ETUDE DE FAISABILITE DE LA MISE EN PLACE D UNE AGENCE CHARGEE DE L ENERGIE DOMESTIQUE ET DE L ELECTRIFICATION RURALE EN GUINNÉE BISSAU RAPPORT FINAL



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Transcription:

REPUBLIQUE DE GUINEE-BISSAU COMITE INTER- ETATS DE LUTTE CONTRE LA SECHERESSE AU SAHEL (CILSS) PROJECT PREDAS ETUDE DE FAISABILITE DE LA MISE EN PLACE D UNE AGENCE CHARGEE DE L ENERGIE DOMESTIQUE ET DE L ELECTRIFICATION RURALE EN GUINNÉE BISSAU RAPPORT FINAL FAIT EN MAI 2009 1

FICHE TECNIQUE Partie ou Composante de l Etude Noms des participants Rapport préliminaire de l étude Décembre 2007 Partie du texte Enge. Ernesto Pereira et Suanda Infonda - Composante du secteur forestier e diagnostic du secteur Partie du texte Enge Lamberto Soares Camara - Composante du secteur énergétique et son respectif diagnostic Préparation et coordination partie I, II, II Enge Ivone da Costa des composantes restantes de l étude, compilation e présentation de le 1 ère version du rapport 2 ème Rapport revu Juillet 2008 - les rencontres, commentaires recueillies des partenaires Enge Ivone da Costa nationaux et internationaux (FAO, UE, BM. - Synergie avec les projets Enge Ernesto Pereira et Suanda Infonda en amont et en aval avec des impacts forts pour la création de l Agence - Direction de l Agriculture, - de l Energie, Ministère de Enge Ivone da Costa l Economie - Commentaire Régional du PREDAS Coordination régional PREDAS 2ème révision document avec des Octobre 2008 Ivone da Costa incorporations des commentaires 1 ère revision du français Paulino Sousa de Azinhaga Phase final, 3 ème révision de Avril 2009 l étude/rapport final Dernière révision du document, 4 ème version, incorporation de tous les commentaires recueillis, de la tutelle du Coordination National PREDAS secteur de l énergie (2 Direction de l énergie plus Coordinateur National Enge Ivone da Costa PREDAS), des Forêts et Faune, de tous les partenaires interviewés dans le Enge Paulino Sousa de Azinhaga processus. Incorporation du document final en français. Révision Final Enge Ivone da Costa 2

TABLE DE MATIÈRE Page Fiche Technique 2 Sigle et acronymes 5-6 I Partie- Introduction 8 1-Situation du Pays 8-10 2- Contexte de l étude 11 3- Méthode et équipe de travail 12-13 II - Partie- Diagnostic du secteur de l énergie domestique et de L électrification rurale 13 1 Diagnostic du secteur Forestier 14-16 1.1-Filière de l énergie domestique 17-18 1.2-Sous filière du bois énergie 18-21 1.3-Sous filière du gaz Butane 21-22 1.4- Les autres sources de substitution du bois énergie 23 2- Filière de l électrification rurale 23-26 2.1- Les alternatives énergétiques existantes 2.2- Les énergies renouvelables 28-29 2.2.1- Mise en valeurs des produits agro industriels 29-30 III- Partie - Opportunité de création d une agence de l énergie Domestique et de l électrification rurale 32 1-La pertinence et opportunité de ANAGE /AGEDER, (ANERED) OU AGUIER (AGER) 32-33 1.1.1- La vision du secteur de L Energie 34 1.1.2- La vision du secteur de l agriculture 34-35 1.1.3- La vision d un organisme international 35 1.2.- Les conditions de viabilité de ANAGER ou AGEDER 36-40 1.3 -La mission de ANAGER ou AGEDER 41-42 1.3.1- Le mandat de l agence 43-44 2- Proposition des textes de ANAGER ou AGEDER 44 2.1- Loi Portant Création d une Agence 45-47 2.2- Décret sur le régime Fiscal et Douanier 48-51 3

2.3- Proposition de L organigramme 2.3.1- Cadre organique du personnelles 52 2.4- Le profil des postes 56-59 2.5.- Les statuts de ANAGER/ ANEREDE 59-66 3-Définition des programmes de formation 67 3.1- Pour les cadres de l Agence 67 3.2 - Pour les partenaires privés 68 3.3 Pour les associations rurales 68 4 Les budgets prévisionnels 69 4.1- Le budget de fonctionnement 69 4.2- Le budget d investissement 70 IV Partie Conclusions et Recommandations 71 1 Recommandations Générales 72 2- Partenariat possible 73 3 Pour les énergies Domestiques 73-74 4- Pour l Electrification rurale 74-75 5- Synergies avec les projets et programmes en amont et en aval 75-77 V Partie Annexes 78 1- Plan de formation 79,81-83 2- Plan d action prévisionnel 79,84-87 3- Bilans Energétique de 5 années (2004 a 2008) 88-92 4- Termes de Référence 93-94 5- Liste de Personnes Rencontrées 95-96 6- Questionnaire D orientation pour les Rencontres avec les partenaires 97 7- Bibliographie 98 4

