Policy Briefing May 2012

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Transcription:

Policy Briefing May 2012 Le forum sur la coopération sino-africaine (FCSA): Commerce, Investissements et Aide au développement Avec l ère de la mondialisation et l évolution de la coopération Sud-Sud, la Chine a manifesté un intérêt vis-à-vis de l Afrique. En 2000, dans le but d établir un partenariat bilatéral plus dynamique, de minimiser les stéréotypes autour de la relation Chine-Afrique et de renforcer la coopération sinoafricaine, les hommes d Etats africains et chinois ont institué le forum sur la coopération sinoafricaine. Le forum entre dans le cadre d un partenariat stratégique entre la Chine et l Afrique dans l ère du nouveau millénaire. L intérêt majeur de ce forum est de développer une coopération économique et des relations commerciales. Au début des années 2000, coïncidant avec la politique chinoise du go out, le commerce sino-africain a connu une croissance remarquable en passant de 2 milliards en 1999 à 160 milliards de dollars en 2011 permettant ainsi à la Chine de devenir un partenaire commercial leader pour l Afrique. La coopération économique entre la Chine et l Afrique est aussi marquée par les investissements et l aide au développement. Le forum sur la coopération sino-africaine est une continuité de l agenda politique du gouvernement chinois vis-à-vis de l Afrique afin de renforcer les relations économiques, politiques et diplomatiques avec les pays africains. A partir de 2000, la Chine, à travers sa politique du go out, a accru ses investissements et le volume de son commerce en Afrique par le biais de ses entreprises d Etat qui opèrent sur le continent. Un tel agenda a été élaboré à travers les ministères chinois des affaires étrangères et du commerce et des institutions financières d Etat tels que la Banque chinoise d Import-Export, la Banque chinoise de Développement et le Fonds de Développement Chine-Afrique pour accroître le commerce, les investissements et l aide au développement en Afrique. La politique du go out a permis le flux des Investissements Directs chinois à l Etranger (IDE) et la recherche de nouveaux marchés. En 2011, le commerce sino-africain et les IDE chinois (en stock) en Afrique ont respectivement atteint 160 milliards (voir figure 1) et plus de 13 milliards de dollars. Aujourd hui, la Chine est un partenaire commercial majeur pour l Afrique. Plus de 2000 entreprises chinoises (d Etat, privées, joint ventures, Petites et Moyennes Entreprises) se sont établies en Afrique. Le forum sur la coopération sino-africaine a ainsi joué un rôle important afin de faciliter les relations commerciales et d affaires entre la Chine et l Afrique. De 2000 à 2009: les réalisations à travers le forum Le forum sur la coopération sino-africaine s est évertué à l établissement d un nouvel ordre économique et politique international entre la Chine et l Afrique visant à améliorer la coopération économique entre les pays africains et la Chine. En 2000, la première rencontre du forum s est conclue par un plan d action de trois ans dans le but d accroitre le commerce et les investissements sino-africains, supprimer les dettes des pays africains vis-à-vis de la Chine, augmenter l aide au développement à l Afrique et encourager les entreprises chinoises à investir en Afrique. La seconde rencontre était pour la première fois organisée en Afrique (Addis Abeba-Ethiopie) en décembre 2003 et a vu la participation massive de chefs d Etats africains, soulignant ainsi leur intérêt pour le renforcement des relations sinoafricaines sur le continent. La rencontre était plus axée sur la coopération politique et le développement socio-économique. A la rencontre d Addis Abeba, les autorités chinoises ont pris des engagements pour l ouverture du marché chinois aux exportateurs africains et l accord d une exonération des tarifs douaniers à certains produits exportés par les pays africains vers la Chine. Pour améliorer la coopération économique bilatérale, les ministères africains et chinois des affaires étrangères, du commerce, de la coopération économique et de l économie ont conclu des accords afin d encourager un

FOCAC: trade, investments and aid accès des produits africains au marché chinois. Des accords commerciaux entre la Chine et les pays africains ont été ainsi signés et entrent dans le cadre de l Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dans le but d harmoniser les politiques commerciales et de participer aux négociations commerciales pour un meilleur système commercial, une croissance économique et un développement durable. Pour le commerce des services, en l occurrence le tourisme, la Chine a accordé le statut de pays de destination touristique (ADS) à l Ile Maurice, au Kenya, aux Iles Seychelles, à la Zambie, à la Tunisie, à l Ethiopie et au Zimbabwe permettant ainsi aux touristes chinois de voyager dans ces pays. Pour promouvoir