Charte de bonnes pratiques

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Reconstitution des forêts publiques du plateau landais après la tempête Klaus Charte de bonnes pratiques mai 2011 Agence Landes Nord-Aquitaine Direction territoriale Sud-Ouest Communes forestières

Office national des forêts, 2011 Ce guide a été imprimé sur papier certifié PEFC Réalisation, mise en page et impression : imprimerie ONF de Fontainebleau - Référence ONF du document : 8945-11-GUI-STR-001 Photos de couverture : ONF-B.Daubet, Jacques Hazera et ONF-D.Canteloup

INRA CAFSA Reconstitution des forêts publiques du plateau landais après la tempête Klaus Charte de bonnes pratiques mai 2011 Agence Landes Nord-Aquitaine Direction territoriale Sud-Ouest Communes forestières

Préface Le 24 janvier 2009, une terrible tempête ravageait le Sud-Ouest de la France. Plus de 200 000 ha du massif résineux du plateau landais furent dévastés, des millions d arbres cassés ou déracinés. Dans les mois qui ont suivi, une pullulation d insectes ravageurs provoquait la destruction de millions d arbres supplémentaires et aujourd hui, l éventuelle arrivée du nématode de pin sur le massif, suscite des interrogations. Les experts réunis à la demande de l État quelques mois après la tempête (GIP-ECOFOR) puis quelque temps après (rapport d expertise sur l évaluation des risques biotiques DSF-INRA) ont confirmé qu à ce jour, le pin maritime paraissait rester l essence de base de la reconstitution, mais ils indiquaient aussi qu il était indispensable de mettre en œuvre partout où cela était possible, en fonction des enjeux, une diversification des essences pour reconstruire les peuplements détruits. La Région Aquitaine a quant à elle commandé à l INRA une étude prospective à l horizon 2050 intégrant le réchauffement climatique. Au milieu du siècle dernier, Henri Perrin dans son traité de sylviculture (École Nationale des Eaux et Forêts, 1964) consacrait déjà un chapitre à l avenir du massif landais et écrivait : «jusqu à une date récente, les inconvénients de la monoculture du pin maritime ne s étaient guère manifestés et en dépit des avertissements, certains voulaient considérer la forêt landaise comme garantie de ces calamités qui frappent périodiquement les grands massifs artificiels de pins sylvestres ou d épicéas de l Europe Centrale. Mais à la suite des abus d exploitation de la guerre et des énormes incendies survenus de 1943 à 1949 et à la pullulation d une dizaine d espèces d insectes parmi lesquels les redoutables Ips qui ont causé d énormes ravages Il y a lieu de profiter de la reconstitution des surfaces dévastées pour installer un boisement moins éloigné de la nature et plus résistant que l ancien en faisant un large emploi des feuillus» Le défi lancé par Henri Perrin est donc toujours devant nous et il appartient sans doute aux élus des communes forestières et aux gestionnaires des forêts publiques d être moteurs pour qu il soit enfin relevé. La loi assigne en effet d autres missions que la production de bois aux forêts publiques et les enquêtes d opinion montrent que les citoyens considèrent la forêt comme un bien commun dont ils connaissent l importance au plan écologique et où ils apprécient de pouvoir exercer une partie de leurs loisirs. Il nous appartient de répondre à ces attentes tout en cherchant à produire partout où cela est possible du bois - éco-matériau - et produits annexes - bois papier et bois énergie - de manière durable, afin que les industries existantes ou à venir, et leurs emplois, puissent se développer. Le travail de reconstitution du massif du plateau landais est à la mesure de la catastrophe, colossal! C est pourtant une tâche exaltante qui nécessitera du temps, des moyens et surtout des hommes. Ce document pose les bases de notre action pour les années à venir. Il concerne essentiellement le plateau landais. Il ne doit pas pour autant nous faire oublier la diversité de la forêt landaise, avec ses chênaies de l Adour ou ses ripisylves. C est plus que jamais par une gestion multifonctionnelle des forêts publiques que nous pourrons relever ce défi d une reconstitution durable. Président de l Association Départementale des Communes Forestières des Landes Directeur Territorial de l Office National des Forêts Sud-Ouest Président de l Association Départementale des Communes Forestières de Gironde Pierre DARMANTE Yves DUCOS Bernard Philippe LACOSTE

4 Sud-Ouest - Charte de bonnes pratiques - mai 2011 La préparation de la reconstitution La préparation de la reconstitution Sommaire Chap 1 - LA PRÉPARATION DE LA RECONSTITUTION p.8 Cartographier et diagnostiquer les parcelles à reconstituer p.8 Définir les objectifs et planifier p.8 - Disposer d une garantie de gestion durable p.9 - L aménagement forestier p.9 Des modifications ou prorogations des aménagements forestiers p.9 Des formules d aménagements adaptés et standards p.9 - Analyser les potentialités de stations p.9 - Présenter au propriétaire une offre technique élargie Chap 2 - LES AXES STRATÉGIQUES p.10 Le contexte général p.10 Le cas particulier du pin maritime sur le plateau landais p.11 Axes de réflexion pour la reconstitution p.11 - Une forêt plus stable p.11 - Une forêt plus diversifiée p.11 - Une reconstitution protégée Chap 3 - LES RECOMMANDATIONS p.12 3.1 Une reconstitution adaptée aux enjeux p.12 - Les objectifs p.13 - La non-reconstitution systématique, un acte de gestion p.13 Conserver les arbres sur pied p.13 Pas de reconstitution dans les peuplements touchés à moins de 40 % p.14 Pas de reconstitution dans les espaces de faible surface p.14 Identifier les espaces sans vocation forestière de production p.15 3.2 Une reconstitution pour une forêt plus stable p.15 - Les recommandations pour une forêt plus stable p.15 Conserver et conforter les lisières forestières p.15 Raisonner la fertilisation p.15 Assurer un assainissement et un travail du sol adapté p.16 Limiter le travail du sol lors des entretiens p.16 Ne pas reconstituer les sols superficiels p.17 S appuyer sur la dynamique naturelle des peuplements 6

