VIVRE DE BELLES RÉUSSITES



Documents pareils
L enfant sensible. Un enfant trop sensible vit des sentiments d impuissance et. d échec. La pire attitude que son parent peut adopter avec lui est

Garth LARCEN, Directeur du Positive Vibe Cafe à Richmond (Etats Unis Virginie)

Compte rendu : Bourse Explora Sup

I. LE CAS CHOISI PROBLEMATIQUE

Nom Prénom :... Mon livret de stage

AVERTISSEMENT. Ce texte a été téléchargé depuis le site. Ce texte est protégé par les droits d auteur.

Aspects pratiques de la pédagogie Pikler

Organisation de dispositifs pour tous les apprenants : la question de l'évaluation inclusive

TÉMOIGNAGES de participantes et de participants dans des groupes d alphabétisation populaire

Comport-action. 4 Court retrait en classe Aucune conséquence

ANNEE Synthèse des questionnaires de satisfaction sur l application de la réforme des rythmes scolaires

NOM:.. PRENOM:... CLASSE:.. STAGE EN ENTREPRISE. des élèves de...ème Du../../.. au./../.. Collège...

La transition école travail et les réseaux sociaux Monica Del Percio

Prisca CHABROLIN Année

Fiche de synthèse sur la PNL (Programmation Neurolinguistique)

Questionnaire pour les enseignant(e)s

Le trouble oppositionnel avec. provocation ou par réaction?

LA MAISON DE POUPEE DE PETRONELLA DUNOIS

Un autre signe est de blâmer «une colère ouverte qui débute par le mot TU».

CE1 et CE2. Le journal des. Une nouvelle maîtresse. Actualité. Loisirs. Culture

Journée sans maquillage : une entrevue entre ÉquiLibre et ELLE Québec

Synthèse Mon projet d emploi

D où viennent nos émotions

23. Le discours rapporté au passé


Activités autour du roman

Réception de Montréal Secteur des valeurs mobilières. Discours d ouverture

Réussir sa vie ce n est pas toujours réussir dans la vie.

Le Programme virtuel MentorVirtuel contribue à créer de précieux liens!

LES RÉSEAUX SOCIAUX ET L ENTREPRISE

Je les ai entendus frapper. C était l aube. Les deux gendarmes se tenaient derrière la porte. J ai ouvert et je leur ai proposé d entrer.

guide du stagiaire Comment démarcher les entreprises, se présenter, décrocher un stage.

Chapitre 15. La vie au camp

Questionnaire pour connaître ton profil de perception sensorielle Visuelle / Auditive / Kinesthésique

Problèmes de rejet, de confiance, d intimité et de loyauté

Devoirs, leçons et TDA/H1 Gaëtan Langlois, psychologue scolaire

SOYETTE, LE PETIT VER A SOIE

STAGE CHEZ ELEKTRO- DREHER

Institut d Études Politiques de Grenoble. Rapport de fin de séjour

Les 15 mots de Rey Évaluation de la capacité d apprentissage à court terme.

Rapport de fin de séjour Mobilité en formation :

Le menu du jour, un outil au service de la mise en mémoire

Comprendre les différentes formes de communication

Ecole erber. Dossier de Presse. Le 20 octobre 2011 Inauguration l Ecole Kerber. Une école indépendante, laïque et gratuite

le livret de Bébé nageur avec la complicité de bébé.

Guide d accompagnement à l intention des intervenants

Trouver sa façon de flotter : quelle est la mienne?

Que chaque instant de cette journée contribue à faire régner la joie dans ton coeur

Techniques d accueil clients

L intolérance à l incertitude et le trouble d anxiété généralisée

PAR VOTRE MEDECIN! «FUN», LES CIGARETTES RECOMMANDÉES NOUVELLE PERCÉE MÉDICALE!

A.PERRIER, Directeur Soins Infirmiers A. GAUDILLERE, Resp. Assurance Qualité

Dix questions difficiles posées en entrevue et dix excellentes réponses

TACHES N 1. Escalier : Taper des pieds en faisant le crocodile, souffler, immerger le visage... S asseoir au fond de l eau, tête hors de l eau

daycare 2012 Un jour pour notre avenir Sous le patronage de

Parent avant tout Parent malgré tout. Comment aider votre enfant si vous avez un problème d alcool dans votre famille.

