Simulation 3D de l écoulement et de l échange de chaleur dans un canal de refroidissement



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Revue des Energies Renouvelables CISM 08 Oum El Bouaghi (2008) 153 164 Simulation 3D de l écoulement et de l échange de chaleur dans un canal de refroidissement A. Harizi 1*, E. Mahfoudi 1 et A. Gahmousse 2 1 Centre Universitaire Larbi Ben M Hidi, Oum El Bouaghi, Algérie 2 Laboratoire d Energétique et Turbomachines LET, Université Cheikh Larbi Tebessi, Tébessa, Algérie Résumé - Les températures imposées aux aubes des premiers étages de turbines sont généralement très élevées, celles-ci exposent ces dernières à des effets thermiques néfastes poussant les constructeurs continuellement à améliorer les techniques de refroidissement des aubes. Il est vrai qu en augmentant la température des gaz à l entrée des turbines, on augmente le rendement, les performances des machines et on améliore aussi la puissance et la consommation en carburant avec une réduction sensible des gaz polluants. Ainsi, la tendance générale actuelle des constructeurs est la conception de machines fonctionnant à des températures d entrée de plus en plus élevées. Ceci a conduit par conséquent, à la recherche permanente de nouveaux matériaux à résistance thermique élevée et améliorer sans cesse, les techniques de refroidissement. Cette tache se trouve conditionnée par une bonne et profonde compréhension du phénomène de transfert de chaleur dans les aubes de turbines. La présente étude s intéresse à la simulation numérique en 3D de l écoulement et de l échange de chaleur à l intérieur d un canal de refroidissement interne d une aube de turbine à gaz. Ce canal est muni de perturbateurs qui jouent le rôle de promoteurs de turbulence permettant ainsi l augmentation du niveau d échange thermique entre l air de refroidissement et les parois de l aube. La simulation est conduite au moyen du code Fluent, la formulation RANS est adoptée pour la simulation avec les modèles de turbulence k - ε realizable et RSM. Abstract The temperature imposed to first stage gas turbine blades are generally very high which exposes them to ominous thermal effects. That s why constructors continue to improve their blade cooling technics. Indeed, it s known that any increase in turbine entry temperature affects positively the efficiency, engine performances as well as power and fuel consumption with less pollutants. Therefore the actual general research tendency is to design new turbo engines working at more elevated entry temperatures. This amplifies the need to find new materials with higher thermal resistances as well as new turbine blade cooling techniques. These goals require a deep understanding of turbine blade heat transfer. The present study is interested in the 3D numerical simulation of flow and heat transfer inside an internal ribbed cooling channel of gas turbine blade. The ribs present in the duct, play the role of turbulence promoters, permitting the increase of thermal exchange level between the cooling air and blade walls. The simulation is conducted by means of the Fluent code, RANS formulation is adopted for the simulation with the two different turbulence models, k - ε realizable and RSM. Mots clés: Aube de turbine - Canal perturbé - Refroidissement Turbulence - Echange de chaleur - Recirculation. 1. INTRODUCTION Les turbines à gaz fonctionnent de nos jours sous des conditions de température de plus en plus élevée venant des chambres de combustion. Ces valeurs élevées de températures dépassent souvent la limite thermique admissible par les matériaux * atharizi@yahoo.fr 153

154 A. Harizi et al. couramment utilisés. Les aubes de turbines à gaz font partie des composants les plus exposés à ces effets thermiques. Leur protection nécessite l application d un refroidissement efficace et continu. Parmi toutes les méthodes de refroidissement qui existent aujourd'hui, tant dans les moteurs aéronautiques que dans les turbines à gaz stationnaires, les constructeurs emploient la technique du refroidissement interne par convection forcée, qui continue toujours à avoir un intérêt certain, même s il s agit historiquement de l approche la plus ancienne. Dans cette technique (Fig. 1), l air de refroidissement, généralement tiré du compresseur, traverse des circuits à géométrie complexe aménagés à l intérieur des aubes. La présence, dans ces canaux, de perturbateurs régulièrement disposés, joue le rôle d amplificateur du niveau de turbulence, mais complique davantage les mécanismes de l écoulement. Avec l augmentation des niveaux de températures atteints dans les turbines à gaz modernes, il apparaît nécessaire de prendre en considération, en plus des paramètres aérothermiques, les paramètres géométriques qui seraient capables d apporter des améliorations au refroidissement des aubes. La conception des canaux de refroidissement doit reposer sur des objectifs précis qui sont principalement : l amélioration du niveau d échange thermique entre le fluide et la paroi pour une surface d échange fixée, la minimisation de la perte de pression pour le même flux de chaleur. Ainsi, de nombreux paramètres sont à prendre en considération, on cite particulièrement: l espacement des perturbateurs, leur inclinaison, les rapports de forme et de blocage et la géométrie même du perturbateur. Parmi les paramètres aérothermiques pouvant influencer considérablement l efficacité du refroidissement, on doit citer: le nombre de Reynolds, l intensité de la turbulence, les conditions thermiques, Fig. 1: Aube de turbine avec dispositif de refroidissement [1] Malgré le nombre assez important de travaux scientifiques (expérimentaux et numériques) réalisés dans différents laboratoires de recherche, cette configuration du refroidissement des aubes de turbines, continue toujours de faire l objet de nouvelles

