Groupama au service de l'art contemporain avec Dadave La banque en ligne Groupama Banque s escrime à promouvoir les artistes montreuillois au travers une exposition des réalisations de Dadave. Officiant sur le territoire de Montreuil et désireuse de s engager dans le développement local, Groupama Banque a signé en juin 2010 une convention de partenariat avec l agglomération destinée à promouvoir l insertion économique, sociale et culturelle via plusieurs initiatives à l honneur des Montreuillois et grâce au soutien des associations. Aussi, la banque vient d'achever dans les locaux de l établissement bancaire l'exposition d un artiste plasticien : Dadave, résidant à Montreuil. L occasion pour celui-ci de sensibiliser un nouveau public et d accroître sa notoriété auprès des amateurs d art. Dadave, qui s est spécialisé dans la reconstitution d images, base son travail sur la récupération et la transformation d appareils électronique. Il dissèque ordinateurs, télévisions ou encore postes de radio de façon à les classer enfin trier leurs éléments intérieurs, pour finalement les réorganiser, et recomposer tableaux ou sculptures. Une mise en abîme encourageant le spectateur à s interroger sur l utilité véritable de ces objets, fabriqués dans un cadre usiné. Une opportunité peu rependue, puisque nous avons rarement l occasion d aborder le domaine artistique dans le cadre du secteur bancaire. Quant à l artiste montreuillois, espérons qu il soit parvenu à démocratiser son art. Si Groupama Banque est «Toujours là pour [nous]», saluons l entreprise qui, cette fois, l est aussi pour l art contemporain.
Crédits photo : Sebastian Rosenberg Hors circuits Circuits imprimés montrant sans pudeur leurs dessous, squelettes d ordinateurs et de télévisions désossés, l art de Dadave est l archéologie joyeuse de notre civilisation. Une quête de beauté et de sens à partir de déchets électroniques qui provoque et révèle. Accumulation pas très cathodique En entrant dans l atelier, formes et couleurs en l air comme au sol entraînent dans une ronde hypnotique. On s attendait à d austères bouts de silicium bien sages, nous voilà devant des rouges, des bleus, des jaunes et des verts aguicheurs. Bien cachés dans des boîtiers aseptisés, les charmes inattendues des résistances, câbles et autres condensateurs ne se révèlent qu après usage. «Avant toute création, je commence par mettre à poil les écrans de télévisions et d ordinateurs» lance l artiste-accumulateur décomplexé. Telle des perles en céramique ou des bonbons rutilants un peu canaille, les pièces extraites s exhibent sur les étagères en attendant de former une oeuvre. 50 à 100 ordinateurs sont nécessaires pour réaliser un tableau ou un bas-relief. La tour au caractères Dominant un coin de l atelier montreuillois, la «tour aux caractères», un gratte-ciel couvert de touches de claviers, contemple le chantier d une ville polychrome en circuits imprimés parsemé de diodes lumineuses. Les grandes mégalopoles de buildings verticaux inspirent Dadave, qui aime en reproduire les silhouettes allongées au cordeau. Les rythmes réguliers et les formes géométriques des composants électroniques se combinent pour former des fresques urbaines s étendant parfois sur plusieurs mètres. Bâtis sur les dépouilles d objets du quotidien, ces monstres fascinent en même temps qu ils effraient. Au plafond, des astres étranges, pelotes hirsutes de fils de couleurs, oscillent entre l organique et le sidéral. Les murs grouillent d une vie aux tons électriques. Ces savantes compositions de gaines électriques dansent et s animent. Les effets d optique inspirés de l art cinétique donnent un sentiment de mouvement. Sur la trace des hommes «Je suis horrifié de la laideur des objets que l on fait parfois faire aux enfants sous prétexte de recyclage» affirme l iconoclaste involontaire. Les cendriers et autres jouets en canettes ne seraient-ils en fait que les colliers de nouilles de l ère contemporaine? Dadave veut séduire l oeil avant de donner des leçons de tri. Apporter un sens esthétique à ce qui était auparavant utilitaire. A ses débuts bellevillois, réutiliser des matériaux était d abord un moyen économique de créer. Au-delà de la lutte contre le gaspillage, le créateur se dit admiratif de l intelligence et du travail représentés par ces petites pépites de la technologie. Une fois hors d usage, l univers froid de la technologie fait place à l histoire des concepteurs et des utilisateurs successifs qui ont marqués l objet. A l occasion d une exposition de Dadave, il n est pas rare qu un ingénieur se laisse aller à la nostalgie Olivier Moulergues Crédit Photos : Pierre Leblanc, Sebastian Rosenberg