TIAC : TOXI-INFECTIONS ALIMENTAIRES COLLECTIVES



Documents pareils
Surveillance des toxi-infections alimentaires collectives

Surveillance des toxi infections alimentaires collectives

L hygiène alimentaire en EPHAD

Micro-organismes et parasites des viandes : les connaître pour les maîtriser, de l éleveur au consommateur. Avant-propos

Contexte réglementaire en hygiène alimentaire

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

Les germes pathogènes dans l industrie agroalimentaire

LES TOXI - INFECTIONS ALIMENTAIRES

Critères microbiologiques applicables aux denrées alimentaires Lignes directrices pour l interprétation

Partie I Les constats actuels dans le secteur agroalimentaire

Les toxi-infections alimentaires collectives : aspects cliniques et épidémiologiques

EDITO. Vincent DESCOEUR Président du Conseil Général du Cantal Député du Cantal 1/188

ème année - 3 ème Trim. - N 176

CONSEILS POUR UN REGIME SANS SEL ET PAUVRE EN SUCRES LORS D'UNE CORTICOTHERAPIE GENERALE

GRENADE / GARONNE 30 janvier Centrale de Restauration MARTEL Maryse LAFFONT, Diététicienne

Décrire l'ensemble des mesures de maîtrise et des mesures de surveillance dans des procédures ou modes opératoires portés à la connaissance de tous.

Hygiène, sécurité et équilibre alimentaires dans les accueils collectifs de mineurs (ACM)

CATALOGUE DE PRESTATIONS FORMATION ET CONSEILS

HYGIENE EN RESTAURATION COLLECTIVE

Formations 2014 SECURITE DES ALIMENTS

formations professionnelles fin 2014 / début 2015 hygiène alimentaire en restauration collective audit, conseil et formation professionnelle

Chapitre 4 : cohabiter avec les micro-organismes. Contrat-élève 3 ème

Consommez moins de sodium pour réduire votre pression artérielle. Information sur le sodium alimentaire.

Que manger le jour de la compétition (Athlétisme - concours)?

«Cette action contribue au PNNS». À CHÂTEAU THIERRY

Guide des bonnes pratiques d hygiène de la distribution de produits alimentaires par les organismes caritatifs

FORMATION EN HYGIENE Etablissements médico-sociaux de PICARDIE 16 juin 2015 E.Baticle

Information destinée aux patients et aux proches. Comment s alimenter après une diverticulite? Conseils nutritionnels pour le retour à domicile

PARTIE II : RISQUE INFECTIEUX ET PROTECTION DE L ORGANISME. Chapitre 1 : L Homme confronté aux microbes de son environnement

Nutrition et santé : suivez le guide

LE GUIDE. pour ne plus gaspiller. Les petits gestes du quotidien qui font du bien au porte-monnaie et à la planète.

Restauration collective. quelques aspects réglementaires

AVIS de l Agence nationale de sécurité sanitaire de l alimentation, de l environnement et du travail

SECURITE SANITAIRE ET RESTAURATION COLLECTIVE A CARACTERE SOCIAL

CATALOGUE DE FORMATION. Qualité Hygiène et Sécurité Alimentaire. Au service des professionnels des métiers de bouche sur tout le territoire national

Un outil unique pour faire découvrir aux tout-petits le plaisir de cuisiner!

L hygiène en restauration collective. Formation aux ouvriers de l épicerie Sociale des Capucines Morgane DANIEL-diététicienne RSD

Contact SCD Nancy 1 : memoires@scd.uhp-nancy.fr


LES INCONTOURNABLES DE L HYGIENE ALIMENTAIRE EN RESTAURANT SATELLITE

AVIS 1 / 21. Afssa Saisine n 2007-SA-0174 Saisine liée n 2006-SA Maisons-Alfort, le 13 mars 2008

DANS LES CENTRES. «S approprier la méthode HACCP pour l appliquer à : des situations professionnelles, des situations pédagogiques»

Le programme pour réduire votre cholestérol en 3 semaines

ALIMENTATION DE L IMMUNODEPRIME. I Rappel des risques liés à l alimentation de l immunodéprimé

Auriol : le service public de la Restauration scolaire

60 produits solidaires pour les familles

LA COLONOSCOPIE. La colonoscopie, c'est quoi? matin après-midi. Vous serez attendu(e) directement à l'hôpital de jour au 1 er étage le jour même à. h.

