloured capotes (Blanketcoat), striped shirts, piebald belts, with knives and tobacco pouches hanging from them, and.,. they were still merry and bright even after more than three thousand kilometers of paddlinlg6'. N Paul Kane ecrit tout simplement sash dans le premier passage et piebald belt dans le suivant, Comme on peut le constater, chacun a sa façon d'appeler la ceinture du Canadien, mais chacun ne manque pas de la voir et de la remarquer. Quand George Simpson, qui fut gouverneur de la Compagnie de la Baie dfhudson pendant quarante ans, s'embarque en compagnie d'une de ses brigades en partance pour l'ouest, il choisit souvent des Iroquois ou des M&is de Kahwanake conune avironneurs. fl les habille d'un wcostume, un agreable uniforme - un manteau bleu, des ceintures rouges et des chapeaux d6cor6s de nombreuses plumes et de glandsn6'. Cette appellation n'a rien de nouveau, mais denote la façon de nommer la ceinture par le gouverneur Simpson qui habitait Lachine et possedait lui-meme deux belles ceintures Assomption qui sont aujourdfhui conservees au Lower Fort Garry au Manitoba. Simpson donna de nombreuses ceintures en cadeau aux chefs des différentes tribus venues assister aux célébrations lors de la visite du Prince de Galles en 1860, Une de ces ceintures était conservée jusqu88 il y a quelques annees au Musee de la citadelle

141 a Halifax, en ~ouvelle-ficosse. Jrai eu un jour 1'occasion de constater que les ceintures données en cadeau &taient parfois des ceintures df Angleterre, donc pas authentiquement tissées aux doigts. Un résidant dfoka reçut un jour, vers 1940, une ceinture rkputée oeuvre des ancêtres du chef amérindien. On me demanda d' identifier cette ceinture, pour authentifier la véritable nature de cette ceinture tissee aux doigts, Je dus révkler au possesseur de cette ceinture, que celle-ci pouvait venir df un ancêtre du chef, mais que les gens de sa tribu r,d pouvaient pas If avoir tissée puisqurelle venait d'angleterre et avait &té fabriquée au m&ier. Sans avoir de preuve, on pourrait penser que cette ceinture aurait pu être un cadeau du gouverneur Simpson. Autour de ces annees, soit 1850, un de nos voisins du Massachusetts, Henry David Thoreau vint visiter le Bas-Canada- Plutdt reconnu pour ses écrits philosophiques, il eut tout de meme, le souci, à son retour de voyage de décrire les Canadiens dans Un Yankee au Canada. Voici ce qu'il a observe: wles hommes portaient pour la plupart du temps le meme bonnet rouge, en laine rouge tricotée ou en laine tissée, quelquefois bleue ou grise, ce qui donnait 1' impression qur ils avaient gardé leurs bonnets de nuit apds sfétre levb [...]. Nous vimes aussi quelques 6chantillons de 1 * habit df hiver, le plus caractéristique du Canadien et je l'ai depuis frequemment reconnu en Nouvelle- Angleterre P l'btoffe rude et grise de son manteau à capuchon, sa pittoresque ceinture rouge, son bonnet bien fourré, fait pour lui protéger les oreilles contre la sévérite du climat63.» L'appellation est légerement différente; comme d'autres il trouve la ceinture pittoresque. Sur la couleur, il ne parle que du rouge, il n'en mentionne pas df autres. 11 est aussi interessant

142 qu' il ait reconnu ce costume en Nouvelle-Angleterre, ce qui atteste le port de cette ceinture par les Canadiens meme immigres au sud. TABLEAU VI1 A~~ellations de visiteurs américains 1821 Peter Rindisbacher rote Bauchbinde* 1840 Paul Kane sash piebald Belt 1850 henry David Thoreau ceinture rouge 1871 Howell scarf s of vari-colored yarn 2.8 Chez les historiens de la ceinture flechbe Nous avons relevé les appellations utilisees par trois personnes qui se sont intkessdes essayer de retraces l'histoire de la ceinture fléchee au Québec: ce sont Pierre Poulin en 1885, E,-Z, Massicotte en 1907 et Marius Barbeau en Pierre Poulin, pr&tre h LrAssomption, utilise 1' appelle tion ceinture flcchhee; il la considère inspide des iniportations 6cossaises de lainage et ne tient pas compte de la presence de la ceinture dans lrhabillement de l'habitant du Bas-Canada anterieurement B la production locale pour les voyageurs de la Compagnie de la Baie dr~udsonc'. En 1907, E:Z. Massicotte, archiviste et folkloriste, s0 intéresse de prés l'histoire de la ceinture, il se renseigne auprés des femmes de la région de L'Assomption. Quand il publie les résultats de sa recherche il intitule son ouvrage La Ceinture fléchée, Chef-dfoeuvre de l'industrie domestique au Canada; cependant il écrit : 'ceinture Assomptionn, "ceinture du Métis",

143 "ceinture A flèchesm, "arrow stichm, *ceinture fléchée acadiennem et "ceinture h la navette de ~illery"~~. En 1942, Marius Barbeau, ethnologue, reprit le travail de Massicotte pour le reviser et essayer de le compl6ter. Les appellations qu'il utilise sont: Assomption Sash, le titre de sa publication, avec sous-titre, ~ t r o w Sahs. Il parle de ceintures de LfAchigan et de Saint-Jacques, de Quebec Sash, et d' Acadian Sash. 11 est le premier utiliser ces appellations outre les habitants de ces rkgions qui le font encore- 11 mentionne aussi des ceintures qui reproduisent des V ou des PC. Tous les autres qui ont fait des travaux sur le sujet ou en ont traité dans des articles, reprennent les appellations de Barbeau, Lorsque se formera une association d'artisans et d'artisanes de la ceinture fléchee du Québec, en 1972, les membres enseignant ce tissage rcutiliseront les appellations de Barbeau. Les membres de cette association, F. Bouret, H. Brousseau, V. Hamelin, Le Lavigne, M. Le Blanc, qui ont écrit sur le sujet, ont à leur tour utilisé les appellations de Barbeau. Une seule appellation sr a joutera, celle de ceinture Chénier, inspiree du personnage des évhements de 1837, à partir du type de ceinture qu'il portait au moment de sa mort dans lcéglise de Saint-Eustache, c'est-&-dire une ceinture de cinq bandes de tetes de flbches de deux couleurs, marine et vert olive sur fond carmin. Cette ceinture serait conservke au Musée canadien des civilisations, a Hull. Cette appellation ne se retrouve pas officiellement ailleurs que dans les écrits des membres de l'association des artisans; en réalit6 elle recouvze ce qu'on appelle ceinture à flèches et ceinture indienne dans certains musées (voir illustration 15)-

144 -tooc?i+ Es "EICsd arc= sâsli-of Or. Chgnier in 1C37: cf ui cxcs$tio;ÿrl typ, uith Cive intschckin3.togethar(wnicn -Archives, Cttzxs. PSstt 1 Cans hssansticn,%sh de :%rius ExWu, :-.ktio~m.l:kszm of Cam-, huzzin E, P ~L~oEK)~@ -21 sxi es Sa.f 4, fàcsinils Eition 197;. pge lizl==zirs.

145 TABLEAU VI11 Appellations chez les historiens de la ceinture SOURCE APPELLATION 1885 Pierre Poulin ceinture fléchee 1924 E.-Z. Massicotte ceinture fléchke ceinture acadienne ceinture au chevron ceinture de Sillery 1942 Marius Barbeau Assomption Sash arrow Sash ceinture de 1'Achigan ceinture de Saint-Jacques Quebec Sash Acadian Sash ceinture en V et W 1972 ceinture Chénier * Association des artisans de ceinture flechee du Québec 2.9 Dans les musees J'ai visite plusieurs musees pour faire le relevé des noms sous lesquels on y expose la ceinture fléchbe; pour les musees qu'il m'a &te impossible de visiter, j'ai obtenu l'information pertinente. En Angleterre, au Mersey Museum, aussi appel6 City Museum, de Liverpool, la collection a &te vendue en Allemagne, & un nomme Arthur Speyer ( ) au debut du 20. siecle puis acquise il y a quelques années par le Musee canadien des civilisations, à Hull. Elle contient quelques ceintures appelées arrow sashes (Huron type). Au British Museum & Library de Londres, les ceintures sont appelées North American Eastern Woodlands Indians, ou meme Finger-woven sash. Tou jours. a Londres, au Museum of

146 Mankind (Ethnology Department), des ceintures sont appelbes huronnes ou indiennes peu importe le motif. Au Pitt-Rivers Museum de la ville df Oxford, la ceinture est appelée huronne- Suite à ces démarches en Angleterre, 1' impression laissée par les différentes appellations laisse penser que la plupart des ceintures ont ét6 acquises auprès d'amérindiens par des visiteurs, soit militaires ou administrateurs, et ont conserve le nom de l'endroit où on les a acquises- Au Canada, au musée ambrindien Luxton de Banff, dans un exhibit grandeur nature, une ceinture est portée par un Amérindien a cheval revêtu d'un costume de daim. Elle est appelee Metis Sash. 1 l sr agit df une ceinture au tissage mécanique df Angleterre. M b e si ce n'est pas le but de ce travail de dbterminer lfauthenticit6 des ceintures, il faut tenir compte de sa provenance. A Calgary, au Glenbow Museum, dont une partie de la collection fut exposée au musbe McCord, les appellations qui sont domees sont Arrow Sash et Metis Sash. À quelque quarante kilomètres de la ville d'edmonton, dans un village nommé Legal, non visité, mais sur la foi d'un ami du curé, on conserve des ceintures fléchées qu'on sort pour célébrer le Festival du voyageur, une fois par année. En France, au musée de lfhonune du Palais de Chaillot, on retrouve deux ceintures, une authentique tiss6e aux doigts et l'autre fabriquée au metier. Ces ceintures appeldes fmch4es furent acquises en 1931 et en On ne connazt rien de leur provenance et on ne donne pas de renseignements particuliers. A la bibliothéque de la ville de Versailles, il y a une ceinture du motif Assomption, cependant sans appellation autre que ceinture canadienne. Elle aurait été domée au moment df un traite de paix. Au muske des Arts decoratifs (Bois de Boulogne, Paris) une ceinture &tait exposée était appelbe ceinture fléchée dans le cadre d'une exposition itinkante organisee par Robert-Lionel Seguin en Au musée des Arts decoratifs de Nantes (Chdteau des ducs de

147 Bretagne) une ceinture au motif chevron est exposée; cependant bien que semblable au chevron canadien, elle est nommke ceinture des pal udiéres, non pas canadi enne. Au musée provincial de la Colombie-Britannique, à Victoria, on Bcrit "arrou sashu, ainsi que 'ceintures pour le troc avec les Am6rindiensN. Elles sont de trois types différents. On ne fait pas de différence dans la qualit6 des ceintures ni dans les appellations. Au Manitoba, où se sont déroulées beaucoup d'activités a travers le commerce des f ousrures, on retrouve dif ferentes appellations selon les endroits où elles sont exposees ou conservkes. Au musée historique de Saint-Boniface, une appellation est assez speciale: Factor Sash. Il faut comprendre ici Veinture df agent de poste de traitem; les autres appellations sont ceintures fléchees et ceintures de laine. Dans la ville de Winnipeg, au musée de l'homme et de la Nature c'est arrow sash pour quelques types et fingerwoven sashes pour celle attribuee h ElzCar Goulet, compagnon de Louis Riel et une autre dans la vitrine des ethnies. D'autres dans les seserves du musee sont appelées simplement sashes et attendent d'etre nommees. Au Lower Fort Garry, plusieurs types de ceintures de confections variees sont toutes appelées woolen sashes. Deux ceintures reputees avoir appartenu h George Simpson et suspendues dans la chambre où il dormait lors de ses visites aux différents postes des environs, sont appelees arrow sashes. En ~ouvelle-kosse, au musee provincial d'halifax, une ceinture est dite Micmac woven girciïe of Buropean manufacture. Cette ceinture fut donnee en cadeau au chef Pierre Paul, probablement vers Corne on peut le constater 1' appellation dérive du proprietaire et non de l'origine de l'objet. Au musle de la Citadelle, une autre ceinture dont seul le dessin est affiche, est appelée woven woolen belt or girdle. Cette appellation est surtout descriptive, elle represente un chevron.

148 103 Dans la province de 1' Ontario, à Sainte-Marie-des-Hurons, converti en musée, dans la ville de Miciland, la ceinture fleche de deux pouces de large (5 cm) exposée est appelée Indian Sash. Au musée de la Guerre à Ottawa, la ceinture du génkal 1 saac Brock est appelée arrow sash. Au Royal Ontario Museum, une ceinture 8 Ir Btape des arts domestiques est appelée finger woven sash, tandis que celle exposde sur un mannequin amérindien est appelée Metis Sash. Les appellations recueillies au Québec dans divers musdes sont les suivantes: au Musée canadien des civilisations de Hull, dans la salle dohistoire à la montre 12, mle commerce des four- Nf esn, 1 c'est ceinture fléchée tandis qu'à la montre 13, "Les Mktis, chasseurs de bisonn, cf est Metis Sash. A ~ontreal, au musee des Beaux-Arts, les quelques ceintures qu'on possede sont globalement appelées ceintures fléch6es et sont consid6rées non répertoriées. Le chateau Ramesay possede des ceintures dont quelques-unes sont appelees ceintures indiennes et d'autres ceintures fléchees. À la maison Saint-Gabriel, chez les Soeurs de la congregation Notre-Dame, pour la ceinture exposée, cr est ceinture flécht5e. Le musée McCord possede plusieurs ceintures dont quelques-unes sont dans le département des Indiens, donc appelées Indian Sashes; les autres sont appelées ceintures fléchées et les noms ajoutés ces dernieres années comme Achigan et Assomption l'ont bta par un artisan et sont vraisemblablement inspirées des recherches de Barbeau mais ne viennent pas de renseignements donnes par le donateur. Au vieux port de 1' ile Sainte-Hélène c8 est ceinture fléchée et Metis Sash pour celle tissée en Angleterre. Le musée amérindien de Pointe-Bleue au Lac-Saint- Jean donne h la ceinture de l'agent de poste de lt &poque, 1' appellation de ceinture fl&chée. A Quebec, au Musee de la civilisation, on appelle les ceintures tissées aux doigts ceinture fléchée et celles fabriquées en Angleterre ceinture M&tis. Au musée du Qubbec, c'est aussi la meme façon de les nommer. Chez les Ursulines, la ceinture

149 réputée avoir appartenu à Salaberry est aussi une ceinture fléchée. Le séminaire de Trois-Rivières qui en expose une l'appelle ceinture fléchée. Quelques musees aux Etats-unis présentent des ceintures dont j ai relevé les appellations, Le petit musée indien d'anadarko en Oklahoma présente une seule ceinture appelée fingerwoven sash. Les ceintures de la Société historique du Dakota du Nord SI Bismizk, non vues mais identifiées sur des fiches obtenues de leur service df archives, ont les appellations suivantes : Cree Sash, Red River Sash, Red River mixed-blood Sash et woven Sash. Au musce Peabody de Boston on donne arrow Sash, ainsi quo au musée Peabody de la ville de Salem également au Massachusetts. Au poste de Coeur dfalene de l'idaho, converti en musée, on donne l'appellation Voyageur Sash. Au musée historique de Denver au Colorado, c'est arrow Sash ainsi qu'au musée historique de la ville de Ddtroit au Michigan. New York, au musée des affaires indiennes, on presente plusieurs ceintures dont les appellations ont étb relevées sans commenter sur leurs possibles origines. Ce sont Iroquois Sash, Menominee, Osage Sash, Sauk & Fox, Shawnee et Winnebago. M&ne si les appellations sont indiennes, elles sont ici énumérées h cause des laines, des couleurs et des dessins semblables aux ceintures canadiennes. Au musée Peabody de Salem, la ceinture que l'on possede, qui n'était cependant pas exposée mais qui est photographiée dans un livre produit par un conservateur du musée il y a quelques annees, parle de arrow Sash. Le Smithsonian de Washington D.C. au pavillon Nation of Nations présente des ceintures, une appelée Iroquois woven Sash et l'autre Menominee. Toujours Washington au musi5e des textiles 1' appellation est French-Canadian fingerwoven Sash. Cet éventail df appellations témoigne de la presence et de la popularité de la ceinture, df abord chez l'habitant du Bas-Canada comme l'ont &rit plusieurs visiteurs.6ttangers; puis chez les voyageurs quand ceux-ci s'engageaient au service des compagnies de

150 traite de fourrures, comme l'ont ddmontré les consignations des livres de compte des compagnies. Dans une prochaine 6tape, on retracera lf introduction de la ceinture chez les Am6rindiens par le commerce de la pelleterie ainsi que l'étendue de ce mouvement. TABLEAU IX Appellations dans les musées VILLE MUSÉE APPELLATION Londres Museum of Mankind N. Am. E. Woodlands Beaded finger woven sash Americas N. SE Muskagee worsted Belt Huron Sash Oxford Pitts River Museum Huron Sash VILLE MUSSE APPELLATION Paris Musée de l'homme ceinture flbchée Versailles Bibliothèque ceinture fléchée Musée arts dbcoratif s ceintures ~aludi&res

151 VILLE Banff, Al- Calgary, Al. Halifax, N;E. Legal, Al- Lower Fort Garry, Man Midland, Ont Montréal, Qc - Ottawa, Ont. Pointe-Bleue, Qc. Québec, Qc. St-Bonif ace, Man, Toronto, Ont. Trois-Rivières, Qc. Vancouver, B. -C. Victoria, B :C, Winnipeg, Man CANADA Luxton Museum Glenbow Museum musée provincial Citadel Museum Musee canadien des civilisations musee local musée parc Canada Sainte-Mariedes-Hurons musée des Beaux- Arts Château Ramesay maison St-Gabriel musee McCord Vieux Fort, Xle Ste-Helene muske de la Guerre rnusee national musee amérindien xnusee de la civilisation musée provincial muske Ursulines musbe historique Royal Ontario Museum musée du séminaire musée dranthropologique de l'un. U.B-C. musée provincial muséte de l'home et de la Nature APPELLATION Metis Sash Arrow Sash Metis Sash Micmac woven girdle of European manufacture woven wollen belt or girdle ceinture f lechke ceinture Métis ceinture flbch6e woollen sashes arrow sashes Indian Sash ceinture f léchbe ceinture indienne ceinture fléchée ceinture f lcch6e ceinture f lechke ceinture f léchbe Metis Sash arrrow Sash arrow Sash ceinture fléchée ceinture fléchée ceinture M6tis ceinture Met is ceinture Métis ceinture f léchbe ceinture de laine Factor Sash arrow Sash Metis Sash Metis Sash Red Belt Arrow Sash Arrow Sash Finqerwoven Sash

152 VILLE Anadarko, Okl. Bismark, N. -De MUS& musee Indien musee historique Society of N.-D. Boston, Mass. musée Peabody Coeur dfalene, Id. musée historique Denver, Col, musee historique Détroit, Mi, musee historique Fort Lauderdale, F1. Mount Desert, Id. musée historique New York musée des affaires indiennes Salem, Mass. rnusee Peabody Srnithsanian, Wa. Nation of Nations D.C. Washington, D. C, Textile Museum APPELLATION Pingerwoven Sash Cree Sash Red River Sash Red River mixed-blood Sash woven Sash arrow sash Voyageur Sash arrow sash arrow sash Seminole sash Voyageur Sash Menominee Sash Osage Sash Sauk 6 Fox Shawnee Winnebago arrow sash Iroquois woven Sash Menominee Sash French-Canadian fingerwoven arrow Sash

153 NOTES DU CHAPITRE II Maria Mimeault, Relation originale du premier voyage de JACQUES CARTIER en 1534, Gaspé, Québec, Musée historique de la Gasp&sie/ Soci&t& historique de la Gaspésie, 1984, lllp., p Ibid., p Samuel de Champlain, Oeuvres, Montréal, Editions du. Jour, 1973, vol. 1, p. 201, Gabriel Sagard, Le Grand Voyage au pays des Hurons, , p Pehr Kalm, Voyage au Canada en 1749, traduit par Jacques Rousseau et Guy Bethune avec le concours de Pierre Morisset, p Ibid., f Marius Barbeau, Peaux-rouges d'amérique, leurs moeurs, leurs coutumes, Montréal, Beauchemin, 1965, p Pehr Kalm, OP. cit., p Gabriel Sagard, OP cit., Introduction. M. Samson, First Western Pioneers, La V&rendrye, his life and times, p. 81. E.-2. Massicotte, Le Costume masculin, Congregation Notre-Dame, Mlle LeBer, t'h6roïne chrdtienne du Canada, Ville-Marie, Montréal, John Lovell, 1860, p Bernard Audet, Le Costume paysan dans la région de Québec au XvIr, Montréal, Leméac, 1980, p. 129 h 188. Roland Lamontagne, Textiles et document Maurepas, Montréal, Lemeac, 1970, p. 58. Robert-Lionel Séguin, ule fl&ch& serait-il d'origine française? -, Revue d'ethnologie du QuébecfiZ, Montréal, Leméac, p. 11, notes 11, 12, 13, 14, 15, 16; p. 13, notes 17, 18. Ibid., p. 15, note 27.

154 Francis Parkman, France and England in North America, vol. 1, p. 1363, La Barre au Ministre, 4 nov. 1683, "Domestic spinning and weaving were practised at Beaupre sooner than in any other part of the colonyn, ANQ, greffe du notaire Antoine Crespin, 3 février 1758; 3 mars Frances Brooke, The History of Emi ly Montague, Ottawa, Graphie Publishers Limited, 1931, vol. 2, p. 89 (réimpr,, London, J. Dofsley, 1769). Alexander Henry, Travel and Ad~en+~:res in Canada and Indian Territories in 2 parts, New York, 1. Riley, 1809, p Thomas Anbury, Travels throuqh the interior parts of America, London, Printed for William Lane, 1789, 2 vol., vol. 1, p. 60. Anonyme - Vertraulich Briefe dus Kanada Ste-Anne, 9 marz-20 april 1777 Eingelaufen in Niederjadsen 1 auq, 1777 (copie Public Library of Congress, Washington D.C., Eh 111 (Heft XVIII), p Charlotte Luise von Riedesel, "Letters in Manoirsn, New York, 1827, p. 29. Webster Dictionary, ed. 1904, William Brown, La Gazette de Québec, 1767 à Mary Quayle Innis, Mrs. Simcoers Diary, Toronto, MacMillan of Canada, 1965, p. 45. John Ross Robertson, The Diary of M's. Simcoe, Toronto, Cales, 1973, p George Hérriot, Voyages a travers le Canada, 1807, Toronto, Coles Pub. Co., 1971, 2 vol., 602p. Marius Barbeau, Assomption Sash, Facsimile Edition, 1972, Musees nationaux du Canada, p. 20. Louis Généreux de Labadie, ajournal de », Archives du séminaire de Québec, M.G, , p E. -2. Massicotte, La Ceinture Fléchée, Chef-d'oeuvre de l'industrie Domestique au Canada, Mémoires de la Soci6tC Royale du Canada, Section 1, Serie If 1, vol. =II, mai ANQ, greffe du notaire J-G. Beek, 24 dkembre 1798.

155 Archives du Petit S-aire Company, livre 0521, p. 5. de Québec, NWC, Invoice of the NW Ibid., Invoices, livre Ibid., Invoices, livre Ibid., amount brought forward, livre Ibid., amount brought forward, livre APW, HBC, North West Company Account Books, 74, , p. S. APW, HBC, North West Company Account Books, 74 6, 1814, p. 10, 12, 14, 16. APW, HBC, North West Company Accout Books, F4 7, 1817, p. 93. APW, HBC, North West Company, 74 13, p. 20. APW, HBC A26 10, 1801, p. S. Antoine Champagne, epetfte Histoire du Voyageurw, Archives de la Societe historique de Saint-Boniface, Man., 1971, p. 50. John Lambert, Travels Through Lower Canada and the United States of America in the year 1806, 1807 and 2808, London, Richard Philipps, 1810, vol. 1, p Ibid.. Meriwether Lewis and William Clark, Expedition, New York, F-P. Harper, 1893, reprint of Coues, Elliot, 1842, p John M. Duncan, Travels through parts of the USA and Canada, , Glasgow University Press, vol. 2, 1823, p Ibid., p Ibid., p Ibid., Préface. Grace Lee Nute, The Voyager LW York, Appleton, 1931, p. 1%

156 Lady Duf ferin, My Canadian Journal, , edited and annoted by Gladys Chantler Walkers, Don Mills, Ontario, Longmans Canada Limited, 1969, p. 38. Henry J, Morgan L.L,D. & Lawrence J. Burpee, Canadian Life in Town and Country, London, George Newnes Ltd, 1905, p. 37, Peter C, Newman, La baie drhudson, la compagnie des aventuriers, Montréal, Les Éditions de l'home, 1985, p. 77. APW, BC Lnvoice, IM 271, Fred, Lindegger, Bruder des Roten Mannes Peter Ruldisbacher, Solothurn, Schweiz, 1983, Aare Verlag. Paul Kane, Wanderings of an Artist Among the Indians of North America, London, 1859, p. 61, Edward Collas, "Yesterday", The Gazette, Henry-David Thoreau, Un Yankee au Canada, traduit de l'américain par Adrien Thétio, Montreal, Les editions de lrhomme, 1962, 143 pages. Pierre Poulin, Légendes du Portage, Longue-Pointe, 1897, éditees par Rkjean Olivier, Bibliothécaire, L'Assomption, Collège de lrassomption, 1975, p. 1. E.-2. Massicotte, La Ceinture Fl&h&e, Chef-d80euvre de 1 'Industrie Domestique au Canada, Memoires de la Socikté Royale du Canada, section 1, S6rieÏI1, mai 1924, vol. XVIII, p. s a 7, Marius Barbeau, Maftres artisans de chez nous, Éditions du Zodiac, 1942, p. 1 à 8. Montreal, Note 1: (traduction libre) Les vetements de luxe n'ont pas leur place au Canada. Les Canadiens font presque tous les vetements qu' ils portent. Leurs "souliers de Sauvagew sont faits a partir d'une piece de cuir particulierement appretée; ces souliers n'ont pas de talon, ni de cordons, ni de bandes, et paraisssent assez bien. Nous avons adopté leur mode durant l'hiver; car on nous avait dit que nos pieds ggleraient dans nos souliers ou nos bottes. Ils portent d'&pais bas bruns tricotés qu'ils fixent solidement sous les genoux avec une bande de laine rouge. Leurs semelles sont faites de drap de laine rude ou de cuir de boeuf sauvage qu8 ils ont tannee eux-memes. Leurs manteaux se ferment en rabattant les cetés et n'ont aucun

157 pli, ils les confectionnent eux-maes ordinairement df étoffe tissee par eux, tout comme font les paysans de notre pays. Ce manteau est entouré aux hanches d'une &harpe &paisse, qu'ils font de leur laine fime, et qui se termine par de longues tresses. Ces dcharpes sont de couleurs variées selon le gofit de chacun. Ce costume est national et sfav&re tres commode et chaud. Le gouverneur Carleton adopte ce costume en hiver quand il doit se déplacer dans lfexercice de ses fonctions. Note 2: Selon Madame Robert de Saint-Ambroise-de-Kildare, en 1984, la doyenne des tisseuses de ceintures fléchées, alors agee de plus de 80 ans, on utilisait des blocs de cire df abeille pour cirer les brins. Sa mbthode n'était pas plus d&taill&e. O.A. Beriau, dans Tissage domestique, donne trois recettes pour encollage moyen plutbt que cirage. Les ingrddients sont farine, gélatine, cire jaune, chlorure de zinc, eau (La méthode et les quantités se retrouvent à la page 34 de l'édition 1939). Note 3: 11 porte un habit de bonne coupe et dessous une chemise a coi rigide. L'élégant costume df Alexander McDonald, le gouverneur de la colonie de la riviére Rouge, ressort etrangement dans cet environnement primitif, ainsi que les hommes qui accompagnent monsieur McDonald qui sont vetus de la meme façon. Le gouverneur et les autres portent une large bande rouge a la taille par-dessus leurs habits foncés.