MESURES, SIGLES ET ABREVIATIONS MESURES V = Volt (unité de mesure de différence de potentiel ou tension) kv = Kilovolt (1 000 Volts) W = Watt (unité de mesure de la puissance active) kw = Kilowatt (1 000 W) MW = Mégawatt (1 000 000 W ou 1 000 kw) GW = Giga watt (1 000 000k W ou 1 000 MW) Wh = Wattheure (unité de mesure de l énergie électrique active) KWh = Kilowattheure (1 000 Wh) MWh = Mégawatheure (1 000 000 Wh ou 1 000 kwh) GWh = Giga wattheure (1 000 000 000 Wh ou 1 000 000 kwh ou 1 000 MWh T = Tonne (1 000 kg) TEP = Tonne Equivalent Pétrole (1 000 kep), correspond encore à 7,3 baril ou 1,5 tonnes de charbon ou 4500 KWh d électricité. EQUIVALENCES ENERGETIQUES 1 baril de pétrole correspond à un volume de 159 litres 1 tonne de pétrole brut, gazole, fioul équivaut à 42 GJ, 11 620 kwh et à 1 TEP 1 TEP est égale à 7,33 barils pour les bruts de densité moyenne, c est-à-dire 860 kg/m3 1 tonne de fioul lourd équivaut à 40 GJ (PCI), 11 120 kwh et à 0.952 TEP 1 MWh d électricité équivaut à 9.33 GJ (PCI) et à 0.222 TEP 1 MWh de gaz naturel équivaut à 3.24 GJ et à 0.222 TEP 1 tonne de bois sec (20% d humidité) équivaut à 14.4 GJ (PCI), 4 000 kwh et à 0.343 TEP 1 tonne de bois sec (45% d humidité) équivaut à 9 GJ (PCI), 2 500 kwh et à 0.214 TEP 5

SIGLES ET ABRÉVIATIONS AGEOP : Agence Guinéenne Pour les Ouvrage Publique CREPA : Centre Régional pour l Approvisionnement en Eaux et Assainissement DGA : Direction Générale de L Environnement DGE : Direction Générale de l Energie de la Guinée-Bissau DEPPE : Direction des Etudes Projets Planification et Statistiques EAGB : Electricité et e Eau de la Guinée Bissau EIES : Etude d Impact Environnemental et Social FAD : Fonds Africain de Développement FAO : Organisation des Nations Unies pour l Alimentation et l Agriculture FUNDEI : Fondation Guinéenne pour le Développement de l Entreprise Industriel GAPLA : Cabinet de Planification Agricole IGM : Information Géographique et Carte INPA : Institut National de Recherche Agricole INITA : Institut National de Recherche et Technologie Appliqué MADR : Ministère de l Agriculture et Développement Rural MEI : Ministère de l Energie et l Industrie MRNA : Ministère des Ressources Naturelles et Environnement PDFN : Plan de Développement forestier National PIB : Produit Intérieur Brut PNED : Plan National des Energie Domestique PREDAS : Programme Régional de l Énergie Domestique et Alternative SEE : Secrétariat d État à l Énergie (Guinée-Bissau) SIE-GB : Système d Information Energétique de la Guinée-Bissau TDR : Termes de référence TEP : Tonne Equivalent Pétrole UE : Union Européenne 6

I PARTIE 7

I - INTRODUTION 1- Situation du Pays Pays côtier largement ouvert sur l'atlantique, la Guinée-Bissau est située en Afrique de l'ouest, entre la 11ème et la 13ème parallèle. La Guinée-Bissau, avec une superficie de 36 125 km², se trouve entre les deux pays francophones la République du Sénégal et la République de la Guinée. Le Pays possède une partie insulaire de près de 70 îles et des petites îles connues sous le nom d Archipel des Bijagós. En 2002 la population de la Guinée-Bissau s'élevait à 1 204 450 habitants, dont 323 827 habitants dans la capitale Bissau. La population rurale proprement dite se répartit dans quelques 4.100 tabancas (villages), dont la population varie de quelques dizaines à 2.000 habitants. La densité et la distribution des villages sont nettement plus fortes au nord du pays qu'au sud. Selon les régions ou les ethnies, l'habitat présente une structure groupée (Est du pays) ou dispersée (Balantes des régions centre et sud). Cette population, en grande partie rurale, comprend une dizaine d'ethnies principales, parmi lesquelles on peut citer les Peuls, les Balantes, les Mandingues, les Papels, les Manjaques, les Mancanhes et les Bijagos. La langue officielle est le portugais, mais le créole est une des langues interethniques la plus parlée, notamment à Bissau; les ethnies principales conservent leurs langues d'origine. 1.1 Géographie Le territoire Bissau Guinéen est divisé en huit régions administratives, plus le secteur autonome de Bissau. Ces régions sont : au Nord, Cacheu, Oio et Biombo, à l Est, Bafatá et Gabú, au Sud, Quinará, Tombali et Bolama. Il est composé de plaine de petites élévations, à l exception des collines de Boé qui constituent l extension physique du Massif du Fouta Djallon. La pluviométrie varie de 1000 mm/an Nord-Est à 2250 mm/an au Sud-Ouest. Les fleuves qui jadis constituaient un bon réseau de navigation un peu partout dans le territoire ne disposent plus de conditions de navigabilité à cause de l ensablement des lits des fleuves et du manque de dragage des ports. La présente étude est prévue pour être menée sur toute l étendue du territoire, dans les huit régions. 1.2 Profil de pauvreté La Guinée-Bissau consciente de sa situation humaine, avait en 1991 réalisé une Enquête sur la consommation et le budget des ménages, dont les résultats réévalués en 1994 ont indiqué un taux de pauvreté de 49% correspondant au seuil de 2 $ par jour. Pour identifier les faiblesses et les atouts du pays en vue de la définition des stratégies globales favorisant le développement durable et la conséquente réduction de la pauvreté, il a été effectué, de 1994 à 1996, une étude prospective de long terme baptisée Guinée- Bissau 2025, «DJITO TEN». Son approche participative avait permis de recueillir les aspirations des populations, d'identifier les obstacles au développement, et de tracer des stratégies appropriées. Ce document prospectif révèle que le développement de la Guinée-Bissau et l'élimination de la pauvreté exigent une approche élargie prenant en 8

