La rue Jean Bart à Hellemmes... Au n 118, une maison sans prétention. Pourtant elle porte témoignage d un parcours d humanité qui mérite une attention particulière. UN PEU D HISTOIRE La rue Jean Bart et «le 118» grandirent ensemble dès la fin du 19 ème siècle avec l industrialisation de Lille et sa région. Au début du 20 ème siècle, la rue comptait plusieurs filatures. La rue Jean Bart s animait fortement aux changements d équipes. Vers 1920. Devant le 118 rue Jean Bart, des ouvrières et ouvriers de la filature Lorent Lescornez. «Le 118» était un café-dineurs-logeurs appartenant aux Brasseries Dubus- Deffontaines, gravement endommagé par les bombardements alliés. Julienne Lenoir dit «Juju» et Victor Debaes dit «Totor» squattaient l estaminet du 118, encore balafré par la guerre. Un soir de janvier 1948, un homme poussa la porte de 118. Jacques Scrépel était ouvrier aléseur à l Usine de Fives, toute proche. Très rapidement, un lien d amitié se nouait entre eux. Avec l accord du propriétaire, «Le 118» devenait aussi, la maison de Jacques Scrépel à la condition qu il réalise les travaux de réfection du bâtiment. «Juju» et «Totor» comprenaient assez vite qu ils avaient à faire à un prêtre. Peu à peu, dans la rue comme à l Usines de Fives, il était convenu d appeler Jacques le Prêtre- Ouvrier. Il travaillait à l usine et vivait les difficultés des ouvriers
L après-guerre, apportait bien sûr cette joie que l on devine. Pourtant, les réalités de la vie quotidienne s imposaient durement aux plus faibles. L entraide entre les gens du quartier devenait vitale. Beaucoup de vieilles personnes sont dans le besoin ainsi que des veuves avec enfants. «Juju», «Totor» et Jacques devinrent alors les premiers de cordée d une chaîne de solidarité et d humanité. Ils décidèrent de réanimer l association «La Commune Libre de la rue Jean Bart» créée au début du 20 ème siècle. Son objectif était de tisser des liens d humanité et d apporter aides et soutiens aux familles en difficulté de vie en toute indépendance vis-à-vis du patronat et des pouvoirs politiques. Tout naturellement, frère-jacques pour certains ou Jacques-tout-court pour le plus grand nombre, apportait son énergie au mouvement de solidarité ouvrière qui se développait dans la rue Jean Bart et aux alentours. Mais il fallait trouver les moyens de concrétiser l entraide. Ainsi, des fêtes populaires et des expositions de peintures étaient organisées en juillet et août à partir de 1950 jusqu aux années 70. Jacques Scrépel (à gauche) et Claude Pérus (président de l association de la Commune Libre de la rue Jean Bart et adjacentes). 1950 Ainsi, ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n y croyaient pas, décidèrent d unir leurs efforts au service des plus faibles. Afin de renforcer cette action envers les plus faibles parmi les habitants du quartier et les ouvriers des usines, le frère Jacques travaille dès lors à la constitution d une «Communauté des Prêtres-Ouvriers Dominicains» avec le soutien actif des habitants du quartier. Exposition du peintre Georges Rouault organisée par Jacques Scrépel en 1951
Ainsi, à partir de 1948, au cœur de ce quartier ouvrier d Hellemmes, «Le 118» devenait la maison de la Communauté des Prêtres-Ouvriers dominicains d Hellemmes. Jacques SCREPEL était rejoint en 1949 par Jean LEGENDRE suivi en 1952 par Charles QUENEAU, en 1955 par Joseph ROBERT et en 1966 par Michel PERRET. Ils étaient prêtres dominicains qui avaient choisi de vivre la condition ouvrière à Hellemmes. Pour eux, vivre et agir avec leurs frères ouvriers et citoyens, c était mettre en actes la parole de Jésus. Il en fallait du courage à ces hommes, surtout quand le Pape décida d interdire aux prêtres de travailler en usine. A partir de 1954 et de cet interdit long d une dizaine d années, ils ont maintenu l existence de la Communauté du 118. Pour vivre, ils faisaient des petits boulots, clandestinement, puisque l usine leur était interdite. En 1964, cette interdiction était levée et ils reprirent le chemin des usines au milieu de leurs frères d humanité. L engagement syndical et citoyen était une évidence pour eux. Là où ils travaillaient, ils agissaient pour la justice sociale et la solidarité. Là où ils vivaient, ils demeuraient prêtres avant tout et agissaient pour la Paix et le désarmement, pour la défense des droits des veuves et retraités, pour la satisfaction des besoins élémentaires pour les plus humbles d entre nous. D une manière générale, ils pensaient être en phase avec Jésus en étant de tous les combats sociaux et humanistes de leur temps. Jacques Scrépel en 1964 à Rome à l occasion du 3 ème Concile. Il était venu défendre le choix des prêtres ouvriers de retourner travailler en usine.