CISM 2008: Simulation 3D de l écoulement et de l échange de chaleur dans un 155 investigations et ce en raison de la complexité du couplage, qui y existe, entre différents phénomènes (turbulence, échange thermique, recirculation, détachement et ré attachement) et en raison de la difficulté d interprétation des résultats obtenus par voie expérimentale, nécessaires à la validations des résultats numériques. La présente étude tente d apporter quelques éclaircissements sur la nature de l écoulement et du transfert thermique qui lui est associé à l intérieur du canal de refroidissement. Dans une première étape, nous considérons d abord, une portion carrée d un canal fixe avec un seul perturbateur droit, disposé sur la paroi inférieure. La géométrie de ce canal correspond à celle étudiée expérimentalement par Casarsa et al. [2] et numériquement par Lohasz et al. [3]. 2. EQUATIONS GOUVERNANTES 2.1 Equations moyennées Les équations moyennées de la conservation de masse, de la quantité de mouvement et de l énergie sont respectivement: U ρ i = 0 (1) xi ( Ui U j ) p U U i j 2 U l ρ = + µ + δ i j ρ ( ui u j ) (2) xi xi x j x j xi 3 xl x j ui T ν T = u ' i T (3) xi xi Pr xi Dans ces équations, des inconnues ( u i u j et u ' i T ) supplémentaires apparaissent, conséquence directe de l application de la procédure de moyenne de Reynolds. De nouvelles équations doivent être utilisées sous forme de modèle pour pouvoir fermer le problème. 2.2 Modélisation 2.2.1 Modèle k-ε Les tensions de Reynolds sont modélisées par l hypothèse de Boussinesq qui consiste à lier les contraintes de Reynolds à une viscosité apparente de la manière suivante: 2 ui u j = k δi j 2νt Si j (4) 3 1 Avec U = i U j S + i j 2 x j xi Tel que ν t est calculée, pour le modèle standard, par la relation suivante: k 2 ν t = C µ (5) ε avec C µ, constante du modèle. Le modèle k ε realizable est une variante de la famille des modèles k ε où le terme realizable ou réalisable veut dire que le modèle satisfait certaines contraintes

156 A. Harizi et al. mathématiques caractérisant la physique des écoulements turbulents, et il diffère du modèle standard principalement autour des aspects suivants: a. Nouvelle formulation de la viscosité turbulente ( C µ n est plus une constante). b. Une nouvelle équation pour la dissipation turbulente ε. Ce modèle donne de meilleurs résultats pour une large classe d écoulements, notamment ceux présentant des zones de recirculation [4]. 2.2.2 Modèle RSM C est le modèle le plus élaboré dans lequel l hypothèse de viscosité turbulente isotrope est abandonnée, les équations RANS sont ainsi fermées en résolvant une équation de transport supplémentaire pour chaque composante des contraintes de Reynolds. Ce modèle donne de meilleurs résultats pour la plus part des écoulements en prenant en compte les effets de la rotation, des tourbillonnements, les courbures des lignes de courant,.etc. Cependant sa mise en oeuvre est beaucoup plus coûteuse en terme de calcul par rapport aux autres modèles [5]. 2.2.3 Modélisation pour le transfert thermique En raison du couplage champ dynamique - champ thermique, la modélisation de la turbulence joue un rôle majeur dans la prédiction des échanges thermiques, c est pourquoi il existe très peu de méthode pour la modélisation directe du transfert thermique. Le modèle le plus connu est construit sur l hypothèse d un simple gradient de diffusion similaire au transfert thermique moléculaire tel que: ' νt T ui T = (6) Prt xi avec Pr t nombre de Prandlt turbulent 0.85 [6]. 3. GEOMETRIE DE BASE ET MAILLAGE La géométrie du canal étudié est représentée sur la figure (2) avec les données suivantes: Rapport d aspect: e 0. 3 e = ; Rapport de blocage: = 0. 3. W H P Espacement: = 10 ; Angle d inclinaison: α = 90. e Fig. 2: Domaine de calcul 3D