compte non seulement des aspects économiques, mais aussi ceux ayant les dimensions sociales, humaines, environnementales et institutionnelles. Cela signifie que des questions telles que la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, le respect des droits humains, l'égalité entre les genres, le renforcement des capacités institutionnelles, l'amélioration de l'offre des services sociaux, l'augmentation de la capacité productive de l'agriculture et des pêches, la conservation de l'environnement, entre autres, devraient mériter une attention accrue dans la lutte contre la pauvreté. L'agriculture, l'élevage et la pêche artisanale constituent les principales activités économiques. La valeur de l Indice de Développement Humain (IDH) de la Guinée- Bissau est de 0,339 en 1999 et il occupe la 156 ème position sur un total de 173 pays en développement. Au cours de la même année, l`indice de pauvreté humain (IPH) était de 49,6 % et sur 90 pays en développement, le Pays occupait la 86 ème position. Après la guerre du 7 Juin 1998, le niveau de vie des Bissau Guinéens a considérablement diminuée. Une Enquête Légère pour l'évaluation de la Pauvreté (ILAP) fut réalisée en 2001-2002 en vue de mettre à jour l état de la pauvreté et du bien-être des populations sur la base d un diagnostic rigoureux et représentatif au niveau national. Le résultat principal a été que la pauvreté est largement étendue en Guinée-Bissau avec un taux de pauvreté absolu de 64,7% pour les personnes vivant avec moins de deux dollars par jour et un taux de pauvreté extrême de 20,8% pour celles vivant avec moins d un dollar par jour. La baisse du niveau de vie des populations enregistrée entre 2001 et 2004 du fait de la croissance négative du PIB réel par habitant a nécessairement aggravé l étendue de la pauvreté dans le pays. L'évolution sociopolitique enregistrée après le conflit n'a pas contribué à créer un environnement favorable à la reprise économique et à la reconstruction post-conflit. L ampleur des destructions en capital et en vies humaines subies par le pays pendant la guerre exigeait de la communauté internationale une aide massive qui n a pu être mobilisée dans un tel contexte, en dépit des promesses faites à la Table ronde de 1999. La base productive du pays est restée peu diversifiée et faiblement concurrentielle tandis que les infrastructures continuent de se dégrader neuf ans après la fin du conflit politicomilitaire. Le système de formation est lourdement affecté et les capacités humaines et institutionnelles sont si réduites qu elles mériteront un renforcement soutenu. Le niveau d endettement de la Guinée Bissau place le pays dans le groupe des plus endettés du monde. Sa réserve de dette a atteint 994,5 milliards de Dollars US (soit 300% du PIB) en fin de l année 1999. Les forêts ont une double fonction de protection de l environnement (protection des sols, régulation du régime des eaux, création de microclimat au niveau local, contribution aux cycles planétaires du carbone et de l eau, conservation de la diversité biologique végétale et animale etc.) et de production de biens et services divers (produits forestiers ligneux et non ligneux, écotourisme, etc.) Malgré leur rôle important sur les plans : écologique, socio-économique, culturel, les pays sahéliens ont, faute des ressources nécessaires et/ ou d une conscience collective suffisante, éprouvé de nombreuses difficultés pour assurer la protection des forêts et promouvoir leur gestion durable. Les forêts de la Guinée-Bissau restent soumises à des dégradations dont les principales causes combinées sont à la fois climatiques et 9

