1.1 Situation de la coûte dans le globe terrestre

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Cours TS - Le domaine continental et sa dynamique 1 Thème 1- La Terre dans l Univers, la Vie et l Évolution du Vivant Partie B : Le domaine continental et sa dynamique 0. Introduction et rappels En publiant la théorie de la dérive des continents en 1912, Alfred Wegener s appuyait sur la différence entre l altitude moyenne des continents (+100 m) et celle des océans (-4500m). Cette différence lui permettait de soutenir l idée que les masses rocheuses qui constituaient les continents étaient d une autre nature que celles qui constituaient les océans et se comportaient donc différemment. Depuis cette époque d importants progrès ont été faits dans la connaissance des masses rocheuses qui forment l enveloppe solide la plus superficielle de la terre : la croûte. On sait à présent que la croûte continentale se distingue nettement de la croûte océanique par ses différents caractéristiques. Nous allons rappeler les principales différences entre la croûte océanique et la croûte continentale, puis nous rechercherons l origine de ces différences ; pour cela nous devrons étudier le magmatisme des zones de subduction ; son origine, ses caractéristiques et ses conséquences. Dans les autres sections de ce cours, nous étudierons différents apects du comportement particulier de la croûte continentale et leurs conséquences sur l évolution des continents. 1. Caractéristiques comparées de la croûte continentale et de la croûte océanique Document : Enveloppes du globe terrestre Document : tableau comparatif de la croûte océanique et de la croûte contientale Document : Schéma-bilan du fonctionnement d une cellule de convection mantellique 1.1 Situation de la coûte dans le globe terrestre La Terre est constituée de plusieurs enveloppes rocheuses concentriques : de la surface vers le centre, on rencontre successivement la croûte, le manteau, le noyau externe et le noyau interne ou graine. La croûte terrestre est séparée du manteau par une limite appelée le Moho, qui réfléchit une partie des ondes sismiques. Elle forme, avec la partie superficielle du manteau (ou manteau lithosphérique), des plaques lithosphériques cassantes qui reposent en équilibre sur la partie du manteau située immédiatement au-dessous : l asthénosphère.

Cours TS - Le domaine continental et sa dynamique 2 L asthénosphère est constituée de roches ductiles dont le comportement est proche de celui d un fluide à l échelle des temps géologiques (elles peuvent «fluer»). Un important flux d énergie d origine profonde met en mouvement de vastes cellules de convection asthénosphériques au moins dans les 700 premiers Km de l épaisseur du manteau (modèle «deux couches») 1. La vitesse de ce mouvement est de l ordre de quelques centimètres par an. Dans ce mouvement, l asthénosphère entraîne en partie avec elle la lithosphère susjacente. Elle provoque ainsi un renouvellement de la croûte océanique, formée par le refroidissement des magmas au niveau des dorsales océaniques, et détruite lors de sa subduction dans les marges actives. La conséquence de ce renouvellement est que l âge de la croûte océanique dépasse rarement 180 Millions d années, ce qui est relativement jeune par rapport à l âge de la Terre (4,6 milliards d années) 1.2 La croûte océanique, résultat du magmatisme de dorsale La croûte océanique est composée d une couche de sédiments marins plus ou moins épaisse, puis de basalte (sur 1 Km d épaisseur) puis de gabbro plus profond sur une épaisseur moyenne de 7 Km. Le basalte est une roche magmatique volcanique (qui a refroidi rapidement en surface et a donc une structure vitreuse à cristaux non jointifs). Le gabbro est une roche magmatique plutonique (qui a refroidi en profondeur et a donc une structure grenue à cristaux jointifs). Les caractéristiques de la croûte océanique sont principalement le résultat des conditions particulières de sa formation sur l axe des dorsales. À cet endroit le matériel chaud qui monte vers la surface connaît une baisse de pression alors que sa température reste très élevée, c est ce qui provoque la fusion partielle des roches du manteau : 15% du matériel rocheux concerné passe en phase liquide ou magma. La fusion étant partielle, le liquide qui se forme est enrichi en éléments fusibles (qui fondent facilement) par rapport à la roche du manteau qui subit la fusion. Ce type de magma forme par refroidissement les basaltes océaniques et les gabbros qui constituent l essentiel de la croûte océanique, et qui ont la même composition chimique que le magma, riche en éléments fusibles bien sûr mais aussi relativement riche en éléments réfractaires à la fusion comme le magnésium, du fait du taux de fusion partielle de 15% qui est le plus élévé qui soit dans les conditions naturelles de la Terre. 1.3 Le domaine continental présente des caractéristiques différentes de celles du domaine océanique Document : tableau comparatif des caractéristiques des croûtes continentale et océanique. Composition La croûte continentale est constituée de 3 types de roches : o les roches sédimentaires (5% du volume) forment la couche supérieure épaisse de quelques kilomètres dans les bassins sédimentaires où elles n ont pas été érodées. Ce sont principalement des calcaires, des grès et des argiles. Leur accumulation forme la «couverture sédimentaire» au-dessus des roches magmatiques et métamorphiques qui constituent le socle. Ces roches peuvent aussi être présentes dans la croûte océanique. 1 Les cellules de convection se prolongent peut-être jusqu à 2900 Km de profondeur (modèle «une couche»)

