Les silences obligés Nabil Hémaïzia S/T/R/A/T/E/S quartet Bintou Dembélé Dans le cadre du Festival Tout simplement hip-hop
Engagés et novateurs, deux spectacles hip-hop interrogent la société d aujourd hui à travers le filtre de la mémoire. 1 ère partie Nabil Hemaïzia Les Silences Obligés Direction artistique et chorégraphie Nabil Hemaïzia Avec Nacim Battou et Nabil Hemaïzia Création lumières Denis Rateau Scénographie et arrangements musicaux Nabil Hemaïzia Construction décor Christophe Beyler 2 ème partie Bintou Dembélé S/T/R/A/T/E/S Quartet (avant première) Chorégraphie et danse Bintou Dembélé Danse Anne Marie Van alias Nach Musique Charles Amblard Voix Charlène Andjembe Création lumière Cyril Mulon
Les silences obligés NOTES D INTENTION : Pour cette pièce en duo, Nabil poursuit son questionnement sur la mémoire et l identité, mais à travers la notion d espace physique. Il interroge le mouvement en tant que circulation, pour parler de ceux qui partent et de ces lieux qui se vident. Tenter de dire le visible et l invisible et le partager. A travers une écriture du mouvement qui emprunte autant à la gestuelle hip hop qu à celle qu il fabrique à partir du quotidien et du banal, Nabil cherche à transfigurer les blessures anciennes et à ce que la danse se fasse l écho des silences obligés de nos histoires.
S/T/R/A/T/E/S Quartet NOTES D INTENTION Comment le passé traverse t il nos corps? C est à cette question que Bintou Dembélé se confronte avec S/T/R/A/T/E/S, qui explore des passés refaisant surface. Il s agit des strates de l inconscient. En partant de deux danses contemporaines, le hip hop et le krump(1) S/T/R/A/T/E/S Quartet interroge les passés qui s expriment dans les mouvements des danseuses. Elle revient alors aux éléments les plus essentiels de ces danses: quelles tensions sont perceptibles dans les respirations? Que nous révèlent les formes de mouvement alternatives inventées par ces danses marcher à l envers, tourner sur la tête (hip hop), se déformer le visage pour exprimer sa rage (krump)? Dans cette recherche des passés et des mémoires, les danseuses sont accompagnées par une voix et une guitare. La voix et la danse s accordent pour revisiter les expressions artistiques de corps enchaînés, entravés, ou encore celles de corps en prière, prosternés. Parfois la voix se tait et le silence n est brisé que par les respirations haletantes du corps dansant. Il s agit de dompter la peur qui peut surgir, transformer un bouillonnement intérieur en des flux d énergie qui peuvent donner naissance à un geste doux et serein. Les quatre artistes présents sur le plateau jouent avec la figure d un cercle tracé à même le sol, tour à tour le parcourant de leurs pas pour évoquer le cycle, ou se mettant au centre. La pièce relève autant du rituel que de la création chorégraphique, autant de l incarnation, que de l interprétation. La voix emporte chacun dans ses strates, mais les strates communiquent, et se contaminent. La krumpeuse encaisse et fait résonance des tensions communes. Le multi instrumentiste se positionne dans une attitude d écoute, traduisant les états de corps en notes et en accords. (1) Marqué par les guerres de gangs, le trafic de drogue, les interpellations musclées de la police et les émeutes raciales de 1992, Thomas Johnson décide de créer le personnage de Tommy le Clown pour animer des goûters d'anniversaires dans les ghettos de Los Angeles. Il invente à cette occasion une nouvelle danse rapidement imitée par les enfants des quartiers : le clown dancing. En grandissant, certains d'entre eux développent cette nouvelle forme d'expression en créant le K.R.U.M.P. : Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise, en apparence plus "sauvage" et brutal que le clown dancing. A ce moment là, il ne s'agissait pas du Krump, mais du clowning, appelé ainsi parce que chaque danseur se maquillait le visage, ce qui se fait moins souvent maintenant. Si rage ou colère peuvent se lire sur les visages des "Krumpers", cette danse exprime la «vie» et toute sa «jouissance». Extrait de la pièce S/T/R/A/T/E/S quartet https://www.youtube.com/watch?v=csxwgucg6h4 Bintou Dembélé Reconnue comme l'une des pionnières du Hip Hop (1985), Bintou adopte cette culture de la rue et de l'image qui nourrit sa trajectoire. Elle promeut la culture Hip Hop en France et en Guyane en développant des projets pédagogiques et des évènements. Elle est également appelée en tant que jury dans des battles, accompagne des compétiteurs tels que le guyanais Dany d'infamous crew et l'angolais Tonio d'inesteam. En 2011, elle chorégraphie le clip "Roméo kiffe Juliette" de Grand Corps Malade. https://www.youtube.com/watch?v=rcxrmikzrby A ce jour, Bintou a créé cinq pièces qui abordent le colonialisme, à travers la représentation, le corps et le regard. Sa dernière création «Z.H.» pour Zoos Humains, dévoile l'histoire occultée des exhibitions humaines et de l'imagerie coloniale. https://www.youtube.com/watch?v=arit2imuk4s (extrait et interview)
