DISCOURS SUR LA VIOLENCE "SPORTIVE" ET VIOLENCE DU DISCOURS



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Transcription:

Michel RASPAUD, Labo RESACT-SPORT, "APS et comportement social", UFR-APS, Université J. FOURIER, Grenoble DISCOURS SUR LA VIOLENCE "SPORTIVE" ET VIOLENCE DU DISCOURS Au début était le fair play, ensemble de règles de conduite, de manières d'être construites par les classes dominantes britanniques. Le fair play, appliqué aux jeux pratiqués dans les public schools, devait permettre aux jeunes de l'élite économique et intellectuelle en formation, de maintenir la " distance au rôle" (GOFFMAN) des classes bourgeoises, de ne pas se laisser prendre au jeu au point d'oublier que c'est un jeu, comme en donnaient l'image les classes populaires de l'époque (1). Le fair play, en tout cas, malgré la magnification par les idéologues du sport (en particulier les journalistes " sportifs ") ne semble guère avoir pris racine, puisqu'il n'est pas de semaine sans que la presse, spécialisée ou non, ne relate quelque fait, de par le monde, ayant trait à la violence dans ou autour du sport. Aussi existe-t-il des comités nationaux ou internationaux pour le défendre ; des prix sont attribués aux sportifs pour récompenser leur esprit fair play, Aussi, de grandes réunions sont organisées pour stigmatiser la violence dans le sport, et aider à la prise de conscience de tous de la nécessaire éradication de ce mal qui gangrène la noblesse et la pureté du sport (2), La violence dans le sport est un fait indéniable, mais y en a-t-il plus ou moins dans le sport que dans les autres domaines de l'activité sociale? La question pertinente pourrait être : quel niveau de violence peut-on tolérer? (3). Et comment le déterminer? A première vue, le spectacle sportif semble " générer " une double forme de violence : - d'une part, la violence des spectateurs, généralement celle des supporters qui s'exprime soit à l'encontre d'autres supporters (ceux de l'adversaire), mais aussi parfois à l'encontre de l'arbitre ou des athlètes ; - d'autre part, la violence des athlètes eux mêmes, à l'encontre de leurs adversaires sportifs ou des arbitres. Concernant le football, qui sera l'objet de ces quelques réflexions, cette double forme de violence s'illustre par deux exemples assez nets : - le drame sanglant du stade de Heysel, en mai 1985 ; - l'affaire Koeman, en mars 1988. Dans le premier cas, des bagarres entre supporters de Liverpool et de la Juventus de Turin firent trente-neuf morts et quatre cents blessés. Dans le second cas, le joueur néerlandais du PSV Eindhoven avait déclaré au magazine Sport International que "l'attaque contre Tigana avait été décidée avant la partie" et " que blesser un bon joueur fait partie de la panoplie pour gagner de nos jours " (4).

