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TAXATION I M P O S I T I O N Droits de succession en France et en Suisse Actualité et perspectives Inheritance Taxes in France and Switzerland Present Situation and Prospects 93 Jean-Luc Bochatay, Alain Moreau, FBT Lawyers Après la signature le 22 avril 29 - d un nouvel avenant à la convention franco-suisse en matière d impôts sur le revenu et sur la fortune, la France pourrait être tentée de renégocier avec la Suisse la convention en matière d impôts sur les successions, signée le 31 décembre 1953 (ci-après «la Convention de 1953»). La Convention de 1953 apparaît obsolète dans le paysage conventionnel actuel, calqué sur le Modèle de Convention en matière d impôts sur les successions et donations proposé par le Comité des affaires fiscales de l OCDE en 1982. La France a d ailleurs initié la réforme de son réseau conventionnel en matière de droits de succession depuis, notamment, la ratification de la nouvelle convention fiscale signée avec l Allemagne le 12 octobre 26, entrée en vigueur le 3 avril 29. Ce modèle de convention pourrait servir de cadre à de nouvelles négociations des traités de double imposition en matière de succession (et/ou de donation), en particulier avec la Suisse. LA FISCALITE DES SUCCESSIONS ET DONATIONS EN FRANCE ET EN SUISSE EN L ABSENCE DE CONVENTION En droit interne français le principe de «mondialité» gouverne la matière puisque sont taxables aux droits de succession en France, en vertu de l article 75 ter du Code Général des Impôts (ci-après CGI) : Further to the signature of the rider to the French- Switzerland Convention with respect to Income and Wealth Taxes on April 22, 29, France could be tempted to renegotiate with Switzerland the Inheritance Tax Convention signed on December 31, 1953 (hereafter the «1953 Convention»). The 1953 Convention seems obsolete in the current treaty environment, which mirrors the Model Convention with respect to Taxes on Inheritances and Gifts proposed by the OECD Committee on Fiscal Affairs in 1982 France started the reform of its treaty network in inheritance matters, notably since the ratification of the new tax convention signed with Germany on October 12, 26, entered into force on April 3, 29. This model of convention could serve as a framework for the negotiation of new treaties for the avoidance of double taxation with respect to taxes on estates and inheritances (and/or gifts), in particular with Switzerland. TAXATION OF INHERITANCE AND GIFTS IN FRANCE AND IN SWITZERLAND IN THE ABSENCE OF A CONVENTION In French domestic law, this matter is governed by the principle of «globality», since pursuant to Article 75 ter of the General Tax Code (Code Général des Impôts - CGI), are liable to inheritance and gift taxes in France: situation, en France ou hors de France, lorsque le défunt avait son domicile en France au moment du décès (ou le donateur au moment de la donation), situation, en France ou hors de France, lorsque le défunt était domicilié hors de France au moment du décès (ou le donateur au moment de la donation), mais dont les héritiers (ou donataires) sont domiciliés en France au jour de la transmission, et l ont été pendant au moins 6 ans au cours des dix dernières années. location, in France or abroad, when the deceased had his domicile in France at the time of death (or the donor at the time of donation); location, in France or abroad, when the deceased had his domicile in France at the time of death (or the donor at the time of donation), but the heirs (or donees) were domiciled in France on the date of transfer, and continued to be domiciled in France at least for six years during the previous 1 years.

