L' EAU ET LES PAYSAGES MAROCAINS



Documents pareils
Où sont les Hommes sur la Terre

CENTRALES HYDRAULIQUES

Projet Nador West Med

VERS UNE GESTION OPTIMALE DES RESSOURCES EN EAU. EXEMPLE DE LA TUNISIE.

Le contexte global. La ressource. I.1 Particularités de la ressource en eau. Superficie : Km 2

L eau c est la vie! À l origine était l eau... La planète bleue. Les propriétés de l eau. L homme et l eau. ... et l eau invita la vie.


CONCEPTION PARTICIPATIVE D UN PROJET COLLECTIF D IRRIGATION LOCALISÉE DANS LE PÉRIMÈTRE DE PMH FOUM EL ANCER (BÉNI MELLAL)

SELLE Masse d'eau AR51

PRESENTATION DE L AGENCE NATIONALE DES PORTS. Avril 2011

Agriculture paysanne durable: innovations et meilleures pratiques aux fins de transposition et de reproduction à plus grande échelle

Discovering Hidden Value

UNE MEILLEURE CONNAISSANCE

MISE EN DÉCHARGE. Une entreprise de Bayer et LANXESS

La gestion des écoulements dans les Wateringues du Nord - Pas de Calais Incidence prévisible des changements climatiques

FICHE RESUME DE L ETUDE DU SECTEUR DU TOURISME 2011

Adaptation Aux changements climatiques. Agriculture et sécurité alimentaire: Cas du Burkina Faso

Comment concevoir son lit biologique

BLUBOX Système de récupération des eaux de pluie

PROSPECTUS INTERNATIONAL. International FRANÇAIS LETHBRIDGE, ALBERTA, CANADA

La gestion déléguée. l expérience de la LYDEC

LA SURVEILLANCE DES PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES POUR PRODUIRE DE L ÉLECTRICITÉ EN TOUTE SÉCURITÉ

janvier janvier millions Euro (Prêt BAD : 215 millions Euros ; Don CE : 120 millions Euros)

Caisse Nationale de Mutualité Agricole

Saida KACHI. Encadrant.uni : Mr A. IDELHAJ. Présenté par: Fidae EL BOURAISSI

Synthèse des réponses au questionnaire

Présenté par : Dr Asmae Nouira. Novembre Hanoi Journées Scientifiques Inter-Réseaux AUF

Comptes rendus d Activités Techniques et Financières du Service de l Eau Potable Année 2004

Stratégie du Développement du Gouvernorat de Tozeur

Bancs publics. Problématiques traitées : FICHE

CREATION DE FORAGE, PUITS, SONDAGE OU OUVRAGE SOUTERRAIN

Quel Sont les 7 couleurs de l arc en ciel?

Le chantier compte 4 étapes :

Étude de la carte de Vézelise. Initiation à la lecture du relief sur une carte topographique

APPROCHES SIMPLIFIÉES POUR L ÉVALUATION DES PARAMÈTRES DE CONCEPTION POUR LES BASSINS DE FAIBLES DIMENSIONS. Gilles Rivard, ing. M. Sc.

RÉSUMÉ DES PRINCIPALES RÈGLES CONCERNANT LE RACCORDEMENT D UNE RÉSIDENCE AU NOUVEAU RÉSEAU D AQUEDUC ET D ÉGOUT DU VILLAGE

Placettes vers de terre. Protocole Fiche «Description spécifique» Fiche «Observations»

Science et technologie : Le truc de Newton

Évolution du climat et désertification

.4..ESCALIER. Critères d'accessibilité répondant aux besoins des personnes ayant une déficience visuelle. 4.1 Concept de base

STRATEGIES DE CONDUITE DE L IRRIGATION DU MAÏS ET DU SORGHO DANS LES SITUATIONS DE RESSOURCE EN EAU RESTRICTIVE

COMMENT CONSTRUIRE UN CRIB A MAÏS?

