Andréas ANTONIOU, Deputy Director, Division des Affaires économiques (Commonwealth)



Documents pareils
Connaissances et compétences requises : coordonnées géographiques, réflexion critique, recherche de documentation, rédaction, support cartographique.

Pays 1 où il y a un risque de transmission de la fièvre jaune 2 et pays exigeant la vaccination antiamarile

Docteur Bendeddouche Badis Ministère de l Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Directeur EP SNV

A. Liste des pays tiers dont les ressortissants doivent être munis d un visa pour traverser la frontière nationale. 1.

THESAURUS ENTREPRISES PUBLIQUES

de plus de moitié, particulièrement dans les pays où la mortalité infantile est élevée 39.

FAITS SAILLANTS : 1. CONDITIONS CLIMATIQUES ET ENVIRONNEMENTALES EN AFRIQUE

Révision des besoins non satisfaits: En bref Résumé de l analyse de MEASURE DHS

Pays pauvres très endettés, mécanismes et éléments d évaluation

Etabli par le secrétariat de la CNUCED. NATIONS UNIES New York et Genève, 2005

DIRECTIVES CONCERNANT LES GROUPES DE COMPÉTITEURS ET LES RAPPORTS DE TENDANCE

WP Board No. 934/03. 7 mai 2003 Original : anglais. Comité exécutif mai 2003 Londres, Angleterre

S. A. BANQUE DE CREDIT A L EXPORTATION DE TURQUIE

Tableau récapitulant au 10 octobre 2014 l'état de la Convention et des accords y relatifs

LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN

LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN RAPPORT 2013 COMMERCE INTRA-AFRICAIN: LIBÉRER LE DYNAMISME DU SECTEUR PRIVÉ

Mots clés : Réforme monétaire, monnaie africaine, développement économique, Afrique.

SAEGIS SUR SERION DES BASES DE DONNÉES DIVERSIFIÉES. UNE COUVERTURE MONDIALE. THOMSON COMPUMARK. Registre international.

Mot d ouverture de Mamadou Lamine N DONGO Lead Results Adviser Banque Africaine de Développement Coordonnateur de AfCoP

BOURSES SCOLAIRES. au bénéfice des enfants français résidant avec leur famille à l étranger AGENCE POUR L ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L ÉTRANGER

LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN AFRIQUE: BILAN, PERSPECTIVES ET CHOIX DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES

STATUTS DE L ASSOCIATION DES BANQUES CENTRALES AFRICAINES

Un Aperçu de la Situation de l'assainissement en Afrique

IMPACT DE LA CRISE FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE MONDIALE SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

PAYS LES MOINS AVANCES

Mortalité par cause spécifique et morbidité

et à Hammamet (en Tunisie) 4, en mars Ces consultations ont été complétées par une enquête en ligne 5 amorcée en 2011.

Génération des forces de police Standards et Procédures

Je tiens à vous informer que j'ai décidé d afficher le poste de Directeur du Bureau de la gestion des ressources humaines, à Paris (France).

Comité monétaire et financier international

Soutenabilité de la dette des pays pauvres très endettés

ANNULATION DE LA DETTE EXTÉRIEURE POUR LES PAYS TOUCHÉS PAR LA MALADIE À VIRUS EBOLA

BRIEFING NOTE 1 ETATS DES LIEUX DE LA MICRO-ASSURANCE EN AFRIQUE. 1. Dénombrer les bénéficiaires de la micro-assurance sur le continent africain

PLAN STRATÉGIQUE À MOYEN TERME CONSEIL DE CONCERTATION POUR L APPROVISIONNEMENT EN EAU ET L ASSAINISSEMENT

La BAD en bref Mai 2013

QUATRIÈME CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS ISTANBUL, TURQUIE DU 9 AU 13 MAI 2011

M- Budget DSL / téléphonie fixe (VoIP)/ TV LISTE DE PRIX, TVA comprise, à partir du

Fonds. Soutien aux Entreprises en Afrique

Réseau des pays du Mouvement SUN : Rapport de la 17 e réunion - 26 Janvier au 2 février 2015

