La commercialisation vivrière paysanne au Burkina Faso



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Transcription:

HESA Haute école suisse d agronomie, Zollikofen, SUISSE Université de Sciences Appliquées Berne CEDRES Centre de Études, de Documentation et de Recherche Économiques et Sociales Université de Ouagadougou, BURKINA FASO Projet de recherche TASIM-AO Burkina Faso Série Documents de travail : N 6 La commercialisation vivrière paysanne au Burkina Faso Synthèse des études régionales Dédougou (no1), Fada N Gourma (no3) et Kaya (no 5) Pr Gil Ducommun, avec Hugo Cecchini, Sylvestre Ourdraogo et Abdoulaye Bengaly Janvier 2004

Avec la référence usuelle de la source, l utilisation et la reproduction partielle de ce document est autorisée. Adresses : HESA CEDRES Laenggasse 85 03 BP 7154 CH-3052 Zollikofen Ouagadougou Suisse Burkina Faso Mél. : Gil.ducommun@shl.bfh.ch Hugo.cecchini@shl.bfh.ch Sylvestre O. : sylvestre.ouedraogo@univ-ouaga.bf Abdoulaye Bengali : bengalyaziz@yahoo.fr Internet: www.shl.bfh.ch Documents téléchargeables sous : http://www.shl.bfh.ch/fef/feprojektef/htm

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales i Table des matières Liste des figures et tableaux...ii Glossaire...iii Remerciements...iv Avant propos Vue d ensemble de la recherche...v Résumé...vii 1 Introduction et objectifs... 1 1.1 Croissance urbaine, moteur du développement... 1 1.2 Objectifs du TASIM-AO... 2 2 Méthodologie et moyens... 4 2.1 Méthode... 4 2.2 Représentativité et fiabilité... 6 2.3 Saisie informatisée et mise en valeur statistique... 7 2.4 Moyens... 7 3 La commercialisation paysanne : Structure des ventes... 8 3.1 Orientation de la production agricole marchande des régions... 8 3.2 Ventes de produits agricoles... 11 3.3 Quantités de produits vendus, par producteur et par quartile... 14 4 Relations des ventes avec la structure des exploitations... 16 4.1 Superficies cultivées... 16 4.2 Main-d œuvre disponible... 17 4.3 Bétail et ventes alimentaires... 19 4.4 Application d intrants et ventes alimentaires... 22 5 Perception paysanne du marché - Facteurs favorables et défavorables à la vente... 25 5.1 Difficultés rencontrées dans la commercialisation... 25 5.2 Facteurs favorables aux ventes de produits vivriers... 26 5.3 Contraintes à l augmentation des ventes vivrières... 29 6 Dynamique des cultures sur cinq ans... 31 6.1 Région de Dédougou... 31 6.2 Région de Fada N Gourma... 32 6.3 Région de Kaya... 32 7 Propositions paysannes pour améliorer leur commercialisation... 35 8 Conclusions et recommandations... 37 8.1 Constats et conclusions... 37 8.2 Recommandations... 40 Bibliographie... 43 Annexe A Tableaux annexes... 44 Annexe B Formulaire d enquête de la région de Kaya... 49

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales ii Liste des tableaux Tableau 1 Sols et végétation des régions d étude...5 Tableau 2 Ventes totales par groupes d UPA et par régions ( 000 FCFA)...11 Tableau 3 Ventes totales par exploitation, moyennes des groupes d UPA, par régions (FCFA)...12 Tableau 4 Ventes alimentaires par exploitation, moyennes par groupe d UPA (FCFA)...12 Tableau 5 Volumes théoriques de céréales vendus par UPA, kg (10'000 CFA = 100kg)...13 Tableau 6 : Ventes alimentaires en FCFA, limites supérieures des groupes par région...13 Tableau 7 Quantités d oléagineux vendus, par groupe d UPA (kg)...14 Tableau 8 Ventes de graines protéagineuses par groupe d UPA (FCFA)...15 Tableau 9 Ventes de produits animaux par groupe d UPA (FCFA)...15 Tableau 10 Main-d œuvre familiale (MOF) et MOF par hectare cultivé, groupe d UPA...18 Tableau 11a Possession de bétail, Dédougou...20 Tableau 11b Possession de bétail, Fada N Gourma...20 Tableau 11c Possession de bétail, Kaya...21 Tableau 12 Corrélations entre «Ventes alimentaires par UPA» et «bétail détenu»...21 Tableau 13 Application d engrais minéraux et de pesticides...24 Tableau 14 Difficultés rencontrées dans la commercialisation ; choix de réponses...25 Tableau 15 Facteurs favorables aux ventes, fréquences des deux premières nominations spontanées, %...26 Tableau 16 Facteurs favorables aux ventes, réponses à un choix de possibilités...27 Tableau 17 Propositions paysannes pour améliorer la commercialisation (%)...35 Tableau 18 Degré d organisation des producteurs (nombre de nominations)...35 Tableau 19 Degré de scolarisation des producteurs (%)...36 Tableau A20 Orientation de la production agricole marchande dans les trois régions...44 Tableau A21 Quantités moyennes de céréales vendues par groupe d UPA (kg)...44 Tableau A22 Ventes totales de graines alimentaires par groupe d UPA (kg)...44 Tableau A23 Superficies cultivées par groupe d UPA (ha)...44 Tableau A24 % d UPA avec bœufs et nombre moyen de bœufs possédés, par groupe...45 Tableau A25 Application de fumure organique par groupe d UPA...45 Tableau A26 Contraintes à l augmentation des ventes vivrières...46 Tableau A27 Corrélations entre facteurs de production et ventes dans la région de Dédougou...47 Tableau A28 Corrélations entre facteurs de production et ventes dans la région de Fada N Gourma...47 Tableau A29 Corrélations entre facteurs de production et ventes dans la région de Kaya...48 Liste des Figures Figure 1 : Le pouvoir d achat alimentaire urbain comme moteur du développement rural...1 Figure 2 : Le Burkina Faso, régions d étude du projet TASIM-AO...4 Figure 3 : Orientation de la production marchande dans la région de Dédougou.8 Figure 4 : Orientation de la production marchande dans la région de Fada N'Gourma..9 Figure 5 : Orientation de la production marchande dans la région de Kaya 10 Figure 6 : Quantités moyennes de céréales vendues par groupe d UPA (kg)...14 Figure 7 : Ventes totales de graines alimentaires par groupe d UPA (kg)...15 Figure 8 : Superficies cultivées par groupe d UPA (ha)...16 Figure 9 : Main-d œuvre familiale à l hectare...18 Figure 10 : Pourcentage d UPA avec bœufs et nombre moyen de bœufs par groupe...20 Figure 11 : Application de fumure organique par groupe d UPA...22 Figure 12 : Contraintes à l augmentation des ventes vivrières par région...29