Taxes in France and Switzerland Lorsque, ni le défunt (ou donateur), ni l héritier, (ou donataire) ne sont domiciliés en France, seuls les biens qui y sont situés («biens français») sont taxables. Sont considérés alors comme des «biens français», non seulement les immeubles et les meubles corporels situés en France, mais également les créances et valeurs mobilières dont l émetteur ou débiteur est «domicilié» en France. Il convient pour la qualification de «biens situés en France» de souligner deux cas particuliers concernant les immeubles : (a) les sociétés étrangères non cotées en Bourse considérées à prépondérance immobilière en France, i.e. des sociétés dont le siège est situé hors de France mais dont l actif est principalement constitué d immeubles ou de droits immobiliers situés sur le territoire français, et ce à proportion de la valeur des biens situés en France par rapport à l actif total de la société (art. 75 ter, 2 alinéa 4 du CGI), (b) les immeubles détenus indirectement et qui ne répondraient pas à la qualification de prépondérance immobilière. Il s agit en pratique des immeubles français détenus par l intermédiaire d entités contrôlées par le de cujus (donateur) ou dans le cadre de son cercle familial (art.75 ter, 2 alinéa 2 du CGI). Dans ces deux cas, les actifs concernés sont considérés comme étant des «biens français» et à ce titre taxables en France (alors que, ni le défunt, ni le donateur, ni les bénéficiaires n y sont domiciliés). On notera également le nouveau régime des trusts dont les biens meubles (y compris valeurs mobilières ou créances françaises) ou immeubles situés en France, y sont imposables et ce, alors même que le Settlor et le(s) bénéficiaire(s) sont domiciliés hors de France lors de leur transmission. Le champ d application de l imposition des successions et des donations en droit interne suisse se distingue du droit fiscal français dans la mesure suivante : (i) le domicile en Suisse de l héritier ou du donataire ne constitue pas un critère de rattachement en vue d imposition; seul est pris en compte le domicile en Suisse du défunt, respectivement du donateur, pour déterminer si la Suisse est en droit d imposer cet événement (décès ou donation), sous réserve d hypothèses où «l objet» de l impôt est situé en Suisse, en particulier les biens immobiliers et certains biens mobiliers, auquel cas l impôt est perçu en Suisse en raison du Where neither the deceased/donor nor the heir/ donee is domiciled in France, only the assets located in France («French assets») are taxable. Are deemed «French assets» not only immovable property and chattel located in France, but also claims or securities whose debtor/issuer is «domiciled» in France. As regards the qualification of «assets located in France», it is worth emphasizing two particular cases regarding real estate: (a) foreign non-listed companies considered in France as real estate dominated companies, i.e. companies whose registered office is located outside of France but whose assets are mainly composed of immovable property or rights to immovables located on French territory, proportionally to the value of the assets located in France in comparison to the companies overall assets (Art. 75 ter, 2 para. 4 CGI), (b) immovable property held indirectly which is not qualified as mostly real estate assets. In practice, these are French immovable properties held through controlled entities by the de cujus (donor) or within his family circle (Art. 75 ter, 2 para.2 CGI). In these two cases, the assets concerned are deemed «French assets» and are thus taxable in France (even though neither the deceased, the donor nor the beneficiaries are domiciled in France). Is also worth noting the new regime applicable to trusts whose chattel (including French securities or claims) or immovable property located in France is taxable therein, even when the Settlor and the beneficiaries are domiciled outside of France at the time of transfer. The scope of inheritance and gift taxation in Swiss domestic law differs from the French tax law since: (i) the Swiss domicile of the heir or of the donee is not a connecting factor for the purpose of taxation; only the Swiss domicile of the deceased, respectively the donor, is taken into account in order to determine whether the death or the donation may be taxed in Switzerland, except in the event the «subject» of taxation, in particular immovable property and certain movable property, is located in Switzerland, in which case taxes are levied in Switzerland owing to the «geographical» connection of these assets with Switzerland;

