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Transcription:

Si Carcouët m était conté...

Merci à M. Michel DECRÉ, Chef d'entreprise, qui accepté de parrainer les " vingt ans du Lycée ", ainsi qu aux marraines et parrains des classes de terminale : Edwige ALBORGHETTI, Directrice des ressources humaines chez YORK France, Nelly GUERIN, responsable de formation à la Banque CIO, Vanessa RIPOCHE, journaliste à Ouest-France ; Audrey DUCHÊNE Campus manager à la DRH, ALSTOM-Marine Chantiers de l'atlantique, Jean-Marc DEVANNE, directeur de l'office du Tourisme de NANTES, Hugues DE MASCUREAU, responsable de formation chez AIRBUS France, Stéphane MICHEL, Directeur du personnel chez WATERMAN, Jean-Marc VALLAURI, Directeur de l'enitia, et à Xavier VINET, délégué régional adjoint à l ONISEP, animateur de la table ronde Merci à Jean-Louis DELPHIN, restaurateur nantais de renom, qui a formé le chef cuisinier du Lycée, et s'associe aux " vingt ans du Lycée ".

Le mot du proviseur Avoir 20 ans, pour une institution telle que la nôtre, c'est à peine atteindre l'âge de raison. Et pourtant environ 20 000 élèves et étudiants déjà ont côtoyé en ces lieux les sciences, la littérature, l'histoire, la géographie, les langues vivantes, les mathématiques et les savoirs technologiques, pour construire leur personnalité, leur vie citoyenne et leur parcours professionnel. Pendant ces vingt années, les formes d'enseignement ont connu de grands bouleversements; notre société tout entière a vécu les mutations liées à l'avènement de l'informatique et des techniques de communication. Les connaissances ont investi d'autres refuges que celui des livres entassés dans les besaces ; à grand renfort d'octets, elles empruntent des voies filaires et le CDI a remplacé la bibliothèque scolaire. Les salles de Carcouët sont remplies d'ordinateurs et des professeurs présents à l'ouverture, en 1982-83, les derniers prennent aujourd'hui leur retraite. Les paroles ne sont plus tout à fait les mêmes et la langue de nos jeunes est sinon plus fleurie du moins plus secrète ; les mots de verlan cachent parfois les saveurs de la plaisanterie, voire de l'effronterie. Et pourtant, l'ancien élève reconnaîtra ces beaux planchers de chêne épais, disposés en dalles croisées, à la fixation parfois incertaine et cette architecture résolument " années soixante " cadencée strictement par le béton, mais tempérée par la pierre blanche des hauts pignons. Pour le moment, seul le troisième étage a subi une mue définitive qui l'a fait entrer dans son siècle pour offrir les meilleures conditions de sécurité et d'apprentissage. Le tour des autres étages viendra. Par delà les fenêtres, côté cour ou côté boulevard, le regard de l'élève peut toujours s'échapper en se posant sur les cimes élevées des arbres centenaires du parc. Dès que le vent souffle, les grands chênes font des signes à ceux qui sèchent sur leur copie, mais jamais ils ne livrent leur secret. L'écureuil, qui file de branche en branche, semble n'avoir pas vieilli. Sans doute ceux qui ont habité le château d'alors et labouré ces terres l'ont-ils connu. Prenant la suite du collège qui l'a précédé en ces murs, le lycée Carcouët est né de l'avancée de la ville en expansion sur la campagne immédiate. Si Monsieur Viot, héritier du dernier propriétaire, peut raconter quelques souvenirs d'enfance dans les terres voisines de la Chézine, nombreux sont ceux qui peuvent raconter leur vie dans les maisons et les immeubles voisins, construits à la fin des années soixante. Elèves de cet établissement, ils ont pu tout à la fois ressentir les émois de l'enfance qui s'en va, les rigueurs de l'apprentissage de la vie, éprouver l'amitié ou la camaraderie et apprécier une relation de proximité avec les professeurs. Beaucoup sont " restés en contact ", certains se souviennent des voyages à l'étranger, tradition pédagogique bien installée. Fêter les " vingt ans " a donné au Conseil d'administration du Lycée l'idée de se pencher sur le passé, objet de cette brochure. L'idée aussi de réunir, dans une association, les anciens et les anciennes : plaisir des retrouvailles, partage avec les cadets des expériences acquises et des réseaux professionnels. L'idée enfin de se tourner vers des parrains et marraines pour s'inscrire dans l'avenir de la cité. Et on soufflera les bougies du gâteau d'anniversaire Voilà les temps forts de ce vendredi 4 avril 2003. Denis Schenker