Restauration Collective. Lycée Stanislas Jeudi 27 mars 2014

Edition Limitée CLASSIC 2. Spécial NOUVEL AN CHINOIS. recettes

Service d ambulance. Normes. de soins aux patients. et de transport

Allégations relatives à la teneur nutritive

Comment utiliser les graines de soja à la cuisine

Cinq clefs pour des aliments plus sûrs Manuel

Qui sont-ils? Pedro. Tamacha. 9 En quantité, Tamacha mange suffisamment, mais son alimentation n est pas satisfaisante en qualité.

LA DÉMARCHE GLOBALE DE PRÉVENTION. La méthode HACCP. olet 1 : Informations générales

GLOSSAIRE (NF : NORME FRANÇAISE. AFNOR : ASSOCIATION FRANÇAISE DE NORMALISATION) Achat : Actualisation du prix : Affermage : Allotissement :

COMITE SCIENTIFIQUE DE L AGENCE FEDERALE POUR LA SECURITE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE

Kenwood Limited, New Lane, Havant, Hampshire PO9 2NH, UK /2

Service Hygiène & Sécurité

La salubrité des aliments, c est important

Circulaire relative aux dispositions applicables aux banques alimentaires et associations caritatives

Les produits solidaires, 100 jours pour convaincre!

Travailler autrement en CAP APR

DANET TRAITEUR. PRESTATIONS «ENTREPRISE» Plateaux repas et panier sandwich LA QUALITE AU SERVICE DE VOTRE ENTREPRISE

Réseau Diabhainaut Programme Osean Enfant Document d Information pour les Parents

SOMMAIRE LE MOT DU CAFA INTRODUCTION REFERENCES REGLEMENTAIRES CHAPITRE 1 : FONCTIONNEMENT DE L ETABLISSEMENT

Protéines. Pour des Canadiens actifs. De quelle quantité avez-vous besoin?

L application des principes HACCP dans les entreprises alimentaires. Guide d application de la réglementation

MAIRIE DE BATZ SUR MER

RÈGLEMENT INTÉRIEUR. RESTAURATION SCOLAIRE Année scolaire 2014/2015

ANNEXE VI : Les étapes à suivre pour réaliser une étude HACCP SOMMAIRE

Quelles sont les chances des petits producteurs de se

CAHIER DES CLAUSES TECHNIQUES PARTICULIERES

Le système HACCP. Plan. Plan. Introduction :

Ce que les femmes enceintes doivent savoir au sujet de la grippe H1N1 (appelée grippe porcine auparavant)

Qualité. Sécurité Alimentaire

Leçon 10. Je quitte la maison - par où commencer? Matériel : Niveaux : Buts : Vocabulaire : Temps requis :

OSIRIS GRIPPE A H1N1

Quelques règles minima d hygiène à respecter pour la partie restauration de votre centre

LE CONSEIL GÉNÉRAL DE LA LOIRE présente. Trucs et astuces. Bien-être et consommation

La lutte contre le paludisme

Rentrée 2014 Francine Eichenberger Diététicienne

Direction de l Alimentation, de l Agriculture et de la Forêt Service de l Alimentation Jardin botanique BASSE TERRE

ETUDE DE L HYGIENE DANS LA RESTAURATION COLLECTIVE COMMERCIALE MODERNE A DAKAR

Demande de Soumission - Transformateur

Conseils aux voyageurs

Hygiène alimentaire. Introduction

Sport et alpha ANNEXES

Mairie de SAINT DIDIER SOUS RIVERIE Téléphone : Télécopie : MARCHE PUBLIC DE FOURNITURES COURANTES ET SERVICES

L alimentation de l adulte traité pour un cancer

GUIDE DES BONNES PRATIQUES D'HYGIENE EN RESTAURATION COLLECTIVE A CARACTERE SOCIAL U.P.R.M.

Formation professionnelle

BESOIN DE MANGER ET BOIRE chez BB. Besoin d'eau : 125cc/kg/jour Maximum 1 litre.