158 CHAPLTRE III L'HABILLEMENT CHEZ LES AUTOCHTONES EN A~RIQUE DU NORD 3.1 La Nouvelle-France et lfacadie Aprés avoir démontre dans le chapitre des appellations la prksence, très répandue, de la ceinture fléchée dans le costume de l'habitant dés 1776, nous tenterons maintenant de retracer les descriptions du vêtement autochtone, telles que nous les ont transmises les r6cits des explorateurs et visiteurs en Amérique du Nord. Notre objectif est de chercher découvrir si la ceinture fléchée appartient ou non B la tradition ambrindienne, C'est dans les écrits de Christophe Colomb que débute notre cueillette de renseignements. L'explorateur a noté dans son journal le spectacle qui se présente A lui, son arrivbe, le 11 octobre 1492, lr fle Guanahani: «Nous vsmes des gens nus [.. ] ils etaient jeunes, tous au-dessous de trente ans. Ils étaient tous beaux [,..]. Ils étaient décor6s 16gerement ou largement de peinture noire, blanche et rouge, et ils étaient tous aussi nus qu'au sortir du ventre de leur mère [,..la Aussitdt s'installa un Ochange d'objets - bonnets rouges, petits grains de verre, petites clochettes de fauçonnerie contre des perroquets vivants et les hameçons de dents de poisson1,» La description est breve, mais il humère les dchanges qui se font cette occasion. Cette pratique de If &change sera observée par les explorateurs et les visiteurs, tout au long de

159 notre histoire primitive, ce qui nous fournit une ample information sur la nature des objets qu'on se passait de part et d'autre, notamment en ce qui concerne les diverses pieces de 18habillement. Quelque quarante ans plus tard, c'est Jacques Cartier qui, son tour, entre en contact avec les Amkrindiens. Lr explorateur est bien au courant de la pratique de l'&change et du troc, telle qufelle existe d6jà avec les pecheurs basques et normands. 11 écrit : a [... ] plus de quarante oti cinquante [... 1 un grand nombre de barques, gens, qui faisaient un grand bruit et nous faisaient plusieurs signes pour que nous allions à terre, nous montrant des peaux sur des batons [...].B2 Les historiens racontent que quelque sept siécles plus t6t, les Celtes exerçaient le troc et que vers 18an 1000, les Vikings viendront au Labrador et a Terre-Neuve et s'y adonneront. Ces échanges touchaient surtout des objets utilitaires, tels que des alenes et des couteaux que fabriquaient les pecheurs occupes h faire secher le poisson sur les rivages. Revenons Jacques Cartier. Lors de son voyage en 1534, il decrit clairement la façon dont se vetent les Indiens. À Blanc- Salon, a [... ] ils se vetent de peaux de betes, tant hommes que femmes; mais les femmes sontplus closes et serrdes en leurs dites peaux et sçeintes par le corpsw3. Les Am&indiens, dont l8 habillement est strictement de peaux d'ours ou d'autres animaux, reçoivent avec intest les vetements nouveaux offerts par les Europeens. Depuis Christophe Colomb, ceux-ci offrent aux Amérindiens, bonnets rouges, chemises, clochettes. Cartier ne parle pas de wampum mais de coquillages wesnoguyn, duquel plus tard, d'aprés certains rkits, on tirera le wampum, petit tuyau de coquillage perfore au centre et enfild sur un fil de nerf, selon certains r6citss.

160 Lorsque Jacques Cartier vient Gaspe, il capture deux Amerindiens qu'il croyait Hurons, natifs d'hochelaga, et participant h un combat et les emmène en France, Ils reviendront ici le 16 mai Ils racontent alors tout ce qu'ils ont vu, comme sur une autre planete, et avertissent leurs frères de se méfier des étrangers. Ces deux Amérindiens rapportaient sorement aux leurs des suggestions concernant les modes vestimentaires qu'ils Ont observées en France et qu'ils adopteront en utilisant les matieres premigres qui sont.2 leur portée. En bref, au temps de Cartier, les vetements consistaient en peaux de bêtes et en quelques décorations d'"esnoguya ou de piquants de porc-&pic &semées aux chefs. Samuel de Champlain, lors de son voyage de 1605, observa les différentes tribus qu'il visita, h lf Zle Sainte-Croix: a (,,.] ils se vetent 1' hiver de bonnes fourrures de castors et d8élans. Les fermnes font tous les habits, mais non pas si proprement qu'on ne leur voit la chair au-dessous des aisselles pour n'avoir pas l'industrie de les mieux accomoder6. w Quand il se rend à Nantucket, il relate: etous ces Sauvages, depuis le cap des Zles ne portent point de robes, ni de fourrures, que fort rarement, encore les robes sont faites d8herbes et de chanvre qui, peine, leur couvrent le corps et vont jusqu'aux jarrets7. B Nulle part ne rapporte-t-il la pdsence de ceinture ni de fibres textiles qui seraient tissees en vetements.

161 Lescarbot raconte pour sa part, dans son livre, en 1609: mous demeur&nes à Roscou, deux jours et demi nous safraichir. Nous avions un Sauvage qui se trouvait assez étonné de voir les batiments, clochers et moulins a vent de France; meme les femmes qu'il n'avait jamais vues vêtues notre mode8. s Sans doute, cet homme amen6 en France transmettra aux siens, 8 son retour, ces modes quf il aura vues. En 1610, Champlain ramène Savignon qui retourne avec les siens le 17 juin; propos de ce retour il fait le commentaire suivant: ale Sauvage se loua grandement du bon traitement que je lui avais fait en France, & des singularites qu8 il y avait vues, dont ils entresent tous en admiration, & s'en allerent cabanes dans le bois assez leg&rementgs. 11 faut rappeler que Lescarbot avait noté l'étonnement de cet Amérindien devant les modes féminines françaises qu'il decouvrait à Roscou, ce dont il dut entretenir ses freres. huron : Champlain poursuit ses descriptions, cette fois au pays meme «Tous leurs habits sont d'une façon, sans diversite d' invention nouvelle; ils passent et accommodent assez raisonnablement les peaux, faisant leur brayet df une peau de cerf moyennement grande et d'une 3 autre pour le bas de chaussure C:... ils ont une robe de m&ne fourrure en fome de couverte qur ils portent la façon Irlandaise ou Egyptie~e [...] les passements de Milan pour enrichir leurs habits sont de colle et de raclure des dites peaux dont ils font des bandes de peinture rouge brun parmi celles de colle qui paraissent toujours blanchatitres, n'y

162 perdant point leurs façons quelque sales qu8 elles puissent être [. 1 sur tous autres nos Montagnais et Algonquins ce sont ceux qui y prennent plus de peine lesquels mettent à leurs robes des bandes de poils de porc-&pic qu'ils teingnent en fort belle couleur d86carlate; ils tiennent ces bandes bien chgres entre eux et les détachent pour les faire servir à df autres robes [.,. ] les fenunes taillent le chanvre, le filent, et du filet ils font les rets à pecher et prendre le pois~on*~.m Ici Champlain pr6cise l'utilisation du chanvre qui ne sert pas A la confection de vêtements, Toutes ces observations de Colomb, Cartier et Champlain, permettent de comaztre le genre de vêtements, les façons de les confectionner et les varietes de décorations rares et habilement travaillées et précieusement conservées des habitudes vestimentaires de quelques tribus du Canada et en particulier le long des &tes de 1'Atlantique. Champlain a visitb le pays des Hurons; Gabriel Sagard, frère convers récollet, y a oeuvre comme missionnaire, 11 arriva à Québec df oq il partit en canot pour la Huronie (1 000 km). 11 y arriva le 20 aotlt 1623; au printemps 1624, il retourna en France. Il nota beaucoup de choses, cependant il ne vit pas tout et il n'était pas sqr de tout; il en previent ses lecteurs dans le récit de ses eacpériences. L'information de Sagard est plus abondante que celle de Champlain, c'est ce que confirme une note insérée dans une édition, de ses oeuvres: Champlain a devance Sagard en Huronie et en librairie mais Sagard y consacre mots alors que Champlain n'y met que Sagard donne une description de la vie des Hurons qui est encore h son état pur. Au moment de sa venue, la Nouvelle-France ne compte que 50 habitants, la vie n'est pas encore beaucoup rnodifiee par le contact entre les Français et les

163 missionnaires. Sur le sujet des modes vestimentaires voici ce qu'il nous raconte: «Les femmes travaillent matachier et peinturer leurs robes et les autres à coudre leurs ecuelles df ecorce [., ] nf ayant pour toute couverte qu'une peau df ours h se couvrir [.,. ] chez les Andatahouats, je vis beaucoup de femmes et de filles qui faisaient des nattes de jonc grandement bien tissees et embellies de diverses couleurs l.]. Elles ont l'invention de filer le chanvre sur leur cuisse nf ayant pas 1, usage de la quenouille et du fuseau et de ce filet les hommes font leurs rets et filets pour pecher [... ] elles font aussi comme une espéce de gibesière de cuir ou sac à petun, sur lesquels elles font des ouvrages dignes d'admiration avec du poil de porc-épic, colore de rouge, noir, blanc et bleu qui sont couleurs si vives, que les nôtres ne semblent point en approcher [... ] elles font les Bcharpes, carcants et brasselets quf elles et les hommes portent [.,. ] avant Parrivbe des Français, tous leurs meubles n' étaient que de bois, df écorce ou de pierrel'.w Sagard témoigne d'une certaine façon, de If influence des Français chez les Amhrindiens. Pour constater cette influence et les effets qui en dbcoulent il faut faire une comparaison entre ce qu'il écrit de leurs décorations en *pourcelaine (sic)" et celles que Cartier avait décrites lors de sa visite Hochelaga, en Quatre-vingt-neuf ans plus tard on a des a&charpesn, des œcarcantsw, des "brasseletsw et des mcolliersm ainsi travaill6s. Pour eviter la confusion qui est souvent presente dans les descriptions de certains visiteurs qui parlent de ceintures "tissees A la mode du paysm; pour bien faire la diffkrence entre ce

164 travail serre gui donne une apparence de tissage et le tissage de ceintures de laine, il est important de rapporter la manière de travailler ces ornements ainsi que le matériau utilisd bien détaill&s par Sagard afin de ne pas se leurrer sur l'apparence visuelle du produit fini: &Ils sont diversement enfilbes, les unes en coliers, larges de 3 ou 4 doigts, faits comme une sangle de cheval qui en aurait ses ficelles toutes couvertes et enfilees, et ces colliers ont environ 3 et 112 pieds de tour, ou plus, quf elles mettent B leur cou [... ] quelques-unes d'entre elles ont aussi des ceintures et autres parures de poils de porc-épic teintes en rouge cramoisie et fort proprement tisseesuw (voir illustrations 16 et 17). Sagard, tout comme Champlain qui avait rapporte au roi une ceinture de piquants de porc-&pic, s' &merveille de ce travail. Un échantillon de ces ceintures ou parures peut et~e admire au British Museum de Londres, Afin de compléter l'information sur les materiaux utilises par les Hurons, la matiere premiere de leurs travaux manuels, l'extrait suivant, tir& des krits de Sagard, est tres interessant: aux lieux marecageux et humides, il y croit une plante node Ononhasquare, qui porte un tres bon chanvre, les Sauvagesses la cueillent et 1' arrachent en saison, et lraccoxunodent comme nous faisons le n8tre sans que jt aie pu savoir qui leur en a donne l'invention autre que la necessite, m&re des inventions. Après qu'il est accommod6, elles le filent sur leurs cuisses comme j'ai dit puis les hommes en font des lassis et filets pecher. Ils s'en servent aussi en diverses choses, et

165 Illustration 16

166 non i frize de Ir toile, ils m'en ont pas l'usage ai Ir coaariramce. >> II faut insister, afin qu'il n'y ait pas de confusion entre les diffkentes techniques et les produits finis qui peuvent visuellement donner une apparence semblable. Mhe si la présente recherche ne tend pas ai justifier la technique, une grande attention aux dktails traitant de mtissuresw soit wampum, soit perles, soit piquants de porc-épic est importante, afin de ne pas prétendre, comme plusieurs le font, que la technique du tissage des ceintures flkhées serait une adaptation de techniques dejh présentes chez les Amérindiens, Ces observations révélent que les Amérindiennes, en dbpit de leur grande dextérité, imagination et bon gotit pour les ornements, dont pas la connaissance ni l'usage du tissage traditionnel comme la toile, la forme le plus simple qui soit. Ces observations ainsi que celles des auteurs d6jà mentionnés parlent, par exemple, de "nattes de jonc grandement bien tissees et embellies de diverses couleurs et de cuirasses qui sont faites avec des baguettes blanches coup&es de mesure et serrées l'une contre l'autre, tissues et entrelacées de cordelettes, fort durement et proprementw (voir illustration 18). Le nattage ou tressage du jonc, rnatiere rigide, ne peut se travailler comme pour la laine; c'est ce qui explique que les ceintures fléchées faites par les Amérindiennes ont une texture lâche. Barbeau en avait fait la remarque au cours de ses visites aux musées de New York; c'est la meme conclusion que j'ai tiree suite a une visite A ce musee, d l'observation du tressage de la paille au marche de la paille à Kingston (JamaTque) et a mes connaissances pratiques personnelles. Le nattage des paillassons, des chapeaux ou des paniers ne pourrait sgex&cuter dans la laine.

167

168 propos de travaux manuels, il est interessant de rapporter que Champlain lui-meme avait appris ses petites autochtones, h travailler l'aiguille, tant en linge qu'en tapisserie, en "quoi elles travaillaient fort proprementa. Ces petites lui avaient &te domees par les Montagnais en période de famine, Elles avaient onze, douze et quinze ans. Il les avait baptisées Foy, Espérance et Charité. Lorsquf il les faisait travailler, il leur traçait lui-même les motifs, leur signalait leurs fautes, et parce qut-<l avait fort peu de laine, quand elles avaient fini de l'employer il leur faisait défaire l'ouvrage pour en recommencer un autre d'une autre sorte, Les mat&riaux, laine, canevas, et méthode sont introduites par un Français et il précise: "elles travaillaient fort proprement%. Si des travaux délicats sont observés chez certains groupes, la situation n'est pas la même partout. En 1639, mère Marie de l'incarnation racontait dans ses lettres que les petites qui viennent elle, sont nues ou nr ont qu'un bout de peau ou de vieilles couver tu te^^^, et le p&re Le Jeune raconte que les Indiens portent des robes de castor qu'on fait rapidement de dix peaux, et dont on décore le bas de pattes df animaux. 11 dit aussi qu'on se pare de colliers de porcelaine, de guirlandes de touffes de poils de porc-&pic, de matach6 rouge; que les robes des homes sont courtes et retenues autour du corps Ifaide drune lanièzle de cuir ou de boyau. Il precise qu'une ceinture de porc-&pic est une richesse que peu d' Indiennes possedent et que lf on garde precieusement quand on en possede une; ils s'asseoient sur des nattes, et recouvrent leurs toits, en et&, de nattes de roseaux plus dklicates que nos nattes de paille, si artistement mtiss6esn que lorsqu~elles pendent l'eau coule dessus sans les percer. Nicolas Denys vécut chez les Micmacs en Il observa leurs habits et ornements. Les robes etaient decor6es de porcelaines ou wampum; il précise: "robe d&cor&e de broderie de deux pouces de large, du haut au bas de la robe, D'autres ont trois

169 rangs au bas, horizontaux ou verticaux, d'autres des demi-chevrons". La présence de demi-chevrons rejoint la remarque du chef micmac Pierre-Paul lorsqufil reçut une ceinture tissée au motif chevron (re: illustration 1). 11 reconnait que le travail de la ceinture est européen, quf eux ne font pas de tissage, meme si le dessin est le même que celui peint sur leurs vetements. 11 est bon d'ajouter ici que ES. Dodge, du Peabody Museum de Salem au Massachusetts, prétend que lf art de la mosaïque aux piquants de porc-hl; vint plus tard chez les Micmacs et fut d'usage limité. Le pére Leclerc rapporte que deux jeunes filles des Micmacs de Gaspé furent envoyées pensionnaires chez les Ursulines de Québec en 1683 et auraient rapporté lfart élégant de la broderie. Selon certains visiteurs français, 1' ornement était simple et rare. Lescasbot, en 1607, décrit la robe des femmes sans ornements tandis que le p&re Biard, 10 ans plus tard, Port-Royal, décrit la robe de fourrure avec franges et peinte de dessins en patron de dentelle1'. Bien des détails ont été relevés 8 propos des habits chez les Hurons par Champlain, Sagard, les Jbsuites et Marie de 1' Incarnation. Voyons ce quf ont rapporté d8 autres visiteurs, tels Charlevoix et Lafitau. Depuis 1649, suite au massacre de leur village h Ossossané, sur le bord du lac Huron, ils habitent Lorette, près de Québec. Le père Charlevoix fit deux séjours en Nouvelle-France, de , et de 1720 h A son retour en France il publia l'histoire générale de la Nouvelle-France, et le pere Lafitau qui fit un sejour au Sault-Saint-Louis, de , publia en 1724 un mémoire sur les Moeurs des Sauvages américains. Lafitau relate ainsi ses observations: «Actuellement, la plupart des Indiens qui ont été en contact avec les Europeens ont change le materiau

170 de leurs vêtements, tout en conservant le style anterieur. Ils portent des chemises de Lin au lieu de tuniques de peau, des brayets et des jambières, Au lieu de leurs robes de fourrures. ils utilisent des couvertures de laine, de poils de chien, ou drétoffe fine bleue ou rouge. Quelques-uns portent un genre de justaucorps appelé par les Canadiens, capot. mais comme j'ai déjà dit, avant 1' arrivee des Européens, tous leurs vêtements étaient de cuir, Les lainages et la toile leur &aient entierement inconnus et l'est encore des tribus qui habitent trop loin pour jouir du trafic avec les Eur0p6ens'~.» Pour sa part, Charlevoix rapporta avoir vu des Canadiennes qui tricotaient des ceintures et des jarreti&res19. Il ne dit pas que les Amérindiens avaient des ceintures de laine. Cette observation h propos de l'absence de matibres premières, comme la laine, le coton, le lin, ainsi que l'ignorance du tissage de ces fibres en vetements srav&re importante sinon essentielle à notre argumentation contestant lfhypoth&se d'une origine amérindienne de la ceinture flechbe. Le sejour de Lafitau A Sault-Saint-Louis a et6 assez long et c'était A proximite de Montreal, oh il n'a pas signale la présence de ceintures de laine. Quelques années apres Charlevoix et Laf itau, un botaniste suédois est venu en Nouvelle-France dans l'intention df4tab1ir un répertoire de la flore en Amérique du Nord. Il s' agit de Pehr Kalm. 11 etait dote d'un grand sens de l'observation dans son domaine, mais il &tait aussi attentif B tout ce qu'il voyait, mhe si cela debordait son premier champ d' interet. On trouve donc dans son journal de voyage, des descript ions des Amkindiens rencontrb au cours de ses dkplacements aux kats-unis et en Nouvelle-France. Ainsi, il rapporte avoir vu trois AMnaquises portant des casaques

171 et des blouses de confection française, ainsi que d'autres qui tissent des sacs provision en fils de chanvre. Il est étonné de la facon de travailler des Amkindie~es. Sa description détaillee et d6coulant d'une observation attentive signale qu'il avait une bonne connaissance des techniques de tissage traditionnel de son pays et qu'il les avait probablement observbes aussi dans d'autres pays, par exemple l'angleterre oh il dut prolonger son sbjout, ayant rate le départ d'un bateau en partance pour l'amérique, ainsi qu'en Allemagne oh il travailla quelque temps. 11 observe les Hurons à Lorette et constate qu'ils ont emprunt6 beaucoup de manieres des Blancs, soit pour la construction de leurs logements, soit dans leur f acon de sr habiller: [..-1 les hommes portent volontiers une veste et une blouse 8 la mode française20n. La description suivante des vetements vaut dt&tre retenue, parce qu'elle signale l'usage de tissu rayé bleu et rouge; il faut noter cependant que lgutilisation que les Hurons en font ne rejoint pas la ceinture flechée géneralement postée en hiver sur le capot df6toffe, quoique certains visiteurs la mentionnent portée sous le capot ou sur le pantalon: «Sur le corps, ils portent une chemise blanche ou à raies bleues, ainsi qug une pièce d'&of fe bleue ou rouge, ou encore d' une piece d' étof - fe rouge. Ils portent toujours ce morceau de tissu par-dessus lr6paule et le laissent retomber pour l'enrouler autour de la taille21,» Des Amérindiens de Saint-Jean, dont il ne spécifie pas le nom, il avait not6: e [.,, ] l'un des Sauvages se lève et commence à danser; il Ute sa chemise et ne garde sur lui que ce qui protege sa nudité, & savoir une étoffe bleue, attach6e la taille, qui passe entre ses jambes d'arrière en avant, remonte et retombe devant

172 comme une sorte de petit tablier ou de petite jupe, ce morceau dr6toffe qui passe entre les jambes est disposé de telle sorte qu'il recouvre, par derrière, les deux podices (fes- ses). [.., ] Mais on ne peut les convertir 8 l'usage de la culotte car ils estiment que cela entraverait leur marche22, >> Cette deuxihe description de Kalm est donnée dans le meme but que la description précédente: ne pas confondre cette piéce de tissu avec la ceinture flkhée, Kalm a parle de decorations aux piquants de porc-&pics et surtout de couleur cramoisie, mode d&jh présente et citée par Jacques Cartier lors de sa visite h Hochelaga, Cependant ces décorations garnissent des coussins, des oreillers de plumes, des poches de jupes, objets adoptés des modes européennes; il ne parle pas de ceintures, méme si un moment il ecrit que des ceintures rouges sont adoptées par les Canadiens. Au temps de Cartier c'était une bande encerclant la tête du vieux chef dont il est question, et cela était leur unique richesse. Quelque trois ou quatre ans apres la visite de Kalm, c'est un visiteur français qui vint en 1752, Louis Franquet. A son tour, il rédigea ses mémoires de voyage. On dit qu'il est un fin observateur, qup il a le souci du detail et'bn jugement clair. Ses descriptions très détaillees des costumes indiens, que ce soit 8 Lorette, au Sault-Saint-Louis, au fort du lac des Deux-Montagnes, a Saint-François ou 8 Bécancourt (les endroits ob sont cantonnés les Amérindiens) n'ajoutent pas beaucoup 8 ce qu'ont relate les visiteurs precédents. 11 rapporte quf il a rencontre au Sault- Saint-Louis, aujourd'hui Khanawake, trois jésuites rbsidants, le commandant du fort, Démuseau, Merceau et ses deux filles ainsi que les demoiselles Desauhiers, agentes de traite. f 1 rapporte de même que des sauvages epousent des Françaises, se vetent 8 la française et que la plupart parlent le français. En aucun moment,

173 Franquet ne parle de ceintures de laine à flèches ou autres dans ses descriptions, que ce soit chez les ~rançais ou chez les Un jeune soldat parisien, qui signait J.C.B., et qu'on a identifi6 plus tard comme Jean Cadne Bonnefons, a rédigé ses observations à la suite d'un séjour de dix ans en Amérique du Nord. II s'était engag6 dans un bataillon pour venir dbfendre la Nouvelle-France contre l~envahisseur anglais. Il a séjourna en Amkique du Nord de 1751 à 1761, Les nombreuses expéditions militaires auxquelles il a participé Quebec, h Chambly, aux forts Michillimakinac, h Détroit, à New York, à Albany et en Pennsylvanie, lui permirent d'entrer en contact avec plusieurs tribus amerindiennes. 11 d0~e de longues descriptions de leurs fa~ons de se vêtir mais peu de celles des Canadiens. 11 était magasinier dans la milice et travailla plus tard pour des marchands independants, 11 connaissait donc bien la marchandise vendue et les vgtements portés par les diffkrentes tribus qui venaient fréquemment au magasin. Voici ce qu'il raconte: «Les nations qui fréquentent les Européens et auxquels ils vendent leurs pelleteries, portent volontiers des chemises, des couvertures de laine, des brahiers, des mitasses dont il a &té si devant parlé, le tout qu'on leur donne en échange de leurs pelleteries, ou dont on leur fait présent lorsqu8 ils sont engag6s à la guerre; [,,. ] les mockassins (sic), dont les bords rabattus ainsi que le dessus et derriére du soulier sont garnis de ruban, ou de poil de porc-6pic teint en diverses couleurs dont le rouge est dominant; ils y ajoutent quelquefois des grains de rassade et des petits grelots de cuivre ronds ou longs en forme de cornets,

174 Le brahier est de peau de chevreuil ou de drap que leur procurent les Europdens, c'est un quart ou un tiers de drap que les hommes passent entre leurs jambes comme sr ils se mettaient 8 cheval; ce morceau d8&toffe passe sur un cordon qui s'attache autour du corps sur les hanches, les deux extrémités du brahier se rabattent par devant et derriére, le bout de devant plus pendant que 1' autre". >> - La description du "brahiern se rapproche de celle faite par Kalm a propos de ce que les Amérindiens utilisent pour protkger leur nudite. Cependant, Bonnef ons, qui leur vend probablement l'ktoffe utilisee, est bien precis, "un quart ou un tiers de drapw, "morceau d'étoffe passe sur un cordon qui s'attache autour du corps sur les hanchesn; donc pas encore de ceinture de laine chez les Autochtones qu'il a fr6quentés. Ces quelques remarques précedent de quinze ans celles que fera plus tard, en 1776, un militaire allemand cantonne d Saint-Anne-de-la-Pérade. Les descriptions bien détaillées que donne J.C-B., la fin du Regime français et au debut du Regime anglais, permettent de croire que la ceinture de laine coloree n'a pas encore fait son apparition. De tout ce qu'il relate, il est etonnant de constates que même propos du costume amérindien c'est de cordon qu'il est question pour retenir la jupe des femmes. Son observation semble sretse étendue de multiples details chez les femmes comme chez les hommes oh il ne mentionne pas de ceinture de laine. L'auteur rapporte qu'il a vu de nombreux travaux de piquants de porc-épic cramoisis; de peinture vermillon que les Amerindiens achetent des Europeens. El ne parle pas comme ~alrn~' de ceintures rouges qu'imiteraient les Canadiens. Il semble que sr il avait vu des ceintures colorees de laine fine il en aurait parlé. Rien sur le su jet n' est rapporte dans le rkit de son se jour.

175 Jusqur en 1761, les rkits ne mentionnent pas la présence de ceintures de laine, ni chez Ifhomme blanc ni chez l'amérindien. Les descriptions semblent fid&les et confirmer ce que des étrangers voient pour la premiere fois et qui contraste avec ce qu'ils ont vu dans leur propre pays, s'appliquant transmettre en détail ceux qui ne viendront pas en Amerique du Nord et qui sont curieux d'en savoir le plus possible sur ce pays. 3.2 Le Bas-Canada sous le récrime anslais En passant sous le Régime anglais, la Nouvelle-France recevra plusieurs visiteurs qui offriront une nouvelle panoplie de descriptions du vetement. C'est avec les ecrits de madame Frances Brooke que nous cornmencons. Cette dame habite la ville de Québec en 1763, donc peine quelque deux ans aprhs le départ de Bonnefons en Ses écrits font donc la transition entre les deux regimes. De son sejour elle tirera un roman, -lie de Montague, oh elle raconte par le biais drune correspondance avec ses amis laisses en Angleterre, la vie quf on mene au Canada. Elle ne parle pas de ceinture chez les Canadiens mais elle note, lors d'une visite h Lorette, l'habillement des Hurons: %The dress of both sexes is a closed jacket reaching to their knees with spatterdashes, al1 of coarse blue cloth, shoes of deerskin, embroidered with porcupine quills and sometimes with silver spangles, and blankets thrown across their shoulders and fastened before w ith a kind of broadkin with necklaces and their ornaments of bead or ~hell~~.>p Le Britannique John Long visita ciifferentes nations sauvages entre 1768 et 1787, il fit un sejour Khanawake afin de se familiariser avec la langue. 11 remarqua que les Amérindiennes remplaçaient la bande de cuir sur leur front pour tenir le bébé

176 dans leur dos par un galon de laine filée2'. Aucun autre detail ne precise si ces galoas de laine sont des cadeaux offerts par le p4re Piquet qui faisait de nombreux cadeaux à ses ouailles ou si ces galons ont et6 achetes au magasin des agents de traite comme celui des demoiselles Desureaux dont avait par16 Franquet. Un autre visiteur britannique, Thomas Anbury, arriva au Canada en 1776, 11 note la ceinture de laine dans le costume du Cxadien Charlesbourg et Beauport, mais lorsquril se rend visiter les Hurons Lorette, il ne parle pas de ceinture mais remarque que les Indiens font de jolis ouvrages de grenailles de porcelaine27. Quatre ans plus tard, soit en 1780, un immigrant allemand, autrefois au service d'un duc de Baviere, maintenant garde forestier a Quebec, inclut dans sa correspondance avec son ancien employeur, des croquis qu'il a faits B Québec (voir illustration 19). Ces dessins, petits mais assez precis, montrent des Indiens et des paysans canadiens. On peut aisement voir que les habitants portent une ceinture sur leur capot ajuste que certains appelaient d' ailleurs justaucorps, et lorsqu' il dessine les Amérindiens, il krit Yndiens dans des vetements europ&en~~*~. L'un dreux porte justaucorps et une ceinture. C'est la premidre fois qu'un étranger apporte cette prbcision. Ce n'est pas tout B fait surprenant puisque plusieurs visiteurs ayant racontb leurs voyages au Canada ont plutet appuyé sus le fait que les Indiens empruntaient le costume canadien au point que certains mentionnaient qu' on pouvait sr y méprendre n'eussent 4tb les coif fuses. Cet Aïlemand dessine des Indiens dansant où on les voit nus, si ce n'est de leur brahier ou brayet2'. Image bien fidele de tout ce qui est dit du costume amerindien depuis Jacques Cartier. Les habits façonnks en ktoffe, la couverture de laine et les ceintures ont deja et6 adoptes dans leur habillement.