anthropiques : cycles de sécheresse, exploitation inadéquate des ressources pastorales, exploitation abusive du bois, etc. il peut en résulter une réduction des superficies forestières avec comme corollaire la dégradation de la parte de la diversité biologiques et socio-économiques.. Les forêts naturelles continuent de jouer un rôle prépondérant sur le plan énergétique en tant que principale source de combustibles ligneux : En effet, le bois énergie (bois de feu et charbon de bois) occupe une place prédominante dans les bilans énergétiques nationaux de la Guinée-Bissau. Ainsi, en 1982, la part du bois énergie dans ces bilans était, par exemple, de 75,5% en Guinée-Bissau (FAO, 1986). Aujourd hui encore, la situation ne s est pas améliorée en faveur de la réduction significative de la consommation des combustibles ligneux. Bien au contraire, les spécialistes admettent que les combustibles ligneux resteront encore pour longtemps la principale source d énergie en Guinée-Bissau. 1.3 -SECTEUR DE L ENERGIE 1.3.1-Cadre institutionnel du secteur Le Secrétariat d Etat à l Energie définit la politique énergétique du pays. La mise en œuvre de cette politique est confiée à la Direction Générale de l Energie (DGE) qui participe également à l'élaboration et au contrôle de l'application des lois et des règlements relatifs au domaine énergétique, à réaliser des études prospectives, à promouvoir des technologies nouvelles en matière d'énergie et à participer au suivi des études d'aménagement et à la formation des cadres en matière de planification énergétique. La Direction Générale des Forêts et Faune (DGFF) du Ministère de l Agriculture et du Développement Rural (MADR) est chargée du contrôle de l exploitation des ressources forestières et des combustibles ligneux. 1.3.2-Présentation et potentialités du secteur La Guinée-Bissau dispose d'un potentiel énergétique varié. Les ressources nationales qui peuvent être mises en valeur sont: le bois de feu, le charbon de bois, les énergies renouvelables et l'hydroélectricité. L'économie du pays reste fortement tributaire de l'énergie fossile et du bois. Récemment, les institutions Gouvernementales du pays ont établi l importance des énergies traditionnelles (bois et charbon de bois) à 82% des besoins finaux en énergie. Cette situation se traduit par l'exploitation abusive pour le bois de chauffe et l'exploitation anarchique des sols (carrières de matériaux de construction, et cas de surpâturage), contribuant activement au déséquilibre de l'environnement Par ailleurs, les efforts déployés par le pays en matière de substitution et d économie d énergie donnent des résultats mitigés selon les pays à cause du faible pouvoir d achat des populations et de la non acceptation socioculturelle de certains types de foyers améliorés pourtant faciles à construire et qui ont été vulgarisé à travers des formations de masse. 10

Cette situation insoutenable apporte à la fois un déséquilibre net du bilan énergétique national en faveur des énergies d origine forestière et la dégradation du patrimoine est d autant plus grave quand on sait que, d après le récent inventaire des émissions de gaz à effet de serre, réalisé en 2002, le secteur énergétique a été présenté comme le plus émetteur de CO2 et CO (91% et 75%, respectivement) des secteurs d activité économique. Ceci entrave les efforts du Gouvernement à remplir ses engagements pris dans le cadre de La Convention Cadre des Nations Unies sur les Changement Climatiques. Les documents des études, antérieures et récentes telles que celles des Stratégies et le PNED du PREDAS, proposent des outils en matière d aménagement des forêts naturelles pour l usage par des techniciens de terrain intéressés à la promotion de la gestion durable des forêts en Guinée-Bissau. 2- CONTEXTE DE L ETUDE La Coordination Régionale do projet PREDAS du CILSS, avec le concours de la Délégation de la Commission Européenne du Burkina Faso à Ouagadougou, et par le biais du ETN de Guinée Bissau, et en conformité avec le PNED, ont lancé en concours restreint pour analyse de la viabilité suivante : L Etude vise à considérer la création d une Agence Nationale d Energie domestique et de l Electrification rurale en Guinée Bissau, en se référant à des études faites dans le passée et les études récentes sur le secteur Energétique et particulièrement sur les études faites dans le cadre du Projet Régional PREDAS en Guinée Bissau, aussi que les stratégies de PREDAS dans les régions du Sahel. Il vise aussi, de tenir compte de la viabilité technique et le montage institutionnel possible ainsi que les mécanismes de financement pertinents pour la réussite de l Agence, en tenant compte des expériences du Mali, Sénégal et Tchad, mais surtout en considérant les possibilités réelles du pays. Heureusement la Consultante du Projet a eu les opportunités de visiter l AMADER au mois de Juillet passé, du fait que antérieurement, nous avons eu l opportunité de travailler à l INITA avec la coordination des projets sur les énergies nouvelles renouvelables et sur la maîtrise des énergies domestiques. Dans un passé récent, le Ministère chargé de l Energie a envisagé la création d un Institut National de l Energie, entité qui sera chargé de l électrification rurale. Le statut a été rédigé et l organigramme avec le profil des postes du Directeur Général et son Adjoint. Un concours public pour les deux principaux responsables de cette structure publique chargée de l électrification rurale a été réalisé et aussi le cadre organique du personnel rattaché à cette structure. Heureusement que la consultante était une des trois personnes principales qui a conduit le processus mentionné ci-dessus, de l année 2000-2001. Pour les nécessités de valorisation et aussi tenant compte des études mentionnées cidessus qui sont encore pertinentes et d actualité, notre proposition ne diffère pas totalement de celle qui y est mentionnée, (Voir la Bibliographie en annexe 6). 11