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales iii Glossaire CEDRES CNCA DRA ENSA GPC(O) GV ha HESA MARP MO / MOF SAU SPSS TASIM-AO UFR/SEG UPA UT Centre d études, de documentation et de recherche économique et sociale Caisse Nationale de Crédit Agricole Direction Régionale de l Agriculture Enquête Nationale de Statistique Agricole, Burkina Faso Groupement de producteurs de coton (et oléagineux Groupement villageois hectare Haute École Suisse d Agronomie, Zollikofen / Berne Méthode accélérée de recherche participative Main d œuvre / MO familiale Superficie Agricole Utile (ici terres ouvertes, cultivées) Statistical Package for Social Sciences Transition de l Agriculture d autosubsistance vers une agriculture Intensive, durable et Marchande en Afrique de l Ouest Unité de Formation et de Recherche / Sciences Économiques et de Gestion. Université de Ouagadougou Unité de Production Agricole Unité de travail G0 Q1 Q2 Q3 Q4 D10 Groupe 0, producteurs qui ne commercialisent pas de produits agricoles 1 er quartile, 25% des exploitations agricoles de l échantillon qui commercialisent les plus faibles montants de produits alimentaires 2 ème quartile, composé du 25% des exploitations agricoles commercialisant des produits alimentaires pour un montant qui se situe entre la limite supérieure du 1 er quartile et le montant de la valeur médiane de l échantillon 3 ème quartile, composé du 25% des exploitations agricoles commercialisant des produits alimentaires pour un montant qui se situe entre la valeur médiane de l échantillon et la valeur correspondant au 75% des valeurs de l échantillon 4 ème quartile, composé du 25% des exploitations agricoles commercialisant les montants les plus élevés de produits alimentaires Décile 10, composé du 10% des exploitations agricoles qui commercialisent les montants les plus élevés de produits alimentaires. Ce groupe est composé d exploitations agricoles faisant partie du Q4

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales iv Remerciements Nous exprimons nos vifs remerciements aux personnes et institutions suivantes ayant collaboré à la réalisation de cette étude : Les Directions Régionales de l Agriculture des trois régions étudiées Les agents des Services Provinciaux de l Agriculture Les autres services de l Etat et institutions de la région Les Organisations non gouvernementales et associations de développement actives dans les régions visitées Les membres du Comité Consultatif du projet TASIM-AO, Ouagadougou Les autorités coutumières et administratives des 27 villages étudiés, and last but not least, Les agriculteurs de la région de Dédougou, Fada N Gourma et Kaya et leurs familles, pour avoir accueilli nos enquêteurs et avoir participé activement au bon déroulement de notre travail de terrain, et La DDC, Direction suisse du développement et de la coopération, pour son co-financement et appui au TASIM-AO.

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales v Avant propos Vue d ensemble de la recherche Le tableau de la page suivante fournit une vue d ensemble des études entreprises dans le cadre du projet de recherche, leur chronologie et les documents à publier. Il s agit d abord des enquêtes villageoises sur la commercialisation vivrière paysanne et son évolution dans le temps. Ces enquêtes portent sur trois régions Dédougou, Fada N Gourma et Kaya et chacune sur cent-quatre-vingts producteurs. Ensuite le TASIM-AO étudie l organisation de la filière commerciale vivrière, d abord au niveau des trois régions mentionnées, puis au niveau de Ouagadougou. De plus, dans cette ville, une recherche particulière a été entreprise sur les entreprises émergentes de transformation alimentaire. Enfin, une série d entretiens stratégiques avec des responsables des milieux commerciaux, politiques et administratifs vient compléter l information recueillie, en vue d aborder les thèmes de la politique nationale en matière de production vivrière, de transport et de commerce, d import-export alimentaire et de protection tarifaire. Ces études sectorielles et l étude parallèle de la littérature permettent finalement d élaborer des constats et des recommandations, tant au niveau de la politique vivrière, agricole et commerciale que au niveau global de la politique de développement économique du pays. Ce Document de travail no 6 du TASIM-AO livre une synthèse des résultats et conclusions des enquêtes sur la commercialisation vivrière paysanne réalisées dans les trois régions de Dédougou, Fada N Gourma et Kaya. Il fournit les résultats et constats principaux, laissant de côté certains thèmes abordés dans les études régionales spécifiques. Même les résultats publiés dans ces Documents no 1 (Dédougou), 3 (Fada) et 5 (Kaya) ne sont pas exhaustifs, car les 190 variables relevées pour chaque UPA ainsi que les 50 variables secondaires générées à partir des premières permettent quantité d analyses qui n étaient pas au centre de nos préoccupations. Les conclusions et recommandations présentées ici dépassent toutefois le cadre de la commercialisation vivrière paysanne, en incluant des constats sur les secteurs de la production, de la vulgarisation agricole et du développement rural en général. La synthèse finale de la phase 1 du TASIM-AO, portant sur l ensemble des études entreprises, sera rédigée en mai-juin 2004, après un séminaire d analyse et de réflexion qui aura lieu en mars 2004 avec le Comité consultatif (CC) du projet. Les Documents publiés du projet de recherche sont disponibles comme fichiers PDF sur le site internet de la HESA à l adresse http://www.shl.bfh.ch/fef/feprojektef.htm sous TASIM-AO.

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des études régionales vi Chronologie des activités du TASIM-AO et publications 2001-2004 Activités Démarrage du projet Enquêtes villageoises Région Dédougou Enquêtes villageoises Région Fada N'Gourma Enquêtes villageoises Région Kaya Enquêtes entreprises agroalimentaires Ouagadougou Enquêtes de filières Région Dédougou Enquêtes de filières Région Kaya Enquêtes de filières Région Fada N'Gourma Enquêtes de filières Ouagadougou Enquête sésame Dédougou Entretiens politiques Documents de travail: Rapports annuels 1. Région Dédougou 3. Région Fada N'Gourma 5. Région Kaya Etude sésame région Dédougou Entreprises agro-alimentaires Ouagadougou 6. Synthèse 1 (enqu. villageoises) 2001 2002 2003 2004 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 2 3 4 5 7. Synthèse 2 (enqu. Filières) Filières Ouagadougou 8. Entretiens politiques Analyse comparative régions 9. Synthèse finale et recommandations