Sud-Ouest - Charte de bonnes pratiques - mai 2011 SOMMAIRE p.17 Améliorer la technique de plantation p.17 Prendre en compte la conduite des peuplements en éclaircies dynamiques p.17 Introduire en pré-développement l hybride Landes x Corse (LC2) en plantation p.18 Sinterroger sur le prédéveloppement du pin taeda p.19 3.3 Une reconstitution pour une forêt plus diversifiée p.19 - La diversification des essences et des peuplements p.20 - Recommandations pour une forêt plus diversifiée p.20 Favoriser la diversité des essences p.21 Conserver, valoriser et conforter les feuillus p.21 Conserver des clairières et des trouées p.22 Favoriser la régénération naturelle des essences en station p.22 Protéger les milieux et espaces naturels remarquables p.23 Conserver des arbres isolés p.24 Intégrer la gestion des paysages dans la reconstitution p.24 3.4 Une reconstitution protégée p.24 - Préserver les régénérations p.24 Anticiper l hylobe p.25 Prévenir le fomès p.26 Surveiller le nématode et son insecte vecteur p.26 - Maîtriser les ongulés et protéger les régénérations p.27 Tendre vers une gestion cynégétique durable p.27 Réguler efficacement les populations Chap 4 - TABLEAUX DES ITINÉRAIRES DE RECONSTITITION Chap 5 - FICHES TECHNIQUES DE RECONSTITITION p.33 Fiche n 1 - Plantation d enrichissement en feuillus à faible densité p.34 Fiche n 2 - Renforcement de la biodiversité p.35 Fiche n 3 - Régénération naturelle du pin maritime en lande p.36 Fiche n 4 - Travaux préparatoires au reboisement p.37 Fiche n 5 - Semis artificiel de pin maritime p.38 Fiche n 6 - Plantation de résineux 7

1 Sud-Ouest - Charte de bonnes pratiques - mai 2011 La préparation de la reconstitution La préparation de la reconstitution La mise en œuvre de la reconstitution est l aboutissement d un processus qui découle de : la cartographie et du diagnostic des dégâts ; l analyse des potentialités de la station et des risques ; la volonté du propriétaire qui décide des orientations à prendre ; la disponibilité en moyens techniques, financiers et humains ; la mise à jour des aménagements forestiers. Cartographier et diagnostiquer les parcelles à reconstituer Tant pour définir les objectifs de reconstitution, les priorités d intervention, les itinéraires techniques et les moyens, que pour constituer les dossiers d aides financières et mettre en oeuvre les travaux, la cartographie et la description des dégâts par parcelle sont indispensables. (Canopé ONF) Parcelles endommagées par la tempête Définir les objectifs et planifier Disposer d une garantie de gestion durable D après la circulaire DGPAAT / SDFB / C2009-3021 du 05 mars 2009 : «L existence d une garantie ou présomption de garantie de gestion durable au sens de l article L.8 du code forestier, constitue un préalable à l attribution de l aide. À défaut, le bénéficiaire s engage à fournir cette garantie dans un délai de deux ans, sous peine de remboursement de l aide.» Pour bénéficier des aides au nettoyage ou à la reconstitution, la forêt doit être dotée d un aménagement en vigueur. A défaut, la commune (donc l ONF en forêt publique) doit réaliser l aménagement dans un délai de 2 ans à compter de la date d attribution de l aide. «L obligation de présenter une garantie de gestion durable porte sur toute la durée des engagements propres au dossier et pris par le bénéficiaire de l aide, sans discontinuité.» 8

Durant les cinq ans (durée d engagement), la forêt doit être dotée en permanence d un aménagement. Par conséquent, si l aménagement arrive à échéance durant cette période, celui-ci doit être renouvelé avant la date d échéance pour assurer une continuité de gestion. L aménagement forestier La démarche d aménagement forestier reste le processus clé pour : inscrire la reconstitution de chaque forêt dans une réflexion participative et globale ; arrêter des choix de gestion clairs ; fixer des priorités d interventions ; évaluer les moyens nécessaires ; disposer d une garantie de gestion durable pour bénéficier des aides. Des modifications ou des prorogations d aménagements forestiers Pour les forêts fortement touchées par la tempête Klaus, deux cas se présentent : L aménagement est en vigueur durant toute la période d engagement, mais la programmation de coupes et de travaux est fortement perturbée et doit être entièrement revue par un modificatif de ce programme ; L aménagement est caduc juste avant la tempête ou au cours de la période d engagement : une prorogation de cinq ans a été conçue par l ONF pour estimer rapidement l état des peuplements et proposer sur une période de cinq ans, un programme de coupes et de travaux, évalués en surface avec indication des années de réalisation. La trame de ces prorogations a été validée par la DRAAF. Des formules d aménagements adaptés et standards Les forêts communales, fortement touchées par la tempête, qui n auraient pas d aménagement en vigueur et qui souhaiteraient être reconstituées avec l aide financière de l État, doivent se doter d un aménagement dans les deux ans. L ONF propose de nouvelles formules d aménagement, fonction des enjeux : du plus simple appelé «aménagement adapté simplifié» au plus complet appelé «aménagement standard classique». À noter que les vagues d attaques de scolytes en cours perturbent la prévision. Certains peuplements, jusqu alors épargnés par la tempête, sont ou seront sinistrés et à reconstituer. Analyser les potentialités des stations Que ce soit en régénération naturelle ou artificielle, la recherche de la bonne adéquation des essences à la station est fondamentale et impérative. Lorsque les cartographies des stations ou les études de potentialités n existent pas, il faut alors réaliser, sur les espaces à reconstituer, les études de terrain, qui contribueront au bon choix des essences objectif. On ne doit pas faire l économie de cette étape essentielle sauf reconduction des essences en place qui ont démontrées leur bonne adaptation à la station. Présenter au propriétaire une offre technique élargie Par une diversification des itinéraires de reconstitution, nous souhaitons élargir chaque fois que possible l offre technique faite aux communes forestières du plateau landais : par une palette d itinéraires techniques de reconstitution diversifiés et «réversibles» (dont les objectifs de production sont révisables) ; par une nécessaire prise en compte de la biodiversité : espaces ouverts, lagunes, landes, ripisylves, lisières et bouquets feuillus (trame verte et bleue) ; par la prise en compte des paysages et autres enjeux sociaux. Les types de landes 9

