La vague japoniste Les peintres en Bretagne au musée des beaux-arts de Brest du 10 juillet au 4 novembre 2012



Documents pareils
La Joconde. ( , 0,77x 0,53 m) de Léonard de Vinci TEMPS MODERNES

devenez mécène Soutenez la Fondation pour le rayonnement du Musée de Montmartre DE MONTMARTRE JARDINS RENOIR fondation pour le rayonnement du

LIVRET DE VISITE. Autoportraits du musée d. musée des beaux-arts. place Stanislas

FONDS CHARLES COURNAULT ( )

Au Musée Faure BIENVENUE. Le sais-tu. Je suis le pêcheur Napolitain, nous allons découvrir ensemble les collections du musée au travers de jeux.

La belle époque est une construction plus mémorielle qu historique. Elle correspond aux années précédant la première guerre mondiale.

ANNE VICTOR Studio All Rights Reserved

VIVRE LA COULEUR DOSSIER PÉDAGOGIQUE. Musée des beaux-arts de Brest

L'ENTREPRISE À L'ŒUVRE

Le Centre Georges Pompidou, Paris.

VENTE DE PRESTIGE D ART DECO. 28 mai 2013

Paris. Classes et séjours de découvertes Année scolaire 2015/2016. Résidence internationale de Paris. Paris 1 re découverte (2 jours/1 nuit)

été 1914 dans la guerre 15/02-21/09/2014 exposition au Musée Lorrain livret jeune public 8/12 ans

séminaires et réceptions professionnelles

Extrait du catalogue

D O S S I E R D E P R E S S E 1 2 J U I N

Archives audiovisuelles des musiques et traditions du monde : page 2 Fonds documentaire Ibn Battuta, XXe siècle : page 4

Méthodologie du dossier. Epreuve d histoire de l art

La liberté guidant le peuple sur les barricades

Serrurier-Bovy Masterworks, d une collection

BnF Service d Action pédagogique de la Bibliothèque nationale de France

C était la guerre des tranchées

Rencontre avec un singe remarquable

Joëlle Bolot, Stéphane Cipriani.

Paris monuments II MO-ME-N-T MOderní MEtody s Novými Technologiemi CZ.1.07/1.5.00/

Les Éditions du patrimoine présentent La tenture de l Apocalypse d Angers Collection «Sensitinéraires»

La vie de cour au château de Versailles avant la Révolution Française (1789)

École doctorale 124. «Histoire de l art et Archéologie» (ED VI) Formation doctorale obligatoire

UN NOUVEAU CADRE DE VIE...

Elisabeth Vroege. Ariane et sa vie. Roman. Editions Persée

Jean Dubuffet AUTOPORTRAIT II

un certain recouvrement Michaële Andrea Schatt Parc du palais de Compiègne

e ANNIVERSAIRE DE LA PAROISSE DE LA-VISITATION-DE-LA-SAINTE-VIERGE DE POINTE-DU-LAC

Hôtel de Caumont. Centre d Art - Aix-en-Provence DOSSIER DE MÉCENAT


Convention sur la réduction des cas d apatridie

ADVENTURES IN FRONT OF THE TV SET Dossier pédagogique

LIVRET JEUNE PUBLIC (3-12 ans)

Liens entre la peinture et la poésie

Les touristes français et internationaux de la destination Paris Ile-de-France

«Quand le territoire devient source d inspiration et souffle d expression créative : Présentation du Festival Art-Pierre-Terre»

El Tres de Mayo, GOYA

Accueil par notre guide accompagnateur. Circuit panoramique commenté dans Paris. ou visite guidée d un quartier de Paris à pied.

ATELIERS D ARTS à Paris

Un état descriptif de 1776 nous permet de mesurer la qualité de la conservation du bâtiment conçu par Mathurin Cherpitel.

Fiche de préparation. Intitulé de séquence : le portrait

APPEL A LA RECONNAISSANCE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL EN BRETAGNE

Radisson Blu Resort & Thalasso DJERBA TUNISIE

Service communication - Mairie

DOSSIER DE PRESSE DES MILLIONS DE NOMS, DES MILLIONS D HISTOIRES

La petite poule qui voulait voir la mer

SAINT-PETERSBOURG EN PETIT GROUPE MEILLEUR TARIF GARANTI 2015/2016

Plus de 600 associations membres adultes 1100 jeunes, 1500 scolaires

Le château de Versailles Architecture et décors extérieurs

entreprises, une aventure exceptionnelle vous attend à dijon musée rêvé, musée en chantier

# 1. PERSONNES ASSURÉES 1.1 PERSONNES VISÉES PAR L'ACCORD

Le Team building. (consolidation d équipe)

Étienne-Martin. 25 juin 16 septembre

Histoire du pinceau et de la brosse

Voici trois très belles cartes de Faure (cliquez pour les agrandir): 1 sur 9 23/08/ :13

#46 DESIGN ARCHITECTURE UNE CULTURE //

Ni tout noir, ni tout blanc Consignes Thème I - Observer

Organisme indépendant dont la mission consiste à mieux sensibiliser la population à l'histoire et à la citoyenneté canadiennes. Chaque année, plus de

UNE TECHNIQUE ÉPROUVÉE : LE ZONE SYSTEM

Savoir lire une carte, se situer et s orienter en randonnée

Comment participer?

Technique de la peinture

ACCORD DES ADJECTIFS DE COULEUR Exercice d introduction

Marseille et la nuit européenne des musées Exploitation pédagogique et corrigés

La micro be. Image Sébastien PLASSARD, Baigneuse 2014

HISTOIRE / FRANCAIS CYCLE 3 TITRE : L UNION FAIT LA FORCE (1915), LA FRANCE ET SES ALLIÉS

Évolution du tissu artisanal en Bretagne

PÉCHEUR. Anne-Marie PRÉNOM NOM

Le Relax Hôtel & Restaurant, Mahe

PRÉFACE. représenter le roi ou la nation? Préface

Les Journées Régionales de la Création & Reprise d Entreprise 8 ème ÉDITION

Vous propose ses visites guidées animées par des artistes. adaptées en team-building

Le présent, le passé, mon histoire

Projet pour la création de nouveaux ateliers d artistes à Marseille, Association ART 13. I Etat des lieux

Collections et dépôts techniques aux XVIIIe et XIXe siècles

Nouvel An musical à Varsovie. Les points forts

Partie I : Un siècle de transformations scientifiques, technologiques et sociales

Portrait chinois : si j étais

DU 1ER AU 3 MAI 2015

Dossier de projet : Recherche d un local partagé

PARTICIPER À UNE VENTE AUX ENCHÈRES D ŒUVRES D ART

Mobilité du trait de côte et cartographie historique

A propos de Géraldine Werner, fondatrice de BarreShape

B Projet d écriture FLA Bande dessinée : La BD, c est pour moi! Cahier de l élève. Nom : PROJETS EN SÉRIE

Cette toile d Eugène Delacroix évoque la Révolution de Juillet.

DOSSIER PÉDAGOGIQUE. Sommaire. Que fait la lune, la nuit? POINTS FORTS. Dédicace d Anne Herbauts 2. L auteure 3. Bibliographie 3.

Outil d Evaluation relatif aux Socles de compétences Premier degré de l enseignement secondaire HISTOIRE. ANVERS AU XVI e SIÈCLE. Dossier de l élève

Si c était une machine, ce serait un ordinateur génial pour voyager dans le temps et vers les autres continents.

Guide du RDAQ. Comment saisir des descriptions de fonds et collections dans le Réseau de diffusion des archives du Québec (RDAQ)

Un été à Paris. Activités. Corrigés

ERIC FRECHON. La cuisine pour un vélo, cela semble bien surprenant. Et pourtant, c est bien pour cela qu Eric Frechon est arrivé aux fourneaux.

L accueil comme priorité. Fréquentation des principaux sites touristiques en millions de visiteurs

EOI ARUCAS DEPARTAMENTO DE FRANCÉS DOSSIER LA VILLE ET LES PRÉPOSITIONS DE LIEU

Transcription:

La vague japoniste Les peintres en Bretagne au musée des beaux-arts de Brest du 10 juillet au 4 novembre 2012 Impressions japonaises à la Bibliothèque d Étude de Brest du 10 juillet au 31 octobre 2012 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

Sommaire La vague japoniste. Les peintres en Bretagne Présentation de l exposition page 4 Notices biographiques page 6 Peindre en Bretagne : les principaux sites représentés par les artistes page 11 Impressions japonaises Présentation de l exposition page 16 Thématiques de l exposition et points de repères page 17 Notices biographiques page 26 Repères chronologiques page 30 Glossaire page 33 La technique de l ukiyo-e page 35 Parcours de visite dans les expositions page 37 Pistes pédagogiques page 48 Bibliographie indicative page 58 Autour des expositions page 60 Informations pratiques page 61 Contacts page 63

La vague japoniste. Les peintres en Bretagne Présentation de l exposition Présentée dans le cadre de Bretagne-Japon 2012, cette exposition nous plonge dans la vogue japonaise, à l époque de l ouverture du Japon au monde occidental. La découverte de l art japonais par les Occidentaux, à travers la diffusion des estampes de l ukiyo-e («images du monde flottant»), pousse les peintres d avant-garde à renouveler leurs représentations de la nature, transformant les cadrages et exaltant les couleurs. Inspirés par le japonisme, certains séjournent en Bretagne, où la mer devient leur sujet de prédilection. Des échos impressionnistes aux leçons de Pont-Aven, en passant par l héritage du paysage classique, l exposition rassemble les plus belles œuvres des peintres qui ont montré la Bretagne sous l angle japonisant (Georges Lacombe, Émile Bernard, Paul Sérusier, Maurice Denis, Émile Jourdan, Jean-Francis Auburtin, Henri Rivière, Henry Moret, Maxime Maufra, René Quillivic), mises en regard de celles des artistes de l estampe japonaise (Hiroshige, Hokusai, Kuniyoshi). L univers du collectionneur féru d art japonais est évoqué à l entrée de l exposition à travers un ensemble d albums d estampes japonaises. Provenant du legs de François-Auguste Danguillecourt (1819-1913) au musée en 1914, il compte près de cent numéros. Des vues illustrant le motif maritime sont ici montrées. Parmi ces albums, on compte les quinze volumes de la célèbre Manga d Hokusai (1760-1849), véritable répertoire encyclopédique imagé à destination des artistes japonais, et dont certains détails ont également été transcrits par des artistes occidentaux. Un extrait de film réalisé par la Bibliothèque nationale de France complète ce préambule, en se concentrant sur les estampes de paysages et leur influence sur des artistes comme Henri Rivière. Le parcours s ouvre avec Marine bleue. Effet de vagues (vers 1893) de Georges Lacombe (1868-1916), véritable incarnation de la vague japoniste. Associée à d autres marines de Lacombe, telles que Vorhor, Vague grise et La mer jaune, elle met en évidence l influence des estampes japonaises sur l art des peintres de l École de Pont-Aven. En face, est présentée une série d estampes japonaises de la collection de Claude Monet, qu il exposait dans sa demeure de Giverny. L estampe de paysage, dont les principaux représentants sont Hokusai et Hiroshige (1797-1858), offre un renouveau à l estampe japonaise jusqu alors centrée sur les divertissements des citadins. L invention d un nouveau pigment, le bleu de Prusse, contribue à l intensité de ces œuvres, qui fascinent les peintres occidentaux, tant du fait de leur composition que par leur recherche de communion avec la nature. Directement inspirées de l estampe japonaise, les aquarelles d Henri Rivière (1864-1951) déclinent, à la façon d Hokusai dans les Trente-six vues du Mont-Fuji, les variations atmosphériques des paysages de bord de mer. Cette approche des effets atmosphériques est prolongée par la toile d Alexander Harrison (1853-1930), Marine, clair de lune, qui, bien que peinte à la même date que celle de Lacombe, est bien moins influencée par le japonisme. Une large part de l exposition est ensuite consacrée aux peintres liés aux leçons de l École de Pont- Aven : Maxime Maufra (1861-1918), Paul Sérusier (1864-1927), Émile Bernard (1868-1941), Émile Jourdan (1860-1931), Claude Schuffenecker (1851-1934), Henri-Gabriel Ibels (1867-1936) ou Maurice Denis (1870-1943), théoricien du groupe des Nabis. La Bretagne devient un lieu de création privilégié pour ces artistes qui adoptent des formules issues du synthétisme : choix du cadrage, couleurs pures posées en aplats et composition influencée par les estampes japonaises. La visite se poursuit par la vision de deux artistes travaillant sur le motif : Jean-Francis Auburtin (1866-1930), fasciné par les paysages de Belle-Ile, et Henry de Waroquier (1881-1970), qui s attache aux paysages du golfe du Morbihan, et en particulier de l Ile aux Moines. Enfin, les gravures sur bois de René Quillivic reflètent l aspect décoratif du motif de la vague. 4

En contre-point, plusieurs œuvres de peintres interprétant le paysage dans une veine plus traditionnelle sont mises en valeur dans deux salles des collections permanentes, au rez-dechaussée du musée. Reprenant le motif marin, Henry Moret (1856-1913), Miscelas Peské (1870-1949), François Lahaye (1878-1949) ou Camille Godet (1879-1966) peignent la mer avec des moyens plastiques plus classiques, tout en étudiant les effets de houle ou de lumière. Grâce à des prêts de grands musées tels que le Musée national d art moderne Centre Pompidou, le musée d Orsay, le musée des arts asiatiques Guimet, les musées de beaux-arts de Rennes et de Quimper, mais aussi de la Fondation Claude Monet et de collectionneurs, l exposition offre ainsi un vaste panorama du motif maritime, évoqué, sous l angle japonisant, à travers plus de quatre-vingts toiles, dessins et estampes. Elle nous invite également à renouveler notre regard sur le littoral breton, terre d élection pour de nombreux peintres inspirés par le japonisme. Cet éclairage pourra être enrichi grâce au film d Henry Colomer, Le Japonisme. Diffusé dans la salle de projection du musée, il offre une vision plus large de ce mouvement, en s appuyant en particulier sur les collections du musée d Orsay. 5

