L orientation Choisir son parcours de formation



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Transcription:

dossier L orientation Choisir son parcours de formation Prendre une direction et pas l autre. Ne pas se tromper. L orientation est importante dans la vie des jeunes. Elle se construit à long terme et prend des chemins divers, au rythme des histoires et des parcours de chacun. Pour conduire son projet professionnel, l élève doit partir à la chasse aux infos et aux filières. Il n est pas seul dans sa démarche. Au sein des Maisons Familiales, des actions pédagogiques sont menées dans ce sens. La famille, les moniteurs, les partenaires de la formation sont autant de personnes qui accompagnent le jeune dans son choix. Dossier réalisé par Hélène Le Courtois mars 2003 - n 302 - Le Lien 15

Choisir sa formation Difficile de se décider, de faire un choix et le bon. A l heure de l orientation, le brainstorming s installe dans la tête des élèves. Ensemble ou chacun de son côté, parents et enfants cogitent. Pour les aider dans leur questionnement, des outils, de plus en plus nombreux sont mis à leur disposition. Des conseils aussi. Le premier étant peut-être de prendre en compte la réalité suivante : il n y a pas de parcours type et les chemins sont différents d un jeune à l autre. A chacun de trouver son itinéraire. Et ne pas penser que son choix est irréversible. Celui qui se décide à passer un brevet professionnel dans l électronique, finira peut-être dans l hôtellerie. Car l orientation n est pas qu une affaire d insertion. Elle l est en partie bien sûr et se donne comme but la possibilité de poursuivre une formation et de trouver un emploi. Mais s orienter ne signifie pas non plus s enfermer dans un domaine d activité pour ne plus jamais en ressortir. Rien n est figé. Chaque jour, un bout du chemin se dessine et chaque expérience permet à l intéressé de construire sa route, sa propre orientation. Clé pour l insertion, l orientation est aussi à appréhender comme une composante du parcours de l adolescent. Car comme Jean-Claude Gimonet, ancien directeur du centre pédagogique des Maisons Familiales Rurales, l exprime clairement : La recherche d orientation fait partie de la démarche normale de l adolescence en tant que recherche de sa boussole interne, construction de l identité. 16 Le Lien - n 302 - mars 2003

ORIENTATION Les Maisons Familiales proposent des formations dans plus de 400 diplômes, attestations, titres différents. L Union nationale des MFR (58 rue ND de Lorette, 75009 Paris. 01 44 91 86 86) et les fédérations régionales sont à la disposition du public pour l informer. Itinéraire des formations scolaires et par apprentissage dans les MFR Niveaux de formation BTS BTS ou BTSA BTS ou BTSA 1 re année Bac Bac technologique BTA Bac professionnel BTA Bac technologique 1 ère année BTA 1 re année Bac professionnel 1 re année BEP CAP BEP ou BEPA CAP ou CAPA Seconde Seconde générale et technologique 2nde professionnelle (BEP ou BEPA 1 re année) CAP ou CAPA 1 re année 3 e 3 e CPA 4 e 4 e CLIPA 5 e CAP (A) : Certificat d Aptitude Professionnelle (Agricole) BTA : Brevet de Technicien Agricole BEP (A) : Brevet d Etudes Professionnelles (Agricoles) BTS (A) : Brevet de Technicien Supérieur (Agricole) Où s informer? - le CIO Pour trouver le Centre d Information et d Orientation le plus proche de votre domicile, vous pouvez consulter le site : www.education.gouv.fr - le CIDJ Centre de Documentation et d Orientation : CIDJ, 101 quai Branly 75 740 Paris cedex 15. 01.44.49.12.00.www.cidj.asso.fr - l ONISEP L Office national d information sur les enseignements et les professions est une mine d informations sur les études et les métiers : www.onisep.fr - Les missions locales Ces structures associatives accueillent des jeunes de 16 à 25 ans. Les conseillers discutent avec eux d emploi, de formation, de logement, de santé... Ne pas oublier non plus les PAIO (Permanences d accueil, d information et d orientation), les chambres consulaires, les CARIF (Centres d animation, de ressources et d information)... mars 2003 - n 302 - Le Lien 17