le secteur touristique et développer l infrastructure et la capacité touristiques, les autorités africaines et chinoises du tourisme ont élaboré des programmes. Pour les investissements, l agriculture a été l un des secteurs ciblés durant la rencontre de 2003. Le plan d action d Addis Abeba (2004-2006) a stipulé la gestion des ressources foncières et en eau, le développement des infrastructures agricoles, la sécurité alimentaire, la fabrication de machines agricoles ; etc. Beijing a développé des politiques financières pour accompagner ses entreprises à travers son ministère du commerce, la banque chinoise d Import-Export afin de développer des projets agricoles en coopération avec les pays africains. Le développement des infrastructures était aussi à l ordre du jour de la rencontre d Addis Abeba. La Chine a depuis lors financé la construction de routes et chemins de fer dans plusieurs pays africains ; contribuant ainsi à leur développement socio-économique. Par ailleurs, la création de joint ventures en vue de faciliter les investissements bilatéraux a été encouragée par les autorités chinoises et africaines. La création d un cadre d investissement commun par les entreprises chinoises et africaines et les échanges d expérience en gestion des affaires ont été les facteurs clés dans le partenariat économique Chine -Afrique durant ce deuxième forum. Une telle politique permet d établir des affaires en commun et devrait contribuer à la création d emplois, au transfert de technologies et au renforcement des capacités. A côté de la présence des entreprises d Etat chinoises dans l environnement des affaires en Afrique qui caractérise l engagement d Etat à Etat, le forum d Addis a aussi considéré l implication des entreprises privées, Petites et Moyennes Entreprises (PME) d opérer en Afrique et en Chine. Cependant, il est intéressant de noter que le gouvernement central chinois fait face à des défis pour contrôler la vague d entrepreneurs privés avides de succès et parfois plus attirés en Afrique par le profit que l éthique des affaires. Il convient de noter à travers quelques investissements chinois en Afrique que peu a été réalisé en ce qui concerne le transfert des compétences et le développement des ressources humaines pour les africains. Afin d encourager les affaires et promouvoir la coopération entre la Chine et l Afrique, un accord a été signé pour la création d une chambre de commerce et d industrie sino-africaine. Figure 1: Volume des importations et exportations de l Afrique vis-à-vis de la Chine Source: Annuaire Statistique de la Chine Les Zones Economiques Spéciales établies par la Chine dans nombre de pays africains (Nigeria, Ile Maurice, Egypte, Ethiopie et Zambie) pourraient satisfaire les besoins d emplois, de transfert de technologies et de compétences, mais apparemment les avantages escomptés n ont pas encore été réalisés. Au lieu de permettre aux entrepreneurs locaux de faire des affaires dans les pays respectifs et d assurer la promotion économique, ces ZES en grande partie accueillent les entreprises et PME chinoises pour opérer en Afrique. La rencontre du forum de 2006 à Beijing a été un grand tournant du moins du fait de l attention publique dont elle a bénéficié. Un an après le sommet du G8 à Gleneagles, les autorités chinoises ont fait des déclarations et pris des engagements ambitieux qui font partie du plan d action de trois ans qui a stipulé : - le doublement de l aide au développement à l Afrique à environ un milliard de dollars en 2009 la création d un Fonds de développement Chine-Afrique afin d encourager les investissements des entreprises chinoises en Afrique l octroi de prêts préférentiels de trois milliards de dollars et de crédits acheteurs préférentiels de deux milliards de dollars aux pays africains l allègement de la dette pour 31 pays africains l ouverture du marché chinois aux exportations des pays africains la construction d hôpitaux et d écoles dans les zones rurales

May 2012 November 2011 Assessing China s Role in Foreign Direct Investment in Southern Africa March 2011 en Afrique Une telle aide au développement s inscrit dans le cadre de la diplomatie politique de la Chine et fait partie de la politique de Beijing consistant à éviter le débat public autour de la présence chinoise en Afrique et de se construire une image positive dans les pays africains. Les engagements pris durant le premier et le second forum pour accroître le commerce sino-africain et les investissements ont satisfait les attentes. De 491,22 millions de dollars en 2003, l IDE chinois en stock en Afrique a atteint 2,5 milliards de dollars en 2006, augmentant ainsi de 80% (voir figure 2 à propos de l IDE chinois en stock en Afrique). En 2004, le volume total du commerce sino-africain a été de 29,47 milliards de dollars avec les importations africaines de la Chine d une valeur de 13,82 milliards de dollars et les exportations vers la Chine d une