Notices biographiques Jean-Francis Auburtin (Paris, 1866 Dieppe, 1930) Formé à l École des beaux-arts de Paris, où il reçoit l enseignement de Jules Lefebvre et de Jean- Joseph Benjamin-Constant, Auburtin se fait connaître du public dès 1892 en exposant au Salon des artistes français. Il entame ensuite une carrière de décorateur et obtient plusieurs commandes officielles. Il séjourne en Bretagne à partir de 1894, et s attache plus particulièrement à Belle-Ile, où il reviendra à sept reprises. Ses nombreux voyages en France et à l étranger participeront à forger son style singulier, tourné aussi bien vers le renouveau de la grande décoration murale, que vers le rendu sensible et personnel des marines bretonnes et normandes. Adolphe-Marie Beaufrère (Quimperlé, 1876 Larmor-Plage, Morbihan, 1960) La formation d Adolphe-Marie Beaufrère a lieu à Paris dans l atelier de Gustave Moreau, où il rencontre entre autres Matisse. À partir de 1906, il se consacre à la gravure, technique grâce à laquelle il connaît une grande renommée et obtient, en 1924, le premier prix de l Exposition Internationale de Los-Angeles. Après de nombreux voyages en Algérie et dans le Sud de la France, il s installe en Bretagne à partir de 1913, au Pouldu, puis à Larmor Plage en 1922. Une grande partie de son œuvre dont on retient surtout les paysages - est liée à cette région et présente les caractéristiques de l École de Pont-Aven. Émile Bernard (Lille, 1868 Paris, 1941) Issu d une famille liée à l industrie du textile, Émile Bernard montre de très précoces capacités pour l art et la littérature. Admis dans l atelier de Francis Cormon en 1884, il y rencontre Toulouse-Lautrec, Louis Anquetin et Van Gogh, avant d en être exclu en 1886. Parcourant la Normandie et la Bretagne (Cancale, Saint-Briac, Concarneau) entre 1886 et 1887, il expérimente le néo-impressionisme, puis le cloisonnisme. À Pont-Aven, sa deuxième rencontre avec Paul Gauguin, en 1888, donne naissance à l esthétique de l École de Pont-Aven (simplification des formes ; aplat et arbitraire de la couleur ; bouleversement de la perspective). Malgré leur amitié, Émile Bernard rompt tout contact avec lui en 1891, l accusant de s attribuer tous les mérites de la création de ce mouvement. En 1893, il s installe en Égypte. À son retour en 1904, il rend visite à Paul Cézanne, avec qui il entretient une longue correspondance. Prônant un retour à l art classique, il fonde en 1905 la revue Rénovation esthétique. Victor Boner (Loudéac, 1871 Loudéac, 1951) Nommé professeur à l École des beaux-arts de Rennes, Victor Boner y enseigne entre 1915 et 1918. Exposant chaque année au Salon de Rennes, il est également présent au Salon des artistes français de 1927 à 1934. Il réalise des fresques murales pour les églises d Ille-et-Vilaine et des Côtes d Armor. Parallèlement à son activité de peintre aquarelles et peintures à l huile illustrant des scènes maritimes ou de la vie quotidienne en Bretagne -, il est membre de sociétés savantes régionales. Maurice Denis (Granville, 1870 Paris, 1943) Après des études au lycée Condorcet, où il rencontre Édouard Vuillard, Paul Sérusier et Ker-Xavier Roussel, Maurice Denis se forme au Louvre, où les œuvres de Fra Angelico déterminent sa vocation de peintre chrétien, marquée ensuite par la découverte de Pierre Puvis de Chavannes. Il étudie simultanément à l École des beaux-arts et à l Académie Julian, mais il quitte rapidement la première, la jugeant trop académique. La vue du Talisman, de Paul Sérusier, en 1888, transforme Maurice Denis, enthousiaste face aux nouveautés apportées par l École de Pont-Aven. Il devient alors le théoricien du groupe des nabis, en 1890 et séjourne dans le Finistère, à Loctudy et au Pouldu. En 1908, il acquiert une maison à Perros-Guirrec, Silencio, où il vient peindre tous les étés des plages dont beaucoup ont un caractère mythologique ou spirituel. Très croyant, il réalise de nombreux décors religieux, s imposant comme le rénovateur de la peinture chrétienne. Camille Godet (Rennes, 1879 Bain de Bretagne, 1966) Après des études à l École des beaux-arts de Rennes, Camille Godet entre en 1888 à l École des beaux-arts de Paris, où il est l élève de Bonnat, Benjamin-Constant et Jean-Paul Laurens. Nommé en 1914 professeur à l École des beaux-arts de Rennes, il est mobilisé. Sur le front, il rencontre 6

Mathurin Méheut et en revient, tout comme lui, avec quantité de dessins de guerre, d une grande précision documentaire. À son retour, il répond à des commandes, comme le Panthéon rennais à l Hôtel de ville de Rennes et la Maison du peuple. En 1919, il est nommé directeur de l École d apprentissage du bâtiment, où il restera jusqu en 1949. Thomas Alexander Harrison (Philadelphie, États-Unis, 1853 Paris, 1930) Harrison arrive en France en 1889 et devient l élève de Gérôme à l Académie Julian de Paris. Il poursuit ainsi son apprentissage commencé à l Académie des beaux-arts de Pennsylvanie et à l école d art de San Francisco. Dès 1880, il explore la Bretagne en compagnie de son frère également peintre, et après un court séjour à Pont-Aven, il s établit à Concarneau en 1883. Peintre apprécié par Marcel Proust, il est fasciné par l action de la lumière sur le paysage : il étudie les variations des effets atmosphériques à travers de nombreuses toiles, et en particulier dans celles représentant les plages de la région de Concarneau. Andō ou Utagawa Hiroshige (1797 1858) Issu d une famille de samouraïs, Andō Hiroshige (1797-1858) reçoit de son père la charge d officier de la brigade des pompiers à la cour du shōgun, mais il perd ses deux parents dès 1809. S orientant très jeune vers le dessin, il suit l enseignement d Utagawa Toyokuni (1769-1825) et d Utagawa Toyohiro (1773-1828), et adopte, dès 1811, le nom d artiste d Utagawa Hiroshige. Il commence par réaliser des portraits d acteurs et de courtisanes et des illustrations de livres, avant de se tourner vers le paysage, participant ainsi au renouveau de l estampe japonaise. Ses nombreux voyages donnent lieu à une importante série d estampes de vues paysagères, telles que les Cinquante-trois relais du Tōkaidō (1833-1834) ou les Soixante et quelques vues des provinces célèbres du Japon (1853-1856). Observateur avisé de la nature, il étudie ses variations atmosphériques, s attachant à saisir à la fois la permanence et l éphémère. Shōtei Hokujū (actif entre 1790 et 1820) Élève d Hokusai, Hokuju mêle les particularités de la peinture européenne de paysage à celles de l estampe ukiyo-e, se positionnant ainsi à l avant-garde dans le domaine de l estampe de paysage. Katsushika Hokusai (1760 1849) Né à Edo, Hokusai a été adopté par un artisan d art, fabricant de miroirs à la cour de shōgun. Baignant dans un univers culturel, il montre très tôt un potentiel et des aptitudes artistiques importantes. Son apprentissage commence au cours de son adolescence, lorsqu il travaille dans une librairie, puis en tant qu apprenti chez un xylographe (de 1773 à 1778). Artiste aux multiples facettes, Hokusai prend une centaine de noms différents au cours de sa vie. Au début de sa carrière (1779-1794), il réalise des portraits de courtisanes et d acteurs. De 1799 à 1810, il signe ses œuvres sous le nom d Hokusai. C est à ce moment là qu il s affirme en tant qu artiste accompli de l ukiyo-e. Les quinze volumes de La Manga, encyclopédie imagée du Japon et manuel à destination de ses élèves sont publiés entre 1814 et 1878 (les deux derniers volumes le sont à titre posthume). À partir des années 1830, il se tourne vers l estampe de paysage, ce qui marque l apogée de son œuvre, notamment grâce à ses séries autour du mont Fuji : Les trente six vues du mont Fuji, complétées plus tard par Les Cent vues du mont Fuji. À la fin de sa vie, ce «fou de dessin» (gakyōjin), comme il se désigne lui-même, délaisse l estampe au profit de la peinture. Henri-Gabriel Ibels (Paris, 1867 Paris, 1936) Après avoir étudié à l École des Arts décoratifs en 1886-1887, où il rencontre Armand Seguin, Henri- Gabriel Ibels poursuit son apprentissage en 1888-1889 à l Académie Julian, aux côtés de Bonnard et de Vuillard. Bien qu il soit l un des membres fondateurs des Nabis, sa production est différente de celles des autres artistes du mouvement. S éloignant de leurs préoccupations symbolistes, il est fortement influencé par la vie parisienne contemporaine, à tel point qu il est surnommé le «nabi journaliste». Ses thèmes de prédilection le cabaret, le cirque ou le théâtre- et la place que prend la lithographie dans son œuvre, le rapproche de son ami Henri de Toulouse-Lautrec. Son talent d illustrateur apparaît en particulier à travers ses affiches, ses programmes et ses décors de théâtre. 7

Émile Jourdan (Vannes, 1860 Quimperlé, 1931) Après des études à Vannes, Émile Jourdan entre à l'école des beaux-arts de Paris où il intègre les ateliers de William Bougereau et de Tony Robert-Fleury, puis à l Académie Julian, où le port de costumes bretons fait de lui un personnage remarqué. Arrivé à Pont-Aven en 1886, il s y installera définitivement en 1892. Il adopte l esthétique du groupe de Paul Gauguin et d Émile Bernard, à laquelle il ajoute un parti pris décoratif. Les marines constituent son sujet de prédilection. Entre 1910 et 1914, il séjourne à Brigneau en compagnie d Asselin et de Mac-Orlan, avant de reprendre durablement la direction de Pont-Aven. Utagawa Kunisada (1780 1865) Élève d Utagawa Toyokuni (1769-1825), Kunisada est également influencé par l art d Itchō et d Ikkei. Il peint des portraits de bijin et d acteurs de Kabuki, des paysages et travaille également pour l illustration de livres. Utagawa Kuniyoshi (1797 1861) Tout comme Utagawa Kunisada, Utagawa Kuniyoshi entreprend son apprentissage auprès de d Utagawa Toyokuni (1769-1825). Inspiré par les techniques de la gravure occidentale, ses sujets se révèlent extrêmement variés : portraits d acteurs de Kabuki et de samouraïs, mais également estampes de paysages. Georges Lacombe (Versailles, 1868 Alençon, 1916) Fils d une famille riche et cultivée, Georges Lacombe apprend, enfant, la peinture auprès de sa mère. Son père, ébéniste d art devenu rentier, l initie au travail du bois. Il poursuit son apprentissage auprès des peintres Richon-Brunet, Humbert et Gervex. Entre 1888 et 1897, il passe l été à Camaret, au milieu de peintres, d écrivains et de gens du théâtre. Mais c est sa rencontre avec Paul Sérusier, en 1892, qui bouscule sa carrière et marque son entrée dans le groupe des Nabis. Surnommé le «Nabi sculpteur», il taille directement dans le bois des pièces hardies, qu il colore souvent, à la manière de Paul Gauguin. Notamment réalisée à la peinture à l œuf, ses toiles dévoilent un désir de couleurs pures et de jeux de contrastes. Parti d une observation de la nature, et fortement influencé par l art japonais, Lacombe en donne une interprétation purement décorative. François Lahaye (1878 1949) Artiste peu connu, François Lahaye a effectué un court séjour à Camaret en 1912, où il a été impressionné par la puissance des rochers. Peu de temps après, il s installe à Arramont, dans le Gard. Sa première exposition personnelle lui est consacrée à Paris en 1922. Gustave Loiseau (Paris, 1865 Paris, 1935) Né à Paris, c est à Pontoise que le jeune Gustave Loiseau ressent sa vocation profonde : l attirance pour le paysage. Un bref passage aux Arts Décoratifs en 1888, lui confirme que la vérité est le motif, «qu un tableau, sous peine d être creux, doit être peint tout entier devant la nature». Impressionniste convaincu, c est dans le paysage le plus classique que Loiseau exprime son art. Il adopte une touche fine et serrée, aboutissant à couvrir ses toiles d un réseau de traits parallèles et entrecroisés. Très proche dans ses choix de Pissarro et de Sisley, il s est magnifiquement exprimé dans les paysages des bords de Seine et d Ile-de-France. À partir de 1890, Gustave Loiseau se rend à Pont-Aven, où il se lie d amitié avec Maxime Maufra et Henry Moret, qu il retrouve sur le motif. Maxime Maufra (Nantes, 1861 Poncé-sur-le-Loir, 1918) Après avoir étudié la peinture auprès de paysagistes nantais, les frères Leduc, Maufra découvre les toiles de Turner, à Londres, à l âge de vingt ans. Il voyage en Bretagne à partir de 1886. Se destinant à une carrière dans le commerce, ce n est qu en 1889 qu il décide de se consacrer exclusivement à la peinture. En 1890, il rencontre Paul Sérusier et Paul Gauguin à Pont-Aven. Bien qu attaché à l impressionnisme, il adopte les principes de l École de Pont-Aven, évoluant vers une peinture synthétiste. Maufra est également un fin dessinateur et un habile graveur il est initié par Henri Rivière. Peu d endroits en Bretagne lui échappent, le paysage portuaire et marin dominant largement dans l ensemble de son œuvre. 8