Cette violence, annexe, connexe ou interne au sport - aux grands sports de compétition, médiatisés, spectacularisés, politisés -, il ne s'agit pas ici d'en faire l'apologie ou le procès, d'autres plus critiques ou plus responsables s'y essayant (5). Il ne s'agit pas non plus de la comprendre ou de l'expliquer. Le propos de ce texte, fort en retrait par rapport à ces questions fondamentales de l'éthique, consiste à tenter d'approcher non pas la violence, mais plutôt le discours porté sur celle-ci par une partie de ceux que l'on peut appeler les idéologues du sport. Dans le cas qui va suivre, ces idéologues sont les journalistes sportifs ou, plus exactement, les journalistes spécialisés dans la relation et le commentaire des faits sportifs (6). Ils sont nommés ainsi car, au-delà de la relation et du commentaire du fait sportif, ils sont dépositaires de valeurs sociales qu'ils peuvent diffuser grâce à leur position dans le système de production et de commercialisation des idées. Ils appartiennent en effet entièrement à cet ensemble que constitue la société sportive et qui se compose d'athlètes (licenciés), dirigeants, cadres techniques, spectateurs, téléspectateurs, supporters, journalistes, pratiquants libres, producteurs de matériel, pouvoirs publics, sponsors, etc. Les journalistes occupent une place déterminante et ambivalente dans le système de la société sportive. Déterminante dans la mesure où ils relatent les événements pour le public qui n'y assiste pas, ils en constituent hinc et nunc les archives narratives. Mais aussi et surtout ambivalente dans la mesure où ces relations se doublent de commentaires qui, dépassant souvent si ce n'est toujours l'analyse critique objective, mettent en jeu des avis, des stratégies - individuelles et/ou collectives, politiques et/ou commerciales, etc. - qui ne se soustraient pas aux images, métaphores, archétypes. Ambivalence également de par le lieu d'origine institutionnelle du discours ainsi produit: l'organe de presse. Et l'on sait depuis longtemps le rôle fondamental de celui-ci dans la construction de l'événement sportif, comme l'on sait le rôle fondamental de l'événement sportif dans l'équilibre économique de la presse spécialisée. Il existe entre les deux un lien historique indéniable (7). La violence, en tant qu'exclue de la première heure - par l'imposition de la notion de fair play, est d'autant plus intéressante qu'elle agit, dans le cas de graves événements comme celui du Heysel ou comme dans le cas de quelques bagarres simplement " musclées " dont il sera question un peu plus loin, comme révélateur, au sens photographique du terme. Elle permet la mise à jour, souvent claire et nette, des idées-forces qui sous-tendent le mode de fonctionnement du système de la société sportive. La violence parle, et surtout fait parler, et écrire. Il s'agit, en quelque sorte, du retour du refoulé. Le projet consiste alors à proposer l'analyse de contenu d'un certain nombre de textes, tous liés à la violence périphérique ou interne au football, en référant ce contenu au contexte de sa production. C'est-à-dire l'événement lui-même, et le lieu d'origine du discours porté sur cet événement. Car l'on sait que tout discours, pour être légitime, doit se conformer à des règles. Et, parmi celles-ci, la position du locuteur dans la structure sociale n'est pas la moindre (8). En l occurrence, le journaliste appartenant à une structure de production du discours légitime (l'organe de presse), elle-même intégrée au système que constitue la société sportive.

Le contenu du discours ne se limite pas, alors, à son objet (la violence), mais prend sens en référence aux enjeux que cet objet représente pour les divers groupes participant à la société sportive. Ceux-ci ayant des intérêts convergents/divergents - exprimant les luttes de ces divers groupes pour des positions de domination (ou d'influence) internes à la société sportive. DU HEYSEL A DUSSELDORF Il y eut un matin, et naquit le football. Puis survint la nuit du Heysel. Et le football faillit mourir (9). Depuis ce soir là, le Heysel demeure un événement structurant l'imaginaire du monde du football. Aussi bien les supporters que les dirigeants et les journalistes. C'est bien ce qui inquiétait également les organisateurs du VIII e Championnat d'europe des Nations qui devait se dérouler du 10 au 25 juin 1988 dans huit villes de RFA. C'était l'occasion de la première sortie massive de supporters anglais sur le continent depuis trois ans, puisque les clubs de la Football League sont interdits de compétition européenne depuis 1985. Des mesures exceptionnelles avaient été prises afin d'éviter le moindre incident. Les polices allemande et britannique coopéraient d'ailleurs à cet effet depuis plusieurs mois. Toutes les précautions ayant été prises, Monsieur NEUBERGER, Président du Comité d'organisation estimait alors que l'on était cependant toujours " à la merci d'un fou " (10). Les craintes des organisateurs, des autorités locales, et de l'ensemble du monde du football étaient en partie fondées, puisqu'un certain nombre d'incidents eurent lieu, soit entre les supporters adverses, soit entre supporters et forces de l'ordre. Les principaux eurent lieu à Düsseldorf, dans l'a journée et la soirée du mercredi 15 juin, à l'occasion du match Angleterre Pays-Bas, Ils opposèrent anglais, néerlandais, allemands et... policiers. Ce jour, " déguisé en supporter anglais ", le journaliste Pierre-Marie DESCAMPS, "envoyé spécial" de l'hebdomadaire France Football, " a passé douze heures avec les hooligans ". Il en rapportera un récit sur deux pages (11) qui fait l'objet des commentaires qui suivent. LA LOGIQUE DU TEXTE : UNE DESCRIPTION QUI N'EN EST PAS UNE Il faut souligner, une fois encore, qu'il n'est aucunement question, ici, de porter un jugement sur le phénomène hooligan ou la violence dont peuvent faire preuve les supporters. Ni de rechercher les racines sociales du " mal " qui, aux yeux de certains, semble frapper la société britannique (12). Il ne s'agit pas non plus de juger les auteurs des articles cités. L'intérêt consiste plutôt à montrer dans quel contexte - celui de la société sportive - s'expriment les auteurs, lequel permet de comprendre la logique et le sens de leur discours.

