Square Ambiorix Plaisir d écrire du vendredi 10 juin 2011 Ambiorix, vu par Christine Tinel L art nouveau (1893/1920) - Entre le Style Napoléon III et l Art Déco De l ART NOUVEAU à l ART DE LA NOUVELLE, il n y a qu un pas! L Hôtel particulier du peintre Georges Léonard de Saint-Cyr, 11 Square Ambiorix à Bruxelles a été construit en 1903 par l'architecte Gustave Strauven. Strauven apparaît ici comme le continuateur du Gothique flamboyant, du Baroque et du Rococo. Gustave Strauven (1878 1919) est né à Schaerbeek. Elève de Victor HORTA, il travaille avec lui dès 1896, puis quitte la Belgique pour la Suisse en 1898. De 1899 à 1914, il dessine une trentaine de bâtiments, principalement situés entre la commune de Bruxelles (square Ambiorix), le territoire de Saint- Josse-ten-Noode et la commune de Schaerbeek. L hôtel du peintre St-Cyr est classé depuis 1988 (intérieur comme extérieur, de même qu'une partie du mobilier). Sa façade étroite dominée par une fenêtre ronde en a fait sa célébrité, tout comme sa délirante décoration de ferronneries végétales et ses jeux de courbes et contre-courbes. Large de 4 mètres à peine, on l'imagine minuscule. C'est oublier que la maison est bâtie sur une profondeur de 18 mètres et qu'elle compte cinq niveaux. Elle offre au total pas moins de 360 m2! Jeux d écriture - Inventons des barbarismes, (mots qui n existent pas) : exemple : Réfléchissotter.. respurer les pleuraisons familiales - Cherchons des mots qui commencent par le son AR : artifice, artichaut, arpège - Puis Ecrivons une nouvelle qui pourrait commencer par : Le train arrive en gare de Bruxelles. Il est midi. Square Ambiorix Plaisir d écrire du 10 juin 2011 Page 1
Puisons des idées : l Art nouveau, c est : Le goût de la couleur de l arabesque du motif emprunté à la nature, plante, animal (coquillages, paons, libellules, papillons, oiseaux, serpents, lézards, hippocampes, fleurs tropicales, lis, orchidées, iris, lianes, tiges, nénuphars, algues) menuiseries délicates vitraux chatoyants sgraffites fers forgés aux lignes souples savoir-faire des meilleurs artisans matériaux : fer forgé, vitrail, verre, céramique, bois, béton, pierre l inventivité du langage (ornemental) Définition de la nouvelle littéraire : «Une nouvelle est une fiction brève et intense, avec peu de personnages qui réagissent au cœur du récit. La nouvelle se termine par une fin originale et déroutante. Son titre donne du sens à l intrigue. «Une bonne fin doit être surprenante et inévitable» (Aristote).» Il y a un élément déclencheur au cours du récit. Par Emanuela Moro : Chez moi Moi, j'habite square Ambriorix numéro 11. C'est une belle maison. On dit que c'est petit, mais ce n'est pas vrai. Je l'ai bâtie moi même, il y a longtemps, avec mes amis. On travaille souvent ensemble; chacun fait un métier différent : l'architecte, le charpentier, le plombier etc. La place aussi est belle. Le nom Ambriorix me fait toujours penser à Asterix. C'est mon héros, vous savez. Il est petit mais très intelligent, pas comme Obelix qui est grand, lui. Ma ville aussi est belle : Bruxelles, vous la connaissez bien. Il n'y a pas de choses énormes comme à Londres ou à Paris. Le Manneken Pis, par exemple, lui aussi, il est petit mais il est génial. On est amis, pourtant on est très différents : moi, la mode ne m'intéresse pas du tout, tandis que lui, lui il a tellement de vêtements qu'on pourrait en faire un musée. Elle est belle ma maison! Il y a toujours des gents qui la regardent. Comme ce matin, à 10 heures : il y avait sept ou huit femmes le nez dans l'air, la bouche bée. Ah, les femmes! Cela me fait penser à la fille des mes rêves : Qu'elle est belle! Elle est blonde et tout le monde l'aime. Peut être un jour elle va me choisir pour vivre avec moi dans ma petite belle maison. Mon quartier aussi il est beau et je l'aime. Il a beaucoup changé récemment avec tous ces fonctionnaires qui l'habitent. Ils sont drôles : souvent ils inventent des mots qui n'existent pas, de vrais barbarismes. Mais cela je peux bien comprendre : ils sont étrangers! tous. En tous cas, moi, j'aime beaucoup leur drapeau, le drapeau européen que vous connaissez Vous ne me demandez pas pourquoi? Alors, pourquoi? Mais, évidemment, parce qu'il est bleu comme moi!!! Square Ambiorix Plaisir d écrire du 10 juin 2011 Page 2