Henry Moret (Cherbourg, 1856 Paris, 1913) Henry Moret découvre la Bretagne en 1876, lors de son affectation militaire à Lorient. Étudiant à l École nationale des beaux-arts, il passe ses étés en Bretagne et à Pont-Aven, où il rencontre Paul Gauguin et Émile Bernard en 1886. Bien qu impressionniste convaincu, il rejoint en 1889 le groupe des Nabis, installé au Pouldu et développe une style entre impressionnisme et synthétisme. À partir de 1895, il effectue un retour vers l impressionnisme, abandonnant les couleurs posées en aplat au profit de touches colorées, dans un esprit qui convient mieux à Durand-Ruel, le marchand impressionniste qui remarque ses œuvres. L œuvre de Moret est quasi-entièrement consacré à la Bretagne. Très lié à Maxime Maufra et à Gustave Loiseau, le peintre découvre avec eux de nombreux paysages des côtes finistériennes et morbihannaises. Jean Miscelas Peské (Russie ou Bohême, 1870, Le Mans, 1949) Ce peintre et graveur français, d origine russe, s inscrit à l École de peinture de Kiev, à l École des beaux-arts d Odessa, puis, en 1891, à l Académie Julian à Paris, où il reçoit l enseignement de Jean- Paul Laurens. Immergé dans le milieu artistique parisien, il se lie d amitié avec Sérusier, Toulouse- Lautrec, Pissarro ou Apollinaire. Initié par Signac, Peské s essaye au pointillisme avant d intégrer le groupe des Nabis entre 1895 et 1900. Mais il est également proche des impressionnistes de par le choix de ses sujets et de ses compositions l œuvre de Claude Monet demeure une grande source d inspiration pour l artiste. Ses nombreux voyages en Bretagne, lui permettent d exercer son talent de paysagiste. René Quillivic (Plouhinec, 1879 Paris, 1969) Issu d une formation de menuisier-charpentier, René Quillivic poursuit ses études à l École des beaux-arts de Paris, où il apprend la sculpure. Artiste fécond, il se fait connaître par ses nombreux monuments aux morts, pacifistes et tournés vers les hommes plus que vers les héros ou les symboles (voir le Monument à la douleur, Pointe Saint-Mathieu). Influencé par sa région natale, il se réapproprie les motifs celtiques et bigoudens. Il expérimente également plusieurs techniques, telles que la gravure sur bois et la céramique. Henri Rivière (Paris, 1864 Sucy-en-Brie, 1951) Henri Rivière débute sa carrière à la fin des années 1880, en créant, pour le cabaret montmartrois, Le Chat noir (1881-1896), son célèbre Théâtre d ombres. Il s impose ensuite dans le domaine de l estampe et de l aquarelle. Il commence son apprentissage par l eau-forte, puis s approprie de manière empirique, en 1889, la gravure sur bois à la méthode japonaise. Collectionneur et passionné d art japonais, Rivière qui n a jamais voyagé au Japon est fasciné par l estampe japonaise, tant par ses aspects techniques que par le choix des sujets. À partir de 1914, l aquarelle devient son médium exclusif, lui permettant de garder la trace de ses voyages à travers la France. Il puise en particulier son inspiration dans les paysages de Bretagne, où il séjourne régulièrement à partir de 1884, sur le conseil de Paul Signac. De Saint-Briac à Tréboul, de la Côte d Emeraude à la Cornouaille, il cherche les paysages tranquilles et les scènes typiques, qu il fixe d un trait méticuleux et d une couleur fluide. Claude-Émile Schuffenecker (Fresne-Saint-Mamès, Haute-Saône, 1851 Paris, 1934) Très tôt passionné par le dessin, Claude-Émile Schuffenecker fréquente des cours du soir à Paris. En 1872, alors qu il travaille chez l agent de change Paul Bertin, il rencontre Paul Gauguin, avec qui il noue une forte amitié jusqu en 1891. À partir de 1878, il se consacre entièrement à la peinture. Parallèlement, il collectionne des œuvres de peintres d avant-garde, tels Gauguin, Cézanne, Van Gogh, Degas ou Redon. Suite à son refus au Salon, il fonde, en 1884, la Société des artistes indépendants. La même année, il commence à enseigner le dessin au lycée de Vanves, jusqu en 1914. Il part en Bretagne en 1886 avec Gauguin, auprès de qui il introduit Émile Bernard, rencontré à Concarneau. En 1889, il organise l Exposition du groupe impressionniste et synthétiste au café Volpini, à Paris. De plus en plus intéressé par le symbolisme, il prend part, en 1892, au mouvement Rose-Croix. Sa première exposition personnelle a lieu en 1896. Armand Seguin (Bretagne, 1869 Châteauneuf-du-Faou, Finistère, 1903) Originaire de Bretagne, Armand Seguin s installe à Paris où il fréquente l École des Arts décoratifs et l Académie Julian. D abord impressionniste, il découvre l esthétique de l École de Pont-Aven grâce à sa rencontre en 1894 avec Paul Gauguin, dont il reçoit un brillant enseignement. Lors de son séjour 9

à Pont-Aven, il est également influencé par Émile Bernard et se lie à de nombreux artistes, comme Roderick O Conor ou Éric Forbes-Robertson. Il meurt à Châteauneuf-du-Faou, où il s était installé en 1900, auprès de Paul Sérusier. Son talent s exerce surtout à travers la gravure, bien plus que dans la peinture. Paul Sérusier (Paris, 1864 Morlaix, 1927) Après des études au lycée Condorcet, où il fait notamment la connaissance de Pierre Bonnard, Paul Sérusier travaille quelques temps dans la société de son père, puis entre en 1888 à l Académie Julian. L été de la même année, il séjourne à Pont-Aven, où il rencontre Émile Bernard et Paul Gauguin. C est sous la dictée de ce dernier qu il peint Au Bois d Amour, qui prendra le nom du Talisman (1888, musée d Orsay) et deviendra l emblème du groupe des Nabis («prophète» en hébreu), fondé dès son retour à Paris. Sérusier partage dès lors son temps entre Paris et la Bretagne. Délaissant Pont-Aven et le Pouldu dès l été 1891, Sérusier découvre la Bretagne intérieure et s arrête au Huelgoat. Ses sujets de prédilection sont les scènes quotidiennes de la vie bretonne. Ce choix traduit une recherche d universalité, à la fois par la simplicité du sujet, et par une certaine intemporalité de la composition, rappelant les tapisseries médiévales. En 1921, paraît son ABC de la peinture, où se mêlent lettres de jeunesse et préceptes techniques. Wladislaw Slewinski (Bialynin-sur-Pilica, Pologne, 1856 Paris, 1918) Artiste polonais ayant fréquenté l école de dessin de Varsovie, Wladislaw Slewinski arrive à Paris en 1888 et intègre l Académie Julian. L année suivante, il rencontre Paul Gauguin et adhère immédiatement aux principes de l École de Pont-Aven. En 1892, il s installe au Pouldu, où il rencontre de nombreux artistes et étudie le motif maritime. Il se caractérise par sa palette sombre et la simplification de ses compositions. Après un retour en Pologne en 1905, il regagne la Bretagne à partir de 1910. Kitagawa Utamaro (1753 1806) Figure centrale de l ukiyo-e au 18 e siècle, Utamaro a réalisé une œuvre considérable, comptant plus de 1900 estampes, dont un tiers est consacré au quartier des plaisirs d Edo, le Yoshiwara. Élève de Toriyama Sekien (1712-1788), peintre de l'école traditionnelle Kanō, il a ensuite élaboré un style personnel. Dans les années 1790, il devient célèbre pour ses portraits de bijin, genre dans lequel il excelle, au point que des critiques occidentaux le qualifieront de portraitiste. Tout en s attachant à décrire l individualité de son modèle, il instaure un idéal féminin qui marquera les artistes de l ukiyo-e. En 1891, Edmond de Goncourt réalise sa première biographie, Outamaro, le peintre des maisons vertes. Henri de Waroquier (Paris, 1881 Paris, 1970) Professeur de composition décorative à l'école Estienne de 1900 à 1919, Henry de Waroquier est à la fois peintre, dessinateur et graveur. Trois phases principales rythment son parcours. En premier lieu, un éclectisme personnel qui, au début du siècle, mêle à l héritage de l impressionnisme, les apports de Cézanne, ceux des Nabis et de l estampe japonaise. Ensuite, il s oriente, autour de 1910, vers le mouvement cubiste et la tradition des Primitifs, peignant dans cet esprit des vues d Italie, de Corse ou d Espagne. Enfin, en s appuyant sur la première Renaissance, il développe, entre 1917 et 1932, un imaginaire figuratif qui, à partir de formes austères et de couleurs intenses, évolue vers de grands personnages antiquisants. Découvrant la Bretagne en 1901, il s attache plus particulièrement aux paysages du Morbihan (l Ile aux Moines, Belle-Ile), où il réalise notamment de vastes panoramas à l aquarelle et à l encre de Chine. 10

Saint-Jean-du-Doigt Maxime Maufra Peindre en Bretagne : les principaux sites représentés par les artistes Perros-Guirec Maurice Denis Bréhat J.-F. Auburtin Cap Fréhel Gustave Loiseau Camaret George Lacombe François Lahaye Pléneuf-Val-André Camille Godet Saint Briac Émile Bernard Henri Rivière Pointe du Raz Henri Rivière Concarneau Alexander Harrison Pont-Aven Émile Jourdan Loctudy Maurice Denis Portivy J. M. Peské Ile aux Moines Henry de Waroquier Belle-Ile-en-Mer Henry Moret J.-F. Auburtin 11

Belle-Ile-en-Mer Île aux Moines Portivy (près de Quiberon) Pont-Aven Henry Moret (1856-1913) Goulphar, Belle-Ile-en-Mer 1895 Huile sur toile Musée d'orsay (dépôt au Musée des beaux-arts - Quimper) Œuvre exposée au rez-de-chaussée Henry de Waroquier (1881-1970) Maison blanche au bord de mer 1907-1908 Huile sur toile Musée des beaux-arts de Brest Dépôt du Musée d Orsay Adagp, Paris, 2012 Œuvre exposée au rez-de-chaussée Jean Miscelas Peské (1870-1949) L arche à Portivy Avant 1939 Huile sur toile Musée des beaux-arts de Rennes Dépôt du Centre Pompidou Œuvre exposée au rez-de-chaussée Maxime Maufra (1861-1918) Pont-Aven, ciel rouge 1892 Huile sur carton marouflé sur bois Musée des beaux-arts de Brest Œuvre exposée au sous-sol (Ce paysage a en fait été réalisé au Pouldu). Jean-Francis Auburtin (1866-1930) Effet de nuages, la côte sauvage, Belle- Ile-en-Mer Vers 1896 Gouache sur papier gris Collection particulière Œuvre exposée au sous-sol Émile Jourdan (1860-1931) Après la tempête 1910-1914 Huile sur toile Musée des beaux-arts de Quimper Œuvre exposée au sous-sol 12

Pointe du Raz Concarneau Loctudy Camaret Henri Rivière (1864-1951) Pointe du Raz Septembre 1907 Huile sur toile Musée des beaux-arts de Brest Adagp, Paris, 2012 Œuvre exposée au rez-de-chaussée Alexander Harrison (1853-1930) Marine, clair de lune 1893 Huile sur toile Musée d'orsay (dépôt au Musée des beaux-arts de Quimper) Œuvre exposée au sous-sol Maurice Denis (1870-1943) Le soir 1894 Huile sur toile Musée de la Chartreuse à Douai Œuvre exposée au sous-sol George Lacombe (1868-1916) Marine bleue, effet de vagues Vers 1893 Tempera sur toile Musée des beaux-arts de Rennes Dist. RMN. Adélaïde Beaudoin Œuvre exposée au sous-sol George Lacombe (1868-1916) La mer jaune 1892 Huile sur toile Musée des beaux-arts de Brest Œuvre exposée au sous-sol 13

Camaret (suite) Saint-Jean-du-Doigt Perros-Guirec Henri Rivière (1864-1951) Camaret vu de Lannic 1911 Aquarelle sur papier Musée des beaux-arts de Brest Adagp, Paris, 2012 Œuvre exposée au sous-sol George Lacombe (1868-1916) Vorhor, vague grise ou Falaises à Camaret Vers 1892 Tempera sur toile Musée des beaux-arts de Brest Œuvre exposée au sous-sol Maxime Maufra (1861-1918) Les trois falaises, Saint-Jean-du-Doigt 1894 Huile sur toile Musée des beaux-arts de Quimper Œuvre exposée au sous-sol Maurice Denis (1870-1943) Soir de Septembre Vers 1911 Huile sur toile Musée des beaux-arts de Brest Œuvre exposée au sous-sol François Lahaye (1878-1949) Rochers à Camaret 1912 Gouache sur papier Musée des beaux-arts de Rennes Œuvre exposée au rez-de-chaussée 14

Ile de Bréhat Pléneuf-Val-André Cap Fréhel Saint-Briac Jean-Francis Auburtin (1866-1930) Phare du paon à Bréhat 1897 Aquarelle et encre de chine sur papier Collection particulière Œuvre exposée au sous-sol Camille Godet (1879-1966) Pléneuf-Val-André Début XXe siècle Gouache, encre noire sur carton Musée des beaux-arts de Rennes Œuvre exposée au rez-de-chaussée Gustave Loiseau (1865-1935) La pointe du Jar au Cap Fréhel 1904 Huile sur toile Musée des beaux-arts de Rennes Dist. RMN. Adélaïde Beaudoin Œuvre exposée au sous-sol Émile Bernard (1868-1941) Bord de mer en Bretagne Saint Briac 1888 Huile sur toile Musée des beaux-arts de Brest Œuvre exposée au sous-sol Henri Rivière (1864-1951) Etude de vague 1892 Aquarelle sur papier Musée des beaux-arts de Quimper Adagp, Paris, 2012 Œuvre exposée au sous-sol 15

Impressions japonaises Présentation de l exposition Le Japon, lointain et mystérieux, fascine les Européens. Si des échanges se développent grâce aux marchands portugais dès le XVIème siècle, ils sont interrompus par une phase d isolationnisme nippon qui dure de 1639 au milieu du XIXème siècle, lorsque les Américains déclenchent une action navale destinée à contraindre le Japon à s ouvrir au commerce international. S ouvre alors en Europe une période de redécouverte et d engouement pour la civilisation japonaise, qui devient une source d inspiration pour les artistes. L exposition Impressions japonaises propose, grâce aux collections patrimoniales de la Bibliothèque municipale, mais aussi celles du Musée des beaux-arts de Brest, des Archives municipales et communautaires, du Centre de Recherche Bretonne et Celtique et du Service historique de la défense, département Marine - Brest, de retracer cette histoire des relations entre l Occident et le Japon. Récits de voyage, journaux anciens, livres illustrés viennent témoigner des multiples échanges et influences entre ces deux civilisations. Les Contes du vieux Japon, 8. Ourasima, le petit pêcheur. Tokyo : Hasegawa, 1898. RÉS XIX e D2293 16