rattachement «géographique» de ces actifs avec la Suisse ; (ii) dans l hypothèse où le de cujus (ou donateur) était domicilié en Suisse, les droits de succession (donation) s appliquent à tous ses biens, droits, créances, quelle que soit leur nature et où qu ils se trouvent, à l exception toutefois des immeubles situés hors de Suisse. En matière de taux d imposition, la France applique un barème progressif en fonction de la valeur des biens transmis et du lien, direct ou indirect, entre le de cujus et l héritier. Le taux marginal en matière de succession en ligne directe est de 45% depuis le 1er janvier 212 (taux atteint pour la tranche au-delà de 1 85 677). Il est de 6% (dès le premier euro) en l absence de lien de parenté entre le défunt et le bénéficiaire des biens transmis. Le taux des droits de donation est identique aux droits de succession à la différence notable qu il n existe plus, depuis 27, de droits de succession entre époux alors que les droits de donation restent applicables. La Suisse connait une multitude de systèmes et de taux en raison d une compétence exclusive des cantons en la matière et du système fédéraliste. De manière générale les taux sont fonction, principalement, du degré de parenté entre le défunt et les héritiers, ainsi qu entre le donateur et les donataires. La plupart des cantons exonèrent les successions et les donations entre conjoints et en ligne directe, alors que les successions entre tiers peuvent être imposées à des taux supérieurs à 5%. Une initiative populaire a été lancée en août 211 en vue d introduire un impôt fédéral sur les successions et donations; si elle était acceptée, toute attribution gratuite (par donation ou succession) en faveur d un bénéficiaire en ligne directe serait imposée au taux fixe de 2 % applicable pour la partie supérieure (i) à 2 millions de francs en matière de succession et (ii) à vingt mille francs par année en matière de donation. Bien que son éventuelle entrée en vigueur ne puisse intervenir avant 215, compte tenu du processus législatif, l initiative prévoit un effet «rétroactif» au 1er janvier 212, ce qui suscite des interrogations quant à la légitimité, voire la légalité, de cette mesure. En droit interne suisse (et en l absence de convention), lorsqu une succession ou donation donne lieu à une double imposition (internationale), il n y a pas de règle générale - suivie par l ensemble des cantons - «garantissant» au contribuable la prise en compte de l impôt étranger (système d imputation ou de crédit d impôt) ; certains cantons, comme le canton de Vaud, ont intégré ce mécanisme dans leur législation. En droit français en revanche, l article 784 A du Code Général des Impôts («CGI») prévoit l élimination de la double imposition par l octroi d un crédit d impôt en France équivalant à l impôt acquitté à l étranger (au titre des droits de mutation à titre gratuit perçus (ii) in the event the de cujus (or the donor) was domiciled in Switzerland, inheritance (gift) taxes apply to all assets, rights and claims, regardless of their nature or of their location, with the exception of immovable property located outside of Switzerland. As regards tax rates, France applies progressive rates depending on the value of the assets transferred and on the connection, direct or indirect, between the de cujus and the heir. The marginal rate with respect to inheritance tax amounts to 45% as of January 1, 212 (rate applied for amounts exceeding 1,85,677). In the absence of a family connection between the deceased and the beneficiary of the assets transferred, a rate of 6% applies to the overall amount. Gifts are taxed at the same rate as inheritances, except that since 27, no inheritance taxes apply between spouses, whereas gift taxes are still applicable. In Switzerland there are multiple tax systems and rates, owing to its federalist system and the exclusive discretion of the cantons in this matter. In general, rates are established on the basis of the degree of family relationship between the de cujus and the heirs, respectively between the donor and the donees. In most cantons, spouses and direct line heirs are exempted from inheritance and gift taxes, whereas inheritance between third parties may be taxed at rates superior to 5%. A popular initiative was launched in August 211 in view of introducing a federal tax on inheritance and gifts. Should it be accepted, any transfer without consideration (through inheritance or gift) in favour of a direct line beneficiary would be taxed at a fixed 2% rate applicable for amounts exceeding (i) CHF 2 million for inheritance purposes and (ii) CHF 2, per year for gift purposes. Even if its entry into force would not occur before 215, owing to the Swiss legislative process, this initiative provides for a «retroactive» effect to January 1, 212, which raises questions as to the legitimacy, or even the legality of this measure. Under Swiss domestic law (and in the absence of a convention), when inheritance or gift triggers (international) double taxation, there is no general rule followed by all the cantons which «guarantees» to the taxpayer that the foreign tax will be taken into account (imputation system or tax credit); some cantons, such as the canton of Vaud, have integrated this mechanism in their legislation. In French law, on the other hand, Article 784 A CGI provides for the avoidance of double taxation through the granting of a tax credit in France equivalent to the tax paid abroad (as free transfer tax paid in relation to the inter vivos or causa mortis transfer). This imputation is limited to the foreign tax paid on movable and immovable 95