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales vii Résumé Pour une lecture rapide, lire le chapitre 8. Les objectifs du TASIM-AO consistent : 1 A étudier le comportement paysan marchand concernant les produits vivriers et sa sensibilité aux signaux du marché ; 2 A analyser les filières commerciales vivrières (céréales surtout) ; 3 A faire des propositions d ordre politique en vue de favoriser l intensification marchande de la production vivrière et d améliorer l approvisionnement vivrier urbain. L initiative de ce projet de recherche fut prise par la Haute Ecole Suisse d Agronomie HESA. L exécution se fait en collaboration avec le Centre d études CEDRES de l Unité de Formation et de Recherche / Sciences Économiques et Gestion de l université de Ouagadougou et avec un cofinancement de la Coopération Suisse. Sa phase 1 couvre la période mars 2001 à décembre 2003 (budget CHF 372'000.-), sa phase 2 l an 2004 (budget CHF 157'000.-). Ce document no 6 est une synthèse des résultats, constats et recommandations principaux dérivant des trois enquêtes sur la commercialisation vivrière paysanne effectuées dans trois régions agroclimatiques du Burkina Faso : la Boucle du Mouhoun (Dédougou), Fada N Gourma et Kaya. Principaux constats et recommandations : Vu l orientation marchande de la production vivrière de 40 à 50% des producteurs, on ne peut parler d agriculture d autosubsistance à propos l agriculture burkinabé. De même, on ne peut plus parler de cultures de rente et de cultures vivrières de subsistance, car pour les producteurs les cultures vivrières et la production animale sont très fréquemment des productions marchandes, qui supplantent parfois les cultures de rente traditionnelles. Le 25% de «gros producteurs» (quartile Q4) vend annuellement des produits vivriers pour CFA 0,5 à 1,5 millions, dont 3 à 6 tonnes de graines alimentaires; le 25% de producteurs «moyens» pour CFA 150 à 300'000, dont 1,2 à 1,5 tonnes de graines vivrières. L orientation marchande des producteurs des trois régions est très diverse: coton, céréales et riz, oléagineux, légumineuses, productions animales, maraîchage. La superficie cultivée explique un bonne partie du volume de produits vivriers vendus par exploitation (UPA) ; par contre, la quantité vendue par hectare n augmente pas avec la superficie de l UPA. La culture du coton entraîne une intensification de tout le système de production. A Dédougou, on constate une sensible croissance de la productivité du travail avec l augmentation des surfaces des UPA. La disponibilité en bœufs de labour et équipements de traction animale et l application de fumure ou engrais est très fortement corrélée avec le volume des ventes vivrières par UPA. Les ventes vivrières sont également fortement corrélés avec le bétail possédé par l UPA, les ovins en particulier. La dynamique des cultures sur cinq ans montre que les agriculteurs sont sensibles aux conditions du marché, mais simultanément qu ils s en méfient et tiennent fortement compte de la sécurité alimentaire familiale pour l orientation de leur production. L analyse des contraintes et facteurs favorables à la commercialisation vivrière montre que dans un premier temps, le goulot d étranglement du potentiel vivrier marchand des UPA se situe au niveau des moyens de production, financiers. Lorsque ce goulot d étranglement à pu être surmonté, les UPA souffrent des conditions de transport et de commercialisation. Pour développer le potentiel important d accroissement de la production vivrière marchande de 70-80% des exploitations familiales, nous recommandons, comme principale mesure, la mise en place d un système de crédit d investissement et d épargne spécifiquement paysan. Une production vivrière accrue ne nécessite pas de «nouveaux acteurs» ; les producteurs actuels évoluent rapidement vers des technologies plus performantes, durables et marchandes.

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales viii Afin qu ils ne soient pas découragées par le marché, nous recommandons d une part l appui à l organisation des producteurs passés à l orientation marchande du vivrier, d autre part une négociation annuelle de tous les acteurs (stakeholders) de la filière vivrière, afin de rendre celle-ci plus efficace, rémunératrice et équitable pour chaque maillon de la chaîne. Nous proposons un appui à l amélioration des pistes et à la diffusion de la micro-irrigation. Pour 30 à 40% des UPA avec un revenu agricole monétaire faible, un risque prononcé de pauvreté extrême existe si l UPA ne dispose pas de revenus accessoires. Des interventions ciblées (p.ex. micro-crédit) devraient leur permettre le développement d activités accessoires rémunératrices. La possession de bétail semble pouvoir servir d indicateur de pauvreté (et de richesse). Keywords : Trade, Food Crops, Staple Crops, Food Supply, Rural Economy, Farmer Income, Burkina Faso

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 1 1 Introduction et objectifs 1.1 Croissance urbaine, moteur du développement Les villes africaines croissent au rythme élevé de 4 à 6% par an, ce qui entraîne le doublement de leur population dans une période de 17 à 11 ans. De ces croissances vertigineuses résultent des défis nombreux et difficiles à maîtriser (Sanogo, 1997 ; Gnammon Adiko, 1997). Le défi retenu ici est l approvisionnement alimentaire de Ouagadougou et des autres centres urbains du Burkina Faso. La croissance urbaine signifie aussi une concentration de pouvoir d achat. L hypothèse du projet de recherche TASIM-AO est la suivante : Le pouvoir d achat alimentaire des villes et sa croissance rapide peuvent servir de courroie d entraînement pour le développement agricole paysan, dans la mesure où les agriculteurs et éleveurs sont à même de satisfaire ce marché en expansion rapide (Thuillier-Cerdan & Bricas, 1998). Le pouvoir d achat urbain crée alors un revenu paysan qui à son tour deviendra un pouvoir d achat rural pour des biens de production et de consommation issus du milieu rural et des villes. Si cette circulation monétaire interne au pays s installe, impulsée par le pouvoir d achat urbain croissant, elle entraînera à la fois le développement paysan, rural et urbain (Lombard. 1997 ; Barry, 1997). Si ce circuit des pouvoirs d achat interne au Burkina Faso ne se s instaure pas, si le pouvoir d achat urbain s oriente vers des vivres et des biens de consommation importés, le milieu rural dépérira, s appauvrira et par conséquent il ne stimulera pas l écoulement des biens et services offerts à la campagne par les villes. Un moteur du développement: le pouvoir d'achat alimentaire urbain Burkina rural Vivres nationaux Ouagadougou Env. 183 milliards FCFA/an* (438 millions CHF) Étranger Vivres importés * En moyenne 500 FCFA / personne et jour Figure 1 Le pouvoir d achat alimentaire urbain comme moteur du développement rural L hypothèse du projet de recherche est donc que la demande alimentaire croissante des villes peut initier un développement endogène puissant, à la fois paysan, rural et urbain. Cette demande alimentaire urbaine ne peut toutefois être satisfaite par le milieu agricole burkinabé que si :