M. GUILLAUME ^ Alimentation en eau potable /} ( de la Ville de Metz Implantation de nouvelles stations de pompage dans la région de La Maxe-Thur;y

document de travail Phase 2 : groupe de travail Eau et biodiversité

Une onzième machine pour 200 mégawatts supplémentaires de courant de pointe

ETUDE DE LA CARTE DU TOURISME CULTUREL ET NATUREL. Sami GHARBI Architecte Général Directeur du Patrimoine et de l Environnement

Demande préalable pour un projet de création ou de modification d'un plan d'eau

«L initiative 1000 MW» un projet qui vise la réalisation de 14 sites de production de l électricité à partir des énergies éoliennes.

Agences de Bassins Hydrauliques & Gouvernance de l eau

«L énergie la moins chère et la moins polluante est celle qu on ne consomme pas»

Séjour à thème Dar Daïf. Trek jardin et gorges du M goun Trek chamelier désert de Z nigui - Chebbi Maroc. Voyage familles avec enfants

1. L'été le plus chaud que la France ait connu ces cinquante dernières années.

Guide d entretien. de votre assainissement non collectif

Direction Générale des Impôts. Taxe d'habitation et Taxe de Services Communaux

Méthodes d irrigation en milieu aride

NOTICE TECHNIQUE SSC : Système Solaire Combiné eau chaude sanitaire / appui chauffage maison / appui eau chaude piscine

L assurance récoltes en France

Symboles de nos cartes

La couverture des risques agricoles

Une espèce exotique envahissante: Le Roseau commun. ou Phragmites australis

Changement du trait de côte et images satellites. Tempêtes 2014, plage de la Salie, côte atlantique française

Cahier d enquête. Suspect N 5. Reproduction interdite

GECA GLOBAL CONSULTING suarl 76, Avenue Habib Bourghiba App. A Ariana - TUNISIA MF: R/A/M/000

Congrès INFRA Montréal Plan d adaptation aux changements climatiques municipal

Annexe 3 Captation d énergie

Contrat d application pour l amélioration de la compétitivité logistique IMPORT-EXPORT

EROSION ET ENVASEMENT DES BARRAGES-RESERVOIRS

INVESTIR AU MAROC région Tanger-Tétouan

SOLUTIONS ENERGETIQUES. professionnelles

BÂTIMENTS / TRAVAUX PUBLICS TRANSPORT, SERVICES ET COMMERCE INTERNATIONAL

Sorgho grain sucrier ensilage L assurance sécheresses

VITICULTURE 2012 V 12 / PACA 02 STRATEGIE D APPLICATION DU CUIVRE EN VITICULTURE

Le bac à graisses PRETRAITEMENT. Schéma de principe. Volume du bac à graisses. Pose

CHAPITRE 6 : LE RENFORCEMENT DU MODELE PAR SON EFFICACITE PREDICTIVE

D A N S L E S PAY S F R A N C O P H O N E S

LES TIMBRES DISTRIBUTEURS ou ATM AU MAROC NOMENCLATURE DES VIGNETTES D AFFRANCHISSEMENT

Origine du courant électrique Constitution d un atome

Le Haut Ellé. Station de pompage de Barréguan près D790 "Le Grand Pont" sous le Faouët. Département 56

«Silva Cell Investir dans l infrastructure verte»

ROYAUME DU MAROC AGENCE DU BASSIN HYDRAULIQUE DU LOUKKOS

ETABLISSEMENT PUBLIC A CARACTERE INDUSTRIEL ET COMMERCIAL Rue Félix CHABAUD VENELLES N SIRET : Code APE : 410 Z

Annexe 2: Région des Savanes Caractéristiques et bas fonds identifiés

ALERTE ET GESTION DES CRUES ÉCLAIRS SUR LES PETITS BASSINS VERSANTS URBAINS

- Réalisation de salle de bain complète (carrelage, sanitaire, doublage placo: 1 seul intervenant)

Les Bassins Hydrauliques du Maroc 1. PRESENTATION

Enjeux et Perspectives de la composante «Environnement Santé» du Plan d Action de l Initiative Environnement du NEPAD