AVERTISSEMENT. Ce texte a été téléchargé depuis le site

Restaurant Scolaire d Ampuis REGLEMENT

L endettement chez les jeunes Rapport final

A vertissement de l auteur

GROUPE DE SPECIALISTES SUR UNE JUSTICE ADAPTEE AUX ENFANTS (CJ-S-CH) QUESTIONNAIRE POUR LES ENFANTS ET LES JEUNES SUR UNE JUSTICE ADAPTEE AUX ENFANTS

JE NE SUIS PAS PSYCHOTIQUE!

PROGRAMME VI-SA-VI VIvre SAns VIolence. Justice alternative Lac-Saint-Jean

Le lancement d un satellite

Pour débuter sur LinkedIn

UN AN EN FRANCE par Isabella Thinsz

LE STAGE EN ENTREPRISE

Vingt-cinq questions posées lors d une entrevue

Programme internet de traitement du jeu excessif Partie cognitivo-comportementale

Local de retrait PASS

Volume 1 Numéro 2 Février 2009

Organisation de la fin d année du Master 2 de stratégie de communication globale

6Des lunettes pour ceux qui en ont besoin

PRÉSCOLAIRE. ANDRÉE POULIN (devant la classe) : Je me présente, mais je pense que vous connaissez déjà mon nom, hein? Je m'appelle Andrée.

Un itinéraire à suivre : Anne Consigny

N 10 LETTRE D INFORMATION UCPA Centre équestre municipal de Saint-Médard-en-Jalles

REGLEMENT INTERIEUR Pour les enfants et leurs parents

Indications pédagogiques C3-15

SEMESTRE D ETUDE A MONASH UNIVERSITY SUNWAY MALAYSIA

Conseils. pour les enfants, les adolescents et les adultes atteints de TDAH

RAPPORT D ACTIVITE PFMP 3

Mes droits aux vacances. ... en survol

Rapport de stage. Bureau de Poste de Miribel. 25 au 29 janvier 2010

Définition. Recherche sur Internet. Quelques chiffres. Stress et enseignement. Symptômes 3 catégories de causes Le burn out Gestion du stress

Code de vie St-Norbert

J'aime les fossettes qui creusent votre joue et aussi les petites imperfections autour de votre bouche Je me sens bien en votre compagnie

REGLEMENT DU RESTAURANT SCOLAIRE DU RPI OZENAY-PLOTTES ECOLE LES JOYEUX CARTABLES

Assurance Bonus Malus (juillet 2005) Assurance BONUS MALUS vers une reforme annoncée mais bien vite oubliée

Les ordinateurs pour apprendre à lire et écrire à l âge adulte : L opinion de ceux qui apprennent à lire et écrire en Ontario

Version 6.0 du 07/11/06. Comment décloisonner mes services et les faire travailler ensemble vers les mêmes objectifs?

Encourager les comportements éthiques en ligne

LIVRET D ACCUEIL CANTINE - GARDERIE

Il y a un temps pour tout «Il y a un temps pour tout et un moment pour chaque chose», dit l Ecclésiaste signifiant ainsi à l homme qui veut accéder à

Dossier de suivi de stage d observation en entreprise en classe de 3 ème

QUELQUES CONSEILS AU PROFESSEUR STAGIAIRE POUR ASSEOIR SON AUTORITE

Dis-moi ce que tu as fait, je te dirai qui tu es 1

S ickness Impact Profile (SIP)

Origines possibles et solutions

Transcription:

Mise en contexte : Dans le cadre d une activité de formation basée sur une analyse en groupe de récits exemplaires de pratiques d enseignants expérimentés, des futurs enseignants du préscolaire/primaire étaient invités à raconter un cas personnel inspiré d un récit exemplaire de leur choix. Le passage du récit exemplaire au cas suggestif nous fait entrevoir une certaine forme de transfert réflexif, soit la résonance de l expérience de l autre, expérimenté, dans sa propre expérience de novice. Le cas suggestif ici présenté se rattache au récit exemplaire Il faut se mettre ensemble pour l aider. VIVRE DE BELLES RÉUSSITES L ancrage du cas suggestif au récit exemplaire Le récit exemplaire «Il faut se mettre ensemble pour l aider» m a considérablement fait penser à une expérience que j ai vécue lors de mon quatrième stage, celui de prise en charge complète. En effet, dans mon groupe j avais un élève en trouble de comportement que j appellerai Martin (nom fictif). Celui-ci avait de nombreux points en commun avec Sylvain, l élève présenté dans le récit exemplaire. C est en grande partie à cause des similitudes au niveau du comportement de Sylvain que ce récit a évoqué mon expérience avec Martin. De plus, certaines techniques d intervention adoptées par l enseignante se rapprochaient de celles que mon enseignante associée et moi avons mis en place avec Martin, telles le fait de communiquer régulièrement avec les parents, de prendre beaucoup de notes sur les comportements observables et surtout le fait de valoriser les bons coups, et ce, avec les élèves du groupe. La narration du cas suggestif La rentrée scolaire approche et je suis sur le point de débuter mon quatrième stage de ma formation, celui de prise en charge complète. Jusqu en décembre, je vais enseigner dans une classe de 1 re année hors du commun. En effet, celle-ci est une classe communicant avec une autre classe de 1 re année où les enseignantes enseignent en team teaching. De plus, je ne serais pas la seule à vivre cette expérience, car la collègue de mon enseignante associée a elle aussi une stagiaire de stage 4. Je suis donc très emballée par cette nouvelle expérience! Lors des journées de préparation de la classe, mon enseignante associée Françoise (non fictif) me dresse un portrait général de nos futurs élèves en se fiant aux commentaires reçus des enseignantes du préscolaire. Tout de suite, elle me confie qu elle craint que le jeune Martin présente un trouble du comportement assez important. En effet, son ancienne enseignante a écrit 1

à son sujet qu il est un «cas de comportement (elle lui a assigné la cote D), [qu il] prend beaucoup de place, [qu il est] brusque [et qu il n a] aucun P.I. (plan d intervention) encore». Ainsi, avant même de l avoir rencontré, j avais en tête que Martin serait un élève difficile. Toutefois, je voulais apprendre à le connaître par moi-même et je n ai donc pas prêté une très grande importance à ces commentaires. Puis, la première journée avec les élèves arrive. C est ma première rentrée scolaire! J ai tellement hâte de rencontrer les élèves et de voir comment mon enseignante associée fonctionne dans sa grande classe «communicante». Effectivement, les deux premières semaines j étais présente en classe tous les jours, mais j étais davantage un bras droit pour mon enseignante. Cela me permettait ainsi d apprendre beaucoup de l expérience de Françoise mais aussi de dresser un portrait des différents élèves de ma classe de stage. Comme nous l avions prévu, Martin s est révélé être un élève difficile sur le plan du comportement. Celui-ci semble être hyperactif. Il a de grandes difficultés à rester bien assis sur sa chaise sur laquelle il se balance constamment et à se déplacer dans la classe convenablement, c est-à-dire sans courir ni taper des pieds. Il demande aussi beaucoup d attention mais ne s y prend pas de la bonne façon pour le faire. De plus, Martin a de grandes lacunes dans ses interactions sociales. En effet, il ne sait pas entrer en relation convenablement avec les autres. Il dérange très souvent les élèves qui sont autour de lui et il les taquine. Martin est aussi très impulsif. Dès que quelque chose le contrarie, il pince, frappe ou pousse les autres. Très rapidement son comportement a eu des impacts négatifs sur ses relations avec ses camarades. En effet, au retour des récréations, il y avait presque toujours des plaintes de la part d autres élèves ou tout simplement des enseignantes qui revenaient avec lui, disant qu il avait eu des comportements inappropriés. En quelques jours, il a reçu de nombreux billets de manquement-école dû à ses comportements violents avec les autres. Bref, la rentrée scolaire n était vraiment pas facile pour Martin et il fallait toujours le garder à l œil. À ce moment là, j étais vraiment décontenancée par le comportement de Martin. C était la première fois que j étais en présence d un élève qui présentait autant de problèmes au plan du comportement. Malgré ses comportements perturbateurs, Martin est un petit garçon très attachant 2