valeur de 15,65 milliards de dollars. Une telle croissance du commerce et des investissements a été possible grâce aux politiques développées durant le premier et le deuxième forum pour financer les investissements des entreprises chinoises en Afrique, ouvrir les marchés et encourager le commerce entre la Chine et l Afrique. L exemption de tarifs douaniers attribuée à un nombre de pays Africains a aussi contribué à accroître les exportations africaines vers la Chine. En outre, l année 2006 a coïncidé avec la publication du livre blanc de la Chine vis-à-vis de l Afrique qui d une certaine manière officialise l engagement de la Chine en Afrique. A travers ce document, des promesses pour améliorer l accès du marché chinois à l Afrique, accroître les investissements chinois, développer la coopération agricole et promouvoir le développement des infrastructures (transport, télécommunications, production d électricité) en Afrique ont été faites. Le quatrième forum a été organisé en Egypte (Sharm El- Sheikh) en novembre 2009. Entre 2006 et 2009, le commerce sino-africain a connu une croissance remarquable dépassant ainsi les 100 milliards de dollars. L élargissement de l exemption des tarifs douaniers à bon nombre de pays africains d exporter leurs produits vers la Chine a favorisé les échanges commerciaux et contribué à un commerce sino-africain équitable. Les exportations chinoises vers l Afrique ont atteint 50,8 milliards de dollars et les importations chinoises de l Afrique ont été de 56 milliards de dollars. A la clôture de la rencontre de Sharm El-Sheikh, une déclaration a été adoptée afin de défendre le protectionnisme et encourager un commerce libre et les investissements entre la Chine et l Afrique. Durant cette quatrième rencontre, des politiques ont été développées pour promouvoir et favoriser l entrepreneuriat privé. Ainsi, un centre de commerce des produits Africains a été ouvert à Yiwu ; le plus grand marché d exports du monde. Pour l aide au développement, des projets d assistance et des prêts ont été attribués aux pays africains. Les défis à travers le cinquième forum La croissance économique et la modernisation de la Chine ont été réalisées grâce à l approvisionnement en matières premières en provenance d autres régions du monde afin de sécuriser ses propres ressources naturelles et satisfaire les besoins en énergie de sa population nombreuse. La présence de la Chine en Afrique pour son approvisionnement en matières premières n est pas sans conséquences environnementales et sociales pour le bien être des populations africaines. Figure 2: Investissement Direct Etranger chinois en Afrique (en stock et en millions de $) 2003-2010 Source: Bulletin Statistique de l IDE chinois- 2010 Le cinquième forum s articulera plus autour des prochaines reformes économiques, sociales et politiques auxquelles la Chine devra faire face. Comment ces nouveaux développements vont-ils avoir un impact sur la coopération sino-africaine? Les changements dans la politique économique chinoise affecteront non seulement les relations sino-africaines mais aussi les relations de la Chine avec le reste du monde. Au cours de ces trois dernières décennies, la croissance économique chinoise avec un taux annuel de 9%, a été remarquable ; mais baissera à 7,5% durant les années à venir. La baisse du taux de croissance bien qu encore significatif, aura des répercussions pour la création d emplois et l augmentation des salaires en Chine. Si Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque Centrale de Chine avait en 2006 annoncé que la Chine dispose des moyens financiers pour résoudre ses problèmes intérieurs, il devient de plus en plus urgent pour l Empire du milieu de prêter une attention particulière à ses millions d habitants qui vivent dans la pauvreté afin de garantir stabilité sociale et développement économique interne. Les protestations sociales galopantes liées aux bas salaires et aux problèmes d assistance sociale en Chine; particulièrement l année dernière n ont pas laissé les autorités chinoises indifférentes. Le gouvernement central chinois est conscient du besoin de

FOCAC: trade, investments and aid relever ces nombreux défis dans le but de sauvegarder son environnement politique, économique et social. Du côté de l Afrique, il devrait y avoir plus de politiques visant à assurer que les investissements chinois sont bénéfiques aux Africains. Déjà durant les précédentes rencontres du forum, plus d engagements en rapport avec le transfert de technologies et de compétences ont été mentionnés dans les discussions entre les autorités africaines et chinoises et ceci nécessite d être renforcé. Le cinquième forum devra soulever les problèmes liés aux standards des investissements chinois dans les industries extractives. Durant ces récentes années, la Chine a fait des efforts afin de résoudre ses problèmes environnementaux ; elle en est de plus en plus consciente et est