what s on LA HAVANE La douzième Biennale de La Havane : une introduction Michelangelo Pistoletto Qu y a-t-il derrière le mur?

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Transcription:

what s on LA HAVANE jui 2015 La douzième Biennale de La Havane : une introduction Michelangelo Pistoletto Qu y a-t-il derrière le mur? GUIDE DE LA 12ÈME BIENNALE DE LA HAVANE GUIDE DE LA HAVANE RESTAURANTS BARS ET CLUBS LOGEMENT PRIVÉE

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PHOTO La conga irreversible de los Carpinteros Passionné de Cuba Cuba Absolutely est une plate-forme indépendante, qui veut mettre en valeur le meilleur de la culture et des arts cubains, le style de vie, le sport, le voyage et beaucoup plus Nous cherchons à explorer Cuba avec les yeux des meilleurs auteurs, photographes et cinéastes, cubains et internationaux, qui vivent, travaillent, voyagent et jouent à Cuba. De belles Images, de grands vidéos, des commentaires, des articles perspicaces et des tuyaux utiles. GUIDE DE LA HAVANE Le guide par excellence de La Havane avec des commentaires détaillés sur les endroits où manger, boire, danser, magasiner, visiter et jouer. Des aperçus uniques de l'endroit que des gens grégaires, passionnés et fiers appellent leur patrie. La Guarida Avec nous sur Facebook pour de belles images, des liens sur des articles intéressants et des mises à jour régulières. Plus de 100 vidéos comprenant des entrevues avec les meilleurs artistes, danseurs, musiciens, écrivains et metteurs en scènes de Cuba. Suivez-nous sur Twitter pour des mises à jour régulières d'un contenu nouveau, des critiques, commentaires et plus. NOS COLLABORATEURS Nous sommes grandement redevables à tous les auteurs et photographes qui ont partagé leur travail avec nous. Nous accueillons les nouveaux collaborateurs et aimerions vous entendre si vous avez un projet relié à Cuba. Vous pouvez nous rejoindre à CubaAbsolutely@gmail.com.

La esquina FRIA photo par Ana Lorena EDITORIAL Depuis le 22 mai dernier, la Biennale de La Havane a rempli la ville d art contemporain. Cette année, de vieilles édifications en ruines ont ouvert leurs portes, depuis une centrale thermique jusqu à une ancienne usine de bicyclettes, alors que des installations osées et pleines d énergie ont été introduites dans le tissu urbain. L art est répandu un peu partout, ce qui constitue un véritable défi pour visiteurs et Cubains, désireux de profiter de tout avant la clôture officielle de la manifestation, prévue pour le 22 juin. Cette année, la Biennale poursuit et dépasse cette fin. Compte tenu du fait qu elle se tient dans un climat économique et réglementaire différent (les visiteurs trouveront de nouvelles installations touristiques et la promesse d un changement politique en vertu du rétablissement de relations diplomatiques et économiques avec les États-Unis), elle est une sorte de «fête de présentation». Le programme de la première semaine comprenait des expositions collatérales, en tant que complément du programme officiel. Des artistes cubains qui avaient quitté le pays sont rentrés dans l île et ouvert leurs propres galeries et studios informels à La Havane. De nouveaux espaces ont vu le jour -éloignés du modèle de galerie commerciale et régis par des normes propres - dans des appartements et maisons particulières. Des inaugurations, performances et ouvertures de studios ont eu lieu à un rythme vertigineux pendant la première semaine de la Biennale. Nous tenons à témoigner notre reconnaissance à l équipe de football Cosmos de New York, qui est sortie victorieuse (4 à 1) de la rencontre amicale avec l équipe nationale de Cuba. Malgré la pluie tombée cet après-midi, le stade Pedro Marrero a été bondé. L équipe états-unienne vient s ajouter à la vague des visiteurs qui veulent connaître de première main la magie tropicale de l île. Evènements marquants du mois de juin 2015 22 de mai-22 juin Douzième Biennale de La Havane 4-28 juin III Encuentro de Jóvenes Pianistas & Musicalia 2015 16-18 juin VIII Congreso Internacional de Diseño de La Habana, FORMA 2015 24-28 juin X Festival Internacional Danzón Habana 2015 26 juin-1er juillet Jornada Cucalambeana (Las Tunas) Nous tenons à exprimer notre gratitude à tous nos collaborateurs, sponsors, partenaires et lecteurs. Nous vous exhortons à continuer de nous faire parvenir vos commentaires et suggestions. Pour toute information complémentaire, veuillez contacter Sophia Beckman par courriel à CubaAbsolutely@gmail.com. Vive Cuba!

photo Alex Mene JUIN 2015 ART: LA DOUZIÈME BIENNALE DE LA HAVANE: La douzième Biennale de La Havane: une introduction p7 Zona Franca : méga exposition d art cubain p9 Casablanca à la douzième Biennale de La Havane p13 Qu y a-t-il derrière le mur? p16 Michelangelo Pistoletto p21 ÉVÈNEMENT À LA HAVANE Art p23 Photographie p25 Danse p26 Musique p27 Théâtre p33 AUTRES ARTICLES EXCELLENTES 48 Jornada Cucalambeana p37 GUIDE DE LA HAVANE Features - Restaurants - Bars & Clubs - Live Music - Hotels - Private Accommodation p44