177 c x3 - O Cr- -+ ra O

178 Le journal personnel drélisabeth Simcoe a &te lu rn&ticuleusement. Cette dame fit, en 1791, un séjour d'environ un an Québec avec son mari qui deviendra par la suite premier gouverneur du Haut-Canada, Le 31 decembre 1791, elle fait une promenade vers Belmont et en route elle voit deux Indiens de Lorette qui lui offrent des mocassins qu*elle achete pour ses enfants. Ele krit: &These Lorette Indians were originally Hurons converted (but reluctantly) by the Jesuits. They speak French and are so intermixed with that people that they scarcely appear to differ, but in dress. They Wear Shirts, Leggings & Blankets, & the men Wear fur or cloth ~aps~~.w Si, en 1780, l'immigrant allemand avait vu des ceintures portées par des Amerindiens, on pourrait croire que cette mode ntétait pas trés sepandue puisque madame Simcoe rencontre des Hurons de Lorette en hiver mais ne mentionne pas de ceinture. Les remarques du visiteur britannique John Lambert qui arriva à Quebec à 18automne de 1806 sont bien intkessantes, Avant de les citer, il faut relever un propos de son introduction: ujravais lu avant mon départ plusieurs auteurs qui avaient écrit sur le Canada; mais je n'étais pas sit6t arrivb, que je découvris que les choses avaient beaucoup changé et s8 etaient améliorées depuis les vingt dernieres annees [.,. ] le Bas- Canada semble aussi peu connu du peuple dr Angleterre que le desert de sibérien',» Il est très prkcis sur le port d'une ceinture coloree et quelquefois perl4e chez cinq habitants sur sixs2 ainsi que sur d'autres détails de leurs vêtements, 11 a visité les Canadiens a

179 plusieurs endroits soit : pointe-lévy, Québec, ontr rial, Pointe-du- Lac, Machiche, Riviére-du-Loup (en haut) (au jourdf hui Louiseville), Maskinongé, Berthier et Sorel. Il a de même visita des tribus amérindiemes sesidant à Lorette, Bécancour, Saint-François, au lac des Deux Montagnes et Cachenonage (Khanawake), soit leurs principaux lieux d'habitation, Il écrit que certains de ces Autochtones vivent encore dans des huttes drt5corce qui leur sont habitualles, et que d'autres ont adopté la mode française de batir leurs maisons et de se vetir. Il remarque que leurs habits sont troués et souill6s et que leurs couvertures sont vieilles et sales. 11 trouve l'intérieur des cabanes peu attirant, peu range. Il les trouve oisifs, il termine par ces paroles: %es pretres catholiques ont sauvé les dmes des Indiens, les Anglais en ont caché la nudit6 de leurs couvertures de lainem. À Trois-RiviPres, il observe des Indiennes qui font des travaux; jouets, paniers et autres objets décor6s de piquants de porc-épic de couleurs variées. Mais il ne parle pas du port ni de la confection de ceintures de laines semblables h celles qu'il a dkcrites h deux reprises chez l'habitant du Bas-Canada. Quelque douze ans plus tard, un de ses compatriotes, John Duncan, alla Khanawake et vit des Amerindiennes qui fabriquaient les ceintures que portaient les habitants de Montréal. 11 ne mentionne pas que les Amexindiens en portaient eux-&mes, ni ne semble-t-il étre au courant du fait que quelques-uns de ses compatriotes comme madame Simcoe, John Lambert, Thomas Anbury en ont parlé dans leurs récits de voyage ou journaux personnels ainsi que quelques visiteurs allemands dont les propos ont &te rapportksi plus haut, John Duncan observa les Indiennes tissant des ceintures pour les habitants; cette information est confirmée par les renseignements que nous donnent les archives de la Compagnie du Nord-Ouest. On y lit qu'entre 1814 et 1818, la compagnie faisait

180 travailler des femmes à qui elle procurait de la laine worsted importée d'angleterre pour fabriquer des ceintures qui dtaient ensuite vendues ou troquees aux Amérindiens et aux agents de traite à l'ouest du Bas-Canada, De ces 22 femmes, dont les noms sont inscrits, cinq ont un nom a&rindied3. Leur lieu df habitation nrapparast pas mais le fait que les dates concordent avec celles de Duncan, nous force a relier ces deux renseignements, et les considérer compl&nentaires. 11 faudrait tenir compte qu'à partir de 1817, la Compagnie du Nord-Ouest commence, pour la premiire fois, a employer des Amérindiens du Sault-Saint-Louis, appel4 aussi Khanawake, comme équipage sur les canots en direction de l'ouest canadien. La compagnie le fit prudemment et graduellement pour deux raisons: premièrement, les Canadiens qui terminaient leur engagement ne renouvelaient pas toujours leur contrat, ils etaient &puisés et ceux qui continuaient, demandaient des gages de plus en plgs élevés; deuxi&mement, les Iroquois du Sault et du Haut-Canada ne savaient pas comment ils seraient reçus des tribus plus au nord et A l8ouest, car celles-ci avaient de fortes réticences face a leur venue, Les tribus se faisaient des luttes souvent sanglantes pour protéger leurs territoires de chasse. La compagnie faisait appel aux canotiers iroquois pour accompagnes ses brigades, il est plausible qu'elle cherche procurer du travail aux femmes de cette tribu en leur commandant de tisser des ceintures, leur donnant ainsi une occasion de gagner un peu ci' argent. A cette meme epoque, John Johnston, surintendant des Amérindiens au Sault-Sainte-Marie, qui avait 6pousé la soeur de Joseph Brant, était venu plaider pour qu'on enseigne 8 ses gens des métiers afin qu'ils puissent gagner leur vie. Leur environnement changeant constamment, ils devaient avoir recours d'autres sources de subsistance. Peu importe les raisons qui ont mene les gens de la Compagnie du Nord-Ouest faire tisser des ceintures de laine par des Indiennes, ce qu'il faut retenir du discours de Duncan c'est

181 que ces ceintures ne sont pas portées par les Amérindiens de Khanawake, mais qurelles sont portées par les Canadiens. Si Duncan fut le seul à dkrire avec exactitude la façon de tisser ainsi que le motif de fleche sur les ceintures - description fort appréciable pour l'histoire de la ceinture fléchée, il faut absolument rectifier l'avancé faussement émis et largement diffus6 que les Amérindiennes étaient les seules fabriquer les ceintures des Canadiens, Cette idée sera fermement ancree dans l'esprit de plusieurs; encore il y a peu drannéesr on en ressentait le ressac. Tissant des ceintures à La Chasse Galerie, à Toronto, en 1974, a l'université McGill en 1975, au Manitoba en 1978, presque tous nous disaient: "Yeu are making Indian sashesu. Si les remarques de Duncan y ont contribu& il ne faut pas oublier les tableaux et photographies qui présentent des Amérindiens costumés en chefs et portant la ceinture. Dans les livres de compte, on trouve: *Paid to Work Peoplen pour de grandes quantith de ceintures, et aussi des quantités livrées aux différents postes de traite de la compagnie dont Grand River, lac La Pluie, Rat River, lac des zles, lac Nipigon et bien d'autres endroits. Il faut ouvrir ici une parenthese sur une question pertinente, h savoir qui étaient ces marchands dont parle Duncan. Étaient-ils des marchands indépendants de Montreal ou s'agissait-il des marchands regroupés sous la raison sociale la Compagnie du Nord-Ouest; des Britanniques, des Canadiens anglais, ou français ou des &cossais? Comme les quantites de laine arrivees d'angleterre étaient adressées h Alexander McKenzie, actionnaire de la Compagnie du Nord-Ouest, et que le travail du tissage des ceintures était payé par eux aux femmes, on peut conclure qur il s'agissait des marchands de la Compagnie du Nord-Ouest.

182 John Duncan do~e d'autres renseignements, h la suite de sa visite à Montreal en 1018, 11 parle de la ceinture de worsted colorbe qu'il voit chez les gens du peuple et chez les shinaristes3'. Lorsque Duncan visita Caughnawaga (sic) l'été de 1818, il dit avoir rencontre les deux fils du capitaine Thomas, qui avaient et& eduqués au séminaire de Montrkal. 11 ne dit pas sr ils portaient la ceinture quril a decrite plus haut, ni ne fait-il de rapport entre les ceintures des séminaristes et celles du peuple "of lower ordern dont il a bien pr&cis& "partly colored worsted sashw. Peu importe, ses remarques sont conclusives, les ceintures avec flèches ne sont pas portées par les Amerindiens mais bien par les paysans, les habitants et les séminaristes. Duncan poursuivit ses visites en allant a Lorette; il décrit les vetements, mais sans parler de la ceinture. A deux reprises, mais ailleurs, il décrit des accoutrements avec ceinture, Un soir, durant une visite, alors qur il faisait très froid, il rapporte: =My companion bound a military sash around his waist and 1 supplied the want of it with a silk hankerchiepsu. Il ne dit pas qui est ce compagnon, était-il anglais, canadien ou amérindien? 11 ne fait pas allusion aux ceintures a flèches qu'il a vu tisser par les Amérindiennes de Khanawake. À une autre occasion, il raconte: "Paul, a young of 6 feet, accompanied us, dressed in a frock coat, legging and mocassins, with a hatchet under his ~ash'~". 11 s8 agit d'une ceinture large (sash), c'est tout ce que nous apprenons. Nous aimerions que les auteurs des récits de voyage aient été plus précis dans leurs descriptions, mais malheureusement ce que nous voulons apprendre d'eux ne correspond pas toujours à ce qu'eux recherchaient dans leurs pérégrimations, comme le fait observer Duncan dans son avertissement au lecteur:

183 «The interesting author of the "Diary of an Invalidw remarks, that no one but he who has tried the experiment, knows how difficult it is to be accurate: a book of travels rnust always be more or less a volume of inaccuracies3'.» 3.3 Le Haut-Canada, les Grands Lacs et leur pourtour - Le commerce des fourrures, la principale activité qui provoqua le mouvement des voyageurs et des marchands, parfois avec leurs familles, de plus en plus vers l'ouest, nous amène sur un deuxième terrain de recherche. Il comprend des postes oh des explorateurs français s'étaient d'abord établis de façon rudimentaire dont les principaux furent les La Verendrye, père et fils. C'est encore dans les écrits rédiges par des visiteurs que nous puiserons notre information. La première personne B nous parler des vetements des Amérindiens est Alexander Henry, dont il a été question A cause du guide canadien qui l'accompagnait 8 Michillimakinac. C'&tait en 1763, peu de temps après la conquete britannique et la sevolte de Pontiac. Le visiteur rapporte que, 8 cause de l'interruption des importations dues aux combats, il n'y a pas'de lainages dans la colonie: 'Les Indiens en 1765, n'ont plus de lainages mais seulement des peaux de chevreuil Cela est dq aux nombreuses batailles et h lfacret des &changes avec les ~uropéens~~~. Durant le Rkgirne français, Ddtroit etait un gros bourg de 500 colons établis de part et d'autre de la rivibre Detroit, sur une longueur d'une dizaine de milles. Après 1768, les colons etaient presents sur vingt milles. Apres la vallee du Saint- Laurent, ce fut le plus important centre de colonisation. De 1760 a 1794, Detroit fut le siège principal dans l'ouest, d'où l'on ravitaillait les traitants qui allaient vers les postes du sud3'.

184 On a vu que la famille Baby, installce 8 Détroit, achetait de Québec des ceintures de laine; elle était active dans le commerce des fourrures, donc pres des Amerindiens. En 1779, Jacques Dupéron Baby était commissaire des Affaires indiennes, il se lia d'ailleurs df amitié avec Pontiac. C'est lui qui secourut le major Goldwin, commandant à Detroit durant le soul&vement de Pontiac. La famille Baby aura sllrement eu une participation dans l'introduction des ceintures de laine dans cette r6gion du pays. C'est h son frere Québec qu'il et, ~ommande'~; sril y en avait chez les Amérindiens, il n'en parle pas. À Michillimakinac, 400 milles plus au nord, c'est la famille Chaboillez, pére et fils, qui est active dans le commerce de la fourrure, donc eux aussi en communication fréquente avec les Amérindiens; ils connaissaient les ceintures colorees des Canadiens. On ne sait pas sr ils avaient eux-memes des ceintures a Michillimakinac, mais on peut penser que la presence des Français en cet encisoit devait exercer une certaine influence sur les Autochtones. La Hontan dira en 1668: «Cgest une lie situke à la rencontre des lacs Supérieur, Michigan et Huron. Les-Hurons et les Outaouais y habitent. Ils sont separ6s des Jésuites et des Français dans un fort, par une palissade. On entrepose dans ce fort les marchandises à trafiquer avec les Sauvages du sud et de l'ouest, car il est indispensable de passer cet endroit pour aller chez les Illinois et les Danas41.» Cf etait un important entrepet de marchandises, mais lorsque Henry le visita, il semble ngy avoir eu que peu de marchandises disponibles.

185 Un exemple de ce que les techniques utilisees pour conf ectiomer des vetements, ceinture incluse, étaient inconnues des Amérindiens se retrouve dans le discours du ffère de Td-cum-seh - dont on parlera plus loin - qui nous renseigne clairement sur la situation des vêtements de lainage chez, du moins, les Shawnies, tribu a laquelle appartiennent Té-cm-seh et son frère, le prophète, Plus loin nous verrons comment une rencontre entre Isaac Brock et Té-cum-seh donnera l'occasion de réviser une opinion à propos des ceintures: a.. ] Ut) is necessary to relate that the year 1804, the brother of Té-cm-seh proclaimed himself a prophet who had been commanded by the Great Spirit, the Creator of the red, not the white people, to announce to his children, that the misfortune by which they had been assailed arose from their having abandoned the mode of life which he had prescribed to them. He declared that tbey must return to their primitive habits - relinquest the use of ardent spirits - and clothe therrrselves in skins and not in wooliensd2» C'est Greenville, en Ohio, quril rassembla son peuple. Cette tribu n'&ait pas particulierement amie des Blancs, du moins, A cette kpowe. Toutefois, on peut se demander si ses membres ne srapprovisionnaient pas aux postes de traite de fourrures oib ils pouvaient trouver des lainages? Revenons B l'anecdote relatee 8 propos de Te-cum-seh et du genéral Isaac Brock qui nous renseignera sur une ceinture en particulier et appuiera les declarations du frere-prophete par rapport B l'introduction des lainages. Citons mot h mot ce qui est &rit dans le recueil rédige peu aprés la mort de Sir Brock:

186 «Té-cm-seh had the admiration of Sir Isaac Brock [,.,] the General, one day, presented him (Té-cum-seh) with the sash he has worn on his own person. T6-cm-seh received it with great exnotion, and begged the general to consider that if he refrained from wearing it himself, it was from an anxiety to prevent the jealousy, which such an honour conferred on a young chieftain rnight excite, among the older indians Captains, but that he would sent it to his family to be preserved as an eternal mernorial of his fatherr s friendshipa3. >> Un autre extrait de la correspondance de Brock raconte le geste de Brock envers T6-cum-seh, c'est-&-dire la présentation d'une ceinture en guise de reconnaissance et d'admiration pour la bonté qu'il eut à son égard en lui dessinant une carte des routes, des lacs et en encourageant ses Indiens ne pas traverser le Détroit: eleased with this unexpected talent in Te-cum-seh, also with his having induced the Indians not to cross the Détroit [... ] General Brock, as soon as the business was over, publicly took off his sash, and placed it round the body of the Chief. Tecum-seh received the honour in the evident qualification but was, the next day, seen without the ~ash~~.>~ La suite raconte ce qu'on a cite plus haut. On ajoute plus loin que Te-cm-seh "transferred the sash to the Wyaldot Chief Roundheadm afin df6viter de provoquer la jalousie de ceux qui lui étaient supérieurs. Une réflexion sérieuse s' impose devant ces deux passages; elle conduit a douter grandement des conclusions de certaines notes encyclopédiques racontant que ce serait Te-cm-seh qui aurait donné une ceinture Brock. L'édit de son fr&re-prophbte semble plut8t

187 confirmer lrabsence de lainages de l8 homme blanc chez Te-cum-seh et ses semblables. Porter la ceinture donnbe par Brock était considérk comme un honneur, la ceinture de laine n'&tait donc pas un article usuel de leur costume, autrement ça n'aurait pas 6tC un honneur df en recevoir une et de la porter. On peut lire que Te- CU-seh était reconnu pour se vêtir tres sobrement et on nous dkcrit comment il était v?tu au moment de sa mort en 1813, sur la rivière Thames : [.-. 1 His dress was plain, and he was never known to indulge in the gaudy decoration of his person, which is the common practice of the Indlans. On the day of his death he wore a dressed deer skin coat and pantal~ons'~". Après tout ce qui a kt6 dit a propos de Te-cum-seh et Brock, il peut paraptre etrange que le costume du génkral expose au musée de la Guerre à Ottawa comprenne la ceinture fl6chee quf il portait au moment de sa mort en N'est-il pas connu qu'il aurait donné sa ceinture (sash) Te-cm-seh? Peut-être avait-il plus d'une ceinture en sa possession comme ce fut le cas pour LagimoniGre, Lord Strathcona, Chaboillez, et d'autres Brock fit au moins deux visites au Bas-Canada. Une premiere le 5 septembre 1808 B Québec, au moment où, selon John Lambert, cinq habitants sur six au Bas-Canada portaient une ceinture de laine colorée. Brock fit aussi deux visites à Montréal, le 8 juin 1810 et le 31 juillet de la même annbe. 11 vint assister au bapteme d'une enfant, Magdalen Julia, fille de son ami William McGillivray, neveu de Simon ~c~avish". Celui-ci, bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest était marié la fille de Charles-Jean-Baptiste Chaboillez dont le fils Charles etait president du fameux club Beaver. A cette 6poque la ceinture &ait bien la mode: le genéral en aurait-il acheté ou reçu en cadeau? Ceci nf est qu'une tentative d'explication. Les témoignages recueillis dans le r&it bien particulier de la vie de Mary Jemison apporteront des renseignements suppl6mentaires h ceux relevés jusqu8ici relatifs aux modes amérindiennes.

188 Ce rkcit, d'une grande importance, a été reimprimé trente-quatre fois aux États-unis. Mary etait la f i.lle de Jane Erwin et de Thomas Jemison qui kmigrérent 3 Philadelphie. Mary naquit durant la traversee de lf Atlantique, sur le Mary Williams. Elle vivait heureuse avec ses parents jusqu'au jour oh elle fut capturee B lrage de douze ans avec ses parents par des Shawnies, en 1755, Toute sa famille fut tuée. Elle fut épargnee et transportée au fort Duquesne (au sud du - lac grief a lrembouchure de l'ohio), alors appel6 fort Pitt. Elle fut adoptée par une famille Seneca. Elle accompagna ses diffkrentes familles amérindiennes au cours de leurs déplacements de guerre, elle connut donc les rnanihres de vivre et de se vêtir de quelques tribus: les Senecas, les Shawnees, les Hurons et autres. Elle vécut 75 ans parmi eux, à une &poque cruciale de l'histoire de l'amérique du Nord. Elle mourut à lr dge de 90 ans en En 1823, alors agée de 80 ans, elle fit h pied quatre milles de sa ville de Castile Genese, New York, pour raconter sa vie. Ce qu'elle raconte au chapitre IV a particuli&rement retenu mon attention: a[...] filer, tisser, coudre, tricoter sont des activités que les femmes indiennes nront jamais pratiquées. Apres la guerre r6volutionnaire (1783) j'ai appris à coudre et à fabriquer mes propres vétements dans une coupe rudimentaire, Mais depuis ma captivité, jf ai ignore tous les autres arts domestiques. Nos vêtements etaient attaches et cousus avec des lanières en peau de cerf ".» Les confidences de Mary Jemison sont assez éloquentes propos de l'absence du tissage, de la laine, de vetements façonnés, dans la tradition Am&rindienne. Rappelons qu' elle a toujours suivi sa famille indienne dans toutes les guerres et les expeditions de

189 chasse et qu'elle est ainsi venue en contact au cours de ces nombreux déplacements avec plusieurs autres tribus. Son témoignage est d'une grande valeur. Comme elle a bien connu les Shawnees, tribu a laquelle appartenait Te-cum-seh, sa revklation confirme l'absence non seulement de laine mais de toute technique de fabrication. On comprend que Te-cum-seh considérait cette ceinture comme spéciale et quril ne pouvait pas se permettre de la poster quand son chef n'en avait pas lui-même. Le missionnaire morave Zinzendorf donne une description de la façon dont est habillé Andrew Montour en Il est le petit-fils d'un gouverneur français et d'une squaw. Sa mke, Catherine Montour, née au Canada, fut capturée par les Iroquois et adoptée par eux, elle vécut au lac Seneca. Andrew servait d8 interpréte et était tres estimé des Indiens. Cette alliance française apporta-t-elle des modifications vestimentaires? Reprenons les paroles de Zinzendorf: «Son visage [de Andr4 Montour] est celui d'un Européen, si ce n'est qu'il est peint de graisse dr ours. Il porte un manteau d'étoffe fine de couleur canelle, une cravate noire avec des colifichets d' argent, une veste de soie rouge, des pantalons par-dessus lesquels pend sa chemise, des souliers et des bas, un chapeau et des d6corations d'argent, des choses qui ressemblent h des poignées de panier suspendues h ses oreille~'~.» Comme on peut le constater, les contacts des Blancs avec les Senecas, de la famille iroquoise, ont eu lieu assez tbt et 1' introduction des vêtements européens est assez marquée, seulement on ne parle pas de ceinture de laine.

190 La lecture du journal dr elisabeth Simcoe avait fourni des renseignements interessants sur son &jour A Quebec, a propos de la ceinture coloree de Ir habitant du Bas-Canada, Lorsqu' elle va habiter le Haut-Canada, elle continuera de consigner ses expériences et les rencontres que le poste de son mari lui permit de faire. Elle donna occas iomellement quelques descriptions de vetements chez quelques tribus rencontrées. Des Mississagas : [... 1 (they) dress very indif ferently4gm. D'une autre tribu qu'elle nf identifie pas : a [.,. ] Some Indians atrived from a distance [... ] came to dance before the Gov, highly painted & in their War costume with little Cloathing [... 1 Jacob the Mohawk was here, He danced Scotch Reels with more ease & grace than any person 1 ever saw, [,.. ] the picturesque way in which he wore & held a black blanket, gave it the air of a Spanish Cloak, his legging were scarlet on his head & arms s ilver bandss0.» Elle rencontra aussi des Indiens Ojibwa qui venaient des environs du lac Huron; ils avaient des mitasses ou des pantalons écarlates ainsi qu'une couverture de coton noir, bleu ou écarlate. Chez aucune des tribus rencontrées ne mentionna-t-elle des ceintures corne celles quf elle a admirées Québec chez les Canadiens. Les ceintures livrees de Montréal étaient acheminées vers les Grands Lacs et comme il est indiqué dans les commandes, elles servaient au commerce avec les Amérindiens. L'examen des livres de comptes de la Compagnie du Nord- Ouest nous donne les déltails suivants:

191 pour : à Nipigon House: laine assortie 17, 8 bonnets de laine à Fond-du-Lac: 10 avril 1801: à Poste-des-Chats: marchandises livrées 8 M. J. B. Cotton pour être commercées par lui avec les sauvages pour le compte et risques de M. Savy Co. NW 1 habit de chef (chemise-chapeau) 1 paire de Mitas d'écarlate 1 paire de souliers français boucle, rassade, worsted 4 pouces5' 12 ceintures à flèches from Montreal for the Post under charge of M. Joseph Mondion au Grand-Portage: 30 ceintures pour le compte de Mr. Mailloux & Alex. ~ackenz ies2. 11 semble bvident qu'on n'aurait pas fait tout ce charriage, toutes ces transactions commerciales pour apporter des ceintures de laine ou à fléches si les Amérindiens de ces postes, au lac Sup6rieur et aux alentours, avaient fait ou possédé d&jh de telles ceintures. La rivière Rouae Le centre de lram6rique du Nord connut une tentative de colonisation en 1812: lf etablissement de la rivière Rouge. Ce mouvement visant à l'installation rurale et agricole suscitera beaucoup de controverses. À l'origine, ce pro jet, conçu par Lord Selkirk, écossais, semblait interessant mais il amena beaucoup df&vénements malheureux dont nous trouvons les traces dans des correspondances, des proces-verbaux, des minutes de procgs, etc. Ne sera retenu évidemment que ce qui renseigne sur les vétements, en particulier la ceinture fl&ch&e, afh de determiner si celle-ci

192 était présente chez les Améridiens touches par la présence Orcane venue drécosse, ou celle d'une brigade de voyageurs recrutes h Montreal pour Athabasca ou de Meurons venus de Suisse et dral1ema- gne - ces gens dtaient soit militaires, colons, agriculteurs ou defricheurs. Ce territoire etait coince entre des postes de la Compagnie de la Baie d'hudson et de la Compagnie du Nord-Ouest. D'oh espionnage, guet et escarmouches dont le rkit donnera lieu occasionnellement h des descriptions de vêtements et l'état des échanges de marchandises, En 1815, Jean-Baptiste Lagimonfére, un coureur de bois inddpendant, fut engagé A titre de chasseur de bison en vue de nourrir la colonie de Lord Selkirk. 11 fit un long periple à pied, de la rivière Rouge 8 Montréal et de Montréal à Pembina. Ce long voyage, controverse, jugé néfaste aux intkréts commerciaux de la Compagnie du Nord-Ouest, amena son arrestation et sa détention par le métis Cuthbert Gxant. Au moment de ces événements c'est "ceinture de laine1 qu'on écrit dans la liste des objets saisis à Lagimoniere et chez son compagnon Bénoni, un guide aun6cindien à ~embina'~ (aujourdrhui en territoire amkicain). Lagimonière Ofait originaire de Saint-Antoine-du-Richelieu, pas tr6s loin de Chambly, oq madame von Riedesel avait rencontré son mari portant une ceinture canadienne, en y avait de cela 38 ans, on imagine la mode de plus en plus présente. On ne mentionne pas si Marier, son compagnon, Métis, avait une ceinture de laine. À cette epoque, Grand-Portage &tait le centre nerveux du commerce des fourrures sous les Anglais et les Ecossais. Le chemin emprunté pour se rendre de la aux différents postes de tzaite de la Compagnie du Nord-Ouest etaient les suivants: lac La Pluie, lac des Bois, Fond-du-Lac, lac Winnipeg, Lower Bort Garry, Bas de la Rivière, Pembina, fort Douglas, du moins les plus importants. C'est dans les livres de compte de ces p.ostes que nous avons releve des mentions de ceintures vendues aux Autochtones, Bois-brQlés ou

193 Métis, durant les années concurrentes à celles de lretablissement de la colonie de la rivière Rouge, La compagnie n'avait rien faire avec l'administration de cette communauté qui tentait de prendre racine, mais comme les limites frontalières de cet emplacement recoupaient les routes des voyageurs, les diff6rentes tribus habitant ces environs transigeaient avec les uns et les autres. La concurrence entre les deux grandes compagnies, celle de la Baie d'hudson et celle du Nord-Ouest, &ait vive et on cherchait h s'attirer les fourrures du plus grand nombre de tribus des alentours. C'est ainsi que la Compagnie de la Baie d'hudson envoya un de ses agents s'installer un poste au lac La Pluie, relativement proche du poste de la Nord-Ouest au lac des Bois- Cet agent, Johon McKay, devint ami avec son voisin, Charles Boyer, agent de la Compagnie du Nord-Ouest, stationné au lac des Bois. 11 l'invita un jour B souper. Suite A cette visite, McKay Qcrivit dans son journal personnel, le 8 octobre 1796, au poste du lac La Pluie : Il ecrit aussi: a[..-] Little trade is made at this place, which if they do (that 1 doubt it very much) will be what they never got since 1 first came here, a sufficiency of Gartering Spin, twist Tobacco and silvery marks- 1 believe will never be sent to this place [...] notwithstanding 1 have asked for those articles every year [... ] wompum beads is likewise an article much wanted from us and worsted of colour O make sashes of the latter. 1 have got sample of from my neighbor which will sent home5'-» «The Chief of Lac du Bois you will cloth in the same manner-as you have seen me cloth the Grand Chief last

194 sprlng and use him in every respect the same, 1 w ill make his coat and sent it down by the first opportunity [,. ] he received the coat for May and it should put him on a level with the Chief of Lac du ois^^^^ Ces remarques dénotent bien clairement lrattitude et la tactique en usage lrepoque envers les Autochtones. Il fallait leur offrir ce qui excitait leur convoitise pour des ornements colorés dans leurs costumes. Cette pratique observee par Christophe Colomb, Jacques Cartier et Samuel de Champlain et bien d'autres, continuait a être bien utile, Qui était Charles Boyer? 11 &ait natif d'oka et actif au sein du commerce des fourrures depuis d6ja quelques annees. On le retrouva accompagnant Alexander Henry de 1774 à 1778, présent sur la riviese Assiniboine dans la Prairie, au lac des Esclaves en 1789, puis voisin, pas immkiiat, mais quand meme voisin de John McKay qui était au lac La Pluie. On peut supposer que durant ces annees, Boyer portait sa ceinture color4e et qu'elle suscitait un certain desir de la part des -&indiens qu'il rencontrait au cours de ses déplacements et transactions dans son travail de traitant. Ceci pourrait expliquer la demande que fait John McKay pour du mworsted of colourm pour la confection de ceintures identiques ou du moins ressemblant h celle de Boyer. Cette ceinture serait bien importante pour les transactions avec les Amérindiens et plus attrayante que ces "worsted sashw, releves dans les livres et que la Compagnie de la Baie d'hudson vers 1733 troquait aux Amérindiens qui venaient porter des fourrures contre une peau, alors qu'on demandait une peau et demie pour une paire de bas de lainesc. Massicotte a bien raison de se demander ce que pouvait etre ce worsted en 1733, surtout que McKay réclame du mworsted of colourm en Pourrait-on penser plutet que ce worsted aurait et6 ces bandes de worsted de couleur utilisees par les Amerindiens de la façon suivante, tel que raconté d une soeur Grise B Saint-Boniface

