Rapport de stage. Par Gabrielle Saint-Martin-Deaudelin Stagiaire groupe maison [474] Sénégal Été 2012. Remis à Mer et Monde



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Transcription:

Rapport de stage Par Gabrielle Saint-Martin-Deaudelin Stagiaire groupe maison [474] Sénégal Été 2012 Remis à Mer et Monde Le 8 février 2013 (J ai honte de ce retard, désolée)

Table des matières 1. Présentation personnelle 1 2. L avant-sénégal 1 2.1. Pourquoi partir? 1 2.2 Formation prédépart 2 3. L adaptation 3 4. Le stage 4 5. Réflexion synthèse 5 Conclusion 6 1. Présentation personnelle Je suis étudiante à l Université Laval au baccalauréat en droit. J ai fait mon stage à l été 2012 (6 juin au 10 août) à l Organisation nationale des droits de l Homme à Dakar et j ai habité dans une famille à Guédiawaye (quartier Wakinane Nimzatt). 2. L avant-sénégal 2.1. Pourquoi partir? Pourquoi partir? J arriverais difficilement à expliquer la raison exacte qui m a poussé à effectuer ce stage au Sénégal. Bien que je m étais toujours dit que d aller en Afrique pourrait être sympa, je n avais jamais particulièrement rêvée de faire un stage en Afrique. Quand j ai vu l annonce par courriel de la Faculté de droit sur les stages internationaux, je me suis dit pourquoi pas! Je n ai encore de prévu de mon été, cette occasion ne se répétera pas toutes les années! Les autres stages disponibles étaient en Thaïlande ou en Philippines, mais ne semblaient pas avoir le même attrait à mes yeux. Ces deux pays me semblent plutôt des destinataires plus touristes, plus accessibles, et je me suis dit qu autrement que par un stage je ne pourrais surement jamais aller en Afrique de l Ouest. Et c est alors que j ai envoyé ma candidature, sans trop d attente. J ai envoyé une lettre de motivation au début de mois de décembre et j ai attendu la réponse. Je n ai reçu la réponse qu à la mi-janvier. J ai alors pu rencontrer Mireille Chilloux qui s est déplacée jusqu à Québec pour rencontrer les deux stagiaires (les seules à avoir postulé pour le stage). L autre étudiante a décidé que le stage n était pas pour elle. Et moi, j ai foncé!

Bref, j ai foncé, sans but précis, sans attente spécifique, seulement un désir de me sortir de ma zone de confort, de vivre cette expérience qui se présentait à moi! 2.2 Formation prédépart Je commence d emblée en disant que la formation prédépart me semblait un peu aride à la base (ouf quatre fins de semaine complètes à parler de choc interculturel, à dormir dans mon sac de couchage; j aurais tellement mieux à faire je me disais!), mais qu aujourd hui je me suis dit que c est la meilleure chose à vivre avant de partir en stage d intégration interculturelle et que tous ceux qui font ce genre de stage devraient obligatoirement faire cette même formation. Ma première fin de semaine de formation prédépart a eu lieu deux semaines après que j ai pris connaissance de ma sélection pour le stage. Mes formations avaient lieu à Montréal dans un groupe maison (stagiaires universitaires, collégiaux, individuels, etc.). Mes merveilleux formateurs étaient Caroline Giguère et Daouda Dia, un parfait mélange québéco-sénégalais. a) le contenu des formations : Je crois que les fins de semaine de formation sont habituellement bien dosées. Volet connaissance de soi : Je pense qu il est effectivement important de faire une introspection de soi-même avant de partir, ou du moins essayer d y réfléchir. Le cheminement vers le stage est très différent d une personne à l autre. Je crois qu il est important que chacun prenne conscience de ses attentes avant le départ de manière à pouvoir évaluer son appréciation du stage une fois au retour. Je suis contente que nous soyons «emprisonnées» dans la maison Mer et Monde lors des fins de semaine de formation. Cela renforce notre appartenance au groupe et permet de tisser de bons liens. Volet connaissance du pays d accueil et de la culture québécois : De par nature je suis très intéressée par la politique, l histoire, la religion, la géographie donc j étais très «vendue» à ce volet. Je considère qu il est fondamental pour tout voyageur de connaître un minimum sur le contexte sociohistorique du pays visité. Le fait d avoir un formateur sénégalais n a pu que nous aider davantage.