La commémoration des vingt ans d'existence permet de retracer dans ses grandes lignes l'évolution du site de l'établissement. Les informations qui suivent ont pu être rassemblées à partir des archives publiques, et aussi grâce aux témoignages de ceux qui ont habité le manoir, une des fermes voisines ou le collège qui a précédé le lycée. Trois dates marquent l'histoire des lieux : en 1970, la destruction du château, élément remarquable du secteur depuis plusieurs siècles; en 1964, la création du C.E.S. Carcouët ; en 1982, l'ouverture du lycée. Il était une fois le château de Carcouët L'histoire du château de Carcouët remonte au Moyen-Age : la construction est peutêtre réalisée pour le lieutenant des chasses du duc de Bretagne. La partie la plus ancienne du manoir était la tour ronde du XV siècle située au nord-est : plusieurs visiteurs des lieux avant la destruction mentionnent un bel escalier à vis, orné à son départ d'une cordelière sculptée, et des caves profondes. Au temps des derniers ducs de Bretagne, Carcouët dépendait de la seigneurie du " Teillay ", puis de celle de la Bouvardière. archives municipales de Nantes Vue aérienne de Carcouët 1952. La propriété est intégrée dans le bocage et domine la Chézine ; à l'arrière plan, au sud-ouest, on distingue l'urbanisation récente de Nantes. Le premier propriétaire mentionné serait Gilles Dupé en 1476. En 1580, on connaît Antoine de Brénezay, sire de Carcouët, avocat et dix-septième maire de Nantes ; douze ans plus tard il figure parmi les échevins mais porte dorénavant le titre de sire de Boisbrient.Cela signifie-t-il un changement de propriétaire, ou bien n est-ce que

Au XVIIe siècle l'aile centrale est aménagée, avec notamment la mise en place de boiseries à l'intérieur et la création d'un escalier extérieur au nord-ouest. Originalité de la construction, le rez-de-cour est en contrebas du rez-de-jardin à l'est. De 1705 à 1708, Pierre Burot de Carcouët, ancien juge en chef des marchands, contrôleur des décimes de Quimper, est sous-maire de Nantes. La famille Burot conserve le domaine tout au long du XVIIIe siècle. A la fin de l'ancien régime, les évènements révolutionnaires entraînent, vraisemblablement après octobre 1793, l'arrestation du dernier descendant présent dans les lieux puisque dans l'inventaire dressé le 31 mai 1794 (11 prairial an II) " Burot dit Carcouët, déporté " est cité. La propriété est donc vendue comme bien national le 19 fructidor an II : plusieurs acheteurs sont intéressés et c'est finalement le "citoyen Joseph Alexandre Joyeau, marchand limonadier demeurant à Nantes au numéro premier place de l'égalité ", qui remporte les enchères lors de la vente à la bougie. La façade ouest du château, avant les travaux réalisés par l'armateur Alexandre Viot, d'après une photo prise entre 1847 et 1860 collection Viot A cette date la propriété qui entoure le château est close de murs : elle comprend la maison principale, une cour, une écurie, un jardin potager, un parc composé d'une terrasse, une charmille, une avenue, un étang et des vignes sur une superficie d'environ cinq hectares et demi. Plusieurs borderies ou métairies et d'autres vignes complètent le domaine. Des arbres de bonne futaie d'environ cinquante ans, des châtaigniers et des prés constituent le paysage environnant.