Cours TS - Le domaine continental et sa dynamique 3 o o les roches magmatiques (40% du volume) essentiellement plutoniques résultant de refroidissement de magmas en profondeur. Ce sont principalement des granites dont la texture est grenue. les roches métamorphiques (55%) provenant de la transformation à l état solide d autres roches sous l effet de variations de pression et de température. Ce sont principalement des gneiss dont la composition est proche de celle du granite. On assimile donc la composition de la croûte continentale à celle du granite, soit des roches contenant essentiellement des minéraux comme feldspaths et quartz, et accessoirement micas et amphiboles. Par comparaison les roches océaniques (roches magmatiques basalte et gabbros) sont formées principalement de de plagioclase et de pyroxène. Densité Cette différence de composition minéralogique s accompagne d une différence de densité des roches des croûtes océanique et continentale. On estime que la densité moyenne de la croûte continentale est de 2.7 alors que celle de la croûte océanique est plus proche de 2,9. Epaisseur En domaine continental, la profondeur du Moho (discontinuité entre la croûte et la partie rigide du manteau supérieur = manteau lithosphérique) se situe en général aux alentours de 30 km. Cette valeur représente donc l épaisseur moyenne de la croûte continentale, alors que l épaisseur de la croûte océanique n excède pas les 7 km. âge Le moment de formation des granites et les gneiss qui composent la croûte continentale peut être déterminé par radiochronologie. (voir fiche technique activité DC1) La croûte continentale contient des rôches d âge très varié. Les plus âgées connues aujourd hui sont des gneiss du canada dont l âge estimé est de 4.03 milliards d années. Par comparaison la croûte océanique est beaucoup plus plus jeune : son âge ne dépasse pas 200 Ma, car elle est renouvelée en permanence par le fonctionnement des cellules de convection mantelliques. Nous aurons donc à expliquer pourquoi la croûte continentale n est pas renouvelée de la même manière. Afin d expliquer les différences entre la croûte continentale et la croûte océanique, nous devons étudier le mécanisme de la formation de la croûte continentale pour expliquer ses caractéristiques. Cette formation a lieu dans les zones de subduction. 2. La subduction et la formation de la croûte continentale Afin d étudier la formation de la lithosphère continentale, nous devons d abord revenir sur le phénomène de subduction de la lithosphère océanique étudié en 1 ère S. Il s agit du plongement de la lithosphère océanique dans le manteau asthénosphérique, sous une autre plaque lithosphérique qui peut être continentale ou océanique. Ce plongement se produit à la frontière entre deux plaques de nature différente ayant un mouvement relatif : une marge active. 2.1 Des roches magmatiques continentales dans les zones de subduction