Thématiques de l exposition et points de repère Le parcours de l exposition comporte trois temps : 1 ère partie : Découverte et redécouverte du Japon Les Portugais sont les premiers Occidentaux à découvrir le Japon, en 1543. Aucun Européen n avait jusqu alors mis le pied sur la légendaire île de Cipangu, que Marco Polo avait décrite comme couverte d or. Aux XVIe et XVIIe siècles, les Jésuites sont la source d information privilégiée des Européens sur le Japon. Mais, à partir de 1612, les missionnaires et marchands espagnols et portugais sont progressivement expulsés. La fermeture complète du pays aux étrangers est décrétée en 1639. Pendant cette période d isolement, les Hollandais, installés sur l île de Deshima, dans la baie de Nagasaki, continuent malgré tout à entretenir des relations commerciales avec le Japon. Les liens n ont en réalité jamais été totalement coupés, comme le montrent les récits des employés de la Compagnie hollandaise des Indes orientales. Le Japon reste pourtant encore largement méconnu lorsque La Pérouse quitte Brest, en 1785, pour un voyage autour du monde. C est en explorant les côtes du nord du Japon que le célèbre navigateur découvre le détroit qui porte son nom, entre Sakhaline et Hokkaïdo. Ce n est qu avec l intervention américaine menée par le commodore Perry et la signature du traité de Kanagawa, en 1854, que le Japon s ouvre à nouveau. La France signe à son tour un premier traité avec l Empire nippon en 1858. La fin du règne des Tokugawa et l arrivée au pouvoir de l empereur Meiji, en 1868, marquent l entrée du pays dans une nouvelle ère, ouverte à la culture occidentale. Nombreux sont alors les Européens qui se rendent au Japon. Parallèlement, les Expositions universelles de Paris, en 1867, 1878, 1889 puis 1900, font connaître la civilisation japonaise en France. Quelques documents-clés : Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de gens de lettres. Troisième édition, tome dix-huitième A Genève : chez Jean-Leonard Pellet ; à Neufchatel : chez la Société typographique, 1778 Cette édition de 1777-1780, présentée comme la 3ème édition de L Encyclopédie est publiée par Jean Léonard Pellet à Genève et par la Société typographique à Neuchâtel. Elle compte 39 volumes dont 36 de texte et 3 de planches. Cette «Nouvelle édition» comprend d importants changements mais reste fidèle à l édition originale pour l article consacré au Japon. Au 18 e siècle, la connaissance du Japon est encore très incertaine, à la fois sur le plan de la géographie, mais aussi des mœurs et des coutumes. Jean-François de Galaup, comte de LA PÉROUSE (1741-1788) Voyage de La Pérouse autour du monde, publié conformément au décret du 22 avril 1791, et rédigé par M. L. A. Milet-Bureau Paris : Éditions de l'imprimerie de la République, 1797 Au 18 e siècle, il y eut cinq grandes expéditions maritimes européennes autour du monde : celle de Louis- Antoine de Bougainville pendant les années 1766-1769 au cours de laquelle il découvrit Tahiti, les îles Samoa et les Nouvelles-Hébrides, les trois expéditions de James Cook de 1768 à 1779 vers la Nouvelle- Zélande, la côte sud-est de l Australie, l Alaska et les iles Hawaï, et le voyage autour du monde du comte Jean-François de La Pérouse, dernière grande expédition maritime française des Lumières qui se déroula de 1785 à 1788 et se termina tragiquement par le naufrage des deux bateaux de l expédition sur les récifs de Vanikoro, une île au large de la Nouvelle-Guinée. 17

La Russie eut de grands navigateurs au 18 e siècle mais la compétition pour découvrir de nouveaux territoires opposait alors principalement la France et l Angleterre. Ces dernières se livraient une lutte acharnée pour la conquête des mers, dont les enjeux étaient à la fois économiques, militaires et scientifiques. C est d ailleurs en partie pour concurrencer l immense prestige acquis par l Angleterre à la suite des trois voyages du capitaine Cook que le roi Louis XVI décida d organiser l expédition de La Pérouse. Ce voyage devait durer quatre ans. C était la plus longue expédition jamais entreprise et certainement celle dont les objectifs étaient les plus ambitieux. Le Voyage autour du monde de La Pérouse fut publié en 1797. Il comporte quatre tomes d environ 1400 pages. Le tome I comprend le long et détaillé mémoire du roi. Les tomes II et III relatent le voyage proprement dit. Un Atlas parut également, contenant des cartes et des gravures. Si le récit de ce voyage nous est parvenu, c est parce que La Pérouse a pu envoyer à deux reprises des mémoires, des dessins et des cartes. Le premier de ces envois a été effectué lors de l escale de l expédition au Kamtchatka en septembre 1787. La seconde série de mémoires fut transmise en janvier 1788 à un navire anglais qui se trouvait à Botany Bay (Sydney) en Australie. Les navires quittent Brest le 1er août 1785. Ils font escale aux Canaries, traversent l Océan Atlantique, longent la côte est de l Amérique du Sud, passent le cap Horn, font escale à l île de Pâques récemment découverte par Cook et remontent la côte ouest de l Amérique jusqu au Canada et en Alaska. Conformément à l itinéraire prescrit par le roi, ils descendent ensuite vers le Mexique et, depuis Monterrey, traversent l Océan Pacifique. L expédition parvient à Macao puis à Manille en 1787. Les bateaux y font relâche pendant les mois de février et mars de manière a pouvoir réparer les voiles, vérifier l état des bateaux et refaire provision de salaisons avant d aborder l étape suivante : remonter la cote japonaise à l ouest, explorer le nord du Japon et la côte mandchoue, zone alors inconnue des Occidentaux, puis obliquer à l est vers les Kouriles et parvenir au Kamtchatka avant l hiver. Une centaine de pages du Voyage autour du monde sont consacrées au périple dans la mer du Japon, ce qui montre l importance accordée par La Pérouse à cette partie du voyage. Carte extraite du Voyage de La Pérouse autour du monde, publié conformément au décret du 22 avril 1791, et rédigé par M. L. A. Milet-Bureau. Paris : Éditions de l'imprimerie de la République, 1797, RÉS XVIII e F5 - RÉS XVIII e F18 L Astrolabe et La Boussole quittent Manille le 9 avril avec une bonne brise de nord-est. Les deux bateaux sont près de Formose (Taiwan) le 21 avril ou ils essuient une terrible tempête. Lapérouse prend ensuite la direction du nord-est et longe les îles Ryu kyu qu il appelle, conformément aux anciennes cartes, le royaume de Likeu. Les bateaux approchent le 5 mai de Kume. Bientôt des pirogues apparaissent dont 18

les occupants offrent, en guise de bienvenue, des seaux d eau douce aux Français et les invitent par gestes à aborder sur leur île, mais les navires poursuivent leur route. Selon La Pérouse, «ces insulaires ne sont ni Chinois ni Japonais, mais situés entre ces deux empires, ils paraissent tenir des deux peuples ; ils étaient vêtus d une chemise et d un caleçon de toile de coton ; leurs cheveux retroussés sur le sommet de la tête, étaient roulés autour d une aiguille qui nous a paru d or ; chacun avait un poignard dont le manche était aussi d or». Les bateaux se dirigent ensuite vers la Corée et pénètrent dans la mer du Japon. Après plusieurs jours de brouillard épais, La Pérouse aperçoit enfin les côtes japonaises et il écrit : «Nous pûmes faire les meilleures observations de latitude et de longitude, ce qui était bien important pour la géographie, aucun vaisseau européen connu n ayant jamais parcouru ces mers, tracées sur nos mappemondes d après des cartes japonaises ou coréennes, publiées par les Jésuites». Il dépasse Nagasaki et l île de Kiushu et met le cap sur la pointe Sud-Ouest de l île Niphon (Honshu) puis remonte vers le nord. Le 2 juin, La Pérouse croise deux bateaux japonais (voir illustrations), dont l un passe «à la portée de notre voix». Il remarque que l équipage, compose de 20 hommes, est habillé de «soutanes bleues, de la forme de celles de nos prêtres», sans doute des kimonos. Il décrit aussi leur drapeau, «un petit pavillon blanc, sur lequel on lisait des mots écrits verticalement». «Bateaux japonais», gravure extraite du Voyage de La Pérouse autour du monde, publié conformément au décret du 22 avril 1791, et rédigé par M. L. A. Milet-Bureau. Paris : Éditions de l'imprimerie de la République, 1797, RÉS XVIII e F5 - RÉS XVIII e F18. Les bateaux remontent ensuite la mer du Japon vers le nord et ils s engagent en juin 1787, dans le détroit de Tartarie qui sépare la Mandchourie de l ile Sakhaline. Après une escale sur la côte mandchoue, La Pérouse découvre le 7 juillet 1787 l ile de Sakhaline : «A huit heures du matin, nous eûmes connaissance d une île qui paraissait très étendue, et qui formait avec la Tartarie une ouverture de 30 degrés. [ ] L aspect de cette terre était bien différent de celui de la Tartarie : on n y apercevait que des rochers arides, dont les cavités conservaient encore de la neige ; mais nous en étions à trop grande distance, pour découvrir les terres basses, qui pouvaient, comme celles du continent, être couvertes d arbres et de verdure». L expédition aborde le 12 juillet 1787 dans une baie que La Pérouse baptise baie de Langle, du nom du commandant de L Astrolabe. Arrive alors sur le rivage une pirogue avec sept hommes à bord. C est la première fois que La Pérouse et ses hommes rencontrent des êtres humains depuis leur départ de Manille trois mois plus tôt. Il s agit des Aïnus, population qui occupait au 18 ème siècle la partie sud de Sakhaline, l île d Hokkaido et l archipel des Kouriles. Plus tard La Pérouse, remontant la côte occidentale de Sakhaline, fait escale en Mandchourie. Après avoir tenté en vain de remonter le détroit de Tartarie jusqu a la mer d Okhotsk et avoir été arrêtées dans leur course par des hauts-fonds de sable, La Boussole et L Astrolabe sont obligées de rebrousser chemin. Bien qu il n ait pu remonter jusqu à son extrémité nord, La Pérouse est convaincu que Sakhaline est bien une île. Il parvient le 11 août à la pointe sud de Sakhaline qu il baptise le cap Crillon, aperçoit un grand pic neigeux au loin qu il croit appartenir à Hokkaido et qui est en réalité le volcan de l île Rishiri, et découvre le détroit qui sépare Sakhaline d Hokkaido. C est la principale et la plus importante découverte de son voyage autour du monde et la première reconnaissance effective par un navigateur européen de Sakhaline et d Hokkaido. La Pérouse est conscient de l importance de sa découverte : «Ce point de géographie, le plus important de ceux que les voyageurs modernes avaient laissé résoudre à leurs successeurs, nous coutait bien des fatigues, et il avait nécessité beaucoup de précautions, parce que les brumes rendent cette navigation extrêmement difficile». 19

Le Japon aux Expositions universelles de Paris «Pavillon japonais» Le Figaro Illustré, 1900 «Le Japon à l Exposition Universelle» L Exposition de Paris, 1900 Vitrines du commerce, de l'industrie et des beaux-arts des différentes nations, les Expositions universelles sont l'occasion d'une confrontation pacifique entre les peuples. L'exotisme des pavillons étrangers attire et attise la curiosité de millions de visiteurs. La première Exposition universelle a lieu en 1851 à Londres, où le Crystal Palace, palais de verre et de métal, frappe les esprits par sa transparence, son immensité et ses techniques de construction. Paris offre sa réponse dès 1855 lors de sa première Exposition universelle : on édifie pour l'occasion le palais de l'industrie, inspiré du Crystal Palace. La France montre ainsi sa capacité à renouveler l'exploit technique, ajoutant même une façade de pierre, ce qui fascine le public. Dès 1867, Paris organise des Expositions universelles tous les onze ans. La capitale fleurit alors de constructions éphémères, dont le succès, parfois, conduit à pérenniser des monuments : ainsi de la tour Eiffel, d'abord destinée à être détruite une fois l'exposition universelle de 1889 terminée. Le Grand Palais, lui, est dès l'origine conçu pour durer. L'affluence du public grandit et dépasse les 50 millions pour l'exposition universelle de 1900. C est à l occasion de l Exposition universelle de 1867 que Paris met le Japon à la mode. Outre par la visite officielle du jeune frère du dernier shôgun Akitake Tokugawa (qui, au cours de son séjour en France, visita Brest), cette exposition est remarquable par les nombreux livres et des produits artisanaux d art japonais qui y sont présentés, contribuant alors largement au développement du japonisme en France. Ce mouvement s accélère après l Exposition universelle de 1876 à Philadelphie, puis celle de 1878 à Paris. Le pavillon du Japon de l Exposition universelle de Paris en 1900 construit tout en bois sur le modèle du monastère bouddhique de Hondo arbore un extérieur doré et complètement garni de sculptures représentant des déesses, des oiseaux sacrés et des fleurs. Auprès de ce pavillon principal, des constructions accessoires encadrent harmonieusement un jardin à la japonaise exclusivement planté de fleurs et d'arbustes du pays. Le Pavillon du Japon à l Exposition universelle de 1900 2 e partie : «Ce n est plus une mode, c est un engouement, c est une folie» La phrase du critique d art Ernest Chesneau, extraite d un article paru dans la Gazette des beaux-arts en 1878, décrit l enthousiasme pour le Japon qui envahit la France dans la seconde moitié du XIXe siècle. Cette mode n est pas nouvelle : Edmond de Goncourt évoque ainsi dans son Journal des dîners japonisants organisés dès 1852, avant même l ouverture des relations commerciales entre les deux pays. 20

Après 1858, de nombreuses œuvres d art japonais sont introduites en France. Des galeries spécialisées, comme celle de Samuel Bing, diffusent ces objets que le Japon exporte massivement. D importantes collections sont constituées : celles de Philippe Burty, Edmond de Goncourt, Emile Guimet ou Henri Cernuschi sont restées célèbres. Les passionnés sont nombreux. Le Musée des beaux-arts de Brest conserve de remarquables collections d art japonais qui, rassemblées aux XIXe et XXe siècles par des voyageurs et des amateurs, attestent l ampleur de ce mouvement. L engouement pour le Japon se répand : il touche les arts décoratifs, la mode mais aussi la musique, le théâtre et la littérature. Récits de voyage, romans, pièces de théâtre ou recueils de poésie d inspiration japonaise se multiplient. Dans le même temps, les travaux de recherche et les publications sur l art japonais, en particulier sur l estampe, se développent. Louis Gonse, l un des premiers spécialistes, publie en 1883 le premier ouvrage de référence sur le sujet. Quelques documents-clés : Exposition d'objets asiatiques : vue des objets présentés dans une des salles de l'établissement des pupilles à la caserne Guépin, photographie, 1883, Archives Municipales et Communautaires de Brest Organisée par la Société Académique de Brest en juin 1883 au sein de la caserne Guépin, l Exposition de Géographie présente «les richesses artistiques des familles brestoises», souvenirs souvent rapportés par «un père, un frère ou des enfants, pendant toute une carrière consacrée aux explorations les plus diverses et les plus lointaines». Le concours des familles est unanime pour mettre à la disposition des organisateurs tous ces objets présentés dans plusieurs salles : l Afrique, la Chine, le Japon, l Océanie, l Inde ou encore la Perse. Le visiteur peut ainsi y découvrir des vases, des laques, des tapis, des estampes ou encore des meubles rapportés des quatre coins du globe. L exposition - notamment la salle consacrée au Japon - remporte un très vif succès. Chirimen-bon, les petits livres en papier crêpe À la fin du XIXe siècle, deux diplomates français au Japon, Joseph Dautremer et Jules Adam, participent à la version française des livres en papier crêpe ou crépon, chirimen-bon, publiés par Takejiro Hasegawa. Ces livres reprennent de nombreux contes anciens du Japon illustrés par de splendides estampes spécialement conçues par des artistes japonais de l ukiyo-e. Souples et robustes avec leurs pages doublées, ces livres étaient destinés aux jeunes élèves japonais pour l apprentissage des langues étrangères, mais aussi à une clientèle occidentale installée au Japon aux enfants en particulier ainsi qu à l exportation. Traduits dans une dizaine de langues occidentales, ils attirèrent vite l attention des collectionneurs, séduits par la beauté et la perfection des gravures sur bois aux nombreuses nouvelles couleurs vives, innovation des artistes de cette époque. Egalement séduite, la maison Flammarion à 21