Taxes in France and Switzerland à raison de la transmission entre vifs ou par décès) sur les biens étrangers. Cette imputation est limitée à l impôt étranger acquitté sur les biens meubles et immeubles situés hors de France. L impôt étranger n est de plus imputable en France que dans la limite de l impôt français afférent aux biens meubles et immeubles situés à l étranger. LE DROIT CONVENTIONNEL La Convention de 1953, qui ne concerne que les successions à l exclusion des donations, modifie les règles posées par le droit interne français et réduit fortement son champ d application. En effet, elle : (i) réserve le droit d imposer les successions à l Etat dans lequel le défunt avait son dernier domicile, faisant ainsi échec à la règle française selon laquelle le «domicile» des héritiers constitue un critère de rattachement; (ii) consacre le principe de l exonération (pour éviter la double imposition) et non celui de l imputation (ou du «crédit d impôt»), avec pour conséquence la mise en place de stratégies de planifications en faveur de l Etat dont la fiscalité en matière successorale est la plus attractive ; (iii) limite le type de biens imposables en fonction du lieu où ils se trouvent (biens immobiliers détenus «en nom», «meubles meublants» ainsi que les assets located outside of France. Moreover, the foreign tax is only imputable in France up to the amount of French tax applicable to the movable and immovable assets located abroad. TREATY LAW The 1953 Convention, which only concerns estate and inheritances and not gifts, modifies the rules set forth in French domestic law and strongly narrows its scope. Indeed, it: (i) Reserves the right for the state in which the deceased was last domiciled to tax the estate, neutralizing the French rule under which the «domicile» of the heirs is deemed a connecting factor; (ii) Establishes the principle of exemption (to avoid double taxation) and not the principle of imputation (or «tax credit»), triggering the setting up of planning strategies favouring the state whose inheritance taxation is the most attractive; (iii) Limits the type of taxable assets according to their place of location (immovable property held personally («en nom»), «furniture» as well as «art objects and collections»); as a consequence, French companies shares, claims whose debtor is domiciled in France

«objets et collections d art»); cela a pour conséquence que les actions de sociétés françaises, les créances émises par des débiteurs français ou encore les biens immobiliers détenus en France par l intermédiaire de sociétés ne sont pas soumis aux droits de succession en France, dès lors que le défunt était domicilié en Suisse; à cet égard, les actions ou parts de sociétés à prépondérance immobilières sont considérées au regard de la Convention de 1953 comme des actifs mobiliers et sont donc taxables uniquement dans l Etat du dernier domicile du défunt (cf. Rép. Min. Valleix, AN 21 avril 1997, n 4652). Cet état de droit pourrait cependant changer dans l hypothèse où la France et la Suisse conviennent d amender (ou de remplacer) la Convention de 1953, de façon à se doter d un outil conventionnel plus «moderne», dans le sens notamment de la convention franco-allemande entrée en vigueur le 3 avril 29. VERS UN MODELE CONVENTIONNEL FRANCO-ALLEMAND EN MATIERE DE SUCCESSION (ET DE DONATION) La nouvelle convention franco-allemande en matière de succession apparaît comme étant la plus aboutie puisqu elle permet à la France de rétablir ses droits à imposer en matière de succession et de donation, que ce soit dans le cas particulier des immeubles détenus indirectement en France, mais surtout dans l hypothèse où le dernier domicile du défunt (ou as well as immovable property held in France through companies are not subject to inheritance tax in France when the deceased was domiciled in Switzerland; in this respect, shares or units of companies that are real estate dominated companies are deemed within the scope of the 1953 Convention as movable assets and are thus taxed only in the state the deceased was last domiciled (cf. Rép. Min. Valleix, AN 21 April 1997, n 4652). However, this rule of law could change in the event France and Switzerland agree to amend (or replace) the 1953 Convention in order to introduce a more «modern» treaty, notably in line with the French-German convention entered into force on April 3, 29. TOWARDS A FRENCH-GERMAN MODEL CONVENTION WITH RESPECT TO INHERITANCE (AND GIFT) TAXATION The new French-German convention with respect to taxes on estates and inheritances seems the most complete since it allows France to restore its rights to tax inheritances and gifts, in the particular case of immovable property held indirectly in France, but especially in the event the last domicile of the deceased (or donor) was outside of France whereas the heir (or donee) is a French resident. 97

