Reconnaitre l inhalation de fumées: Toxicologie

Documents pareils
Fiche de données de sécurité

SECTION 3: Composition/informations sur les composants 3.2. Mélanges % CAS # (EC) No 1272/ /45/EC Deuterium oxide 99.

Intoxications collectives en entreprise après incendies de locaux Proposition d une conduite à tenir

Eau (N CAS) Non classifié Urea (N CAS) Non classifié. Version : 1.0

Un environnement sans fumée pour vos enfants. Comment y parvenir?

Soins Inrmiers aux brûlés

RAID PIEGES ANTI-FOURMIS x 2 1/5 Date de création/révision: 25/10/1998 FICHE DE DONNEES DE SECURITE NON CLASSE

FICHE DE DONNÉES DE SÉCURITÉ conformément au Règlement (CE) nº1907/2006 REACH Nom : KR-G KR-G

FICHE DE DONNEES DE SECURITE

Fiche de données de sécurité

LE POINT TOX. N 7 - Juillet Bulletin du réseau de toxicovigilance de La Réunion L ÉVOLUTION TEMPORELLE DU NOMBRE D INTOXICATIONS

Fournisseur Safety Kleen Systems, Inc North Central Expressway, Suite 200 Richardson, TX USA T (800)

Fournisseur Safety Kleen Systems, Inc North Central Expressway, Suite 200 Richardson, TX USA T (800)

1. Identification de la substance ou préparation et de la Société. 2. Composition/ informations sur les composants

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

Intoxications au Monoxyde de Carbone (CO)

Acides et bases. Acides et bases Page 1 sur 6

Présentation d µgaztox_dist Rev22_06_09

Fiche de données de Sécurité

SOFTSOAP LIQUID HAND SOAP PUMP SEA MINERAL / SAVON HYDRATATANT POUR LES MAINS POMPE MINERAL MARIN

EVALUATION DU RISQUE CHIMIQUE

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

FICHE DE DONNEES DE SECURITE. 1 Identification de la Substance / du Mélange et de la Société / l Entreprise

SECTION 1: Identification de la substance/du mélange et de la société/l entreprise

GUIDE DE BONNES PRATIQUES POUR LA COLLECTE DE PILES ET ACCUMULATEURS AU LUXEMBOURG

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

HUMI-BLOCK - TOUPRET

BDL2, BDL3 Enviro Liner Part A. Dominion Sure Seal FICHE SIGNALÉTIQUE. % (p/p) Numéro CAS. TLV de l' ACGIH Non disponible

Contact cutané. Contact avec les yeux. Inhalation. Ingestion.

: EUH208 - Contient 1,2-benzisothiazol-3(2H)-one( ). Peut produire une réaction allergique.

FICHE DE SECURITE FUMESAAT 500 SC

BÂTONNETS PLANTES D'APPARTEMENT & ORCHIDÉES

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

Emissions des moteurs diesel : Nouveau classement par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC)

SECTION 1- Identification de la substance/du mélange et de la société / entreprise

SECTION 1 : IDENTIFICATION

ÉVALUATION DE LA PERSONNE ATTEINTE D HYPERTENSION ARTÉRIELLE

Fiche de données de sécurité Selon l Ochim (ordonn. produits chim.) du , paragr.3

Thérapeutique anti-vhc et travail maritime. O. Farret HIA Bégin

FICHE DE DONNÉES DE SECURITÉ Demand CS

Contrôle difficile non prévu des voies aériennes: photographie des pratiques

Principales causes de décès selon le groupe d âge et plus

Bulletin de veille sanitaire octobre 2012

PH Moins 1. IDENTIFICATION DE LA SUBSTANCE/DU MÉLANGE ET DE LA SOCIÉTÉ/ENTREPRISE. Postbus ZG Herpen Pays-Bas +31 (0)

FICHE DE DONNEES DE SECURITE

FICHE DE DONNÉES DE SÉCURITÉ Barbarian Super 360

Patho Med Cours 5. Maladie Pulmonaires Obstructives BPCO Asthme

Fiche documentaire FAIRE LES PRODUITS D USAGE DOMESTIQUE SANS DANGER POUR L AIR

Le traitement du paludisme d importation de l enfant est une urgence

Protégez-vous des risques liés aux fumées de soudage. Information prévention. Vous êtes soudeurs en atelier de Métallerie Serrurerie?