195 par Nancy McDonald, dont la m&re &tait Chipewan et le p&re traitant : «She went with her father on this trips when she was a child. (At the tirne of giving this information she was almost 100 years old). The traders brought worsted braids in various colors and several rows of these were put actoss the front piece of a dress and called "rainbowm later they were used at louer edge of the dress5'.» Cette Métis donne des renseignements qui remontent aux années Des rouleaux de "worsted binding" sont conserves au musée du Lowes Fort Garry, ils sont probablement du genre dkcrit par Nancy McDonald. Grâce à ces arcs-en-ciel de couleurs, notons qu'on pourrait faire un lien avec ceux qui furent utilises sur les couvertures de la Compagnie de la Baie d'hudson et qu'on troquait beaucoup, Il n'y a lh qu'un pas pour l'attrait des ceintures flechées qui produisent aussi un arc-en-ciel de couleurs ayant en effet fort apprécie des Amérindiens. La demande va maintenant vers les ceintures ~010rée~. Doit-on voir dans la démarche de McKay le début de la confection de telles ceintures sur métiers en Angleterre et une entrée massive de la ceinture dans le commerce avec les Autochtones? Ces ceintures etaient censees etre tissees à Coventry, en Angleterre. On sait quf un partenaire de la Compagnie du Nord-Ouest, nommé Ellice, &tait originaire de Coventry et depute de cette ville en Plusieurs membres de sa famille étaient aussi en service dans la Compagnie du Nord-Ouest. 11 ne nous semble pas du tout surprenant que des ceintures y soient tissees pour la Compagnie de la Baie df Hudson et pour la Compagnie du Nord-Ouest bien avant l'intervention du curé Tancréde Viger vers Marius Barbeau écrivait ce propos: "When the Assomption or Achigan sashes were no longer made for the Montreal fur traders and bourgeois, and after the Hudsonf s Bay

196 Company had begun, over 50 years ago, to purchase imitation sashes made on looms5bu. Ce "50 ansn nous reporte 1890, si on calcule h partir de la date où Barbeau redige sa recherche, soit Il y eut bien entendu des imitations de ceintures faites au pays niais ngimitant pas aussi bien celles d'angleterre. Une visite à Coventry, en octobre 1984, ville reputée pour son tissage, ne put mrapporter aucun renseignement sur le su jet. La ville fut détruite 90% drr=uit la Deuxième Guerre mondiale. Il ne reste rien de son industrie textile si ce n'est un métier Jacquar acquis en 1785, selon la note dom& au musée de la ville. On peut y voir des 6chantillons de ruban rouge carmin, de la largeur des ceintures faites au m6tier. La laine worsted utilisée à lrépoque nfétait pas retordue, elle était mince et fragile a l'usage, comme les ceintures venant de là, les brins de laine pouvaient être enfil& comme les fils de soie dans ces métiers. Ceci ng est qur une hypothese suggérée par une observation minutieuse et une réflexion personnelle, la suite de mon sejour 8 Coventry ainsi qu'a Lyon, en 1978, oo on tisse sur des metiers Jacquar. À Saint-Genest-de-Malifoux, un lissier, monsieur Mazenot, tisse régulièrement sur ces métiers malgr6 son age avancé. En étudiant de prés tous les échantillons qu'il conservait, je me suis demandée, en regardant l'envers des rubans et comparant a l'envers des ceintures drangleterre si le faux motif qui apparait ne découlerait pas du tissage sur de tels métiers. Cette hypothese n'a pu être vérifiee, faute de pouvoir présenter une telle ceinture A cet expert si passionné de tissage et n'étant pas assez experte moi-même pour tirer une conclusion finale. Je reste convaincue qu'on pourrait pousser plus avant en s'appuyant sur le fait que suite la suggestion de John McKay en 1797, un marché de ceintures était alors assez répandu. Ces ceintures &aient destinées en partie aux Amérindiens travers les postes de traite de fourrures; c'est pourquoi on leur donnera le nom de ceinture Métis. Il faut souligner que bien des agents de

197 traite qui mariaient des Cries, des Chippewans Ou autres filles autochtones, portaient eux-mêmes une ceinture. Le commerce de la ceinture va se développer et donner des commandes, comme nous le r6véleront les livres de compte de la Compagnie de la Baie d'hudson entre 1799 et De grandes quantités de laine worsted arrivent 8 Montréal pour la Compagnie du Nord-Ouest. On enregistre aussi des puantités de ceintures - par exemple, au poste di?- lac La Pluie oa John McKay avait admiré la ceinture de son voisin comme nous le constatons par les chiffres suivants : 1799: 60 worsted sashess9; 1800: 144 worsted sashes6*; 1801: 581 worsted sashes61; 1806: 568 worsted sashess2. Rien ne nous permet de savoir si ces ceintures venaient d'angleterre, mais on peut le supposer puisqu' elles sont inscrites dans les livres de la Compagnie de la Baie d'hudson qui durant ces ann4es n'a pas de lien avec le Bas-Canada. Sa marchandise Rtait acherninee par voie d'eau, par le detroit d'hudson au nord du Labrador. Ce n'est qu8apr&s 1820, que la compagnie fera affaire avec le Bas-Canada. Avant cette date, la marchandise etait livree h la Baie et les fourrures partaient de 18 vers l'angleterre. Toujours aux livres de compte, on inscrit en 1818: "Upper Red River outfit: capot marine, épaulette doublee rouge, ceinture worsted rouge et tuque rouge*. Ceci etait destine d des chefs amerindiens au cours d'&changes de fo~rrures'~. Au lac La Pluie, en 1821, on a vendu Gimmotochary, mbelts House 1/6 do^.^, "Belts common worstedn et *Garteringm; à Taïoraniagarere, wtrousers Blue Cloth 1, Belt finie worsted 1"; à Joseph Picard (native), "Belt worsted 1, beads white, Toujours au lac La Pluie, le 14 juillet 1826, h Taronyoarara ou Ioha Audicus, -1 narrow scarlet Belt"; a Baptist Jourdin (native), ml belt broad scarletm6'.

198 Il ne fait pas de doute, les ceintures étaient destinees aux Autochtones et aux Métis issus des alliances entre Am&indie~es et Blancs. Dans les livres on a utilise "nativew probablement pour désigner les Métis qui portaient des noms français ou anglais. Au nord du lac Supérieur, Nipigon House, entre 1795 et 1797, J.B. Cotton recevait "de la marchandise pour etre commercée par lui avec les sauvages pour le compte et risques de ME. Saly CO. cf the NWC (la Compagnie du Nord-Ouest) : 1 habit de chef, chemise, chapeau; 1 paire de mitasse d'écarlate; 1 paire de souliers français et boucle, rassade et ~orsted"~~. C'est aussi en 1795 que John McKay faisait des demandes pour du worsted de couleur pour des ceintures, et au poste Fond du Lac, h lrouest du lac Supérieur, on énumérait les articles d'un habit de chef qui diffère peu, sinon qu'on precise "worsted 4 poucesw. On ne dit pas ceinture de worsted, mais worsted de 4 pouces et rassade. Quand on visite des musbes, on retrouve des ceintures rouges unies, avec des dessins geométriques en petites perles blanches. Ces deux Qléments font partie des commandes venant de la compagnie. Cela suggere que les ceintures du genre souvent identifiées comme amé~indiennes, ont probablement été brodées de perles par eux, mais B partir de matériaux importés 8 cette fin. On aurait donc affaire à une importation. On a particuliérement relev4 pour le poste du lac La Pluie les ventes de ceintures à des Amérindiens, des chefs et des Métis, durant les années 1821 et Ces commandes indiquent clairement qge les ceintures viennent de Montr6al et qu'elles se sont vendues ou troquées. Nulle part nga-t-on pu relever le contraire, cg est-&-dire des ceintures qui auraient &te Cchangees par les Amerindiens contre d'autres marchandises. Dans ses notes personnelles, Rindisbacher écrivait que les Indiens s'habillaient de vétements européens des quffls pouvaient s'en procurer. Il peignit ceux qug il vit, sans jamais le

199 moindre signe de ceinture fléchke ou d'un autre genre. C'est cependant chez Lord Selkirk qu'il en parla et les dessina. Selon lui, cf etait les dirigeants, ici le gouverneur McDonald et ses assistants qui 1' accompagnaient, qui portaient des ceintures rouges et non les Amkrindiens. Rindisbacher fut meme scandalisé devant ce déploiement vestimentaire alors que les Ankrindiens étaient plutet dépourvus de vêtements6'. La ceinture etait donc accessoire drhabillement chez l'homme blanc, mais pas encore chez l'autochtone. Le tableau de Rindisbacher reproduisant un groupe d'indiens Ijibwa (voir illustration 20) nous montre une scene de déploiement de costumes solennels avec ceintures chez les dirigeants, il s'agit ici df un capitaine qui fait ses adieux aux Amérindiens O jibwas. Deux autres tableaux de Rindisbacher intitules "Les agents de traite de fourrure à la riviere Rougew (voir illustration 21) et "Un M&is et ses deux femmesw (voir illustration 22) en 1822, permettent de constater le port de larges ceintures de laine, dans le premier, par des &cossais, des Canadiens et des Anglais; sur le deuxième, c'est le Mktis qui porte le costume que nous avons décrit quelques reprises comme habit de chef et qui comprend une large ceinture de laine color&e, ici un chevron facilement identifiable. Bien sor, il n'est pas possible d'identifier ce Metis, qui pourrait facilement etre au service de la compagnie ou fils d'agent de traite. En route pour Saint-Louis du Missouri, Peter et sa famille rencontrerent des Amérindiens des tribus suivantes: Wimebago, Sauk et Fox et il &crivit d'eux apres avoir fait leur portrait intitul6: "Kriegstanz des Sauk & Foxm (la danse de guerre des Sauk et Fox) (voir illustration 23): &as Feber county, in dem sich die Familie 1827 nieder lab was Stamland des Winnebago und der Sauk 6 Fox. Es war die Ziet, als sich die Winnebago

200 Illustration 20

201

202

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204 gegen die weisen Eindringling zur wher sitzen und Black Hawk seile Sauk & Fox gegen die Weisen in des Krieg fuhrte, 18316%s (voir note 1) Dans le portrait quril fit de ces guerriers dansant, on ne voit aucune trace de ceinture fléchee. Pourtant, ce jeune artiste est trés précis quand il peint et il a d&j& vu des ceintures rouges la rivière Rouge. Peu de temps avant l'arrivée de Rind; sbacher, un autre artiste, anonyme celui-la, dessina une scène intitulée: VVhLte Trader meeting the Indians" (1820) (voir illustration 24). On y voit à cheval un agent de traite qui porte une ceinture b chevron et parmi les Amérindiens venus le rencontrer, seul un Métis porte lui aussi une ceinture a chevron. Lridentit& de l'artiste n'est pas connue, mais il pourrait sr agir dr un Allemand car, sur 1' envers du support sur lequel il a peint, qui semble etre un cbté de caisse de miel, on peut lire le mot "honig" (miel). On imagine le materiel pour artiste assez rare dans ce coin de pays, d cette époque et on récupqre tout ce qu'on a en sa possession. NfeOt ét& la date, 1820, alors que la famille Undisbacher n8 est pas encore arrivée, au Canada, on pourrait attribuer ce tableau d Peter tant le style lui ressemble. Au moment oh on fait venir des $cossais, des Canadiens et des Suisses allemands pour coloniser la riviere Rouge, on fait aussi appel une garnison, les Meurons, pour defendre lfemplacement coincé entre les deux compagnies rivales avant qu'elles ne fusionnent en La ceinture du Métis Louis Schmidt, fils d' une mére Cree et d'un p&re militaire, est conservee precieusement par ses descendants. Jeune garçon et orphelin, Louis Schmidt fut remarqué en 1858, par mère Valade, des soeurs Grises Saint- Boniface, comme &tant particulièrement dou6. Ces religieuses se chargèrent de le faire instruire". 11 devint plus tard agent des affaires indiennes. Deux autres jeunes garçons reçurent lfattention des soeurs qui les firent instruire, il s'agit de deux autres

205

206 Métis, Louis Riel et Donald McDougall. Leurs ceintures fléchées étaient toutes de fabrication mécanique mais elles avaient pour eux une grande importance, 11 n'est pas étonnant que de belles ceintures soient presque toutes appelées ceinture Métis ou encore considérées tissées par les Métis alors quf elles étaient f abriguées en Angleterre. 11 semble bien important de relever ce que les soeurs Grises ~dpportent dans leurs chroniques; en 1833, on avait haport6 un grand nombre de moutons du Kentucky. Voici ce qu'elles écrivent alors : «Le tissage de la laine aurait pu être dés lors pratiqué, mais seules quelques Canadiennes co~aossaient cette industrie domestique: les Indiennes et les métisses 18ignoraient totalement, Sir George Simpson, en 1837, dit à Monseigneur Provencher: «Je ferai monter et payer deux tisserandes canadiennes pendant trois ans, En 1838, deux tisserandes, Madame Veuve Lapalice (n4e Marguerite Chesnay) de Riviére-du-Loup et une demoiselle Ursule Grenier dfyamachiche, arrivkrent à Saint-Boniface [. 3 elles enseignerent l'art de filer et de tisser aux femmes du pays70.» Le tissage domestique est ignore, il doit donc en etre de même pour le tissage des ceintures flechees; du reste, les soeurs Grises n'en parlent pas. On n'a pas la connaissance de la laine, ni de son usage, on pourrait donc difficilement imputer aux Amérindiens le tissage des ceintures fl6ch6es.

207 Dans les livres de la Compagnie de la Baie d'hudson de 1822, la seule compagnie active h cette &poque, puisqurelle a absorbe la Compagnie du Nord-Ouest, il est inscrit qu'on reçoit de Co. T.H. Green '1 200 belts scarlet & crimsonm", et en 1824, de T. Black & Son "100 belts broad scarlet*, "100 belts narrow worsted, f ringe handsome col~urs~'~. Les ceintures reçues et dont la description ne laisse pas de doute, puisqu'on precise "franges de jolies couleurs*, sont des ceintures imitant les ceintures canadiennes; elles arrivent en grandes quantit6s et precèdent de plusieurs annees les conseils du bon curé Viger de l'assomption qu'on tient pour responsable de la production en Angleterre, parce qu'il aurait conseillé aux Canadiennes de cesser de tisser parce qu'elles n'&aient pas assez payées. cdlissatisfied with their unreasonably low pay from a trade whom they considered well off, they brought their grievance to Rev. Tancrède Viger, their parish priest about 30 years ago (it may be well over 40 years) M. Viger, who held the opi- nion that they were ruining their health to no good (elles travaillaient pour rien) urged them to require mcney for the sashes or refuse to go on with the work [... 1 An impasse resulted and the ancient craft of sash-making came to an endt3. u Des transactions concernant des ceintures aux M&is et aux Amérindiens dans divers postes de traite de l'ouest ont ét4 relevees dans les livres de compte des compagnies: &eninsies Lndians, 1 broad scarlet worsted beltt4, Jacques Guimont (native), Joseph Primeau (native), JOS. Jourdin (native), Lagakie, Jos. Guimont (native) 2 ceintures7'.

208 Lac La Rouge., 1807: "Through elder The Boiteux, 3 sons, 1 Brayet. 1 legging, no 1 broad French belt 2 inche~"'~ : "Labor paid to Pishewacans, 1 scarlet Belt 6 inches & 2 scarlet Belt 4 inches, To Rat Port Indians, 1 scarlet B elt 4 inches, Advance the following on account, Kaitbaignon, 1 scarlet Belt 2 inches 8 Canomegin, A Anthoquanesse, à Moose O Cheats 1st son77, Lac La Pluie, 1858 : wvsundries paid to Indians & for furs & Labor on account, 1 scarlet Belt 4 inches, 3 scarlet Belt 6 inches, 1 scarlet Belt 4 in~hes'~.» Ces inscriptions, 45 ont été relevées, décrivent des transactions impliquant l'introduction de la ceinture chez les Amérindiens dans divers points du pays. Quant aux modéles, il est impossible de se prononcer car les appellations ne peuvent servir. La présente recherche ne prétend pas identifier la qualité des ceintures mais plutôt leur introduction chez certaines tribus. 3.5 La Baie d'hudson et ses environs La Compagnie de la Baie d'hudson a d'abord installé des postes au pourtour sud-ouest de la baie, puis progressivement & l'est vers le Saguenay et le Labrador, puis enfin vers le sud, 05 etaient surtout des postes acquis par la fusion avec la Compagnie du Nord-Ouest en Les communications et l'approvisionnement des postes de la Compagnie de la Baie d'hudson se faisaient par 18entr6e de la baie. Il n'y avait pas d'échanges de marchandises venant de la région du Saint-Laurent. Ceci pourrait expliquer l'introduction

209 plus tardive de la ceinture fléchee dans ces lieux. Les descriptions données, h certaines occasions, de l'habillement des Amérindiens compléteront lrinformation &rite, Le récit publié par John Robson en 1752 sur les années qu'il a passées au service de la Compagnie de la Baie d'hudson nous intéresse particuliérement, cause de son anciennete. Robson fit un premier sejour dans les postes de la compagnie entre 1733 et 1736 et un deuxième entre 1743 et Ses observztions concernant les vêtements qugil portait et ceux des Autochtones sont plut et breves. &ait lui-même vêtu: Se trouvant dehors par temps froid il décrit comment il a1 had no more clothing upon me than what 1 usually wore in the warmest days in winter: this consisted of breeches made of thin deer-skin, a coat and pretty thick waistcoat, and Elk-skincoat and a pretty thick covering upon my head, hands, legs and f eet79.» Il rapporte que le gouverneur du poste donnait aux Indiens qui etaient les meilleurs chasseurs et guerriers, un habit comprenant un capot, une paire de pantalons et un chapeau. Il ne parle pas de ceinture (worsted) comme il sera question au lac Nipigon et au lac La Pluie, en 1796, touchant le costume donne aux chefs -&indiens. Il n'y avait pas de ceintures, que du worsted de quatre pouces et quelquefois de la rassade blanche ou dg autres couleurs. Il rapporte de certains Amerindiens qui venaient porter leurs fourrures à York Factory: ai have seen French guns among the natives who came to York Fort, 1 once heard Mr. Brady, the sutgeon converse in French and that the French live and trade- with them within the country at the head of

210 those rivers that run down to the English Factories [...] some of the Indians that corne to York have wondered to see snow-shoeseo.» Ce qu'il a rapporte de leurs accessoires vestimentaires demontre clairement quf il nfy avait pas de ceintures colorées du genre de celles de l'habitant du Bas-Canada. «men they have a mind to be ornamented, they paint their faces witb kind of red GS yellow oker, which with a string of beads hanging at the nose, and a piece of greasy red cloth fixed on one side of the head makes an Indian as fine as he desires to beal.» Les Amérindiens ont tout de meme un "red cloth" sur leur tête. Comme ils parlent un peu le français, cfest dans cette langue qu'ils communiquent avec le chirurgien, et s'ils ont des fusils français, il n'y a pas de doute qu'ils sont en contact avec les Français et qu'ils acquiérent ces objets par un certain troc. Comme la compagnie interdisait aux employés de communiquer avec les Amerindiens, Robson ne pourra en savoir plus. Il ne peut risquer de perdre sa solde, sanction imposee aux contrevenants. Robson, assez perspicace, 8 la suite de ses observations va suggérer que la compagnie se rapproche davantage des emplacements des tribus qui portent leurs fouzrures aux Canadiens. Ce qui ne se fera pas avant quelques années. ais on a televe que vers 1733, une certaine "worsted sashm est échangee aux Autochtones contre une seule peau de castor, selon une liste de la marchandise au comptoir de fort Albany: ceintures de worsted 2 pour 1 plue (la plue ou peau de castor adulte de premier choix ou son dquivalent en autres fourrures ou marchandises etait l'unit6 fixe de troc) 82. On a d&ja vu que Massicotte considérait cette worsted sash comme ayant peu de valeur; c'est aussi lfopinion de Peter C. Newman dans son livre sur la Compagnie de la Baie d'~udson. Harold A. Innis, dans

211 son livre The Fur Trade in Canada, parle plutut de %orsted bindingna3, ceci parait plus réaliste, surtout que ça rejoint ce que disait Nancy McDougall aux soeurs Grises a Saint-Boniface, sur lrusage qu'en faisait sa mère en les cousant aux manteaux. Selon les obsesvations de Samuel Hearne, vers 1774, les Chippewans venaient aux postes de la Baie pour offrir leurs fourxures, et leurs femmes fabriquaient les vêtements avec des peaux8'. Elles les ornaient de piquants de porc-épic, de poils d'orignal et parfois de peinture- Le façonnage du vêtement n'impliquait qu'un découpage fort reduit, car on comptait plut6t sur la forme naturelle de la peau: Chippewan signifie d'ailleurs peau en pointe, par allusion aux queues de bêtes que l'on conserve à l'habillement. Presque toute 18année, le vêtement de dessus est une longue chemise ou tunique, pour les hommes comme pour les femmes, avec des jambiéres et des mocassins. Dessous, les hommes portent un pagne. L'hiver, on ajoute un bon manteau de castor que l'on porte le poil h l'intérieur; on l'utilise pendant deux ou trois ans avant qu'il ne devienne hors d8 usage. Vers la vallée du Mackenzie, les manteaux sont, le plus souvent, de lanieres de lapins. Un autre visiteur, John Long, écrira au sujet de cette tribu des Chippewans: «[ -.. J Les Chippewans ne sont pas si amoureux de la parure que les autres sauvages. surtout, celles de leurs tribus qui vivent très eloignées de Michillimakinac [. -. ]. Des hommes dont les besoins habituels, celui même de la subsistance journalière, exigent les plus grands efforts, et qui n'ont pas assez de prévoyance pour amasser des provisions destinées 8 les nourrir l'hiver, nr attachent pas grand prix au luxe de 1 habillemente5. >>

212 On ne voit donc pas la presence de lainages, ceintures ou autres articles lors de ses premiers contacts. 11 en est de meme pour les autres tribus, les Cris et les Inuit qui venaient à la Baie. Chez les Inuit, ce sont les soeurs Grises qui leur enseigneront à tisser des ceintures de laine qui n'étaient pas cependant des ceintures fléchées (voir illustration 25) - Pour ce qui est drautres travaux de lainage, ce sera une des leurs qui, ayant &pouse un Britannique et vécu quelques années en Angleterre, leur apprendra h tricotera6. Ce sont les missionnaires moraves qui introduiront la mode de poser des rubans colores sur les habits, désignant une couleur pour identifier les femmes mariées, les célibataires et les hommese7. Ces influences ont leur importance dans lrhistoire du vêtement chez les Amkindiens. 25 entrées d'échanges aux forts Eastmain, Albany, Moose et York, postes au pourtour de la baie James, en 1748 montrent quf il nf existe pas de ceinture ni de "worsted sashn: "thtead, one pound, two beavers; broadcloth red, white or blue, two beavers a yard; one blanket for six beavers; flannel, a beaver a yard; buttons, a beaver for twelve dozens; [,.. ] a handkerchief, one and a half beavers twelve needles for a beaver; one shirt, one beaveresw. Samuel Hearne, employé de la Compagnie de la Baie df Hudson, accomplit en 1755 une expédition vers le nord. 11 était accompagné de Matonabbee, chef reconnu de tous les Indiens du Nord, qui le guida jusqurh Coppermine. Quand Matonabbee vint A Fort Prince of Wales, Hearne, en reconnaissance, lui donna outre les marchandises troquees contre les fourrures de premiere qualité apport-tées par trois cents Chipewyan, un uniforme de capitaine; il lui offrit également %ept vestes de lieutenant, quinze vestes de tous les jours, dix-huit chapeaux, dix-huit chemises [...], du drap, des couvertures [...], des bas [...], des mouchoirs, etc. Il nf est pas question de worsted sashag.

213 Certains de ces articles avaient été suggéres par Des Groseilliers, lors de sa visite en Angleterre, comme objets intéressants de troc: "chemises, chaussettes, mitaines et autres articles de pret-&porter, cinq mille aiguilles, colliers de wampum ressemblant aux colifichets qu'il apportaitg0. Un employé du commerce des fourrures, Petes Grant, décrivit lrhabillement des Sauteux vers 1791: c... J The dress of the men consist of a molton capot or coat, in the Canadian fashion, which corne down to the knees: they tighten it around the body with a worsted belt in which the cassetête and knife are occasionally worn [,.. ] the breech clout, they pass a narrow slip of blue clout between the thi hs and P fix it by means of a stringg.s Cette description inclut la ceinture de worsted. Grant etait au service de la Compagnie du Nord-Ouest, dont la plupart des employés avaient au moment de l'engagement une ceinture fléchee; on comprend bien que cette compagnie utilisait h son avantage l'attrait d'une telle ceinture. Pour sa part, James Isham cité par Peter Newman decrit le costume d'hiver des hommes a York, le poste le plus important sur la baie d'hudson: ale costume d'hiver consistait en un empilage de peaux qui devaient faire ressembler les Hudsonniens SI des mutants de toutes les espaces à fourrures qui se trouvaient 8 poeée de trappe. La couche supérieure était en peau d'orignal, agrémentée d' une cape et de poignets de castor, martre ou renard. Les culottes étaient taillées dans de la peau de cerf et doublées de flanelle. Elles se superposaient trois couches de couvertures découpées comme il se

214 doit. En guise de chaussures, ces messieurs portaient des pièces de cuir solide et &pais enroulees autour du cou-de-pied et soigneusement lacées. Tout l'ensemble qui rendait fort solennel le moindre mouvement, n'était en réalité que lf uniforme que 1' on revêtait en hiver lrintérieurg2.» Ce costume exige par le climat rigoureux ressemble beaucoup au costume des Amérindiens et il ne contient aucune trace de lainage. Ses ceintures de laine identifiées comme esquimaudes dans certains musées, sont d' introduction etrangère, autant par le materiau que par la technique. Un employe de la Compagnie de la Baie d'hudson, le chirurgien John Rae, fit quatre expeditfons arctiques. 11 parcourut pied km entre 1841 et Il nous parle peu de vêtements. À peine signale-t-il que pour reduire le poids à porter sur le dos de ses hommes, une douzaine djorcadiens (natifs des %les Orkney dans le nord de lr hosse), on abandonna les couvertures, les tentes et les fourrures, ne conservant que des sous-vetements de peau de taupe, sous leurs peaux de cerf. Lorsque le docteur Rae mourut, en Angleterre, un sculpteur fit son effigie sur sa tombe. Il est revêtu de peau de cerf effrangee et enveloppe dans une toge de peau de bisong3 (voir illustration 26). Le pan d'une ceinture qu'on pourrait imaginer de worsted perle, longues franges, retombe sur le cet6 gauche. On pourrait penser que durant les années de ses expéditions, la ceinture avait fait son chemin jusqur A la baie drhudson. L'artiste canadien Jefferey mit une ceinture flkh6e B Rae lorsqutil fit son portrait (voir illustration 27), mais comme il s' agit dr une reconstitution plusieurs années aprés sa mort, on ne peut la tenir comme documentaire. La Compagnie de la Baie d'hudson s'est etendue vers le sud et l'ouest, moins vers l'est. Elle envoya tout de meme Donald Smith prendre charge des postes A -Rigolet au Labrador, de

215

216 Illustration 27!X$+ccductlan finun dessin 32 C.E. JsI-kcys "Sa~;u-,.l Hzafn -on 31s Scurnq to the Coppminc, 1 ;"IP ~2ns ' t. t;. Jeffeqs, Trie Fiztut'; Csllery oe Cmzcis.? :i:stat,., 17EC tc 1 c3c, ~ ~ l. 2 ZSZ~C~~., SpS~3~.-ril3,: riy~csa, X/O

217 Tadoussac, Godbout, sept-f les, Bersimis. Ces endroits &aient en eux-mêmes peu intkessants, connaissant un froid intense, des etds humides; la nourriture était peu abondante, et on nr avait pour compagnie que les Amérindiens quron y rencontrait. Smith portait une grande ceinture flechée authentique qui est actuellement au musee du Lower Fort Garry, où on dit quril la vendit au menuisier lorsquril s'installa au Manitoba. Cependant, une autre ceinture, en Angleterre, lui est aussi attribuke, il l'a probablement acquise durant les 25 annees qu'il fut gouverneur de la Compagnie de la Baie dr Hudson, Si "monsieur Labradoru, comme on l* appelait, portait une ceinture pendant les années antkrieures dans l'est, il était le seul, car lorsqu'il parle des Amerindiens de son entourage, il les trouve démunis, vetus pauvrement et sans decoration et il remarque qu'il ne semble pas y avoir de hiérarchie dans les tribus, ni artifices pour les dif ferenciergs. C'est au cours des &changes quron introduisit des modes qui se repandirent assez vite. Les livres de compte de la Compagnie de la Baie d'hudson permettent de démontrer ce fait par le releve de quelques inventaires denombrant les quantites de ceintures offertes A des postes assez eloignbs au nord-ouest de la baie, il y en a 1 800, de toutes sortes. Les ceintures de Montréal de 1822 et de 1824 ont et6 exclues car elles sont probablement celles qui furent distribuées dans les divers postes mentionnés au tableau X. Cette liste pourrait sr étendre davantage, les quantités variant plus ou moins, mais assez nombrreuses. Mais nous avons la de bonnes preuves de l'envergure que prend le port des ceintures de tous genres et dans des postes situés dans tous les coins du pays, par le personnel en place et par les diffkrentes tribus enviromantes. Les ceintures srimplantent graduellement dans une vaste partie de lramérique du Nord.