Science et technique. La température et la durée de stockage sont des facteurs déterminants. Viande bovine et micro-organisme pathogène

Dracunculose Association Française des Enseignants de Parasitologie et Mycologie (ANOFEL)

Semaine du 25 au 29 AOUT 2014

La constipation occasionnelle chez l adulte

Numéro 11 - Avril 2014

Transcription:

TIAC : TOXI-INFECTIONS ALIMENTAIRES COLLECTIVES 17/09/09 Mlle Daumas Infectieux I. Définition II. Épidémiologie A. 26 maladies à déclaration obligatoire B. Lieu de survenue : III. Principaux agents des TIAC IV. Clinique A. Syndrome dysentérique 1. Salmonelles +++ B. Syndrome cholériforme 1. Staphylocoque doré 2. Clostridium perfringens 3. Bacillus cereus V. Liste non exhaustive des différents types d agents pathogènes mis en cause VI. Traitement VII. Prévention des TIAC VIII. Listériose A. Définition B. Mode de transmission C. Symptômes D. Traitement E. Prévention I. Définition «Survenue d au moins 2 cas groupés, d une symptomatologie similaire, en général digestive, dont on peut rapporter la cause à une même origine alimentaire». II. Épidémiologie Affections en général bénignes 11% d hospitalisation 0,05% de mortalité A. 26 maladies à déclaration obligatoire Botulisme Brucellose Charbon Choléra Diphtérie Fièvres hémorragiques africaines Fièvre jaune Fièvre typhoïde et fièvres paratyphoïdes Infection par le VIH quel qu en soit le stade Infection invasive à méningocoque Légionellose Listériose Orthopoxviroses dont la variole Paludisme autochtone Paludisme d importation dans les département d outre-mer Peste Poliomyélite Rage 1

Saturnisme de l enfant mineur Suspicion de la maladie de Creutzfeldt-Jakob et autres encéphalopathie subaiguës spongiformes transmissibles humaines Tétanos Toxi-infection alimentaire collective Tuberculose Tularémie Typhus exanthématique B. Lieu de survenue : 60% en restauration collective (28% en milieu scolaire) 40% en restauration familiale III. Principaux agents des TIAC Agent responsable identifié dans 21% des cas (prélèvements humains ou alimentaires) Agent responsable suspecté dans 51% des cas (caractéristiques cliniques et épidémiologiques symptomatologie, type de repas consommé, évolution dans le temps). Salmonelles (71%) o Enteritidis : œufs et produits dérivés (mousse chocolat, patisseries, mayonnaise) o Typhimurium : viandes (steack haché de bœuf congelés) et valailles Staphylocoque doré (13%) o Lait et produits laitiers o Plats ayant nécessité des manipulations Clostridium perfrigens (5%) o Plats en sauce Histamine (3,5%) Bacillus cereus (2%) IV. Clinique Syndrome dysentérique o Selle fréquentes peu abondantes o Pus, glaires, sang, débris muqueux o Douleurs abdominales o Fièvre Syndrome cholériforme o Selles profuses aqueuses o Pas de pus, glaires, sang ou débris muqueux o Douleurs abdominales absentes ou modérées o Fièvre modérée ou absente A. Syndrome dysentérique 1. Salmonelles +++ Enteritidis : œufs et produits dérivés (mousse chocolat, pâtisseries, mayonnaise) Typhimurium : viandes (steak haché de bœuf congelés) et volailles Incubation longue : 12 à 36 heures Coproculture / culture de l aliment suspect Antibiothérapie formes sévères et / ou terrain fragile 2

B. Syndrome cholériforme 1. Staphylocoque doré Lait et produits laitiers Plats ayant nécessité des manipulations Incubation courte : 2 à 4 heures Culture de l aliment suspect / possibilité de rechercher la toxine dans les vomissements ou la diarrhée. Evolution spontanément favorable, pas d indication antibiothérapie. 2. Clostridium perfringens Plats en sauce Incubation moyenne : 9 à 15 heures Culture de l aliment suspect Evolution favorable en 24h sans antibiothérapie 3. Bacillus cereus Viandes, volaille, riz frit Incubation variable : 1 à 16 heures Isolement de B. cereus dans l aliment responsable Evolution spontanément favorable 4. Histamine Poissons : thon, maquereau mal conservés Incubation très courte : 15 min Manifestations extra-digestives prédominantes Céphalées Flush du visage et du cou Dosage de l histamine dans le poisson Evolution favorable avec corticoïdes et antihistaminiques V. Liste non exhaustive des différents types d agents pathogènes mis en cause Bactéries : o Yersinia entérolytica o Escherichia Coli entérotoxinogène o Escherichia Coli enteropathogène O157 :H7 (diarrhée aqueuse hémorragique) o Aeromonas hydrophila o Clostridium botulinum Virus : o Rotavirus (eau ++) o Norovirus Vibrion parahaemolyticus Dinoflagellés Phytoplancton Ciguatera 3