CISM 2008: Simulation 3D de l écoulement et de l échange de chaleur dans un 157 Pour s assurer une solution indépendante du maillage, trois grilles sont créées et notées Gr 1, Gr 2 et Gr 3. Leurs tailles sont représentées sur le Tableau 1. La grille Gr 3 correspondant à un maillage fin est constituée de mailles instructurées dans le plan x y et structurées pour le reste du domaine. Tableau 1: Maillages utilisés Maillage Taille Type 1 ère Maille Gr 1 130080 nœuds instructuré 0.004 Gr 2 234336 nœuds // 0.003 Gr 3 502400 nœuds // 0.002 Plan x y Domaine diminué Fig. 3: Maillage instructuré, Grille Gr 3 3. SIMULATIONS Le nombre de Reynolds de l écoulement (basé sur le diamètre hydraulique D H et la vitesse de l air à l entrée du canal U 0 ) est de l ordre de 4 x 10 4, correspondant à la même valeur utilisée dans les travaux [2] et [3]. Cette valeur est valable pour une vitesse d entrée ( U 0 = 1 m / s ) qui permet de fixer le débit massique de l air à l entrée du canal à une valeur de G = 1 kg / s. Les résultats présentés dans ce travail sont issus de simulations réalisées au moyen du code Fluent. Les modèles k - ε realizable et RSM sont utilisés et leurs résultats comparés. Les termes convectifs sont discrétisés suivant un schéma de second ordre du type Upwind, le couplage pression - vitesse est réalisé par une méthode de prédiction correction (algorithme simple). Le traitement proche paroi est assuré par une loi de paroi standard, qui assure une évolution linéaire pour y * < 11. 225, au-delà, une loi logarithmique est appliquée [6]. Toutes les simulations démarrent à partir d une solution initiale obtenue et interpolée à partir d un calcul préliminaire effectué sur un maillage grossier Gr 1. Le critère de convergence associé au solveur est satisfait lorsque la valeur des résidus sur l équation de continuité atteint 10-5. 3.1 Conditions aux limites aux niveaux des parois Une condition de non glissement (zéro vitesse) est appliquée à toutes les parois. Quant au champ thermique, les conditions aux limites appliquées aux parois du pontet, parois supérieure et inférieure sont du type flux de chaleur imposé dont la valeur est Q 2 w = 280 W / m, les parois latérales sont maintenues adiabatiques.

158 A. Harizi et al. 3.2 Conditions aux limites périodiques Les canaux de refroidissement interne des aubes de turbine, présentent une géométrie qui se répète identiquement après une certaine distance dans le sens de l écoulement ce qui permet de considérer l écoulement comme étant périodique. Ces modules géométriques, tels que schématisés sur la figure 1, ont des données d écoulement à l entrée et à la sortie parfaitement identiques (usuellement à partir du quatrième pontet), sauf pour les champs de pressions et de températures. Il serait donc intéressant d exploiter ce caractère périodique, pour ne faire les calculs que pour un seul module et réduire ainsi l effort de simulation nécessaire. Néanmoins, ceci n est possible qu en apportant une certaine modification aux équations du mouvement. Dans un régime d écoulement périodique, la pression et la température peuvent être décomposées en deux termes, le premier représente une fluctuation périodique et l autre une variation linéaire dans le sens de l écoulement. Fig. 4: Nombre de Nusselt pour les trois grilles, modèle k ε realizable Il apparaît d après la figure 4, que la solution obtenue est indépendante du maillage, puisqu on constate l existence d une différence faible dans l évolution de Nusselt dans les trois cas. On note toute fois que la grille Gr 3 donne des valeurs légèrement plus importantes par rapport aux deux autres. Dans les simulations qui suivent nous utiliserons exclusivement la grille Gr 3. 4. RESULTATS ET DISCUSSION 4.1 Champ dynamique La nature des données expérimentales [2] auxquelles nous confrontons nos résultats confine la comparaison au seul plan médian x y. La figure 5 présente les contours des vitesses dans la direction de l écoulement où il est clair que l écoulement est fortement accéléré dans la zone au dessus du pontet. Il est évident que le pontet par sa présence dans le canal réduit la section de passage provoquant une forte accélération de l écoulement.