Pour cela, nous avons actualisé les données et les propositions qui ont été faites et avons ajouté les données manquantes, en tenant compte des termes de référence de la présente étude. Il y a aussi le fait que le PNED envisage une phase pilote, avec un projet de 3 années, relative a l électrification rurale pour deux régions du pays jugées que l électrification rurale est faisable et sera réussie, à savoir la région de Cacheu au Nord et celle de Gabu à l Est du pays. Il serait pertinent que le projet ait deux étapes : une pilote et l autre d expansion qui permettra de transposer les expériences en direction au moins quatre régions en électrifiant deux chaque année, en commençant par la région de Tombali e celle des archipels de Bijagos. Considérant que toutes les régions ont des potentialités qui permettront à rentabiliser les investissements en approvisionnement énergétique, une fois que ceux-ci sont liés à des activités économiques génératrices de revenus et des améliorations des conditions de vie de la population résidente. Les autres deux régions restantes seront prises en compte dans les années de consolidation du Projet, après les 5 années qui suivent les deux étapes ou phase du Projet, il se pourrait que le réseau de la ligne de transport de l énergie et d interconnexion entre les Etats membres de l OMVG, ne soit pas mis en place. Mais, si on considère la réalisation de ce projet et les régions qui seront approvisionnées, le scénario changera totalement et il nous restera que deux régions dans le pays à être électrifiées par le projet, tant que la composante énergie domestique pour les 8 régions reste conforme comme il est prévu par PNED. 3-METHODE ET EQUIPE DE TRAVAIL La méthode utilisée est la même que celle faite dans l étude et selon les termes de référence en annexe 3, la proposition faite par le consultant l ors du concours sera maintenue pour ce travail. - Contacts et discussions avec les deux personnes ressources et leur agrément dans la contribution et participation aux études, aussi bien dans les conditions sur lesquelles nous travaillerons. - Préparatifs de travail de consultation, identification des documents et littératures à consulter, identification et révision des personnes et institutions à contacter. - Préparatifs du contenu et de la table des matières du document - Premières réunions en Décembre 2007, adoption de l item 3 et distribution finale de la tâche. - Réunions de concertation et coordination avec toute l équipe de travail, distributions des tâches, partage des contacts avec des partenaires, etc. Evaluations préliminaires des contributions des deux personnes ressources en passant par les critiques ou ajouts aux documents présentés, celui du secteur forestier e celui du secteur énergie. Les contacts seront faits après présentation du rapport préliminaire aux partenaires outre que ceux directement impliqués dans le processus, comme aussi des contacts avec les autorités des régions du pays, pour les suivantes raisons : 12

Retard de la remise de la lettre de créance et moyens financiers et logistique permettant le déplacement dans les 8 régions du pays dont chacune a son propre plan de développement régional. Chaque personne ressource se déplacera dans deux régions et le consultant dans quatre régions. En ce qui concerne les entités à contacter, les personnes ressources se partageront la moitié des contacts et la consultante l autre moitié. La personne ressource pour le secteur de la forêt, a traité les questions suivantes : (Composante A, en 20 pages) 1- Stratégies pour le bois énergie, sa valorisation et utilisation rationnelle 2- Mesures adoptés pour l économie de bois énergie 3- Stratégies et plan national pour le bois énergie et développement des autres sources énergétiques alternatives et les mesures de gestion et conservation des forêts. 4- Les législations nationales relatives aux énergies domestiques et bois énergie 5- Les marchés du bois énergie et des énergies domestiques. 6 Besoins en formation et recensement des partenaires du secteur. Parallèlement, la personne ressource chargée du secteur de l énergie a traité les questions qui suivent, (Composante B en 10 pages) 1- La potentialité énergétique nationale. 2- Politique énergétique, et spécialement celle de l énergie domestique et des alternatives énergétiques (PREDAS). 3- L Electrification rurale et l économie de l énergie. 4- Recensement des partenaires pour l électrification rurale et l économie de l énergie. 5- Les besoins en formation du secteur, en rapport avec le sujet de l étude. La composante C- est à la charge du consultant qui a pris en sa responsabilité, les reste des activités et des autres tâches selon les termes de référence, la coordination des activités, la compilation et traitement des données et les informations issues des contacts avec différentes institutions et partenaires. Dès notre première rencontre de travail, nous avons analysé ensemble la dénomination ou du nom de la future agence, et nous avons proposé plusieurs noms avant la consultation des documents de l étude du Projet PREDAS et du PNED. Entre les différents noms, nous avons proposé les noms qui sont mentionnés à la partie III de ce document et le nom suivant : AGER : Agence Guinéenne pour l Electrification Rurale. 13