Paris, décide de publier en papier crêpe les Fables de la Fontaine ainsi que celles de Florian, avec la collaboration de ces mêmes artistes japonais. Franc succès inattendu non seulement auprès des enfants, mais également auprès des collectionneurs, ces petits livres participent au mouvement du japonisme qui culmine au moment de l Exposition universelle de Paris en 1900. Choix de Fables de LA FONTAINE illustrées par un groupe des meilleurs artistes de Tokio e Tokio : impr. de Tsoukidhi-Tokio, 1894. RÉS XIX C851 Les Contes du vieux Japon, 6. Le mariage de la souris e Tokyo : Hasegawa, 1896. RÉS XIX D2292 Écrivains voyageurs : Pierre Loti, Claude Farrère, Paul Claudel Pierre LOTI Madame Chrysanthème Chamonix : J. Landru, 1950 En mars 1885, Pierre Loti reçoit l'ordre de rejoindre l'escale de l'amiral Courbet qui participe à la campagne de Chine. Il fait escale à Nagasaki en juillet 1885. Durant son séjour, Loti épouse par contrat d'un mois renouvelable une jeune japonaise de 18 ans, Okané-San baptisée Kikou-San (Madame Chrysanthème). Ce mariage auquel les parents ont donné leur consentement a été arrangé par un agent et enregistré par la police locale. Il ne dure que le temps du séjour et la jeune fille pourra par la suite se marier avec un Japonais. Cette pratique peut paraître curieuse mais elle est alors courante au Japon. Ce roman, qui participa à l engouement pour le Japon et qui marqua les milieux artistiques européens et en particulier français de la fin du XIXe siècle, se présente comme une série de tableaux : une galerie de portraits, des scènes de la vie quotidienne. Ce texte a inspiré une comédie lyrique éponyme à André Messager, créée au Théâtre Lyrique en 1893 et surtout l opéra de Giacomo Puccini, Madame Butterfly, créée à la Scala de Milan en 1904. 22

Pierre LOTI Japoneries d automne Paris : Calmann-Lévy, [1889] En 1885, Pierre Loti débarque une seconde fois au Japon. Après Madame Chrysanthème, ce voyage donne à Loti prétexte à écrire ce récit de voyage, genre qu'il affectionne et dans lequel il excelle. Loti décrit avec précision et son humour souvent sans complaisance le Japon de la fin du XIXe siècle. Pierre LOTI La troisième jeunesse de Madame Prune Paris : Calmann-Lévy, 1936 Ce sont ses derniers voyages au Japon qui inspirent à Loti ce roman le troisième qui concerne le pays du soleil levant, après Madame Chrysanthème et Japoneries d automne. Loti revient à Nagasaki, sur les lieux qui ont vu son mariage fictif avec madame Chrysanthème. Il reconnait notamment avoir mal compris certains aspects de la culture japonaise quinze ans auparavant. Ce sont donc des retrouvailles, à la fois avec les membres de sa belle-famille factice, mais aussi avec la ville. Il reste encore fasciné par tout ce qui incarne le vieux Japon. Claude FARRÈRE La Bataille Paris : Fayard, [1936] Bois originaux d A. Roubille La Bataille illustre le combat naval de Tsushima en mai 1905, au cours duquel la marine japonaise détruisit la flotte de Nicolas II venue de la Baltique. Farrère montre avec ce roman les compromis nécessaires qu un pays le Japon de l ère Meiji a dû accepter face à l impérialisme occidental afin de ne pas se laisser dominer, mais au contraire dominer à son tour. Paul CLAUDEL Cent Phrases pour éventails, in Extrême Orient (tome quatrième) Paris : Gallimard, 1952 Paul Claudel est nommé ambassadeur au Japon en 1921. Il occupera ce poste jusqu en 1927. Tout le monde au Japon le surnomme «poète-ambassadeur» et il est accueilli avec enthousiasme. Il fonde la Maison franco-japonaise en 1924 et l'institut franco-japonais du Kansai en 1927. Ces deux établissements seront des foyers d'où sortiront des élites connaissant bien la langue et la civilisation des deux pays. En tant que poète, Claudel s inspire de l'âme japonaise. Il écoute la nature, visite les monuments historiques et admire le théâtre traditionnel. Plusieurs ouvrages en témoignent : un livre relié à la japonaise, Sainte Geneviève (1923), un essai de nô, La Femme et son ombre (1923), des poèmes courts à la façon des haïkus, Souffle des Quatre Souffles (1926), Poèmes du Pont des Faisans (1926) et 23

Cent Phrases pour Eventails (1927), dont quelques pages sont présentées dans l exposition. C'est aussi au Japon qu'il achève Le Soulier de satin (1924) dont certaines scènes portent des images du Japon. Il adopte de lui-même le pseudonyme «Oiseau noir», Kuro tori en japonais. 3 e partie : L illustration japoniste Dans les estampes d Hokusai, d Hiroshige et de bien d autres, les peintres puis les graveurs découvrent une approche originale de la couleur, du dessin, de la mise en page, de la perspective qui, combinées à d'autres influences (celle de la photographie naissante, notamment), renouvellent le langage pictural. Philippe Burty invente en 1872 le mot «japonisme» pour désigner cette influence du Japon sur l art occidental. Les nombreux artistes qui ont travaillé en Bretagne à la fin du XIXe et au début du XXe siècle ont été particulièrement inspirés par l art japonais. Certains d entre eux Paul Gauguin, Maurice Denis, Henri Rivière, Mathurin Méheut, Géo-Fourrier, ont aussi œuvré dans le domaine du livre, ce dont témoignent les collections patrimoniales de la Bibliothèque municipale de Brest. Documents-clés : Henri RIVIÈRE Arrivée de bateaux à Tréboul Lithographie, 1906 Planche de la série de 20 lithographies en 12/14 couleurs «Le beau pays de Bretagne» Musée des Beaux-arts de Brest Collectionneur et passionné d art japonais, Rivière ne se contente pas d imiter : il reconstitue et reproduit la technique des xylographies japonaises. Il cherche à atteindre une maîtrise parfaite en réalisant luimême ses outils et va jusqu à acheter du papier japonais ancien - fabriqué avec des pousses de bambous - pour tirer certaines de ses lithographiques. Les estampes japonaises inspirent à Rivière non seulement l usage d une technique particulière mais aussi le choix de ces sujets. Achille MELANDRI (1845-1904) Les Farfadets, conte breton Illustrations d Henri RIVIÈRE Paris : A. Quantin, 1886 Ces dessins révèlent déjà l attirance simultanée de Rivière pour la Bretagne et le Japon. Aux figures de korrigan (les farfadets du titre), de spectres et de mendiants bretons, il mêle des grenouilles aux attitudes humaines qui semblent jaillies de la Manga, l encyclopédie visuelle de Hokusai. Mathurin MEHEUT Né à Lamballe en 1882, Méheut entre à l École des Beaux-Arts de Rennes en 1898 puis obtient de la part d Albert Kahn qui repère son talent lors d une exposition en 1913 - une bourse de voyage dite du «Tour du monde». Méheut part en compagnie de sa femme dès janvier 1914. Ils feront une traversée rapide des États-Unis, un passage à Hawaï puis un séjour au Japon, aux Indes et à Ceylan. Méheut réserve une place de choix au Japon lors de ce voyage ce qui conforte son attirance pour l art japonais. Il visite les grands sites touristiques (Yokohoma, Osaka, Nara, Kyoto ) et s enthousiasme au-delà des paysages pour l activité des pêcheurs et tente de comprendre l âme du pays au contact de ses habitants. Il s intéresse aussi aux arts appliqués et visite deux grandes écoles d art à Kyoto. En août 1914, Méheut doit écourter son voyage et conclut en disant «fini l artiste, place au soldat». En 1927, c est pour son amie et collaboratrice Yvonne Jean-Haffen, qu il égrène ses souvenirs dans leur correspondance à grands renforts de gouache écarlate et de peinture dorée. Ce voyage au Pays du 24

Soleil Levant confirme ses choix iconographiques et marque son style japonisant qu il exprimera dans l ensemble de sa production artistique et notamment dans l illustration. Mathurin MÉHEUT Étude de la mer, faune et flore de la Manche et de l Océan Paris : 1924 COLETTE et Mathurin MÉHEUT Regarde [Colorié au pochoir par Jean SAUDÉ] Paris : J.-G. Deschamps, 1929 «La belle flaque, poche de roc, à chaque marée remplie, illuminée, vers l heure de midi, par une grande épée de soleil qui plonge, verticale, jusqu à son fond de granit violâtre tapissé de zostères!». Les réunions de la société «Autour du monde» créée par Albert Kahn à Boulogne-sur-Seine, sont probablement à l origine de la rencontre de Colette et Méheut. Dans ce bestiaire marin destiné aux enfants, Méheut illustre deux textes inédits de Colette. Le second, La Flaque, évoque la vie dans une flaque sur la côte bretonne et développe le premier, Regarde... Mathurin Méheut séjourne à Roscoff en 1911-1912. Il collabore pendant deux ans avec la station de biologie marine : il accompagne les chercheurs sur les plages, les grèves et en mer. Deux années durant lesquelles il va patiemment et minutieusement reproduire les poissons, crustacés et algues qu'il récolte. De cette étude naîtra un ouvrage aux magnifiques planches, dans l'esprit des Encyclopédistes, L étude de la mer, qui le fait connaître auprès des scientifiques et des critiques d'art. André SUARÉS Le Crépuscule sur la mer Illustrations de Maurice DENIS, gravures sur bois par Jacques BELTRAND Paris, 1933 Maurice Denis se consacre à la peinture de chevalet, mais réalise également des décors - panneaux peints, fresques murales, vitraux - et illustre plusieurs ouvrages, dont Le Crépuscule sur la mer, réédition partielle de l hommage d André Suarès à la Bretagne, Le Livre de l Emeraude. L ouvrage rassemble des textes écrits à l occasion d un séjour en Bretagne, entre mai et novembre 1900. 25

Notices biographiques PAUL CLAUDEL (1868-1955) Paul Claudel, né le 6 août 1868 à Villeneuve-sur-Frère dans l'aisne, est le fils de Louis-Prosper Claudel, receveur de l'enregistrement, et de la fille d'un médecin, Louise Cerveaux. Enfant, il est scolarisé à Barle-Duc, à Nogent-sur-Marne puis à Wassy-sur-Blaise où son père est successivement nommé. Tandis que Louis Claudel reste à Wassy, la famille s'installe à Paris. Camille, la soeur aînée, travaille la sculpture dans l'atelier Colarossi. Paul entre quant à lui en classe de rhétorique au lycée Louis-le-Grand. Après l'obtention du baccalauréat de philosophie, il commence une licence en droit. 1886 est l'année de sa «conversion» : malgré une enfance pieuse, il s'était jusque là détourné de la religion. Le jeune homme découvre à cette époque Rimbaud à travers les Illuminations et Une saison en enfer. Il écrit ses premiers poèmes en 1887 et fréquente les mardis de Mallarmé. Son premier drame, Tête d'or, paraît en 1889. La Ville, La Jeune fille Violaine et L'Échange sont composés respectivement en 1890, 1892 et 1894. Entre temps, Claudel poursuit ses études à l'institut des Sciences politiques. Reçu au concours des Affaires étrangères, il est attaché au ministère avant d'être promu vice-consul aux États-Unis en 1893. Il est ensuite nommé en Chine, où il réside de 1895 à 1900. Partageant son temps entre ses activités diplomatiques et l'écriture, il travaille à diverses compositions : Vers l'exil, Le Repos du septième jour, Connaissance de l'est dont la première partie est publiée au Mercure de France en 1900. Après un congé d'un an passé en France et marqué par une tentative de vie monastique, Claudel se rend pour la seconde fois en Chine en 1901. Il rencontre pendant la traversée Rosalie Vetch, qui deviendra le modèle d'ysé dans Le Partage de midi. Au cours de ce second séjour, il compose notamment Connaissance du Temps (L'Art poétique, publié en 1907), la première Ode Les Muses et les derniers poèmes de Connaissance de l'est. Avant un nouveau départ pour la Chine, il épouse en mars 1906 Reine Sainte-Marie Perrin qui lui donnera cinq enfants. L'Otage, Les Cinq grandes Odes et les premiers poèmes de Corona Benignitatis Anni Dei occupent alors l'écrivain. Il sera l'un des collaborateurs de la première heure de la toute jeune Nouvelle Revue française : L'Hymne au Saint Sacrement paraît dans la seconde livraison en mars 1909. Le comptoir d'édition bientôt associé à la revue deviendra l'éditeur en titre de Paul Claudel (dont les oeuvres étaient jusqu'alors publiées au Mercure de France). C'est d'ailleurs lui qui en suggéra l'idée à André Gide. Ainsi, L'Otage est le premier livre publié sous la couverture blanche en 1911. Claudel reprend en août 1910 La Jeune fille Violaine qui devient L Annonce faite à Marie et achève La Cantate à trois voix en 1912. En poste à Hambourg depuis octobre, le diplomate quitte l'allemagne à la déclaration de la guerre en 1914. Alors qu'il séjourne à Rome puis Brésil où il est nommé en 1917, il écrit Feuilles de Saints. Après la guerre, Claudel est envoyé à Copenhague en 1919 (L'Ode jubilatoire), au Japon en 1921 puis à Washington en qualité d'ambassadeur à partir de 1927. Bruxelles est le dernier poste de Claudel qui prend sa retraite en 1935. Durant les années d'occupation, l'écrivain s'installe à Brangues, propriété iséroise acquise en 1927 et où ont été écrites en grande partie les Conversations dans le Loir-et-Cher. Il consacre, jusqu'à sa mort, la plus grande partie de son activité littéraire à ses commentaires bibliques. Claudel est élu à l'académie française en 1946. Il s'éteint le 23 février 1955 à Paris, six jours après la première de L'Annonce faite à Marie à la Comédie-Française. JEAN FRANÇOIS DE GALAUP, comte de LAPÉROUSE (1741-1788) Navigateur et chef d'escadre français. Entré dans la marine en 1756, Lapérouse prend part à la guerre de Sept Ans, puis à celle de l'indépendance américaine au cours de laquelle il s'illustre, notamment en 1782, quand il attaque par surprise et détruit les établissements anglais de la baie d'hudson. La paix rétablie, il propose d'organiser un grand voyage dans le Pacifique, prolongeant ceux de Bougainville et de Cook. Louis XVI participe en personne à la mise au point des instructions lui donnant pour mission de reconnaître les atterrages du nord du Pacifique, de poursuivre l'exploration de l'océanie et d'étudier les possibilités d'ouvrir la Chine et le Japon au commerce. Au terme de préparatifs minutieux, il dispose de deux bâtiments neufs, la Boussole et l'astrolabe, aménagés spécialement pour recevoir un important état-major scientifique avec ses livres, collections et instruments. Le corps des officiers se recommande par son haut niveau de connaissances, à l'exemple de Fleuriot de Langle, le directeur de l'académie de marine, qui reçoit le commandement de l'astrolabe. 26