218 TABLEAU X Liste des ceintures Lac La Rouge Through elder the Boiteux 3 sons Belt broad French 2 inchesg6 Abitibi Belts broad worsted 50 Belts narrow 19' Oxford House d ~ ~ o t Belts no 259* - York Factory Belts no 18 Belts no 53 Belts no 75'' Slave Lake Belts no 2 Belts no Belts fine worsted 2 Belts common worsted 1 Belts crimson worsted l'o1 white Fish Lake Belt common worsted 4 Belt scarlet 21 2 Belt no 2 Belt no 1 Belt N.W. scarlet 4 Belt colored 13 Belt colored 21 3 Belt fine worsted 3 Belt common worstedz0' Belts worsted common 4 Belts broad worsted 9''' Belts common worsted 41 6 Lac Seul Belts narrow worsted

219 TABLEAU X (suite) 1850 Moose Factory (merchandise received) Belts narrow colored worsted 70 Belts narrow scarlet worsted 10 Belts narrow scarlet worsted 501as 1851 Belts colored worsted 2 inches 30 Belts scarlet worsted 6 inches 4 Belts scarlet worsted 4 inches 17 Belts scarlet worsted 2 inches 14' 1852 Belts colored worsted 2 inches 40 Belts scarlet worsted 6 inches 12 Belts scatlet worsted 4 inches 30 Belts scarlet worsted 2 inches 50''' 1863 Belts broad Lassomption (sic) lfl 3.6 Au-dela des montaanes Rocheuses iusaur& lroc&an Pacifique Quittant le territoire de la baie d'hudson, ce sont maintenant les voies empruntées par différents explorateurs des côtes du Pacifique que nous emprunterons. Quelques-uns vinrent par la mer, d'autres par les voies fluviales, mais tous étaient habités par le désir de trouver soit de l'or ou des fourrures h echanger avec la Chine pour du thé et autres marchandises, soit simplement pour les revendre en Angleterre. Par lf ocean vint le capitaine Vancouver en 1778, plus tard ce fut le capitaine Cook qui, ayant fait partie de l'équipage du capitaine Vancouver, reprit cette route son tour. C'est a Nootka, sur 1' f le Vancoziver quf il aborda. Un tableau, réalisé b la suite de ce voyage, montre des femmes qui tissent, sur des &tiers horizontaux, des couvertures de fibres battues, et du poil d'une espéce de petit chien blanc &lev& specialement dans ce but. Cependant ces couvertures sont destinees aux chefs des tribus et

220 non d'usage quotidien. Cette oeuvre a permis de constater que sur la côte ouest de lramerique du Nord on tissait des vetements. Quelques années plus tard, William Sturgis, dans son journal intime, écrivit: Very quickly the Indians recognized the commercial rivalries of the "Boston Menw and "King George's Menw, and were able to turn them to their own ad~antage~l~~. Sturgis travaillait sur le Eliza qui quitta Boston en 1798 pour la c&te du Pacifique. Il nous donne occasionnellement des descriptions et il mentionne les marchandises qui plaisaient aux Amerindiens. Pour obtenir les plus elles peaux de loutre de mer, ils devaient équiper leur vaisseau de "blue cloth and to a lesser extent the more highly prized red clothv. Sur leur façon de se vêtir il rapporte : Wver their shoulders they wore a cloth of their manufacture about a fathom square made out of the wool of their rnountain sheep: round the edges they work in Sea Otter fur, and on the whole it rnakes a very handsome appearanceu3*. Cette chape rappelle celles mentionnées par le capitaine Cook en 1776, et illustrées dans le tableau dont on a parle plus haut, cependant rien des écrits de Sturgis ne parle de ceintures. Plusieurs navires venaient dr Angleterre et des etats-unis dans le cadre du commerce avec les Amerindiens. Cependant les échanges se bornaient au tissu autant que possible rouge et aux couvertures assez épaisses; on ne mentionne pas de laine worsted ni de ceintures pouvant se rapprocher de la ceinture flechee. Des bateaux venaient sur les cetes, mais des expéditions circulaient aussi de lr interieur vers les cotes. Si au depart leurs plans n'&aient pas bien definis, ils finirent par aboutir chez les memes tribus. Alexander Mackenzie en 1789, B lf age de 25 ans, descendit h partir du fort Chipewan avec ses bruyants compagnons de la Compaonie du Nord-Ouest, six Canadiens et deux c;uides amerindiens. Ils rencontrerent les Carriers mais il ne donna aucune description de leurs vétements. Bella Coola, Nass

221 et Skeena, Mackenzie se rendit compte que les Indiens vivant le long des côtes avaient eu des contacts avec les Espagnols et les Russes, car ils avaient, dit-il, des lances et des bricoles decrit de façon generale leurs habits rudimentaires faits de peaux de betes, ce qui ne diffère en rien des tribus des territoires précédents. Lr entreprenant expéditeur Simon Fraser, en 1805, voyagea vers l'ouest dans le but de prolonger la route des fourrures. Il note de façon assez intéressante que: mthe sight of the white men caused wild excitement among the natives whose grapevine system of communication soon spread the ne~s~~'". Lorsquril rencontra la nation Atnah il décrivit briévement les hommes: "The men of this tribe are of diminutive, active appearance: they dress in skins, prepared in the hair; their weapons are bows and arrows, neatly f inishedllcn. Il ne mentionne pas ou ne voit pas de vetements de laine. Une deuxiérne expédition, en 1808, lui permit d' ouvrir une nouvelle voie, celle de la Columbia dont il ne vit pas lf aboutissement à lfoc6an Pacifique. Cependant ce sera sur la rive de ce fleuve que s'installera un poste de traite de fourrure, dirige en 1821 par Joseph Rainville (Renville) fils d'un traitant français et drune mere indienne, une Sioux du Dakota. Quelques a ~kes plus tard, ce sera James Douglas qui prendra charge de ce poste. Lorsque sera tirée la ligne du 49. parallèle, obligeant céder ce territoire aux etats-unis, au jourdf hui 1' Oregon, Douglas sg installera sur l'ile Victoria. 11 sr etait engage comme voyageur au service de la Compagnie du Nord-Ouest B Lachine et rejoignit la brigade de Fort William (fort situ6 sur la rive ouest du lac Supkrieur et lieu de départ pour la traite l'ouest des Grands Lacs auparavant appel6 Grand-Portage). On dit qu'il s'embarqua dans un fragile canot dg&corce manipule par un dur et infatigable voyageur canadien-français portant sa gaie chemise colorée et son sash. Marié à une Indienne, il écrivit un essai sur les Indiens

222 nord-am&ricains. 11 devint le premier gouverneur de la Colombie- Britannique. Il possédait une belle ceinture fléchee qui est exposée au musée provincialdevictoria, B.C. Elle futtisske au temps des teintures non chimiques; 1' inf omation suivante 1' accompagne : «The sash, which was the colourful trademark of the North West Company Voyageur, became popular with the Indians, In the exhibit is sne arrow sash reputed to have been owned by James Douglas when he was Chief Factor of Fort Victoria. Symbolic of the fur trade beads, a specialty manufactured near Venice used by traders of al1 nationisl".» Cette note est la plus exacte de tous les musées visites tant en Angleterre et aux États-unis, qu'en France et au Canada, même à Montréal, Ottawa ou Toronto, Car la plupart du temps on lit: "ceinture des Amérindiens des Plaines". On confondpeut-etre les ceintures acquises par la traite avec les Blancs et le fait qu'on a enseigné un jour aux Amérindiennes A tisser de telles ceintures. Selon cette &ference du mus6e Victoria, les arrow sashes etaient consid6rées comme la marque des voyageurs de la Compagnie du Nord-Ouest, a ltexclusion de la Compagnie de la Baie d'hudson, elles seraient devenues populaires auprès des Indiens et James Douglas en possédait une quand il etait "Chier Factorw au fort Victoria. Il aurait donc eu une grande influence sur l'inttoduction de la ceinture fl6chée en Colombie-Britannique, OP il se trouvait dés On ne peut d'ailleurs ignorer le fait que Douglas s'est engagé en 1819, et qu'il a probablement acquis sa ceinture en m?me temps.

223 George Simpson, qui fut gouverneur de la Compagnie de la Baie d'hudson pendant 40 ans, de 1820 à 1860, et qui visita tous les postes de traite, rapporte le fait suivant gui se passait au moment oa une brigade partait de la baie d'hudson: <<The western end of the journey was prepared for with traditional f lourished. It was the custom for the boatmen or canoe men to put ashore a few miles from an important fort and change to -the gaudy finery of gay shirts, brilliant sashes, ribbons and beaded mocassin^^'^.» Cependant en route pour Fort George, un voyage de 84 jours partir de la baie d'hudson, George Simpson s'assurait, pour ne pas perdre de temps, que les hommes avaient rev?tu leur toilette la veille et continuent h pagayer toute la nuit. Ce sont donc les hommes qui viennent de ce territoire qui apportent leur ceinture colorbe. À la demande de Thomas Jefferson, deux Américains, William Clark et Meriweter Lewis, vont explorer, en 1805, la region de l'oregon pour vérifier les possibilit6s de coloniser cette partie de lfamérique du Nord. Tous leurs déplacements occasionnirent des rencontres avec plusieurs tribus et permirent quelques descriptions de leurs modes vestimentaires que l'on retrouve dans leur correspondance, les rapports officiels et les recits publies concernant leur long périple. Ils remarqubrent que les Amerindiens de cette region n'utilisaient pas beaucoup d8 ornements, mais que toutes les tribus, Clatshop, Killamoks, Chinnokis et Cathlamohn "are very fond of white man clothingm. Et un jour, chez les Mandans, Lewis et Clark rencontrent un "mountain man", c'est-&-dire un Blanc qui a déserté les rangs du commerce des fourrures pour habiter avec sa femme am&rindieme, qui

224 portait une ceintuce de soie moirée ce qui pouvait étre une ceinture de voyageur. Ils rapportent également qu'à lgembouchure de la riviére John Day, ils virent des Indiens portant des couvertures de traite et un, une veste de marin1? Vers la fin de leur voyage, ils s'arrêtèrent pour que les homes puissent refaire des vetements de cuir car la plupart d'entre eux étaient presques nusuo. Inutile dfinsj%er sur le fait que la laine et les lainages, outre ceux acquis des Blancs, etaient inexistants dans cette partie du pays à ce moment. Pierre Jean de Smet, alors qu'il ira en 1845 dans l'ouest américain, et qu'il passa chez les Kants, il note que certains portaient une ceinture de couleurs tranchantes laquelle ils attachaient leur sac A fumer et leur coutelas et qu'ils se drapaient drune couverture de laine autour du corps121. Cette ceinture se retrouve chez les Kants ainsi que les couvertures de laine n6cessairement acquises des Blancs. Il a visité plusieurs postes de la Compagnie de la Baie dr Hudson, cherchant de 1, aide financière; il rencontra beaucoup de Canadiens qu'il trouva vaillants, audacieux et braves, mais il ne mentionne pas leurs ceintures colorees. Quand il passa A Willamette, en 1838, il Ccrit qu'il y avait 26 familles catholiques; il dit: *qu'il arrive que les pauvres n'ont souvent pour tout habillement qu'une chemise et une couverturem. Les disputes entre la Compagnie de la Baie d'hudson et celle du Nord-Ouest, ainsi que le déclin des fourrures causent une diminution de la txaite et permettent peu doacc&s aux vetements europeensu2. En 1843, beaucoup d'américains s' installerent en Oregon, et les territoires devinrent les Etats de Washington, Oregon, Idaho et Montana. Mais une bonne partie de la population était canadienne-française. Les missionnaires Blanchet et Demers desservaient les villes de Cowlitz, Willamette, au sud du fleuve

225 Columbia, Nesqualy, Colville, Walla-Walla, Okanagan, Langley et Oregon ~ity'~~. En 1843, on calculait une population de Canadiens; il y avait 20 etablissements pour la traite des fourrures dont les serviteurs étaient presque tous ~anadiens? Apres le déclin du commerce des fourrures et le tracé du 49* parallele, 70% des Canadiens continuèrent d8habiter ces villes, avec leurs femmes, soit Canadiennes, soit Indiennes. Parmiles traditions et coutumes qu'ils transmirent leurs enfants, la ceinture flechée avait sqrement une place. On ne s'étonne pas de trouver des ceintures tissées aux doigts ou au mktier dans des musées historiques en des endroits tels que Portland (Oregon); Denver (Colorado); Anadarko et Tulsa (Oklahoma); Coeur df Alène (Idaho); Fort Union (Dakota); Mount Desert (Idaho); elles sont la marque de 18époque. En 1858, quatre soeurs de Sainte-Anne se rendirent travailler auprbs des Amérindiens de la cdte du Pacifique, Victoria, New Westminster, Cowichan et Sainte-Marie (Mission City). Elles y enseignèrent la religion mais aussi le tissage et autres travaux manuels. Les documents consult6s ne nous révelent pas si elles avaient apporte avec elles l'art du tissage de la ceinture flechee. Cependant, en voyant dans des tiroirs du musee anthropologique de 1 universit& de la Colombie-Britannique, des ceintures de laine rouge qui cherchaient vraisemblablement à imiter la ceinture flechee, nous est venue la question suivante: auraientelles &te tiss6es par les religieuses? Le conservateur du musee de Saint-Boniface au Manitoba nous racontait que souvent ces religieuses soumettaient leurs travaux manuels, tissage, couture, tricots, à des concours dans des grandes villes des Etats-unis et rapportaient des prix. Le père G. Donckcle rapporte, à propos des soeurs de Sainte-Anne, qu8 elles enseignaient aux élèves des travaux dont plusieurs étaient presentés au nworldfs Fairn B ~hicago~'~~.

226 En terminant ce chapitre, on ne peut éviter de parler des travaux manuels et des pratiques drornements chez les Ambrindiens et chez les Inuit et qui ont été introduits souvent par des Blancs, ce qu'on oublie trop fréquemment. Nous pouvons conclure que la ceinture a pris sa place sur une grande partie de l'am6rique du Nord. Si dans le Bas-Canada, devenu la province de Quebec, la ceinture nrest plus tellement d'actualité, il faut aller voir ce qu'elle est devenue chez certaines tribus amkindiennes ot on a constat6 lr implantation des échanges et du troc entre le Blanc et lfamérindien.

227 NOTES DU CHAPITRF III Jean Cassou, La Dgcouverte du Nouveau-Monde, Le Mdorial du siécle 6tabli par G6rard Walter, Paris, Albin Michel, 1966, p. 140, Mario Mimeault, Relation originale du premier voyage de Jacques Cartier en 1534, Cahiers "Gaspesie culturellen, 1984, p. 86 (note 49). Mario Mimeault, op. cit., p. 76. Jacques Cartier, Relations, Édition Critique par Michel Bideaux, Les Presses de I f université de Montréal, 1986, p. 108, Nicolas Denys, Description géographique et historique, 1672, p. 8. Oeuvres de Champlain. Les voyages de Champlain, livre II, Montreal, fidition du Jour, p. 79. Ibid., p. 94. Rene Baudry, Marc Lescarbot, Montréal, Collection uclassiques canadiens", Pides, 1968, p Oeuvres de Champlain, tome II, chap. XIV, p Ibid. f Gabriel Sagard, Le Grand Voyage au pays des Hurons, Montréal, "Cahiers du Quebec", Hurtubise HMH, 1976, p * -- Ibid., p Ibid., p François-Marc Gagnon, Premiers peintres de la Nouvelle-France, tome II, série "Arts et Métiers", Quebec, 1976, p. 9. Marie de 1' Incarnation, Lettres spi rituelles et historiques d son fils, Dom Claude Martin, en 1681, p Nicolas Denys, loc. cit., p. 8. P&re Pierre Biard, Port-Royal, (1610 h 1614), Montr&al, Fides, p. 73 à 80. J.F. Lafitau, Customs of the Ameqican Indians compared with the customs of primitive Times, p. 30.

228 Pere FOX. Charlevoix, Histoire et description de la Nouvelle- France, journal d'un voyage fait par ordre du roi dans 1 %mérique septentrionale adressé d Madame fa Duchesse de Les diguiers, Paris, tome V, M DCC XLIV. Voyage de Pehr Kalm au Canada en 1749 (traduction annotee du journal de route par J. Rousseau et G- Bethune avec le concours de P. Morisset), ontr réal, Le Cercle du livre de France, 1977, f742, Ibid,, Ibid., f543 et f547. J, C. B., Voyage au Canada fait depuis Iran 1751 jusqu'en 1761, Paris, Aubier, 1978, Voyage de Pehr Kalm au Canada en 1749, f747. Frances Brooke, The History of hilie de Montague, Ottawa, Graphic Publishers Ltd, 1931, p. 37. John Long, Voyages chez les différentes nations sauvages de 1 'Amérique septentrionale, , p. 82. Thomas Anbury, Voyage dans les parties intérieures de 1 'Ametique, Paris, Briand, 1790, p. 60. Mary Allodi, Canadian Watercolours and Drawings in the ROM, livre 2, section Gender, no Mary Aïlodi, Canadian Watercolours and Drawings in the ROM, vol. 2, no 2220, Mary Quayle Innis, Mrs. Simcoe8s Diary, Toronto, MacMillan of Canada, 1965, p, 45. John Lambert, Travels through Cower Canada and the United States of America in the year 1806, 1807 and 1808, London, Richard Philips, 1810, Introduction, p. xviii. Ibid., p. 158, APW, HBC 74 15, , John Duncan, Travels through parts of the USA and Canada, , vol. 1, p Ibid., vol, 1, p Ibid,, vol. 2, p Ibid,, Préface, vol.

229 Alexander Kenry, Travels and Adventures through Canada and Indian Territories, 1760 and 1776, New York, 1809, p. 34. Benort Brouillette, La Penétration du continent americain par les Canadiens-français, p Marius Barbeau, Assomptf on Sash, National Museums of Canada, Facsimile ed. 1972, p. 20, La Hontan, Nouveaux Voyages en Amérique septentrionale, prés. par Jacques Collin, Montréal, Lr Hexagone, Minerve, 1983, p Ferdinand Brock Tupper, Memoirs of Isaac Brock f dly recordsr to which are added the life of Tecumseh and a Memoir of col. Havilland misery, Guernesey, Barbet, 1835, p Ibid., p The Life and Correspondance of Major Isaac Brock, London, England, Sirnpkin Marshall, 1845, p Ibid., p. 5. Récit de la vie de Mrs Jemison, enlevée par les Indiens en 1755 d lg6ge de douze ans racontée à James E. Seaver en 1824 Philadelphie, 1830 James E. Seaver en 1824, (traduction française), ~ubiedetranger, 1978, p. 79. Simone Vincens, Madame Montour et son temps, Montreal, Québec/ Amkique, 1979, p Mrs Simcoe's Diary, Edited by Mary Quayle Innis, Toronto, MacMillan of Canada, 1965, p Ibid,, p APW, HBC F4 1, , p. 5, 20, 45, 103. Artchives du Petit Séminaire de Quebec, Fonds de la Compagnie du Nord-Ouest, livre de compte 0523, lu mai Antoine Champagne, Petite histoire du Voyageur, La Socibte historique de Saint-Boniface, Manitoba, 1971, p. 50. APW, HBC B 105a, , p. 8 doer. APW, HBC B losa, , p. 115.

230 Peter Newman, La Baie dfhudson, la compagnie des aventuriers, Montreal, editions de LrRomme, 1985, p. 77. "Chroniques des soeurs Grises, Journal de Soeur Valade", Saint-Bonif ace, Manitoba, p, 4. Marius Barbeau, Assomption Sash, National Museums of Canada, Facsimile Edition, 1972, p. 33, APW, HBC A26 8, 1799, p- II. AEW, EZBC A26 9, 2800, p. IL Ibid., P. 15. APW, HBC B 105/d/l, , p. 34. APW, HBC F4 1, , po 45. Fred. Lindegger, Bruder des Roten Manner, P eter Rindisbacher, , Solothurn, Schweiz, Aase Verlag, 1983, p. 75. Chroniques des Soeurs Grises, Maison de Saint-Boniface, Manitoba, Journal de Soeur Valade, p. 92. Idem, Chroniques, 1833, 1837, APW, HBC A26, Indent Books, 1822, p. 15Y. APW, HBC A26 17, , p. 73. Marius Barbeau, Assomption Sash, Facsimile Edition, Musees nationaux du Canada, 1972, p. 33. APW, HBC Reel IM 502. APW, HBC IM 505, September APW, HBC B 105/d/84,

231 John Robson, An Account of Six Years in Hudsonrs Bay from 1733 to and from to , Printed in USA, reprinted 1965 of Londres; J. Payne, 1752, p. 26. Ibid., p. 9. Ibid,, Peter Newman, lac. cit., p. 77. Harold A. Innis, The Fur Trade in Canada, passim. Cité par Craig Brown (sous la direction de), Histoire gént5rale du Canada, Montreal, edition Boreal, (traduction) 1990, p. 39- John Long, Voyages chez différentes nations sauvages de 1 ramérique septentrionale, , p. 73. Keith Crove, Histoire des Autochtones du nord canadien, p Ibid., p Peter Newman, OP. cit., p. 77. Ibid., Ibid., p. 109, Jean-Baptiste Perreault, indian Life in the North W est Regions in 1783, p Peter Newman, OP. cit., p Peter Newman, OP. cit., p. 336, Rev. Alban Fruth, O. S. B., A Century of Missionary work among the Red Lake Chippewa Indians, , St-Mary's Mission, Red Lake, Minn,, August P eter Newman, Merchants Princes, Company of Adventurers, vol- III, Toronto, Penguins Books, 1986, p. 29. APW, HBC B 106/d/la. APW, HBC 74 6, 1814.

232 100. APW, HBC B 101/9/ APW, HBC ReeL IM APW, HBC B 105/d1/43, APW, HBC B 10S/d1/43, 1828, 105. APW, HBC B 105/d1/43, 1832, 106. APW, HBC B 105/d1/43, APW, HBC B 107/d/l, , APW, HBC B 195/d/76, APW, HBC B 195/d/76, 1851, 110. APW, HBC B los/d/77, , APW, HBC B 107/d/4, 1863, 112. S. W. Jackman, The Journal of William Sturgis, Victoria, B.C., Sono Nis Press, 1978, p Ibid., p. 56, 68, 114, 116, 114. Sir Alexander Mackenzie, A General History of the Fur Trade from Canada to the North West, London, 1802, 2 of 2, p. 27. Ibid., 116. Ibid., p Feuillet du musee Victoria, B.C Sir Alexander Mackenzie, loc. cit., p John Logan Allen, Lewis and Clark and the Image of the American North West, New York, Dover Publications Inc., 1975, p Ibid., 121. Pierre Jean de Smet, Voyages aux montagnes rocheuses, recueil de lettres a ses confrères de Saint-Louis du Missouri, publie en anglais Philadelphie, Penn. et Bruxelle, 1873, p Ibid., p. 25.

233 123. Ibid., p. 15, 124. Ibid., p Archives de la Societé historique de Saint-Boniface, maison provinciale Saint-Bonif ace, correspondance, doc. 30, vol. 1, p Note 1: (traduction libre), "Ce comte de Feber dans lequel la famille de Peter s'installa en 1827, était la terre df origine des Winnebagos, et des Sauk et Fox. CrCcait au temps oh les Wimebagos se battaient contre l'envahissement de leurs terres par les Blancs et que les Sauk et Fox sous la direction de leur chef Black Hawk se rendaient les guerroyerw.

234 LA CEINTURE FL*C&E: SYMBOLE D'UN STATUT SOCIAL 4.1 Le concept de fonction svmbolisue La ceinture fl&chde, comme l'a démontré le chapitre prkcédent, a été introduite chez diverses tribus amerindiennes. De nombreuses commandes inscrites aux livres de comptes des compagnies de fourrures sont bien precises sur ce point. Dans neuf postes importants de traite de fourrure installks lf ouest et au nordouest des Grands Lacs, entre les annees 1807 et 1852, on trouve la mention de 607 ceintures de diverses appellations. Si on considère que ces postes sont situés à de grandes distances de Montrbal, cela xepresente des acquisitions considérables par les Amérindiens. Un répertoire d&taill& de ces commandes est donné au tableau V, au chapitre II. Dans ces marchés, on a relevé le nom de 43 Autochtones, ou "natives1' ou Métis, et dans trois cas, cf est avec une tribu que les transactions sr ef fectuaient (voir tableau IV, chapitre II). Ces ceintures, qui étaient bien utiles aux Blancs dans un pays de froidure, ne furent pas nécessairement empruntees par les Autochtones pour les mêmes raisons, puisque leur habitude de se vêtir de peaux de bêtes sr avérait plus efficace. 11 y avait donc une autre raison qui motivait ces transactions; des costumes de chef, des habits, des rubans et des ceintures de laine devenaient objets témoins df un statut social* nouveau qui sr installait lentement, pour finalement devenir symbole dfun statut social: celui d'être égal h l'homme blanc qui leur offrait ces objets. Au cours des &changes et des transactions commerciales ou amicales, la ceinture a acquis une valeur symbolique de statut social puis dfidentit& chez certaines tribus amérindiennes.

235 Les statuts spéciaux sont genéralement ou habituellement visibles grace a des signes extkieurs identitaires appelks symboles, Le symbole, "signe de reconnaissancen, vient du grec sumbolon qui signifie marque, signe. "A symbol, [is] a communication element intended to simply represent or stand for a complex of person, object, group or ideal". Crest ce r&le que la ceinture flechée ou dite flechée jouera auprès de certains groupes dr autochtones. "The connection between the symbol and the thing signified [.,. 1 is not a natural one; it is established by human tradition or invention [ C'est le cas de la ceinture adoptée par les Amérindiens, assimilée aux attitudes et aux paroles de l'homme blanc. Selon le philosophe britannique Alfred North Whitehead: «The symbol has been defined as my device with which an abstraction can be made. Although far from being a precise construction, it leads in a profitable direction. The abstraction of the values that people imbue in other people and in things they own and use lie at the heart of symbolism [... ]. Upon examination each symbol system reflects a specific cultural logic and every symbol functions to communicate information between rnembers of the culture in much the same way as, but in a more subtle manner than, conventional language3. >> Ces définitions conviennent bien à la signification du fait d'adopter un article de vêtement par des membres df une tribu, geste qui les place aussi en situation particulière devant les autres tribus. Dans son introduction de On symbols in anthropology essays in honor of Harry Hoijer, Jacques Maquet resume la pensée de différents chercheurs face au symbole; retenons celle-ci:

236 defining wsymbol" as an arbitrary sign is characteristic of the logical approach to semiotics. In the tradition of the humanities there is, on the contlrary, a natural relationship between the symbolic signifier and what it signifies, as Lalande described it in the collective dictionary by the "Société française de Philosophien4.» Le symbole est donc un objet matériel qui remplace une abstraction; il se crée par "code conventionnelw non fixé ou inscrit dans un livre, mais qui se développe au gré des parties impliquées. Dans son essai sur les emblemes d'identité, Singer dit: «in many studies on symbolism little attention is paid to the human subjects associated to a symbolic system: those who establish the relationship of symbolic signification between a sign and its object, and those who see the symbols and understand what they stand for [.J Indeed the connection between symbol and object exists only in the minds of those who belong to a social group [ For social classes and other subdivisions of a society, symbols have a powerful function of identif ication5,» Si le symbole est un signe qui représente quelque chose, il peut être arbitrairement choisi, mais il suggère une idee, une appartenance. C0 est même A partir d8 objets df usage courant que les symboles peuvent prendre forme; lorsqufils sont convoites et possed& par d'autres, ils prennent une signification differente. Ainsi le marteau et la faucille, outils dfouvriers et d'agriculteurs, qui apparaissent sur un drapeau ou une affiche, parce qu* ils sont le symbole des travailleurs, en sont-ils venus signifier l'appartenance une idéologie communiste et non plus 1' appartenance un regroupement d' ouvriers ou df agriculteurs. Dans la symbolique, les objets comme les choses dépassent leurs valeurs

237 usuelles et prennent un sens second dicté par toutes sortes de considérations. Prenons aussi le cas de la dentelle qui, b la fin du XVZ' siècle, devint un vkritable %tatus symbop6. Si ce sont les couvents, les orphelinats et autres 6tablissements sp6cialisés qui fournissaient la main-dfoeuvre à bon marché. les dentelles délicates &aient destinees aux femmes mais surtout aux hommes qui en faisaient grand usage: cois, manchettes, jabots, mouchoixs, revers de botte, armures d'acier bruni, surplis, aubes et rochets de prélats [... ]. Mieux que les bijoux, la dentelle devint signe d'un véritable statut social, car seuls les riches et les notables pouvaient se les offrir. Ceux qui les confectiomaient ne les portaient pas. Aujourd'hui, la dentelle nfest plus un symbole de statut social, elle est accessible à tous, elle est manufacturbe sur une base industrielle, sauf les pieces confectionn6es par des dentellieres formées à 1'Ecoie nationale de dentelle de France. Mais, comme la ceinture fléchke authentique, elle coqte si cher qu'on se contente des imitations a meilleur prix. Un autre exemple de piéce textile qui marque le statut social mérite notre attention. 11 sragit du "kente*, bande tissée qui est l'orgueil des Africains. On le porte B lf epaule ou encore en habit fait de plusieurs bandes cousues ensemble, ou encore on les accroche sur le mur comme une tapisserie; les dessins de ces kentes ont une signification particulière. Comme ils sont tissds à la main, sur un métier rudimentaire (voir illustration 28) et demandent plusieurs heures de travail pour les confectionner, ils sont devenus rares à cause d'une pénurie de main-d'oeuvre, et les prix en sont devenus exorbitants; on a donc recours aux kentes imprimés pour compenser. Comme le note Jon Thomson dans le National Geographic Magazine, le kente est un symbole de richesse.