La douzième Havana Biennial Une centrale thermique construite en 1915 et fermée depuis la fin des années 1960 a rouvert ses portes. L installation est remplie de présentations multimédia et d œuvres du sculpteur cubain Esterio Segura ; dans les voûtes du complexe historico-militaire Morro Cabaña, situé de l autre côté de la baie, face à la Vieille-Havane, on entend les échos des commentaires des spectateurs qui examinent attentivement les œuvres de 250 artistes et groupes, depuis l art conceptuel de Reynier Leyva Novo et de Iván Capote jusqu aux peintures de Luis Camejo ; un tronçon du Malecón havanais - qui, à peine deux semaines auparavant, n était qu un simple morceau de trottoir et de mur - est devenu une plage avec sable, parasols aux toits en feuilles de palmier, transats en plastique et bière froide. Depuis le 22 mai dernier, la Biennale de La Havane a rempli la ville d art contemporain. Cette année, de vieilles édifications en ruines ont ouvert leurs portes, depuis une centrale thermique jusqu à une ancienne usine de bicyclettes, alors que des installations osées et pleines d énergie ont été introduites dans le tissu urbain. L art est répandu un peu partout, ce qui constitue un véritable défi pour visiteurs et Cubains, désireux de profiter de tout avant la clôture officielle de la manifestation, prévue pour le 22 juin. La Biennale de La Havane, prestigieux événement organisé depuis 1984, se tient, suivant le style cubain, tous les trois ans au début de l été. L objectif de cette manifestation - l une des plus vastes et ambitieuses du point de vue artistique, tenues en dehors du premier monde - a été de servir de plateforme aux plasticiens non seulement de Cuba, mais aussi de l Amérique du Sud, de l Afrique et de l Asie qui ne pouvaient pas participer aux expositions européennes subventionnées. L événement avait une priorité : offrir un art de première classe aux Cubains de toutes les professions et conditions sociales. Cette année, la Biennale poursuit et dépasse cette fin. Compte tenu du fait qu elle se tient dans un climat économique et réglementaire différent (les visiteurs trouveront de nouvelles installations touristiques et la promesse d un changement politique en vertu du rétablissement de relations diplomatiques et économiques avec les États- Unis), elle est une sorte de «fête de présentation». Le programme de la première semaine comprenait des expositions collatérales, en tant que complément du programme officiel. Des artistes cubains qui avaient quitté le pays sont rentrés dans l île et ouvert leurs propres galeries et studios informels à La Havane. De nouveaux espaces ont vu le jour -éloignés du modèle de galerie commerciale et régis par des normes propres - dans des appartements et maisons particulières. Des inaugurations, performances et ouvertures de studios ont eu lieu à un rythme vertigineux pendant la première semaine de la Biennale. Ceux qui n ont pas eu la possibilité d être à La Havane au mois de mai pourront rattraper le temps perdu car la Biennale se poursuivra jusqu à la fin du mois de juin. Vaste et diverse, l offre comprend une PAGE 7

La Perla negra photo par Ana Lorena exposition encyclopédique d œuvres à caractère conceptuel et représentatif d artistes cubains de tout âge, organisée au complexe Morro-Cabaña. Le bâtiment d art cubain du musée national des beaux-arts, situé à la Vieille-Havane, exhibe des œuvres des artistes cubains Alexandre Arrechea et Wilfredo Prieto. On pourra aussi y admirer une exposition de dessins abstraits de Gustavo Pérez Monzón, appartenant à la collection d Ella Fontanals Cisneros. Le bâtiment d art universel du musée a été envahi par Wild Noise, exposition d œuvres cédées par le Bronx Museum of the Arts, phase initiale du premier échange en plus de cinquante ans entre les musées d art de Cuba et des États-Unis. Tout au long du Malecón, un projet de sculptures en plein air allant depuis un cube bleu, réalisé par Rachel Valdés, jusqu à une sculpture d une sorte de gâteau chargé d insinuations, œuvre du groupe Stainless, y compris la populaire plage de Arlés del Río, anime les spectateurs à y participer. Les visiteurs pourront, en se promenant dans les rues de la Vieille-Havane, rencontrer toute une série d expositions, dont celles de la Maison d Afrique, du Centre d art contemporain Wifredo Lam et de l ambassade d Espagne, entre autres. PAGE 8

ZONA FRANCA méga exposition d art cubain par Victoria Alcalá PAGE 9

Passer une journée à La Cabaña, de l autre côté de la baie havanaise, équivaut à rater les surprises uniques que l ont peut trouver dans n importe quel coin de la ville, dont la performance de René Francisco Rodríguez, prix national des arts plastiques, qui en se promenant dans la rue O Reilly, caractérisé comme le président Barack Obama et même parlant en anglais, a surpris beaucoup de personnes qui ont immédiatement activé leurs portables pour photographier et faire connaître la «grande nouvelle», ou celle de Michelangelo Pistoletto sur la place de la Cathédrale, une véritable action énergisante et animée. Il vaut vraiment la peine de s éloigner quelques heures de l agitation de la ville et, dans l ambiance paisible de l ancienne forteresse coloniale, se laisser surprendre par une méga exposition d art cubain créé au cours des cinq dernières années. Zona Franca, promue comme la plus importante exposition d art cubain de tous temps occupe, à l instar de la onzième Biennale, l espace de La Cabaña, mais cette fois-ci à partir d un travail de commissariat plus épuré et intentionnel, comprenant plusieurs axes thématiques, énoncés par les organisateurs, à savoir identité, mémoire, construction de l histoire, territoire, communication et discours sur l histoire même de l art, abordés par plus de 240 créateurs, dont l œuvre se caractérise par la diversité d esthétiques, de philosophies, de techniques, de dimensions, de supports Comme l annonçait déjà la performance de René Francisco, les perspectives, les interrogations et les doutes soulevés depuis le 17 décembre de l an dernier par les déclarations des présidents Obama et Castro sur l établissement des relations entre Cuba et les États-Unis, sont repris par plusieurs propositions. Tel est le cas de A volar, de Gilberto Frómeta, même si l artiste assure qu il s agit d un hommage aux enfants, par le biais de petits bateaux et avions en papier, et plus explicitement de Carrera de relevo, de Michel Mirabal. Les drapeaux cubains, faits de petits grains de riz, proposés habituellement par l artiste, sont maintenant accompagnés de drapeaux nord américains, de douilles de balles et d une sculpture de la vierge de la Caridad del Cobre, patronne de Cuba. La relation conflictuelle avec l histoire (cubaine et universelle) affleure à plusieurs reprises, depuis la série Generación del Titanic de Joel Jover, qui s inscrit dans une sorte de «poétique de la déception Fabelo, Photo par Y. del Monte PAGE 10