Lapérouse quitte Brest le 1 er août 1785, explore les côtes nord-ouest de l'amérique entre l'alaska et la Californie, fait escale à, puis mène une remarquable campagne hydrographique le long des côtes du Japon, de la Corée et de Sakhaline avant de relâcher à Petropavlovsk où il débarque l'interprète Jean-Baptiste de Lesseps, porteur de son compte rendu de mission. Mettant le cap au sud, il traverse la Micronésie, atteint les îles Samoa où Fleuriot de Langle est massacré par les indigènes et mouille à Botany Bay en même temps que l'escadre britannique transportant le premier contingent de convicts destinés à peupler l'australie. Il repart en mars 1788 et disparaît. Plusieurs expéditions partent en vain à sa recherche (Marchand, d'entrecasteaux, Dupetit-Thouars). Ce n'est qu'en 1827 que le capitaine anglais Peter Dillon retrouvera les traces du double naufrage sur les récifs de l'île de Vanikoro, renseignements confirmés et complétés, l'année suivante, par Dumont d'urville. EDMOND (1822-1896) ET JULES (1830-1870) DE GONCOURT Les frères Goncourt sont deux modestes rentiers, tôt orphelins, amateurs d'art et de lettres. D'ascendance lorraine, ils naissent, l'un, Edmond, à Nancy, l'autre, Jules, à Paris huit ans plus tard. Ils entrent en littérature le jour du coup d'état de 1851 par un roman inaperçu, En 18... Ils tâtent du journalisme littéraire, à L'Éclair et au Paris de leur cousin Villedeuil, et en sortent à la suite d'un procès provoqué par un article badin. Durant presque vingt ans, ils produisent des œuvres historiques et des romans. Leur fraternité exemplaire est brisée par la folie de Jules et sa mort en 1870. Edmond ne publie plus mais une vague d'amis plus jeunes, conquis par les œuvres des deux frères, soutient le survivant qui se remet à écrire à partir de 1877. Le dimanche, une jeune garde naturaliste et symboliste se réunit dans le «grenier» de la maison du boulevard Montmorency, achetée en 1868. Edmond meurt chez les Daudet en 1896. Il avait légué ses biens à une «académie» de dix romanciers fondée par lui et qui, à partir de 1903, commença à décerner le prix Goncourt. CLAUDE FARRÈRE (1876-1957) Frédéric-Charles Bargone naît à Lyon, le 27 avril 1876. Fils d un colonel d infanterie coloniale, il entre en 1894 à l École navale. Enseigne de vaisseau en 1899, il obtient en 1906 le grade de lieutenant. Affecté à l artillerie d assaut pendant la Première Guerre mondiale, il est capitaine quand est signée la paix ; il démissionne en 1919 pour se consacrer à sa seconde passion : les lettres. Il avait publié, dès avant la guerre, plusieurs romans (Fumée d opium, L Homme qui assassina, Mlle Dax, jeune fille, La Bataille, Les Petites Alliées, Thomas l Agnelet) dont l un, Les Civilisés, lui avait obtenu le prix Goncourt en 1905. Durant l entre-deux-guerres, Claude Farrère devait poursuivre cette œuvre plus qu abondante, puisant à la double source du réalisme et de ses souvenirs d officier de marine en Extrême-Orient. On pourra citer encore : La Maison des hommes vivants, Dix-sept histoires de marins, Quinze histoires de soldats, Bêtes et gens qui s aimèrent, Les Condamnés à mort, La Dernière déesse, Les Hommes nouveaux, Mes voyages, La Marche funèbre, Le Chef Loti, Les Quatre dames d Angora, L Inde perdue, Forces spirituelles de l Orient, L Europe en Asie, etc. On lui doit également une Histoire de la Marine française. Après deux échecs, Claude Farrère est élu à l Académie française le 28 mars 1935, par 15 voix au second tour, au fauteuil de Louis Barthou. Il arrachait son fauteuil à un concurrent de choix, puisqu il s agissait de Paul Claudel, qui n obtint que 10 voix. 27

GEORGES GEO-FOURRIER (1898-1966) Georges Géo-Fourrier, né à Lyon en 1898, s initie à la gravure sur bois auprès d Alphonse Isaac et du maître japonais Urishibara puis commence à s intéresser aux arts du Japon entre 1914 et 1917 alors qu il est atteint d une pneumonie. Il découvre la Bretagne pour la première lors d un voyage à Morgat en 1919. En 1921, il entre à l École Nationale des Arts Décoratifs à Paris et côtoie de nombreux artistes connus : Mathurin Méheut, Jean-Julien Lemordant, Charles Fouqueray, les écrivains Pierre Loti, Anatole Le Braz, Charles Le Goffic Pendant ses études, il fréquente régulièrement le Musée Guimet et les galeries parisiennes. Il entretient des relations suivies avec des collectionneurs d art japonais, à Paris et au Japon. Il collectionne ses premiers katagamis - pochoirs traditionnels japonais réalisés à base de papiers confectionnés à partir d écorce et de tanins de kaki - ses premiers livres et des premières estampes japonaises comme beaucoup d artistes de cette époque. Géo-Fourrier exprima son art dans de nombreux domaines : peinture, gravure, illustration, création de bijoux, de pipes, de cartes postales et des modèles pour les faïences de Quimper. LAFCADIO HEARN (1850-1904) De père irlandais et de mère grecque, Lafcadio Hearn est né en Grèce en 1850. A l'âge de 21 ans, il émigre aux Etats-Unis où il vit de quelques emplois dans le journalisme. Il séjourne à la Martinique puis à la Nouvelle Orléans. Il écrit plusieurs romans créoles et traduit les auteurs français qu'il admire : Maupassant, Théophile Gautier et Pierre Loti. Sur l'invitation de son ami ambassadeur du Japon, Hearn débarque à Yokohama en 1890 et devient journaliste pour la presse anglophone. Au Japon, Hearn fait la connaissance de la fille d'un samouraï, Koizumi Setsu. Il l'épouse et prend en 1896 la citoyenneté japonaise et le nom de Koizumi Yakumo. Il déménage souvent et s'installe successivement à Kōbe, Matsue, puis Tōkyō, où il est nommé professeur d'université. Ses ouvrages sont riches d'informations sur les coutumes, la religion et la littérature du Japon. PIERRE LOTI (1850-1923) L œuvre de Loti est inséparable de sa vie, trace d'une existence promenée aux quatre coins du monde sur les navires de la Marine nationale à laquelle l'officier Julien Viaud, né en 1850, est resté fidèle de 1867, date de son entrée à l'école navale, jusqu'en 1910, date de sa mise à la retraite. De ses premières escales (île de Pâques, Tahiti, Sénégal, Monténégro, Constantinople), Julien Viaud, excellent dessinateur (il fut formé en cette discipline par Marie, sa sœur aînée, qui avait reçu l'enseignement d'un célèbre peintre de l'époque, Léon Cogniat), adresse à des magazines illustrés des dessins qui, publiés sous forme de gravures accompagnées de brefs commentaires, constituent en fait les premières publications de celui qui n'est pas encore Pierre Loti. De Tahiti (où il fait une double escale en 1872 qui donnera Le Mariage de Loti, 1880, son deuxième livre, celui qui le rend célèbre), il avait rapporté un surnom («loti» signifie laurier-rose, couleur rose) qui fut d'abord le nom du héros de ses premiers livres avant de devenir son nom d'auteur en 1881, pour Le Roman d'un spahi. À son retour de Turquie (Salonique et Constantinople, 1876-1877), il publie Aziyadé (1879), où se met en place la thématique qui va traverser toute l'œuvre. Au-delà de l'histoire d'amour tragique entre l'officier de marine et la jeune femme exotique, c'est bien, plus profondément, la tension constante entre le désir de l'ailleurs, des lointains, le goût des départs, et le besoin tout aussi fort du retour à la maison familiale, au territoire de l'enfance (Rochefort, en Charente-Maritime, l'île d'oléron, berceau de la famille maternelle). Loti a trouvé dans son métier de marin la manière de vivre cette insatisfaction permanente, cette pratique du va-et-vient incessant, d'où naît la nostalgie du lieu où il n'est pas, mais où il aspire à être de nouveau même si le sentiment de la «dernière fois» vient colorer de teintes funèbres le plaisir intense qu'il éprouve à savourer toute la richesse de l'instant tellement éphémère. Dans ses premiers livres, Loti arrange un peu les événements qu'il a lui-même vécus (il a cette formule pour définir le rapport de ses livres à sa vie : «l'à-peu-près de la légende»). Ces intrigues dramatiques vont assez vite disparaître au profit de relations plus proches de la vie réelle. Mon frère Yves (1883) retrace l'amitié de Loti et d'un marin breton (en réalité Pierre Le Cor, modèle de tous les «frères», qui sont autant de substituts de Gustave, le frère trop tôt disparu, et qui accompagnèrent Loti tout au long de sa vie) et la découverte de la Bretagne. Après l'énorme succès de Pêcheur d'islande (1886), son seul «vrai» roman, assez traditionnel, avec plus tard, en 1897, Ramuntcho, situé dans son cher Pays basque, Loti retrouve, dans Madame Chrysanthème (1887), qui fait suite à une longue escale à Nagasaki en 1885, l'étonnante technique de ses premiers livres : suite de fragments plutôt que de chapitres, indifférence à la logique des enchaînements, décentrement du romanesque vers l'ethnographique, goût des langues étrangères, du détail insolite, fascination pour l'autre. 28

L'Extrême-Orient ne constitue cependant pas son territoire d'élection. La découverte de l'islam dès 1869 (Afrique du Nord et Turquie) avait révélé Loti à lui-même : climat, couleurs, coutumes, costumes, sentiment du temps passé et d'un empire condamné, tout l'avait fasciné en ces lieux. Sa seconde patrie sera donc cette Turquie où il reviendra une dizaine de fois. MATHURIN MEHEUT (1882-1958) Fils d un artisan lamballais, Méheut manifeste très tôt des dons artistiques. Il est diplômé de l'école des Beaux Arts de Rennes à 20 ans, avant de s'inscrire à l'ecole nationale des arts décoratifs à Paris et de suivre les cours d'eugène Grasset à l'ecole normale d'enseignement du dessin. Très vite, il collabore comme peintre décorateur à la prestigieuse revue Art et décoration. Puis il se rend à la station de biologie marine de Roscoff pour illustrer Etude de la mer, flore et faune de la Manche et de l'océan. Ce livre publié en 1913 et exposé avec d'autres travaux le fait accéder à la notoriété. Il part au Japon en 1914 avec la bourse «Autour du monde» financée par la fondation Albert Kahn. Au Japon, il trouve la confirmation de ses choix : représenter l'essentiel avec une grande économie de moyens. Son séjour est interrompu par la guerre. D'abord simple fantassin dans les tranchées, Mathurin Méheut est nommé lieutenant en 1917 et attaché au service topographique de l'état-major de la première armée. Peintre combattant sur le front d'artois et en Argonne, il dessine la vie quotidienne de ses camarades. En 1919, il se retire dans le pays bigouden. Pendant deux ans, il prépare sa deuxième exposition personnelle au musée des Arts décoratifs à Paris. Les œuvres exposées reflètent ses anciennes tendances et d'autres qui annoncent, tant par le graphisme que leur thématique, le Méheut des années trente et quarante. C'est avec cette exposition que Méheut va s'imposer comme le peintre de la Bretagne. Il s'affirme également comme décorateur et va obtenir ainsi de nombreuses commandes publiques et privées. C est pendant l'entre-deux-guerres que Méheut est au sommet de sa carrière. Il est connu à la fois comme décorateur, illustrateur et céramiste. Il collabore avec les faïenceries Henriot à Quimper, mais aussi avec la Manufacture de Sèvres et Villeroy & Boch. Les grandes compagnies maritimes confient à Méheut la décoration de leurs plus beaux paquebots. Les éditeurs le sollicitent pour illustrer de prestigieux ouvrages. ANDRÉ SUARÈS (1868-1948) Auteur dramatique, poète, essayiste français, André Suarès a consacré toute sa vie à son œuvre, dans un rêve de grandeur. En 1893, il fait à pied un long voyage en Italie, dont il tirera un livre, au titre ambitieux, Voyage du condottiere (3 vol., 1910-1932), qui contient de belles et subtiles descriptions, en particulier de Venise et de la Toscane. De retour à Paris, pauvre et solitaire, il se réfugie dans un esthétisme et un ascétisme qui vont le conduire à écrire des livres toujours plus tendus et sévères pour son siècle. Il s'élève contre la démocratie, contre le romantisme, contre le féminisme, contre la science, et il cherche dans l'art une sorte d'héroïsme où l'homme s'unifierait. Dans des essais sur Tolstoï et Wagner, dans ses réflexions de moraliste réunies dans Sur la vie (3 vol., 1909-1913), il montre comment la force et la paix ne sauraient être atteintes que dans la possession simultanée de soi-même et de la beauté. Son livre le plus lu, Trois Hommes : Pascal, Ibsen, Dostoïevski (1913), et ses poèmes, Le Bouclier du zodiaque (1907), font aussi de l'esthétisme une religion où s'abrite sa fierté. Dans de fréquents séjours en Bretagne, Suarès trouve auprès des marins la simplicité qui lui fait souvent défaut, tant dans son ambition intellectuelle que dans son style parfois emphatique. Historien (Napoléon, 1912 ; Vues sur Napoléon, 1933), musicologue (Musiciens, 1945), critique (Trois Grands Vivants. Cervantès, Tolstoï, Baudelaire, 1937), poète et surtout moraliste, il avait des perspectives dignes d'un génie universel, il ne manquait ni de pénétration comme penseur ni de bonheur d'expression comme écrivain (qu'on lise son évocation de la Grande Grèce et de Paestum, Temples grecs, maisons des dieux, 1937), même si parfois la passion polémique rendit sa voix trop acide ou mal assurée. Dans cette œuvre vaste et variée, il faut également retenir une importante correspondance : avec Romain Rolland, son ami depuis 1888 (publiée en 1954), avec Claudel (1951), Péguy (1961), Rouault (1960) et Gide (1963). Sans oublier un autre recueil, et non le moindre, qui comprend les lettres non envoyées (Ignorées du destinataire, 1955). 29