Acteurs et auteurs de leur orientation L orientation passe d abord par une meilleure connaissance de soi-même. A la Maison Familiale de la Croix-en-Touraine (37), l équipe pédagogique ne perd jamais de vue cette réalité : elle accompagne les jeunes dans leur réflexion, sans pression aucune. Au fil des mois et des stages en entreprises, les idées s affirment, les personnalités aussi. Florent aura bientôt 18 ans, Julien, 19. En 1998 pour l un, un an plus tôt pour l autre, ils franchissaient le porche de la Maison Familiale de la Croix-en- Touraine. Depuis, les deux garçons ont fait du chemin et surtout, trouvé leurs voies. Aujourd hui à la Croix, ils viennent saluer les moniteurs et raconter leur parcours. Mais ils ne restent pas longtemps, le travail les attend. Pour les moniteurs, la surprise est de taille. Ils avaient quitté des élèves encore jeunes et indécis, ils retrouvent deux garçons affirmés et épanouis dans leur vie scolaire et professionnelle. Tour à tour, les deux anciens élèves racontent : Quand je suis venu ici, je voulais être horticulteur, explique Florent. Un choix venu tout droit de ses grands-parents pépiniéristes à la retraite mais qu il a su confirmé par lui-même. J ai d abord fait deux stages en production agricole, puis un, en espace vert en 4 e.l année suivante, j ai poursuivi dans cette voie. Cette année, Florent passe son CAP toujours dans la même branche et compte ensuite s inscrire en BEP. Il sait qu il a fait le bon choix. Des passages chez différents maîtres de stage lui ont permis de se rendre compte de la réalité du métier. Tout n est pas rose. En temps de pluie, il nous arrive de travailler dehors. Et puis selon les saisons, nous avons des grosses périodes de travail. Des contraintes qui n ont pas suffi à freiner l intérêt de Florent pour ce secteur. > Le déclic en 3 e A côté, Julien, se souvient aussi de son arrivée à la Croix-en- Touraine : Je ne me plaisais pas au collège. Je suis venu à la Maison Familiale dans l intention de devenir paysagiste. Quatre ans plus tard, Julien prépare un BEPA agricole et envisage un bac professionnel par la suite. A la différence de Florent, il a évolué dans ses choix. Mais ne regrette rien aujourd hui. Si je n étais pas passé par la case paysagiste, je n en serais peut-être pas là aujourd hui. Car Julien a eu l occasion de découvrir les facettes du métier par le biais de ses stages en 4 e... et s est vite rendu compte que, finalement le métier ne lui correspondait pas. Le déclic se produit en 3 e.un premier stage chez un maraîcher, un second chez un éleveur, le troisième chez un céréalier, Julien découvre un milieu qui lui plaît. Même si, comme Florent, il prend aussi conscience des contraintes : le temps passé à l extérieur, des horaires pas toujours faciles, des pics de travail intenses selon les saisons. Mais le jeune homme Il ne faut pas partir tête baissée. Il faut parler. relativise : certains s orientent vers la boulangerie-pâtisserie. il faut aussi se lever tôt le matin. Entre la terre et la farine, Julien a choisi. Il tire les leçons de cette période où il se posait des questions sur son avenir professionnel : Il ne faut pas par- 18 Le Lien - n 302 - mars 2003