II PARTIE 14

II - DIAGNOSTIC DU SECTEUR DE L ENERGIE DOMESTIQUE ET DE L ELECTRIFICATION RURALE 1- DIAGNOSTIC DU SECTEUR FORESTIER 1.1. Types de formations forestières La végétation de la Guinée-Bissau se compose essentiellement de deux types de formations végétales sur deux de substrats édaphiques : - La mangrove sur sols hydro morphes ; - La forêt sur sols fermes. Les formations forestières de la Guinée-Bissau sont caractéristiques du bioclimat xérothermique tropical à caractère moyen (5 ou 6 mois secs) selon la classification de V. M. MEHER-HOMJI (1963). En fonction des caractéristiques climatiques locales (notamment la pluviométrie) deux types de formations forestières sont couramment distingués : - forêt dense sèche au Sud correspondant au climat guinéen maritime avec une saison sèche de 5 mois et une pluviométrie au dessus de 2000 mm ; - forêt claire au nord avec une saison sèche de 7 mois et une pluviométrie comprise entre 1200 mm et 2000 mm. Des particularités micros climatiques induites par des facteurs édaphiques spécifiques créent des faciès particuliers telles que les formations de type très humides dans les zones humides (à proximité des cours d eau et des marées) ; c est le cas des forêts de Cantanhez qualifiées de forêts sub-sahariennes. La forêt dense sèche Elle est constituée de peuplements fermés avec par endroits de grands arbres de hauteur moyenne. Malgré la déforestation saisonnière, des arbres de l étage dominant le sous-bois, reste souvent sans présence de graminées. Les essences forestières qu on y rencontre souvent sont : Alstonia boonei (ou cogenis), Antiaris africana (Ako), Chlorophora regia et/ou excelsa auxquelles faut-il ajouter Albizzia sp. Selon les auteurs du PDFN (1992), les peuplements forestiers sont épars et atteignent moins de cent hectares d un seul tenant. Cela s explique par le fait que les espèces forestières citées ci-dessus se rencontrent en général dans des forêts plus humides (forêts denses humides semi- humides descendant de la Côte d Ivoire par exemple) et ne peuvent subsister que dans des milieux très humides (aux abords des cours d eau). Ces milieux sont en général très peu larges, donc de faibles superficies et constituent des écosystèmes très fragiles ; à la moindre dégradation (exploitation agricole et/ou forestière prononcée), ces espèces peuvent disparaître et être remplacées par celles de la zone sèche. C est le cas de certaines forêts de Cantanhez où on observe dans les jachères dégradées la présence de Khaya sénégalaisis et de Detarium gueeneense quasi inexistantes, il y a de cela, seulement 20 ans. Les risques écologiques sont aussi importants (assèchement et/ou crues importantes des cours d eau) en cas de dégradation de ces milieux. 15

La forêt Claire Les formations végétales sont constituées de ligneux hauts et d herbacées (en général des ponçages) dont les différents faciès sont façonnés par les interventions de l homme. Soumises annuellement aux feux de brousses et à la culture itinérante sur brûlis, ces formations végétales sont fragilisées par la longueur de la saison sèche. Les espèces couramment rencontrées, Detarium sénégalaise, Daniellia oliveri, Dialium guineense, Afzelia africana, Pterocarpus ericaceus et Kaya sénégalaisis, sont caractéristiques de toute la zone Soudano guinéenne. Les espèces telles que Erythrophleum guinéense et Parinari excelsa, relevées dans ce type de forêt, sont certainement confinées dans les galeries forestières car leur aire écologique normale sont plus humides. Malheureusement la protection intégrale est souvent difficile à observer à cause de la prédominance des systèmes d exploitation des terres extensifs à faibles niveaux d investissements (culture itinérante sur brûlis et utilisation des feux de brousse pour l élevage et la chasse). Couvrant des surfaces importantes, les forêts dites claires renferment l essentiel des essences exploitées pour la production du bois d œuvre. Les conditions micro climatiques rudes (longue durée de la saison sèche, feux de brousse annuels, sols ferralitiques superficiels) influent fortement sur la conformation des arbres dont les fûts sont en généraux bas branchus, tordus. La Mangrove Les inventaires de 1985 (in PDFN 1992) indiquaient que les mangroves occupaient une superficie de près de 287 000 ha à cause de la pénétration très profonde des eaux marines par de larges estuaires et du relief peu accusé. Les Rhizophora sp. forment un large peuplement sur 20 à 100 m le long des fleuves avec des individus pouvant atteindre 10 m de haut. Si l on rencontre par endroits de petites mangroves basses d Avicennia sp. Constituent les peuplements les plus importants. La Guinée-Bissau dispose de la plus vaste formation de mangrove, d un seul tenant en Afrique de l Ouest. Cette formation qui se situe dans le Parc des mangroves du Rio Cacheu couvre près de 50 000 ha. Comme partout en Afrique, les mangroves sont les principales sources de production de bois de service pour les populations des côtes et de bois énergie pour le traitement du poisson (fumage et séchage). En Guinée-Bissau les peuplements, les mangroves sont fortement agressées pour les raisons indiquées ci-dessus. En plus de leur importance biologique pour l habitat et la reproduction de certains espèces aquatiques (poissons et crustacées), les peuplements de mangroves jouent un rôle écologique essentiel pour un pays plat avec de nombreux estuaires comme un régulateur de crues et de décrues. Bien que la phyto-écologie des espèces de la mangrove ait fait l objet de quelques études, ces dernières années, on ne dispose pas encore de modèles de gestion sylvicole de leurs peuplements, tout au moins en Afrique de l Ouest. Les peuplements de mangroves doivent faire l objet d une protection beaucoup plus accrue. En Guinée- Bissau, le développement récent des Aires Protégées, avec la création de l Institut de la Biodiversité et des Aires Protégées (I.B.A.P), offre une perspective intéressante pour la conservation des mangroves. 16