», déjà abordée par la littérature, jusqu aux Ensueños recurrentes de David Velázquez, hanté par des doutes et expectatives engendrés par la nouvelle étape qui semble s ouvrir dans son pays. Un homme debout face à une source d eau avec les bras ouverts soutenant des seaux (Súplicas, 2015) nous fait réfléchir sur ce qu on attend, sur ce qu on souhaite, sur ce qu on supplie. Un autre regard sur l histoire, cette fois-ci à partir du futur, telle est la proposition de Luis Enrique Camejo dans Ruinas futuras. L artiste renonce à la luminosité de l espace, à l huile, à l acrylique, pour dessiner le plus nettement possible les restes de sites aujourd hui emblématiques (Bibliothèque nationale, université de La Havane, glacier Coppelia ) et s amuse avec la représentation tridimensionnelle d objets trouvés et expliqués par de présumés archéologues à partir de ces ruines. La pièce de la série Atlas (costa norte de La Habana) de Alan Argüelles est un souvenir dramatique des ceux qui, en essayant d arriver aux côtes nordaméricaines, ont été avalés par les eaux. Il s agit, apparemment, d une mer ondulée peinte en huile sur toile mais qui, sous l effet de la lumière, montre une longue liste de noms que l encre sympathique empêche de lire à simple vue. et qui nous fait réfléchir. Il s agit de tableaux bi et tridimensionnels, où Mondrian s insère dans une zèbre, où Jésus-Christ (licence comprise) fait des miracles pour son propre compte, où le Cri de Munch devient l «Alabao!» créole ; de véritables mises en scène qui cubanisent le «grand art occidental» et qui castigant ridendo mores. Suivant cette même ligne, Zenén Vizcaíno (Ángeles caídos) incorpore dans ses tableaux des personnages de La Leçon d anatomie ou Marat assassiné, dans des contextes inusités. D autres œuvres portent sur l art lui-même, dont Dime con quién andas... de Octavio Irving Hernández Jiménez ; Renaissance de Tomás Núñez (Johnny) et Work in Progress de Jorge Luis Santos, installation qui recrée un studio ou atelier de peinture en pleine activité et El peso leve de todo lo creado de José Manuel Fors, une autre installation où l artiste réduit une bonne partie de la création littéraire et artistique en balles de papier à recycler. Beaucoup d artistes n abandonnent pas leurs modes traditionnels de faire, comme Flora Fong, El peso de la Historia (des rectangles d encre peints sur le mur, qui représentent le poids de l encre et le calcul de la surface occupée, œuvre réalisée à partir de livres et documents essentiels pour le devenir de l histoire universelle, dans le cas des livres et, de l histoire cubaine, dans celui des documents) de Reynier Leyva Novo ; Con la historia no se juega, et La historia es de quien la cuenta de Duvier del Dago, annoncent, d après leur titre, l intérêt pour ce devenir déchirant, contradictoire et inquiétant, qui passe ensuite à l Académie comme histoire. Ce souci dépasse la frontière nationale dans The Drone Wars, installation de Agustín Hernández et Reynerio Tamayo ; dans le saisissant Halloween, de Frank Martínez, qui prouve la force potentielle de la suggestion, ou dans le rapprochement solidaire du summum des «gens sans histoire», représentés dans les excellentes photographies de mendiants de Residents of New York, de Andrés Serrano. L abstraction, un chapitre de l art cubain qui s efforce de prouver sa vitalité, est représentée dans les expositions collectives Gritos del silencio, où convergent plusieurs générations, Quiero ser lo que puedas ver (photographie) et dans les expositions personnelles de Pedro de Oraá (Abstractivos) et de Rigoberto Mena (RAKA 200), pour ne citer que deux exemples d artistes dont les esthétiques sont tout à fait différentes. Babel (retables «médiévaux» de Rubén Alpízar), est un exemple du libre jeu avec les «classiques» de l histoire de l art qui nous amuse à nouveau Stainless, 2015, photo par Alex Mene PAGE 11

qui montre avec fierté son œuvre aux côtés des propositions novatrices de ses deux enfants ; Mario García Portela, et ses paysages intimes A dos tiempos ; Eduardo Roca (Choco) et Santiago Rodríguez Olazábal, éloignés de la vision folklorisante et superficielle de la présence africaine dans l identité cubaine ; Kcho, avec son monumental Pensador, exposé en plein air ; Roberto Fabelo ; l érotisant Cuty ; les gravures magnifiques sur bois de Abel Barroso ; le divertimento de Eduardo Ponjuán (Gone to Beach) et les photographies, toujours magnifiques, de René Peña. Entretemps, un groupe d enfants terribles avertit : No temas a los colores estridentes. D autres artistes nous surprennent, comme Arturo Montoto qui, dans ses Jardines invisibles, entoure le paysage de clôtures inquiétantes, ou Carlos Guzmán, qui combine l art vidéo, la peinture et l installation dans Toda tristeza es una demolición, où figurent un fauteuil de dentiste et une hélice de navire dans un environnement boisé très bien réussi, ce qui nous rappelle la célèbre rencontre fortuite sur une table de dissection d une machine à coudre et d un parapluie des Chants de Maldoror de Lautréamont, ouvrage qui a exercé une influence fondamentale sur les surréalistes. Pour sa part, Ernesto García Peña, dans ses peintures sur Performance des portes, La Perla semble negra, photo faire Alex un Mene clin d œil à Eva saliendo del baño de Carlos Enríquez. Les stratégies et les moyens contemporains de communication attirent l attention, entre autres, de Jacqueline Brito, qui joue avec les significations de «naviguer» dans son exposition Redes sociales ; dans la délicieuse pièce Windows colonial de Guillermo Rodríguez Malberti, et dans la proposition abstraite de Enrique Báster, Overwhelm, où l exclusion et la censure montrent leur oreille poilue dans l ingénieux Esquema del criterio suprimido. La fermeture à une heure indue de certains espaces ne m a pas permis de compléter le parcours, et le manque d une télécommande pour activer la vidéo m a empêché de profiter du jeu avec les miroirs de Mabel Poblet (j ai failli rater ceux de Rachel Valdés à mon arrivée). Heureusement, presque au moment de partir, j ai pu admirer la vaste exposition d œuvres en plein air : le toboggan de Stainless, fontaines ingénieuses, œuvres figuratives, abstraites, joueuses, capricieuses Classée comme «collatérale», du fait de ne pas partager l esprit «des rues» de la proposition de commissariat, Zona Franca est un coup d œil incontournable sur la production symbolique cubaine la plus récente, qui laisse prêt l esprit (mais le corps fatigué) pour un prochain marathon d art. Attendez mes nouvelles. PAGE 12

Conga - Casa Blanca, photo par Ana Lorena Casablanca à la douzième Biennale de La Havane par Margaret Atkins Après une longue journée de travail, j emprunte l Avenida del Puerto. Les touristes habituels parcourent lentement les rues. Les pigeons, effrayés par le tintement de la cloche de l église orthodoxe grecque, battent les ailes à l unisson, s envolent et font le tour de la place de San Francisco. Je me souviens alors qu aujourd hui, le 22 mai, c est la fête de Sainte Rita de Cascia, dont l image, sous forme de sculpture, orne l une des entrées latérales du couvent dont la place porte le nom. Ce n est pas donc par hasard que mon esprit fatigué s intéresse maintenant au monde des icônes et des images car je m adresse à Casablanca, l un des sièges de la Biennale de La Havane, le plus important rendezvous de l art contemporain à Cuba. que le soleil est encore brûlant, soit parce qu en vertu des relations traditionnelles entre le public et l œuvre d art celle-ci nous semble inviolable. Mais, lorsque l effet de surprise est passé, un spectateur irrévérencieux, saisissant ses lunettes, décide de s effondrer sur l une des chaises pour se faire photographier. Et lorsque la nuit commence à tomber, les visiteurs aux pieds fatigués qui viennent de parcourir le village devenu salle d exposition, se disputent les chaises. Au premier abord, vous serez saisis par l ancienne Je traverse la baie dans la lanchita qui relie les deux côtes du grand bassin dont les profondeurs, au dire de certains, abritent des trésors de l époque coloniale. Le transbordeur est aujourd hui exceptionnellement bondé et les passagers ne sont pas tous Cubains. On y trouve aussi des Français, des Autrichiens, des Latins et un grand nombre de caméras qui aident déjà à documenter la courte traversée. En débarquant, 72 chaises pliantes en bois et textile, situées sur une esplanade, souhaitent la bienvenue aux visiteurs. La toile est ornée de beaux dessins de l artiste chilienne Guisela Munita. Au début, personne n ose s y asseoir ; soit parce Conga - Casa Blanca, photo par Ana Lorena PAGE 13