Le récit de Pierre-Marie DESCAMPS, " Voyage au centre de la terreur ", n'est pas seulement descriptif. Ce texte fait preuve de duplicité dans la mesure où, derrière la description - qui devrait se contenter de l'évocation de la réalité concrète (13), sinon d'objectiver une situation - émerge un processus de catégorisation sociale. En effet, sont mises en jeu des valeurs sociales, projetées par l'intermédiaire du journaliste sur le groupe des supporters anglais - mais au travers du journaliste, il s'agit de tout un ensemble social qui " parle ", ensemble qui sera délimité plus loin -, valeurs négatives qui empruntent à cinq domaines : l'excès, la guerre, le social, le physique, l'animal. " Les violents doivent être virés à coups de matraque, c'est le seul langage qu'ils comprennent ". Ainsi s'exprime Monsieur NEUBERGER (14). Cette attitude radicale et extrémiste, si elle a souvent cours dans le milieu du football, n'est cependant pas unanimement partagée. Et beaucoup d'éducateurs (15), Michel HIDALGO en tête (16), ont un avis beaucoup plus mesuré et modéré en ce qui concerne les rapports entre hooligans, football et société. Mais il s'agit de revenir aux cinq domaines cités plus haut. Le lecteur pourra se reporter au tableau n 1, récapitulant et classant l'ensemble des termes employés. Ceux-ci - substantifs, adjectifs, verbes - ne peuvent se réduire à une neutralité descriptive. Ils possèdent un sens, de par leur usage quotidien, qui donne au signifié une charge sociale, suivant l'objet de son attribution. Il faut retenir de cette pseudodescription l'expression d'une véritable haine sociale envers la " tribu " que l'auteur côtoie et observe durant une demie journée. On a tout à fait l'impression de lire le récit d'un missionnaire - représentant de la doxa sur le rapport au sport - totalement désorienté lors de son incursion en ce pays barbare par des comportements ne correspondant pas du tout aux standards de la société dont il est issu, aux représentations légitimes en vigueur. Alors il en rajoute : projection de fantasmes, catégories disqualifiantes, classement équivalent à un déclassement (emploi de métaphores, d'images, de formules toutes faites). Il est en quelque sorte en face - et avec - une horde sauvage déferlant sur le monde civilisé du football. Les cinq domaines de la négativité : - l'excès : les pratiques excessives sont acceptées quand elles sont l'expression (civile) de la joie, Cependant, même dans ces cas là, elles sont réprouvées par les instances du football (embrassades et joueurs qui se grimpent les uns sur les autres " comme des phoques ") (17). Bien entendu, l'excès est en complète contradiction avec le fair play et sa " distance au rôle ", d'autant plus quand il s'agit de supporters ; - la guerre : les journalistes et commentateurs sportifs (à la radio-télévision) ont pour habitude de valoriser le jeu " agressif mais dans le bon sens du terme "! Evidemment, il est difficile à un supporter - encore plus qu'à un joueur - de se comporter ainsi. Mais n'a-t-on pas dit que " le football c'est la guerre poursuivie par d'autres moyens " (18) ; - le social : tout ce qui, à propos de ceux qui ne sont pas du même milieu, de la même origine, ne pensent pas et n'agissent pas de manière conforme, dégoûte. Il s'agit d'exclure et de rejeter ;

