Discours de Madame Roselyne BACHELOT-NARQUIN Ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative CONFÉRENCE de PRESSE «Présentation du nouveau site grippe aviaire» -Jeudi 16 octobre 2008- à 16h30 (SERVICE d INFORMATION du GOUVERNEMENT) Sous réserve du prononcé Mesdames et messieurs, La France est un des pays, sinon le pays, le mieux préparé contre le risque de pandémie grippale. C est l OMS qui l affirme, se fondant sur une analyse objective. Les dispositions préventives et protectrices que l Etat Français a prises impliquent un effort de préparation soutenu et permanent. C est tous les jours qu il faut garantir à nos concitoyens le plus haut niveau de protection. C est tous les jours qu il faut se tenir prêt. La conscience du risque, on ne le répètera jamais assez, est le préalable indispensable d une préparation efficace. 1
Tourner le dos à la menace est le plus sûr moyen de se laisser surprendre. La gestion du risque, sa prévention, supposent, en effet, la conscience claire et partagée du risque. Etre en mesure de répondre, se préparer à agir au moment opportun, ne pas se laisser surprendre voilà ce qui définit clairement le propre de la puissance mise au service du public. Dans un monde plus que jamais incertain, marqué par la prégnance de risques à propagation rapide, l impréparation serait impardonnable. La puissance publique, pour inspirer confiance, doit démontrer les vertus de son efficacité en garantissant la protection des personnes et la cohésion sociale. Toute crise implique d agir vite et bien. L urgence exclut l improvisation. La préparation obéit à deux grands objectifs : protéger la santé de nos concitoyens et pouvoir assurer, le moment venu, la continuité de la vie économique et sociale du pays. Depuis 2004, la France s est résolument engagée dans cette voie en élaborant un plan national spécifique de prévention et de lutte contre la pandémie. Pour protéger au mieux la santé de la population, nous avons pris des mesures visant à réduire les possibilités de contamination. Ainsi, nous avons constitué des stocks de médicaments et de produits utiles en de telles circonstances ; nous avons mis également une organisation adaptée pour assurer la formation et l information des professionnels. Nous avons poursuivi les actions commencées par monsieur Xavier Bertrand lorsqu il était ministre de la santé en mettant notamment en place l Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS). 2
Pour garantir le fonctionnement des systèmes de soins en situation de pandémie grippale, il est indispensable que certaines industries et services continuent à fournir leurs produits et prestations. Il en va de même pour l ensemble des fonctions essentielles à la vie du pays. L ensemble des secteurs, en cas de crise, révèle toujours leur interdépendance. Aussi, les problématiques pandémiques impliquent naturellement une approche intersectorielle et interministérielle. Le plan national met bien en avant cette obligation qui a conduit à recommander aux organismes publics et privés de préparer leurs plans de continuité d activité. Cette approche intersectorielle commence à être partagée par de nombreux pays, et les pays européens réunis lors du séminaire Eurogrippe, organisé début septembre 2008 dernier à Angers, ont insisté, dans la conclusion de leurs travaux, sur ce point. Les États sont dans l obligation de coordonner leurs efforts. A cet effet, j ai souhaité mettre à l ordre du jour de la PFUE la question vitale de la gestion des crises sanitaires. Ainsi, cette question a été au cœur de la discussion de la réunion informelle des ministres de la santé que j ai organisée et présidée les 8 et 9 septembre dernier à Angers. La menace sanitaire nous concerne collectivement et constitue une préoccupation solidaire. Les échanges transfrontaliers, en constante augmentation, sont de plus en plus rapides, qu il s agisse du trafic commercial ou des voyages internationaux. Ces facteurs accroissent considérablement la vitesse de propagation des maladies et la probabilité d émergence des épidémies. La circulation extrêmement rapide de l information, induite par une mutation technologique sans précédent, ne nous permet plus de communiquer de façon divergente. Elle exige même que nous puissions nous accorder sur l opportunité et le contenu de l information délivrée à nos concitoyens, impliquant une évaluation partagée du degré de gravité de la situation, afin d apporter au plus vite les réponses adaptées. 3
Compte tenu de cette nouvelle donne, comment nos concitoyens pourraient-ils comprendre, sans s inquiéter davantage, qu au sein de l Union européenne, des autorités compétentes de pays frontaliers prennent des décisions différentes en réponse à une même crise sanitaire? Ainsi, il apparaît nécessaire d améliorer substantiellement la coordination entre nous, notamment dans sa dimension transfrontalière, comme le montre la gestion récente d alertes européennes. Au jeu du «chacun pour soi», nous n avons rien à gagner. La préparation à une pandémie grippale est l affaire de tous. Dans cette perspective, l Etat est dans l obligation de diffuser largement, auprès de la population, l information nécessaire qui permettra à chacun d être préparé à faire face à une situation de pandémie grippale. Le service d information du gouvernement a mis en place le site «grippe aviaire.gouv.fr» qui regroupe en permanence, en les actualisant, les informations utiles ainsi que les travaux conduits par les différents ministères, sous l autorité du Premier ministre. Même si des efforts ont été accomplis pour présenter ces travaux de façon didactique, ces informations restent plutôt à destination de professionnels ou d internautes sensibilisés. Il a donc été décidé d introduire, dans le site grippe aviaire, une rubrique qui aborderait les conséquences d une pandémie sur la vie quotidienne de chacun et de préconiser clairement les comportements adaptés à la situation. 4
Le guide pratique de la vie quotidienne en pandémie qui va vous être présenté, répond précisément à cette finalité pédagogique : o il donne des indications sur les connaissances de base, dans la rubrique «ce qu il faut savoir», o il explique les règles d hygiène essentielles, o il présente ce que pourra être le quotidien chez soi, dans sa commune ou à son travail, en situation de pandémie, o enfin, des fiches présentent l organisation des soins en situation de pandémie, expliquant comment se soigner mais aussi comment éviter de contaminer les autres, o il précise également les dispositions spécifiques qu il convient de prendre pour protéger les enfants. Cet outil, qui est une première en Europe, voire dans le monde, est déjà attendu par d autres pays. Ainsi, ce guide est présenté dès son lancement en version anglaise. Le Président de la République a voulu qu en 2008 débute une deuxième phase de préparation à la survenue d une pandémie ; il a demandé au gouvernement de mettre l accent sur la mobilisation des acteurs de terrain et de la population. La mise en place du nouveau site gouvernemental «grippe aviaire» et la sortie du «guide pratique de la vie quotidienne en pandémie» répondent clairement à cet objectif. Parce que les enjeux de santé publique et de solidarité nationale sont ici consubstantiellement liés, la préparation de notre pays au risque de pandémie grippale, constitue une priorité du Gouvernement tout entier impliqué dans cette mission. Je vous remercie. 5