NOTICE : INFORMATIONS DESTINÉES A L UTILISATEUR. Firazyr 30 mg solution injectable en seringue pré-remplie Icatibant

Equipe de Direction : -Docteur Christine BOURDEAU Responsable médical. - Annie PAPON Cadre responsable

Fiche de données de sécurité. 1.2 Utilisations identifiées pertinentes de la substance ou du mélange et utilisations déconseillées

Fiche de données de sécurité

Fiche de données de sécurité Selon l Ochim (ordonn. produits chim.) du , paragr.3

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

Vulcano Pièges Fourmis

1. Identification de la substance / préparation et de la société / entreprise. Peinture Aimant

Fiche de données de sécurité Tuff-Temp Plus Temporary Crown and Bridge Material 1.0 Nom Commercial et Fabricant

XIAMETER(R) FICHE DE DONNÉES DE SÉCURITÉ Conformément à l'article 31 et à l'annexe II de la Réglementation UE REACH XIAMETER(R) MEM-0347G EMULSION

: Poussière de malt d orge/de blé

RNV3P Recherche de pathologies émergentes

La Broncho-Pneumopathie chronique obstructive (BPCO)

Pourtant, la preuve est faite, de manière scientifique, que le tabagisme passif comporte des risques réels pour la santé.

Fiche de données de sécurité

Fiche de données de sécurité selon 1907/2006/CE, Article 31

EXEMPLE DE LETTRE DE PLAINTE

Ken Bell s Sommaire des Abréviations

A-ESSE s.p.a. FICHE DE SÉCURITÉ

SECTION 1: Identification de la substance/du mélange et de la société/l entreprise. SECTION 2: Identification des dangers

Des produits chimiques dangereux dans mon secteur d activité? Aucun! Pourquoi?

ANNEXE IIIB NOTICE : INFORMATION DE L UTILISATEUR

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

FICHE DE DONNÉES DE SÉCURITÉ

FICHE DE DONNÉES DE SÉCURITÉ

PROGRESSEZ EN SPORT ET EN SANTÉ. Mieux vivre avec ma maladie chronique, Me soigner par l activité physique Programmes Santé

PRIMAIRE MUR ET PLAFOND

DURCISSEUR DE MUR - TOUPRET

LES CIGARETTES LÉGÈRES SONT-ELLES MOINS NOCIVES?

Fiche de données de sécurité selon 1907/2006/CE, Article 31

FICHE SIGNALÉTIQUE. Dénomination chimique et synonymes : Ciment composé (ciment mélangé)

La cigarette électronique permet-elle de sortir la société du tabac?

FICHE DE DONNEES DE SECURITE

St-Laurent Tél : Fax : Oxygène Liquide INFORMATION SUR LE PRODUIT

FICHE DE DONNEES DE SECURITE Edition révisée N : 8 Conformément au règlement (CE) Date : 12 / 11 / 2014 n 1907/2006 Remplace la fiche : 17 / 9 / 2012

Risques infectieux et toxiques des lasers. Dr Jean-Luc MARANDE Service de santé au travail AP-HP Paris ANMTEPH

Ingrédients No cas % Contrôlé par SIMDUT. Propane >90 Oui Propylène <5 Oui Hydrocarbures, C <2.5 Oui

Mesure et détection de substances dangereuses : EX-OX-TOX (IS-013) Version CT-Q

Photo tirée du site

Unité mobile de télémédecine au service de l urgence et du soin chronique M-V. Moreno, P. Chauvet, O. Ly

FICHE DE DONNEE SECURITE

Mot indicateur (SGH-E.U.) Mentions de danger (SGH-E.U.) Conseils de prudence (SGH-E.U.)