ORIENTATION tir tête baissée, il faut parler, prendre les différents aspects du métier en considération. Et puis surtout, les stages nous aident à y voir plus clair. > Le message des maîtres de stage Une dernière remarque que les moniteurs de la Croix-en-Touraine ne contrediront pas. Eux qui ont fait le choix de s éclipser devant les maîtres de stage tout en accompagnant les élèves dans leur réflexion. Ce qu on vit, compte plus que ce qu on dit explique Myriam Cochin, responsable des 3 e. C est donc chez les maîtres de stage que les élèves vont trouver les réponses aux questions qu ils se posent. C est là, en situation, qu ils découvrent un secteur et décident de continuer ou pas dans cette voie. Les messages forts viennent du maître de stage poursuit Myriam. Mais ils ne sont pas les seuls acteurs de l histoire. Parents et moniteurs jouent aussi un rôle essentiel. Les premiers en aidant leurs enfants à trouver un stage, en dialoguant avec eux sur la question, les seconds par le travail pédagogique qu ils font avec les élèves. Les moniteurs sont là pour guider l élève, lui donner des conseils, sans jamais le commander. Avec sa collègue, Janick Alix, responsable des 4 e, Myriam suit attentivement le cheminement de ses élèves. Elles en discutent individuellement avec chacun d eux, les tiennent au courant des lieux où ils peuvent s informer (CIO, chambres de métiers de la région...). Cette année ils iront une journée entière visiter un CFA dans une commune voisine. Des intervenants extérieurs viennent également régulièrement dans l établissement et discutent avec les jeunes de leur profession. Mais le plus important, pour l équipe pédagogique, c est de ne pas aller à l encontre du souhait des élèves tout en les invitant à découvrir d autres filières qui pourraient éventuellement les intéresser. On part de l idée du jeune. Il veut être mécanicien, vendeur, boucher...on lui dit OK, c est ton choix explique Jean-Francis Bister, le directeur de la Maison Familiale. Au début de l année de 4 e, l équipe cherche, avec les parents, un premier stage dans le domaine choisi par le jeune, mais s arrête là. Pas question de chercher les suivants. Si le jeune décide de s orienter dans une branche qui finalement ne lui correspond pas, il va s en rendre compte par luimême. Il finira par s apercevoir qu entre l idée qu il a du métier et la réalité, il y a parfois un fossé qu il ne désire pas franchir. Pour l équipe pédagogique, le terme d accompagnement prend alors toute sa valeur. Le premier stage est l occasion de faire le point. Quand le jeune confirme son choix, les parents peuvent alors chercher un second stage. Si le premier stage ne marche pas, les moniteurs échangent alors avec les parents pour trouver une autre branche. Un jeune rentré pour faire de la mécanique peut finalement partir en apprentissage de Ce qu on vit, compte plus que ce qu on dit Florent poursuit son projet professionnel dans le domaine de l horticulture. Julien, de son côté, s est décidé pour le milieu agricole. serveur explique Jean-Francis Bister parce que par exemple, il se rend compte qu il préfère le contact avec la clientèle. Le troisième stage doit se faire de toute manière dans un autre domaine professionnel que les deux premiers stages. Parti pour la première fois en mécanique automobile, le jeune peut poursuivre en tôlerie peinture ou carrément dans un autre domaine. Parce que même s il est convaincu de son choix, à 14 ans, on est encore très jeune. Et certains décident de rester non, par rapport au secteur d activité mais par rapport aux conditions de l entreprise. En 3 e, les moniteurs de la Croix-en-Touraine conservent la même démarche mais aident l élève à confirmer son choix. A la fin du second trimestre, il doit normalement s être décidé pour une filière. Pour ceux qui décident de poursuivre en formation alternée ou en lycée professionnel, les dossiers d inscriptions sont à préparer. Ceux qui souhaitent partir en apprentissage profitent souvent du dernier stage, conçu comme une période d essai. Quand l équipe maître de stage/stagiaire fonctionne, il n est pas rare de poursuivre ensemble. > Tout le monde grandit Ce qui compte finalement pour le directeur et son équipe pédagogique, c est de cheminer avec le jeune. Chacun avance dans sa réflexion. L élève, le premier concerné, bien sûr mais tous les acteurs qui l accompagnent. Les moniteurs tirent les leçons de chaque situation pour qu à la rentrée suivante, le soutien et les conseils prodigués