Le manoir est vendu par les cinq enfants Joyeau (orthographe très fluctuante à l'époque) à la mort de leur mère : quatre d'entre eux sont établis avec leur conjoint à Paris.L'un est ébéniste, l'autre bijoutier,le troisième négociant et le quatrième, une fille, cohabite avec le ménage de son frère ; seule une autre fille mariée à un voilier demeure à Nantes. Cette mobilité géographique et sociale illustre parfaitement l'avènement de la bourgeoisie. Vue du château transformé à la fin du XIXe siècle, et resté sous cette forme jusqu'à sa destruction. La tour médiévale a été rehaussée et désormais une petite niche abrite une statue de Sainte-Anne ; une nouvelle tour rectangulaire termine le bâtiment au sud. archives municipales de Nantes En septembre 1811, c'est donc Monsieur Jacob, rentier de son état, qui acquiert Carcouët. Sa veuve revend le domaine en juin 1825 à François Turquand, lui aussi rentier. C'est sans doute à cette époque qu'est créé le nom de Grand Carcouët, de façon à conforter la position sociale des occupants et aussi à se distinguer du lieudit le Petit-Carcouët situé vers Nantes en bordure de Chézine, et devenu l'emplacement de nouvelles constructions : ceci explique le maintien actuel d'une courte rue de Carcouët au nord-ouest de la rue Monselet.

En 1847, l'armateur Alexandre Viot, installé à Nantes depuis 1823, est le nouvel acquéreur : il fait construire peu après une tour carrée pour faire pendant à la tour médiévale qui, par souci d'équilibre, est dans le même temps surélevée. collection Viot Le château en 1960, façade ouest. Sa femme Zoé Viot, fille de l'armateur Houdet, fait aménager les jardins et est sans doute à l'origine de la plantation de nombreux arbres. La famille passe ses vacances dans cette campagne verdoyante proche de la Chézine et située à trois kilomètres seulement du centre de Nantes. Un de leurs enfants, Albert Viot, hérite du domaine en 1888 et le transmet en 1933 à son propre fils Henri Viot, qui en sera le dernier propriétaire, avec sa femme Françoise-Renée Bazin. Henri Viot, industriel, fut maire de Saint-herblain à la fin de la guerre de juin à septembre 1944. Madame Viot-Bazin est la fille du romancier et académicien, René Bazin.

Entre ville et bocage, un coin de campagne nantaise Depuis longtemps, ce qui caractérise le site du lycée c'est la nature qui aujourd'hui encore subsiste à travers l'ilôt de verdure offert par le parc dans l'espace urbain. Certains arbres sont remarquables comme par exemple les chênes, les cèdres et les séquoias, essence découverte en 1850 en Amérique du nord. L'exemplaire de sequoia gigantea du Jardin des Plantes (1865) est contemporain de celui de Carcouët qui a une circonférence de 5,8m pour environ 30 mètres de hauteur : c'est un arbre dont les premières graines sont arrivées à Nantes en 1860. Le château vers 1952 : côté est, les pièces donnent directement sur le jardin alors qu'à l'ouest elles sont au premier étage. L'origine du nom de Carcouët est la francisation des mots bretons ker (pays) coat (bois) qui évoque la terre des bois : au-delà des murailles de la ville, à la fin du Moyen-age, les bois restaient très étendus, ce dont témoigne ce toponyme. Certains ont voulu imaginer que le nom de massacre donné au boulevard pourrait venir d'un lieu d'exposition du gibier lors des chasses menées par les lieutenants de vénerie pour la noblesse. collection Viot

Détail de la carte de Cassini, fin XVIII L'explication semble ailleurs car ce nom paraît n'avoir été adopté que récemment. Si l'on considère la carte de Cassini en 1787, Carcouët est localisé, et au nord-est figure le hameau Massacre ; de plus sur le cadastre napoléonien de la commune de Saint-Herblain en 1834, le chemin qui passe devant le château est dit de Saint- Herblain. Dans l'inventaire détaillé du domaine en 1794 on trouve mention du chemin des " fertrais ". Un triple assassinat survenu en février 1765 dans une auberge de la route de Vannes semble avoir marqué les esprits, et la tradition orale locale pourrait ainsi être à l'origine de l'adoption du nom de chemin du Massacre. Ce n'est que plus tard que cette appellation funeste deviendra officielle. Détail du cadastre napoléonien de Nantes, 1835 ; au sud la Chézine délimite les communes de Nantes et de Chantenay L'emplacement du lycée se trouve à l'extrémité de la commune de Nantes et englobe une petite parcelle herblinoise : le ruisseau qui a déterminé les limites communales est aujourd'hui canalisé et enterré, mais on le devine dans la prairie qui sépare l'établissement scolaire du boulevard qui lui, de ce fait, appartient entièrement au territoire de Saint-Herblain. archives municipales de Nantes archives municipales de Nantes