De plus, nos formations ont eu lieu durant le contexte préélectoral au Sénégal. Cela permettait encore plus de suivre avec attention l actualité du pays. Volet adaptation et communication interculturelle : Certaines des activités de ce volet étaient un peu décevantes. Je me rappelle avoir fait une activité où nous devions aller prendre une marche avec une personne et lui dire ce qu on n aime pas de lui. C était difficile à faire et il n y a pas nécessairement quelque chose que l on n apprécie pas de quelqu un qu on connaît peu. Certaines autres activités, comme celles des casse-têtes à replacer en dictant à une personne comment placer les morceaux, étaient très pertinentes et permettent de conceptualiser les difficultés de communications. Je ne sais pas si l activité des Albatros entre dans cette catégorie, mais je tiens à mentionner que je trouve l activité très pertinente. Je l avais déjà fait pour une préparation de stage au Cegep. Je me rappelais grosso modo du principe, mais je ne me rappelais pas des conclusions du jeu. Cela me pousse vraiment à réfléchir à nos «lunettes» culturelles. Volet Philosophie du développement et de la coopération internationale : Ce volet aussi m intéressait beaucoup. Je trouve important de me sensibiliser à la dynamique du développement international et d évaluer les impacts de mes stages en coopération. L activité qui consistait à fabriquer des blocs en papier était vraiment intéressante et permettait tellement de comprendre une des réalités de la mondialisation. Volet Mondialisation, enjeux et alternatives : J ai beaucoup aimé la présentation de Jean-Batiste sur la dette des Tiers-Mondes (du monde majoritaire). Encore une fois, cela m intéresse beaucoup à la base et je crois qu il est important d y réfléchir et de prendre conscience de la dynamique de la coopération internationale. b) dynamique de groupe : Au début, il peut être difficile de faire sa place et on remarque rapidement le caractère de chacun par rapport à leur rôle dans le groupe. Je considère que j ai eu un merveilleux groupe. Je m entendais bien avec tout le monde et encore aujourd hui j ai gardé contact avec plusieurs d entre eux(elles).

3. L adaptation Les premières impressions et le premier contact avec la famille et le milieu de stage L arrivée à l aéroport s est portée à merveille. Je suis arrivée en même temps que cinq autres stagiaires. Trois de ces stagiaires faisaient un stage en physiothérapie avec l Université Laval. Elles ont habité à Guédiawaye. Élise habitait même tout près de chez moi et je l ai côtoyée presque tous les jours de mon séjour. Émilie et Marilyse avec qui je faisais mes formations sont aussi parties à la même date que moi. Émilie habite à deux rues de chez moi à Guédiawaye. Marilyse était en village. L Université Laval exige que les étudiants aient une formation départ sur le terrain de cinq jours. Cela permet de relaxer un peu avec l arrivée dans les familles. Denis Lefebvre est resté avec moi et les trois stagiaires de physiothérapie. Les formations à la maison des Pères Maristes sont plus ou moins pertinentes, surtout que la plupart des conférences portaient plutôt sur le domaine de la santé. Les cours de wolof ont été très utiles toutefois. Et enfin, le jour J, l arrivée dans les familles. Je pense qu il s agit de la journée la plus étrange de tout le stage. Autant j avais hâte de connaître ma famille autant une fois les avoir rencontrer je ne savais pas quoi faire, quoi leur dire, comment agir. J ai trouvé les premiers jours difficiles. Ma famille parlait constamment wolof, entre eux et sans me traduire un mot de ce qu ils se disaient. Ils s adressaient aussi à moi en wolof. J ai fini par leur répondre en espagnol. Une de mes tantes (Mame Diarra) a passé les deux premiers jours à me dire que je devais absolument parler wolof et que c était très facile à apprendre. Elle me disait qu en deux semaines je devrais bien parler wolof. Finalement, je n ai jamais vraiment réussi à faire plus d une phrase ou deux en wolof. Finalement, les choses se sont placées. Ma famille a compris que je ne parlerai jamais très bien wolof. Composition de ma famille J ai habité chez Daba Ndianye dans le quartier Wakinane, tout près de l Association nationale des handicapés moteurs. Ma mère était célibataire et n avait pas d enfant.