aux élèves en matière d orientation soient encore plus constructifs. Tout le monde grandit finalement ironise une monitrice. Les parents aussi. Le passage de leurs enfants à la Maison Familiale modifie leur regard. Ils voient leurs fils et leurs filles différemment. Ces derniers vivent souvent ici leur première expérience dans le milieu professionnel. Une expérience qu ils ont plaisir à partager en rentrant chez eux poursuit la monitrice. Et c est en partageant leurs envies, leurs questions, leurs attentes avec l entourage que les jeunes avancent dans leur réflexion. L équipe de la Croix-en-Touraine en est convaincue. L orientation reste indiscutablement une histoire qui se joue à plusieurs. mars 2003 - n 302 - Le Lien 19

Elèves à la Croix-en-Touraine, chercheurs de filières... Laëtitia, 16 ans en BEPA service aux personnes L an dernier, à la même époque, je n aurais jamais osé m exprimer sur le sujet. Je manquais d assurance, je ne savais pas de quoi j étais capable. Quand je suis arrivée ici, je voulais devenir esthéticienne. Un premier stage en coiffure m a permis de me rendre compte que ce n était pas du tout ma voie. Mon deuxième stage chez un fleuriste ne m a pas convaincue non plus. Il a fallu attendre le troisième: un stage en maternelle. Dans sa commune, Laëtitia a beaucoup parlé avec les animateurs de la maison des jeunes qui l ont aussi aidé à faire son choix. C est décidé, Laëtitia, plus tard, travaillera avec les enfants. Elle espère passer bientôt son BAFA et son CAP petite enfance. Benjamin, 16 ans, en 3 e préparatoire à projet professionnel L orientation, Benjamin, 16 ans, y pense de temps en temps mais le sujet ne l inquiète pas vraiment. Le jeune garçon a, depuis longtemps, son avis sur la question. Je suis arrivé à la Croix-en-Touraine l an dernier avec en tête l idée de devenir mécanicien. Aujourd hui en 3 e, mon choix se confirme. Je reste déterminé. Freddy, 16 ans en 3 e préparatoire à projet professionnel Pas facile de faire son choix pour Freddy. Différentes filières l intéressent : bâtiment, maçonnerie, mécanique... Là encore, les stages font petit à petit la lumière sur ses véritables envies. C est la charpente qui risque finalement de l emporter. C est un métier où on ne fait jamais les mêmes choses et puis j aime la hauteur... Leila, 16 ans en BEPA service aux personnes En 4 e, j avais deux projets : travailler dans la décoration d intérieur ou dans la restauration. Les moniteurs m ont conseillé de me renseigner au CIO. J y ai fait un test, les stages ont fait le reste. Mon premier stage en restauration m a permis de voir que le rythme n était pas pour moi. Les stages suivants auprès de jeunes enfants l ont aidé à trouver sa voie en même temps que Leila prenait confiance en elle. La jeune fille se sent bien dans ce domaine, utile et accompagnée. Marie-Noëlle, 15 ans 1/2 en 3 e préparatoire à projet professionnel Arrivée ici dans l idée de devenir coiffeuse, Marie-Noëlle, sait maintenant qu elle ne veut plus faire ce métier. Elle réfléchit en ce moment à sa future formation : Je parle avec les personnes de mon entourage, leur pose des questions sur leur métier. Ces témoignages m aident à faire le tri dans les filières. 20 Le Lien - n 302 - mars 2003

ORIENTATION L orientation passe nécessairement par le dialogue Jean-Claude Daigney, directeur de l Union Nationale des Maisons Familiales Rurales, est par ailleurs membre du Conseil d administration de l UNAF*. Il y est responsable du groupe de travail jeune et insertion professionnelle. A ce titre, il évoque la place essentielle tenue par la famille en matière d orientation. Le Lien. L orientation correspond à un long chemin parsemé de réflexions et de diverses étapes dans la vie d un individu. Quel rôle les familles peuvent-elles jouer dans ce cheminement? Jean-Claude Daigney. L orientation est une des principales préoccupations exprimées par les familles. C est pourquoi l UNAF