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 2 1 les agriculteurs sont à même et désireux de satisfaire cette demande, 2 les filières alimentaires nationales sont efficaces, compétitives par rapport aux importations, et 3 si les consommateurs urbains sont disposés à consommer les produits agricoles nationaux. Ces conditions sont les thèmes du projet de recherche TASIM-AO. Certes, on peut argumenter que la courroie d entraînement du développement agricole et rural devrait provenir de l exportation de produits agricoles (développement exogène) et non de la vente des produits vivriers en ville. Mais rien n empêche d adopter une stratégie double, incluant l un et l autre (développement endogène et exogène) plutôt que l un ou l autre. L exportation de produits agricoles est certes une chance à saisir lorsqu elle est bonne à prendre. Mais trop fréquemment elle prend le goût amère de marchés saturés, aux prix chancelants et soumis aux dumping de gros exportateurs. Il est alors prudent d avoir une deuxième courroie d entraînement du développement rural, toute nationale, indépendante du marché mondial. La dynamisation de la production vivrière nationale grâce à l orientation du pouvoir d achat urbain vers le milieu rural burkinabé permet par ailleurs d améliorer la sécurité alimentaire nationale et par là, la souveraineté alimentaire du pays. 1.2 Objectifs du TASIM-AO La finalité du projet est d entraîner le développement agricole et rural du Burkina Faso par une augmentation du revenu paysan, grâce à un approvisionnement accru des marchés alimentaires urbains en expansion rapide. La promotion de stratégies d intensification et marchandes, notamment pour les productions vivrières traditionnelles, basées essentiellement sur des techniques de production durables et intensives en main-d œuvre, doit en outre permettre de maintenir, voire d augmenter l emploi en milieu rural, tout en conservant le potentiel de production des ressources naturelles. L objectif du projet est de mieux comprendre la perception qu'ont les paysans des signaux du marché et les conditions à satisfaire pour qu ils adoptent une stratégie de production agricole intensifiée et orientée vers le marché, puis de formuler des recommandations destinées en particulier aux décideurs politiques, aux entreprises commerciales, aux organisations d appui et aux producteurs, dans une démarche basée sur l étude de l'économie paysanne, des filières alimentaires et des politiques agricoles du gouvernement. Les résultats attendus sont les suivants : R1. La connaissance de la commercialisation actuelle de produits vivriers de base par les producteurs agricoles est améliorée. R2. Les facteurs qui favorisent ou entravent l'adoption d une stratégie d'intensification et marchande par les producteurs vivriers sont identifiés. R3. Les contraintes et faiblesses des filières commerciales vivrières du Burkina sont évaluées. R4. Les politiques et institutions (internationales, nationales et locales) actuelles qui favorisent ou freinent la dynamique des filières alimentaires traditionnelles nationales sont analysées. R5. Des recommandations favorisant l'adoption de stratégies d'intensification et marchandes par les producteurs vivriers sont formulées, tant au niveau des politiques qu à celui des acteurs des filières. Le projet de recherche se penche dès lors sur les questions suivantes : 1. Dans quelle mesure les agriculteurs commercialisent-ils leurs produits vivriers? Ont-ils saisi l opportunité du marché vivrier en expansion? Les agriculteurs Burkinabè sont-ils à même et intéressés de répondre à la demande vivrière urbaine en forte croissance? Considèrent-ils

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 3 certaines productions vivrières comme une culture de rente au même titre que le coton par exemple? Quels facteurs ont favorisé l orientation de leur production vivrière vers le marché? Quelles difficultés rencontrent-ils? Quelles contraintes rencontrent les producteurs pour accroître leur production vivrière marchande? Quelles sont les mesures politiques et les stratégies qui favoriseraient l essor de la production vivrière marchande intensifiée et durable? 2. Comment fonctionnent les filières vivrières burkinabé? Où sont leurs goulots d étranglement, leurs difficultés? Comment le secteur commercial est-il organisé? Les filières vivrières nationales sont-elles efficaces et compétitives par rapport aux filières d importation? Quelles mesures et politiques pourraient améliorer leur efficacité et compétitivité? 3. Les industries agroalimentaires de Ouagadougou répondent-elles aux nouveaux besoins alimentaires des populations urbaines? Quelles difficultés rencontrent-elles? Les politiques nationales favorisent-elles l expansion de ces industries nationales naissantes ou l importation de biens alimentaires? Quelles mesures pourraient favoriser l essor des entreprises agroalimentaires ouagalaises?

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 4 2 Méthodologie et moyens 2.1 Méthode Pour l enquête sur le comportement paysan en matière de commercialisation de produits vivriers et pour l étude des filières commerciales, le projet a choisi trois régions agro-écologiques distinctes du Burkina Faso: 1) Comme région généralement excédentaire, la région de Dédougou - dans la boucle du Mouhoun - a été retenue. Elle se situe à 200 km à l Ouest de Ouagadougou et à 150 km au Nord-Est de Bobo-Dioulasso. 2) Comme région à équilibre précaire, c est la région de Fada N Gourma qui fut choisie, à 250 km à l Est de la capitale. 3) La région de Kaya, à 100 km au Nord-Est de Ouagadougou, représente les régions généralement déficitaires sur le plan vivrier. Importations de céréales Figure 2 Le Burkina Faso, régions d étude du projet TASIM-AO Caractérisation de ces régions : Le Burkina Faso est situé entre les latitudes 9 et 15 N. La région nord du pays est croisée par l isohyète des 400 mm, tandis qu au sud du pays, près de la frontière ivoirienne, passe l isohyète des 1100 mm. Le pays comprend trois régions climatiques : a) zone sahélienne (au nord de l isohyète 600 mm), avec une saison des pluies parfois inférieure à deux mois ; b) zone soudano-sahélienne (entre les isohyètes des 600 et 900 mm), située au centre du pays et caractérisée par une saison de pluies de 4 à 5 mois ; et