2 Sud-Ouest - Charte de bonnes pratiques - mai 2011 Les axes stratégiques Les axes stratégiques Le contexte général La stratégie de reconstitution des forêts publiques suite aux tempêtes de 1999 a fait l objet d un guide (ONF, juillet 2001) qui ouvrait la voie de sylvicultures moins interventionnistes que par le passé en tirant mieux parti de la régénération naturelle, des dynamiques de la végétation, de la diversité biologique pour façonner des peuplements de qualité. Ces préconisations générales pour les forêts publiques doivent toutefois être appliquées avec discernement en les adaptant aux enjeux économiques, écologiques et sociaux du contexte local du plateau landais. Le cas particulier du pin maritime sur le plateau landais Si ces préconisations générales peuvent être appliquées aux forêts de pin maritime des dunes littorales, le cas particulier du plateau landais et de sa sylviculture nécessite une déclinaison spécifique adaptée au contexte édaphique, climatique et historique de cette forêt «cultivée». Très sec Sec Assez sec Assez frais Frais Assez humide humide Mouillé xx x mx mf f h hh H AA A aa a n b Très acide Acide Assez acide Peu acide Neutre Calcaire Stations favorables au pin maritime DC - d après Flore Forstière Française INRA «Arbre plus» sélectionné en forêt 10

Axes de réflexion pour la reconstitution Pour la reconstitution du plateau landais, notre analyse est la suivante : le bilan des études menées après les tempêtes de 1999 ne permet pas de proposer de recette miracle : si la vitesse du vent est supérieure à 140 km/h, toutes les sylvicultures sont affectées ; il n y a pas de consensus sur l augmentation du risque de vent fort en France, mais par contre les scénarios du changement climatique prédisent une accentuation du contraste saisonnier des précipitations : sécheresses et canicules plus graves et plus fréquentes en été et excès de précipitations en hiver pouvant générer des perturbations sur les peuplements forestiers ; si le pin maritime reste l essence principale et autochtone la mieux adaptée au contexte édaphique et climatique du massif landais, il est nécessaire de préserver et de conforter, chaque fois que possible, une diversification des essences et un choix le plus large possible des itinéraires de reconstitution. la conservation des clairières et trouées de petites surfaces ; la préservation des îlots feuillus et du sous-étage. Les recommandations ci-après sont proposées par l ONF aux collectivités propriétaires qui restent libres des choix techniques à retenir. Tous les projets de reconstitution contiendront des îlots de diversification Les axes de la stratégie de reconstitution sont de façonner une forêt productive plus stable et plus diversifiée et de protéger les reboisements. Une forêt plus stable Les façons culturales peuvent améliorer la stabilité et la résistance des arbres aux effets du vent : par la recherche d un ancrage optimum dès la phase de reconstitution : semis, dimension des godets, qualité racinaire des plants, fertilisation, assainissement, travail du sol et entretiens ; par une meilleure protection spatiale des peuplements (lisières, sens des lignes de semis ou plantations, échelonnement des âges, dimension des damiers). Une forêt plus diversifiée Cette forêt productive plus diversifiée est le meilleur moyen de prévention des problèmes sanitaires présents (scolytes, chenille processionnaire) ou à venir (nématode ). Jacques Hazera Cône et semis de pin maritime La nécessaire recherche de diversification (mode de régénération, choix des essences, protection des milieux ) - certes limitée par les contraintes pédoclimatiques du plateau landais - concernera toutefois de multiples stations ou sites qu il conviendra de bien identifier : les stations peu favorables à une sylviculture intensive ; les stations favorables à une diversification des essences ; les sites comprenant des habitats naturels et/ou des espèces d intérêt communautaire ; les zones humides et les corridors (forêts-galeries des cours d eau) ; Une reconstitution protégée Afin de protéger les reconstitutions des risques sanitaires et des cervidés, les pratiques préventives sont énumérées dans ce chapitre. n 11

3 Sud-Ouest - Charte de bonnes pratiques - mai 2011 Les recommandations Les recommandations Vers une compensation financière de la diversification? La forêt landaise, souvent pensée comme une forêt de production, sans autres enjeux environnementaux et sociaux réellement identifiés, est en réalité investie de bien d autres fonctions. Les services environnementaux rendus à la société par la forêt sont bien connus (lutte contre le changement climatique, amélioration de la qualité de l eau, réservoir de biodiversité), mais n entrent pas dans la comptabilité de notre modèle économique. Lors de la reconstitution, certains propriétaires, souhaiterons, à côté du pin, reboiser avec des espèces locales peu ou pas rémunératrices (chênes...). Cette action de diversification bénéfique à l ensemble du massif et de la société, peut être aidée à l installation, mais ne produira que peu ou pas de revenu. Le manque à gagner peut être un frein à la diversification du massif. Le modèle traditionnel selon lequel la fonction productive finance le maintien des autres fonctions (environnementales et sociales) semble de plus en plus reconsidéré, autant en forêt privée que publique. La Loi d Orientation Forestière de 2001 fait explicitement référence à des conventions assorties de compensation pour «services rendus». Il est souhaitable qu à terme, les services rendus par la forêt fassent l objet de compensations financières payées par la collectivité bénéficiaire. 1 SRA, 2006 : Schéma Régional d Aménagement applicable aux forêts des collectivités du Plateau landais ; 106 p. ; Arrêté ministériel du 12 juillet 2006 3.1 Une reconstitution adaptée aux enjeux La reconstitution des massifs détruits doit prendre en compte les multiples fonctions des forêts et, en particulier, assurer la production des biens et des services attendus par la société (voir encadré de gauche). Les objectifs Comme par le passé, et conformément aux documents de cadrage des aménagements (SRA, 2006) 1, les forêts publiques du Plateau landais conserveront un objectif prédominant de production de bois d œuvre de qualité et de production intermédiaire de bois d industrie. De plus, pour répondre à une demande croissante en bois-énergie, des itinéraires semi-dédiés bois-énergie et bois d œuvre seront proposés. Ces nouveaux itinéraires seront également adaptés au fur et à mesure des expérimentations réalisées (voir encadré ci-dessous). Les peuplements semi-dédiés au bois-énergie Les peuplements semi-dédiés ont pour objectif la production de bois destiné à la fabrication d énergie (plaquettes forestières pour les chaudières industrielles et chaufferies collectives notamment) et de bois d œuvre destiné à la fabrication de parquet, de lambris, d éléments de charpente. Le sylviculteur doit donc, produire le plus de biomasse possible, sans compromettre la production de bois d œuvre et la fertilité des sols. Actuellement, ce sont des plantations de pin maritime installées au double de la densité initiale standard (soit 2500 plants/ha) afin de prélever avant la première éclaircie, la moitié des tiges pour produire des plaquettes forestières Les plantations suivent des schémas principaux en simple ligne et en doubles lignes. Le schéma en simple ligne est abandonné, car il présenterait de futures difficultés d exploitation lors de la récolte de biomasse. L ONF étudie un itinéraire semi-dédié par voie de semis de pin maritime dont les caractéristiques ne sont pas encore définies. Dans tous les cas, on manque aujourd hui de connaissances techniques, économiques et environnementales pour pouvoir garantir un bilan positif de ces d itinéraires au propriétaire. 12