72 folding wooden and canvas chairs imprinted with lovely designs, the work of Chilean artist Guisela Munita, photo by Y. del Monte voiture du train électrique de Hershey, qui fait partie, qu on le veuille ou non, des traditions de Casablanca. Quand j arrive, elle n est pas encore ouverte au public. Je décide alors d explorer le terminal récemment peint, qui, par cet après-midi torride n accueille pas des voyageurs désireux de se rendre à Matanzas mais un groupe hétérogène d artistes, habitants de Casablanca et curieux qui veulent savoir qui est le monsieur petit, portant une chemise blanche et une veste noire, entouré de journalistes. C est seulement à ce moment-là que je vois, que j entends et que je comprends. Il s agit de Daniel Buren, le renommé artiste conceptuel français qui a voulu laisser son empreinte de ce côté de la baie et nous offre un terminal aux bandes verticales comme souvenir de sa visite. Hershey train, photo par Y. del Monte PAGE 14

on vend, comme des petits pains, l édition pilote du journal local La Voz de Casablanca, qui renaît après 70 ans de silence. Épuisée, je m assois pour le lire et boire de l eau à l intérieur de l ancienne voiture du train de Hershey, ouverte déjà au public grâce au projet culturel AI&P (Art, Industrie et Paysage), et je profite pour contempler les belles photos qui y sont exposées. Daniel Buren, Jorge Ferandez, Michelangelo Pisoleto 12 Bienal de la Habana, photo par Y. del Monte Dans le petit parc situé en face du terminal, des jeunes artistes mexicains, représentants du projet itinérant La Curtiduría, à l aide d une imprimerie portative, offrent gratuitement des petites gravures sur papier. L initiative est couronnée de succès. Les adultes apportent des tee-shirts pour y imprimer leur souvenir de la Biennale. Les artistes expliquent que cela prendra des jours pour sécher et que la procédure n est pas la plus adéquate. Mais les visiteurs insistent et les artistes leur font plaisir. Des enfants, torse nu, exhibent comme des trophées des images imprimées sur leur peau. Un peu plus haut, une installation de Mauricio Abad intitulée Monumento funerario, Gamers OK, occupe le parc principal. Le jeune artiste cubain nous explique que son œuvre reflète en temps réel les pertes virtuelles subies par la communauté des amateurs de jeux vidéo à Cuba, qui réunit quelque 15 000 personnes. Je rédige la présente chronique et j entends encore dans ma tête les échos d une conga authentique dont les tambours annonçaient l inauguration de la Biennale de La Havane à Casablanca. L ambiance était tellement naturelle et spontanée qu on se laissait emporter. Finalement, on a compris qu il serait vraiment difficile de renoncer à cette joie partagée par un bon nombre de visiteurs. Les voisins assis à l entrée de leurs maisons ou accoudés aux balcons ne cessaient pas d interagir. La figure du leader qui ne laissait pas tomber la force de la percussion soulevait l admiration. Un public hétérogène, aux intérêts et âges divers, appréciait le spectacle. Je traverse la baie de retour comme si je traversais l océan. Le regard du Christ me suivait depuis Casablanca. Jusqu au 22 juin, la Biennale gît à ses pieds. La conversation est interrompue par le vacarme de la comparsa (mascarade) qui se prépare devant nos yeux. Elle est formée de danseurs, musiciens et jeunes déguisés en mulâtresses plantureuses aux têtes géantes. Une pancarte sert à les identifier : Componedores de Bateas (Réparateurs de bassines). Derrière la comparsa s en vont aussi les visiteurs que les habitants, qui dansent et rient sur les rues de Casablanca. L inauguration officielle, agrémentée de discours et remerciements, aura lieu plus tard, mais je n y assisterai pas. Je monte l escalier qui conduit au Christ de La Havane en quête de nouvelles œuvres et de nouveaux artistes. L escalier serpente les maisons et d en haut on peut voir les habitants de Casablanca, assis sur les toits, qui regardent le vaet-vient des visiteurs et le beau coucher du soleil sur la baie. Vingt-cinq projets artistiques, auxquels participent des artistes cubains et étrangers, composent la proposition de la Biennale à Casablanca, dont interventions, peintures murales, audiovisuels, performances, sculptures et projets communautaires. Au milieu de la rue et à grands cris photo par Y. del Monte PAGE 15

Qu y a-t-il derrière le mur...? par Margaret Atkins PAGE 16 Resaca, par Arlés del Río, photo Alex Mene

photo par Ana Lorena Telle est la question qui semblent se poser les États-uniens qui commencent à remplir les rues de la capitale et vérifient sur place qu on fait toujours le loup plus gros qu il n est. L une des multiples réponses à cette question est la grande exposition en plein air qui, pour la deuxième fois dans le cadre d une Biennale, est organisée par Juan Delgado Calzadilla (Juanito), avec la complicité de créateurs cubains et étrangers. Detrás del muro (Derrière le mur) est sous-tendue par un mouvement artistique solide et audacieux et par un public instruit et ouvert, capable d interagir avec l art avec curiosité, décontraction et naturel. Parcourir le Malecón, depuis La Punta jusqu au parc Maceo, ce dimanche d inauguration a été une véritable fête. Les gens sont sortis «profiter de la Biennale», voir, poser des questions, sentir, toucher, bref participer, prendre part, être partie de cet art qui, guidé par des principes de commissariat judicieux, a inondé les rues de la ville. Ce n était pas étonnant de voir tous les membres d une famille, des grands-mères avec leurs petits-enfants ou des couples se promenant la main dans la main partager l espace avec des artistes, avec Nancy Morejón et Reynaldo González, prix nationaux de littérature, avec Gerardo Mosquera, critique d art qui a joué un rôle majeur dans la légitimation de l art jeune dans les années 1980, avec Miriam Escudero, musicologue, ou avec Fernando Rojas, vice-ministre de la Culture, qui marchait rapidement d un site à l autre, le sourire aux lèvres, accroché à son mobile, comme s il était le protagoniste d une autre performance. Ocidente con esteroides par Stainless, photo Ana Lorena PAGE 17