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 5 c) la zone soudanienne (à partir des 900 mm), la plus humide du pays et avec une saison des pluies d environ six mois. Les régions de Dédougou, Fada N Gourma et Kaya se situent toutes dans la deuxième zone mais différent par leur végétation (tableau 1), l orientation de leur production ainsi que par leur population. Tableau 1 Sols et végétation des régions d étude Région Sols principaux Végétation Dédougou Fada N Gourma Kaya - Sols ferrugineux tropicaux peu lessivés et lessivés sur matériau sableux, sablo-argileux et argilo-sableux. - Sols hydromorphes minéraux à pseudogley sur matériau à texture variée. - Sols ferrugineux tropicaux peu lessivés et lessivés sur matériau sableux, sablo-argileux et argilo-sableux. - Sols peu évolués d érosion sur matériau gravillonnaire. - Sols ferrugineux tropicaux peu lessivés et lessivés sur matériau sableux, sablo-argileux et argilo-sableux. - Sols hydromorphes minéraux à pseudogley sur matériau à texture variée. - Sols peu évolués d érosion sur matériau gravillonnaire. Source : Atlas du Burkina Faso, Les éditions J.A., 1998. - Savanes boisées et arborées du domaine soudanien. - Savanes boisées et arborées et savanes arbustives du domaine soudanien. - Savanes arbustives du domaine soudanien. Enquête paysanne formelle Dans chacune des trois régions, les enquêtes paysannes formelles ont porté sur neuf villages, à raison de vingt exploitations (UPA : unités de production agricole) par village, soit 180 interviews par région et 540 dans 27 villages en tout. Dans un tiers des UPA, les enquêtes se font aussi auprès de la première épouse de l agriculteur chef d exploitation. L interview formel principal comporte 193 variables qualitatives et quantitatives. Le questionnaire (Annexe B) fut élaboré en collaboration avec un statisticien et des chercheurs de la HESA et de l École Polytechnique Fédérale de Zurich, puis testé sur le terrain dans deux régions différentes du Burkina Faso (Houndé et Kaya). Démarche suivie: 1. Choix des villages : Avec l appui du Service de l agriculture d une région, le projet choisit neuf villages autour du marché principal de la région, sur trois axes différents. Les trois premiers villages sur les trois axes sont relativement proches (5 à 10 km), les trois suivants à 15 à 20 km et les trois les plus éloignés à environ 30 km ou plus du marché principal. De ces neuf villages, au plus trois peuvent se trouver sur des axes routiers principaux, les autres doivent être situés sur des axes secondaires. 2. Le Service de l agriculture est ensuite chargé d avertir les villages et les autorités concernant l enquête qui sera faite et de chercher un agriculteur par village qui logera l étudiant-enquêteur. Ce même Service aide également à mettre en place les neuf enquêteurs, étudiants de l UFR/SEG, dans les villages. 3. Les enquêteurs, après une formation sur l objectif et la technique d interview, séjournent six à huit jours dans les villages avec les activités suivantes: a) Un transect (un des outils classiques de la méthode MARP) du village, accompagnés de une à deux personnes connaissant bien le terroir. Le but du transect est de familiariser l étudiant avec le terroir villageois et le mode d exploitation de ses différents espaces avant la réalisation des interviews. Les informations recueillies pendant le transect font l objet d un croquis représentant

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 6 l utilisation typique de l espace. L étudiant le complète par des informations générales sur le village. b) Le choix des 20 UPA par village : répartition des UPA du village en trois catégories de richesse: pauvres, moyennes, riches. Elle se fait avec l aide de quelques agriculteurs et selon leurs propres critères de richesse (généralement : nombre de têtes de bétail, équipements agricoles, nombre d unités de travail et superficies cultivées). Les enquêteurs choisissent ensuite 20 UPA au hasard : 7-8 pauvres, 7-8 moyennes et 4-6 riches. c) Ils réalisent ensuite les 20 interviews à l aide du questionnaire, auprès du chef d exploitation et de 6 à 10 épouses des chefs d exploitation. Les enquêtes de Dédougou (en octobre 2001) et Fada N Gourma (en avril 2002) portent sur l année agricole allant de juillet 2000 à juin 2001, alors que l enquête de Kaya (en décembre 2002) couvre la période juillet 2001 à juin 2002. Selon la FAO, la production céréalière du Burkina Faso s élève à 2,7 millions de tonnes en 1999, 2,3 mio de t en 2000, puis 3,1 mio de t en 2001 et 2002 (FAOSTAT). L étude de Kaya porterait dès lors sur une très bonne année agricole (2001) alors que les deux autres couvrent une année faible (2000). 2.2 Représentativité et fiabilité Par le choix des trois régions, des neuf villages par région et des 20 UPA soumises à l enquête par village le projet s est efforcé d assurer une bonne représentativité de l échantillon. Les trois régions furent choisies selon l avis de quelques chercheurs de l université de Ouagadougou. On peut, avec raison, objecter que la région du Sud-Ouest (Leo - Bobo-Dioulasso Banfora Gaoua), plus humide, n est pas représentée par les trois régions choisies, ni le Nord sahélien (Dori Gorom-Gorom - Djibo). Il s agira de voir lors de la discussion des résultats obtenus en phase 1, si une enquête s impose dans les régions écartées pour valider les résultats et constats obtenus en matière de commercialisation paysanne à ce jour. Pour l heure (décembre 2003), nous pensons que la réalisation de l enquête dans une ou deux autres régions n apporterait pas un gain d information substantiel. L échantillon de 180 UPA par région représente 5 à 10% des exploitations des neuf villages choisis. Les choix des villages et des UPA peuvent avoir des biais. On pourrait arguer que, malgré les précautions prises, les neuf villages ont une accessibilité au-dessus de la moyenne, ce qui est possible. Dans la mise en valeur on s aperçoit toutefois que les villages les plus éloignés ne sont pas ceux dont les agriculteurs commercialisent le moins de produits agricoles. Même si un village est parfois inaccessible en hivernage, rien n empêche qu il commercialise beaucoup de produits agricoles, pour peu qu une piste soit praticable dès la fin de novembre. Sous l influence d un villageois, un biais a parfois pu survenir au moment où l enquêteur a choisi au hasard les 20 UPA à soumettre à l enquête. Nous ne pouvons entièrement écarter une telle possibilité. Mais elle ne modifierait pas significativement la mise en valeur statistique des résultats, vu l ampleur de l échantillon. Aux limites de la représentativité des échantillons se sont ajoutés des difficultés méthodologiques dans la mise en œuvre des enquêtes proprement dites : la méthode d enquête est quelquefois problématique du fait que les interviews ont dû être effectués en langue vernaculaire. Seuls des étudiants-enquêteurs maîtrisant la langue locale principale ont été retenus pour les enquêtes, mais il est certain que la traduction de certains concepts du français en langue vernaculaire est parfois problématique. D autre part, les enquêteurs ont rencontré des difficultés à déterminer les volumes commercialisés et les prix pratiqués : - le fait de ne passer qu une fois chez l agriculteur oblige à travailler avec sa mémoire sur toute une année agricole, ce qui introduit de l imprécision dans les informations ; - la diversité des mesures de poids utilisées pour chiffrer les ventes introduit une approximation lors de la transformation des informations en kilogrammes ; - l estimation des volumes d engrais de ferme appliqués et des surfaces cultivées comporte des incertitudes. Ainsi toutes les données quantitatives qui sont publiées doivent être comprises comme des ordres de grandeur plausibles.