limiter les remontées du plan d eau dans les stations hydromorphes ; conserver des zones refuges pour la faune ; conserver des éléments de diversité et d hétérogénéité du milieu ; maintenir un sous-bois feuillu si celui-ci existe ou s installe ; maintenir une diversité des paysages. ONF - D. Canteloup Semis naturel sur lande sèche ONF SRA Plateau Landais Cet objectif de production pour reconstituer cette ressource de bois «eco-matériau» doit toutefois rester compatible avec d autres enjeux qui peuvent être localement prioritaires : de la biodiversité, de l accueil du public, de la protection de l eau, des paysages, qui répondent aussi à des attentes fortes de la société. La non-reconstitution systématique, un acte de gestion Conserver les arbres sur pied Les peuplements touchés par la tempête avec des dégâts modérés (<40%) ont fait la preuve de leur stabilité. Il importe donc, même clairs, même sous forme de bouquets ou parquets de les conserver et, généralement, de ne pas y faire de coupes à court terme, sauf motif de sécurité ou sanitaire, pour : conserver les arbres de lisière particulièrement résistants au vent afin de conserver un abri latéral pour les futures régénérations ; éviter d accroître la quantité, déjà importante, de rémanents au sol ; éviter tout investissement inutile de reconstitution ; maintenir des semenciers pour une régénération naturelle dans les stations où elle est possible et souhaitée ; ONF - D. Canteloup Pas de reconstitution dans les peuplements touchés à moins de 40 % Dans les peuplements où le volume des dégâts est inférieur ou égal à 40 % du volume sur pied initial, les chablis - s ils sont assez régulièrement répartis - sont alors assimilés à une forte éclaircie aléatoire dont les impacts seront atténués et corrigés avec le temps. Les surfaces conservées doivent être suffisamment grandes pour constituer des unités de gestion (> 1 ha). Dans certain cas (notamment pour atteindre un équilibre des revenus), le seuil de dégâts de 40 % pourra être relevé (jusqu à 60 %) pour conserver plus de peuplements, et les mener en sylviculture claire, à condition que les arbres soient variables. Chablis à moins de 40 % 13

Sud-Ouest - Charte de bonnes pratiques - mai 2011 Les recommandations - Une reconstitution adaptée aux enjeux Pas de reconstitution dans les espaces de faibles surfaces Il ne paraît pas opportun, pour des raisons économiques, de reboiser lorsque la surface détruite est inférieure ou égale à 1 ha, sauf demande spécifique liée à l accueil du public par exemple, ou encore à la volonté du propriétaire. Cette disposition contribuera également à augmenter la biodiversité. Identifier les espaces sans vocation forestière de production Toutes les zones détruites n ont pas à être reconstituées systématiquement. Il faut identifier : les milieux naturels, souvent remarquables (lagunes, landes ouvertes ) ou renfermant des espèces pionnières particulièrement rares, qu il convient de ne pas reboiser, mais au contraire de préserver ou de conforter ; les stations pas ou peu productives, et généralement peu favorables aux peuplements forestiers, du fait - de sols trop superficiels ou d horizons indurés (alios ), - d une hydromorphie permanente trop proche de la surface, - de caractéristiques impropres à une bonne croissance des arbres ; les espaces forestiers qui ont été touchés par la tempête et qu il convient de laisser ouverts compte tenu de leur histoire, de la demande sociale (élus, associations, ONF - D. Canteloup scientifiques ) ou de la politique d aménagement du territoire (schéma directeur, réglementation de boisement, charte du Parc ) ; les sites d accueil du public qui nécessitent un traitement particulier. Dans ces situations, la décision du propriétaire de ne pas reconstituer se justifiera sur le plan écologique, technique, économique, paysager et d accueil du public. Quercus palustris malvenant sur sol très hydromorphe 14