- le physique : ce qui fait peur. Mais aussi, la marque sur le corps et dans les comportements de la barbarie ; - l'animal : le suiveur imbécile (bovin) et le dégoût de la saleté (porcin), à la fois physique et morale. Tableau 1 : CLASSIFICATION DES TERMES EN CINQ DOMAINES Ces cinq domaines dont use l'auteur pour projeter des valeurs sociales négatives sur le groupe qu'il "décrit", évitent de poser la question de la violence et du sens de celle-ci. C est-à-dire la question des rapports existants entre la société globale et sa logique sociale propre d'une part - logique de "construction" de groupes sociaux pouvant avoir comme habitus l'usage de la violence -, et la société sportive et son implication dans la logique sociale de la société globale d'autre part, donc dans la construction de ces mêmes groupes sociaux. Dans ce cadre, le non-dit sur la violence renvoie au consensus contre celle-ci. Il s'agit donc d'une pratique d'exclusion qui s'exprime soit par le renvoi dans la sphère de la maladie mentale (la " folie " dont parle M. NEUBERGER), soit par la "dégénérescence de la civilisation" (M. THIBERT) qui sous-entend un cycle de vie dont le stade actuel est la nécrose, soit enfin, par l'intermédiaire du mécanisme peu élaboré (?) mis à jour, entre autres, par LEVI-STRAUSS (19) à propos des sociétés archaïques, et par lequel la communauté s'auto-attribue la qualité d'homme tout en la déniant aux autres! Autres que l'on traite de " mauvais ", " méchants ", " singes de terre " ou " oeufs de pou" (20) ou bien, dans le cas présent, de " boeufs ", " animaux ", " porc ", "beaufs", " crétins ", "soiffards" (21), Il s'agit donc de " construire " un groupe en stigmatisant les caractéristiques de celui-ci : par les représentations, on donne une " identité " aux autres en préservant la " sienne ".

Cette violence, cependant, comporte deux risques : - l'un concerne l'inversion des valeurs pourtant bien établies et que l'on croyait incontestables : malgré tout leur talent, il semble que les laudateurs de la presse ne créent plus les stars. Celles-ci, dorénavant, ne sont plus sur la pelouse, mais dans les tribunes, les rues, aux portes des stades : " Devant la brasserie " Sword ", au bout de l'esplanade, le trottoir est bondé de crânes rasés qui ingurgitent de la bière derrière un cordon de policiers. Ce sont des durs au look franchement inquiétant. Je ne m'éternise pas parmi eux, mais je suis choqué de voir, sur le trottoir d'en face, deux équipes de télé nous filmer. Sommes-nous des vedettes? Un peu plus tard, quand la meute des photographes aura pris position sur la place, un hooligan me dira : " l'europe a les yeux sur nous, il faut qu'on soit à la hauteur" (22). L'autre risque, peut-être plus grand encore, est celui de la contamination: " Les mauvaises manières des uns anéantissent les bonnes intentions des autres " ; " Peu après le coup d'envoi, le soleil dans les yeux et le torse nu, je me prends à hurler"(23). Il faut bien dire que l'auteur n'y échappe pas, vue la violence des termes employés à la description. Ainsi, à une violence insensée répond une violence toute aussi insensée, et l'on se trouve alors dans le processus de stichomythie décrit par René GIRARD (24), la différence étant toutefois que les deux discours sont de modalités non identiques même s'ils tirent paradoxalement dans le même sens : l'affirmation. D'un côté, celui des hooligans, et cela a bien été mis en évidence, la violence physique intervient comme trait culturel d'affirmation de soi, de sa virilité, et de l'appartenance au groupe (25). Mais, d'un autre côté, la violence du journaliste participe du même phénomène d'affirmation non pas, forcément, de soi - il ne s'agit pas de s'engager dans une étude psychologique ou psychanalytique - mais de la part de tout un groupe, dont il faut cerner les contours, et dont le journaliste est alors, plus ou moins consciemment, le porte-parole, le haut-parleur. D'un côté, donc, une violence en acte qui se veut discours mais n'est pas comprise comme tel ; de l'autre un discours sur la violence en acte qui est lui-même violence, LA LOGIGUE DU CONTEXTE : UN SYSTEME D'OPPOSITIONS Cette logique transparaît dans l'éditorial cité précédemment, lorsque J. THIBERT écrit qu'" il semble que les (Anglais) créateurs du jeu moderne, inventeurs du club, du fair play, du professionnalisme, détenteurs de la plus formidable et plus saine passion populaire jusqu'à la fin des années 60, il semble donc que ces maîtres soient définitivement trahis et oubliés " (26). Car en définitive, il s'agit de football, d'angleterre, des hooligans, et du lieu d'origine du discours porté sur cet ensemble. Et l'on s'aperçoit alors que le journaliste de France- Football se trouve comme point d'ancrage d'une série d'oppositions signifiantes. L'opposition majeure et structurante se constitue donc ainsi : JOURNALISTE / HOOLIGANS