Frère Charles Queneau, en 1993, lors d un congrès de l Union Nationale des Retraités et Pensionnés.
Michel Perret, dernier Prêtre-Ouvrier d Hellemmes, est décédé le 27 février 2014. La grande table en bois résonne encore des paroles du frère dominicain, du théologien, du communiste, de l ouvrier, du chrétien, du philosophe, du voisin dans le besoin, du combattant de la Paix, de l artiste, de l Evêque, du sans-logis, de la personne immigrée, du chercheur, du syndicaliste, du poète, du citoyen quoi
Avec la disparition de Michel Perret, la communauté s est éteinte. Une page singulière de l histoire des hommes demande à être découverte par nos contemporains. L histoire de plus de 70 ans de la maison du 118 rue Jean Bart porte témoignage de ce que chaque être humain conserve au plus profond de lui-même; cette spiritualité qui nous fait plus grand. Nous pensons que cette maison, «Le 118» ne peut demeurer silencieux. Elle doit continuer à poser des actes d humanité dynamiques et modernes. Dans le même temps, la maison contient une richesse historique remarquable. Des documents écrits, des photographies et des témoignages audio encore inexplorés par les historiens, chercheurs et citoyens. L achat de la maison du 118 c est fait! L association «Les Amis du 118» s est créée en 2001 après le décès de Charles Queneau. Michel Perret demeurait le dernier Prêtre-Ouvrier. Il était locataire au 118. La question de son maintien dans la maison se posait, d autant que celle-ci était mise en vente. Œuvre de François OLIVER «Les Amis du 118» décidèrent de lancer un appel aux dons pour l achat de la bâtisse. En 3 mois, la somme nécessaire était collectée grâce à quelques 500 donateurs. Nous leur adressons encore nos plus vifs remerciements. Ouf! Michel était assuré de pouvoir demeurer au 118. Il y avait même un surplus d argent. Il était bienvenu car il fallait restaurer la toiture.
Le projet La maison possède 2 étages. Afin d assurer une permanence, le 2 ème étage sera occupé par un ancien salarié de la filature Mossley d Hellemmes toute proche. Ainsi, l accueil sera assuré. Au 1 er étage, nous réaliserons deux chambres destinées à l accueil de chercheurs, artistes, jeunes de passage ou autre visiteurs. Les commodités sont à réaliser. La troisième pièce sera un lieu de lecture-bibliothèque et d étude dans lequel sera conservé l oratoire des prêtres-ouvriers dominicains. Des rencontres culturelles diverses seront organisées. Enfin, comme c était le cas à l époque des Prêtres- Ouvriers et jusqu à ce jour, diverses associations et collectifs continueront à tenir leurs réunions, débats et permanences au 118. Nous lançons un appel aux dons Notre volonté est de conserver le rez-de-chaussée en l état avec un simple rafraîchissement. Pour l ensemble du bâtiment, des travaux de mise en conformité aux normes d hygiène et de sécurité sont indispensables. La maison a besoin de travaux d isolation et d électricité et de peinture. Les portes et fenêtres doivent également être changées en prenant soin de respecter l aspect historique de la devanture au rez-de-chaussée. Le coût est estimé à 40 000 euros.
Pour que l aventure humaniste du «118» continue Chèque à l ordre de «Les Amis du 118» A envoyer 118 rue Jean Bart 59260 Hellemmes Téléphone / répondeur de l association 03 20 56 44 23 lesamisdu118@gmail.com Téléphone secrétariat Marc 06 33 10 49 08 sinkie59@gmail.com Présidente de l association Yveline Redlich yvelineredlich@gmail.com Merci de bien vouloir nous communiquer vos adresses postale et / ou électronique. Ainsi, nous vous informerons de l évolution du projet. Le Conseil d Administration «Les Amis du 118» Yveline Redlich (Présidente) Christian Colard (Président honoraire) Lucien Vivant (Prêtre-Ouvrier Trésorier) Marc Sinkiewicz (Secrétaire) Stéphanie Colmant (Présidente du Camping du Vieux Moulin à Ponches) Jean-Pierre Mérimée (Prêtre-Ouvrier Dominicain) Marie-Thérèze Vandekerchove Georgette Descryver (La Communauté Chrétienne d Hellemmes) Clémence Le Coutour, Maëlle Daniaud et Violaine Steinmann (Petite cousine, petites nièces de Michel Perret) Julien Bucci Roselyne Casier (Paroisse d Hellemmes) Marie Némo.
A partir de 1950, tradition dans la rue Jean Bart à Hellemmes était d élire le Maire de la rue et de désigner son Garde Champêtre.
Document original de la 1 ère Communion de Jacques Scrépel 13 mai 1920