3.2 Une reconstitution pour une forêt plus stable Une forêt stable est une forêt résistante aux vents forts. La stabilité dans le temps et dans l espace est indispensable à la forêt pour s établir, croître et fournir tous les biens, produits et services attendus par la société. Les recommandations pour une forêt plus stable sont de : Conserver et conforter les lisières forestière Il est important de conserver les lisières de toutes natures : en composition (pins et/ou feuillus), en structure (plus ou moins étagées, progressives ou perméables), en âge (régénération, arbustes, arbres), etc. La plantation peut être réalisée par enrichissement en densité et en introduction d essence feuillue dans les formations préexistantes. Les essences autochtones (chêne pédonculé, chêne tauzin, bouleau verruqueux, châtaignier ) sont à privilégier. Raisonner la fertilisation Le mécanisme responsable de la sensibilité au vent des peuplements fertilisés est l accroissement inégal en proportion de la biomasse aérienne et racinaire, créant d une part un déséquilibre des arbres et, d autre part, une augmentation de la prise au vent. Elles ont prouvé leur stabilité, même si elles sont claires avec des arbres abîmés, et constituent un abri potentiel pour le peuplement futur. Outre la conservation des lisières existantes ayant résistées à la tempête, il faut veiller à ce que des lisières se mettent en place progressivement autour des nouveaux peuplements et des forêts, car elles peuvent augmenter de façon très significative leur stabilité face aux vents violents. CAFSA Epandage d engrais Elles peuvent favoriser également le maintien d ennemis naturels permettant de réguler les populations d insectes ravageurs. Les conseils suivants peuvent être donnés : Laisser s exprimer la dynamique naturelle spontanée en lisière S appuyer sur la dynamique naturelle pour que se mettent en place un ourlet forestier et un manteau arbustif, à l intérieur duquel s installeront des essences pionnières (y compris le pin maritime) et nomades sur le long terme. Cela nécessite en cas de reboisement du peuplement principal, de laisser une bande non boisée suffisamment large (10 à 20 m) pour que la lisière se mette en place. La création de lisière par plantation protégée est aléatoire et coûteuse. On s appuiera sur des éléments végétaux préexistants ou potentiels (accrus et recrus). Prévoir, si nécessaire, la plantation d essences feuillues en lisière Si l installation spontanée est trop lente, une plantation à large espacement d essences adaptées à la station pourra être envisagée. La fertilisation phosphatée pratiquée dans les Landes de Gascogne a un effet fragilisant jusqu à la fermeture du couvert. En peuplement fermé, la fertilisation confère au peuplement davantage de résistance par contact entre les houppiers. Néanmoins, aux doses où elle est pratiquée (< 80 unités), la fertilisation phosphorique n entraîne pas d élévation sensible aux risques. Il est rappelé que la fertilisation est inefficace sur landes sèches, mais qu elle permet un gain de croissance juvénile sur landes humides. Assurer un assainissement et un travail du sol adaptés L assainissement permet d augmenter la profondeur de prospection des racines de structure dans les zones engorgées. Il ne doit pas être trop profond afin de ne pas faire trop baisser la nappe en été, plus encore dans une perspective de réchauffement climatique. Le travail du sol est indispensable dans un contexte de forte concurrence herbacée en lande humide à molinie pour l installation du peuplement. 15

Sud-Ouest - Charte de bonnes pratiques - mai 2011 Les recommandations - Une reconstitution pour une forêt plus stable Il se pratique couramment, par un labour profond en bandes dit «à moitié», complété, 2 à 3 ans après installation du peuplement, par un travail du sol des interlignes. Le labour en plein initial est peu pratiqué. Pourtant, afin de favoriser l enracinement superficiel traçant du pin maritime, il est fortement recommandé de pratiquer un labour en plein. Les racines traçantes constituent un haubanage du pin résistant aux vents forts. Le labour en plein évite de compléter le travail du sol sur l interligne non labouré initialement. Cette reprise endommage définitivement les racines traçantes qui assurent la stabilité des jeunes peuplements installés. En cas de labour en bandes (sur landes sèches et landes humides mal assainies), il est déconseillé de travailler l interligne. de la nutrition). Or, la nappe d alios est fortement hétérogène à l échelle de la parcelle, en répartition horizontale et verticale, et en dureté. Cette opération coûteuse et hasardeuse n est pas recommandée. (Voir fiche technique n 4). Limiter le travail du sol lors des entretiens L entretien par débroussaillages des interlignes des jeunes peuplements est majoritairement réalisé par des rouleaux landais. Ce matériel agit par l impact des lames sur la végétation concurrente et pénètrent de quelques centimètres dans le sol. Toutes les techniques d entretien qui coupent ou blessent les racines peuvent réduire la stabilité. En effet, la majorité des racines, si importantes pour l ancrage, est souvent située dans les premiers centimètres du sol. En mode moins intensif, le travail du sol pourrait être plus léger. Il aurait pour objectif de lutter contre le feutrage de la molinie et de faire apparaître la couche superficielle du sol pour un bon contact entre la graine et le sol en cas de régénération naturelle (simple ou assistée). Dans le cas de plantation, on pourra procéder à un travail localisé du sol par confection de potet mécanique. Cette dernière technique est bien adaptée : aux terrains contaminés par le fomès, pour éviter une propagation du mycélium ; à l enrichissement en feuillus ou résineux d un peuplement existant faiblement sinistré à conserver et à valoriser. Le sous-solage au ripper est censé «casser la couche d alios» pour augmenter la profondeur du sol prospectable par les racines (meilleur ancrage et amélioration INRA -F. Danjon Racines traçantes du pin maritime De plus, une destruction du sous-bois aura en général pour effet de diminuer la cohésion du sol superficiel, ce qui augmentera, à priori, le risque de chablis. Il est recommandé d utiliser, pour l entretien des peuplements, des engins de débroussaillements ne provoquant pas de dommages aux racines des arbres. La pratique du débroussaillement devra être raisonnée : modération avant éclaircie notamment par une adaptation des engins afin d impacter le moins possible le sol et de préserver la stabilité des peuplements. Les mesures prises doivent être compatibles avec l impératif de la mise en sécurité et de l accès aux peuplements pour la DFCI (Défense des Forêts Contre l Incendie). PLANFOR Charrue trisocs 16 Ne pas reconstituer les sols trop superficiels Les stations trop hydromorphes (landes très humides à nappe très proche de la surface) et de façon plus générale