cubo azul par Rachel Valdés, photo Alex Mene Une première surprise m attendait en laissant la promenade du Prado pour emprunter le Malecón. Estce que ces luminaires ont été toujours là? Le groupe des curieux m a confirmé que c était une «œuvre de la Biennale». Árbol de luz, de Rafael Villares, est formée de luminaires de 15 pays dont la liste figure au pied. Les passants s amusent alors à les rattacher à leur guise. Villares, accompagné de ses parents, sa femme et sa petite fille, répondait aux questions et assurait avec malice que l intention était de laisser la réponse à l imagination. photo par Ana Lorena En face, sur le petit parc de La Punta, se hisse Stella. Florencio Gelabert a posé sur des miroirs 60 troncs d arbres coupés et brûlés, le but étant de bouleverser les modèles esthétiques établis et de secouer l automatisme. En traversant la rue (il faut zigzaguer sans cesse), Nexis Novoa, dans El vacío (La Habana), a rempli les colonnes survivantes d une construction en ruines d exquis dessins en miniature qu il faut identifier et déchiffrer pendant que quelqu un joue des morceaux de l adagio de l acte 2 du Lac des cygnes. Le fait que certaines œuvres ne soient pas identifiées rend en quelque sorte le parcours plus agréable. On peut imaginer que Manuel Mendive est l auteur du bronze presque fantasmagorique, orné de coquillages. Mais, qui est l auteur de ces formes marines insolites faites à partir de gants orangés? Ou de la toile fixée à l aide de rubans bleus que deux jeunes tissent dangereusement dans une structure métallique? Ou de ces formes blanches, délicieuses, «semées» dans une surface brillante? Ou du jeu des bâtons chinois portant des symboles de Cuba et des États-Unis? Il y des postes de surveillance de baignade du haut desquels ceux qui osent monter l escalier vertical en bois peuvent scruter l horizon tels des anciens guetteurs dans un voilier. Il y a un secrétaire immense et bigarré plein de tiroirs impossibles d ouvrir et renfermant de secrets impossibles de dévoiler. Il y a une chaussure à talon haut géante à l intérieur de laquelle glissent les enfants comme dans les toboggans des parcs de jeux. PAGE 18

par Roberto Fabelo, photo Ana Lorena Roberto Fabelo nous offre Delicatessen, une énorme marmite piquée avec un grand nombre de fourchettes qui donnent à l œuvre une apparence hérissée et repoussante. Cependant, une fois cette impression passée, les promeneurs s approchent, touchent, essayent de voir à l intérieur à travers les trous. À en juger par les espaces vides, certains spectateurs ont voulu emporter chez eux une fourchette comme souvenir. Resaca, installation d Arlés del Río, est tellement bien insérée dans le milieu qu au premier abord on ne se rend pas presque compte du caractère insolite d une plage avec sable, parasols, petites tables et transats sur le Malecón. Qui plus est, certains se reposent d une longue marche sur les transats alors que d autres ont apporté des bières, chaînes hi-fi, casquettes et capelines et se sont installés sur les chaises comme s ils étaient à Varadero, souhaitant secrètement que l installation reste là à resaca par Arlés del Río s, photo Ana Lorena PAGE 19

jamais. Balance cubano, d Inti Hernández, invite au repos et au papotage désinvolte assis sur des confortables fauteuils à bascule. Cubo azul, de Rachel Valdés Camejo, est une autre installation qui attire l attention. À l intérieur, le jeu de la couleur, la transparence et les miroirs offrent une perspective tout à fait différente de la ville et de la mer. Entrer et sortir constitue un voyage fantastique que tous veulent entreprendre. C est peut-être pour cette raison que les enfants et les adultes font de longues queues pour accéder à ce bizarre paradis bleu. Un peu plus loin, je me faufile entre les curieux que tournent la tête de droite à gauche pour découvrir la double image des photos lenticulaires de Goteo, pièce ingénieuse d Ernesto et de Javier Fernández. «Regardez bien, il faut prendre le truc», me conseille un jeune en shorts et tongs qui tient une bière à la main. Aura-t-il déjà écrit son message dans Love Is Calling You, de Manuel Hernández Cardona, invitation à graffiter à la vue de tous? Les plus petits s amusent à grimper, glisser, galoper, sans entendre l avertissement maternel classique : «N y touche pas!». Mais ils sont vraiment ravis quand ils arrivent à La esquina fría (Malecón et Belascoaín) où l artiste états-unien Duke Riley a installée une patinoire. Ils y entrent timidement, voire craintifs, mais ils commencent tout de suite à glisser, ils trébuchent, tombent, rient Le bonheur a le visage d un enfant! Du côté de la mer, des postes de surveillance de baignade, tours, miradors, voire un télescope, invitent à scruter l horizon. Qu y aura-t-il au-delà du mur? Dans la rue, un travesti à l allure d une danseuse du cabaret Tropicana marche parmi les passants ; de l autre côté, une figure asexuée immobile, habillée en rouge, se laisse observer. Un peu plus loin, un homme brode des mouchoirs. J ai cru qu il s agissait d un artiste «spontané» mais quelqu un m a expliqué que c était Ricardo Rodríguez. Il utilisait ses cheveux, qu il avait laissé pousser pendant 30 ans, pour broder des mouchoirs qu il offrait par la suite, mais j étais trop fatiguée pour revenir sur mes pas. Un étalage gai et vif en couleurs attirait l attention des passants qui essayaient de voir par les interstices ce qui se trouvait à l intérieur. Une petite fille aux yeux étincelants de joie m a chuchoté : «Quand c est ouvert, ils offrent des jouets». Face au parc Maceo, point d arrivée (ou de départ, selon la direction choisie) du «mur de Juanito», se hisse une œuvre impressionnante. Il s agit de deux arcs dont les flèches convergent. Seuls la tige et les plumes sont visibles. Un monsieur âgé, probablement éditeur ou dessinateur, a dit à sa compagne : «Cette image devrait occuper la couverture du livre qui portera sur les relations futures entre Cuba et les États-Unis.» Pleine de suggestions, Opuestos, de Kadir López et Enrique Valdés, est un excellent point de départ ou d arrivée pour parcourir cette exposition devant, sur, derrière le mur. detras del muro, photo par Ana Lorena PAGE 20