Troisième partie ANNEXE STATISTIQUE

Les progrès vers l éducation pour tous stagnent, mais certains pays montrent la voie à suivre

Protocole relatif au statut des réfugiés. Texte original. (Etat le 17 décembre 2002)

Fiche signalétique d un service de téléphonie mobile version du 24/08/2012

L éditorial. Le secrétariat de CGLU Afrique lance ce premier numéro «L Etat des

RÉSULTATS DE LA 1ÈRE SÉRIE D ENQUÊTES AFROBAROMÈTRE AU TOGO 3e Dissemination 26 Juin 2013

IMPACT DE LA CRISE SUR LES ÉCONOMIES AFRICAINES MAINTENIR LA CROISSANCE ET POURSUIVRE LA RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

Fiche signalétique d un service de téléphonie mobile version du 24/08/2012

Perspectives économiques en Afrique 2013

Comparaison des dépenses réelles de consommation des ménages et des niveaux de prix en Afrique

STATUTS DE LA BANQUE AFRICAINE D INVESTISSEMENT

Les économies de l Afrique de l Ouest : un portrait statistique

Entraide Missionnaire Internationale

Termes de référence pour le recrutement d un comptable, d un assistant administratif et un chauffeur

La culture du résultat au sein des systèmes statistiques nationaux des Etats membres d AFRISTAT

Travailleurs migrants et transferts de fonds vers l Afrique

ACCORD RELATIF AU TRANSIT DES SERVICES AÉRIENS INTERNATIONAUX SIGNÉ À CHICAGO LE 7 DÉCEMBRE 1944

Lusaka, 7 mai Note: L'original de l'accord a été établi par le Secrétaire général de l'organisation des Nations Unies le 2 juin 1982.

Le point sur l épidémie de sida

Dépollution. Centre de Perfectionnement aux Actions post-conflictuelles de Déminage et de. Intervention. du Général de Brigade. Félix Tissou HESSOU

29 juin 2010, Luxembourg. Avec Samba Dia, Directeur Adjoint de l ins tu on de microfinance UM-PAMECAS, Sénégal. XIVème Midi de la microfinance

BROCHURE TARIFAIRE Tarifs en vigueur à compter du 17 Septembre 2012

Comité monétaire et financier international

Fiche signalétique d un service de téléphonie mobile version du 24/08/2012

Le nouveau modèle de financement du Fonds mondial

la solution AAFEX aux problèmes de financement des entreprises exportatrices du secteur agricole et agroalimentaire

ACCÉLÉRER METTRE FIN À L ÉPIDÉMIE DE SIDA D ICI À 2030

BROCHURE TARIFAIRE Tarifs en vigueur à compter du 1er juillet 2013

DES ADOLESCENTS ET DES JEUNES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Repères n 7. Le financement des PME en Afrique. par Céline Kauffmann. CENTRE DE DÉVELOPPEMENT DE L OCDE

LES CHIFFRES DE LA DETTE. Damien Millet, Daniel Munevar & Éric Toussaint CADTM - Comité pour l Annulation de la Dette du Tiers-Monde

Extrait d'acte de naissance de moins de trois mois traduit en français.

Passeport en cours de validité avec copie des pages relatives à l'identité, validité et visa d'entrée en France.

Le FMI et son rôle en Afrique

Financement de l infrastructure publique en Afrique subsaharienne: scénarios, problèmes et options

PART II - COUNTRY TABLES

Peur sur la ville. L hebdo. GRATUIT Ne peut être vendu SÉCURITÉ UNIVERSITÉ LA BOURSE OU LA VIE NORD PARAPHE DE L ACCORD : LES RAISONS DU BLOCAGE

LE CANNABIS EN AFRIQUE. Synthèse

Services susceptibles d être retenus pour le classement :

Programme d achat groupé haut débit

PRÉFACE. 31 mai Le Directeur général : Kamil Idris

SERVICE CLIENTÈLE ET ASSISTANCE TECHNIQUE DARTYBOX 0,12 TTC/min depuis une ligne fixe. Prix d un appel local depuis une ligne fixe

En Afrique, les opportunités d emploi offertes aux femmes proviennent à 92 % de l économie informelle (estimation). JORGEN SCHYTTE/Still Pictures