Autres Formations sylvestres Certaines espèces sont confinées dans des milieux spécifiques ou apparaissent à la suite d une forte dégradation des formations végétales originelles. Les peuplements sont parfois plus ou moins importants mais d aménagement difficile. C est les cas du Palmier à l huile (Elaeis guineensis) qui constitue des peuplements importants sur certaines îles (Ile de Bubaque par exemple) ou à proximité des zones marécageuses des forêts «matos» de Cantanhez. La présence de quelques individus sur les sols fermes des jachères permet d envisager de petites plantations d agroforesterie à l échelle du paysan (comme celles qui sont en association avec l anacardier dans la région de Biombo ou des pieds d anacardiers sont introduits dans une plantation de palmiers). Le rônier (Borassus aethiopium) est absolument une espèce caractéristique des zones dégradées. C est une espèce de lumière, à croissance lente, résistante aux feux et au déficit hydrique poussé même si on le rencontre dans les dépressions où la nappe phréatique semble de faible profondeur. En 1992, la superficie totale comportant (il n existe pas de peuplements purs et très denses) des rôniers était estimées à près de 100 000 hectares. Ce chiffre est un ordre de grandeur, car les inventaires de 1987 et de 1990 ne donnent aucune densité des individus, leur répartition en classe de diamètre et leur fréquence. La pression sur le rônier est très forte car très utilisé pour les charpentes des maisons, aussi bien en en Guinée - Conakry qu au Sénégal ; le bois du rônier fait l objet d un trafic transfrontalier très intense contre lequel l Administration forestière semble impuissant à cause de la faiblesse de ses effectifs, et spécialement les manque des moyens logistiques, équipements et organisationnelle surtout l absence d implication plus étroite des populations et organisations villageoises. En l absence d actions de gestion rigoureuse du potentiel existant (contrôle et réglementation de l exploitation) le rônier est menacé, surtout, qu il existe très peu de connaissances sur la sylviculture de cette importante espèce. 1.1- FILIERE DE L ENERGIE DOMESTIQUE I..1.1- LA POLITIQUE ET STRATEGIE DE BOIS ENERGIES Sur le plan énergétique, la Guinée-Bissau est caractérisée par une double dépendance vis-à-vis : 1- des sources d énergie dites commerciales, en particulier les hydrocarbures importés pour la satisfaction des besoins des secteurs de l industrie, des transports et de l éclairage urbain principalement, 2- des sources traditionnelles (bois énergie) pour les besoins de cuisson en général et autres activités en milieu rural lié au commerce et à l artisanat et petites industries. Au total, l analyse de la situation actuelle en Guinée-Bissau indique que le milieu naturel est soumis à des agressions de divers types et subit de ce fait un processus de dégradation plus ou moins rapide en fonction de la zone écologique considérée, mais cette situation est particulièrement inquiétante dans les parties nord et est du pays, qui 17

risquent à moyen et long terme de compromettre les objectifs de développement économique et social du pays, basé essentiellement et pour longtemps encore sur le secteur rural, en particulier sur l exploitation des produits naturels. Pourtant, face à ce tableau sombre, la Guinée-Bissau dispose d atouts importants et de ressources qui ne demandent qu à être valorisées. D abord, comparativement aux autres pays de la sous région, la population de la Guinée-Bissau est faible (1,2 million d habitants en 2004) et jeune, environ 47% de la population. Les ressources forestières sont reparties sur plus de 2 millions d hectares avec des potentialités de plus de 100 millions de m 3 toutes catégories confondues. Par ailleurs, l économie de la Guinée-Bissau est basée essentiellement sur l agriculture qui dispose d atouts et opportunités importantes en terme de potentialités. La filière des résidus forestiers et agricoles, les énergies nouvelles et renouvelables ; sont des potentialités dont l exploitation permettrait de résoudre pour une large part, la crise énergétique qui hypothèque gravement les efforts de développement menés par le Gouvernement. Selon le rapport PREDAS (1997), les résidus forestiers représentent 65% de l arbre. Une dizaine de scieries sont recensées actuellement parmi lesquelles huit (8) transforment globalement un potentiel annuel de 67.000 m 3 de résidus, ce équivaut à 12.000 tonnes de charbon végétal pouvant couvrir une bonne partie des besoins de la capitale Bissau. Quant aux résidus agricoles, des petites unités de production d eau de vie (canne à sucre) et de décorticage de riz existent sur l ensemble du pays. Dans ces unités de transformation en dépit d une absence d enquête convenables, on estime qu une grande quantité des potentialités en combustibles pourra être valorisée pour la production de chaleur et d électricité et dans la transformation en biogaz. 1.2 SOUS FILIERE DU BOIS ENERGIE Le pays dispose de ressources forestières considérables avec près de 2 millions d hectares de surfaces forestières et des réserves de bois estimées à 48,3 millions de m 3 en 1992. Ces ressources sont théoriquement suffisantes pour couvrir la consommation nationale estimée à près de 1,2 million de m 3 comprenant le bois d œuvre, le bois de service et le bois énergie. Le bois énergie comprend le bois de chauffe et le charbon de bois (235 000 tonnes par an de charbon de bois employé pour la consommation intérieure). Il faut rajouter à la consommation nationale les exportations officielles ainsi que les exportations clandestines (notamment le charbon de bois) ; ceci correspond à une consommation totale de plus de 2 millions de m 3 par an. De ce fait les ressources forestières sont actuellement en forte dégradation avec une baisse des réserves de l ordre de 625.000 m 3 par an qui se traduit notamment par des réductions des surfaces forestières. On observe une dépréciation qualitative du patrimoine forestier avec la disparition des formations denses au profit de forêts dégradées et de savanes ; par ailleurs les productions forestières autres que le bois diminuent. Les raisons de cette dégradation sont : (i) les défrichements transformant des zones forestières en zones de cultures agricoles ou en plantations d'anacardiers, (ii) les cultures sur brûlis entraînant par ailleurs des problèmes de dégradation de la fertilité des sols, (iii) les feux de brousse très fréquents, (iv) la production clandestine de charbon pour l exportation vers la sous région et (v) l exploitation commerciale 18