MICHELANGELO PISTOLETTO à la Biennale de La Havane par Ricardo Alberto Pérez photos Y. del Monte Michelangelo Pistoletto, le mythe incontestable des arts visuels de la deuxième moitié du XXe siècle et du XXIe, est arrivé à La Havane. Averti de sa présence à Cuba, une phrase prononcée par lui qui m a beaucoup impressionné et qui m a aidé à comprendre divers phénomènes de l art contemporain est venue immédiatement à mon esprit : Une «chose» n est pas de l art ; mais l idée qu elle exprime peut bien l être. Ces quelques mots résument la lucidité de cet homme en ce qui concerne l avenir de processus aussi complexes et mutables que celui de l art. Il arrive à notre pays à un moment où des transformations sensibles s y opèrent. Aussi, sa présentation ici et la force de ses idées chargées d esprit et de la volonté de changer les choses, sont-elles de bon augure. Plusieurs personnes qui avaient partagé l expérience de sa performance dans l après-midi du 23 mai sur la place de la Cathédrale de La Havane m ont dit qu elles en sont sorties réconfortées, comme si l espérance, d une certaine manière, aurait renaît dans leur for intérieur. Pistoletto nous apporte maintenant un échantillon du travail qu il réalise depuis 2004, baptisé El Tercer Paraíso (Le troisième paradis), né d un symbole qu il a dénommé «Nouveau signe de l infini», et qui n est que la réformation du symbole mathématique de l infini, utilisé par l artiste pour proposer une notion de transformation sociale responsable, objectif majeur qui réunit en une seule idée l art, la science, l économie, la spiritualité et la politique. À cet égard, l artiste a exprimé : «Je ne prétends pas prophétiser un avenir pléthore d espoirs métaphysiques, mais une transformation qui englobe tous les espaces de la vie.» PAGE 21

Mais ces actions du créateur piémontais se démarquent non seulement par le contenu des extraordinaires messages transmis, mais aussi par l expansion des formes, par la beauté des couleurs et structures et par l intensité apportée par l être humain. Pour ce projet, il était très important de bien choisir le site, qui se transforme en une sorte de miroir indispensable où sont reflétées toutes les intentions. Il y a quelque chose qui m a vraiment frappé est c est que ce signe de l infini, qui devient dans chaque présentation le protagoniste de la performance, a la capacité de s adapter aux substances ou aux objets utilisés pour le représenter. Il incarne d une façon très bien équilibré un nouveau visage, laissant ainsi comme cadeau des images d une haute valeur visuelle. Fin 2014, il y a eu un rapprochement entre son œuvre et Cuba (bien que sans la présence de l artiste). Le 16 décembre, à la veille de l annonce du futur rétablissement des relations entre Cuba et les États Unis, on a pu apprécier, pour la première fois dans l île, sur le littoral havanais, le symbole du Tercer Paraíso, recréé par de petites et moyennes embarcations en constant mouvement sur la mer, atteignant des dimensions sans précédent. À mon avis, l existence d une bonne documentation, nécessaire pour préparer le spectateur avant d entrer en contact avec le territoire inconnu d une performance, pourrait contribuer à son succès ultérieur. À cet égard, l action de Pistoletto à La Havane comprenait cette documentation, laquelle a été remise au public à la Fototeca de Cuba, située sur la Vieille-Place. À l étage de cette institution, il a été organisé une exposition d affiches qui montrent la présentation de ce projet dans divers pays et dans plusieurs régions italiennes. Les participants ont pu apprécier un modèle du symbole constitué de cymbales de batterie, utilisées par des enfants. Ainsi, le simple fait de participer à cet événement éveillait le désir d être le témoin d un tel phénomène. Certes, les pavés de la place de la Cathédrale ont reçu les échos d une énergie toujours bien accueillie, d une force immatérielle qui n accepte point l immobilité et qui tend à fonder des volontés et à établir celles-ci dans des endroits où elles deviennent indispensables. Là, le signe du Tercer Paraíso a germé à nouveau à partir de ces cymbales, utilisées, cette fois-ci, par des musiciens qui ont peuplé de sons leur structure. Le lendemain, Pistoletto se présente à la singulière église de Paula pour présenter la performance Thirteen Less Two, aux côtés de l Ensemble de musique ancienne Ars Longa et Teresa Paz, sa directrice. L œuvre tourne autour d une pièce de Luis Alberto Mariño. À la fin de la représentation, l artiste a, à coup de masse, cassé une série de grands miroirs, ce qui a provoqué un effet de surprise chez les spectateurs cubains. PAGE 22

ART Arte-Facto JUSQU AU 23 JUIN Bifurcaciones. Exposition collectif de trois groupes représentatifs du design industriel contemporain. Des artistes renommés participent à un projet qui aborde, une fois de plus, la ligne imprécise existant entre le design et l art. Centro Cultural Cinematográfico Icaic JUSQU AU 23 JUIN La primera colá. Pour la première fois dans le cadre d une Biennale de La Havane, le public pourra apprécier l œuvre des prix nationaux des arts plastiques de Cuba dans une seule salle. Centro Provincial de Artes Plásticas y Diseño Casa de Asia COMMENCE : 4 JUIN, 16 H Makuri Hirogeru. Exposition et performance (live-painting) d un groupe de jeunes artistes japonais d avant-garde qui absorbent l essence de Cuba et combinent leurs œuvres avec celles du célèbre graphiste Kiyoshi Awazu (1929-2009). Samedi, 6 et 20 juin, 13 h, Casa de Asia Atelier : Samedi, 6 et 20 juin, 15 h 30-17 h, Calle de Madera, Plaza de Armas Concert et Performance Dimanche, 14 juin, 17 h, Casa del ALBA Cultural Concert du guitariste Shin Sasakubo Casa del Benemérito de las Américas Benito Juárez JUSQU AU 23 JUIN Casa de la Obra Pía JUSQU AU 23 JUIN Galería Galiano JUSQU AU 23 JUIN Lo uno y lo múltiple. La conservation de cette exposition collectif est à la charge d Onedys Calvo et Susana García Pino et participe les artistes Alejandro Sainz, Daniel Rodríguez, Eduardo Leyva Herrera, Hanoi Pérez, Jesús Hernández (Güero), Julio César Peña, Marcel Molina, Orlando Montalbán, Osmeivy Ortega, Randy Moreno Limonta, Salomé García Bacallao, Simone García Bacallao, Yillian Marie Torres Gómez, Leo Canosa, Mauro Coca y La Marca Estudio-Galería. Arquitectura sin arquitectos. L artiste Sandra Calvo révèle une enquête sérieuse sur la vie dans le «solares» de La Havane. Territorios. Exposition collectif des 20 jeunes artistes. JUSQU AU 23 JUIN Complejo Morro- Cabaña JUSQU AU 23 JUIN Edificio de Arte Universal. Museo Nacional de Bellas Artes JUSQU AU 23 JUIN Mover la escena. La mode est le prétexte pour aborder des sujets contemporains qui régissent la société en tant qu espace de dialogue. Zona Franca. La plus importante exposition d art cubain organisée à ce jour. Œuvres récentes de plus de 200 artistes nationaux de différentes générations. Esthétiques et supports divers. Ruidos salvajes permet d apprécier plus de 90 pièces (de 1960 à nos jours) de la collection permanente du Musée d Bronx, avec des questions sur l identité, la vie urbaine et de la communauté. Los ardientes. Sergio Hernández, l un des principaux représentants des arts visuels mexicains, fait preuve de sa maîtrise de la peinture et des arts graphiques - manifestations qu il partage avec la sculpture, la gravure, la céramique et le dessin - et de sa préférence pour le chromatisme intense. Edificio de Arte Universal (exteriores) y vestíbulo del Centro de Información Antonio Rodríguez Morey Museo Nacional de Bellas Artes JUSQU AU 23 JUIN Los síntomas del engaño. Luis Enrique López nous montre dix poisons, élaborés scientifiquement à partir de plantes toxiques cubaines, destinés à dix artistes contemporains de l île. Affiches et vidéos qui documentent le procédé de fabrication font partie de la campagne publicitaire. Avec de tels amis, a-t-on besoin d ennemis? PAGE 23