238

239 To pay our respect, we passed through big wooden doors into a larger courtyard draped with f abric in style of "Kent&' cloth. A patchwork material prized for its intricate patterns and often associzted uith wealth and status, kente cloth has become a worlwide symbol of African pride. But genuine kent would be too costly to buy in such quantities, so inexpensive printed cotton adorned the walls'. Une photo, prise h l*occasion du décès d'une personne importante, est accompagnee de la lkgende suivante: "A finely woven cotton kent cloth, syrnbol of family status, covers the feet of the late Nii Sackey Quarcoopome, an Accra taxi driveru (voir illustration 29). Nous pouvons faire un parallele avec la ceinture fléchée authentique aux doigts dont la confection devient de plus en plus rare et dispendieuse et qui, de ce fait, est remplacée par une pièce meilleur marche tout en conservant sa valeur symbolique originelle. Si la ceinture flechee ne joue pas son r61e de symbole jusque dans la tombe, on prend soin, après la mort de certains personnages, dfexposer, parmi d'autres objets, leur ceinture soit dans un musée, soit dans le patrimoine matériel de ses descendants. C'est ce que j'ai pu constater au Manitoba, On voit la ceinture de Jean-Baptiste Lagimoniére dont j ai parle au chapitre precedent, au musée historique de Saint-Boniface; on y voit aussi celle de Mgr Fleury Deschambault de la riviére Rouge, dfelzéar Goulet, partisan de Riel, qui s'est noyé en fuyant ses attaquants, celles de Sir George Simpson qui a dirig6 les destinees de la Compagnie de la Baie df Hudson de , celle de Lord Strathcona, aussi actif dans la même compagnie et initiateur de la ligne de chemin de fer Canadien Pacifique, celle de James Douglas, premier gouverneur de la Colombie-Britannique. Dr autres, dont celle de Louis Riel, et celle de Louis Schmidt, sont conservées précieusement par leurs descendants.

240 Illustration 29

241 11 y eut, bien avant lr introduction et 1' adoption de la ceinture flkchée par les Amérindiens, des Bchanges d* ob jets, de vêtements qui devenaient symboles d'amitié sinon dracceptation de l'autre. Cela se fit dès les premiers contacts des Européens avec les Autochtones, Lorsque des hommes blancs pénbttaient dans des territoires ail plusieurs années auparavant quelques-uns des leurs avaient passé, les Autochtones exposaient ces objets ou encore portaient les vetements reçus en cadeau. Crest ainsi que lorsque le &re Marquette et ses compagnons arrivérent, le 7 juin 1672, sur les rives drune rivière, comme Parkman le rapporte, a[...] they reached the Mascoutins and Miamis, who since the visit of Dablon and Allouez (1670) has been joined by the Kickapoos [.., ] he was still more delighted when he saw a cross planted in the midst of the place [... ] they made of fering to the Great Manitou of the French ] a sight by which Marquette says he was extremely consoled8.» Une situation semblable se déroulera plus tard, quand Marquette et Joliet arriveront un village indien des Illinois: "They were much relieved on seeing that they wore French cloth, whence he judged that they must be friends and alliesgn. Ce meme sentiment de satisfaction sera manifeste par Marquette et son compagnon h un autre moment, lors drune rencontre avec des Osages: «[,,.] hasten to display the calumet which the Illinois had given him by way of passport; and the Indians recognizing the pacif ic symbol [... J they were in communication with Europeans [... ] they wore garments of clothlo.» Ces gestes se sont r6pétbs h plusieurs reprises, ils signalent bien lf importance du sens que prennent certains vêtements chez 1' autre. Dans le même ordre d* idée, François-Victor Malhiot,

242 au service de la Compagnie du Nord-Ouest, fera allusion cette coutume d'échange - Blancs et Autochtones -, en faisant remarquer aussi la fonction symbolique de ces objets, 11 se procure des médailles, des pavillons aux initiales de la Nord-Ouest et surtout quelques unif ormes brodés, dores, chamarr&s, avec des boutons, des galons, des épaulettes et des brandebourgs, que les chefs indiens aiment porter en signe de leur autorité. Il remet alors au chef Outarde un de ces costumes et lui dit: '%'habit que je viens de mettre sur toi est envoyé du Grûnd Traiteur: c'est par cet habillement quf il sait distinguer les plus considerés d8 une nation1lw, Ces paroles viennent confirmer la place de distinction que ce costume conferait aux chefs, créant ainsi un symbole dr autorite et de respect, comme nous le montre aussi cet extrait du journal de John McKay de la Compagnie de la Baie d'hudson, en 1794: «[To] give in presents to your indians with a pattern coat osnamented Samuel Glarvey w ill make the other after it. I: have sent you a fashionable blue coat, be sure you Wear it at al1 times you see Indians depends upon it. 1 w ish you al1 manners of SUCC~SS~~. The Chief of Lac du Bois you will cloth in the same manner as you have seen me cloth the Grand Chief last spring and use him in every other respect the same. 1 w ill make his coat and sent it down by the first opportunity (... ] he received the coat for May and it should put him on a level with the Chief of Lac du ~oisl~. >> Le costume, CL cette date, ne comprend pas encore la ceinture fléchée. Cela s'est pass6 quelques annees avant la rencontre de Charles Boyer de la Compagnie du Nord-Ouest avec John McKay en charge d'un poste de la Compagnie de la Baie d'hudson. Boyer portait une ceinture de worsted coloré; cela inspira h McKay l'idée

243 d'envoyer a "home' cette ceinture, pour voir ce qu'on pourrait faire, vu que cette ceinture paraissait interesser grandement les Amérindiens. 11 faut stirement comprendre ici "homen comme étant Londres où siegeait la direction de la Compagnie de la Baie drhudson. Ce qu'il faut surtout retenir c'est irimportance de mettre, par ce costume, les diffkents chefs sur un pied dr&galit&, donc un symbole de statut respecte par les autres- Un evenement qui a ét& très peu m6diatise nous fournit une autre occasion de réflexion sur le principe qui veut qurun article vestimentaire, de la vie quotidienne chez certains, devienne objet de symbole de prestige ou dt identit6 chez d'autres. En 1987, Mair, professeur de chinois a lruniversit& de Pennsylvanie, accompagnant un groupe au mus&@ de la ville chinoise de Urümqi, dans la province de Xin jinag, aperçoit dans une piéce sombre, des corps momifiés qui seraient âgés de ans, selon les experts chinois. Ces corps ne sont pas d'origine chinoise mais caucasienne ou eusop6enne. Ils sont bien conservés, ainsi que leurs vêtements: 100 corps ont &té déterres depuis Des scientifiques poursuivent des expériences sur ces corps mais se questionnent aussi sur les vetements, ainsi peut-on lire : «Wang and his colleagues have found some strange, if not aristocratie, objects in the course of their investigations in Xin jinag. At a site neat athe town of Subashi, 310 miles West of Qizilchoqo, that dates to about the fifth century B. C., they unearthed a woman wearing a two-foot long block felt peaked hat with a flat brim. Though modern Westerners may find it tempting to identify the hat as the headgear of a witch, there is evidence that pointed hats were widely worn by both women and men in some central Asian tribes, For instance, around 520 B.C., the

244 Persian king Darius recorded a victory over the "Sakas of the pointed hatswr also, in 1970 in Kazakhstan, just over Chinars western border, the grave of a man from around the same period yielded a two-foot-tall conical hat studded with magnif icent gold-leaf decorations, The Subashi womanr s formidable headgear, then might be an ethnic badge or a symbol of prestige and influence1'.» (voir illustration 30) Ce chapeau conique de feutre d'une hauteur de deux pieds, quraujourdrhui on associe aux sorciéres, était port6 par les "Sakas" en lf an 520 avant J.-C., et il etait d'usage quotidien. Chez les "Subashi", il était décoré de feuilles de dorure et devenu symbole de prestige et de pouvoir. Comme le démontre ce cas qui nous fait remonter bien loin dans letemps, les pratiques chez les humains restent les mêmes. Certains leur donneront un sens positif, ils seront flattes de recevoir des accessoires, des décorations, des costumes. Ils s'en serviront de façon officielle chaque fois qu'ils feront des affaires - contrats ou ententes - ou assisteront 8 des rencontres. On inclura même une ceinture fl6chée dans le costume dont on revêtesa les Amérindiens qu'on amhera en Angleterre et en France pour la promotion de livres ecrits sur leurs moeurs. Drautres, au contraire, verront dans l'adoption de ces vetements une trahison de leur propre identite, une soumission 8 1' autre, une demission de leur propre culture, et au cours des ans, les symboles peuvent se modifier et disparastre suite EL des transformations intellectuelles, sociales et économiques.

245 Illustration 30 Rep-ucticn d'une &'un chsixju c-dque de EO m., 6-1 =tic12 ie f?etl15ha::, p!m>;~.$ai= Se,Ï f fsp >pde~rj, "fi zzle cf c;-zt c:b~.~ie=, *At xe Z,0c&7sai.cld sÿasian= Zcc.in; in Xin~ime?'' i;isc~ves 4 -L. Qcil ls%, 2Siü York, 2.i~

246 La révision des territoires étudies pour retracer l'absence de la ceinture chez les autochtones et son introduction aupres dr eux, donnera 1' occasion de reperer des exemples d' adoption de la ceinture comme symbole prestigieux, positif ou comme symbole nkgatif. 11 semble pertinent de tenir compte egalement de la rkputation que cette ceinture a conservée aupres des descendants des Quebecois cir aujourdr hui. Elle nt -2 pas toujours une connotation positive aux yeux de tous. Quelques evenements en t6moigneront. Cependant, les aspects positifs seront aussi rapportes. Dans Testament de mon enfance, Robert de Roquebrune, dont un cousin de son arriése-grand-père, And& de Roquebrune, avait et& le héros de multiples aventures chez les Sioux, les Crees et autres tribus indiennes de l'ouest, remémore ses jeunes annees dans le manoir familial1" Fouillant dans le grenier, il s'emparait, au d6sespoir de la famille, des catalognes et des ceintures flechees pour les utiliser comme "d6cor de premier ordren pour ses jeux df enfant. Les ceintures etaient pendues B des clous fichés dans le bois, leur couleur rouge donnait au vaste grenier un aspect de tente indienne et leurs longues franges semblaient des chevelures, le produit d'un scalp [...]. La ceinture flechée, ses yeux, reprksentait tous ces heros du Nord-Ouest, et il lui suffisait de prendre dans ses mains ces longs serpents de laine coloree pour faire revivre les recits de son p&e. Il se faisait des tentes de catalognes, drapées de ceintures flech&es, son frere et lui étaient La Verendrye découvrant les montagnes Rocheuses, McTavish faisant la traite dans un poste, ou encore André de Roquebrune h la tete du r4giment16 [... ]. Pour ces enfants du début du XXm siecle, bien renseignes par leur famille sur l'histoire, la ceinture s'imprégnait drune réputation de symbole de vaillance.

247 Occasionnellement, on offrait une ceinture des visiteurs de marque. Une page du livre de Marius Barbeau, Ca Ceinture fléch6en, reproduit une photo de 1, actrice Madeleine Ozeray A qui on a offert une jolie ceinture fléchbe en 1940 (voir illustration 31). Une coutume existait alors de remettre certaines occasions une ceinture au moment d'une visite officielle de personnages politiques srétant distingues par une realisation dans certains domaines scientifiques ou par un acte de bravoure. Une visite au musée de lrh&tel de ville de Versailles, en 1972, m'a permis d'admirer une ceinture flechée conservée sous verre, qui, selon 1' information ~om&, fut remise au moment de la signature du traité de Versailles en Lorsque Antonine Maillet reçut le prix Goncourt en 1980, lfoccasion d'une rbception donde par le doyen de la Faculté des lettres de 1 Université Laval, pour souligner son merite, on lui remit une ceinture fléchée dite de l'assomption, Toujours dans une note positive, il faut signaler la presence d'une ceinture flechee authentique pottee fierement par le Bonhomme Carnaval, Québec, chaque année, au mois de février, comme symbole d'identité h la société qu6bécoise. Si on spécifie que la ceinture du Bonhomme est authentique, c'est qu'autrefois sa ceinture était une simili-ceinture fléchée; les artisanes de ceintures fléchées de la section de la ville de Québec la considéraient comme un mauvais instrument de promotion pour un article aussi important du patrimoine queb6cois. Elles d&cid&rent donc que le Bonhomme, &tant une sorte dfambassadeur du Québec, se devait de porter une ceinture authentique, crest-&-dire tissee aux doigts comme le faisaient nos aïeules au 18. si&cle. Plusieurs gais lurons quf il entratne dans son sillage, portent aussi des ceintures pas toujours authentiques, mais peu importe puisqu* ils sont conscients, au moins que la ceinture authentique ou non, est quand même un symbole des Canadiens français ou des Québécois. Bien souvent, les ceintures portées au carnaval ont ét6 tissées au Japon, elles sont bon marche et donc pius accessibles. Comme on

248 Illustration 31

249 190 l'a on a recours à des kentes imprimés qui jouent le r61e traditionnel de symbole. Le phhomène se reproduit pour la ceinture fléchke et si on étend notre observation on d6couvre quron fait de meme pour les tapis navajo, que peu de femmes savent ou veulent tisser, on a alors recours au tissu imprh& avec dessins traditionnels- mentionné pour le kente africain qui n'est presque plus tisse, Si notre ceinture semblait tomber dans l'oubli, sa valeur patrimoniale n'avait pas &happe 8 une octogénaire de Saint- Ambroise-de-Kildare, madame Robert. Elle dbcida, en 1967, annee du centenaire de la Conf&d&ation, d'offrir un cadeau au Québec, cadeau d'une technique dont elle possedait les secrets depuis ses jeunes années, donc dès le début du XX' siecle. Elle disait qu'elle voulait laisser cet héritage avant sa mort. Cela declencha un mouvement qui mena à la crbation de cours, à la rencontre de personnes exerçant encore l'art de ce tissage dans divers coins du Québec et éventuellement, à la fondation d'une association d'artisans et d'artisanes du fléché par Lucien Desmarais en 1972, à quelques publications d'ouvrages sur la technique par des artisanes et par le directeur de la Centrale d'artisanat, Cyril Simard en Tout cela fut un second souffle a l'instauration de cours h l'école des arts et mbtiers par Jean-Marie Gauvreau en 1939 et au ministère de l'agriculture à Québec par Germaine Galerneau. Par une action plus concrète, quelques personnes se risquent porter la ceinture fléch6e comme kharpe, sans pour autant qu'une mode permanente s'installe permettant de la mettre en valeur. Mentionnons qu'en 1924, Joséphine Gkrin-La joie, femme de 1' écrivain Antoine Gkin-La joie, portait une ceinture f léchee au cou (voir illustration 32) le. Dans la meme veine, Française Gaudet- Smet, lors d'un voyage en Suède et en Norvége portait lrembarquement h New York un chapeau garni d'un tissage a chevrons1gw (voir

250 Illustration 32

251 illustration 32). Elle remarquera que, en Scandinavie les chevrons figuraient sur certaines pièces du vetement. De jeunes créateurs qu&bécois ont presenté. des tenues vestimentaires inspirées par la ceinture fléchée et les ont présentées au dixième concours international des Jeunes cr6ateurs de mode A Paris, en s se sont classes au quatrième rang'*. Quelques troupes de danses folkloriques la portent dans leurs spectacles et certains Ont même appris A la confectiomer eux-mhes. Ce qui permet de faire connaitre dans divers pays une tradition qui n'est guere vigoureuse ici, Certaines villes du Quebec, entre autres Granby, Chicoutimi, Lachute, ont cr64 une ceinture identifiant leur rbgion respective, elle est portée aux manifestations populaires. La région de Lanaudigre, qui a pris la direction de l'association fondée A Montréal en 1972, et où s'était concentree la production des ceintures au milieu du XIP siecle, continue la tradition. Le Chateau Ramezay offre des cours d'initiation au tissage de la ceinture aux jeunes filles et garçons qui visitent le musée21. Ces cours, tout en enseignant la &thode du tissage, aident 8 cultiver chez ces jeunes de l'admiration pour cette tradition. FidUement depuis trente ans, un groupe se rend à Saint-Charles sur le Richelieu honorer les Patriotes, plusieurs d'entre eux portent la ceinture flechbe en mhoite de ceux qui au nom de leurs ancetres l'avaient incluse dans leur costume22. Il y a quelques annees, en septembre 1974, j8 ai &té invitée par la faculté df bducation de lfuniversit6 McGill, à donner une causerie sur la ceinture fléchée, technique et histoire, un groupe d'enseignantes et d'enseignants qui faisaient un stage de perfectionnement en pkdagogie. Ce groupe avait visité l'exposition de nflechém b la Maison des arts du Mont- Royal et y avait dbcouvert cet objet du patrimoine qu6bkois. Au congrès annuel des juifs du monde entier, la cornmunauté juive du Quebec a invitd le groupe folklorique La Bottine souriante à psesenter un spectacle; on lit dans Le Devoir: "C'est au son du groupe folklorique la Bottine souriante et vetus de ceintures flechees que les juifs de.montrka1-accueillent cette a

252 semaine les juifs de la diaspora qui convergent vers la rn6trop~le~~". Les hatesses avaient orné leur costume de la ceinture fléchée. Ce geste se voulait un signe de respect pour leur pays dr adoption. Si certains ont du respect pour la ceinture- d'autres ont un sentiment tout h fait opposé. Elle est pour eux symbole d'un temps à jamais revolu, de k6tainerie. Dans la foulbe des années soixante, de la Révolution tranquille, alors qu'on cherchait 8 se débarrasser de tout ce qui rappelait le passé, le rapport de la Commission royale dr enquête sur lg enseignement suggéra lr abolition des écoles ménagères. Ces écoles pourtant transmettaient des connaissances techniques traditionnelles qui sgen sont trouvées dévalorisées et vouées h l'oubli, Dans la meme veine négative, il nous paraxt important de mentionner certains commentaires plutet désobligeants faits dans des journaux et sur les ondes radiophoniques concernant des methodes nouvelles de travail, en disant quf ton n'en est quand meme pas aux ceintures fuch4esw. Par exemple, Jacques Strklisky declare: "11 va falloir retirer un peu de sa ceinture flechée B la publicité qu6bécoise, lui donner un wlookn qui corresponde au nouveau consommateur et lui permette dracceder a des criteres plus universels24w. on lit aussi dans un journal df affaires : "Donnez le choix un Québécois entre une ceinture flkchée et un ordinateur et il préférera lrordinateu~5u. Ces commentaires sont loin de tendre 8 rehausser le prestige de la ceinture fl0chbe. Au reste, ils visent a c6té de la cible, Outre les points de vue négatifs qui n'aident pas la survivance de la ceinture fléchée, il faut honnêtement attribuer le déclin de sa popularite d' autres facteurs. Sans doute, le

253 principal, c'est l'absence de d4boucbes commerciaux, le peu d'artisanes capables de la tisser et le peu drintéret chez celles qui le peuvent de consacrer de si nombreuses heures sa fabrication. Même si des marchands acceptent d'en offrir à leurs clients, à leurs yeux ce travail s'&value comme main-d'oeuvre au salaire minimum, ce qui au départ annule les efforts des artisanes. Quelques passionnées, qu'on pourrait compter sur les doigts de la main, en ont fait une ou deux, mais savent que les chances sont petites qu'elles trouvent preneur. On sait que la fabrication demande plusieurs heures et qufune ceinture moyenne mesure 15 cm par 162 cm (mesure moyenne calculée à partir des nombreuses ceintures répertoriées dans divers musées en Angleterre, au Canada, en France et aux Etats-Unis). 11 faut a jouter le coqt de la fibre utilisée, que ce soit la laine pure ou une fibre de synthése, ainsi que la commission du marchand, ce qui nous amène a un prix prohibitif. Le port de la ceinture, méme occasionnellement, est donc loin d'etre acquis. Il est permis de penser que la ceinture ne pourra plus jamais reprendre 1' importance qur elle a eue. D' ailleurs, pour apprécier le patrimoine, entre autres choses la ceinture fléchee, on n'a pas besoin de la porter. En effet, il faut l'accepter. Je souligne que ma recherche m'a permis de constater que la réputation de la ceinture semble avoir occupé une meilleure place chez les étrangers. Combien de nos familles ont jeté des ceintures retrouvées dans des greniers. On ne peut s'attarder sur ce point qui rel8ve plutet des études sociales,

254 4.4.1 Anecdotes et témoimaaes Quelle place la ceinture flechee tient-elle chez les Ambrindiens? Une certaine croyance est repandue selon laquelle la ceinture serait une realisation de leurs ancetses et qu'elle était portée par leurs chefs, comme drailleurs peuvent le laisser entendre certaines toiles des 19' et 20' sibcles. Elle occupait une place de choix dans l'habit df apparat. Un jeune chef am6rindien de Loretteville, desirant fournir de 1' information sur lf origine des ceintures, invita des chercheuses, membres de l'association des artisans de ceinture fléchee, a venir constater que les ceintures venaient de ses ancgtres. Il en conservait avec grand soin et respect quelquesunes dans un coffre-fort. Cependant, lorsquc il prbsenta Ces précieuses reliques ancestrales, quatre ceintures de laine, seulement une etait une ceinture authentique aux doigts, les trois autres sfav6rérent des réalisations de tissage mkcanique, comme celles venues dfangleterse; ces ceintures ne pouvait pas être une réalisation de ses ancetres. Ce jeune chef fut tr&s d&u, car il croyait tenir un symbole du statut de ses anc&tres2'. Le but de la présente recherche n'est pas de determiner l'authenticité des ceintures, mais il faut se rendre 8 If évidence que c'est par l'observation des ceintures qu'on peut remettre en cause des allégations quant h l'origine qui se révélent parfois fausses. 11 est difficile dfavoir h dénoncer des faussetés lorsqufon constate la vh6ration qu'ont certaines personnes pour ces ceintures vénerées corne des reliques! une autre occasion, c'est une ceinture téput6e tissée par les ancetres df un chef amérindien de la &serve df Oka qui fut soumise mon expertise: méme conclusion, il s'agissait d'une

255 ceinture fabriquée au métier mécanique en Angleterre et probablement reçue en cadeau de George Simpson, entre les années 1830 et 1860, ce qu'il faisait lorsqu'il équipait ses avironneurs ou au moment de réceptions officielles, comme lors de la visite du prince de G alles, Oeuvres picturales témoins Ces sentiments de respect des Amérindiens pour les ceintures de leurs ancetres sont compréhensibles, C'est ce qu'on verra par l'analyse du tableau Les chefs hurons de Lorette peint en 1838 par Henry Q. Thielke. Les Amerindiens ne sont pas les seuls d réagir ainsi devant cette oeuvre, Combien de visiteurs canadiens ou étrangers, aprés avoir admiré la toile du peintre, quittent le musée convaincus que les ceintures des costumes des chefs hurons de Lorette sont df origine amérindienne. L'observation de ce tableau, dont l'artiste canadien Jeffery a fait une reproduction en croquis2' (voir illustration 331, permet de comprendre ces rbactions qui dt ailleurs seront pareilles devant d'autres tableaux, corne nous le verrons plus loin, Une premihre réaction se manifeste chez les visiteurs qui, devant ce tableau, arrivent hdtivement la conclusion: les chefs ont tous une ceinture dans leur CostUe. Cr était leur costume. Point a la ligne. La deuxieme réaction vient des Amérindiens eux-memes. Leurs ancetres portaient une ceinture, do ailleurs quelques-unes ont &te conservees. Peu df entre eux cherchent plus avant dans le temps pour y trouver une explication. Il est vrai quoils ne possèdent pas d8histoire &crite ou du moins antérieurement la date doexbcution de ce tableau en particulier, soit C'&tait pareil chez les Canadiens qui étaient rarement sujets de l'attention des peintres: qui se decrivaient peu eux-memes, les descriptions sont fournies par des visiteurs &rangers; c'est souvent la qu'on peut puiser la meilleure information. C'est dans ces ecrits que les Amérindiens pourraient egalement puiser des renseignements, chez les etrangers

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257 venus pour les fourrures ou pour le catéchisme, Si on peut douter de certaines choses rapportees à propos de leurs moeurs et croyances spirituelles, que l'on peut taxer d'avoir et6 interprktées par tout un chacun, on peut difficilement mettre en doute des descriptions de vêtements. Revenons au tableau de Thielke- Cette toile de dimensions impressionnantes est exposée bien en évidence au Chateau Ramezay. Elle a 6tb exécutee par Le peintre pour le marchand Symes en 1838, selon l'information dom& par Marguerite Vincent de son nom amérindien Tehariolina. Celle-ci est une descendante dr une famille hurome, dont les ancêtres furent chefs de tribu. Elle fit pendant 30 ans des recherches sur son peuple pour en écrire 1' histoire: ele premier chef honoraire que mentionne l'histoire fut Robert Symes. Sa réception eut lieu le 21 février 1838, Lrblu reçut le nom de %osabathien qui signifie "il a défendu son paysu; il veut dire aussi upacificateurw, celui qui la tribu a recours pour r6gler ses diffkents, Ce nom lui fut décerne en souvenir des nombreux bienfaits que la Nation reçut de lui et de son aimable épouse, durant les ravages du chol6- ra en 1834 et comme marque de reconnaissance pour les services précieux rendus à son pays en sa qualité de magistrat dans le district de Québec. Il fit faire un portrait des chefs par un peintre anglais Henry D. ~hielke". m Sur la toile, on remarque, au centre, Robert Symes portant le meme costume que les autres chefs- 11 faut porter une attention particuliere aux parties de ce costume, qui sont d'origine canadienne ou britannique, sauf les mocassins, Selon John Duncan, à la suite drune visite à Khanawake en 1818, "les Indiennes étaient les seules à tisser les ceintures que portaient voyageurs et habitants canadiens2'". Nous sommes donc devant une convergence

258 dr opinions difficiles modifier, tant chez les Blancs que chez les Amérindiens, si bien que les arguments si bien fondés soient-ils, n'arrivent pas les ébranler. Il est bien étonnant quron n'aie pas fait de lien avec les év$nements qui se sont déroules durant ces mêmes années, le long du Richelieu et a Saint-Eustache. On dirait qu'une impemeabilité existait entre deux groupes d'allégeances politiques differentes qui ne semblaient pas comaltre les faits qui se deroulaient ailleurs. Pourtant il faut rappeler qu'en ces mhes ann6es, soit 1837 et 1838, de nombreux patriotes réunis sous la houlette d'olivier Chénier avaient decide d'endosser le costume de leurs peres et grand-peres, costume semblable celui des chefs hurons reproduits par les peintres. Ce fait ne peut pas 6tre ignore, ce costume &ait d'origine canadienne et ceci devrait contribuer SL éliminer la faussete d'une attribution amérindienne. Dr autres oeuvres, oa on peut voir des Amkindiens portant fierement leur ceinture fléchbe, demandent aussi d'être revues attentivement : ce sont df abord les lithographies couleur de Chatfield, exécutées en 1825 et intitulees Three Chiefs of the Ruron Indian, residing at La Jeune &orette30 (voir illustration 34) et Nicholas Vincent Isawanhoni, a Huron Chief, Holding a Wampunt ~elt'l (voir illustration 35). Ces deux oeuvres, anterieures à celle de Thielke de quelque treize ans, démontrent que le costume des chefs était déjà constituc et la ceinture fléchee présente et bien évidente. Lfaquarelle de Robert Shore Milnes Bouchette, Quatre ~ urond~ et plus tard, soit en 1858, les huiles sur toile de Cornelius Ksieghof f, ~Vndien~' et Chasseur indien3', ainsi que Sketches of Indians Pointe t6visls par le major gbnéral Sir James Archibald présentent toutes des Amérindiens portant capot d' etof fe et ceinture flech6e. Ajoutons une derniere oeuvre, l'autoportrait de Zacharie Vincent (Telariolin) ex6cut8 en Le chef porte, bien sqr, une ceinture h flhches perlées clairement visible. 11 s'agit ici dtune toile, mais ~ar~ueritb Vincent prbsente dans son

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260 Illustration 35

261 livre sur Tes Hurons plusieurs photos des chefs oo ils portent tous de belles ceintures flcchées; ces chefs recevaient une ceinture qui complétait le costume, ce qui leur donnait un statut social important aux yeux des leurs et des Blancs dont ils se sentaient bgaux. Ce qui peut expliquer que Max Gros-Louis porte lui aussi une ceinture flbchée, repetant le geste de ses ancêtres. Les petits dessins de lf artiste allemand, forestier Québec, envoy6s B son ancien employeur en Baviése, intitulés Studies of seven Indian figures in European dress (se: illustration 19), tbmoignaient d6j8 en 1780 de l'emprunt du costume canadien, capot de laine et ceinture pour le tenir fermé. Cet immigré a permis, grace à son bon sens d'observation, d'offrir un document iconographique pertinent et important. Ces croquis sont malheureusement peu connus, Il faut aussi souligner qu'ils furent exécut6s quelque cinquante ans avant le tableau de Thielke, ils sont donc un jalon valable pour d6pister l'adoption et l~évolution du costume des chefs amérindiens. 11 est donc opportun de revoir certaines descriptions qui permettent de comparer l'&olution du costume de chef offert par les Blancs qui, bien que décrit l'ouest du Bas-Canada, émanait df une tradition instaurée au Bas-Canada. En 1746, un costume de chef offert York Factory, lieu important de troc, comprenait un capot, un pantalon et un chapeau. En 1795, au lac du Bois, situ6 entre le lac Supérieur et le lac Winnipeg, chemin de transit entre les Grands Lacs et ce qui deviendra la colonie de la rivière Rouge, le costume du chef s'est modifié et comprend alors une chemise, un chapeau, une paire de mitasses écarlates, une paire de souliers français avec boucles, de la tassade et du worsted rouge de quatre pouces. (Orr ne dit pas ceinture de worsted mais worsted de quatre pouces, ce qui pouvait servir de ceinture, croyons-nous, h la suite dfobservations de certaines ceintures perlees aux dessins géometriques non réalisables dans une ceinture. flkhée meme perlée, comme on en retrouve certaines dans des musées. ) En 1818, un peu plus a