des forêts entraînant la surexploitation des espèces les plus appréciées (Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus, etc.), notamment par manque de rigueur dans l'application du code forestier. La politique énergétique domestique proposée, est désormais axée sur la lutte contre la pauvreté et les enjeux économiques et environnementaux et comporte trois dimensions : Dimension social : élargir l accès aux formes modernes d énergies notamment donner l accès a des forme d énergie alternative a celle du bois énergie et réduire la pression sur l écosystème du pays et l exploitation anarchique et incontrôlée des ressources ligneuses, la préservation de l environnement sont au centre de la stratégie des énergies domestiques. L électrification rurale est perçue comme un puissant levier de lutte contre la pauvreté. L électrification rurale contribue à la création de richesses et d emplois en milieu rural, dans le cadre de synergies avec les autres secteurs stratégiques tels que la santé, l éducation, l agriculture, la pêche, permettant aussi les réductions des pertes post récolte etc. Dimension économique : rationaliser les conditions d approvisionnement, de production et de distribution d énergie, dans le respect des intérêts à long terme du pays ; augmenter les rendements des populations à travers les activités génératrices des revenus. Dimension écologique ou environnementale : en raison de la fragilité de la consommation de gaz butane en Guinée-Bissau qui est extrêmement limitée, stagnant à moins de 600 tonnes/an (544 tonnes en 2002, 524 en 2003). La filière des énergies domestiques constitue l un des secteurs les plus importants de l activité forestière en Guinée-Bissau. Pour permettre les conditions optimales, le secteur des Energies Domestiques devrait bénéficier d une volonté politique ferme et réelle des autorités Gouvernementales. Cependant l amplitude des tâches est cruciale, ce qui justifie l indispensable nécessité d élaborer un Plan d Action qui permettra de contrôler l essentiel des paramètres pour lui donner ainsi les meilleures probabilités de garantie et de succès. La mise en œuvre des objectifs assignés à la politique des Energies Domestiques, repose sur la politique de désengagement progressive de l Etat des secteurs productifs en faveur du secteur privé et associatif, et de promotion d une plus grande responsabilité et de participation des communautés rurales dans les actions de développement. Au total, la stratégie sera axée sur les actions visant : - la restructuration du sous-secteur de l électricité en vue d une plus grande efficacité par l implication judicieuse du secteur privé et associatif dans l investissement et la gestion de l électrification rurale dans le pays, - le renforcement des conditions de concurrence et l amélioration de la quantité des produits dans le sous secteur du gaz butane et des dérivées du pétrole (pétrole pour les lampes, kérosène, etc. ), - la consolidation de la gestion durable des ressources ligneuses par la responsabilisation accrue des populations rurales et des collectivités locales décentralisées. Ces orientations stratégiques s appuient sur les principes suivants : 19

a) la redéfinition/réorganisation du cadre Institutionnel et organisationnel visant à renforcer la capacité de l Etat en matière de politique, de planification stratégique et de réglementation du sous secteur, mais aussi à décentraliser la gestion des ressources forestières au niveau des autorités locales, des opérateurs privés, et enfin à donner aux populations rurales le rôle qui doit être le leur, de gardien de l espace rurale, b) une intervention à la fois sur l offre de bois énergie, pour faire en sorte que l exploitation et le commerce de bois s effectuent dans une cadre durable, sans préjudice pour l environnement avec une participation accrue des populations au contrôle et aux bénéfices de l activité, en garantissant leur accessibilité à toutes les formes d énergie par une amélioration du service fourni, de même que la réduction des coûts de l énergie, c) et aussi sur la demande d énergie des ménages urbains, pour offrir à ces derniers une gamme élargie de foyers et de combustibles, plus économiques, plus confortables, qui leur permette ainsi d utiliser le bois ou le charbon ou tout autre combustible, d une façon plus rationnelle et plus économique. 1.2.1 Les composantes des Energies Domestiques La stratégie Energie Domestique de la Guinée-Bissau a défini trois thèmes prioritaires d intervention qui constituent l ossature du PNED. Ces trois thèmes sont les suivants : - la rationalisation de l exploitation, de l approvisionnement et de l usage de bois énergie : aménagement et gestion forestière des massifs à vocation de bois énergie, actions sur la commercialisation et la consommation de combustible, décentralisation et révision du contexte réglementaire et fiscal ; - l ouverture du marché du gaz butane, avec la création de nouvelles filières d approvisionnement concurrentes de l opérateur unique actuel et l élargissement de la palette de produits (gaz populaire) ; - l électrification rurale d initiative locale, avec un programme centré sur les régions de Gabu et Cacheu pour la proposition de 30 à 40 petites entreprises rurales de services électriques. Le PNED comprend en conséquence quatre composantes, dont trois composantes opérationnelles reflétant les thèmes prioritaires de la Stratégie nationale, et une composante de gestion. Une première estimation des montants nécessaires à la réalisation de ce programme de 5 ans et des investissements associés a été réalisée par les départements concernés, les consultants chargés de la stratégie, l Equipe Technique Nationale et l assistance technique du programme PREDAS. Cette estimation donne les chiffres suivants : 20