qui veut souvent me faire des câlins et qui a réussi à me charmer. J aimerais tant pouvoir l aider, mais je ne sais pas trop comment m y prendre. J étais donc heureuse d être jumelée avec une enseignante d expérience qui a tout de suite commencé à mettre en place des interventions pour tenter d améliorer le comportement de Martin. Dès la première semaine de classe, Françoise a appelé la mère de Martin. Elles ont longuement discuté de Martin et de ses difficultés sur le plan comportemental. Cette discussion nous a alors permis d avoir une meilleure compréhension des causes d un tel comportement. Effectivement, Martin est un enfant unique qui a eu beaucoup d attention de la part de sa mère qui est une femme au foyer. Celui-ci est donc habitué d être le centre d attention. De plus, étant donné que sa mère est une femme au foyer, Martin n a jamais fréquenté de garderie et n a jamais vraiment eu de contact avec des jeunes de son âge, ce qui explique ses difficultés sur le plan social. Françoise a aussi discuté du fait qu il serait judicieux que Martin consulte le médecin, car elle croyait qu il était peut-être hyperactif. La mère a accueilli cette nouvelle avec un peu de réticence, mais sans être complètement en désaccord. En classe, Françoise a mis sur pied plusieurs systèmes de gestion individualisés pour Martin. Elle lui a tout d abord créé une place de retrait qu on a appelé la place de champion. Cette place aidait Martin à se concentrer sur son travail et également à s assurer qu il ne dérangerait pas les autres. La place de champion n était pas utilisée toute la journée, mais seulement quand Martin en avait besoin, c est-à-dire quand il devait se calmer pour bien travailler sans déranger les autres. Elle a aussi utilisé un système de renforcement positif qui avait pour but de souligner ses bons comportements. Celui-ci se composait d une échelle à dix paliers et d une petite voiture aimantée. Dès qu un bon comportement était observé, la petite voiture montait d un palier sur l échelle. Lorsque sa voiture avait atteint le 10 e palier, Martin avait droit à une récompense de son choix (dix minutes d ordinateur dans son cas). Évidemment, les renforcements verbaux étaient alors très fréquents et Martin goûtait un peu plus chaque jour à la réussite. De plus, le système de gestion de classe était aussi utilisé, pour lui comme pour tous les élèves, lorsqu un comportement inapproprié survenait. Après trois avertissements, les élèves ne pouvaient plus participer au tirage-récompense de fin de journée, après quatre avertissements ils avaient cinq minutes de réflexion devant un sablier et après cinq avertissements les élèves étaient retirés de la 3

classe. Ils allaient alors dans une classe d accueil. Enfin, Françoise a mis en place avec la collaboration de certains enseignants de l école un horaire de surveillance à la récréation, afin qu il y ait toujours un enseignant qui garde Martin à l œil. À la mi-septembre, c était à mon tour de prendre en charge la classe. Je devais donc utiliser les systèmes mis en place avec Martin. Je trouvais que j étais bien outillée avec ces systèmes et j aimais beaucoup le système de renforcement de la petite auto qui semblait avoir un impact positif sur le comportement de Martin. En effet, je voyais des améliorations au niveau du comportement. J aimais d autant plus ce système que, lors de mon stage trois, j avais très peu utilisé le renforcement positif et j avais alors vécu une expérience difficile. Ainsi, je voulais miser sur le positif pour réduire le négatif. Bien que Martin ait fait des progrès au niveau comportemental, il avait encore de grandes difficultés. Malgré la présence du renforcement positif, il se retrouvait la majeure partie du temps puni, car il arrivait très rapidement au bout du système de gestion de classe. Mon enseignante associée me demandait d être constante et cohérente avec Martin en relevant tous les mauvais comportements et en appliquant le système de gestion avec lui. Mais les trois avertissements étaient rapidement atteints, ce qui faisait en sorte que Martin ne pouvait jamais participer au tirage. Cela avait donc pour effet de le décourager. Je crois qu après un certain temps il s est dit qu il ne lui servait à rien de faire des efforts, car c était trop difficile pour lui de participer au tirage. J étais donc devant une impasse. J ai été dans l obligation de le retirer de la classe à plus d une reprise. Je crois d ailleurs que dans mes premières journées de prise en charge, il me testait. Il voulait voir si j allais être constante et cohérente. En effet, avant de le retirer pour la première fois, je l avais prévenu que si je l avertissais à nouveau, il allait sortir. Malgré cela, il a continué à déranger et j ai été obligée de le retirer de la classe. Bref, il me demandait beaucoup d énergie et je ne savais plus quoi faire avec lui. J essayais de lui accorder le plus d attention positive et de renforcement possible, mais malgré cela les comportements dérangeants subsistaient. Bien que cela ne me plaisait pas, j étais obligée de le punir. 4