Cours TS - Le domaine continental et sa dynamique 4 Document : tableau de comparaison de roches magmatiques océanique et de roches magmatiques continentales des zones de subduction (structure, composition chimique, densité) - voir activité DC2. Les marges actives où se déroule la subduction de la lithosphère océanique sont le lieu d un volcanisme très intense. De nombreux volcans sont alignés parallèlement à la limite de plaques, au-dessus du plan de Wadachi-Bénioff qui contient les foyers de séismes. Il s agit le plus souvent de volcans explosifs, dont les éruptions violentes projettent des nuées ardentes, des aérosols constitués de gaz volcaniques, de cendres et de blocs rocheux de tailles variées portés à plusieurs centaines de degrés Celsius. Ce volcanisme produit d importantes quantités de roches. Les roches volcaniques issues du refroidissement des laves sont très variées: andésite, dacite, rhyolite etc Elles sont plutôt «acides», c est à dire plus riches en silice que les roches du plancher océanique. La silice SiO 2 représente en effet généralement de 53 à plus de 70% de la masse de la roche. Les roches plutoniques qui se forment en profondeur dans les mêmes régions sont des granitoïdes, de composition chimique identique à celle des andésites. Par ailleurs, les roches volcaniques et plutoniques des zones de subduction contiennent très peu d éléments réfractaires comme le magnésium (souvent moins de 1% d oxyde de magnésium). Ces roches présentent donc des compositions chimiques comparables à celle d un granite. Conclusion : le type de magmatisme particulier des zones de subduction produit une famille de roches variées mais chimiquement proches : les roches de la croûte continentale. Pour expliquer les particularités de ce magmatisme, nous devons étudier le contexte dans lequel il se produit. Nous commencerons par étudier les causes de la subduction de la lithosphère océanique, puis le lien entre les conditions particulières de la subduction et le magmatisme. 2.2 Les causes de la subduction 2.2.1 Cas d une subduction passive Les dorsales océaniques sont des zones de divergence. Après sa formation, la jeune lithosphère océanique s éloigne de la dorsale. Elle flotte sur l asthénosphère comme un glaçon à la surface de l eau car la densité de la jeune lithosphère est inférieure à celle de l asthénosphère qui la porte. En s éloignant de la dorsale, la lithosphère océanique se refroidit et s hydrate grâce à des circulations hydrothermales. La courbe isotherme 1300 C, qui limite la lithosphère et l asthénosphère, est de plus en plus profonde. Les péridotites 2 du manteau asthénosphérique situées sous cette lithosphère se refroidissent également à son contact. Ce refroidissement modifie leurs propriétés : elles cessent de faire partie de l asthénosphère pour devenir solidaires de la lithosphère. La lithosphère gagne ainsi une semelle de manteau lithosphérique froid et plus dense que l asthénosphère (d = 3,3 contre 3,25 pour l asthénosphère), dont l épaisseur dépend directement de l âge de la lithosphère océanique selon la loi e = 9,2 t (e = épaisseur du manteau lithosphérique, t = âge de la lithosphère océanique). Des sédiments océaniques se déposent sur l asthénosphère et augmentent encore son épaisseur (mais pas sa densité). 2 Roches magmatiques plutoniques constituées d olivine et de pyroxènes

Cours TS - Le domaine continental et sa dynamique 5 La densité globale de la lithosphère augmente au cours de son vieillissement : à partir d un certain âge, la lithosphère devient plus dense que l asthénosphère qui la supporte, ce qui rompt son équilibre et provoque la subduction. Cette rupture survient en général quand l âge de la lithosphère atteint environ 180 Ma. Remarque : En réalité, ce plongement se produit lorsque la densité de la lithosphère océanique est nettement supérieure à celle de l asthénosphère, car, pour plonger, il lui faut aussi vaincre une résistance mécanique importante. Conclusion : dans une subduction passive, le plongement de la lithosphère océanique est provoqué par son refroidissement qui déclenche son épaississement et l augmentation de sa densité. Dans ce cas, le plan de Wadachi-Bénioff est très incliné. 2.2.3 Cas d une subduction forcée Dans certains cas, la lithosphère plongeante est encore relativement jeune et moins dense que l asthénosphère, et ce sont des contraintes tectoniques qui l obligent à plonger. C est alors une subduction forcée. Dans ce cas le plan de Wadachi-Béniof est peu incliné. 2.3 Le magmatisme de subduction fabrique la croûte continentale Le scénario général de la formation d une roche magmatique est le suivant : une roche (la roche-mère) fond et forme un magma. Le magma refroidit et cristallise lentement en profondeur pour former des roches plutoniques entièrement cristallisées (structure grenue), ou bien il parvient en surface, se dégaze et devient de la lave qui solidifie rapidement pour former des roches volcaniques qui ne sont pas entièrement cristallisées (structure vitreuse ou microlitique). Mais la roche-mère contient différentes espèces chimiques qui ne passent pas en phase liquide dans les mêmes conditions de pression et température. Si le taux de fusion partielle est très faible, le magma contiendra presque uniquement les éléments les plus fusibles comme la silice. En revanche, si le taux de fusion partielle est plus important, le magma s enrichira en espèces chimiques plus réfractaires comme l oxyde de magnésium MgO. Il est donc important de connaître les conditions de la fusion partielle dans les zones de subduction pour expliquer la composition du magma dans les zones de subduction et les roches qui peuvent se former à partir de ce magma. Document : diagramme pression-température et fusion partielle des péridotites Dans les conditions de pression-température du géotherme de subduction, les principales roches-mères, les péridotites du manteau, sont à l état solide, et il n y a donc pas de fusion possible en principe. Mais des études expérimentales dans des presses à enclume de diamant montrent que les péridotites peuvent fondre partiellement dans ces conditions si elles sont hydratées. Or la lithosphère océanique restitue de l eau au cours de la subduction. Sous l effet de l augmentation de pression, des réactions chimiques modifient notamment les associations de cristaux des gabbros océaniques et produisent de l eau. Ces