A y regarder de près, on constate qu'il s'agit d'un individu, porte-parole d'un groupe (l'equipe - France-Football, pour ne pas le nommer), en opposition à un groupe (celui des " hooligans ", ou en tout cas désigné comme tel), porte-parole d'individus. Bien entendu, on ne peut négliger le fait que le journaliste, appartenant à une entreprise de presse, donc subissant la loi d'impératifs commerciaux, écrive pour que son journal soit acheté. Il est alors nécessaire que le contenu des écrits corresponde, dans une certaine mesure, aux attentes des lecteurs. Deux situations peuvent alors se présenter : soit le monopole, soit la concurrence. Dans le cas présent, cette dernière existe certes, avec le bi-hebdomadaire But et le quotidien Le Sport, Toutefois, le tirage régulier à plus de 220 000 exemplaires de France-Football crée une situation de quasimonopole, et ce, malgré l'ambition du journal Le Sport dont la politique rédactionnelle offensive (contre le groupe de l'equipe) était déjà commercialement un échec à l'époque (juin 1988), ce qui ne pouvait manquer d'être su. Du côté du journaliste, il s'agit donc d'un groupe de presse à très forte spécialisation dans le domaine sportif (27), ce qui sera vu plus loin, créateur et organisateur de compétitions sportives. Ce qu'il faut retenir, pour l'instant, c'est que ce groupe de presse fonctionne comme facteur idéologique et propagateur/propagandiste de certaines valeurs propres au monde du sport. Ce d'autant plus qu'un groupe de presse aussi important, de par l'histoire, de par les intérêts économiques, tisse forcément des liens - formels et informels - avec l'ensemble des pouvoirs sportifs et des acteurs sportifs. Mais, qui plus est, ce groupe, et cela se comprend facilement, possède pour une partie de son capital (28) toutes formes de capital confondues - le football, et il s'agit alors de défendre ce capital contre les attaques, réelles, imaginaires ou idéologiquement construites, dont font preuve à son égard les " hooligans ". De leur côté, les " hooligans " forment une figure inverse : ils n'ont pas de message évident en ce qui concerne le football à transmettre, ils n'ont aucun lien avec les dirigeants et les joueurs, ils sont ceux qui achètent le " produit " football (spectacle, publications), et ils sont considérés comme " destructeurs " du football et du capital qu'il constitue (29). Cette première opposition majeure journaliste/hooligans, en redouble une seconde beaucoup plus ancienne et prégnante qui concerne ce qui sera nommé sous le terme générique de culture footballistique : SOCCER* / FOOTBALL Là aussi existe en effet, une série d'oppositions terme à terme. En premier lieu, elle concerne les inventeurs du jeu de football (soccer, donc) qui furent également inventeurs des premières institutions, telle que le club avec SHEFFIELD FC en 1857 (30), telle la fédération avec le Football Association le 26 octobre 1863 (31), et surtout la première compétition qui fut la Cup en 1871-72, puis le professionnalisme (le premier championnat de la Football League eut lieu en 1888-89 et réunit douze clubs) (32).