Anémie et maladie rénale chronique. Phases 1-4

Fiche signalétique Selon la réglementation (CE) no 1907/2006 (REACH)

DURCISSEUR DE MUR - TOUPRET

Orientation diagnostique devant une éosinophilie 1

Le VIH et votre foie

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

Transcription:

Reconnaitre l inhalation de fumées: Toxicologie Fumées Nuit gravement à la santé Jeudi 22 février 2018 La Marlagne à Wépion 1er Congrès de la ZS NAGE S. Guillaume, CEN, MSc., MSA

Agenda Introduction Qu y at-il dans les fumées d incendie? Les différents types de toxicités Les toxiques les plus fréquents et leurs mécanismes d actions Types d expositions et conséquences Conclusion

Introduction Paracelse (1493 1541) De son vrai nom : Theophrast Bombast von Hohenheim. Médecin, alchimiste, philosophe et théologien. Considéré comme le père de la toxicologie : Première notion du principe actif «Rien n est poison, tout est poison, tout dépend de la dose» https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4a /Paracelsus.jpg/220px-Paracelsus.jpg

Introduction PercivalPott 1775 : K du scrotum causé par la suie chez les ramoneurs. Découverte de la relation K poumon Cigarette Dollet Hill 1956 Guide Pratique de Toxicologie (Reichl) 2 ème Edition : Risque de mortalité p/r à la valeur unitaire (2004) Etudes récentes qui prouvent le lien de causalité entre le métier de Pompier et le risque accru de cancer (LeMaster, Centexbel ) depuis ces 10 dernières années.

Qu y at-il dans les fumées d incendie? Particules carbonées en suspension (Micro et Nano particules) Métaux CO, HCN, CO 2, Atmosphère Hypoxique HCl, HBr, HF, NO X, SO X, Acroléine, Formaldéhyde Molécules Aromatiques Polycycliques (HAP s) Benzène (MAM) et familles Chaleur http://www.defifeu.fr/connaitre-les-risques-incendie/pourquoi-lesfumees-incendie-tuent

Les différents types de toxicités Aigue : Les effets aigus des toxiques asphyxiants ou irritants sont perceptibles dans les minutes qui suivent l intoxication. Ils peuvent directement mettre en danger la vie de la personne intoxiquée. Sub-aigue: les effets sub-aigussont des effets qui apparaissent de quelques heures post-contamination jusqu à quelques semaines après. Ils peuvent engager sérieusement le pronostic vital si la prise en charge est retardée. Chronique : effets non visibles immédiatement, ils apparaissent des années après une exposition unique ou répétée. Ces effets ont une conséquence sur l apparition et le développement de maladies chroniques et/ou des cancers.

Les toxiques les plus fréquents et leurs mécanismes d actions Aigue : Toxiques asphyxiants : CO, HCN, CO 2, Atmosphère Hypoxique Toxiques Irritants : HCl, HBr, HF, NO X, SO X, Acroléine, Formaldéhyde Attention : Concentrations et doses sont des facteurs d influence Sub-Aigue: Toxiques irritants principalement, particules nanométriques Chronique : Maladies chroniques : maladies respiratoires, maladies cardiaques, neurologiques Cancers : Lymphome non-hodgkinien, Vessie, Colon et rectum,

Les toxiques les plus fréquents et leurs mécanismes d actions (Aigue) Asphyxiants : Evolution dans un milieu pauvre en Oxygène CO : Affinité 300 X supérieure pour Hbque l O 2 HCN : se fixe sur Fe 3+ de Cytochrome oxydase et bloque la respiration cellulaire CO 2 : Plus lourd que l air en atmosphère confiné : effet dépresseur central et périphérique, Hyperventillation, N+, V+, somnolence c est le plus puissant vasodilatateur cérébral. Mise en avant dans beaucoup d études de la synergie entre hypoxie, CO et HCN comme étant une triade mortelle que si l on prend chaque élément séparément Rôles des Nanoparticules : Comportement physique différent des microparticules Pénétrance plus profonde Irritants : Œdème Laryngé Asthme (composés chlorés) Œdème pulmonaire / bronchospasme /

Les toxiques les plus fréquents et leurs mécanismes d actions (Sub-Aigue) Irritants : HCl, HBr, HF, NO X, SO X, Acroléine, Formaldéhyde Forme sub-aiguecar en fonction de la concentration et de la dose ingérée les irritants provoquent de manière plus lente des bronchopathies et/ou une dégradation du tissu pulmonaire (destruction des protéines du tissu alvéolaire, transformation de certaines substances au contact du mucus, ) Apparaissent de quelques heures à plusieurs jours après l exposition