DOSSIER DE CANDIDATURE

Fiche de données 2,5 76% sur la population mondiale D ICI 2050, Population Reference Bureau. Informer Autonomiser Progresser

POLITIQUE DU GROUPE DE LA BAD RELATIVE À L'ACCUMULATION DE LA DETTE NON CONCESSIONNELLE

Facilitation du Commerce liée aux Transports terrestres et transit

Perspectives économiques en Afrique 2014

D A N S L E S PAY S F R A N C O P H O N E S

Vers des stratégies de développement localisées et plus inclusives en Afrique

Le HCR est pleinement conscient. Le budget du HCR pour l exercice Le processus de planification

ARRANGEMENT ET PROTOCOLE DE MADRID CONCERNANT L ENREGISTREMENT INTERNATIONAL DES MARQUES RENOUVELLEMENT DE L ENREGISTREMENT INTERNATIONAL

Fiche signalétique d un service de téléphonie mobile version du 24/08/2012

INDICE DE LA FAIM DANS LE MONDE GLOBAL HUNGER INDEX THE CHALLENGE OF HUNGER: BUILDING RESILIENCE TO ACHIEVE FOOD AND NUTRITION SECURITY

COOPERATION BELGIQUE - BURUNDI Programme 2012 de bourses d études et de stage hors-projet

INTÉGRATION DES SERVICES FINANCIERS DANS LES STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ Un aperçu Général

Complément au Guide du candidat et du mandataire. (Dispositions spécifiques)

Application du Règlement sanitaire international (2005)

La sécurité informatique dans les installations nucléaires

ORGANISATION INTERNATIONALE DE L'AVIATION CIVILE

Le développement des capacités pour la promotion de l égalité entre les sexes, dans l optique de l efficacité de l aide

Transcription:

4.2 Initiatives PPTE : ou en est on? Andréas ANTONIOU, Deputy Director, Division des Affaires économiques (Commonwealth) INTRODUCTION : L INITIATIVE PPTE Alors que les emprunts extérieurs constituent souvent une source «à bon marché» de financements pour des investissements productifs, et donc contribuent à la croissance économique, l endettement excessif peut devenir un obstacle majeur aux perspectives de développement. C est le cas lorsque la dette devient «non viable», et qu un pays n est pas en mesure d assurer le service de sa dette extérieure. Dans les cas extrêmes, c est-à-dire lorsque la dette s accumule à un taux plus rapide que la capacité de l emprunteur à en assurer le service, cette situation peut conduire à une crise financière majeure dont les conséquences économiques, sociales et politiques peuvent être considérables. Delors, la capacité d un pays à répondre aux exigences immédiates de ses créanciers étrangers, et donc la viabilité (à court terme) de sa dette extérieure, est fonction de trois facteurs macroéconomiques majeurs, à savoir, les taux d intérêts ; les taux de change ; et, dans une moindre mesure, le taux de croissance du pays. A leurs tours, ces variables économiques, et plus spécialement la dernière, dépendent d un certain nombre d autres facteurs, tels que : L accès des exportations aux marchés extérieurs, et en particulier, les volumes et prix des exportations ; Les flux des capitaux en vers et en provenance de l étranger, et en particulier, la fuite des capitaux, l aide au développement, les flux d investissements étrangers directs, et le niveau des emprunts auprès des créanciers multilatéraux et bilatéraux- publiques et privés ; La capacité interne du pays á gérer sa dette, aussi bien domestique qu extérieure ; Les taux d investissement, et de la confiance des créanciers extérieurs á la capacité du gouvernement á gérer son économie nationale d une façon efficace, et en particulier de suivre de politiques économiques, dites, «saines». Tous ces facteurs déterminent, ce qu il est convenu d appeler, la soutenabilité de la dette à long terme. En 1996 la communauté financière internationale, et en particulier les membres du «Club de Paris» 87, a enfin (diront certains), reconnu que la situation d endettement extérieur d un grand nombre de pays pauvres, la plupart 87. Qui «est un groupe informel de créanciers publics dont le rôle est de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement de nations endettées», voir www.clubdeparis.org. 273