Dans la maison, il y avait aussi : La Grand-mère : qui ne parlait pas français et qui me donnait le pain tous les matins Mon oncle Mame Mor et sa femme Athia : Athia qui faisait toujours très bien à manger Ma tante Mame Diarra, qui au début ne semblait pas m aimer beaucoup, mais qui a fini par verser une larme à mon départ Les enfants : Ami Diop (qui est retourné chez son père à ma mi-stage environ), Papa (11 ans) et son frère Bash (je n ai jamais su comment écrire son nom ; 14 ans) Et Fallou, 6 ans, le fils de Ndeye Hann Ndeye Hann était ma tante. Elle n habitait pas chez moi, mais pas très loin. Elle était toujours à la maison quand même. Elle était de loin ma préférée. Fallou a été mon premier vrai contact avec la famille. Il me prenait la main quand on marchait et venait souvent s asseoir à côté de moi. Après quelques jours, les enfants m ont appris quelques mots en wolof. Les soirs, j avais mes cours de wolof. J ai dessiné un bonhomme et j ai appris toutes les parties du corps par exemple. L encadrement Mer et Monde L encadrement pour moi par Mer et Monde sur le terrain était merveilleux. Pierre Coulibaly venait très souvent me voir à Guédiawaye ou à mon lieu de stage. Il est très attentionné envers les stagiaires. Je pourrais en dire tout autant de Denis. Toujours disponible, toujours souriant, toujours attentif. Il n est pas gênant du tout. On sent qu on peut tout lui dire. Les rencontres Mer et Monde : les rencontres sont très pertinentes et elles permettent de se rassurer quand des choses semblent clocher dans la famille ou le milieu de stage. 4. Le stage Comme mentionné plus tôt, j ai fait mon stage à l Organisation nationale des droits de l Homme (ONDH) à Dakar. Le directeur de l organisation s appelle Djibril Badiane et son directeur adjoint est Papis. L ONDH est un organisme de défense, de protection et de promotion des droits

humains. En toute honnêteté, j aurais bien pu ne jamais mettre les pieds à l ONDH de l été et cela n aurait pas changé grand-chose pour eux. Je n ai eu aucun projet à faire durant l été. Je pensais que mes expériences en droit et plus particulièrement en droit international pourraient servir à quelque chose. J avais entendu parlé de temps supplémentaire fait par les stagiaires de 2011, de déplacement jusqu en Gambie, de caravanes à travers le pays, et moi rien de tout cela. L ONDH n avait pas de financement à l été 2012. Pas de financement, pas de projet. Comme vous devez bien le comprendre, le stage n a pas su répondre à mes attentes. Mais je ne suis pas déçue pour autant. J ai «travaillé» avec deux stagiaires de l Université d Ottawa. L une d elles, une Québécoise mariée à un Sénégalais et convertie à l Islam, a beaucoup facilité mon contact avec le pays. Elle a su m expliquer bien des choses qu elle avait comprises à travers le temps et qu à travers mes yeux de Québécoise je n aurais pu comprendre. Grâce à ses deux stagiaires, j ai pu passer un temps de qualité à l ONDH. Nous sommes allées voir d autres organismes offrant dans le domaine des droits humains et nous sommes allées assister à des conférences. M. Badiane nous laissait beaucoup d autonomie, il faut mentionner qu il n avait pas vraiment le temps de s occuper de nous. Les trois premières semaines de mon stage, il était occupé avec les élections législatives. Le peu de travail que j ai eu la chance de faire était plutôt du travail de secrétaire, comme retaper des textes. J aimerais quand même souligner que l ONDH fait un très bon travail et que Badiane travaille très fort et fait certainement des choses extraordinaires. Quelques personnes dans le besoin sont passées au bureau durant l été. Un cas m a particulièrement marqué et c est celui d un réfugié gabonais qui tentait d avoir un statut au Sénégal. Je ne pouvais pas faire grand-chose pour lui, si ce n était que de l écouter. Il avait épuisé tous les recours internes et il était toujours menacé dans son pays. J ai transféré son cas à M. Badiane en espérant que celui-ci prenne du temps pour s occuper de ce réfugié. 5. Réflexion synthèse