s est impliquée dans cette question. Cette préoccupation est logique : derrière l orientation, c est l autonomie de l enfant ou du jeune adulte qui est en jeu. Il faut l aider à se préparer à voler de ses propres ailes. Et dans cette perspective, la famille apparaît comme essentielle. En 1998, une enquête de l UNAF sur la place et le rôle de la famille dans l orientation scolaire et l insertion professionnelle des jeunes avait mis l accent sur deux éléments qui me semblent parlants. La moitié des jeunes interrogés attribuait la réussite de leur parcours scolaire au soutien de leur famille. Quant à l accompagnement dans le choix de l orientation, 70 % estimaient avoir été aidés par l un de leurs parents, 18 % par un frère ou un autre membre de la famille, 11 % par un ami. Face à la multiplicité des lieux d information et des supports, les familles sont souvent dépourvues en matière d information. Elles jouent pourtant un rôle essentiel et correspondent à la première aide mise en avant. Quand on parle de famille, il ne faut pas évidemment se limiter aux parents. La contribution des frères et sœurs, et au delà, les amis, tout l environnement proche comptent. Le Lien. De quelle manière cette aide, apportée par la famille, peut-elle se traduire? Jean-Claude Daigney. Incontestablement par le dialogue. Il faut que parents et enfants parlent ensemble. Il ne s agit pas seulement de discuter pour choisir la bonne classe au bon moment. Il faut en fait multiplier les occasions de rencontrer des personnes capables de témoigner et de communiquer le goût de leur métier. Avant les métiers étaient visibles dans le sens où ils étaient identifiés dans les représentations de chacun. Aujourd hui 90 % des métiers sont invisibles. Le fait pour le jeune de pouvoir parler avec d autres (famille, amis, professionnels...) de ce qu ils font, est très important. Les parents peuvent l aider en facilitant l accès à la discussion, en se décentrant de la question purement scolaire. Car il ne faut pas perdre de vue une chose : plus on centre le dialogue avec les enfants sur l aspect uniquement scolaire, plus l orientation se construit par la négative, dans l absence de choix de filières scolaires. Le Lien. Mais les familles sont-elles toutes égales devant ce dialogue à construire avec les enfants? Jean-Claude Daigney. Non et là, un problème se pose. Certaines ont plus ou moins de facilités. C est ici que peuvent intervenir les associations familiales, en mettant en relation les familles entre elles et en leur permettant de partager avec d autres, de s épauler mutuellement. Les parents peuvent jouer un rôle important auprès de leurs enfants parce qu ils ont euxmêmes un réseau de relation et sont parfois capables de mobiliser leurs contacts, de mettre en relation leurs différentes connaissances. Le Lien. Souvent les enfants eux-mêmes ne savent pas ce qu ils veulent faire. Ce n est pas facile pour les parents de le décrypter non plus de se tenir au courant des formations. Comment alors accompagner son enfant quand on ne maîtrise pas ces différents choix qui s offrent aux jeunes? Jean-Claude Daigney. C est vrai que plus personne n y comprend rien. Les enfants sont davantage dans le circuit et connaissent mieux les formations. Mais les parents ne peuvent pas toujours jouer un rôle actif dans l aiguillage scolaire. Entre les différentes filières techniques, professionnelles et générales, il y a de quoi se perdre. Là où ils peuvent intervenir, c est dans l échange, les rencontres. On ne peut pas demander aux parents de devenir conseiller d orientation. Mais par la proximité, la relation de confiance qu ils instaurent avec leurs fils et leurs filles, ils disposent des clés qui permettront aux jeunes d y voir plus clair, de mieux se connaître et de trouver le métier qui leur correspond. Propos recueillis par Hélène Le Courtois *Union Nationale des Associations Familiales. mars 2003 - n 302 - Le Lien 21