Taxes in France and Switzerland donateur) est situé hors de France alors que l héritier (ou donataire) est résident français. Si la convention reprend traditionnellement la règle dite du situs pour déterminer le droit applicable à la succession, elle prévoit expressément que la qualification de «biens immobiliers» comprend aussi les actions, parts ou autres droits dans une société ou une personne morale dont l actif est constitué pour plus de la moitié, directement ou indirectement, d immeubles situés dans un Etat contractant ou de droits portant sur des biens immobiliers (règle de la «prépondérance immobilière»). La convention franco-allemande va cependant plus loin puisqu elle prévoit également qu un immeuble est réputé faire partie de la succession d une personne domiciliée dans un Etat contractant lorsqu il appartient à des sociétés dont le défunt, seul ou dans son cadre familial, détient plus de la moitié des participations, directement ou indirectement. Cette disposition permet ainsi de se conformer au droit interne français relatif aux possessions d immeubles détenus indirectement par le de cujus dans le cadre de sociétés qu il «contrôle». La convention franco-allemande introduit par ailleurs le principe de l imposition de la succession dans l Etat du domicile de l héritier, lorsque le de cujus avait son dernier domicile hors de cet Etat. La règle est posée à l article 11 de la convention qui reprend les dispositions prévues à l article 75 ter du Code Général des Impôts, sur la base duquel la France peut imposer la transmission de biens à titre gratuit (par donation ou par succession) en faveur d une personne domiciliée en France, quel que soit le lieu de situation de ces biens, et alors même que le défunt ou le donateur réside hors de France. La question de la double imposition éventuelle est réglée via l application d un crédit d impôt égal à l impôt étranger, imputable sur l impôt français dans les conditions prévues en droit interne, à savoir dans la limite de l impôt français. Ce changement dans la méthode de l élimination de la double imposition par suppression de la règle de l exonération et l introduction du mécanisme de l imputation, peut s avérer lourd de conséquences sur la charge fiscale finale, en particulier lorsque des héritiers demeurent sur le territoire français. La Suisse et l Allemagne sont également liées par une convention en matière d impôts sur les successions, entrée en vigueur en 198. Even if the convention follows the traditional situs rule to determine the law applicable to the estate, it provides expressly that the qualification of «immovable assets» also includes shares, units or other rights over a company or a corporation whose assets are directly or indirectly composed of more than 5% of real estate located in a contracting state or of rights over such immovable assets (the rule of «real estate predominance»). However, the French-German convention goes even further, since it also provides that a property is deemed as part of the estate of a person domiciled in a contracting state when it belongs to companies of which the deceased, alone or within a family context, holds, directly or indirectly, more than half of the shares. This provision allows thus to comply with French domestic law with regard to the possession of real estate held indirectly by the de cujus within the framework of companies «controlled» by the latter. Moreover, the French-German convention introduces the principle of the taxation of the estate in the state of domicile of the heir, when the de cujus had his last domicile outside of this state. This rule is set forth in Article 11 of the convention, which follows the provisions of Article 75 ter CGI, under which France may tax the free transfer of assets (through gift or inheritance) in favour of a person domiciled in France, regardless of the location of these assets, even when the deceased or the donor is domiciled outside of France. The question of a possible double taxation is solved through the application of a tax credit equivalent to the foreign tax, imputable to the French tax in compliance with the domestic law provisions, i.e. within the limits of French tax. This change in the method of avoidance of double taxation through the suppression of the exemption rule and the introduction of the imputation mechanism may prove to heavily affect the final tax burden, in particular when the heirs remain on French territory. Switzerland and Germany are also bound by a convention with respect to taxes on estates and inheritances entered into force in 198. The mechanism provided for the avoidance of double taxation is also the imputation mechanism, when the deceased had his last domicile in Germany and when some of his assets (in particular immovable property) are located and