Par Sylvie Lehoucq : Le train arrive en gare de Bruxelles ; il est midi, nous sommes en 1903. Descend du train Georges Leonard de Saint-Cyr. Il est de retour de Paris. Il est fourbu de fatigue Georges, oui l exposition de ses toiles au Petit Palais s est révélée un véritable succès, journalistes et critiques éminents y ont déjà déambulé. Le tout Paris s y est montré, et, à sa grande satisfaction, de nombreux points rouges marquent ses tableaux, ce qui signifie pour l heureux artiste belge la perspective d une escarcelle bien remplie. Son désir à présent est de se faire construire une belle demeure. Il avait repéré un terrain de belle surface quoique fort étroit côté rue (quatre mètres seulement), près de ce square Ambiorix autour duquel il imaginait déjà sa demeure. Georges aurait aimé Victor Horta pour construire sa future maison, c était l architecte très en vogue en ce moment, donc très demandé. Aussi ce dernier lui conseilla un de ses jeunes élèves talentueux et prometteur, Gustave Strauven, c est donc chez ce jeune architecte qu il avait pris rendez-vous. En cette fin d après-midi, Georges Leonard de Saint-Cyr est un homme satisfait, il est heureux, il se sent léger, fringant Il aura sa maison «Art Nouveau» lui aussi! Ce qui lui plait vraiment c est cette grande fenêtre ronde au centre de la façade, toute cette ferronnerie aux lignes végétales, souples et amples qui ornera les balcons et l entrée, ces jeux de courbes arborescentes, Ces arabesques tel des fouets qui les tiendront à l écart de la rue et des passants. Georges est subjugué, vraiment impressionné par les rapides croquis du jeune architecte qu il a gravés dans sa mémoire ; Gustave va même lui réaliser la plupart des meubles dans ce style Art Nouveau. Quelle belle surprise cela va être pour Clara sa compagne, sa muse et le ciel radieux de ses jours!... Par Claude Muslin : Un voyage sous haute bienveillance Le train arrive en gare de Bruxelles. Il est midi. Armando peine à soulever sa valise. Il arpente le boulevard essuyant de temps à autre la sueur qui coule sur ses joues. A la station de taxi, il peut respurer ; la file est longue. Quand enfin il souffle sur la banquette en cuir usé de la vieille Square Ambiorix Plaisir d écrire du 10 juin 2011 Page 3
aronde, Armando s évade par la fenêtre arrière du taxi et pense à celle qui l attend, dans une heure, place de l arc en ciel près de la Grand Place. Elle. Qu il n a pas revue depuis 5 ans. Il est à l armée ou alarmé? quand il la rencontre, par hasard, dans le vaste hall de l hôtel St-Cyr près du square Ambiorix, où il est entré, attiré par la beauté de l immeuble. Architecte de renommée arténationale, spécialisée dans la rénovartion des édifices Art Nouveau, Armelle Arcadie vient de flasher sur l uniforme ; ses yeux violet percent le cœur d Armando avec une flèche enbrasonnée ; il vient de se faire enamourer. Il l aborde en lui demandant l heure ; on ne peut plus banale ; on ne peut plus minable mais on ne peut plus fatale. Elle le guide dans le dédale des arabesques de l hôtel si particulier. Les iris en fer gorgé de miniatures déchurées ; les coquillages de nacre micassés ; les ailes de papillons éfilants tout est abîmé Elle lui parle avec l ardeur des amoureux du travail bien fait de son projet de resporation. Ils passent une folle nuit entremble puis 5 années passent Quand il l a contactée il y a un mois, elle a accepté de le revoir. Fou de joie, Armando a sauté dans le train, puis dans le taxi. Au moment où le véhiroule approche de la Grand Place, un tram heurte violemment l aronde. Comme par magie, le chauffeur vient de se folatiliser ; il a fui! Laissant Armando desembarré dans la moiture. Le choc a fait ouvrir la valise. Une colonne d hirondelles s échappe et les oiseaux s évadent par la fenêtre ouverte. Une ballette magique saute sur les genoux d Armando qui l attripe fermement et prononce la tournure magique. Quand le policier arrive sur les lieux, il ne reste que la valise vide ; la baguette est cassée. En regardant mieux la mallette, le policier repère un double-fond dans lequel est blissé le plan de reconstruction de l hôtel St-Cyr et la liasse de billets verts nécessaire à sa répuration. Par Lydia Villard-Casana UNE NOUVELLE POUR L ART NOUVEAU Extraits de la nouvelle de Lydia : «Elevées en plein air, mais surtout pas en plein art» ou encore «Nom d une pipe de Magritte!» A retrouver dans le texte ci-dessous : Le train arrive