Edificio de Arte Cubano. Museo Nacional de Bellas Artes JUSQU AU 23 JUIN Pintura. Tomás Sánchez. Douze tableaux originaux, pour la plupart grand format, où les paysages naturels alternent avec les dépotoirs, sujets préférés de ce grand maître des arts plastiques cubains qui n exposait pas ses œuvres au musée des Beaux-Arts depuis 30 ans. Tramas, de Gustavo Pérez Monzón. L artiste, qui a participé à Volumen I, exposition historique qui a marqué un jalon dans les arts plastiques cubains au cours des années 1980, nous offre 76 œuvres, El mapa del silencio. Exposition d Alexandre Arrechea, spécialement conçue pour le musée des Beaux-Arts, comprenant deux aquarelles grand format, une vidéo-projection, une tapisserie et une peinture murale de 25 mètres qui, de l avis de Corina Matamoros, commissaire de l exposition, tournent autour de «ce qui n a pas été dit mais qui est évident». Ping-pong cuadrícula. Cette exposition d œuvres de Wilfredo Prieto comprend aussi bien des pièces grand format que des miniatures. L artiste met l accent sur l emploi d objets quotidiens chargés de sens. Poesía pasajera. Raúl Cordero, pionnier de l art vidéo et de l installation vidéo à Cuba, propose une série de peintures, entamée en 2011 et encore inachevée. Malecón, desde Prado hasta el parque Maceo JUSQU AU 23 JUIN Dulce dolor. Carteles tatuados. Affiches originales de créateurs cubains, leur réinterprétation en tant que flashes pour l exécution de tatouages et le résultat obtenu par les artistes du salon de tatouages La Marca. Embajada de España JUSQU AU 23 JUIN Factoría Habana Estrictamente personal. Projet collectif. Conservatrice : Cirenaica Moreira. Photographies, vidéos, installations et performances des artistes Consuelo Castañeda, Marta María Pérez, Sandra Ceballos, Broselianda Hernández, Cirenaica Moreira, Glenda León, Grethell Rasúa, Susana Pilar Delahante et Mabel Poblet. JUIN Entropía, de René Francisco Rodríguez. Galería Artis JUSQU AU 23 JUIN Galería Habana JUSQU AU 20 JUIN Hotel Nacional. Sala Taganana JUSQU AU 23 JUIN The Mission, de Rocío García. Deconstrucción del horizonte, de Carlos Montes de Oca. Persistencia, de Roberto Fabelo. Crack. Exposition collectif de ouvres de Tonel, Ariamna Contino et Alex Hernández, Felipe Dulzaides, Iván Capote, Carlos Garaicoa, Roberto Fabelo, Yunier Hernández, Enrique Báster, Glenda León et Los Carpinteros. AB+C retrace la création de la génération de 70, qui comprenait Pedro Pablo Oliva, Arturo Montoto, Nelson Dominguez et Flora Fong, entre autres. Biblioteca Pública Rubén Martínez Villena JUSQU AU 23 JUIN Comercio, par Antonio Eligio Fernández (Tonel) Pabexpo. Sala D JUSQU AU 23 JUIN HB, Projet réussi comprenant photos, peintures, sculptures, performances, installations et dessins réalisés par 58 artistes, certains nouveaux, certains très connus, qui font appel à des conceptions aussi bien traditionnelles qu expérimentales : Roberto Fabelo, Manuel Mendive, René Francisco Rodríguez, Lázaro Saavedra, Los Carpinteros, Carlos Garaicoa, Kcho, Glenda León, Yoan Capote, Felipe Dulzaides... PAGE 24

PHOTOGRAPHIE Salón Del Monte. Hotel Ambos Mundos JUSQU AU 23 JUIN Proyecto Quinqué. Exposition de portraits par César Vilá, Carlos Vilá, Harold Ferrer, Benny López, Yailín Alfaro, Alejandro Vázquez, Beatriz Verde Limón et Ángel Vázquez. Expocuba. Pabellón de la Cultura JUSQU AU 1ÈRE SEPTEMBRE Miradas reveladoras. Panorama de moments historiques de la Révolution cubaine à partir de l œuvre de photographes excellents qui les ont enregistrés, dont Alberto Díaz Gutiérrez (Korda), Raúl Corrales, Osvaldo et Roberto Salas, Liborio Noval, Ernesto Fernández, José Agraz, Perfecto Romero et Luis Pierce. Sociedad Comunidad, Patrimonio y Medio Ambiente JUSQU AU 23 JUIN Palacio de Lombillo JUSQU AU 23 JUIN Cita con la niebla, de Rafael Omar Pérez. Estigmas, de Juan Suárez. Mapa de las formas inconclusas, de María Cienfuegos Leiseca. La llegada al fracaso d Antonio Margolles et Sombras encontradas de Néstor Martí. PAGE 25

DANSE Les Sylphides, Celeste & Carmen Sala Avellaneda. Teatro Nacional 20, 26 et 27 juin, 20 h 30 ; 21 et 28 juin, 17 h Représentations du Ballet Nacional de Cuba. Au programme : Les Sylphides, mise en scène d Alicia Alonso selon la version originale de Michel Fokine et musique de Chopin ; Celeste, chorégraphie d Annabelle López Ochoa et musique de Tchaïkovski, et Carmen, chorégraphie et scénario d Alberto Alonso, d après le roman de Prosper Mérimée, sur un livret de Henry Meilhac et Ludovic Halevy pour l opéra homonyme de Georges Bizet ; suite symphonique de Rodion Schedrin (musique originale de Georges Bizet).. PAGE 26