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 7 Les données quantitatives sur les revenus monétaires agricoles des exploitations, les montants des ventes vivrières utilisés pour l analyse par quartiles et pour la détermination de l importance relative des différentes productions dans l économie des exploitations doivent être considérés comme une approximation de la réalité, mais pouvant comporter une marge d erreur non négligeable. Certains prix mentionnés par les agriculteurs ont dû être corrigés à la baisse, voire normés dans le cas des enquêtes à Fada N Gourma. Nous estimons la marge d erreur dans le calcul du revenu monétaire (produit des ventes) à environ 20%. Elle n empêche pas l approche qualitative de l analyse. Par ailleurs, les ventes totales des exploitations sont sous-évaluées en raison de données manquantes pour certains volumes commercialisés (lait par exemple). Ces erreurs à effet contraire se compensent en partie. 2.3 Saisie informatisée et mise en valeur statistique Les formulaires d enquête font l objet d une saisie informatisée (tableau Excel), à raison de 193 variables (informations quantitatives ou qualitatives) par UPA. A partir de ce fichier de base, une cinquantaine de nouvelles variables sont générées et ajoutées aux autres. L analyse statistique est faite avec le logiciel SPSS. Les corrélations entre variables sont celles de Pearson. Dans le texte, «corrélation significative» signifie une corrélation à 5% (0,05), alors que «corrélation hautement significative» indique une corrélation à 1% (0,01). Dans ce dernier cas, nous avons parfois ajouté entre parenthèse la valeur effective de la corrélation. Pour l analyse statistique, les UPA ont été classées en six groupes : - Le groupe G0 : qui réunit les exploitations qui ne commercialisent pas de produits vivriers. - Les quatre groupes Q1, Q2, Q3 et Q4, correspondant à quatre quartiles selon le critère de classification : volume (en FCFA) de produits vivriers commercialisés. Le quartile Q1 réunit donc les UPA qui commercialisent le moins et le Q4 celles qui vendent le plus de produits vivriers. - Le groupe D 10 (décile 10) comprend le 10% des UPA qui commercialisent le plus de produits vivriers. Il fait partie du quartile Q4. Il a été constitué afin de pouvoir analyser les caractéristiques et solutions trouvées par les exploitations de pointe sur le plan marchand. En raison de données manquantes pour certaines variables, le nombre d exploitations considérées pour certaines analyses peut être inférieur au nombre d exploitations initial des groupes. Les méthodologies utilisées pour l analyse des autres volets du projet de recherche (filières commerciales, industrie agroalimentaire, politiques agraires et commerciales) seront explicitées dans des documents ultérieurs. 2.4 Moyens Le projet de recherche devait porter sur une période de trois ans, d avril 2001 à mars 2004, avec un financement de CHF 372'000.- assuré par la Coopération Suisse (54%), la HESA (39%) et le CEDRES (7%). La phase 1 a toutefois été clôturée fin 2003 et 2004 fait l objet d un nouveau crédit. Il emploie un responsable de projet suisse (40 à 60 jours par an), un coordinateur national Burkinabè (80 à 110 j/an), un assistant de recherche en Suisse (80 à 100 j/an) et un assistant de recherche au Burkina Faso (120 à 240 j/an, en fonction de ses études parallèles en DESS). A ces forces permanentes s ajoutent les étudiants de l UFR/SEG pour les enquêtes de terrain et certains travaux spécifiques et quelques étudiants de la HESA pour des stages d étude de six mois au Burkina Faso. Le TASIM-AO a équipé un bureau au sein du bâtiment du CEDRES à Ouagadougou.

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 8 3 La commercialisation paysanne : Structure des ventes 3.1 Orientation de la production agricole marchande des régions Le tableau A20 (annexe A) reflète les différentes orientations de la production marchande des trois régions étudiées. Quoique dans chacune des trois régions l échantillon porte sur 180 UPA, le nombre de celles inclues dans l analyse est variable 1. 3.1.1 Ventes totales, revenu monétaire Les ventes de 164 UPA de la région de Dédougou s élèvent à 77 millions de FCFA, celles des 168 UPA de Fada N Gourma à 48 millions ; dans la région de Kaya, les 178 UPA soumises à l enquête vendent pour 35,4 millions. Les ventes moyennes par exploitation passent ainsi de 468'000 FCFA pour Dédougou à 369'000 pour Fada N Gourma et à 199'000 pour Kaya. Ces chiffres ne donnent qu un ordre de grandeur, car les prix relevés chez les agriculteurs par les enquêteurs sont parfois fantaisistes ; pour la région de Fada nous avons dû les normaliser. Nous considérons la composition de ces revenus au tableau A20 en annexe A et dans les figures 3, 4 et 5 ci-après. Le revenu monétaire agricole dans la région de Kaya est relativement faible ; des revenus annexes non agricoles, qui existent bien sûr aussi dans les autres régions, compensent partiellement ce déficit de revenu monétaire. Nous ne traiterons pas des revenus annexes dans cette synthèse, mais ce thème figure dans les documents spécifiques aux régions. Comme nous n avons recensé que les activités et revenus annexes du chef d exploitation et de sa première épouse, mais pas des autres membres de la famille, notre étude ne permet pas de fournir le montant total du revenu monétaire par UPA. 3.1.2 Orientation de la production agricole marchande Dédougou (zone alimentaire excédentaire) Près de 30% du revenu monétaire agricole provient de la vente de céréales. Sésame et arachide (oléagineux) représentent près de 12% de ce revenu monétaire et les produits animaux près de 10%. Le coton à lui seul apporte près de la moitié du revenu monétaire agricole. Pour les 99 UPA cotonnières (sur 178 UPA), le coton occupe environ 35% de leur superficie cultivée. Concernant la production animale, 60 des 82 UPA des quartiles 3 et 4 ont, en plus des bœufs, des troupeaux de bovins de approximativement cinq à vingt têtes ; même 18 UPA du Q2 ont en moyenne sept bovins. C est dire que l élevage bovin est nettement plus répandu à Dédougou que dans la zone dite d élevage de Kaya, où les troupeaux bovins sont plus petits en tout cas pour les popula- Productions animales 10% Fruits et légumes 1% Coton 47% Céréales 29% Riz 0% Oléagineux 12% Protéines végétales 1% Figure 3 : Orientation de la production marchande dans la région de Dédougou (en % des ventes totales) 1 A Dédougou, le groupe G0 (UPA sans ventes vivrières) comprend 11 exploitations et quatre autres UPA furent écartées pour structures «extra-ordinaires» ou données manquantes. A Fada N Gourma, le G0 se compose de trois UPA et neuf UPA furent écartées pour données insuffisantes. A Kaya il n y a pas de G0 : toutes les UPA commercialisent du vivrier ; deux UPA furent écartées pour données manquantes.