en gare de Bruxelles. Il est midi à la gare du Midi. C est une gare qui ne risque pas de finir en musée des Beaux Arts! Réchappée du massacre immobilier, des années soixante ou septante, elle est restée là, la gare, hagarde, au beau milieu des tours, toutes de verre et d acier. Tours-cages à poules, élevées en plein air mais surtout pas en plein art, froides et laides à pleurer tant elles créent de courant d air. A vous glacer les os les jours de pluie ou de grand vent nordique! C est là que vous découvrez concrètement ce qu on appelle désormais la «bruxellisation» d une ville, autrement dit le «BROL «volontaire, le «méli-mélo» de style architecturaux divers juxtaposés n importe comment C est à vous dégoûter de visiter la capitale de l Europe, pour laquelle vous avez fait le voyage. Square Ambiorix Plaisir d écrire du 10 juin 2011 Page 4
Pourtant, Artémise, après un périple d une heure vingt six de TGV, depuis Paris, à un prix imbattable pour le Week-end, est bien décidée à arpenter Bruxelles, en tout sens, pour assouvir sa curiosité de jeune licenciée en histoire de l art. Treize heures, pile, sonnent sur son portable. Artémise s engouffre dans un taxi qui file aussitôt de tunnel en tunnel. Il vire dans la rue Béliard, tout aussi triste et monocorde que la rue de la Loi, avec ses parallélépipèdes rectangles, en long, en large et en travers. Il plonge sous le parc du Cinquantenaire. A peine le temps d entrevoir un marronnier ou un tilleul! Artémise espère toujours apercevoir les jeux des courbes et contre courbes des façades art nouveau, qu elle a étudiés durant de longues heures silencieuses, dans de nombreux livres savants. Rien. Pas la moindre arabesque en vue. Artémise est furieuse. - Mais c est affreux cette ville.quelle horreur! s exclame-t-elle. C est gris, c est moche! Le chauffeur sursaute : Vous êtes française? - Oui, et je suis venue voir l architecture de HORTA, HANKAR, STRAUVEN - Connais pas, répond le taximan en souriant. - Vous ne connaissez pas les maîtres archi célèbres de l art nouveau? Et VAN DE VELDE ou Paul CAUCHIE? - Pas vraiment - Vous n avez jamais entendu parler de leur art qui célèbre la nature avec la représentation d une multitude d animaux comme les paons, les libellules, les papillons, les oiseaux, les lézards, les hippocampes - Vous voulez parler du musée des sciences naturelles où sont exposés les squelettes des dinosaures et iguanodons de Bernissart? - Absolument pas! Je vous cite les multiples motifs peints ou sculptés des mosaïques, des fers forgés, des boiseries ou des vitraux de l art nouveau, sans compter une quantité de fleurs tropicales ou orchidées, iris, nénuphars, algues qui ornent aussi les meubles, les céramiques, les vases. - Moi en plantes tropicales, je ne vois ici que les serres royales de Laeken et les iris, j en ai plein mon jardin, des belles violines et des jaunes au bord de l eau. - Non d une pipe de Magritte! Vous êtes belge et vous n avez jamais vu une façade renflée ou des sgraffites ou encore du fer forgé en volutes, pour balcon? - Si tenez en voici une de grosses belles maisons «renflées «comme vous dites, là derrière les arbres. Ici c est l avenue de Tervuren qui mène tout droit au musée de l Afrique construit par notre roi LEOPOLD II, celui qui nous avait acheté le Congo. Et voici bientôt la maison STOCLET, avec que du beau, la dedans! Ça devrait vous plaire. - Magnifique, c est du KLIMT à l intérieur mais voyez comme ses lignes sont épurées et ses matériaux sobres, c est déjà de l art déco. C est postérieur à l art nouveau. Square Ambiorix Plaisir d écrire du 10 juin 2011 Page 5
- Vous savez pour moi, c est du pareil au même! Nouveau ou déco! réplique, l homme au volant, toujours aussi placide. - Comment, vous vous en moquez de votre extraordinaire patrimoine culturel et historique et vous êtes belge? - Je suis même bruxellois ma demoiselle et si vous croyez qu on nous a demandé notre avis quand on nous a saccagé nos MAROLLES et nos maisons, pour coller à leur place des immeubles toujours plus hauts et des bureaux partout. Vous vous trompez. - Alors, c est où vos trucs «art nouveau» ou «artifice»? Et vos fleurs factices, elles sont au milieu des gratte-ciels qui nous font de l ombre? - Ne vous fâchez pas, j ai toutes les adresses dans mon dépliant touristique : Le musée HORTA à St Gilles, la maison SOLVAY, 224 avenue