celles à sols trop superficiels (dont celles très sèches à alios très proche de la surface) présentent des conditions limitantes à l enracinement ce qui provoque un risque d instabilité et une faible croissance des pins. La vocation de production forestière de ces stations est quasi nulle. Le reboisement est à y proscrire en raison de l échec économique et technique auquel il aboutit. De plus, les landes humides très hydromorphes ou très sèches présentent un intérêt écologique et sont à protéger dans le cadre de la conservation de la biodiversité dans la gestion courante. S appuyer sur la dynamique naturelle des peuplements Il convient toujours de raisonner l intervention utile pour qu elle soit minimale et au coût le plus juste : «Faire juste ce qu il faut, ne pas faire trop». Veiller à bien raisonner chaque intervention en fonction de l objectif à atteindre, des avantages, des inconvénients, en particulier des effets préjudiciables éventuels sur le milieu, et du coût. Il s agit de réaliser les interventions strictement nécessaires sur le plan technique pour minimiser les impacts sur le milieu et utiliser les moyens de manière économe. Il faut parfois savoir se donner du temps, si on le peut, pour s appuyer, le plus possible, sur la dynamique naturelle de la végétation et sur les potentialités de la station, notamment d en connaître les facteurs limitants. la vie du peuplement, alors qu il n est pas encore trop haut, semble, à priori, une piste intéressante à explorer. En outre, ce traitement en jeune futaie plus claire présenterait l avantage d une meilleure résistance aux déficits hydriques estivaux probables que générerait le changement climatique. Cet élément est à prendre en considération lors de la reconstitution, afin de ne pas installer des peuplements trop denses. Introduire en pré-développement l hybride Landes x Corse (LC 2) en plantation Le pin maritime landais présente une forte croissance, mais une branchaison et une rectitude défectueuse alors que le pin maritime de Corse possède une croissance réduite, mais des branches fines et une bonne rectitude. L aire naturelle de répartition du pin maritime est vaste (pourtour occidental du bassin méditerranéen) et est morcelée en différentes provenances (littoral atlantique, région méditerranéenne, races ibériques, Afrique du Nord). Chaque race présente des caractéristiques bien connues et d une manière générale, les races locales sont celles qui sont les mieux adaptées à leur milieu naturel. Améliorer la technique de plantation Afin d assurer une meilleure stabilité des peuplements, il convient : de planter les plants bien droits, veiller à effectuer un tassement homogène, symétrique et léger du plant de pin maritime ; de ne pas installer les plants contre des obstacles (souches, gros débris) générant une instabilité de l arbre ; d utiliser des plants de qualité en veillant tout particulièrement à l équilibre du système racinaire - tige (voir fiche technique n 6). Prendre en compte la conduite des peuplements en éclaircies dynamiques Dans les peuplements à essence-objectif pin maritime, après installation des peuplements, des scénarios de conduite des peuplements basés davantage sur les hauteurs-seuils (entre 15 et 20 m) auraient ainsi leur place afin de mieux prendre en compte le risque tempête. Pour réduire l élancement des arbres, réaliser des éclaircies plus fortes et concentrées le plus tôt possible dans EUFORGEN Aire de distribution du pin maritime Toutefois, compte tenu des particularités très fortes de chaque provenance, il est parfois intéressant de réunir au sein d une variété, les caractéristiques favorables que l on ne peut trouver sur deux provenances différentes : dans ce cas, la création d hybrides interraciaux est la seule alternative possible pour créer ces variétés. C est cette voie qui a été choisie pour le massif landais par la création d une variété Landes x Corse réunissant la bonne adaptabilité et le bon niveau de croissance de la race landaise à l excellente rectitude de la race Corse. 17

Sud-Ouest - Charte de bonnes pratiques - mai 2011 Les recommandations - Une reconstitution pour une forêt plus stable Landes X Corse La création de ces variétés doit faire appel à des techniques de pollinisations artificielles qui sont bien maîtrisées pour le pin maritime, car l espèce à une très bonne aptitude à la floraison (abondance et précocité). Hybride Les critères de sélection ont été orientés vers la recherche de la meilleure adaptabilité. Trois critères essentiels ont été pris en compte : la résistance au froid, la résistance à la pyrale du tronc (Dioryctria sylvestrella) et la résistance à la cochenille (Matsucoccus feytaudi). Ce classement a permis d éliminer les géniteurs les plus sensibles de la composition des variétés. INRA - Plomion Autofécondation F2 (200 individus) Création hybride Landes x Corse Depuis la sortie de la première variété Landes x Corse (LC1) en 1990, la surface plantée avec cet hybride est suffisamment importante (plus de 1 000 ha) pour qu on puisse juger des performances de l hybride en forêt. Le seconde série de la variété L x C (LC2) est disponible depuis 2007. Le gain génétique attendu de cette variété est de 30 à 40 % pour les critères de vigueur et de rectitude, par rapport aux peuplements non améliorés. Ce dernier caractère serait corrélé positivement à une meilleure stabilité. S interroger sur le pré-développement du pin taeda Avant les forts dégâts de scolytes de 2010 observés sur cette essence, on considérait que le pin taeda pouvait constituer une essence productive de diversification sur 10 % du massif. FCBA Variété hybride Landes x Corse 18 Introduit depuis 40 ans sur le massif, le pin taeda a révélé une bonne résistance au vent lors des tempêtes de 1999 et 2009, ce qui pouvait en faire une essence alternative au pin maritime. Cependant, il est moins plastique que le pin maritime et n est adapté qu aux stations les plus riches du massif : le sol ne doit être ni trop sec, ni trop humide (provoque son jaunissement). Sur ces très bonnes stations, sa production est supérieure à celle du pin maritime (bois d œuvre en moins de 30 ans). Par contre, ce pin est plus sensible aux attaques de cervidés et de ravageurs (scolytes, processionnaire, hylobe). Inversement, il a une meilleure résistance à la pyrale du tronc, à la rouille courbeuse et au nématode que le pin maritime. En Aquitaine, seules les provenances du Nord de son aire naturelle (Sud-est des États-Unis) peuvent être utilisées pour leur bonne résistance au froid. Pour anticiper le changement climatique, une sélection des variétés résistantes à la sécheresse est en cours.