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 9 tions villageoises (voir chap. 4.3). Mais cet élevage important n apparaît que modestement au niveau du revenu marchand de la production animale. Un vétérinaire nous a expliqué que les troupeaux de Dédougou ne sont pas encore des troupeaux à orientation marchande comme à Kaya ou Fada N Gourma, mais pour l instant des troupeaux «naisseurs» et d épargne, peu soumis à la vente. De ce fait les revenus monétaires de la production animale sont encore modestes à Dédougou et d autre part le gros volume des commercialisations végétales «cache» en quelque sorte l importance de l élevage. Ceci d autant plus que dans les quartiles 2, 3 et 4, comprenant 124 UPA, nous en trouvons 79 avec des troupeaux de caprins de cinq à quinze têtes et 57 avec des troupeaux d ovins variant en gros de 8 à 25 animaux. S il fallait faire une typologie marchande des exploitations agricoles de la zone de Dédougou, et concernant uniquement la moitié des UPA orientées vers le marché (Q 3 et 4), on pourrait établir les types suivants : Type 1 : Producteurs de coton et céréales (en diminution) ; Type 2 : Producteurs de grandes cultures vivrières et sésame (en augmentation) ; Type 3 : Producteurs de céréales et autres grandes cultures (en augmentation). L élevage joue un rôle important pour chaque type et ne les différencie pas. Fada N Gourma (zone dite à équilibre alimentaire précaire) Au niveau des productions végétales, 145 UPA commercialisent des céréales qui représentent 30% du revenu monétaire agricole. Le riz, d importance marginale à Dédougou, représente ici un cinquième des ventes de céréales. Les autres grandes cultures vivrières représentent 20% des ventes et le coton des 42 producteurs (nombre croissant) contribue pour 16% au revenu monétaire agricole des 168 UPA. La forte contribution de l élevage apparaît clairement ici, puisqu elle se monte à près de un tiers du revenu monétaire agricole. Comme à Dédougou, l élevage bovin est fortement représenté, avec 51 des 84 UPA des Q 3 et 4 possédant des troupeaux de cinq à vingt bêtes et un Q2 encore bien représenté avec un troupeau moyen de 8 têtes pour 21 UPA. Le petit élevage est encore plus important qu à Dédougou, avec 100 propriétaires (sur 168 UPA) d un troupeau moyen de neuf caprins et 96 propriétaires d un troupeau ovin moyen de 11 bêtes. Une typologie des exploitations à commercialisation importante pourrait donner ce qui suit : Type 1 : Les cotonniers, petit groupe de 35 à 40 producteurs en nombre croissant ; Type 2 : Le grand groupe de 70 à 90 vendeurs de céréales et autres grandes cultures ; Productions animales 31% Fruits et légumes 2% Coton 16% Protéines végétales 6% Type 3 : Les éleveurs, groupe réunissant près d une cinquantaine d UPA ; finalement un Type 4 : UPA mixtes, où les différentes productions jouent un rôle significatif. Céréales 25% Riz 6% Oléagineux 14% Figure 4 : Orientation de la production marchande dans la région de Fada N Gourma (en % des ventes totales)

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 10 Kaya (zone dite à équilibre alimentaire déficitaire) Pour l orientation des production végétales, on constate une spécialisation des UPA en fonction du relief et des disponibilités en eau. 94% des ventes céréalières sont du riz provenant de 52 producteurs. Ces ventes céréalières représentent le 20% du revenu monétaire agricole des neuf villages, mais se concentrent en fait sur les villages rizicoles de Louda, Santena et dans une moindre mesure de Zorkoum. Même spécialisation, encore plus marquée, au niveau du maraîchage et parfois des fruits. 37 vendeurs de produits maraîchers obtiennent également le 20% du revenu monétaire agricole des neuf villages et habitent les mêmes trois villages avec bas-fonds aménagés et retenues d eau. On peut ainsi constater l impact économique des aménagements hydro-agricoles et le bénéfice qu en retirent les populations concernées. Cela suggère la nécessité d interventions dans les autres villages, défavorisés sur le plan de l approvisionnement en eau et peut-être très pauvres. En matière de production animale, seules 38 des 89 UPA des Q 3 et 4 possèdent des bovins en plus des bœufs. Les troupeaux sont modestes, de deux à dix têtes. Dans le Q2, seules dix exploitations détiennent un petit troupeau de 2,6 têtes en moyenne. Pour les villageois, le gros élevage est donc bien moins important à Kaya que dans les deux autres régions. Ceci n empêche pas l existence probable de grands troupeaux gardés par des populations non villageoises et donc pas soumises à l enquête. Par contre, le petit élevage est ici encore plus important qu à Fada, avec 124 détenteurs de caprins (huit têtes en moyenne) et 120 propriétaires d ovins (huit aussi). Si cet élevage, dans l ensemble plus modeste que dans les deux autres régions, produit 36% de revenu monétaire agricole, c est que ce dernier est globalement plus modeste. (Les Productions animales 36% Fruits et légumes 21% Céréales 1% Riz 19% Coton 2% Oléagineux 13% Protéines végétales 8% Figure 5 : Orientation de la production marchande dans la région de Kaya (en % des ventes totales) ventes de lait n ont pas été répertoriées, dans aucune des trois régions, défaut qui réduit l importance du secteur de la production animale.) Une typologie de 40 à 50% des exploitations orientées vers la commercialisation, permettrait de définir les types d UPA suivants: Type 1 : Producteurs de riz ; Type 2 : Maraîchers, éventuellement aussi riziculteurs ; Type 3 : Éleveurs, plus nombreux.