Un peu d histoire : La culture Hip Hop.. Le Hip Hop nait aux Etats Unis, dans les années 70, en réaction aux violences due au contexte social et économique des minorités afro et latino américaines. Dès les années 60, le fossé se creuse entre la majorité blanche américaine qui profite du rêve américain et les minorités afro américaines et latino américaines dont la situation économique et sociale demeure précaire. Dans le même temps, les mouvements identitaires se forment et sont réprimés : démantèlement des Black Panthers, disparition des leaders (assassinat de Martin Luther King en avril 1968, et de Malcolm X). Dans les grandes villes, en particulier New York, les communautés se replient sur elles mêmes. Dans les quartiers d Harlem, Brooklyn et du Bronx, la violence est omniprésente. Dès 1970, chaque pâté de maison de chaque ghetto possède son propre gang qui le protège des dealers et des autres gangs. Affecté par ce contexte social violent, éprouvé par la mort de plusieurs de ses amis dans des règlements de compte, Aka Kahyan Aasim, plus connu sous le nom d Afrika Bambaataa, membre leader du gang des Blacks Spades décide, de trouver une alternative pacifique et créative à la violence urbaine. Il rassemble dans son entourage des jeunes dont les moyens d expression sont le rap, le graffiti, le DJing et le break dance. En 1974, il fonde The Zulu Nation (en référence à la tribu Zulu Sud Africaine, pour leur combat légendaire contre les troupes coloniales britanniques, en 1879). Le but de ce mouvement : Refuser toute discrimination raciale, de religion ou de politique, s identifier à des valeurs positives, renforcer un sentiment d appartenance et détourner l agressivité, l énergie négative à travers des défis artistiques. Kool Herc, Grand Master Flash rejoignent Afrika Bambaataa, pour animer les street parties du Bronx au milieu des années 70 à New York. Ces fêtes de quartier sont à la fois des lieux de brassage musical (entre disco, électro, funk, sons jamaïcains), d innovations DJ (dubbing, scratch, break beat, remixe) ou gestuelles (breaking, electric Boogie). Une puissance inégalée fait vibrer le public au son du break beat. Au lieu d enchaîner les disques, les DJ s les désossent en fragments et reconstruisent un rythme leave. Dans les blocks parties, les premiers rappeurs et danseurs s exercent, littéralement tenus par le rythme et l'interpellation (talk over) des Maîtres de cérémonie (MC s). Les échanges des danseurs et rappeurs entre eux et avec le public transforment les bagarres rituelles de quartier en scènes chorégraphiées par les breakers et rythmées par les joutes verbales des MC s. De véritables équipes (crew) se forment, perfectionnant leur style. Le terme hip hop est né dans ces fêtes de quartier. En France, c est d abord le rap qui s implante, au début des années 80, suivi de l art des graffitis, dans les années 87/88. A partir des années 90 est créé ce qu on appelle la scène rap française, puis la reconnaissance de la danse hip hop. Il ne faut pas assimiler la culture des ghettos ou de guerre de gangs comme ce fut le cas aux Etats Unis, au hip hop français ; la culture hip hop en France a trouvé sa voie, son originalité et a développé ses propres styles. TEMOIGNAGES DU PARCOURS DE CHOREGRAPHES : Mourad Merzouki chorégraphe Hip Hop témoigne. https://www.youtube.com/watch?v=_gi4ngu9svw Kader Attou : rencontre avec le chorégraphe https://www.youtube.com/watch?v=ex9koocxrik
PISTES PEDAGOGIQUES Histoire Le stéréotype colonialiste Les enjeux de la mémoire collective Enseignement moral et civique Questionnement sur la mémoire et l identité Liberté individuelle face à la pression des normes sociales Valeurs identitaires et exclusion Histoire des arts Arts du spectacle vivant: arts, créations cultures culture et société, civilisation. EPS danse Le corps comme vocabulaire d expression de l intime Art danse Danse et partis pris corporels : constantes et différences dans l histoire des cultures et des sociétés. RESSOURCES NUMERIQUES SITE DE L ASSOCIATION DA STORM www.dastorm.fr COMPAGNIE NABIL HEMAÏZIA http://www.2t3mdanse.com/ COMPAGNIE BINTOU DEMBELE http://rualite.fr/