Louise, construite par HORTA, la maison AUTRIQUE à la chaussée de Haecht, la maison CAUCHIE à Etterbeek, l hôtel TASSEL - Bravo, pour une petite parisienne pressée, vous êtes mieux informée que moi mais attention que ces bâtisses ne soient pas des pièges à touristes. - Pas du tout, vos maisons «art nouveau «à Bruxelles sont de véritables feux d artifices avec les premiers luminaires électriques, semblables à des bouquets de fleurs.» - Fleurs ou pas, en tout cas, vous êtes arrivée, mademoiselle! - Merci, mais avant de vous quitter, faites moi une fleur! - Une réduction, je parie, pour étudiante. - Mais non, regardez ces photos de la maison SOLVAY! Les ampoules sont des boutons floraux au bout de longues tiges souples. Et cette profusion de feuilles sur les structures métalliques, ces vitraux colorés qui coiffent de somptueux escaliers pour illuminer toute la maison, n est-ce pas extraordinairement astucieux dans ce pays pluvieux? Ils ne font pas d ombre ces puits de lumière, eux! Et ces sols de marbres veinés de gris et rose. Et ces dégradés de vert et d oranger sur les papiers peints en harmonie avec les moquettes et! - Ca fait rêver! Interrompt le taximan bruxellois. - Alors rêvons ensemble! Je serai le guide et vous m accompagnerez partout où pierre, bois, verre, fer forgé, tissus sont taillés, dessinés, sculptés en volutes infinies. Nous découvrirons ensemble les richesses cachées de votre ville et je vous promets que je ferai la parisienne patiente. - Ca alors! C est pas une blague belge un peu lourde! - Pas du tout! Il n y a pas que des balourds en France pas plus qu il n y a que des frites en Belgique. - OK! Allons une fois prendre une bière, sinon je vais prendre le gros cou avec cette chance qui me tombe dessus. Après on roule, on vole vers tout l art nouveau, ou déco de la terre.! Square Ambiorix Plaisir d écrire du 10 juin 2011 Page 6
Entre nous : ça m a mis le cœur gros comme un artichaut cette histoire! Par Christine Tinel AMBIORIX? KEZAKO? AMBIORIX! C est le nom d un square ici à Bruxelles. En France, il y avait le parc ASTERIX où j emmenais mes enfants chaque fin d année scolaire. AMBIORIX! C est le nom du terminus du bus 60 qui passe tout près de chez moi. Et je dois dire que ce nom «Ambiorix» me questionnait pas mal au début de mon installation à Bruxelles il y aura bientôt 3 ans. AMBIORIX? KEZAKO? On dirait une blague belge sur le fronton de ce bus!! Pas trop eu le temps de me renseigner sur le sujet! Ce matin, après être ma descente de ce fameux bus 60, en faisant le tour de la place pour trouver le lieu du rendez-vous, une sculpture grise située sur un trottoir devant une entrée d immeuble, attire mon attention. Il a une vraie tête de Gaulois ce jeune homme blond avec ses grandes moustaches et son casque ailé. Mais il n y a aucune inscription concernant ce buste J imagine alors qu il s agit sans doute d Ambiorix. Un peu plus loin, sur un autre trottoir, une plaque indique qu Ambiorix était le chef des Eburons (sûrement des Gaulois belges!), décimés par les légions de Jules César en 53 av JC. En fait, peut-être un cousin de Vercingétorix, vu qu ils étaient contemporains. Tout cela me paraît un peu surréaliste comme toujours à Bruxelles Je me promets d éclaircir ma lanterne ce soir sur INTERNET. Je continue ma promenade, en attendant mes copines écrivaines, autour de ce square AMBIORIX et je découvre avec bonheur la maison du peintre Georges Saint-Cyr, réalisation de l architecte Gustave Strauven, élève de Victor Horta. Elle paraît minuscule, elle est magnifiquement restaurée dans son style Art Nouveau. Mais elle est également sérieusement défigurée par des panneaux publicitaires annonçant qu elle est à louer. Je me surprends à rêver d y installer mon atelier et d y créer un lieu d exposition, d y organiser de petits concerts privés, des soirées de lecture de poésies, des salons de lecture et conversation sur l Art Nouveau. L Art Nouveau qui me fait tant rêver! Maintenant, je m en vais retrouver cette tête d Ambiorix pour essayer de la dessiner dans mon carnet de croquis. Ce buste est bizarre, les ailes du casque stylisées ne sont pas très réussies à mon goût, et du coup j ai aussi un peu de mal à les dessiner!! Mais déjà, mon train arrive en Gare du Midi à Bruxelles et je reviens à la réalité, il est midi : j ai faim. Square Ambiorix Plaisir d écrire du 10 juin 2011 Page 7