La France fut en retard de ce côté-ci puisque le premier club naquit en 1872 (LE HAVRE AC), la fédération en 1919, la Coupe en 1917/18, et le professionnalisme en 1932-33 (33), Par contre, là où le football français prend l'avantage sur le soccer anglais, c'est avec la création des compétitions internationales. En effet, des personnalités françaises sont à l'origine des épreuves les plus prestigieuses et les plus populaires : - La Coupe du Monde, dont la première édition eut lieu en 1930, par l'intermédiaire de Jules RIMET (Président de la FIFA) et Henri DELAUNAY (34) ; - La Coupe des clubs champions européens (première édition en 1955-56), sous l'instigation de Gabriel HANOT et le journal l'equipe j rapidement institutionnalisée par l'uefa, sous l'oeil bienveillant de la FIFA (35) ; - Enfin, le Ballon d'or européen, la plus haute distinction attribuée à un joueur du continent, né avec la Coupe précédente, et décerné par un vote de l'ensemble des correspondants étrangers de l'hebdomadaire France-Football. En second lieu, il faut maintenant revenir au contenu du terme culture footballistique. Sera prise en compte la définition de Edward SAPIR, synthétisée par Georges BALANDIER, et qui "envisage la culture comme un système de comportements, dont le façonnage reste largement inconscient, qui s'impose aux individus et, en même temps (...) la considère comme un système de communication entre les individus " (36). Cette définition sera appliquée à l'activité du football au sens large (histoire, pratique, spectacle, institutions, production et diffusion d'information, manières de penser et de faire, inscription dans la société globale, etc,), ce qui implique que cette culture footballistique est à la fois autonome sur le plan continental et planétaire - en tant qu'elle existe comme institution ayant " pour tendance " l'indépendance -, mais extrêmement dépendante au plan des entités nationales, de la culture propre à chaque pays. Au niveau national, elle est alors une sous-culture - terme sociologique sans connotation péjorative - qui exprime à sa manière la culture locale. Et, fait intéressant, dans ce cadre là également, on retrouve le même système d'oppositions, terme à terme.

PALMARES COMPARES FRANCE-ANGLETERRE * Initiateurs : Jeux Olympiques (Pierre de Coubertin), Coupe du Monde (Jules Rimet), Coupe d'europe des Clubs (Gabriel Hanot et l'equipe), Ballon d'or (France-Football). (1) ll s'agit du Royaume Uni. En football, ce pays possède le privilège de se diviser en quatre fédérations nationales indépendantes et participant à toutes les compétitions de la FIFA et de l'uefa : Angleterre, Ecosse, Galles, Irlande du Nord. Ainsi, aux fair play et fighting spirit des Anglais s'opposent la contestation (presque systématique) de l'arbitre et la faiblesse psychologique des français. Au club, entreprise privée, s'oppose le club, association, largement subventionné. Au football physique, stéréotypé, mais au palmarès riche, s'oppose le football créatif, football " champagne " (de REIMS, bien sûr) mais au palmarès pauvre. Enfin, à un football qui est de fait une véritable culture, au sens défini plus haut, où existent les vrais supporters (c'est-à-dire qui viennent au stade, même lorsque leur équipe perd ; et c'est en ce sens, aussi, que le football britannique réfère à une culture), s'opposent un football qui tient avant tout de la distraction, du spectacle, et il n'est pas étonnant, alors, qu'il n'y ait pas (peu) de vrais supporters. Mais, et la boucle se boucle, le premier est taraudé par le phénomène de la violence, du hooliganisme (qui trouve son origine dans la société britannique? ou dans la sousculture du football?), alors que le second s'en sort indemne de ce côté-là. Car en effet, on retrouve ici l'antagonisme premier journaliste/hooligans, et sur le mode de l ambiguïté cette fois. Ambiguïté signe d'un désir que la position - sociale et institutionnelle du sujet lui empêche d'exprimer. Et la violence du discours sur la violence " sportive " trouve alors son sens : la férocité des propos dresse une barrière qui sépare radicalement (l'individu en tant que membre de l'institution) du désir : Le journaliste, bien qu'il se soit fait refiler un billet pour la tribune réservée aux Néerlandais, se retrouve avec les Anglais : " 16 H 30. Le Rheinstadion est un immense

théâtre dont notre tribune est la scène. 70 000 paires d'yeux et des dizaines d'objectifs sont braqués sur nous. La fanfare s'arrête pour nous jouer un petit air, le speaker nous souhaite la bienvenue en anglais, la sono diffuse la musique de Beatles, les photographes nous mitraillent. Il y a 30 000 Néerlandais et pourtant nous sommes les rois du stade, C'est plutôt grisant... " (37), " Depuis que les animaux sont en cage (38), tout a changé : l'atmosphère est enfin respirable. Les hooligans sont d'extraordinaires supporters, inconditionnels mais connaisseurs. Je ne me suis jamais autant senti en sécurité que dans la tribune 'V'" (39). Car ce désir est inavouable, comme est inavouable l'envie pour un Français d'être anglais (ou l'inverse). Car ce désir, c'est celui du football français, quasiment sans titre, constamment en échec au niveau des Coupes européennes, incapable de produire un club de dimension européenne - pour le football anglais qui possède tout ce qui manque au premier. Et aussi ces vrais supporters, peut-être violents mais toujours présents en masse dans les stades : on connaît trop bien l'avis négatif des commentateurs sportifs sur la mobilisation, le comportement, l'enthousiasme des supporters français. En tout cas, le hasard fait très mal les choses car le drame du Heysel - événement désormais structurant - s'est déroulé sous la Présidence de l'uefa de M. Jacques GEORGES, Et l'exclusion des clubs anglais des Coupes européennes, à la suite du Heysel, relève des mêmes conditions.