MUSIQUE FUSION CONTEMPORAINE ET ÉLECTRONIQUE Club Habana Party Photo Alex Mene La scène musicale électronique de fusion contemporaine s est fragmentée ces derniers mois alors que de nouveaux bars et clubs se sont ouverts et qu un certain nombre de promoteurs de soirées ont organisé des évènements dans des parcs et des endroits publics. Les bons endroits pour entendre de la musique en direct comprennent le Bertolt Brecht (mercredi: Interactivo, dimanche: Déjà-vu) et El Sauce (dimanche après-midi avec la Máquina de la Melancolía) et aussi la nouvellement ouverte Fábrica de Arte Cubano qui présente des concerts la plupart des soirs du jeudi au dimanche, de même que de plus petites performances impromptues à l intérieur. Dans le bouillonnant district du divertissement le long de la Première Avenue à partir du théâtre Karl Marx jusqu à l aquarium vous aurez l embarras du choix avec le toujours populaire Don Cangrejo mettant en vedette de la bonne musique live (Kelvis Ochoa et David Torrens alternent les vendredis), Las Piedras (occupé comme un fou à partir de 3heures), l El Palio et le Melem bar les deux mettant en vedette des chanteurs différents et des numéros dans des endroits plus petits et intimes. Barbaram Pepito s Bar DIMANCHES 17 h Discoteca Onda Retro Club Turf 20 JUIN 2 h Djoy Café Cantante, Teatro Nacional MARDIS 17 h MERCREDIS 17 h Raúl Paz Qva Libre Café Concert El Sauce Casa Victor Hugo JEUDIS 20 h Djoy Centro Hispano Americano de Cultura 20 JUIN 18 h Tesis de Menta DIMANCHES 17 h Café Corner JEUDIS 22 h 30 La Máquina de la Melancolía, avec Frank Delgado et Luis Alberto García Tesis de Menta Diablo Tun Tun SAMEDIS 23 h Fresa y Chocolate JEUDIS 21 h Gens Electronic music PAGE 27

Photo by Alex Mene SALSA / TIMBA Casa de la Música Habana LUNDIS MARDIS MERCREDIS SAMEDIS Piano Bar Tun Tun JEUDIS SAMEDIS 23 h Sur Caribe 23 h Adalberto Álvarez y su Son 17 h El Niño y La Verdad 23 h NG La Banda 17 h Bamboleo 23 h NG La Banda 23 h Manana Club Casa de la Música de Miramar LUNDIS MERCREDIS JEUDIS VENDREDIS DIMANCHES Jardines del 1830 VENDREDIS 22 h 23 h Sur Caribe 23 h Adalberto Álvarez y su Son 17 h Manolito Simonet 17 h El Niño y La Verdad 23 h NG La Banda 17 h Bamboleo Azúcar Negra SAMEDIS Le Select VENDREDIS 17 h 23 h Nesty y Presencia Light Grupo Moncada and their project Rueda de Casino Tercera y 8 MERCREDIS 23 h Alain Daniel Piano Bar Habaneciendo Salón Rojo del Hotel Capri DIMANCHES 23 h Juan Guillermo MERCREDIS 17 h Osaín del Monte JEUDIS 23 h Kye 2 VENDREDIS 23 h La Alianza PAGE 28

MUSIC JAZZ Jazz Café Calle 88A No. 306 e/ 3ra y 3ra A, Miramar. +53 (07) 209-2719 Ouverture à 2 h - Spectacles: 22 h 30-2h Mellow, sophisticated and freezing due to extreme air conditioning, the Jazz Café is not only an excellent place to hear some of Cuba s top jazz musicians, but the open-plan design also provides for a good bar atmosphere if you want to chat. Less intimate than La Zorra y el Cuervo located opposite Melia Cohiba Hotel. Café Jazz Miramar Ouverture à 2 h - Spectacles: 22 h 30-2h Ce nouveau club de jazz s est rapidement établi comme un des meilleurs endroits pour entendre jouer ensemble quelques-uns des meilleurs musiciens de Cuba. Oubliez les salles enfumées, celle-ci est propre, lumineuse --les clopes à l extérieur. Même s il est difficile d obtenir une cédule exacte attendez-vous à unhaut niveau d improvisation. Quand c est bon, c est très bon. Une maison à part entière est quelque chose comme une maison mixte quand, à certains moments, vous sentez que vous retenez votre propre silence, alors allez-y! De toute façon, il a notre approbation. Asociación Cubana de Derechos de Autor Musical 18 JUIN 18 h Alexis Bosch (pianiste) et Proyecto Jazz Cubano Jardines del teatro Mella 30 JUIN 17 h Zule Guerra (chanteuse et compositeur) et Blues D Havana UNEAC 11 JUIN 14 h La Esquina del Jazz. Hôte : le showman Bobby Carcassés PAGE 29

MUSIQUE BOLERO, FOLKLORE & TROVA Asociación Yoruba de Cuba Centro Memorial Martin Luther King, Jr. DIMANCHE 16 h Los Ibellis (groupe folklorique) 18 JUIN 16 h 30 Marta Campos Café Cantante, Teatro Nacional JEUDI 17 h SAMEDI 17 h Café Concert El Sauce 2, 9, 16, 23, 30 JUIN 21 h Café Teatro Bertolt Brecht 27 JUIN 16 h Casa del Alba 19 JUIN 16 h 18 JUIN 18 h Casa de la Cultura Comunitaria Mirta Aguirre 28 JUIN 17 h Casa de la Cultura de Plaza 13 JUIN 19 h Peña avec le trovador Ireno García. Marta Campos. Centro Cultural Habaneciendo DIMANCHES 3pm Casa Memorial Salvador Allende 26 JUIN 17 h Casa de la Música Habana DIMANCHE 17 h Elaín Morales Waldo Mendoza Plus Trova avec Charly Salgado et ses invitées. Rafael Espín et ses invitées Trovador Eduardo Sosa Peña El Canto de Todos, avec Vicente Feliú Filin with Fausto Durán and guests Peña La Juntamenta, avec le trovador Ángel Quintero. Yoruba Andabo El Jelengue de Areíto LUNDI 17 h MERCREDI 17 h JEUDI 17 h VENDREDI 17 h Hotel Telégrafo LUNDI 17 h Hurón Azul, UNEAC SAMEDI 21 h Pabellón Cuba VENDREDI 16 h SAMEDI 16 h Barbaram Pepito s Bar SAMEDI 22 h Fresa y Chocolate MARDI 21 h JEUDI 22 h 30 Son del Nene Trovando, a meeting with good trova. Conjunto de Arsenio Rodríguez Rumberos de Cuba Ivette Cepeda. Bolero Night Peña Tres Tazas avec le trovador Silvio Alejandro Peña Participo avec le trovador Juan Carlos Pérez Raúl Torres et Erick Sánchez alternent les samedis Peña de trova avec Richard Luis et Eric Méndez Centro Iberoamericano de la Décima 6 JUIN 15 h 28 JUIN 17 h Fernando Becquer Duo Ad Libitum El Jardín de la Gorda avec trovadores de chaque génération. PAGE 30