davantage motivée à publier des séries de livres blancs et documents officiels. Peu a été fait du côté de l Afrique à propos des investissements chinois dans les secteurs écologiquement sensibles. Le forum constitue un espace de dialogue afin de dégager les grandes lignes pour un meilleur développement durable de la relation Chine-Afrique. Depuis l avènement de la politique chinoise du go out à la fin des années 90 et le premier forum en 2000, le volume du commerce sino-africain est aujourd hui estimé à 160 milliards. Cependant des problèmes existent et doivent être débattus autour du forum. La diversification des importations et des exportations demeure un problème dans les relations commerciales entre la Chine et l Afrique et les déséquilibres commerciaux restent énormes. Les exportations africaines vers la Chine sont composées de pétrole, cuivre, houille, fer ; etc. et les dix principaux pays africains exportateurs vers la Chine sont des pays riches en ressources naturelles ou en pétrole (Angola, Afrique du Sud, Soudan, Nigeria ; etc., voir tableau 1). Les importations Africaines de la Chine sont principalement constituées de (matériels électroménagers, électronique, habillement, pièces détachées ; etc., voir tableau 1). Cette tendance qui prévaut dans le commerce sino-africain peut nous conduire à affirmer que les échanges commerciaux sont plus avantageux pour la Chine qui pénètre les marchés africains, y écoule ses produits manufacturés et achète des matières premières. S il y a une forte présence d entreprises chinoises (d Etat, privées et PME) qui opèrent en Afrique, la Chine demeure fermée aux entreprises africaines à l exception de quelque entreprises sud-africaines. Les entreprises africaines auront besoin d investir sur le marché international afin d acquérir une compétitivité internationale, de nouvelles technologies et techniques de gestion. La partie chinoise semble encore mieux organisée à cet effet et dispose d un agenda à long terme dans ses relations avec l Afrique à différents niveaux. Cependant, cet agenda n est pas sans défi. Du côté de la Chine, les années 2011 et 2012 ont été difficiles pour les investissements chinois en Afrique. Le printemps arabe, qui a causé des bouleversements politiques et économiques au Maghreb, a mis les investissements chinois à risque ; particulièrement en Libye où le gouvernement chinois s est vu contraint de rapatrier 36 000 chinois présents dans la zone. En 2012, en Egypte et au Soudan, des groupes de travailleurs chinois ont été pris en otage. Ces situations sont liées aux investissements chinois dans les zones à haut risque et sensibles, inexploitées ou parfois abandonnées par d autres investisseurs étrangers. Durant le cinquième forum à Beijing, la Chine considérera certainement ces problèmes qui entourent sa présence en Afrique et fera des efforts en matière de gestion des risques et des aspects sécuritaires pour la sauvegarde de ses investissements et de ses populations en Afrique. Le ministre chinois du commerce Chen Deming a aussi manifesté un intérêt à mieux gérer et sécuriser les investissements chinois en Afrique. Selon le ministre, la Chine a demandé réparation aux autorités libyennes pour les entreprises chinoises qui ont connu des pertes financières et économiques lors de la révolution du jasmin l année dernière. Sans doute ces facteurs qui ont entravé l IDE chinois en Afrique seront débattus durant cette cinquième rencontre du forum. L Afrique a besoin des IDE pour se développer. La Chine a ainsi au cours de ces dernières années investi en Afrique afin de renforcer son développement et a contribué à la croissance économique de l Afrique. L année dernière, l IDE chinois (en stock) en Afrique a été de plus de 13 milliards (voir figure 2) ; mais reste en grande partie destiné aux multinationales chinoises en vue de sécuriser des ressources, acquérir une expertise étrangère et de nouveaux marchés. Les autorités africaines ont accueilli les investissements chinois dans le continent pour une croissance économique de leur pays respectif ; mais elles manquent d une vision claire et définie pour mieux s engager avec la Chine. De manière ironique, Les autorités africaines se sont tournées vers la Chine non seulement pour son modèle économique, ses investissements et son Source: Ministère chinois du commerce et UNCOMTRADE, calcul de l auteur (moyenne du commerce annuel 2006-2010) commerce mais aussi pour sa manière expéditive de financer des projets en Afrique. La Chine a contribué à l aide au développement en Afrique en octroyant de l aide (allégement de la dette, construction d hôpitaux et d écoles, l envoi d experts médicaux ; etc.) aux pays africains. Cette politique entre dans le cadre de la stratégie politico-diplomatique de la Chine en vue de garantir sa présence en Afrique. Cette aide au développement vient néanmoins avec les mêmes mises en garde que les autres assistances extérieures.