Par rapport à la famille J ai eu des moments difficiles avec ma famille, plus particulièrement avec ma mère. Avec le temps je réalise que je n ai pas créé un lien si intime avec elle. Bien que je m entendais très bien avec elle et qu elle est toujours une personne très gentille et attentionnée, j avais parfois l impression que ne portait pas attention à moi. Mais ce n est vraiment pas ce qui me reste en tête de ma famille. Tous les jours, je pense à ma famille et je me dis que j aimerais bien franchir le seuil de leur porte encore une fois. J ai tissé des liens plus particulièrement avec ma tant Ndeye Hann. Bien qu elle ne parlait pas vraiment français, c est elle qui s occupait le plus de moi. Quand je lui avais dit qu il ne me restait qu un mois de stage, elle a laissé échapper une larme (chose assez étonnante pour les Sénégalais!). Un soir, je suis arrivé chez elle et elle feuilletait l album photo que j avais préparé pour ma famille. Le dernier soir avant mon départ, ma mère m a déposée chez elle avec Fallou. Ma mère est partie courtiser un homme. J étais contente de passer ma dernière soirée avec Ndeye Hann. J ai observé Ndeye Hann, son mari et Fallou faire la prière durant plusieurs minutes. C était un beau moment. Avec le temps, j ai compris que l obsession de ma famille pour que je parle wolof ne reflétait que leur désir que je m intègre dans la famille. J ai fait très peu d activité avec ma famille sauf aller au marché et aider aux tâches ménagères les fins de semaine. Je devais partir très tôt le matin pour prendre l autobus pour me rendre à Dakar et je revenais à la maison vers 18h le soir. Je regrette de ne pas avoir pu faire plus d activités avec eux. Par rapport au stage Bien que je considère que j aurais pu faire bien plus à l ONDH, j en garde un bon souvenir. À mon retour, j avais un goût amer qui me restait de mon passage à l ONDH et je ne gardais que les côtés négatifs. J avais eu espoir tout au long de mon stage qu il se passait quelque chose puisque les années précédentes les stagiaires avaient été très actives. Vers les derniers jours, j ai perdu espoir qu il se passe quelque chose.

En parlant avec des personnes, j ai fini par comprendre que j ai trop conservé une vision «occidentale» de mon stage. Je suis tellement habituée d être axée sur un mode de performance, d efficacité et de rentabilité que je ne comprenais pas le fonctionnement de l ONDH. Des employés pouvaient passer la journée complète à regarder les voitures passées sur la rue et à feuilleter le journal. Le directeur adjoint ne pouvait même pas dire qui étaient les employés et leur poste (s ils ont un poste) et qui étaient les bénévoles. Je me disais ouf quel chaos. Bien que je croie que plusieurs choses pourraient changer et que M. Badiane gagnerait à modifier certains éléments du fonctionnement de son organisme, j ai décidé que j avais beaucoup d estime pour l ONDH et que je devais me déconnecter de mes standards habituels de productivité. Conclusion Conclure une telle expérience, est-ce possible? J ai encore un petit goût du Sénégal qui reste en moi. J aurais encore tellement de choses à dire sur cette expérience : Émilie et Élise mes deux si précieuses voisines sans qui mon stage aurait pris une tout autre allure; la religion et la spiritualité qui m a fasciné, intrigué ou désespéré; la nourriture que j aurais souhaité plus variée, moins huileuse et plus végé; le quartier de Wakinane où les enfants qui criaient Toubab et me quémandaient de l argent auraient pu s habituer à ma présence et passer à autre chose; etc. Une fois qu on vit le Sénégal, il faut retirer notre concept du monde et des choses. Il faut s éloigner du réflexe de juger et se dire qu au pire, c est un moment un peu dur qui va passer. Le Sénégal, pays qui ne m avait jamais tant fait rêver avant le mois de juin dernier, m a émerveillé. Je sens que j ai beaucoup appris sur moi, sur mes capacités d adaptations, sur ma tolérance, sur mon respect de moi-même. J ai beaucoup appris également sur les idées préconçues qu ont les gens de l Afrique, sur la religion musulmane, sur la pauvreté, sur la réalité de pays «en voie de développement/pays majoritaires», sur les femmes sénégalaises, sur l éducation des enfants, etc. Mais je n ai pas tout appris. Je n ai pas été totalement confrontée. En habitant en banlieue, je pouvais aller au dépanneur pour manger ce dont j avais envie si une envie particulière me prenait. Si je me sentais seule, je pouvais aller

voir les deux stagiaires qui habitaient près de chez moi. Je travaillais à Dakar, avec d autres blancs, dans cette ville occidentalisée du Sénégal. Je pouvais aller sur internet tous les jours à l ONDH. J aurais certes vécu un choc plus grand en village, mais je ne pense pas que c est ce que je souhaitais vraiment. Je dis tout cela en me disant que j ai encore bien des choses à vivre si je veux connaître une expérience encore plus grande de l intégration interculturelle. Inch Allah. P.S. je souhaite à tout le monde de vivre une expérience d initiation à la coopération internationale et d intégration interculturelle. L expérience peut être difficile sur le coup, mais jamais ne sera perdue.