Tableau 3 : SCHEMA HEURISTIQUE GLOBAL DU SYSTEME D'OPPOSITIONS POUR UNE ARCHEOLOGIE DU DISCOURS SUR LA VIOLENCE " SPORTIVE " Ainsi, alors que le journaliste aurait pu traiter de différentes manières un fait comme celui des bagarres de Düsseldorf (les conditions du voyage, le plaisir de la bagarre, l'"inconditionalité" des supporters, la fête que constitue la venue sur le continent, les beuveries de groupes, etc.), il se contente sous le couvert de la description d'exprimer

une haine sociale, teintée d'envie, car sa position institutionnelle dans le système du football tel qu'il est construit (groupe de presse, capital à défendre, liens institutionnels formels et informels, etc. ) lui enjoint de le faire. La place qu'il occupe est le point d'ancrage d'un vaste système d'oppositions dont il est le prisonnier. Toute aussi intéressante que soit l'analyse concernant le phénomène hooligan, que celui-ci soit typiquement britannique ou bien néerlandais, germanique, italien, espagnol, etc., il apparaît que le discours porté par les médias sur cette violence "sportive" n'est pas innocent quant à son contenu, quant à la socio-logique dans laquelle il s'inscrit, A cet égard, le Heysel représente un événement beaucoup plus considérable que les quelques incidents du dernier Championnat d'europe des Nations, Il s'agit alors de proposer une archéologie du discours sur la violence " sportive " qui permettrait de mettre à jour les relations et enjeux existants entre les différentes composantes de la société du football. * SOCCER désigne, chez les Britanniques, le football-association, différencié du football-rugby. Football sera le terme français