262 199 lrouest, dans la valme de la riviére Rouge, le costume du chef srest encore transform6, il comprend maintenant le capot marine, les dpaulettes doublees en rouge, la ceinture worsted rouge et la tuque rouge. Cette description correspond bien, sauf pour la tuque rouge, au costume que l'on voit sur la lithographie dredward Chatfield, Three Chiefs of the Huron Indians, Residing at La Jeune Lorette, near Qu&bec, Revenons aux oeuvres où, dès le premier regard, il est frappant de noter la presence d'une ceinture dans le costume, peu importe la tribu laquelle ces chefs appartiennent. Le tableau suivant montre lr évolution du costume dit de chef, costume offert aux chefs depuis longtemps et qui s'apparente celui des tableaux précédents. TABLEAU XI Costume de chef ANNÉE ENDROIT DESCRIPTION 1746 York Factory un capot, une paire de pantalons et un chapeau 1795 Lac du Bois chemise, chapeau, une paire de mitasses df bcarlate, une paire de souliers français & boucle, rassade worsted de 4 pouces Upper Red River capot marine, épaulette doublee rouge, ceinture worsted rouge et tuque rouge 1860 ffalif ax Black broadcloth coat, red bpaulettes, sash Sur l'oeuvre de Chatfield de 1825, deux des trois personnes portent visiblement la ceinture A pointe de flèche. Sur celle de gauche, la ceinture forme sur le devant une volumineuse boucle, et non pas un noeud. Il semble intéressant de signaler que les ceintures canadiennes étaient en genéral nouees sur le coter d' après certains tableaux. La ceinture des seminaristes, selon Duncan était attachée sur le devant. Il nous semble que la boucle

263 200 était difficile à faire, vu la rigidité du tissage, cependant les ceintures d'angleterre, de texture plus molle pouvaient peut-être s'attaches ainsi. On a probablement fait une boucle avec les franges, peut-étre pour les besoins du peintre, car ceci n'est pas pratique ni courant. Si les oeuvres les présentent ainsi, crest quron devait les porter ainsi, cependant il est un des rares A les avoir ainsi repr4sentées. Le conservateur du mus& historique de Saint-Boniface au Manitoba, monsieur Henri Létourneau, agé de 80 ans, lors de ma visite, A l'automne 1978, me raconta que chacun avait sa façon de nouer sa ceinture fléchée; le Canadien, sur le &té gauche, 1' Indien, sur le c6té droit et le Mbtis, sur le devant. Crest par l'observation des oeuvres picturales qu'on peut appuyer cette affirmation. Grace à sa longue expérience de vie tr&s près des Métis, ce conservateur possédait une b o ~ e information sur leurs moeurs. Depuis 1954, il collectionne chants et légendes de notre folklore; et depuis 1965, il a recueilli, pour le musée de Saint- Boniface, la plus grande collection d' objets de l'histoire des Métis et des Canadiens français. Il a contribué aussi à l'enregistrement du folklore pour le Musée canadien des civilisations, Hull. Il est membre de la Sociét6 historique de Saint-Boniface, de la Red River Valley Historical Society, de la Sociétb archéologique du Manitoba et drh4ritage Canada. On dit dans le milieu manitobain qu'il a consacre g6néreusement sa vie à sauver l'héritage culturel des ~étis~~ Témoicma~es écrits Un autre facteur a contribué, non seulement introduire la ceinture flechée dans le costume amérindien, mais aussi h crber une fierté à la porter, c'est le fait que le directeur de la Compagnie de la Baie d'hudson, George Simpson, qui, dit-on, dirigea de main ferme cette entreprise pendant quarante ans, avait une

264 résidence h Lachine, où il habitait lossqu8il ne voyageait pas vers les postes de lrouest, Lorsquril avait a le faire, il choisissait souvent des Iroquois ou Métis de Khanawake, comme avironneurs, 11 les habillait, vers 1840, df un manteau bleu, de ceintures rouges et de chapeaux dkcor6s de nombreuses plumes et de glands. Ces Amerindiens nr&taientpas engages en permanence mais restaient a sa disposition. Lorsque Simpson ne voyageait pas, ces Indiens, lorsqu8ils partaient en brigade, portaient leur costume, ce qui donnait un spectacle impressionnant, selon ce-ains visiteurs britanniques. Simpson n'&tait pas le seul à donner un costume incluant une ceinture, il ne faisait quf allonger la liste précédemment donnée. C'est ainsi que le visiteur John Palmer &rit: a[,..] The morning after 1 came here, six or eight large canoes, manned by at least eight fndians each, and loaded with peltry arrived. The Indians were dressed in al1 their finery, blue leggings ttimmed with scarlet list, a gay printed shirt, or black or common blanket thrown over their shoulders, and a gaudy yarn sash round the waist~~~.» Les cadeaux de Simpson pourraient expliquer la fierté que les Amérindiens avaient à porter la ceinture et le fait que leurs descendants la considerent comme un patrimoine ancestral. Cependant, ce costume existait avant Simpson, le visiteur Palmer l'écrivait en 1818 et Simpson n'arriva qu'en Tant à Oka qu'a Loretteville, on est fier de porter la ceinture, mais cela ne signifie pas qutelle appartienne à la tradition amerindienne, car la plupart du temps, elle est de confection mécanique, donc acquise auprés des Blancs, Le gouverneur Simpson eut une autre occasion de distribuer des ceintures, et de ce fait renforcer une tradition conuuenc6e vers En 1860, au moment de la visite du prince de Galles, il

265 invita plusieurs chefs indiens et il donna chacun une ceinture fléchée. C'est probablement ainsi qu'une de ces ceintures se trouverait conservée au musee provincial de la ~ouvelle-&cosse, à Halifax. Sans doute, son proprietaire la portait-il lors de rencontres officielles. Cependant, selon la documentation conservée au musbe, la ceinture du chef micmac Pierre Paul est ainsi décrite: athe chevron4 ike style of ornamentation seen ln this belt is no doubt adapted from a similas style in use among the tribe at the time of the advent of Europeans here, the original belt of native manufacture having doubtless similarly decorated with coloured porcupine qui11 work on a foundation of dressed leather, the ends of which were cut into tabs or fringe, No doubt this worsted belt was a gift from an European ruler or governor, to one of the old chiefs or head-men of the tribe3'.s Apr&s un examen minutieux de cette ceinture de fine laine worsted, au motif chevron, on constate que quelqu'un y a ajouté, de chaque c6té, une lisiere de couleur fuschia avec demi-cherons ornés de perles blanches - cette laine est plus grosse que celle de la ceinture oritjinale. Ces ajouts auraient pu Btre faits pour 6largir la ceinture qui était portee pliqe en deux selon une explication du conservateur des textiles, ce qui lui donne une apparence particuliere. Dans la meme documentation, on lit encore: [... 1 woven of worsted [...] the woollen thread used in the weaving consist of two twisted strands [...] the part of the belt ornamented with chevron is finely and very neatly woven,. with a silky appearance [... 3 (a) burnt carmine (light), (b) between crearn-bu f and olive buff, (c) between berlin blue & indigo blue, (d) oil green [... ] Ces details sont exacts pour ce qui touche la ceinture identique

266 la ceinture flechee authentique aux doigts, sauf que le dessin est un chevron, mais d'un dessin moins compliqu6 que les Assomption. Sur l'usage de cette ceinture, nous trouvons une autre information dans le texte suivant: &The belt will now be worn on formal occasions by Chief Peter Paul, who has an ornamented black broadcloth coat with red siuc (3) bordess & pipings, & red epaulettes (or "wingsa) and cuffs ornamented with the various coloured beadwork in leaf from, and with heavy gilt braid. This coat was made and used by his father or uncle in 1860 when the then Prince of Wales (afterwards Edward VII) was in Halifax. Such belts or sashes are worn around the waist outside the ornamented coat and is tied in aknot with the loose f ringed ends hanging down4*. w La ceinture a bt& donnée en 1860, la meme am&e oa George Simpson a fait cadeau de ceintures aux chefs invités pour la visite du prince de Galles, Simpson serait donc ce œgovernota et la ceinture decrite, la ceinture-cadeau, et la description du costume du chef Peter Paul se compare aux costumes ddja rapportds (voir tableau XI), Il est bon de rappeler que les M icmacs venaient annuellement B Pointe-Lkvy pour recevoir des cadeaux du gouverneur. C'est ainsi que le rapporte John Lambert: '[...] 200 Indiens vie~ent Pointe-L6vy pour leurs presents; Micmacs, Chales, Abénaquis, Nova- Scotians, West-Brunswick et rive sud du saint-~aurent'l~. Il semble cependant que la mode de la ceinture nfbtait pas tres répandue dans ce coin de pays. C'est du moins l'impression qu'a donnée le conservateur des textiles du musee provincial a Halifax lots d'une rencontre. Les Wallis signalent dans leur livre un 6chantillon de cette ceinture appelee micmac au musée Peabody de lf universite Harvard à Boston et un autre, au mus6e de Salem au ~assachusetts~~.

267 Une photo accompagnant cette information a permis de reconnastre une etroite ceinture à flèche identiqye B celles retrouvees dans certains musees et toujours n omes am4rindiennes. 4.5 Le Haut-Canada et la récrion des Grands Lacs S'il y a présence de ceintures dans le ~aut-canada, elle nr est pas beaucoup visible. C'est assez étonnant, car de nombreuses commandes ont transité par cette partie du pays. 11 est vrai qutalexander Henry avait remarque lr absence de lainages en Cependant, quelques ceintures de la collection Speyer, autrefois au rnusee Mersey à Liverpool, en Angleterre, maintenant posséd6e par le musée canadien des civilisations, b Hull, sont identif i6es comme amérindiennes. Cette collection contient une ceinture en particulier dont 1' origine dite autochtone nécessite un certain questionnement. Nous l'avons vue lorsqu'elle fut exposee au Musee de lrhomme et de la nature 8 Winnipeg. Elle est reputee avoir été reçue par Sir John Caldwell quand il servait comme officier d'un régiment du roi dans la t4gion des forts Niagara et Détroit, de 1774 à Elle est decrite ainsi: "Tightly woven of hard textured woollen yarn. Made in 4 interlocked bands, green, red, purple, yellow [...]. Great Lakes Algonkians Que la ceinture vienne de Niagara ou de- Détroit est un fait véridique, mais qu'elle soit d'origine algonquine est B reviser. 11 faut revenir sur certains faits. A peine quelques annees plus t&t, 1770, Aïexander Henry est h D&roit, il dit qu'il nfy a pas de lainages; Dupéron Baby écrit a Quebec pour obtenir une ceinture comme on les fait là en 1781; elles sont bien présentes, c'est ce que demontre le croquis du Bavarois en Bien des Ambrindiens du Bas-Canada sont envoyés au combat dans lf Ouest; on les vet alors de la t&te aux pieds avant leur depart. Des ceintures sont portées Lorette par des Autochtones; on dit pourtant que le costume est canadien. Se pourrait-il que la ptbsence de la ceinture soit due h ces -&indiens? Ici, ce nr est pas l'amérindien qui est honoré d'une

268 ceinture mais l'officier du roi. Sir Caldwell, fut nommé chef des Amérindiens O jibwa sous le nom d* "Appottow ou "RunnerW. Z1 ramena en Angleterre - l'habit de chef qu'il reçut et fit faire son portrait. Presque tous les éléments du costume sont emprunt& au costume canadien ou européen. Il faudrait donc dtre plus circonspect avant draffirmer une origine am6rindienne. Une autre oeuvre, le portrait de Joseph Brant, mérite qu'on sry arrete (voir illustration 36)- Brant porte une etroite bande, en bandouliere, 8 1'6paule gauche. On peut y voir une enfilade de pointes de flbches rouges, flanquées de bleu et de blanc. Cela ressemble aux petites ceintures que l'on retrouve dans certains musées et qui sont souvent identifibes comme amérindiennes, du moins pour le dessin; quant & sa matière, est-elle de laine ou de perles? Il est impossible de le savoir. Retracer les circonstances de l'exécution de ce tableau pouvait s'avérer intéressant. Mais qui etait Brant? Cet Autochtone, un Shawnee, devint chef de guerre des Indiens des Six Nations, sous le nom de Thayendanegae. Il sr affaira grandement II faire reconnaztre les droits de son peuple. 11 était ami des Britanniques et se rendit même Londres a deux reprises plaider la cause de ses fr&res. Il vint au Bas-Canada, car il se pr&occupait d'aider les Mohawks de cette partie de l'amérique du Nord. Son plaidoyer parut dans La Gazette de Québec. Il demandait l'aide des Blancs pour enseigner a son peuple des techniques, des metiers qu'ils ne pratiquaient pas, afin qu'ils puissent gagner leur vie, la chasse devenant plus difficile. Le peintre Berczy l'avait tencontd le 24 juin 1794 B Niagara. On croit que la mort de Brant, le 24 novembre 1807, poussa l'artiste 8 faire son portrait. La note inscrite au Musbe des Beaux-Arts du Canada, Ottawa, mentionne que le peintre s'est probablement inspiré des études de costumes autochtones contenues dans ses carnets pour rendre méticuleusement les details de la tenue de Brant. Il faut donc dtre prudent et ne pas tirer de conclusions sur la présence de cette ktroite bande au dessin de fleches rouges pour dire quril s'agit de la ceinture fléchee

269 illustration 36

270 amérindienne. Un autre portxait de Brant, réalisé par George Romney, en Angleterre, en 1776, ne livre aucun detail semblable, même si on y voit des accessoires vestimentaires europ6ens. À Midland, en Ontario, au musee de Sainte-Marie-des- Hurons, on expose une dtroite ceinture à pointe de flèches, dite am6rindienne. On la dit fabriquke par les Autochtones, aux 17. et 18' siécles. Elle est identique aux ceintures du musée McCord, du Chateau Ramezay et du Peabody Mcseum. Elles sont toutes considerées comme amérindiennes. Cependant, l'analyse, on ne peut affirmer qu'elles auraient éte confectionnées par les Amérindiens au 17% siècle, ne serait-ce que par le fait que la laine worsted, ou laine f ilbe fine, dont sont faites ces ceintures, n'existait pas chez eux, car elle fut apportee par les Europeens plus tard. Le Royal Ontario Museum presente un costume amerindien qui comprend une ceinture de fabrication mécanique, mais on ne dit pas si on la considke d' origine amérindienne. Le musée de Hull posséderait de nombreuses ceintures amérindiennes (outre celles de la collection Speyer) quf il ne nous a pas ét6 possible de voir. C'est au Musbe des affaires indiennes de New York qu'une ceinture, que nous avons identifiée Assomption, est d4ploy4e avec beaucoup dfimportance, mais elle est appelée Iroquoise. Cela a grandement retenu notre attention, on la dit d'origine amérindienne, mais sans plus d'interrogation. On explique que c'est sous la direction des religieuses que ce travail a ét6 bien fait! Comment cette ceinture est-elle arrivée la, et en quelle année, on ne le dit pas. Dans ce même musée, diverses ceintures, aux dessins modifibs des ceintures a flèches, sont appelées Iroquoise, d8 autres Senecas, Osage, Winnebago, Sauk and Fox, Shawnee et Menominee. On ne d o ~ e pas beaucoup de renseignements. Cependant, ces ceintures de laines, quelquefois de laine worsted plus ou moins retordue, de laine plus grossihre, parfois de couleurs identiques aux ceintures canadiennes, sont toutes identifiées comme amérindiennes. Nous ne doutons pas que ces ceintures aient et6 acquise; ou peut-etre même tissees

271 chez diverses tribus; si on reste perplexe devant ces appellations, c'est do au fait que les voyageurs ont a plusieurs reprises signalé lf absence de lainages et quelquefois le refus de porter des lainages chez la plupart de ces tribus. On ne sait pas quand ces ceintures furent acquises par le musee, ni en quelle année elles etaient apparues chez ces tribus. Les Sauk and Fox, Osage et Winnebago de qui Petet Rindisbacher a fait le portrait et qui combattaient les Français, ne portaient pas de ceinture, du moins en Les Shawnees, sous la direction dit f dre-prophete de Tecm-seh, refusaient les lainages, contraires h leurs traditions. Te-cm-seh lui-mme refusa de porter la ceinture que lui donna le gkneral Isaac Brock, en 1812, craignant de provoquer l'envie de ses superieurs qui nf en avaient pas; ce refus est significatif. Les Senecas, oh vkut Mary Jemison pendant soixante-quinze ans, selon ses mémoires ne connaissaient pas les lainages, ni les techniques pour les utiliser. En 1832, on adoptera la ceinture de laine, comme un visiteur le rapporte a propos des Senecas habitant près de Buf f a10 : uthe Indians who are settled here are employed in agriculture, the breeding of cattle and horses; and like other country people they go to tom with their wagons. Their dress is nearly the same as that of the Whites. Both the men and women frequently Wear round felt hats; the men have in general, a red girdle under their large blue upper ~oat'~.~ Quant aux Menominees, on peut lire 1' information suivante qui accompagne la reproduction d'une huile sut canevas, par Samuel M. Brookes en 1858, oo on voit cinq personnes portant de gros turbans : «These men and the women in the mate to this painting Wear garments made almost entirely of tra& materials but tailored garments made almost

272 entirely of trade materials but tailored into the distinctive dress fashions of great lake Indians of the mid-nineteenth century: wool f inger-woven sashes tied around their heads; shirts made of Cotton fabric won loose and tied around the waist with a sash; leggings4% (voir illustration 37) Donc, la ceinture &tait aussi portes par les ~enominees; on ne trouve pas beaucoup de renseignement sur eux; on sait qu'ils n'&aient pas amis de5 ~rançais. Le fait que certains portent la ceinture en turban est nouveau et eclaire sur le fait que certains visiteurs parlaient de foulard rouge la tete et h la taille. Faut-il y voir la ceinture de laine? Des Winnebago et Osages, on n'a pas de descriptions suffisantes pour comparer 1' absence ou la présence de ceintures. Tout en étant fiers de leurs ceintures, ces tribus nous semblent les avoir fabriquées en achetant la laine des Blancs et peut-etre en meme temps, avoir appris la technique aupres d'eux. On n'est pas plus renseigné et on a constaté la m&ne situation au musee Çmithsonian de Washington oh sont prhsenthes quelques ceintures aux couleurs, laine et dessins varies dont on aurait ahne comaitre la provenance. Elles font partie du costume de certaines tribus et sont leur marque identitaire ou du moins elle leur en crée une. Ce domaine reste h explorer. On peut cependant ouvrir ici une parenthese B propos de 18interpr&ation que l'on pourrait faire des ceintures du S~rithsonian. On dit que Catlin aurait donné au musee les artefacts rapportes de son pkiple chez des tribus amérindiennes. 11 a visite 48 tribus, soit personnes, dans les plaines de l'ouest de ; on sait egalement qu'en 1844, afin de faire la promotion de son livre basé sur son journal de v~yage'~, Catlin avait amen6 en Angleterre un groupe.de chefs en compagnie du

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274 d6légué américain, un nom& Melody. Une lithographie de 1' aquarelle de ces chefs montre qu* ils portent la ceinture au motif chevron, Cela ne semble pas concorder avec les descriptions qu'il donne, ni des details de costumes sur les sketches et les toiles qu'il fit chez les Amérindiens, Ni chez les uns, ni chez les autres, il ne mentionne la ceinture de laine. Il rapporte toutefois que la serge rouge est surtout presente chez la femme du chef ou chez celle mariée au traiteur blanc, Il ne précise pas si ces traiteurs auraient donné des ceintures, ce qui aurait pu être le cas comme partout ailleurs dans l'amérique du Nord. Rien ce propos et, tout à coup, cette presence de ceintures dans l'aquarelle, dont aucune information ne peut 4clairec notre questionnement. Un fait demeure, le tableau laisse l'impression que la ceinture est amérindienne et contribue à perpdtuer cette idee tout comme les oeuvres decrites précédemment, Et toutes les personnes qui ont vu ce tableau en Angleterre, gardent le souvenir de ce costume amérindien, La liste des chefs amenes en Angleterre en 1844, pourrait éventuellement servir h identifier quelle tribu ils appartenaient et ainsi expliquer la provenance de ces ceintures. Ces chefs étaient Watonye (Foremost Man), Rutonyeweene (Shooting Pigeon), wife of the var chief, Shontayeega (Little Wolf), Seenontiyah (Blisterfoot), Medecine man, Rutonweeme (~lying Pigeon), Day of war chief, Merohushekaw, Sachem (White Cloud), Newmonya War Chief (Walking Rain), Tapatamee (Wisdom) and her daughter [,.. ] Wataweebuckanah (commanding general). Si on attribue des ceintures plusieurs tribus, il faut faire exception, dgapr&s ce qu'&rit John Long, à propos des Chippewans qui habitaient aux environs des Grands Lacs oh la ceinture n'aurait pas 6te adoptee, mais pour d'autres raisons que celles évoquées par le frere de Te-cuni-seh, dont le fait qu'ils n'attachent pas une grande valeur au luxe de l'habillement.

275 Les &flexions du missionnaire Pierz, chez les Chippewans pendant plusieurs années, et son &onnement lorsquril trouva, dans une cabane abandonnee, des dcharpes colorées et bien travaillées, vers 1854, d6montrent que les Chippewans nravaient pas encore connu la ceinture, ni d'ailleurs le père Pierz qui desservait pourtant plusieurs groupes d'indiens, Au departement dr ethnologie du Museum of Mankind (British Museum), des ceintures de laine sont identifiées mnorth American Eastern Woodlands Beaded finger woven sashes". On donne peu de dktails, quelquefois une date d'acquisition, mais pas de lieu de provenance. Après avoir constaté la prbence ou l'absence de ceintures chez certaines tribus, il faut revenir ce qufbcrit Jean Cazeneuve, selon qui des 6léments de culture qui ne sont pas universellement répandus [...] ses voisins semblent avoir interet a les imiter sur ce point que leur distribution uniforme sur certaines aires et leur absence ailleurs suggèxe une diffusion par contact direct, [... ] invention secondaire qui apporte [... ] une application nouvelle distribution [... ] ''. 4.6 Le Manitoba, les Territoires du Nord-Ouest, le sud et l'est de la baie d'hudson Les autres regions du Canada ne peuvent etre délimitees rigoureusement car elles suivent le cheminement du commerce des fourrures. Il s agit du terrain au jourd' hui couvert par 1' actuelle province du ~anitoba, les Territoires du Nord-Ouest, la partie est de la baie d'hudson vers le Temiscamingue oh la Compagnie de la Baie dr Hudson tenta de commercer, mais sans grand succes. 11 faut inclure la partie vers le sud, qui comprend aujourd'hui les Etats américains du Minnesota et du Wisconsin mais qui h lr6poque du

276 commerce des fourrures 6taient des territoires sans appartenance ni canadienne ni américaine. De nombreux Canadiens sont installes.- certains endroits comme Michillimakinac, Portage, Detroit et sont bien actifs dans le commerce des fourrures, Quelques-uns hivernent dans cette partie du pays, d'autres partent de Lachine au printemps et apportent les marchandises pour le troc. Dans ces terres, la ceinture a &té adoptée surtout par des Cris et des Sang-mêlés, plus commun&uent appeles Mbtis. On ne la retrouve pas chez les Sioux ou d'autres tribus, en dépit du fait qu'ils occupaient la region de la rivière Rouge, Pembina et la rivière Buffalo, au jourd* hui en territoire américain, Cela s'explique par le fait qu'ils étaient ennemis irreductibles des Blancs et de plusieurs autres tribus am6rindiennes. Si de porter 1' habit de 1' homme blanc etait prestigieux pour certains Amérindiens, ce ne l'était pas pour tous. Le cas suivant illustre bien ce fait, C'est l'artiste George Catlin qui le raconte, puisqu'il était présent au moment de cet bvénement. Le chef Assiniboine Wijun-jon avait voyage en sa compagnie, sur le vapeur Yellow-Stone, revenant de Washington, sur une distance de milles. Le chef avait reçu du president américain un costume complet dit en militaire: "a colonelos uniform of blue, [...la. A son arrivbe, ses amis et sa famille l'attendaient. Mais pendant une demi-heure on ne le salua pas, comme si on ne le reconnaissait pas. On n'acceptait pas qu'il eqt endosse ces habits. On le lui fit bien voir: «He is now in disgrace, and spurned by the leading men of the tribe, and rather to be pitied than envied, for the advantages wbich one might have supposed would have flown from his f ashionable tour4',»

277 Catlin fit le portrait de Wi-jun-jon dans ce costume militaire et dans son costume indien (voir illustration 38). Cette "sashw nf était pas une ceinture flechée, mais une ceinture de laine rouge, comme on en voit dans les musees militaires, 11 faut donc retenir que certaines tribus n'acceptaient pas de céder aux modes des Blancs. Rappelons le cas des deux Amérindiens de lfue Roanaok, ramenés d'angleterre par 1' expedition de Sir Walter Raleigh. Ils abandomerent les accoutrements à la mode anglaise, donnés par la reine Elisabeth, parce qu'ils les aliénaient 3e leurs semblables. Vers 1810, les Chippewans de Pembina (tribu àiffbrente de celle près des Grands Lacs dont on a parle d4jb) rejoignirent au nord les Chippewans du confluent des rivières Assiniboine et Rouge. Il se forma alors deux contingents importants dans la région de la riviére Rouge: les Métis et les colons blancs. Les Mktis, descendants des commerçants français, anglais, écossais et allemands, et suisses-allemands avaient des mères cries et chippewanes. Ils instaurerent une culture distincte qui leur était particuli&re, Si bien qu'en 1850, ils se consid6raient comme une nouvelle nation qui &ait culturellement et socialement distincte des Européens et de leurs parents amérindiens. Ils n'acceptaient pas que des colons viennent s'installer prhs d'eux48. M&ne si c'était de ces Blancs dont ils avaient acquis méthodes de d6placement, d'habitation, de nourriture et de vetement. Ce territoire de la riviére Rouge est maintenant la province du Manitoba et une partie du Minnesota. Par certains tableaux du peintre Peter Rindisbacher et d'un autre artiste anonyme, on peut constater que les Amérindiens, ou plutdt les Métis, engagés dans le commerce des fourrures portaient la ceinture f léchee acquise au poste de traite, tout comme le faisaient leurs pères, agents de traite ou du moins actifs au sein de ce commerce.

278 Illustration 38

279 Les Métis, au déclin du commerce des fourrures, furent plus habiles que tout autre groupe autochtone B s'ajuster à un nouveu mode de vie implanté par les EuropBens. Habitués au canot, ils durent se convertir B la chasse aux bisons des plaines pour survivre (voir illustration 39). C'est donc au sein de cette nation issue en partie des Cris ou des Chippewans qu'on peut vérifier le sens qu'a encore la ceinture flkhée dans leur vie. Même si leurs conditions de vie subirent un dkclin, leur passage des rdgions boisées aux prairies connut un certain succés. Les Mbtis ont maintenu le r61e de chaznon entre les Blancs et les Am6rindiens. Arrêtons-nous ici au cas exemplaire de ce Métis issu drun pére blanc et d'une Amérindienne, qui s'appelait Louis Riel (vois illustration 40), Riel se fit le défenseur des droits de sa nation qui sentait venir la perte de son territoire au moment oh les frontibres s'établissaient entre le Canada et les États-unis, Il fut un personnage pour qui la ceinture fléchée tint lieu de symbole de symbole d'appartenance la nation Métis. Sa famille avait conservé sa ceinture, du moins c'est ce que son arriére-petitefille raconta, au moment de ma visite au musée historique de Saint- Boniface, & Winnipeg, en fevrier Plusieurs compagnons de Riel portaient également la ceinture. Un d'eux, Elzéar Goulet, compagnon drames et partisan, portait sa ceinture au moment de sa noyade le 13 septembre Cette ceinture est exposee au Musee de l'homme et de la nature B Winnipeg, au Manitoba. Lorsque la reputation de Louis Riel fut rctablie en 1993 et qu'on Crigea une statue décente en sa mémoire, au moment du dévoilement on ceignit cette statue d' une ceinture f lachée. Ce jour-la, plusieurs membres de la nation m&is arbotaient fiérentent leur ceinture pendant la cérémonie. Il y avait 1à une v6ritable manifestation de vbnération envers ce symbole qui traduisait la fierté de la nation Mktis.