May 2012 November 2011 Assessing China s Role in Foreign Direct Investment in Southern Africa March 2011 Tableau 1 : Importations et exportations/volume des 6 principaux pays africains dans le commerce sino-africain Pays Volume(%) Exportations vers la Chine Importations de la Chine Angola 21 Pétrole brut, diamants, pétrole raffiné, gaz raffiné Composantes électriques, matériaux de construction, machinerie, pièces détachées Afrique du Sud 18 Diamants, fer, cuivre, platine Coton, tissus, habillement, accessoires de voyage Soudan 7 Pétrole brut, gaz Garnements, habillement, acier, equipement électronique Nigéria 6 Pétrole, gaz, minerais Habillement, batteries, composantes électroniques et électriques Egypte 6 Pétrole, coton, produits chimiques, minerais Matériaux de construction, composantes électriques et électroniques Algérie 5 Combustibles, plastique, cuivre Matériaux de construction, pièces détachées, machinerie, composantes électroniques Recommandations Dans ses relations avec la Chine, l Afrique devrait définir son modèle de développement économique. Les problèmes liés à la corruption, la bonne gouvernance, la transparence (principes du Nouveau Partenariat pour le Développement de l Afrique NEPAD) doivent être résolus afin de permettre aux Africains de bénéficier de la relation Chine- Afrique. Cela devrait être un agenda particulier pour le forum. Pour l Afrique, la coopération et le partenariat avec la Chine devrait mieux bénéficier aux populations qui en majorité restent désavantagées dans leur bien être. Une meilleure transparence aiderait encore à résoudre ce problème. Le manque de transparence, la corruption et la mal gouvernance ont été dénoncés par les membres des sociétés civiles dans les relations sino-africaines en rapport avec les investissements, le commerce et l aide au développement. La Chine devrait fermement considérer ces problèmes dans son engagement avec l Afrique en vue de sauvegarder ses investissements et ses citoyens en Afrique. Pour un commerce équilibré, des politiques bilatérales devraient être élaborées. Avec la hausse du pouvoir d achat parmi les consommateurs chinois liée à l augmentation des salaires qui fait partie des réformes sociales du gouvernement chinois, des changements pourraient conduire à un commerce équilibré entre la Chine et l Afrique. La mise sur pied de mesures protectionnistes afin de réguler le commerce sinoafricain peut aussi contribuer à cela. Cependant, cela nécessitera une politique commerciale stratégique de la part de l Afrique. Pour faire face à ces nombreux défis, l Afrique doit se doter d une vision pragmatique afin de mieux coopérer avec la Chine. Des politiques régionales et à l échelle individuelle de chaque pays africain devraient être développées pour définir les priorités à atteindre à travers le cinquième forum. La Commission de l Union Africaine (CUA) qui est maintenant un membre à part entière du forum devrait aussi entreprendre des études et analyses des besoins des différents pays africains afin de mieux négocier avec les autorités chinoises. Dr Daouda Cissé Research Fellow Centre for Chinese Studies Stellenbosch University