Le mécanisme prévu pour éviter la double imposition est également celui de l imputation, lorsque le défunt avait son domicile en Allemagne et que certains de ses biens (en particulier des biens immobiliers) sont situés et imposés en Suisse ; toutefois, dans le cas particulier où le défunt domicilié en Allemagne possède la nationalité suisse, l Allemagne exempte de l impôt les actifs immobiliers situés en Suisse (principe de l exonération). Cette convention consacre également, dans un certain nombre d hypothèses, la faculté pour l Allemagne de prélever des droits de succession en raison du «seul» domicile allemand de l héritier et ce alors même que le défunt était résident de Suisse. De toute évidence, le critère de rattachement alternatif du domicile du de cujus ou de celui des héritiers, de même que le mécanisme de l imputation pour éviter la double imposition, sont des principes qui ont (déjà) été acceptés par la Suisse ; on peut dès lors s attendre à ce que la Suisse ne s oppose pas à l intégration de ces principes dans la nouvelle convention qui sera négociée avec la France. CONSÉQUENCES PRATIQUES En admettant que la France et la Suisse se dotent d une nouvelle convention en matière de succession semblable à la convention franco-allemande, (i) un bien immobilier situé en France et détenu indirectement (sous couvert d une société civile immobilière par exemple) par un de cujus résident de Suisse serait désormais imposable en France, comme si le défunt avait été résident français (sous déduction d un crédit d impôt égal à l impôt sur les successions payé en Suisse). En comparaison, sous l empire de la Convention de 1953 actuellement en vigueur, ce bien est exonéré en France et souvent exonéré en Suisse (en cas notamment de transmission en ligne directe) ; (ii) de la même manière, les héritiers résidents français d un de cujus domicilié en Suisse seraient soumis aux droits de succession en France - y compris sur les actifs du défunt situés en Suisse (actifs immobiliers et mobiliers) -, avec certes la possibilité de déduire l impôt supporté en Suisse, lequel est toutefois sensiblement inférieur - dans la plupart des cas - à la charge fiscale française. Actuellement, sous l empire de la Convention de 1953, le domicile suisse du défunt a pour effet que l ensemble de sa fortune n est pas imposable en France (à l exception - pour l essentiel - des biens immobiliers situés en France) alors même que ses héritiers sont des résidents français. taxed in Switzerland. However, in the particular case where the deceased domiciled in Germany is a Swiss citizen, the assets located in Switzerland are exempted from tax in Germany (principle of exemption). This convention also establishes, in some cases, the possibility for Germany to levy inheritance taxes on the basis of the «sole» German domicile of the heir even when the deceased was a Swiss resident. In all likelihood, the alternative connection factor of the domicile of the de cujus or of the heirs, as well as the imputation mechanism to avoid double taxation are principles that have (already) been accepted by Switzerland; accordingly, one can expect that Switzerland will not oppose the integration of these principles in the new convention to be negotiated with France. PRACTICAL CONSEQUENCES Supposing that France and Switzerland enter into a new convention with respect to the taxation of inheritance similar to the French-German convention, (i) an immovable property located in France and held indirectly (through a Société civile immobilière, for instance) by a de cujus resident in Switzerland shall be taxable in France, as if the deceased were a French resident (after deduction of a tax credit equivalent to the inheritance tax paid in Switzerland). In comparison, under the 1953 Convention currently into force, this property is tax exempt in France and often exempt in Switzerland (notably in case of transfer to spouse and children); (ii) in the same way, heirs of a de cujus domiciled in Switzerland who are French residents would be liable to inheritance taxes in France including on the deceased s assets located in Switzerland (movable and immovable assets) admittedly with the possibility of deducting the tax paid in Switzerland, which is however considerably inferior in most cases to French taxes. At present, under the 1953 Convention, as a consequence of the Swiss domicile of the deceased, his overall assets are not taxable in France (with the exception in the main of immovable property located in France) even though the heirs are French residents. 99