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281 Illustration 40

282 Le grand-père de Riel, Lagimonière ou ~agimodière, fut le premier homme blanc à s'installer avec sa femme canadienne dans le territoire de la rivibre Rouge. À son sujet, voici ce que nous révélent les archives: -Le Déposant ~aptiste Laghonière déclare que les effets qui lui ont été vol& le 16 juin une ceinture de laine [... ]". Cette ceinture fut saisie par des Metis sous la direction de Cuthbert Grant. Lagimoni&re avait fait le voyage A pied de Pembina Montréal, aller-retour". Ce geste est fixé sur une grande toile drf-dam Sherriff Scott oh la ceinture est bien visible (voir illustration 41). La ceinture de Lagimoniere est conservee au musee historique de Saint-Boniface, Manitoba. Le fait que le grand-père de Riel portait une ceiriture lorspufil vint s'installer A Pembina ne semble pas avoir attire l'attention dans le processus de modification de statut de la ceinture à travers les générations suivantes et pourtant il en est un jalon important. 11 faut rappeler que dans ces m aes territoires, mais beaucoup plus tbt, en 1797, Chaboillez, de Michillimakinac, avait bâti un poste de traite B Pembina pour la Compagnie du Nord-Ouest. Chaboillez avait également un commerce à Montreal; il avait mandate sa femme de s0 en occuper en son absence. A la mort de celle-ci, on 6numka dans l'inventaire apres dkès deux ceintures B fleches. Si on nra pas trouve de document prouvant que Chaboillez aurait eu une ceinture h Michillimakinac, on peut s'interroger sur le fait qu'il aurait pu jouer un rdle dans lohistoire de la ceinture aupres des Mktis. On sait par exemple qu'il etait assisté de chasseurs qui sr appelaient Reaume, Chalif oux, Bouche, Cournoyer, mais qui sf identifiaient comme O jibwa, enfants ou petits-enfants de Canadiens et d*amérindiemes. Ses serviteurs non indiens se nommaient pour leur part, Chevalier, LeDuc, Roy, Bertrand et Cadotte - familles installées dans la rkgion des Grands Lacs. Cadotte a &te connu en particulier pour avoir accompagne 1' expedition de Lewis et Clark en Il est etonnant que dans une publication traitant du costume amérindien et illustrant une ceinture colorée, 1' auteur, Dick Gringhuis, affirme que cette

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284 ceinture fut adoptée par les ~lancs''. Cette affirmation plus être soutenue après les multiples preuves apport8es présente recherche. La ville df Edmonton fut un des premiers postes de traite. Le souvenir de la ceinture n'y est pas tr&s évident; cependant, il faut signaler des mouvements pour la faire connaître davantage, Il y a quelques années, on fit venir une artisane pour en enseigner la technique. On vit au moment de l'exercice religieux dominical, les officiants protestants francophones porter sur leur aube blanche une étole qui était une authentique ceinture flkhée adaptée aux couleurs litu~giqyes~~. À quelque 30 milles au nord dr Edmonton, à Legal, petite village, on célèbre annuellement un festival du voyageur où tout le monde porte la ceinture f léch6e. C'est le curé de la paroisse qui maintient cette tradition. Il n'a pas été possible de vérifier: si les Mktis de ce coin la considerent comme faisant partie de leurs traditions, 21s ne peut par la Dans le centre du pays, dans cette colonie de la rivière Rouge quf on voulait peupler, vinrent s'installer des soldats de Meurons dérnobilis6s, Le petit-fils de l'un d'eux, Louis Schmidt, dont la mére était Crie et le p&re allemand, fut Ve premier juin 1858, pris sous la protection de m&re valade"" lorsquf il devint orphelin, Les soeurs Grises, installees a Saint-Boniface depuis 1844, se chargerent de le faire instruire parce qu'elles le trouvaient bien doué. Plus tard, il fonda en Saskatchewan le village qui porte au jourdr hui le nom de Saint-Louis en son honneur. Il joua un rule important de relationniste en tant qu'agent entre les Métis et les Blancs, Les descendants de sa famille conservent précieusement la ceinture flechee qu*il portait au cours de ses fonctions Un événement spécial eut lieu à Winnipeg, quand le Mktis Yvon Dumont fut nommé lieutenant-gouverneur du Manitoba en 1993; il fut le premier de sa nation recevoir cet ho~eur- On ne dit pas

285 sfil pourrait être un descendant de Gabriel Dumont, compagnon de Louis Riel. 11 est intéressant. de noter que ses confrères métis portaient leur ceinture lors des cbr&monies dr investitures3. C'est aussi dans cette ville du Manitoba que le Premier ministre d'alors, Brian Mulroney, pendant une tournée de campagne électorale, reçut des mains de la dirigeante m&is Rosemarie McPherson une ceinture fléch6e. Elle-m&te portait sa ceintures4. Plus au nord, un autre evénement m6rit-e df etre rapporte. LF honorable Nellie Cournoyea lorsqu'elle fut élue gouverneur des Territoires du Nord-Ouest, reçut une ovation de ses concitoyens m&is portant tous leur ceinture fléchée. Madame Cournoyea est née d'une m&re inuit et d'un pére norvkgien, dans le delta du fleuve Mackenzie, Elle vit actuellement dans la baie de la mer de Beaufort dans les Territoires du Nord-Ouest. Rappelons aussi que, lors de sa visite, en 1984, son avion ne pouvant se poser dans le territoire des Amérindiens à cause du mauvais temps, le Pape invita un groupe dramérindiens à venir le visiter A Rome. Lorsque ceux-ci se rendirent au Vatican, ils lui offrirent une ceinture fléchée, symbole de leur identit6. Comme signe de fierte, les Mktis ont fonde, il y a quelques années, l'ordre de la ceinture flechbe. Citons ce qui est écrit dans le livre de Julia D. Harrison ce propos: ul'assomption sashes, as they are often called - after the name of the place in Québec where many of them were made - are enduring symbol of the Métis people. The sashes were traded extensively througohout North America by fur traders, and due to their intimate involvement in the trade, many M&is wore thent as part of their regular attire. The sashes served a functional purpose, as often the key to an individual's trunk, in which his possession was usually stored, was attached to one end. Also, the sashes served as

286 tumplines, ropes or dog harness as needed, To-day the Métis have establîshed the "Order of the Sasha, which parallels the -Order of Canadaw, to acknowledge those Mktis who have made outstanding contributions to their people and countrys5.m Les M&is dont nous venons de parler habitent la partie centrale du Canada, mais il faut signaler que utautres Mhtfs portent aussi fierentent leur ceinture: ce sont ceux qui habitent plus au sud, aux Etats-unis. L'un dgeux, Joseph Rolette, avec ses compagnons Hercules Dousman et Alexis Bailley, commerçants de lramerican Fur Company établirent le fort Smelling en 1819 sur le site actuel de Saint-Paul du Minnesota. La ceinture du Metis Rolette est actuellement conservée au musee de ~embina? C'est h Pembina, en 1815, qu'on avait rapporté que le Métis Cuthbert Grant avait confisqué la ceinture de laine de Lagimonière. À lfepoque, la ceinture n'&ait pas considérbe comme mbtis. Plusieurs colons désenchantés, ainsi que des Métis français, avaient pris le chemin de Saint-Paul, pour fuir la colonie de la tiviere Rouge qui ne fonctionnait pas a leur goot. Ce fut le cas en particulier du jeune peintre Peter Rindisbacher et de sa famille. Cet artiste a lais& entre autres un tableau fort intéressaix intituld Un Mi5tis et ses deux femmes (re: illustration 22) oh on voit une large ceinture au chevron. Cf était en 1822, la ceinture faisait de ja partie du costume rnbtis. Toujours au sud des frontières, cg est par une autre voie qu'on peut retracer la présence de la ceinture fléchee adoptée par des M&tis. Durant les annees 1930 et 1931, le juge Eugene Burdick et son père, Usher Burdick, voyagerent à travers le Dakota du Nord et les environs et acheterent des objets confectionn6s par les Am6rindiens. Cette collection est devenue la propriete de la Societe historique du Dakota du Nord en Elle contient plusieurs ceintures dont celle de Joe Rolette (voir illustration 42)-

287

288 Ces ceintures sont appelkes Métis, Red River, Cree, Northern Minnesota ou Voyageur ~elt". La photographie de Rolette, portant sa ceinture fléchke avec son costume mbtis, démontre bien que cette ceinture est de confection mécanique et de ce fait ne peut être considérée de confection amérindienne, meme si elle fait partie intégrante du costume. Ravonnement svmboliaue iuscrufen Floride À la suite de leurs frequentes migrations, une partie des Cris se retrouve en Floride oa ils sont connus sous le nom de Seminoles, ce qui veut dire wrunaways"m Catlin avait rencontré ce qu'il appelait des Rleadersm du groupe de Seminoles qui furent combattus pendant cinq ans, dans la péninsule floridienne, oz1 ils s'étaient installés après avoir quitté leur tribu des plaines de lf Ouest. Catlin les rencontra en 1837, les visita au fort Mellon en Floride où ils étaient gardbs prisonniers. Il peignit alors le portrait de trois leaders, soit Os-ce-O-la (Black Drink), Mick-eno-pah et King Phillip. A l'examen de ces portraits reproduits dans son livre, on perçoit la grande influence des vetements européens; on pourrait m&ne les comparer ceux que Paul Kane fit lors de son voyage dans l'ouest canadien. Catlin ne se contenta pas seulement de les peindre, il en fit une description: a1 have painted him precisely in the costume, in which he stood for his picture, even to a string and a trinket. He wore three ostrich feathers in his head, and a turban made of a vari-coloured Cotton shawl and his dress was chiefly of calicos, with a handsome bead sash or belt around his waist, and his rifle in his handsbms

289 Un mouvement recent cherche h réapprendre aux Seminoles le tissage de la ceinture, Durant lrété 1990, eut lieu le "Seminoles Folk Exhibitw organisé 8 Fort Lauderdale par la soci&é d'histoire de l'endroit, David M. Blackard donna les renseignements suivants une informatrice, Jessie C., h propos de cet évenement: "The pieces in the Exhibit were vintage lgth century examples, Indian made. The Florida Seminoles no longer do fingerweaving and Paul Euston d ~es not have a Rgroup" doing fingerweaving, neither is she familiar with the techniquem". Blackard envoya un catalogue representant des échantillons où on recomaxt le chevron qu'on observe dans des documents canadiens dès 1777<'. Cependant les ceintures dites "finger-woven sashesu reproduites ne ressemblent en rien aux ceintures authentiques aux doigts du Bas-Canada. Des recherches sur la tradition seminole se poursuivent depuis 192 0, comme nous 1' apprend Blackard: «The Seminoles and neighboring tribes kept several textile techniques alive however, through the production of sashes, garters, and shoulder pouches (Gillis, 1982: 23). Late in the eighteenth century Bartram observed that the women, "weave the curious belts and diadems for the menn (1955:401). By the time of the Seminole Wars, best iibers and yarn from native mammals had given way to sheep's wool, John Bemrose, a soldier in the Seminole Wars described a chief in 1835 as wearing, "a sash of variously colored worsted, prettily decked with beads (1966: 15). [... ] Charles Barney Cory, who collected in 1894, sixteen years before Skinner, noted on the catalogue card of a fingerwoven sash that is was "of the old style, at least 70 years

290 old and now no longer madem (190 6). Cory may have been wrong, but it is possible that after the wars the Indian population remaining in Florida was so small and the initial post-war subsistance pressures so great that this element of the Seminoles' artistic heritage was lost. If that was the case, the sashes remaining in the Indians' hands in the early twentieth century were heirlooms61.» Ce rapport de recherche sfav&re interessant mais il faut le considérer comme une autre piece du grand casse-tête de l'histoire de la ceinture de laine, dont les autres pièces n'ont pas &te touchées. Cependant ce mouvement se veut très positif envers le tissage des ceintures consid&r&es comme ancestrales, symbole de leur ethnicite seminole. Ces chercheurs n'ont nulle part tenu compte de ce que Catlin a raconté de l'origine crie de cette tribu seminole, ce qui aurait donné une orientation diff6- rente. 4.8 L'ouest des Rocheuses et les Etats américains du sud-ouest Au-del& des montagnes Rocheuses, sur les chemins empruntés par diffbrents explorateurs, nous observerons l'absence ou la présence de la ceinture chez des tribus ayant eu peu de contacts avec celles que nous connaissons d6jl Quelques expcditions vinrent par la mer, d'autres par les voies fluviales, toutes hantees par le dcsir soit de trouver de l'or ou des fourrures h échanger avec la Chine contre du th& et dtautres marchandises, soit simplement pour les revendre en Angleterre. Les principaux explorateurs furent Alexander Mackenzie et Simon Fraser. Le premier, accompagné de dix personnes dont six Canadiens français, Joseph Landry, Charles Ducette, François Beaulieu, Baptiste Bisson, François Courtois et Jacques Beauchamp, franchit les Rocheuses en

291 1793, dans l8 espoir d'atteindre le Pacifique et de découvrir des possibilités draccroztre le commerce des fourrures. Si nous trouvons le nom de ses compagnons dans son journal, tous employes de la Compagnie du Nord-Ouest et originaires du Bas-Canada, on n'a pas trouve mention du fait qu'ils auraient porte des ceintures color&es, meme si on sait qu'elles faisaient partie du costume des habitants cette epoque. L' autre explorateur, Simon Fraser, se rendit, en 1805, jusqufa la region appelee maintenant la Nouvelle- Calédonie où il batit-trois postes de traite pour la Compagnie du ~ord-~uest~~, Ces explorations amèneront 1' installation d' autres postes dont celui sur la rive nord du fleuve Columbia. Plus tard, un autre sera ouvert à Victoria sur 1'Ple Vancouver par James Douglas. Celui-ci portait une ceinture gui est exposke au musée provincial de Victoria et qui est identifiée ainsi: Vrademark of the fur traden. Cependant, le commerce des fourrures fut de courte durbe, le climat n'étant pas propice aux animaux dont la fourrure était le plus de qualité. La population se tournera vers l'agriculture et l'élevage des moutons et plus tard vers le marche du bois. Une grande partie de cette population est canadienne-française et plusieurs hommes sont venus là avec leur femme; d'autres ont pris comme épouse des femmes autochtones qu'ils suivront pour s'installer avec elles dans leurs tribus respectives. Ils ont apporte leurs ceintures, la technique sans doute et en ont transmis la tradition. Que peuvent livrer les 6crits et les archives locales sur le sujet ainsi qu'une visite de certains lieux? Au musee Anadarko en Oklahoma, on ne voit qu'un bchantillon de petite ceinture au chevron. En r6ponse la question pour savoir quelles personnes pouvaient tisser ainsi, on rbpondit qu'une seule Cornanche pouvait le faire autrefois mais qu' elle &tait maintenant trop agbe et quf on n'en connaissait pas d'autres. Dans la ville de Kingfisher, dans le meme kat, on peut lire au petit musée local des noms de Canadiens français venus sf établir au début

292 du 20' siècle, Le tboignage d'un jeune homme qui visitait le musee du Château Ramezay oh des artisanes tissaient des ceintures pour les visiteurs, me glissa 1' information suivante : Jr ai souvent vu mon arriére-grand-mére-tisser comme vous le faites, cependant le dessin &tait plus simple, un chevronm. Il ajouta: wyou know, she was one quarter French Canadian? Ce témoignage oral, en octobre 1979, trace le cheminement de la ceinture vers les endroits oh les voyageurs se retirérent avec leurs femmes autochtones au moment du déclin du commerce des fourrures- Ce territoire qui sretend à l'ouest des montagnes Rocheuses et le long du littoral de lf ocean Pacifique, de l'état de lroregon jusqu'à l'alaska, garde des traces de l'epoque des ceintures fl6chées portbes par les Canadiens et les voyageurs. Ce nrest plus en les portant mais plutôt en les exposant dans des musées qu'on en perpetue la valeur symbolique. Ces ceintures sont parfois attribuees aux Amérindiens, dans les notices des musées et par quelques artisanes des textiles qui s'y interessent. Cela surprend un peu, car on sait que cette partie du pays, bien que développée par les traitants de fourrures, &tait habitée par une large majorite de Canadiens-français presque tous venus des rives du Saint-Laurent, et que la tradition de la ceinture etait bien &ablie au Bas-Canada. Ze missionnaire belge Pierre Jean de Smet rkvèle dans sa correspondance: [. J en 1829, dans la vallbe du Willamette, un Canadien cultive le bl6, il rencontre un honnéte habitant de Saint- Martin (près de Montréal) qui a fait son paradis depuis 26 ans avec sa femme et ses sept enfants, monsieur Morigeau. 11 y a 28 établissements pour la traite de fourrures dont les serviteurs sont presque tous canadiens et catholiqueswc3. Le village de Willamette fut fond6 par deux missionnaires, l'un venant de Lachine, monsieur Blanchet et l'autre de l'assomption, monsieur Demers. C'est donc au sud du fleuve Columbia que se trouvait le plus grand nombre de

293 familles canadiennes-f rançaises. Plus tard, monsieur Demers oeuvra A Nesqualy, Colville, Walla-Walla et Okanaga. Dans certains anciens postes de traite qu'on a am6nagés en musées historiques, on expose des ceintures comme symbole des voyageurs des compagnies de fourrures. Ainsi, High Desert Museum, dans le centre de lroregon, on voit une ceinture flkhée qu'on nomme Voyageur Sash, il va sans dire que cette ceinture est tisske au métier. Elle est quand m&ne bien nomde. Le fait qu'une ceinture sg appelle Voyageur Sash ne signifie pas nécessairement qu'elle est tissée aux doigts et le souci constant de signaler la difference dans la fabrication des ceintures s'avère essentiel pour l'hypothése de ma recherche. Une ceinture chez les Amérindiens ou les Métis qui est faite au mbtier, élimine une origine autochtone. Au mois de juin 1993, à la rencontre annuelle d'artisans de Fort Union Williston en Dakota du Nord, oo sont présents les Am&rindiens, on invita une artisane de ceinture flbchée du Montana enseigner la technique du tissage aux doigts. Cet ancien poste de traite posséde deux ceintures, une dite Assomption que l'on appelle Voyageur Sash et une autre de confection mbcanique qu8 on appelle Hudson's Bay Sash. Leur attribution est juste et ne mentionne pas d'oriqine metis ni d'autres tribus. Il est difficile d8expliquer ces appellations et leur presence puisque ces deux ceintures ont et6 achetees chez un antiquaire de Québec, il y a quelques annees selon les fiches des archives du musées4. En rapportant ces quelques faits, il semble &range que l8 on ne puisse pas voir un rapport entre cette population et la presence de la ceinture flkchée dans la Colombie-Britannique. L8 artisane Jessie Clemans, du Montana, visitant certaines villes de la Colombie-Britannique, rencontra un jour, une dame, garde-chasse a Laird Hot Spring, qui Qtait très intbressee par la ceinture fléchée. Jessie rapporte ce qu'elle a recueilli de cette rencontre :

294 «As a young girl in school, she was read a story about a group of young French girls brought to Canada as wives for the Voyageurs. One young girl fell in love with a Voyageur but he had to leave for the West before they could get married. He was gone for a number of years and she was greatly advised to marry because everyone was sure hez- Lover was dead but she would lmarry no other and she spent her spare time making him a beautiful sa~h'~.~ Cette même artisane rencontra, à Yellowknife, une institutrice qui enseignait ses jeunes éleves à tisser l'authentique ceinture flechée (tissée aux doigts); dbsireuse d'enseigner la bonne méthode, elle est allée apprendre d'un artisan, Jacques Baril, dredmonton, qui &tait venu apprendre à Montreal en Si la plupart des postes dans le nord de l'alberta, le Yukon ou les Territoires du Nord-Ouest exposent des ceintures dites f léch&es, ces ceintures, tout en maintenant une tradition implantée depuis l'époque des voyageurs, sont de confection mécanique importée de l'inde et de Taiwan. Les gens de ce coin de pays avaient cependant un grand intérét pour apprendre le tissage d' une ceinture authentique, du moins au lac La Biche et Elk Point, oh habitent des Amérindiens. Jessie Clemans, fidèle informatrice, rapporte que durant lr été 1991, douze équipes de six villages situés le long du fleuve Mackenzie participèrent A une course en canot A partir du fort Providence. Plusieurs de ces canotiers portaient une ceinture f léchbe, toujours en souvenir des braves voyageurs d' autrefoi ss6. Dans ce coin, les ceintures sont considérées comme métis et portées par eux.

295 Durant cette même saison, une exp6dition de watre canots de voyageurs transportant 30 étudiants reprit la route que suivit Alexander Mackenzie en Cliff Britton, un des participants, originaire de Thunder Bay, en Ontario, arborait fiesement une ceinture au m6tier tandis qdun de leurs confrkes portait une ceinture authentique que son p&re avait mis un an B tisser. On ne mentionne pas l'origine ethnique de ces jeunes hommes et jeunes femmes. Chez toutes et tous on perçoit toutefois une bonne cornaissance de la ceinture f l&ch6e, Citons en terminant le cas de cet habitant du Montana, Charles Marion Russell, dont un timbre fut émis en sa mémoire et une sculpture en bronze élevée sur laquelle il porte la ceinture fléchée. Ce personnage pour le moins original avait un culte pour la ceinture du voyageur qu'il avait probablement acquise lors de ses nombreux déplacements entre Goose Bay et Helena, Montana, oh il vivait avec des -&indiens et des explorateurs du Far-West, de qui il avait emprunte la mode de la ceinture flechée. La ceinture a donc laissé sa marque un peu partout quoique de façon ciifferente, elle est v&n&r&e ou ignorée chez l'homme blanc comme chez l'amérindien, dans les regions de l'est comme dans celles de l'ouest.

296 NOTES DU CHAPITRE IV The New Encyclopedia Britannica, lsth Edition, 1990, vol. 11. Ibid., vol, 23:73:16, Ibid., vol. 16:625:2a. Jacques Maquet, On Symbols in Anthropology, essays in honor of Harry Hoi jer, introduction, p. 4. Ibid,, p. 5, 8, 9et 104, - Michel Beurdeley, Les Petits métiers df autrefois, Paris, Solar, 1992, p. 60. Jon Thomson, Totton, King of Fibersu, National Geographic Magazine, June, 1994, vol. 185, no 6, p- 83. Francis Parkman, France and England in North Rmerica, New York, The Library of America, 1983, reprint 1886, vol. 1, p Ibid., p Ibid., p Robert Rumilly, La Compagnie du Nord-Ouest, une épopée montrealaise, tome 1, Montreal, Fides, 1980, p APW, HBC B 105a 2, , p. 9. Ibid., p. 19. Evan Hadingcham, Riddle of the Chinese mummies, what are year-old Caucasians doing in Xin jang?, Discovery, April 1994, p. 72. Robert de Roquebrune, Testament de mon enfance, Montréal, FiGss, p Ibid., p Marius Barbeau, Assomption Sash, p. 32, gravure VI II. Héléne pelletier-baillargeon, Marie Gikîn-Lajoie, Montreal, Borkal Express, 1985, entre p. 96 et 97. Françoise Gaudet-Smet, M'en allant promener, Montreal, Beauchemin, 1953, intérieur de la jaquette du livre.

297 La Presse, Montréal, 20 janvier Viviane Roy, La Presse, 30 decembre Journal de Beloeil, novembre Isabelle Paré, "Des ceintures fléch6es casheru, Le Devoir, 17 novembre La Presse, "Pleins Feux sur lractualitéa, 13 avril Le Journal des Affaires, 19 octobre Rencontre Loretteville de G, Dugas, M. L'Heureux et M. LeBlanc avec un jeune chef amérindien, mai C.W. Jeffery, The Picture Gallery of Canada History, vol. 2, ( ), Toronto, McGraw Hi11 Ryesson, 1945, p. 79. Marguerite Vincent, La nation huronne son histoire, sa culture, son esprit, Quebec, Editions du Pélican, 1984, p. 80. John Duncan, Travels through parts of the USA and Canada, , vol. 1, p. 297, Lithographie de Chatfield, Collection du Mus&= McCord, Montréal. Nicholas Vincent, Archives publiques du Canada, Ottawa- Robert Share Milnes Bouchette, Collection du Mus6e McCord, Montréal. Cornelius Krieghoff, Collection du Musée du Québec, Québec. Cornélius Krieghoff, Collection du Musée du Québec, Québec. Sir James Archibald, Collection du Musée McCord, Montréal. Henri Létourneau raconte, fiditions Bois-BrOlées, Winnipeg, Manitoba, 1978, p. IV+. John Palmer, Journal of travels in the United States of North America and Lower Canada performed in 1817, London. Archives du Nova Scotia Provincial Museum, Halifax, dot- acc (3998), Micmac - woven Girdle. Ibid.. Ibid..

298 John Lambert, Travels through Lower Canada and the United States of America in the year 1806r 1807 and 1808, London, Richard Philipps, 1810, vol. 2, p Wilson D. Wallis and Ruth Sautell, The Micmac Indians of Eastern Canada, Minnesota USA, Minnesota Press, p. 43, note 46. Bradbury's Travels, The Arthur H. Clark Company, 1904, p "Art of the American Indian Frontierw, Catalogue of the Chandler Pohrt Collection, Seattle, George Catlin, North Amedcan Indians, New York, Penguin Books, 1989, passim. Jean Cazeneuve, L'Ethnologie, Paris, Larousse, 1967, p George Catlin, OP. cit., p. 59. Peter Newman, Merchants Prince, Toronto, Penguin Book, 1991, p. 73. Antoine Champagne, Petite histoire du Voyageur, St-Bonif ace, Man., La Sociate historique de St-Boniface, 1971, p. 50. Dick Gringuis, Mackinac History, Indian Costumes at Mackinac, Mackinac Islands State Park Commission, 1972, vol. II, Lesflet no 1, p. 24. Radio-Canada, -Le jour du Seigneurw, Edmonton, Alberta, Chroniques des soeurs Grises, Saint-Bonif ace, Manitoba, p. 92. Radio-Canada, Reportage de Marc-Andr6 Masson, 6 mars The Globe and Mail, October 5, Julia D. Harrison, Metis, People between two worlds, Vancouver, The Glenbow Museum, 1985, p. 89. The Fur Trade in North Dakota, State Historical Society of North Dakota, ed, by Virginia L. Heidenreich, 1990, (page couverture). Fort Buf ord Museum, Bismark, Noxth Dakota, doc , 5352, 11495, 13269, 13274, L 532. George Catlin, North American Indians, p. 59. Correspondance de David M. Blackard, (American Indian Art Consultant, avec 3. Clemens, November 1, 1990, p. 2.

299 60 - Jessie Clentans, Qualla, Cherokee, Arts & Crafts Mutual Inc., Cherokee, North Carolina, p David M. Blackard, Patchwork Palmettos, Seminole Miccosukee Folk Art, since 1820, p , 62. Bruce Hutchison, The Fraser, Toronto, A. Clarke Irwin Canadian Paperback, 1950, p Pierre Jean de Smet, Voyages de l'oregon, 1845, p Correspondance avec Carol L. Huls, (Associate Curator), North Dakota, Heritage Center, Bismark, N. D. avec Jessie Clemans, September 3, 1992, 65. Tkmoignage oral rapporte par Jessie Clemans, Heritage Center, North Dakota, 7 decembre Correspondance personnelle avec Jessie Clemans, Heritage Center, North Dakota, &te 1991-

300 CONCLUSION En rnr appuyant sur l'énoncé &mis par Ratzel à lref fet que des idées, des modes, des tenues vestimentaires sont transmises à d'autres par des rapports entre diffkrents peuples, mais sont rarement des inventions independantes, j'ai dhontré que ce phénomène s'appliquait à un article de vetement, la «ceinture fléchée». Cette ceinture avait une certaine fonction utilitaire dans le groupe social des habitants du Bas-Canada; elle les gardait au chaud pendant les saisons froides, et outre cette utilitb, elle était décorative et bien attrayante. torsqurelle fut adoptée par un autre groupe dont elle ne faisait pas partie des habitudes vestimentaires, celui des Amérindiens, elle changea de fonction. Le port de cette ceinture ne &pondait plus au besoin de se vêtir chez les Autochtones, puisqu'ils se servaient déjà des fourrures pour se protéger du froid. On constate que l'introduction de la ceinture chez les Autochtones s'est faite par l'intermédiaire des habitants du Bas- Canada qui sfengag&rent comme Voyageurs, au service des compagnies de traite des fourrures : la Compagnie du Nord-Ouest, puis celle de la Baie d'hudson. Ces Canadiens portaient dans leur accoutrement, leur ceinture colorée qui suscita un grand intéret auprès de plusieurs tribus amérindiennes. Les gens du commerce des pelleteries se rendant compte de la convoitise des autochtones pour cette ceinture, dès 1795, ils firent appel a l'angleterre pour s'en produire. Des ceintures colorées, jolies, mais de moindre qualité, qui cherchait imiter l'authentique ceinture des Canadiens, arrivèrent en grandes quantites. Ces ceintures distribuées dans les différents postes de traite causeront plus tard une certaine confusion auprès des gens qui ne voyaient pas la différence d'avec les ceintures canadiennes, et ceci leur fit tirer des conclusions inexactes, h savoir que la ceinture fldchbe etait d'origine amérindienne. Ce mythe reste encore fortement ancre dans l'opinion populaire de nos jours.

301 On joignit une ceinture colorée au costume de chef offert par les Blancs au moment de rencontres officielles, de transactions commerciales ou autres. Ceci se faisait dans les postes de traite importants, par les marchands et par les dirigeants des compagnies au Bas-Canada. C'est donc par de tels gestes que la ceinture assumera un r61e de statut social, Plusieurs oeuvres picturales, toiles, aquarelles is fin du XIX? siecle témoignent de ce fait ainsi que quelques clichés photographiques du début du XX siecle- Ces images diffuseront parfois Le message que les ceinture? sont drorigine amerindieme si on ne prend pas la peine de retracer les circonstances de leur rkalisation, Cette recherche a exigé d'apporter une attention constante a 1' identification des ceintures, cr est-&-dire de sr assurer de toujours d6tedner si on avait affaire une ceinture authentique, tissée aux doigts, ou fabriquée au métier, en Angleterre ou au pays, ou encore au moyen d'autres techniques. Ceci peut sembler excessif puisque ce travail n'est pas une étude technique; mais ce fut le pivot central d'oh s'embrayaient les arguments de force pour appuyer mon hypothèse. J'en ai conclu qu'il est impossible qu'une ceinture fabriquée en Angleterre et non tissée aux doigts, possédée par un Amérindien, même depuis quelques générations, puisse être considéree d'origine amérindienne. Une telle ceinture signalait immédiatement une acquisition, cadeau ou résultat d'une transaction commerciale. À partir de nombreux dcrits comme des recherches sur le costume, des livres de comptes des compagnies de fourrures, des journaux intimes, des relations de voyages, des greffes de notaires, des rbcits littéraires tamisés, jgai retiré de nombreuses appellations qui variaient selon chacune de ces sources, Cette opération a permis, tout en révélant sa présence, de situer les jalons de l'histoire de cette ceinture, depuis son apparition, un peu aprés l'instauration du régime anglais qui fit de la Nouvelle- France, le Bas-Canada, jusqu'aux premiers 6crits sur le sujet par

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