situés en Afrique 88, était devenue extrêmement précaire. Cette prise de conscience a été déclanchée en grande partie par la réalisation soudaine que beaucoup d entre eux ne seront pas en mesure de servir leurs dettes vers les institutions multilatérales (à savoir le Fond monétaire international et la Banque mondiale). En effet, il devenait de plus en plus clair que l utilisation totale des mécanismes traditionnels de rééchelonnement et d annulation, mêmes s ils étaient accompagnés de l apport de financement concessionnel et la poursuite de saines politiques économiques, ne seraient pas suffisants pour atteindre un niveau de dette soutenable, en un délai raisonnable et sans apport d une nouvelle assistance. C est ainsi qu en septembre 1996, le FMI et la Banque mondiale ont décidé d agir d une manière conjointe et d adopter un programme d aide financière exceptionnelle pour répondre à cette situation, connue comme l Initiative sur la dette des «Pays pauvres très endettés» (Initiative PPTE). Cette initiative vise «à fournir une assistance exceptionnelle aux pays admissibles mettant en oeuvre des politiques économiques saines pour les aider à ramener la charge de leur dette extérieure à un niveau soutenable» 89. La soutenabilité est (sensée être) réalisée par le biais d une réduction de la valeur actualisée nette (VAN) des créances sur le pays endetté à un niveau considéré «tolérable». De plus, l Initiative PPTE requiert la participation de tous les créanciers multilatéraux, audelà des allègements de dette traditionnels octroyés par les créanciers publics bilatéraux et privés. Notons à ce sujet que, en ce qui concerne la Banque mondiale et le FMI, la réduction de la dette n est pas, en soi, l objective principale de l Initiative. C est seulement dans la mesure où les pays bénéficières prennent l engagement formel et font la preuve d être capable d utiliser les ressources financières ainsi libérées pour améliorer le sort des pauvres, notamment dans le cadre d un programme de reforme économique et sociale mis en place avec l appui de ces deus organisations (connu comme Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté DSRP), qu ils bénéficient de cette réduction. Enfin, l Initiative PPTE a été «améliorée» en septembre 1999, dans le but de permettre à un plus grand nombre de pays très endettés de bénéficier, plus rapidement, d un allégement plus important et d une portée plus large, tout en renforçant les liens étroits entre l allégement de la dette d une part, et la réduction de la pauvreté de l autre. L Initiative PPTE : une mise à jour À l heure actuelle, 38 pays en développement sont classés comme pays pauvres très endettés 90. Parmi ceux-ci, il y a seulement 27 qui participent, et donc bénéficient, d une manière ou d une autre de l Initiative PPTE 91. En particulier, le Tableau 1 montre que l allégement du service de la dette octroyé dans le cadre de cette initiative est de environ 41 milliards de dollars EU, en valeur nominale, soit l équivalent à 25 milliards de dollars EU en VAN. Malgré les avantages considérables de cette Initiative pour les pays bénéficiaires, un nombre de commentateurs continuent à soulever des questions concernant la capacité de cette Initiative à répondre aux besoins de ces pays. 88. A savoir, Angola, Bénin, Bolivie,Burkina Faso,Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Congo République démocratique, Côte d Ivoire, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guyana, Honduras, Kenya, Laos,Liberia, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Nicaragua, Niger, Ouganda, Rwanda, Sierra Leone, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo, Vietnam, Yémen, Zambie. 89. Voir, www. imf.org. 90. Bénin, Bolivie, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Comores, Congo, Côte d Ivoire, Éthiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guyana, Honduras, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Nicaragua, Niger, Ouganda, République Centrafricaine, République démocratique du Congo, RDP lao, Rwanda, São Tomé et Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo, et Zambie. Quatre pays, à savoir Angola, Kenya, Vietnam et Yémen, quoi que PPTE ne sont pas éligibles car leurs dettes sont considérés potentiellement soutenables. 91. A savoir, Bénin, Bolivie,Burkina Faso, Cameroun, République démocratique du Congo Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée- Bissau, Guyana, Honduras, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Nicaragua, Niger, Ouganda, Rwanda, Sierra Leone, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Tanzanie, Tchad, Zambie 274