En 1937, un mariage dans une famille d'agriculteurs réunit une petite assemblée rurale à laquelle se joignent M. et Mme Viot, les propriétaires de Carcouët : la présence sur le cliché, de personnages en costumes de citadins aux côtés de femmes encore coiffées, témoigne d'habitudes rurales encore bien implantées à la fin de l'entre-deux-guerres. Une noce rurale réunie en 1937 sur l escalier du XVIIe siècle collection Deniaud Travaux agricoles à Carcouët : en 1943 Mme Deniaud, avec son fils Michel âgé de cinq ans, est aidée par des voisins pour la moisson. Un des derniers battages en 1956 avant leur remise en cause par l urbanisation et la mécanisation. collection Deniaud collection Deniaud

Sur la photo suivante, en 1956, la batteuse est en action pour séparer le grain des gerbes. Comme d'autres cultivateurs du secteur, Mme Deniaud prenait chaque jour sa carriole pour aller vendre à Nantes le lait et les produits du jardin. M et Mme Deniaud seront expropriés en 1960 et s'installeront sur une autre ferme herblinoise qu'ils seront obligés de quitter quelques années après, de nouveau rattrapés par l'urbanisation. La campagne est depuis cette date engloutie par l'expansion urbaine : la propriété de Carcouët puis les petites fermes voisines deviennent les repères de nouveaux quartiers. Madame Deniaud vers 1950. collection Deniaud Fait étonnant, le nom du hameau du Massacre disparaît et le nom de Beauséjour apparaît à la fin du XIX. Après qu'en 1963 le chemin du Massacre a été élargi pour passer de 8 à 20 mètres, il est officiellement baptisé, boulevard du Massacre en mars 1964. En 1958 le bocage marque encore fortement le paysage, vue nord-ouest archives municipales de Nantes

La création du C.E.S. témoin de l'avancée urbaine Face à la forte expansion démographique du Nord-Ouest de Nantes, le conseil municipal décide en 1956 de construire un groupe scolaire pour répondre " aux besoins qui vont se manifester à brève échéance dans le quartier du grand Carcouët où la réalisation du lotissement communal du Breil-Malville, l'achèvement de la cité des Dervallières et les nombreux lotissements dus à l'initiative privée vont provoquer un afflux considérable de nouveaux habitants ". Cette décision entraîne en mars 1959 l'expropriation partielle de la famille Viot qui possède environ 18 hectares entre la rue de Carcouët (ancien chemin de Carcouët pas encore nommé boulevard de Coubertin), le chemin du Massacre et la Chézine. Le jugement définitif a lieu en 1962. Les travaux sont donc à peine terminés pour l'ouverture du collège et de l'école primaire en septembre 1964. Pour le collège, dont les bâtiments fournissent l'aile centrale du lycée actuel, l'architecte a conservé un rez de rue et un rez de cour, imitant en cela l'architecture du château encore sur pied. Le béton et la pierre blanche ont été associés. archives municipales de Nantes La construction du groupe scolaire en 1963 : ici l annexe du lycée actuel. A son ouverture en septembre 1964, le collège comprend dix-sept classes de 6e, 5e et 4e soit 525 élèves : il fait alors figure d'établissement modèle, ayant même été suréquipé dans certaines disciplines puisque le rectorat prévoyait initialement l'ouverture d'un lycée. C'est en 1968 que le lycée Camus ouvre : il scolarisera la première génération d'enfants sortis du CES Carcouët.