4

VI. Traitement Hospitalisation à discuter si intolérance digestive marquée, terrain fragile Réhydratation +++ (apports sodés et sucrés) Ré-alimentation précoce : yaourts, riz, carottes cuites, pâtes, bananes - Eviter légumes verts, crudités, fruits, laitages Lutter contre les vomissements (apports hydriques frais en petites quantités, coca-cola, antiémétiques) si besoin Traitement antipyrétique si besoin Anti-diarrhéiques (ralentisseurs du transit) inutiles et dangereux ++ Antispasmodiques et antisécrétoires (Tiorfan / Smecta) Antibiotiques inutiles dans la plupart des cas même si fièvre VII. Prévention des TIAC En restauration collective Respect des bonnes pratiques de transport, stockage et préparation des aliments Respect strict de la chaine du froid et du chaud Utilisation de mayonnaise industrielle (œufs en poudre) En restauration familiale Limiter les risques liés à la consommation d œufs crus ou peu cuits Ne pas garder les œufs plus de 15j à 4 C Pas d œufs non cuits pour les personnes âgées et malades Les préparations à base d œufs non cuits (mayonnaises, crèmes, mousse au chocolat, pâtisseries) à consommer rapidement et à maintenir au froid. Viandes hachées et de volaille cuites à cœur Sous déclaration! Problème de santé publique (taux d absentéisme scolaire et au travail) Importance de l enquête épidémiologique en vue de mettre en place des mesures correctives et préventives. VIII. Listériose A. Définition La listériose est une infection causée par la bactérie : Listeria monocytogenes Elle touche préférentiellement : les immunodéprimés, les femmes enceintes et les nouveau-nés, et les personnes âgées B. Mode de transmission La listériose se transmet essentiellement par ingestion d'aliments contaminés Il existe une transmission de la mère au fœtus ou au nouveau-né qui se fait soit, par passage de la bactérie du sang de la mère au placenta, soit lors du passage dans la filière génitale au moment de l'accouchement C. Symptômes méningite : fort maux de tête, fièvre élevée, nausées et vomissements ; méningo-encéphalite : méningite avec des signes déficitaires fièvre isolée due au passage des bactéries dans le sang (bactériémie) Chez la femme enceinte, la listériose ressemble à une grippe (fièvre accompagnée ou non de courbature et de maux de tête). Pendant le premier semestre de la grossesse, la listériose peut provoquer des avortements spontanés. Entre le 6ème et le 8ème mois de grossesse, le nouveau-né peut naître prématurément et parfois est mort-né Chez le nouveau-né, fièvre isolée 5

D. Traitement Un traitement antibiotique adapté permet de guérir l infection E. Prévention éviter la consommation des aliments les plus fréquemment contaminés et à respecter certaines règles lors de la manipulation et la préparation des aliments éviter de consommer des fromages au lait cru (ainsi que le fromage vendu râpé) éviter la consommation de poissons fumés, de coquillages crus, de surimi, de tarama, etc éviter de consommer crues des graines germées telles que les graines de soja éviter les produits de charcuterie cuite tels que les rillettes, pâtés, foie gras, produits en gelée, etc. pour les produits de charcuterie type jambon, préférer les produits préemballés qui présentent moins de risque d'être contaminés laver soigneusement les légumes crus et les herbes aromatiques cuire les aliments crus d'origine animale (viande, poissons, charcuterie crue telle que les lardons) conserver les aliments crus (viande, légumes, etc.) séparément des aliments cuits ou prêts à être consommés après la manipulation d'aliments non cuits, se laver les mains et nettoyer les ustensiles de cuisine qui ont été en contact avec ces aliments nettoyer fréquemment et désinfecter ensuite avec de l'eau javellisée son réfrigérateur s assurer que la température du réfrigérateur est suffisamment basse (4 C) respecter les dates limites de consommation 6