CISM 2008: Simulation 3D de l écoulement et de l échange de chaleur dans un 159 Fig. 5: Contours des vitesses U, modèle RSM, plan x y ( Z / e = 0 ) La figure 6 montre les contours de l intensité de la turbulence suivant la direction de l écoulement, les fortes valeurs sont observées sur le pontet et à son aval, d après Chaineray [7], le taux de turbulence rapporté à la vitesse moyenne atteint dans ces zones 52 % et l échelle de turbulence 40 % de la hauteur H, on remarque bien que les plus importantes fluctuations de vitesse sont accrochées à l arête amont du perturbateur et produisent les plus fortes contraintes turbulentes. Fig. 6: Intensité de la turbulence [%], modèle RSM, plan x y ( Z / e = 0 ) Les structures de l écoulement obtenues par la présente simulation sont représentées sur la figure 7, celles issues de l expérience sont représentées sur la figure 8. On constate d après ces figures, la présence de quatre régions de recirculation: B2 sur le pontet, B3 en amont du pontet. En aval du perturbateur, deux rouleaux apparaissent, l un de plus grande taille B4. La forme et la taille de ces zones de recirculation sont d une grande importance pour l analyse de l écoulement à travers le canal perturbé. En se basant sur le fait qu un point singulier est défini à l endroit où le profil de vitesse change de signe, nous avons tenté de déterminer la tailles de ces zones de recirculation, ainsi que les points de ré attachement qui leurs correspondent et ce à partir d un examen approximatif des profils de vitesses parallèles à la paroi inférieure et ce en reprenant les mêmes points de mesures ( y / e = 0.01 pour B1 et B2, y / e = 0.05 pour B3 et B4).

160 A. Harizi et al. Fig. 7: Zones de recirculation, plan x y ( Z / e = 0 ) Fig. 8: Zones de recirculation d après les mesures PIV [2] Tableau 2: Points de réattachement Zone Actuelle simulation Mesures PIV [2] LES 3D [3] B1 0.998 : 1.022 0.755 : 0.78 1.14 B2 Valeur erronée 0.1 : 0.4 Pas de valeur B3-0.861 : -0.793-1.54 : -2-1.656 B4 4.566 : 4.706 4.26 : 4.34 4.32 Nous constatons que l actuelle simulation prédit différemment les points de ré attachement. Les B4 et B1 sont relativement assez bien localisés en comparaison avec [2] et [3], avec un bon résultat pour B4, la valeur pour B3 s écarte de celle donnée par l expérience. La valeur trouvée pour B2 est totalement erronée. Ainsi cette analyse prédit valablement l existence de structures tourbillonnaires dans l écoulement, cependant elle reste à améliorer et elle continue de faire l objet d un travail continu par les auteurs. Sur la figure 9, on présente l évolution du profil de vitesse sur la hauteur du canal et ce pour la station ( x / e = 0) juste au dessus du pontet. Nous constatons une bonne concordance avec les résultats expérimentaux [2] et numériques [3]. Sur la figure 10, correspondant à la station ( x / e = 8), le profil de vitesse obtenu s écarte jusqu à environ 25 % des valeurs expérimentales en aval du perturbateur, les profils se rejoignent ensuite au voisinage de la paroi supérieure jusqu à leurs valeur nulle.

CISM 2008: Simulation 3D de l écoulement et de l échange de chaleur dans un 161 Fig. 9: Profil de vitesse à ( x / e = 0) Fig. 10: Profil de vitesse à ( x / e = 8) La figure 11 présente l évolution du profil de vitesses dans la direction de l écoulement à une hauteur ( y / e = 0.07) où l on constate une bonne concordance avec les résultats expérimentaux en amont du pontet avec un léger écart au voisinage de la zone de recirculation B1. En aval du perturbateur, les résultats s écartent notamment dans la zone B4, au-delà les profils se rejoignent. Fig. 11: Profil de vitesse à ( y / e = 0.07) 4.2 Champ thermique Il ressort de la figure 12, que le modèle RSM prédit des valeurs de Nusselt plus importantes que le modèle k ε realizable, notamment en aval du pontet où l écart est notable, cela est du probablement au fait que le modèle RSM prédit mieux la taille et l emplacement des structures tourbillonnaires fortement anisotropes qui apparaissent dans l écoulement du fait de la présence du perturbateur, ces structures intensifient considérablement l échange thermique et les frottements qui sont conditionnés par les caractéristiques de l écoulement de proche paroi. Ce dernier subit sous l influence des perturbateurs de fortes agitations qui se traduisent par des décollements, des zones de séparation et de recollement des particules fluides, tel que mentionné plus haut [7].