Repères chronologiques Événements historiques Événements artistiques et culturels 1615-1868 : Époque d Edo, le Japon est dirigé par le shogunat des Tokugawa. 1635 : Fermeture du Japon aux Occidentaux. Seuls les Hollandais peuvent rester sur le territoire et commercer avec le Japon. 1854 : Suite à l expédition navale du commandant Perry, premier traité avec les Etats- Unis et ouverture forcée des ports japonais au commerce avec l étranger. Vers 1800 : au Japon, essor du théâtre kabuki et diffusion de l ukiyo-e. 1814-1878 : Publication de La Manga d Hokusai en quinze volumes. 1855 : À l Exposition universelle de Paris, le pavillon de la Hollande présente des objets japonais. 1858 : Traité d amitié, de paix et de commerce signé par le baron Gros à Edo (actuel Tokyo). Ouverture des relations diplomatiques entre la France et le Japon. 1865 : Le gouvernement japonais fait appel à un ingénieur français, Léonce Verny (1837-1908), pour la construction de l arsenal de Yokosuka. Trois ouvriers de l arsenal de Brest rejoignent le chantier. 1867 : Le Japon participe officiellement à l Exposition universelle à Paris. Ses envois remportent un succès immédiat et contribuent à la mode grandissante pour l art japonais. 1868-1912 : Ère Meiji, période d ouverture et de modernisation du Japon. Exportations de nombreux objets d art. 1868 : Akitake Tokugawa, émissaire de la première délégation japonaise pour l Exposition universelle à Paris, voyage en Bretagne et notamment à Brest du 5 au 8 août. 1871 : Claude Monet séjourne en Hollande, où il aurait vu des estampes japonaises pour la première fois. 1872 : Philippe Burty (1830-1890) publie une série d articles intitulés Japonisme, dans la revue La Renaissance littéraire et artistique. 1875 : Siegfried Bing ouvre son premier magasin d objets d Extrême-Orient, à Paris. Il fera son premier voyage au Japon cinq ans plus tard. 1878 : Participation de 430 exposants japonais à l Exposition universelle de Paris (voir l article d Ernest Chesneau dans la Gazette des Beaux- 30

Arts en 1878, présenté à la Bibliothèque d Étude). 1882 : Dans la Gazette des Beaux-Arts, Théodore Duret publie : «L art japonais les livres illustrés» et «Les albums imprimés Hokusai». 1883 : Louis Gonse (1846-1921), critique d art et collectionneur d objets japonais, rédacteur en chef puis directeur de la Gazette des Beaux- Arts, organise l Exposition rétrospective de l Art japonais à la galerie Georges Petit, à Paris. Le catalogue compte près de 3000 numéros, provenant de collectionneurs et de marchands. Parallèlement, il publie L Art japonais (voir l exemplaire exposé à la Bibliothèque d Étude), qui constitue une première tentative pour établir une histoire des différents aspects de l art japonais et consacre sa réputation de spécialiste. 1886 : Émile Bernard entreprend de faire un tour de la Bretagne. Après un séjour à Saint-Briac, il rencontre Claude-Émile Schuffenecker à Concarneau, puis Paul Gauguin à Pont-Aven, qui y effectue son premier séjour. 1887 : Louis Anquetin et Émile Bernard inventent le cloisonnisme. 1888 : Siegfried Bing, fonde Le Japon artistique, revue mensuelle de luxe. Comprenant des contributions de Louis Gonse (1846-1921), Edmond de Goncourt ou Roger Marx, elle paraît de mai 1888 à avril 1891. Deuxième séjour de Gauguin à Pont-Aven. Bernard et Gauguin inventent le synthétisme. Gauguin peint La Vision du Sermon. Sérusier reçoit la «leçon de Gauguin» et peint Le Talisman, qu il montre à ses amis (Denis, Bonnard, Ibels, Ranson) à son retour à Paris. Fondation du groupe des Nabis. Lacombe découvre Camaret, il y reviendra régulièrement l été, jusqu en 1897. 1889 : À l Exposition universelle de Paris, le Japon est représenté par 675 exposants. Exposition du groupe impressionniste et synthétiste au café Volpini, à Paris. Troisième séjour de Gauguin en Bretagne, à Pont-Aven puis au Pouldu, avec Sérusier. 1890 : L Exposition de la Gravure japonaise organisée par Siegfried Bing à l École des Beaux-Arts de Paris rassemble 760 gravures et 430 livres et recueils de collectionneurs. Maurice Denis, qui fait figure de théoricien des 31

Nabis, publie dans Art et critique un article intitulé «Définition du néo-traditionnisme». Il pose notamment comme principe qu un tableau «avant d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées.» Quatrième séjour de Gauguin en Bretagne, au Pouldu, où il retrouve Sérusier et rencontre Maufra. Loiseau, Maufra, Moret se rendent à Pont-Aven. 1891 : Le critique Albert Aurier (1865-1892), publie «Le Symbolisme en peinture, Paul Gaguin» dans Le Mercure de France. Selon lui, «l'œuvre d art devra être premièrement idéiste, puisque son idéal unique sera l expression de l idée, deuxièmement symboliste puisqu elle exprimera cette idée en forme, troisièmement synthétique puisqu elle écrira ses formes, ses signes selon un mode de compréhension général, quatrièmement subjective puisque l objet n y sera jamais considéré en tant qu objet mais en tant que signe perçu par le sujet, cinquièmement l œuvre d art devra être décorative». Première exposition des Nabis. 1893 : Vuillard ouvre sa galerie avec des œuvres impressionnistes, où sont également présentées celles de Gauguin. 1894 : Cinquième et dernier séjour de Gauguin au Pouldu, puis à Pont-Aven, où il retrouve Maufra, Slewinski, Seguin, Moret et Jourdan. 1896 : Claude Monet fait installer un petit pont japonais et un jardin d eau dans sa propriété de Giverny. 1900 : Participation de 2128 exposants japonais à l Exposition universelle de Paris (voir les articles du Figaro illustré et de L Exposition de Paris présentés à la Bibliothèque d Étude). 1906 : Sérusier fait construire une maison à Châteauneuf-du-Faou. 1912-1926 : Ère Taishô 1926-1989 : Ère Shôwa, période d industrialisation et d influence de la civilisation occidentale. 1908 : Maurice Denis acquiert une maison à Perros-Guirec, Silencio. 1914 : Legs de François-Auguste Danguillecourt (1819-1913) au musée de Brest, comprenant une partie de sa propre collection et de celle du Vice-amiral Jean-Baptiste Cécille (1787-1873). 1971 : Jumelage des villes de Brest et de Yokosuka. 32

Glossaire Vocabulaire japonais Bijin : littéralement, «belles femmes». Ce terme est utilisé pour désigner les femmes dans les peintures et les estampes. Il s applique aussi bien à des courtisanes qu à des femmes de l aristocratie. Chirimen-bon : livres en papier crêpe. Le chirimen, ou «tissu de crêpe», est une technique importée au Japon par un tisserand chinois au 17 e siècle. Haïkus : poèmes japonais en trois vers. Il s agit souvent de poèmes sur la nature. Kabuki : théâtre japonais qui se diffuse au début du 17 e siècle. Katagamis : pochoirs traditionnels japonais qui apparaissent à l époque de Nara (710-794). Ils sont utilisés dans la teinture du textile et permettent l impression de motifs. Manga : littéralement «croquis divers». Utilisé au départ pour désigner le célèbre recueil d Hokusai, le terme sera par la suite appliqué à la bande dessinée japonaise. Nishiki-e : technique d impression d estampes ukiyo-e utilisant de cinq à dix couleurs, et utilisée à partir de 1765. Okimono : statue de petite taille, sculptée généralement en ivoire, et qui décorait le tokonoma alcôve aménagée dans la maison traditionnelle japonaise où l on expose des peintures ou des calligraphies. Shogun : titre abrégé de sei-tai-i-shôgun qui signifie «gouverneur militaire contre les barbares». Ukiyo-e : «image du monde flottant». Ce terme apparaît vers 1680 pour désigner l estampe japonaise, image imprimée à partir d une gravure sur bois. L ukiyo-e s attache d abord à représenter la vie et les mœurs du temps, les portraits de courtisanes et d acteurs de kabuki. Au 19 e siècle, le genre se renouvelle avec l apparition des estampes de paysages, dont les plus connues sont les séries d Hokusai ou d Hiroshige. Vocabulaire lié aux courants artistiques Cloisonnisme : esthétique consistant à enfermer la couleur dans un contour. Elle est utilisée dès 1887 par Louis Anquetin et Émile Bernard. École de Pont-Aven : groupe d artistes fréquentant Pont-Aven, où ils se réunissent autour de Paul Gauguin. Ils adoptent les théories synthétistes qu il a élaborées avec Émile Bernard en 1888. L influence de Gauguin est telle que de nombreux artistes fréquentent Pont-Aven, même après son départ en 1894. Japonisme : terme utilisé dans le dernier quart du 19 e siècle pour désigner la mode suscitée par l intérêt pour les estampes et les objets japonais, qui arrivent en masse en Occident, suite à l ouverture du Japon. Au-delà du phénomène de collection, cette influence suscite un véritable renouveau esthétique chez les artistes de l avant-garde. La première définition du «japonisme» est donnée par Philippe Burty en 1872. Nabis : le groupe des Nabis («prophètes» en hébreu) est fondé au retour de Paul Sérusier à Paris, après avoir reçu la «leçon de Gauguin», à Pont-Aven. La petite toile qu il a réalisée, Le Talisman, est le point de départ de ce courant, qui comptera dans ses rangs Maurice Denis, Georges Lacombe ou Henri- Gabriel Ibels. Synthétisme : théorie plastique lancée en 1888 par Émile Bernard et Paul Gauguin. Dérivant du cloisonnisme, le synthétisme se veut l antithèse du Néo-impressionnisme : rejet de la touche et choix de couleurs pures posées en aplats et cernées. 33

Vocabulaire lié aux techniques utilisées par les artistes Aplat : couleur apposée sur une surface de manière uniforme. Cette technique est caractéristique des estampes de l ukiyo-e : ainsi, la célèbre Vague d Hokusai présente neuf nuances de seulement trois pigments. Ce procédé influence très largement le groupe des peintres de l École de Pont-Aven, qui, à leur tour, apposent de manière homogène des couleurs pures sur leurs toiles. On le retrouve également à travers la lithographie, comme dans les affiches de Toulouse-Lautrec, par exemple. Cerne : en peinture comme en dessin, cerner est une opération qui consiste à marquer d un trait plus ou moins fort le contour d une forme. Estampe : le terme d «estampe» est utilisé pour désigner l ensemble des procédés permettant de créer une image imprimée. Une estampe est une empreinte réalisée à l encre sur un support souple à partir d une matrice. Ce principe d impression permet une grande diffusion des images. Sans être unique, l estampe originale est rare : tirée en un nombre limité d exemplaires, elle est généralement numérotée et signée par l artiste. Gravure : le terme de «gravure» regroupe l ensemble des procédés de gravure en relief ou en creux. On distingue deux types de gravure : la taille d épargne et la taille-douce. Taille d'épargne Ce procédé consiste à tracer le dessin sur une surface et à creuser cette matrice en laissant intact le trait qui émerge en relief pour recevoir l encre. On parle alors d impression en relief, puisque ce sont les surfaces, et non les creux, qui reçoivent l encre et forment le motif. Taille douce À l inverse, il s agit d un procédé de gravure en creux. Il existe deux sortes de gravure en creux : la taille directe (burin, pointe sèche) et la taille indirecte à l acide (eau-forte, aquatinte). - la pointe-sèche La pointe-sèche est un outil en acier avec lequel on peut graver directement une plaque de cuivre ou de métal. À la différence du burin, celle-ci n est pas entaillée mais griffée. Le tracé est ainsi plus fin et régulier, donnant aux traits un aspect velouté. - l eau-forte Le dessin est tracé à la pointe sur une plaque de métal (cuivre ou zinc) enduite d un verni. La plaque est ensuite plongée dans un mélange d acide nitrique et d eau (appelé eau-forte) qui attaque le métal mis à nu par le tracé de la pointe. Lithographie : des mots grecs lithos, «pierre», et graphein, «écrire», la lithographie se distingue des autres modes d impression car il s agit d un procédé d impression à plat. Découverte en 1796 par Aloys Senefelder (1771-1834), cette technique est fondée sur le principe de répulsion naturelle de l eau face à un corps gras. Le dessin est tracé par l artiste directement sur une pierre calcaire polie, au moyen d un pinceau trempé dans de l encre lithographique ou de pastels gras. Le gras de l encre ou des pastels est fixé sur le support grâce à une solution aqueuse. D une grande souplesse car ne nécessitant pas une connaissance des techniques de gravure, la lithographie a rencontré un vif succès dès son invention. Monogramme : encadré comportant plusieurs lettres d un nom. Caractéristique de l influence des estampes japonaises où l on trouve des cartouches -, le monogramme est adopté par plusieurs artistes occidentaux Ainsi, Maurice Denis, Henri Rivière ou Jean-Francis Auburtin, signent à l aide d un monogramme composé des premières lettres de leur nom. Peinture à l œuf : la peinture à l œuf, ou tempera, est une technique de peinture traditionnelle, constituée de pigments purs en poudre, d essence de térébenthine, de vinaigre et d un médium à base d œuf. Le choix de ce liant, l œuf, induit une gamme réduite de couleurs et leur donne un aspect mat. Bien que la tempera soit supplantée à la fin du 15 e siècle par la peinture à l huile, cette technique est redécouverte dans le courant du 19 ème siècle. Georges Lacombe notamment, dans les années 1893-1897, réalise de nombreuses toiles à la peinture à l œuf, afin d obtenir des couleurs pures et mates. 34