J ai appelé à plusieurs reprises la mère de Martin. Nous avions une belle collaboration et j en étais contente. Elle voulait que je lui fasse un rapport quotidien du comportement de Martin en lui indiquant à l aide de couleurs comment s était passée sa journée (vert : très bien, jaune : bien, et rouge : difficile). Chaque vendredi, je l appelais pour lui faire un résumé de la semaine et, de son côté, elle offrait une récompense à Martin le samedi s il avait eu une belle semaine. Elle souhaitait aussi qu un plan d intervention et une évaluation de la psychologue de l école soient faits avant d aller consulter le médecin pour qu il fasse une évaluation. Ainsi, une demande pour faire un plan d intervention a été faite très rapidement. Toutefois, avant de créer le plan d intervention, il fallait procéder à une évaluation du comportement de Martin. Mon enseignante associée et moi avons donc pris beaucoup de notes sur les comportements observables de Martin. Nous avons aussi rempli une grille d évaluation que la technicienne en éducation spécialisée nous avait remise. Puis, au mois d octobre, la psychologue est venue observer Martin à quelques reprises en classe. Elle a remarqué que ce qui faisait problème était le système de gestion de classe. En effet, le fait que Martin ne puisse jamais participer au tirage posait problème. Elle m a donc conseillé de multiplier le nombre d avertissements avant de commencer à utiliser le système de gestion de classe. J en ai alors parlé avec mon enseignante qui a approuvé, même si elle n était pas d accord avec l idée auparavant. À ce moment, Martin a goûté au succès! En effet, en lui accordant plus d avertissements avant de le punir, cela lui a permis de pouvoir enfin participer au tirage. Lorsqu il y est arrivé pour la première fois j étais tellement fière de lui. J ai souligné cela devant tous les élèves et nous l avons tous applaudi. Puis, j ai un peu trafiqué le tirage, sans que personne ne s en aperçoive (c est mon enseignante associée qui m avait conseillé d avoir recours à cette petite ruse pour s assurer que ce ne soit pas toujours les mêmes qui gagnent), afin de le faire gagner. À ce moment, j ai vu dans le visage de Martin un immense sourire et je pouvais lire dans ses yeux la fierté et la joie qu il ressentait. Tous les élèves ont alors crié : «Youpi! Bravo Martin!». Les élèves étaient tellement contents pour lui. Cela a été un de mes plus beaux moments de mon stage! 5

Par la suite, le comportement de Martin s est beaucoup amélioré. Tous les jours, je le valorisais et je le félicitais pour ses beaux efforts. Les élèves de la classe ont rapidement commencé à en faire autant. Étant donné que j aidais et que je valorisais Martin, les élèves voulaient en faire autant. Martin était tellement content d être reconnu pour ses efforts par tout le groupe. À la fin de la journée, au moment du tirage, quand j oubliais de féliciter Martin parce qu il pouvait y participer, c était un élève du groupe qui le faisait. Ainsi, à partir de ce moment, Martin a participé au tirage et a eu un «vert» dans la communication avec sa mère presque tous les jours. Son comportement n était pas nécessairement exemplaire, mais il avait fait d énormes progrès. J étais très fière de lui! Quelques jours avant la fin de mon stage, un plan d intervention a été mis en place. J ai eu la chance de vivre un mois pendant lequel Martin vivait de belles réussites et où la valorisation était très présente dans mes interventions. Tout n est pas nécessairement histoire du passé; j ai l impression que Martin devra être suivi de près jusqu à la fin de l année et dans les années à venir. Les leçons tirées de l expérience Cette expérience m a appris qu il était toujours possible d aider les élèves en difficulté de comportement à s améliorer et à vivre de belles réussites. Si cela nécessite de modifier légèrement le système de gestion de classe pour les élèves en difficulté de comportement, il ne faut pas hésiter à le faire. Il faut aussi mettre sur pied des systèmes de gestion individualisés pour donner à l élève en trouble de comportement le plus de chances possible pour qu il se comporte bien. Que ce soit par le renforcement positif ou par une place de champion qui lui permet de se calmer, il faut y avoir recours. Ce que je retiens c est qu il est plus efficace de miser sur le renforcement positif et sur la valorisation des élèves que sur les punitions, sans pour autant les laisser de côté. Cela a un impact plus important sur le comportement des élèves en plus de contribuer à créer un climat de classe beaucoup plus agréable. De plus, c est en félicitant les élèves et en les valorisant qu on crée de belles relations entre les élèves qui adoptent ensuite ces attitudes entre eux. Enfin, il faut toujours garder en tête qu il est possible d aider un élève en difficulté de comportement à vivre de belles réussites! 6