ONF - D. Canteloup Pins taeda Le taeda possède une forte rectitude et des branches fines, mais qui en raison d un mauvais élagage naturel doivent être élaguées pour que les sciages aient un bel aspect visuel. La qualité de son bois est assez comparable à celle du pin maritime et ses usages sont semblables (sciage, fibre papetière ). La forte sensibilité de cette essence aux scolytes, conduits à s interroger sur la suite à donner à son prédéveloppement initialement envisagé, sans pour autant l exclure, les attaques exceptionnelles de scolytes étant fortement liées à leur pullulation de l après-tempête, générée par l important stock de bois mort de pin maritime. 3.3 Une reconstitution pour une forêt plus diversifiée La diversification des essences et des peuplements La diversité des essences naturellement compatibles avec la station sera recherchée chaque fois que possible, car elle présente les avantages suivants : mélange cultural pour éduquer les tiges d avenir de l essence objectif (compression latérale pour l élagage, limitation de la fourchaison, abri latéral ou vertical ) ; augmentation de la biodiversité tant floristique que faunistique ; maintien ou amélioration de l activité biologique de l humus ; prélèvement en nutriments et prospection du sol différenciés selon les essences ; résistance différenciée au stress hydrique selon les essences ; résistance ou sensibilité différente aux organismes ravageurs selon les essences ; résistance au vent différent selon les systèmes racinaires, la nature du feuillage, l architecture des tiges ; intérêt esthétique et paysager ; intérêt économique. Le maintien d arbres, de bouquets et de lisières ayant résisté à la tempête, est de nature à diversifier la composition et la structure des forêts, à protéger les sols et à favoriser dans certaines stations l apparition de cônes de régénération naturelle à partir de ces points de différenciation. ONF - D. Canteloup Sous-étage feuillu 19

Sud-Ouest - Charte de bonnes pratiques - mai 2011 Les recommandations - Une reconstitution pour une forêt plus diversifiée ONF - D. Canteloup L ONF participe activement à la conservation de la biodiversité, tant dans la gestion forestière courante que par des actions spécifiques en faveur des espèces et des milieux à haute valeur patrimoniale. La biodiversité constitue l un des axes majeurs de sa politique environnementale au titre de la certification ISO 14001 et PEFC. Dans le cadre des aides financières à la reconstitution de l État, la clause «diversification» permet de subventionner différentes interventions en faveur de la biodiversité, au même montant forfaitaire que le reboisement principal. Elle permet de soutenir les travaux et interventions en faveur des zones de feuillus ou des zones d intérêt biologique particulier dans la limite de 30 % de la surface du projet. (Voir fiche technique n 2). Recommandations pour une forêt plus diversifiée Favoriser la diversité des essences La gestion d une essence forestière en peuplement pur accroît, en général, le risque de dégâts d insectes ravageurs par rapport à une conduite en peuplement mélangé. Le massif landais présente une faible richesse en essence ce qui peut menacer sa durabilité. L amplification d îlots feuillus en augmentant la biodiversité favorise le maintien d ennemis naturels des ravageurs. De plus, le maintien de diversité ordinaire peut permettre de mieux prendre en compte les évolutions envisageables du changement climatique en renforçant la capacité de résilience de l écosystème forestier. Plantation de chêne rouge Dans le massif landais, le pin maritime, essence autochtone, particulièrement bien adaptée aux conditions stationnelles très difficiles de la lande, apparaît encore comme l essence généralement la mieux Quelles nouvelles essences de production pour demain? Le projet Climaq (2008-2011) étudie des peuplements constitués d essences d origines diverses (en particulier méditerranéennes) dont les principales facultés sont la résistance à la sécheresse estivale et une production de bois comparable à celle du pin maritime. Cette étude comporte une expérimentation de très nombreuses essences de différentes provenances en arboretum d élimination. L installation de six sites de tests est prévue dont deux dans le Massif Landais. La liste des essences (41 espèces ; 54 provenances) est complémentaire de la liste retenue pour Reinfforce (autre projet européen) (34 espèces ; 174 provenances). Ces installations tiennent compte du recensement des réseaux existants afin d éviter les essences vouées à l échec. Parallèlement, à cette expérimentation, un réseau de démonstration d essences adaptées est en cours. Le choix des essences (voir tableau ci-contre) a été arrêté par massif forestier. Trois sites sont prévus dans le Massif Landais (deux en Gironde, un dans les Landes). Hélas, la longueur du cycle forestier ne nous permettra pas d obtenir de résultats avant quelques décennies et ne sera pas utilisable dans l immédiat. Cependant, les forêts publiques ont aussi pour vocation d accueillir des expérimentations afin d explorer des voies nouvelles qui seront peut-être utiles pour adapter la sylviculture de demain. Source : d après Climaq Info n 1 mars 2010 modifié et actualisé Massif Landais Dordogne- Garonne Adour- Pyrénées Pin maritime Landes x Corse Cèdre de l Atlas Cèdre du Liban Pin sylvestre Pin laricio de Calabre Chêne rouge d Amérique Pin maritime Landes x Maroc Chêne tauzin Chêne-liège Chêne des marais Eucalyptus gunnli Eucalyptus gundal Sapin de Nordmann Chêne sessile Robinier faux-acacia Février d Amérique Érable champêtre Aulne à feuille en cœur Séquoïa toujours vert 20