Les toxiques les plus fréquents et leurs mécanismes d actions (Chronique) Peu d études sur les causalités directes car les mesures sont difficiles. La fréquence et le type de dose sont méconnus et compliqués à démontrer. Intérêt suscité depuis ces 15 dernières années avec un nombre grandissant d études. Il existe plusieurs facteurs de corrélation statistique (assez fort) pour pouvoir dire que les effets mutagènes et cancérigènes, ainsi que les effets sur le tissu pulmonaire et/ou cardiaque sont, à long terme, les conséquences d une exposition répétée à des xénobiotiques. Les mentalités liées au travail sont difficiles à changer également. Risques Cardio-vasculaires, respiratoires, neurologiques (central et périphérique).

Les toxiques les plus fréquents et leurs mécanismes d actions Ne pas oublier les fondamentaux : Concentration du toxique Dose (durée d exposition) Voie d entrée du toxique (inhalé, par la peau, ) Toxicocinétique : temps d absorption, de distribution, de métabolisation, d excrétion Toxicodynamie : Effet du xénobiotique sur la santé. Type d épuration (rénale, hépatique, ) Biodisponibilité / biotransformation (bioactivation)

Types d expositions et conséquences Exposition aigue https://fr.dreamstime.com/image-libre-dedroits-évasion-d-incendie-image2409396 Toux irritative, Yeux irrités, céphalées, hyperventillation, hyperthermie, brulure légère du tractus nasopharyngé, présence de suie au niveau de la peau et/ou des orifices bucconasaux, asthénie, somnolence, difficulté respiratoire aigue, coma, collapsus cardiovasculaire Si disponible : mesure de l HbCO, de l acide lactique, de la température corporelle, de la SaO 2, monitoring cardiaque Risque vital immédiat Intérêt de l oxygénothérapie, antidote (Hydroxocobalamine)

Types d expositions et conséquences Exposition Sub-Aigue Premiers signes : irritation oculaire, rhinorrhée, sensation de brûlure VAS, éternuement, dysphonie, toux, dyspnée Asthénie intense Secondairement : réaction asthmatiforme, bronchorrhée, spasmes bronchiques, pneumonies chimiques évoluant vers ARDS, fibrose pulmonaire, surinfections, œdème pulmonaire lésionnel (app. dans les 6 à 48 h post exposition). Ne pas oublier les projections cutanées (brûlures chimiques, lésions cutanées diverses primaires ou consécutives). Exposition : Déblais, Fumée de pyrolyse (phase gazeuse et dégagement de nanoparticules plus important) Le risque est retardé mais pas moins dangereux. La prise en charge précoce permet de limiter les séquelles à long terme.

Types d expositions et conséquences Exposition Chronique Exposition lors des déblais (odeur qui persiste) Fumées froides Exposition lors du retour en camion (milieu confiné avec des tenues qui relarguent leurs polluants) Matériel contaminé Effet de synergie (nombreux xénobiotiques et doseabsorbée et concentration non connue) Voies d exposition multiples Notion de dangerosité méconnue Effet à long terme Cancer Maladies respiratoires chroniques Maladies cardiovasculaires Maladies neurologiques Rôle de la médecine du travail et de la cellule de prévention des risques

SG1 SG2 Conclusion : https://hongkongourmet.wordpress.com/2013/07/23/fugu-le-poisson-de-la-mort/#jp-carousel-2357 La toxicologie des fumées est compliquée car la notion de concentration, ainsi que la dose absorbée de xénobiotique (quel que soit la voie) est difficilement mesurable. Si la symptomatologie clinique est aiguë : Traitement d urgence car le pronostic vital est directement engagé Si la symptomatologie est retardée : L examen visuel des débris permet de déterminer grossièrement le type de toxiques auxquels on a à faire (ou il est connu et identifié). Prise en charge rapide dès l apparition de symptômes ou la persistance de signes mineurs (toux, irritation VAS, ). Risques Chroniques : Sensibilisation du personnel au port des EPI Décontamination in-situ Sensibilisation des pouvoirs publics et de la hiérarchie Etudes épidémiologiques, études de causalité, suivi de cohorte à développer.

Diapositive 15 SG1 S. G.; 20/02/2018 SG2 S. G.; 20/02/2018