NOTES (1) BOURDIEU P. - " Comment peut-on être sportif? ", Questions de sociologie, Minuit, Paris, 1980, pp. 173-195. (2) Sport, violence, fair play - Association française pour un sport sans violence et pour le fair play (31 octobre 1985) ; " Etats généraux de la violence dans le sport ", tenus à Toulon à l'automne 1988 (cf le compte-rendu dans le quotidien Le Monde du 28 décembre 1988 : " Des exutoires nécessaires à l'équilibre social "). (3) ELIAS N. - " Sport et violence ", Actes de la recherche en sciences sociales, décembre 1975, n 6, pp. 2-21. ELIAS N. et DUNNING E. Quest for Excitement, Sport and Leisure in the Civilising process, Basil Blackwell, Oxford, 1986. (4) Le Dauphiné Libéré, 17 avril 1988. (5) Se reporter à la revue Quel corps? et aux travaux de ses animateurs. (6) Par commodité, afin de réduire la longueur du terme, ils seront quand même nommés journalistes sportifs, (7) Entre autres, CALVET J. Le mythe des géants de la route, PUG, Grenoble, 1981. (8) BOURDIEU P. - Ce que parler veut dire, Fayard, Paris, 1982. (9) " Le football assassiné " titrait l'équipe le 30 mai 1985. (10) France-Football, n 2200, du 7 juin 1988 : " Je vous assure que nous avons tout fait pour éviter le moindre incident. Cela dit, vous ne pouvez jamais vous protéger à cent pour cent contre le geste d'un fou". (11) " Voyage au centre de la terreur ", FranceFootball, n 2202 du 21 juin 1988, pp. 22-23, (12) Dans ce même numéro de France-Football, l'éditorialiste Jacques THIBERT dénonce la " fâcheuse dégénérescence de la civilisation anglaise " 1 (p. 5). (13) C'est la définition même du Petit Robert, 1982. (14) " Peur sur la ville ", France-Football, n 2201, du 14 juin 1988, pp. 26-27. (15) ALLALI M. et NICOLAI J. Le football et la violence, Editions Lettres Libres, Aix-en- Provence, 1987. (16) HIDALGO M. Les buts de ma vie, Robert Laffont, Paris, 1986. (17) SCHIFRES A. " Sportif, moi? Jamais! " Le Nouvel Observateur, n 1074, juin 1985. (18) BOURGEADE P. Le football, c'est la guerre poursuivie par d'autres moyens, Gallimard, Paris, 1981 ; cf. BROHM J-M- " L'ordre règne dans les stades ", Les Nouvelles Littéraires, n 2638, 1 er juin 1978 ; également " L'empire football ", questions clefs, n 3-4, juin 1982 (avec BEAULIEU M, et CAILLAT M.). (19) LEVI-STRAUSS C. - Race et histoire, Gonthier, Paris, I961. Cf. BOURDIEU P. La distinction, Minuit, Paris, 1979 ; GOFFMAN E. Stigmate, Minuit, Paris, 1975. (20) LEVI-STRAUSS C. - op. cit. (21) " Voyage au centre de la terreur ". (22) Ibid. (23) Ibid. (24) GIRARD R. - La violence et le sacré, Grasset, Paris, 1972. (25) CIVARDI A. - " Des tribus de gredins sur les gradins des tribunes ". Actes du colloque de Metz, 1986 ; EHRENBERG A. - " Les hooligans ou la passion d'être égal ", Esprit, n 8-9, août-septembre 1985, pp. 7-13 ; WILLIAMS J., DUNNING E., MURPHY P. - Hooligans Abroad, Routledge and Kegan Paul, Londres, 1984 ; MARSH P. - " L'ordre social dans les stades de football britanniques ", Revue internationale des sciences

sociales, n 92, 1982, pp. 247-256 ; DE MONTLIBERT C. " Sport, violence et spectacle, le drame du Heysel ", Actes des journées d'études de Strasbourg, Sciences sociales et sports, 1987, pp. 427-435. (26) France-Football, n 2202, p. 5. (27) Groupe Amaury : L'Equipe, L'Equipe Magazine, France-Football, Vélo. (28) Le Capital, monopolisé par L'Equipe France-Football, a été quelque peu entamé entre septembre 1987 et juin 1988 par le quotidien Le Sport qui, malgré de bonnes ventes, n'a pu tenir le choc financier. (29) En Angleterre, outre les dégradations et le climat de violence (qui entraîne de gros frais de surveillance vidéo et policière pour les clubs), les hooligans sont également accusés de faire fuir le public potentiel. En réaction, outre l'isolement dans des tribunes réservées aux supporters inconditionnels (les hooligans potentiels 1), les clubs ont crée les family enclosures, tribunes spéciales réservées aux familles qui peuvent assister ainsi tranquillement aux matches. (30) WALVIN J. - The People's Game. The social History of British Football, Allen Lane, Londres, 1975. (31) Ibid. (32) Ibid. (33) PASSEVANT R. - " Le football " in CAILLOIS R. Jeux et sports, Encyclopédie La Pleiade, Gailimard, Paris, 1967, pp. 1311-1334. (34) DELAUNAY P., DE RYSWICK J., CORNU J. 100 ans de football en France, Editions Atlas, Paris, 1982 ; RETHACKER J- P-, THIBERT J. La fabuleuse histoire du football, Editions O.D.I,L., Paris, 1982 ; pour une véritable recherche d'historien, cf WAHL A. Les archives du football. Sport et société en France 1880-1980, Gallimard-Julliard, Paris, 1989. (35) FERRAN J. Football aventure des hommes, La Table Ronde, Paris, 1965. (36) BALANDIER G. - " Sociologie, ethnologie, ethnographie " in GURVITCH G. Traité de sociologie, Tome I, PUF, Paris, 1967, pp. 99-l13. (37) " Voyage au centre de la terreur " ; c'est moi qui souligne. (38) Lire : parqués dans leur tribune. (39) " Voyage au centre de la terreur " ; c'est moi qui souligne.