approprié au reboisement. Néanmoins, chaque fois que possible, une certaine diversité sera recherchée dans les essences feuillues ou résineuses déjà acclimatées, sans exclure la recherche sur l acclimatation de nouvelles essences. Cette diversification concerne les essences de production et d accompagnement. (voir encadré) Afin de diversifier les essences de production (voir chapitre des tableaux des itinéraires de reconstitution) nous proposons : pour les feuillus : le chêne rouge, le robinier, le bouleau, le chêne-liège et l eucalyptus ; pour les résineux : le pin taeda et l hybride Landes x Corse. Dans la futaie régulière de pin maritime, outre les zones remarquables (ripisylves, lagunes...), le maintien des feuillus dans la sylviculture intensive du pin maritime présente des avantages, notamment phytosanitaires et écologiques. L éclaircie, en augmentant le rayonnement arrivant sur les strates inférieures, favorise le développement du sousbois. L existence d un sous-bois contribue à une diversité des essences d accompagnement du pin maritime, notamment feuillues. Conserver, valoriser et conforter les feuillus Les lisières feuillues internes ou externes peuvent souvent constituer le peuplement relique après tempête. L expérience montre fréquemment, dans le cas de fortes tempêtes, que seules les lisières subsistent, car les arbres qui les constituent sont plus stables. Il est très important de conserver cette végétation (arbres, arbustes ) qui a prouvé sa stabilité et son rôle d abri, mais qui constitue également : une source de dissémination de graines forestières en essences objectifs et espèces ligneuses d accompagnement ; un réservoir de biodiversité et support d espèces qui contribuent à la reconstitution (prédateurs d insectes ravageurs, oiseaux disséminateurs de graines, insectes pollinisateurs ) ; un premier plan visuel naturel qui peut atténuer l importance et la profondeur des perspectives. Le renforcement et l entretien de lisière à partir d éléments existant est moins coûteuse et moins hasardeuse que la création ex-nihilo de lisière. Aussi, l extension de lisière par exemple s appuiera sur la dynamique naturelle spontanée, plutôt que sur la création par plantation (voir fiche technique n 1). ONF - D. Canteloup Feuillus bordant un airial Dans les peuplements de pin maritime, les racines des plantes du sous-bois renforcent la cohésion du sol superficiel. Le risque de chablis est à priori plus faible dans un peuplement avec un sous-bois important que dans un peuplement sans sous-bois. En outre, par un gainage des tiges de pins, le sousbois permet un élagage naturel par une limitation de la pousse des branches basses. Cependant la lande est souvent pauvre en sous-bois haut montant dans la strate arbustive. La limitation du débroussaillement, en particulier des lisières et des clairières, contribuera à un développement plus important du sous-bois. Un taillis ou un recru dense de feuillus peut être enrichi en pin maritime par une plantation en potet à faible densité. ONF - G. Granereau) Clairière dans une pinède Conserver des clairières et des trouées Les milieux ouverts intra-forestiers sont notamment des puits de lumière, des réservoirs de biodiversité, des gagnages pour les cervidés (cf. Instruction et guide «biodiversité» ONF). 21

Sud-Ouest - Charte de bonnes pratiques - mai 2011 Les recommandations - Une reconstitution pour une forêt plus diversifiée Ne pas reconstituer les îlots inférieurs à 1 ha Pour tous ces espaces d une surface inférieure à 1 ha, aucun travail de reconstitution ne sera réalisé après l exploitation. L expérience montre que la reconstitution de ces petites surfaces ne se justifie pas sur le plan économique, qu elle peut être préjudiciable sur le plan écologique et que généralement la dynamique de végétation naturelle va au fil du temps «cicatriser» ces ouvertures. Sur le plan paysager, ces «puits de lumière» constituent une diversité très appréciée en particulier en vision rapprochée. Favoriser la régénération naturelle des essences en station Privilégier, partout où elle est possible, la régénération naturelle des essences bien adaptées à la station. La régénération naturelle présente des avantages précieux : garantie de bonne installation des semis à la station sauf cas particulier ; garantie de provenance par rapport au peuplement en place si celui-ci est de bonne origine ; un gain financier pour le propriétaire en cas de réussite immédiate. Cette recommandation concerne les essences de diversification, mais aussi le pin maritime, essence de production par excellence (voir fiche technique n 3). Protéger les milieux et espaces naturels remarquables Après avoir bien identifié les habitats et espèces remarquables présents sur la forêt, on se référera, pour les mesures à appliquer, aux documents de gestion en vigueur lorsqu ils existent (par exemple documents d objectif des sites Natura 2000, documents relatifs aux SAGE) ou à défaut aux Cahiers Habitats. Les principaux milieux remarquables à prendre en compte sur le territoire et quelques-unes des principales mesures correspondantes figurent ci-après. La réalisation de certaines de ces interventions nécessitera des aides financières extérieures (contrats Natura 2000 notamment). ONF - D. Canteloup Régénération naturelle en lande humide Aussi, il convient de : assurer un fonctionnement hydrologique optimum : ne pas creuser de fossés d assainissement à moins de 100 mètres, poser des seuils pour contrôler le niveau de la nappe, ne pas rabattre la nappe de façon excessive dans les parcelles voisines ; délimiter la zone de reboisement autour des lagunes et des mares en maintenant une zone tampon - non boisée suffisamment large côté Est, - boisée en saules ou aulnes du côté Sud pour éviter une élévation de la température, en fonction de l intérêt et de la taille du milieu à protéger ; contrôler la végétation ligneuse afin de conserver des espaces ouverts par des interventions légères et raisonnées ; se référer au document d objectifs des lagunes des Landes de Gascogne ; faire référence au programme porté par le Conseil Général des Landes. Protéger les zones humides Le long des cours d eau, il est indispensable de favoriser le retour à une ripisylve ou à une forêt alluviale. Si les plantations sont nécessaires, elles respecteront une distance suffisante des cours d eau (rivière, ruisseau, crastes) et des plans d eau, pour assurer au moins un éclairement minimal (optimum 10 à 20 mètres). Landes ouvertes Elles sont les témoins des landes d avant les grands travaux de reboisement du XIX ème siècle. Elles présentent une richesse spécifique (oiseaux migrateurs, milieux landicoles ). Préserver les lagunes, tourbières, mares Ces milieux sont une composante majeure de la biodiversité dans les Landes de Gascogne. Ils sont d une grande fragilité et l activité humaine a une influence déterminante sur leur régression. On se référera aux prescriptions des documents d objectif existants des sites Natura 2000, notamment de proscrire toute modification du milieu sur la lande en bon état de conservation (lande humide basse), par l absence de plantation et de drainage. 22