Le bâtiment actuel du lycée, ouvert comme CES (plaquette de présentation de 1967.) collection lycée Carcouët Les professeurs, année scolaire 1966-1967. Au centre la première équipe administrative : monsieur Chazelle, Principal, et monsieur Fuzeau, Intendant. collection lycée Carcouët Élèves de la classe de 4ème BM1, année scolaire 1965-1966 collection lycée Carcouët En 1965 la question du devenir du manoir est posée aux pouvoirs publics par la communauté éducative : le terrain figurant nu sur l'acte de vente, une première tentative soudaine de démolition est arrêtée de justesse par l'intendant. En rassemblant plusieurs soutiens extérieurs, un projet de réhabilitation est lancé pour le sauver : les défenseurs du manoir souhaitent réaliser le projet d'une maison de quartier et créer un centre culturel, idée originale à cette date. Mais la ville de Nantes refuse cette idée, compte tenu des préoccupations et des moyens financiers de l'époque : le château est donc détruit durant l'été 1970 car il faut de la place pour construire un autre collège afin d'accueillir les enfants des nouveaux

L'ouverture du lycée actuel en 1982 Le lycée ouvre ses portes en 1982, avec une capacité d'accueil prévue de 1200 élèves en second cycle général. La première rentrée se fait avec 211 élèves et sept classes, mais les effectifs atteignent 913 élèves en 1986 et culminent à 1523 en 1991. L ouverture du lycée en 1982 - Presse-Océan, daté du 08 septembre 1982 L'établissement donne la possibilité aux lycéens de choisir leur orientation vers les filières littéraire, économique et sociale, scientifique ou tertiaire. Depuis 1993, l'ouverture du lycée d'orvault et le développement du lycée Monge, alliés à la conjoncture démographique, ont entraîné une diminution régulière du nombre d'élèves recrutés en classe de seconde. La situation est aujourd'hui stabilisée avec 800 élèves en 2002-2003. Les prévisions pour les rentrées prochaines laissent penser que tout naturellement le lycée Carcouët devrait bénéficier de flux liés à la création des nouveaux quartiers de Saint-herblain et du rajeunissement global de l'agglomération nantaise. archives municipales de Nantes

évoquant leurs souvenirs et en nous confiant des photographies. Les enseignants, année 1989-1990 Classe de seconde C, année scolaire 2002-2003 collection lycée Carcouët collection lycée Carcouët Une des particularités du lycée a toujours été de développer les contacts et l'ouverture sur l'extérieur : visites, séances de cinéma, conférences et échanges linguistiques ont contribué et continuent à enrichir la formation des élèves.des échanges réguliers ont eu lieu avec des établissements de Ratzburg et Potsdam, en Allemagne. De 1982 à 1985 quatre Sections de Techniciens Supérieurs sont créées pour le Tourisme, le Commerce International, la Communication des Entreprises et l'informatique. Chacune offre aux étudiants la possibilité de préparer en deux ans le diplôme du BTS, orientation appréciée pour entrer dans la vie active ou poursuivre des études supérieures. En 1995 l'achèvement de la construction d'un nouveau bâtiment à l'ouest modifie le fonctionnement de l'établissement. De nouveaux outils sont inaugurés : d'abord un centre de documentation et d'information, vaste espace qui propose à la fois des ressources documentaires importantes et variées, des salles de travail et de lecture confortables ;ensuite une salle multimédia qui permet aux élèves de travailler de façon enrichissante. En 1998 la rénovation du troisième étage du bâtiment principal a permis le réaménagement total du plateau scientifique, ce qui assure les conditions d'un enseignement adapté aux enjeux du XXIe siècle. En conclusion de cet aperçu historique on peut constater que le lycée Carcouët, s'il conserve la marque du passé, constitue un établissement scolaire bien ancré dans l'espace nantais: plus de vingt mille élèves y ont déjà poursuivi leurs études secondaires. Souhaitons-lui d'être toujours aussi fréquenté à l'avenir. Texte établi par Christophe Raverdy, professeur d histoire-géographie, avec la collaboration de Nathalie Barré et Patrick Jean des Archives municipales de Nantes. Nous remercions toutes les personnes qui ont accepté de participer à cet effort de mémoire, en