En effet, nonobstant les efforts considérables entrepris par la communauté financière internationale dans ce sens durant les dernières années, l objectif immédiat, à savoir l allégement de la dette extérieur des PPTE à des nivaux soutenable, ainsi que l objectif à long terme, c est-à-dire la lutte contre la pauvreté, demeurent inaccessibles pour la majorité des PPTE. Tableau 1. Service de la dette et dépenses sociales pour 26 PPTE ayant atteint leur point de décision (Millions de dollars EU, sauf indication contraire) 1999 2000 2001 2002 pre 2003 pro Service de la dette réglé 1 3.118 3.009 2.225 2.251 Service de la dette exigible après allégement PPTE 2.297 Dépenses sociales 5.825 5.777 6.970 8.437 9.317 Ratio service de la dette/exportations (%) 15 14 10 10 9 Ratio service de la dette/recettes publiques (%) 21 21 15 15 13 Ratio dépenses sociales/service de la dette (%) 187 192 313 374 406 Source: «Heavily Indebted Poor Countries (HIPC) Initiative-Status of Implementation», mars 2003, et «Heavily Indebted Poor Countries (HIPC) Initiative-Statistical Update». 1 Pour 2000, les chiffres retracent essentiellement le service de la dette des pays qui n avaient pas atteint leur point de décision à la fin de 2000 ou après. L impact de l allégement ne se fait donc pleinement sentir qu à partir de 2001 et par la suite. Plus particulièrement, parmi les 27 de ces pays qui sont parvenus à franchir la première étape du processus de participation, connu comme «point de décision» 92, il y a seulement huit 93 qui on pu atteindre l étape décisive, à savoir «le point d achèvement» et donc de bénéficier d une réduction significative de sa dette. A noter que l aide fournie à ce stade peut prendre différentes formes, y compris, la réduction de la dette vers les créanciers multilatéraux, bilatéraux et bancaires. Le petit nombre de pays qui, à présent, bénéficient pleinement de l Initiative PPTE, témoigne des difficultés que ces derniers éprouvent dans le cadre de ce processus. En particulier, beaucoup d entre eux ont d énormes problèmes à parvenir à un consensus national sur le DSPR qui soit acceptable aux deux institutions financières internationales et aux bailleurs de fonds bilatéraux. En effet, le DSPR doit être le résultat d un processus de consultation dans lequel sont impliqués à la fois toutes les parties prenantes au niveau national (y compris les organismes non gouvernementaux), ainsi que les partenaires extérieurs du développement, y compris la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. De surcroît, certain d entre eux sont ravagés par la guerre où viennent à peine de sortir d une situation de conflit, et ont donc des besoins pressants de reconstruction et de réhabilitation qui non seulement alourdissent le poids, déjà excessif, de leurs dette mais les empêchent à participer à cette Initiative, puisque ils sont pas en mesure d entamer le processus. Un autre aspect de l Initiative, telle qu elle est présentement appliquée, a trait au processus de qualification. En fait, beaucoup de pays et commentateurs trouvent que celui-ci est très long, copieux, qui engendre des impondérables que sont souvent en dehors du contrôle des pays, et qui, en tout cas, est basé sur des hypothèses qui, souvent, surestiment la capacité de ces pays à répondre à leurs échéances immédiates. 92. Un pays est jugé avoir atteint ce point lorsque, après avoir préparé un DSRP (en étroite collaboration avec la Banque mondiale et le FMI), et, suite à une analyse de la viabilité de sa dette en tenant compte de mécanismes classiques d allégement de la dette, celle-ci est jugée non soutenable selon une formule basée sur le ratio VAN/exportation. 93. A savoir, Bénin, Bolivie, Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Mozambique, Ouganda, et Tanzanie. 275