162 A. Harizi et al. Fig. 12: Evolution de Nusselt pour les deux modèles Le minimum des échanges apparaît dans le proche voisinage du perturbateur en amont et en aval de ce dernier où les échanges sont étouffés par deux poches dans lesquelles l écoulement est confiné (zones de recirculation B1 et B3). Dans ces deux régions, le fluide subit un ralentissement, la convection se trouve diminuée et les échanges sont alors amoindris. Ce phénomène peut s avérer pénalisant pour la conception des aubes de turbine dans la mesure où il tend à favoriser l apparition de points chauds [7]. Le maximum des échanges apparaît sur le coin amont du pontet où nous avons constaté, plus haut, l existence des plus fortes contraintes turbulentes. Ceci peut s expliquer par le fait qu une partie de l énergie cinétique moyenne convectant la chaleur est transformée en énergie cinétique turbulente. Les transferts thermiques sont alors augmentés par l intermédiaire du transport turbulent. Finalement, on note que la distribution de Nusselt dépend des trois contributions:celle du perturbateur, celle de la paroi lisses entre les perturbateurs et celle de la paroi supérieur. Les deux parois latérales étant supposées adiabatiques, leur contribution n affecte pas, dans la présente simulation, les échanges thermiques, mais en réalité ces deux parois ont une influence considérable. 5. CONCLUSION La présente étude nous a permis à travers une simulation 3D d analyser et de comprendre un bon nombre d aspects physiques importants. Dans ce type d écoulement, on a surtout essayé de maître l accent sur le rôle que joue la présence du pontet dans le canal, sur la distribution des échanges dynamiques et thermiques. L analyse des résultats de la simulation confirme que: La présence d un obstacle dans l écoulement conduit à une augmentation des échanges dynamiques et permet ainsi l amélioration des transferts thermiques gage d un refroidissement efficace.

CISM 2008: Simulation 3D de l écoulement et de l échange de chaleur dans un 163 L interaction entre recirculation et écoulement principal génère une forte turbulence, cette dernière est accentuée dans les zones d intenses gradients de vitesse et de fortes courbures des trajectoires en amont du perturbateur. Les échanges de chaleur sont amoindris dans les zones de recirculation où l effet convectif est moins prépondérant que celui diffusif (le fluide est ralenti), dans ces zones le nombre de Nusselt enregistre ses plus faibles valeurs. La tentative de validation des résultats de cette simulation en se basant sur les données expérimentales [2] et numériques [3] s est avérée délicate. Pour les profils de vitesse la concordance est acceptable mais pour les tailles des zones de recirculation et leurs points de ré attachement il faut chercher un modèle plus affiné pour mieux les décrire. Nous rappelons que l écoulement décrit correspond à un écoulement moyenné dans le temps. Cet état est le résultat de la décomposition en échelles turbulentes. En réalité l écoulement est le siège de nombreux phénomènes instationnaires producteurs de structures tourbillonnaires fluctuantes [7]. Une analyse intéressante du caractère instationnaire de l écoulement réalisée par Labbé et al. [8] à partir d un calcul bidimensionnel de simulation des grandes échelles (LES) montre le rôle important joué par ces structures cohérentes sur les transferts de chaleur. La caractérisation de cet aspect instationnaire de ce type d écoulement constitue un complément nécessaire et utile à la présente étude. NOMENCLATURE P : Pas entre perturbateur, cm ν : Viscosité cinématique,m 2 /s e : Hauteur du perturbateur, cm µ : Viscosité dynamique,kg/ms H : Hauteur du canal, cm D H : Diamètre hydraulique, cm W : Largeur du canal, cm Pr : Nombre de Prandlt Nu : Nombre de Nusselt u i : Fluctuations de la vitesse, m/s T : Température, K U i : Composantes moyennées de la Q w : Flux de chaleur pariétal, W/m 2 0 k : Energie cinétique turbulente, m 2 /s 2 ε : Dissipation turbulente, m 2 /s 2 REFERENCES vitesse, m/s U : Vitesse à l entrée du canal G : Débit massique de l air, kg/s Re : Nombre de Reynolds [1] J. Han, S. Dutta and S. Ekkad, Gas Turbine Heat Transfer and Cooling Technology, Taylor and Francis, 2000. [2] L. Casarsa and T. Arts, Aerodynamic Performance Investigation of a Rib Roughened Cooling Channel Flow with High Blockage Ratio, 11 th International Symposium on Application of Laser Techniques to Fluid Mechanics, Lisbon, Portugal, 2002. [3] M. Lohasz, P. Rambaud and C. Benocci, LES Simulation of Ribbed Square Duct Flow with Fluent and Comparison with PIV Data, 12 th International Conference on Fluid Flow Technologies, Budapest, 2003.

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