La technique de l ukiyo-e Apparues tout d'abord sous forme de kakemono (rouleaux verticaux), les estampes japonaises prennent ensuite l aspect d estampes en feuilles séparées. Monochromes, puis rehaussées à la main, elles connaissent leur apogée au milieu du 18 e siècle, lorsque l invention du kentô, cette encoche qui empêche la feuille de glisser sur la planche, permit de réaliser des estampes xylographiques polychromes d une grande beauté pour un prix modeste. Le rôle de l ukiyo-e est multiple : représenter un acteur de kabuki, des courtisanes, évoquer des vues des sites célèbres du Japon, vanter des produits (notamment liés aux modes vestimentaires), ou avoir des vertus pédagogiques en illustrant des pages encyclopédiques. L estampe est produite par xylogravure (gravure sur bois). Elle est le résultat d une collaboration entre plusieurs personnes : le peintre qui crée le dessin ; le graveur qui réalise le bois pour la gravure ; l imprimeur qui applique les couleurs et procède au tirage ; l éditeur, qui coordonne le travail ; et éventuellement un commanditaire (un amateur) qui, en s adressant à l artiste ou à l éditeur, peut être à l origine du travail. 1. Première étape, le dessin est réalisé par le peintre au petit pinceau fin et à l encre de Chine (sumi), sur du papier presque transparent, hanshita-e. Puis le graveur humidifie cette feuille et la place, en la retournant, sur une planche de bois. La finesse du papier lui permet de voir le dessin par transparence. Le bois utilisé est en général du cerisier ou du catalpa. 2. Le graveur creuse alors le bois de ses outils. En tout, il n en utilise que cinq ou six : il commence par délimiter le noir et le blanc en suivant les deux bords d un trait à l aide d un couteau très affilé, puis il se sert de deux gouges pour évider les fonds en cuvette et enfin, il utilise un petit ciseau pour achever le dégagement du trait. Les contours du dessin sur le bloc de bois se trouvent donc en relief. 35

3. La planche de bois est transmise à l imprimeur. Cet artisan a le choix entre deux sortes de papiers pour imprimer les estampes. Le plus épais, masa, pour les estampes les plus luxueuses ou le moins épais, hosho, pour les estampes de moindre valeur. Une fois le papier choisi, la planche est encrée avec une couleur délayée à l eau et mêlée à de la colle de riz. Ce mélange est appliqué sur la planche dans le sens du fil du bois à l aide d une brosse plate. 4. Puis, l imprimeur humidifie le papier et presse la feuille sur la planche avec un baren, tampon circulaire fait d une ficelle de chanvre roulée, couverte de feuilles de bambous. Pour les estampes polychromes, chaque couleur généralement choisie par l imprimeur en accord avec l artiste - nécessite une planche de bois différente. 5. Celles-ci sont pressées tour à tour sur la même feuille qui donnera l estampe. La dernière planche pressée est celle qui marque les contours noirs sur les aplats de couleur. Ce procédé de fabrication a l avantage de permettre la reproduction d images en série à un coût réduit. 36

Parcours de visite dans les expositions PREMIER DEGRÉ Pour le premier degré, le parcours visite proposé se déroule en trois temps : - présentation de l exposition par l enseignant - travail des élèves sur les livrets (ce travail peut être encadré par les accompagnants) - atelier (en fonction du niveau de difficulté, il est préférable qu il soit encadré par l enseignant). Pour effectuer l ensemble de ce parcours de visite, il faut compter environ 1h30. Les ateliers peuvent être faits à la Bibliothèque d Etude et / ou au musée des beaux-arts. Si vous souhaitez intégrer l un des ateliers à votre visite, veuillez préciser le numéro de l atelier choisi lors de la confirmation de votre réservation. Le matériel des ateliers est fourni par le musée ou par la bibliothèque. Pour chaque lieu, les ateliers sont listés par ordre de difficulté. Ateliers à la Bibliothèque d Étude - Atelier 1 : Les puzzles de l exposition Impressions japonaises - Atelier 2 : Le mémory de l exposition Impressions japonaises - Atelier 3 : Attention au détail! Les enfants sont invités à retrouver dans l exposition des détails des documents présentés et à reporter sur le plan de l exposition l emplacement de chacun d entre eux. Plusieurs exemplaires des reproductions des détails sont disponibles, de telle sorte qu il est possible d organiser le groupe en équipes, invitées à identifier les détails le plus rapidement possible. À l issue de ce jeu d observation, il est proposé aux enfants un jeu de points à relier (qui forment le mot «Japon») et de réaliser leur signature à la manière du hanko, le sceau personnel utilisé par les Japonais. - Atelier 4 : Mimes Voici un atelier qui encourage les élèves à utiliser leur corps comme moyen d expression. Après une visite de l exposition, le groupe est divisé en deux équipes égales. Une série de mots à deviner en lien avec le contenu de l exposition (titres des œuvres, objets, animaux ou personnages représentés) a été préparée par l équipe de la bibliothèque. L enseignant remet au premier joueur d une équipe un papier sur lequel est inscrit ce qu il doit mimer. Le joueur mime devant son équipe. Le temps est chronométré, il doit donc faire deviner le mot le plus vite possible. Quand il a trouvé, c est au tour de l autre équipe et ainsi de suite jusqu à ce que chaque joueur ait mimé. L équipe gagnante est celle qui a le plus petit temps additionné au chronomètre. Atelier déconseillé avant le cycle 2. - Atelier 5 : Carnet de voyage à Brest À la manière des Occidentaux découvrant le Japon, les élèves se mettent dans la peau d étrangers débarquant à Brest et réalisent leur propre carnet de voyage. Des images de Brest sont mises à leur disposition pour illustrer leurs impressions. Atelier déconseillé avant le cycle 3. 37

Ateliers au musée des beaux-arts - Atelier 6 : Les puzzles de l exposition La vague japoniste Œuvres proposées : - Georges Lacombe, La mer jaune, Camaret - Maurice Denis, Soir de septembre - Émile Bernard, Bord de mer en Bretagne, Saint-Briac Cet atelier a lieu dans la salle d exposition au sous-sol. - Atelier 7 : Le mémory de l exposition La vague japoniste Cet atelier a lieu dans la salle d exposition au sous-sol. - Atelier 8 : Jeu de piste dans l exposition La vague japoniste À l aide de 20 cartes représentant des détails, les enfants doivent retrouver les œuvres correspondantes dans l exposition. Cet atelier a lieu dans les salles d exposition au sous-sol et au rez-de-chaussée. - Atelier 9 : Variations autour du paysage les couleurs Les enfants imaginent d autres couleurs pour ces deux œuvres : - Georges Lacombe, Marine bleue. Effet de vagues - Émile Bernard, Bord de mer en Bretagne, Saint-Briac la ligne Les enfants complètent les lignes de ces deux gravures de René Quillivic : - René Quillivic, Le voilier - René Quillivic, Mer, le naufrage le cadrage Les enfants inventent un prolongement pour ces deux œuvres au cadrage particulièrement audacieux : - Utamaro, Femme dans une barque surveillant la baignade des enfants - Ibels, Le pêcheur Cet atelier a lieu dans la salle d exposition au sous-sol. - Atelier 10 : La technique de l estampe À partir du motif du mont Fuji tiré de la série des Trente-six vues du mont Fuji d Hokusai, les enfants s initient à la technique de l estampe japonaise. Cet atelier a lieu dans le hall du musée. Prévoir des vêtements non salissants pour les enfants. Atelier déconseillé avant le cycle 2. - Atelier 11 : En route pour la Bretagne! Cet atelier est une déclinaison de l atelier 8. Le jeu de piste est complété par un carnet de voyage en Bretagne comprenant neuf étapes. À chacune des étapes sont associées une ou plusieurs cartes du jeu de piste. Une fois les œuvres retrouvées, les enfants répondent aux questions du carnet de voyage. À la fin de leur parcours, ils retracent leur itinéraire sur la carte de la Bretagne. Cet atelier a lieu dans la salle d exposition au sous-sol. Atelier déconseillé avant le cycle 2. - Atelier 12 : «Peindre sur le motif» En s inspirant des reproductions fournies, les enfants peignent un paysage, comme des artistes qui travaillent sur le motif (c est-à-dire dans la nature, directement devant le paysage). Ils peuvent, au choix, peindre à la manière des peintres impressionnistes (par petites touches) ou à la façon des peintres de Pont-Aven (en aplats de couleur). Dans les deux cas, il ne s agit pas de «recopier» le paysage, mais bien d en donner sa propre interprétation, de traduire son ressenti face au paysage. Cet atelier a lieu dans le hall du musée. Prévoir des vêtements non salissants pour les enfants. Atelier déconseillé avant le cycle 3. 38

SECOND DEGRÉ Pour le second degré, le parcours conseillé est le suivant : - présentation de l exposition par l enseignant - travail des élèves sur les parcours de visite (voir fiches-élève et fiches-enseignant ci-dessous) Les fiches-élève sont disponibles sur demande à l accueil du musée. Elles regroupent les deux parcours (bibliothèque et musée). Veuillez préciser lors de votre réservation si vous souhaitez les utiliser avec votre classe et le nombre dont vous avez besoin. Pour effectuer l ensemble de ce parcours de visite, il faut compter environ 1h30. La visite peut être complétée par le visionnage des films présentés au musée : - Images du monde flottant, production Bibliothèque nationale de France pour l exposition La mer, terreur et fascination, Paris, 2004, durée : 1 minute 20 (entrée de la salle d exposition au sous-sol) - Henry Colomer, Le Japonisme, édition Les films d ici, 1992, durée : 31 minutes (salle de projection). Parcours-découverte de l exposition La vague japoniste : fiche-élève Marqués par les couleurs, les techniques et les vues proposées par les estampes japonaises, les artistes de l'exposition ont peint les côtes bretonnes avec un œil nouveau. Artiste d avant-garde, Georges Lacombe renouvelle la représentation du paysage de bord de mer. Observez le tableau Vorhor, vague grise, ou Falaises à Camaret : pourquoi peut-on dire que cette toile n'est pas «classique»? Trouvez au moins trois raisons. 1)............ 2)............ 3)......... Les couleurs chez Lacombe sont mates, quelle technique particulière utilise-t-il?......... Quels points communs voyez-vous entre Marine bleue. Effet de vagues de Lacombe et Les tourbillons de Naruto à Awa d Hiroshige?......... 39

Notez l auteur et le titre de deux ou trois estampes qui vous plaisent.......... Les artistes s'attachent à rendre l'atmosphère, la lumière des bords de mer, tout en s'éloignant du «réel» proprement dit. Quel tableau de l'exposition vous paraît le plus audacieux dans le choix des couleurs?......... Ce travail de la couleur était déjà une préoccupation des Impressionnistes, dont Gustave Loiseau suit les préceptes. Les couleurs sont posées par touches sur la toile. Observez La pointe du Jar au Cap Fréhel et notez les couleurs principales.......... Maxime Maufra, originaire de Nantes, fut longtemps fidèle à l'impressionnisme, mais il s'en est émancipé. Regardez ses tableaux intitulés Les trois falaises, puis Pont-Aven, ciel rouge. Que remarquezvous? Émile Bernard et Paul Sérusier appartiennent au groupe dit de l'ecole de Pont-Aven. Regardez bien Bord de mer en Bretagne, Saint-Briac et barrez les affirmations qui vous semblent fausses, vous dégagerez ainsi les caractéristiques de cette école de peinture. - Le peintre s'attarde sur les détails pour donner l'illusion du vrai. - Il y a un effet de profondeur marqué. - Les contours sont nets autour des formes. - Il y a des nuances dans les couleurs. - On peut nommer précisément le lieu. - Il y a une absence de perspective. - La composition est géométrique. - Les couleurs sont posées par aplats (uniformes). 40

On dit de Maurice Denis que c'est un peintre de «l'intime», comprenez-vous pourquoi? Donnez un exemple.......... Les artistes comme Jean-Francis Auburtin ou Henry de Waroquier peignent la Bretagne d'après des études sur le motif. Qu'est-ce que cela signifie selon vous?......... Observez le dessin du Golfe du Morbihan de Waroquier, en quoi ce panorama nous ramène-t-il aux estampes japonaises?......... Essayez de reproduire (sur papier libre) la vague de René Quillivic, graveur et sculpteur qui, né d'un père marin-pêcheur à Plouhinec, dessina souvent «sa» mer bretonne. Parcours-découverte de l exposition La vague japoniste : fiche-enseignant Cette fiche est une aide à la correction de la fiche-élève ci-dessus. La toile de Georges Lacombe, Vorhor, vague grise, ou Falaises à Camaret est originale dans sa composition : - il n'y a pas d'effet de profondeur et on s'éloigne ainsi d'une représentation réaliste ; - les plans sont «étagés», le ciel, la mer et les rochers semblent former des «masses» ; - les formes sont simplifiées ; - la palette des couleurs est réduite : brun, gris, ocre, quelques touches de safran et bleu ; - les couleurs sont posées en aplat (de manière homogène) - au premier plan, les rochers ressemblent à des profils humains (= symbolisme), qui donnent au tableau un air de mystère. Les couleurs chez Lacombe sont mates car il utilise la technique de la peinture à l œuf. Ce procédé appelé aussi tempera, du latin «temperare» qui signifie détrempe est une technique ancienne utilisant le jaune d œuf ou l œuf entier comme médium pour lier les pigments de couleurs. Emile Bernard ou Paul Sérusier utilisaient le même procédé. 41