Le défi de la soutenabilité de la dette Outre les difficultés signalées ci-dessus concernant l application de l Initiative PPTE, il devient maintenant de plus en plus évident que même les pays qui ont déjà atteint, tant bien que mal, «le point achèvement», et donc bénéficient pleinement de l allégement de dette, éprouvent des difficultés énormes à ramener leurs dettes à des niveaux soutenables. Ceci est le résultat cumulé de plusieurs facteurs qui viennent miner les efforts énormes des PPTE qui, souvent suite à des sacrifices considérables, n arrivent pas à sortir du cercle vicieux de la pauvreté et de l endettement. Plus particulièrement, alors que la soutenabilité (à long terme) de la dette dans le contexte de l Initiative PPTE, dépend de plusieurs facteurs, un certain nombre d entre eux a retenu l attention des chercheurs : Etant donné que l Initiative PPTE demeure une action essentiellement volontaire de la part seulement d un certain nombre de créanciers (à savoir les membres du Club de Paris, les principaux organismes financiers internationaux, c est-à-dire la Banque mondiale et le FMI, et des grands bailleurs de fond), un nombre non négligeable de créanciers refuse d y souscrire. En effet, il y a présentement, 49 créanciers bilatéraux (qui n appartiennent au Club de Paris) qui, pour des raisons variées, ne participent pas pleinement à cette Initiative (tels que la Chine, Irak, le Taiwan, la RDP Corée, Cuba, Iran, l Afrique du Sud, l Inde, le Pakistan) 94. De plus, des institutions multilatérales régionales, certes petites, appartenants à des pays Africains eux mêmes pauvres, comme la PTA Bank (l arme financière du Marché commun de l Afrique orientale et australe -COMESA) et la East African Development Bank, ne sont pas en mesure d être aussi généreuses avec leurs membres débiteurs. En outre, plusieurs créanciers privés, dit «commerciaux», refusent d amblée et obstinément d abandonner leurs droits au remboursement, selon les termes du contrat initial et entament des procédures légales coûteuses contre leurs débiteurs délinquants ; Plusieurs PPTE, de par la taille et structure de leurs économies, sont à la merci des chocs externes, causée notamment par la volatilité des prix mondiaux de leurs exportations, qui viennent ainsi perturber les flux financiers entrants. En l occurrence, la chute continue (à long terme) bien documenté des prix des produits agricoles constitue, en effet, un des principaux obstacles à la viabilité de la dette extérieure. Liée à cette vulnérabilité, est la question de la croissance (à long terme) des exportations des pays PPTE, elle-même liée à la diversification de leurs économie, aux conditions d accès aux marchés des pays industrialisés, aux taux d investissement privé directs et, à la qualité et niveau de développement de l infrastructure des PPTE 95. Enfin, malgré les efforts dans ce sens de la part des plusieurs bailleurs de fond et des agences de coopérations, beaucoup des PPTE éprouvent encore des difficultés énormes à développer la capacité technique de gérer leurs dettes, aussi bien interne qu externe, d une façon efficace et continuent à avoir des besoins très pressants dans ce domaine. CONCLUSIONS L endettement extérieur est d une source de financement qui peut avoir des effets très positifs sur la croissance et le développement d un pays. Mais, lorsque elle devient insoutenable, le pays cours le danger d entrer dans un 94. Ceux-ci représentent environ 20% du coût total de l allégement de la dette des PPTE. 95. Voir nottament une étude récente du Secretariat du Commonwealth, en collaboration avec la CNUCED, par Razzaque M.A. et al., intitulée Commodity Prices, Aid and Debt: Implications for LDCs, Small Vulnerables States and HIPCs. London: Commonwealth Secretariat, 2003, dans laquelle on propose la création d un Fond de Diversification financé par l Aide Publique au Développement qui compensera les PPTE pour cette baisse et permetra aux PME de ces dérniers à diversifier leurs activités et leurs éxportations. 276

cercle vicieux qui veut que l obligation de servir la dette vient aggraver le sort des pays pauvres et devient un obstacle majeur à la croissance, ainsi faisant la dette encore moins soutenable. La communauté internationale a reconnu l étendue et gravité de ce problème et a commencé à l adresser d une manière concertée et systématique par le biais de l Initiative PPTE. Néanmoins, plusieurs problèmes sérieux persistent avant que des progrès remarquables dans la gestion de la dette des pays PPTE puisent être apportés. 277