Cours TS - Le domaine continental et sa dynamique 6 réactions modifient la manière dont les espèces chimiques sont assemblées dans la roche, mais elles sont isochimiques : elles ne modifient pas la composition chimique de la roche (en négligeant les pertes d eau) et se produisent à l était solide sans fusion : on parle de métamorphisme pour désigner ce type de réactions, qui produisent des roches dites métamorphiques. Ici, il s agit d un métamorphisme de subduction. Document : histoire d un gabbro océanique Donc, le métamorphisme des roches de la lithosphère océanique plongeante produit de l eau ; cette eau hydrate les péridotites du manteau qui se trouvent à proximité et provoque leur fusion partielle. Cette fusion se produit entre 80 et 120 Km de profondeur dans toutes les zones de subduction, car c est à cette profondeur que la production d eau par le métamorphisme est la plus importante. Lorsque la fusion survient dans ces conditions, le taux de fusion partielle est d environ 10% contre 15 à 20% à l axe des dorsales ; c est la raison pour laquelle les magmas qui se forment ainsi sont plus riches en silice et plus pauvres en éléments réfractaires que les magmas des dorsales. Cette richesse en silice est à l origine du volcanisme explosif. En effet la silice contribue très fortement à rendre la lave visqueuse. Lorsque la lave est visqueuse, elle forme des bouchons dans les cheminées volcaniques et les gaz volcaniques issus du dégazage des magmas s accumulent sous ces bouchons. La pression des gaz finit par provoquer la rupture brutale du bouchon avec projection de nuées ardentes et de débris du bouchon pulvérisé : les scories et les cendres. 2.4 Une diversité de roches continentales Lors du refroidissement progressif du magma, les espèces chimiques s assemblent plus rapidement pour former certains cristaux que d autres. Ce phénomène est appelé cristallisation fractionnée. Ainsi, les cristaux les plus pauvres en silice cristallisent les premiers (Olivine, Pyroxène). Ces cristaux sont peu abondants dans les zones de subduction, puisque le magma de départ contient relativement peu d éléments réfractaires. Cela fait encore augmenter la proportion de silice dans le magma résiduel. De plus la chaleur du magma peut parfois faire fondre la croûte continentale à son contact. La fusion partielle de ces roches continentales riches en silice fait encore augmenter la proportion de silice du magma résiduel. Ces deux mécanismes sont à l origine d une diversité de magmas tous riches en silice à des degrés divers. Document : la cristallisation fractionnée En refroidissant en profondeur, ces magmas deviennent des granitoïdes, famille de roches proches du granite, de densité moyenne 2,7, riches en silice comme le montre la présence fréquente de quartz (silice pure cristallisée) : ce sont les roches qui forment l essentiel de la croûte continentale. En refroidissant en surface, les laves issues de ces magmas deviennent des roches volcaniques très variées, toutes riches en silice (andésite, dacite, rhyolite). 2.5 Bilan : l accrétion continentale et sa dynamique

Cours TS - Le domaine continental et sa dynamique 7 Donc, les roches de la croûte continentale sont issues du magmatisme de subduction. La formation progressive de croûte continentale par ce mécanisme est l accrétion continentale. Le magmatisme de subduction par hydratation des péridotites, très particulier, est à l origine de la composition chimique et de la densité des granites et des gneiss de la croûte continentale, différentes de celles de la croûte océanique qui est issue d un autre type de magmatisme. On pense aujourd hui que le magmatisme de subduction aurait d abord été à l origine de la formation de micro-continents 3. Ces microcontinents se seraient progressivement assemblés en continents et supercontinents dans un processus qui a connu sa phase la plus intense autour de -2Ga. Aujourd hui, l accrétion continentale dans les zones de subduction est compensée au moins en partie par la destruction de lithosphère continentale due à l érosion et la collision (voir chapitre 2). 3 La terre étant plus chaude à cette époque, la magmatisme de subduction était différent, et on pense que c est le basalte de la lithosphère plongeante qui subissait la fusion partielle sans apport d eau.