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 11 Conclusions concernant l orientation marchande de la production : Pour le 50% des producteurs (Q3 et Q4) fortement orientés vers le marché (un peu moins à Kaya), les productions marchandes peuvent être des cultures de rente classiques telles que le coton, l arachide ou le sésame, mais tout aussi bien les céréales et les légumineuses à graines, ou encore le riz, les cultures maraîchères et les productions animales, où le petit élevage joue un rôle important à côté des bovins. Ainsi, pour les agriculteurs à forte commercialisation, les cultures vivrières de base et les productions animales sont tout autant des productions marchandes que le coton. Dans la réalité actuelle, le terme «culture de rente» se vide de plus en plus de son sens, car les autres productions agricoles sont devenues des cultures marchandes. Les productions commerciales peuvent être composées de produits appelés traditionnellement «vivriers» ou d autosubsistance. A Dédougou, les céréales sont pour certains producteurs des «cultures de rente» au même titre que le coton, à Kaya, ce sont le riz, les légumes et les animaux qui font office de production marchande, etc. Les «productions commerciales» diffèrent selon les régions et les spécificités des exploitations agricoles, mais il ne s agit plus des «cultures de rente» classiques. 3.2 Ventes de produits agricoles 3.2.1 Ventes totales, par quartile et par région En considérant le tableau 2, on s aperçoit que dans chacune des régions les dix-sept UPA du D10 vendent 55 à 65% des ventes totales du quartile 4 (dont le groupe D10 fait partie). Dans les trois régions aussi, le quartile Q4 vend à lui seul bien plus de la moitié des ventes totales, 54% à Dédougou, 70% à Fada N Gourma. Les écarts entre les exploitations concernant leurs ventes agricoles sont donc considérables. Le quartile Q3 vend encore 22 à 25% des ventes totales régionales, ce qui laisse bien peu de chose aux quartiles 1 et 2. Pour l approvisionnement des marchés alimentaires, les UPA des Q1 et Q2 ne sont donc pas significatives. Elles sont en revanche très importantes pour l auto approvisionnement alimentaire des familles concernées. Elles gagnent le revenu monétaire indispensable avec des activités rémunératrices annexes ou/et avec le coton à Dédougou. Tableau 2 Ventes totales par groupes d UPA et par régions ( 000 FCFA) Région Groupe : Q1 Q2 Q3 Q4 Total D10 - Dédougou 4 172 11 783 19 284 41 507 76 745 26 389 - Fada N Gourma 888 3 120 10 573 33 385 47 967 18 098 - Kaya 1 017 2 924 8 392 23 078 35 411 13 483 3.2.2 Ventes totales par exploitation, selon les quartiles et les régions Regardons maintenant le tableau 3. A Dédougou, la moyenne des ventes totales par exploitation passe de 100'000 CFA pour les UPA du Q1 à près de 500'000 dans celles du Q3 et plus de un million dans celles du quartile 4. Le rapport entre Q4 et Q1 est de 10 à 1, le rapport entre le Q4 et le Q3 est supérieur à 2. Le saut du Q3 au Q4 est donc encore très marqué. A Fada N Gourma, où le coton n est cultivé que par 42 UPA contre 99 à Dédougou, les ventes totales moyennes passent de 20'000 au Q1 à 300'000 au Q3 et plus de un million au Q4. Le rapport entre Q4 et Q1 s établit à 50 à 1! et entre le Q4 et le Q3 il est supérieur à 3. L écart entre les

CEDRES HESA TASIM-AO Synthèse des enquêtes régionales 12 UPA du Q1, du Q3 et du Q4 est donc encore bien plus sensible qu à Dédougou. Par ailleurs, les exploitations des Q1 et Q2 de Fada ont des revenus monétaires agricoles totaux très inférieurs à ceux des mêmes quartiles de Dédougou ; c est le coton qui provoque cette différence. A Kaya, les ventes totales moyennes par quartile passent de 23'000 CFA au Q1 à 186'000 au Q3 puis 525'000 au Q4. Le rapport entre Q4 et Q1 s élève à 23, celui entre Q4 et Q3 est proche de 3. L écart de revenu monétaire agricole moyen est élevé ; il se situe entre les écarts constatés à Dédougou et à Fada N Gourma. Les ventes totales moyennes des UPA les plus marchandes de Kaya, regroupées dans le Q4 et le D10, ont des ventes inférieures de moitié à celles des UPA correspondantes des deux autres régions, belle illustration de la différence importante de potentiel de production agricole entre les zones agro-écologiques. Tableau 3 Ventes totales par exploitation, moyennes des groupes d UPA, par régions (FCFA) 2 Région Groupe : Q1 Q2 Q3 Q4 Moyenne D10 - Dédougou 99 330 280 550 482 110 1 037 670 467 962 1 552 320 - Fada N Gourma 20 480 79 150 303 150 1 052 860 368 840 1 517 530 - Kaya 23 110 64 970 186 430 524 510 198 940 749 080 Le coton augmente sensiblement la moyenne des ventes totales des UPA de Dédougou (470'000) par rapport à celles de Fada, sauf pour le Q4, où les UPA de Fada commercialisent même un peu plus que celles de Dédougou. En suivant au tableau 4 les lignes des ventes alimentaires par quartile de ces deux régions, on voit qu elles sont semblables pour les Q1 et Q2 ; c est donc le coton que fait la différence sensible de leur revenu monétaire moyen total. Pour les Q3 et Q4, on voit alors les ventes alimentaires des UPA de Fada s envoler à 250'000 puis 910'000 CFA en moyenne, bien supérieures à celles des UPA de Dédougou. Ce sont donc les ventes de produits alimentaires qui permettent aux UPA du Q4 de Fada de dépasser les ventes totales moyennes du Q4 de Dédougou. Nous avons vu au tableau 2 que ce sont les productions animales qui donnent aux exploitations de Fada la possibilité de commercialiser autant de produits alimentaires - productions indépendantes des superficies cultivées. Les UPA du D10 vendent pour 1,5 millions de produits agricoles dans les deux régions de Dédougou et Fada, la moitié à Kaya. 3.2.3 Ventes alimentaires par exploitation, selon les quartiles et les régions Au niveau des quartiles 1 et 2, les ventes alimentaires des UPA des trois régions ne diffèrent guère. Ce sont des exploitations tournées vers l autoconsommation familiale ne parvenant pas à générer des excédents alimentaires significatifs. Les ventes alimentaires des Q3 des trois régions diffèrent plus sensiblement et celles des quartiles Q4 et du D10 encore plus. Tableau 4 Ventes alimentaires par exploitation, moyennes par groupe d UPA (FCFA) Région Groupe : Q1 Q2 Q3 Q4 Moyenne D10 - Dédougou 21 450 82 320 204 580 699 680 247 130 1 068 010 - Fada N Gourma 22 460 78 810 250 540 912 580 316 100 1'308 100 - Kaya 21 130 64 650 176 830 520 520 194 940 749 080 Afin de nous donner une idée concrète des volumes que représentent ces chiffres des ventes alimentaires des Q3, Q4 et D10, nous allons transformer ces ventes en équivalents de production 2 Les tableaux 4 et 5 donnent les ventes agricoles selon les données fournies par les agriculteurs. Par contre, pour le tableau 2 et les tableaux sur les quantités vendues par produits (tabl. 7, 8 et 9), les prix excessifs fantaisistes fournis par certains producteurs ont été corrigés vers une norme raisonnable.