INTEGREE DES RESSOURCES EN EAU

L évidence écologique Une station d assainissement où il fait bon se

un certain recouvrement Michaële Andrea Schatt Parc du palais de Compiègne

Logiciel pavages drainants mode d emploi

L Initiative pour la Réduction de la Pauvreté et la Gestion de l Environnement (PREMI)

Parc national du Toubkal Randonnée muletière dans Atlas de Marrakech et ascension du djebel Toubkal 4167m 10 jours / 9 nuits

Orientations stratégiques en matière de développement minier

LE PARC DE FIGUEROLLES

Prévenir les dégâts d eau au sous-sol

PRINCIPALES RÉFÉRENCES

Site d étude. Résultats

Conception d un CD interactif : simulation d une sortie en écologie végétale

Questionnaire eevm. échange école ville montagne.

BILAN HYDRIQUE ET BESOIN D IRRIGATION DE LA CEREALICULTURE EN REGION SEMI-ARIDE.

Transcription:

L' EAU ET LES PAYSAGES MAROCAINS _ Par Martin Bérubé, Université de Montréal Workshop de la CUPEUM Marrakech 2004 La Palmeraie de Marrakech un paysage périurbain www.unesco-paysage.umontreal.ca professeurs-coordonnateurs _ Philippe Poullaouec-Gonidec et Stefan Tischer

L' EAU ET LES PAYSAGES MAROCAINS _ Par Martin Bérubé, Université de Montréal I.i- OBJECTIFS DU DOCUMENT Effectué dans le cadre d'étude du cour APA 4300 Processus et Design A2004 du programme Architecture de Paysage, ce présent document vise à informer quiconque sur le thème de L'eau et les paysages marocains, mais réalisé en vue du workshop portant sur La Palmeraie de Marrakech - un paysage périurbain sous la supervision de la Chaire Unesco - Paysage et Environnement de l'université de Montréal. Faisant partie d'une série de 10 thèmes de recherche, L'eau et les paysages marocains a été réalisé à Montréal par un type n'ayant jamais traversé l'atlantique et encore moins visité le Maroc. La structure de ce document est conçue de manière à suivre l'eau dans les paysages à partir des montagnes jusqu'aux littoraux. L'eau et les paysages marocains ne se prétend pas être un inventaire complet sur son propre sujet, mais plutôt une lecture paysagère condensée sur ce que l'eau a édifié sur le territoire marocain. I.ii- POSITION GÉOGRAPHIQUE Le Maroc est situé à l extrême nord-ouest de l Afrique. Cet État du Maghreb est limité à l est et au sud-est par l Algérie, au sud par la Mauritanie, à l ouest par l océan Atlantique, et au nord par la mer Méditerranée. Nommé par les géographes arabes «al-maghreb al-aqsâ», le royaume du Maroc est divisé en régions bioclimatiques contrastées. Ouvert aux influences occidentales, ce pays limitrophe de l Algérie et de la Mauritanie a développé une civilisation originale au sein du monde arabe. Seul il occupe 446 550 km², soit juste un peu moins que l Espagne, mais avec le Sahara Occidental, sa superficie atteint 710 850 Km². Le Maroc sur le continent africain Par Martin Bérubé Photo satellite : http://visibleearth nasa gov Le Maroc possède une ligne côtière de 1835 Km et occupe une position géographique stratégique. Ainsi, avec l Espagne, ses côtes, près de Tanger, surveillent le détroit de Gibraltar, porte d entrée de la mer de Méditerranée. Chaire UNESCO paysage et environnement Université de Montréal 1

I.iii- LE RELIEF Le Maroc est une terre de contrastes. Sa très longue façade maritime étroite et abrupte en bordure de la Méditerranée, se prolonge de plaines et de plateaux du côté atlantique. Ses montagnes sont les plus élevées du Maghreb: le Djebel Toubkal culmine dans le Haut Atlas à 4 165 m. Les montagnes se décomposent en quatre chaînes formées à des époques différentes: l Anti- Atlas au sud, relève du domaine précambrien, le Haut Atlas et le Moyen Atlas possèdent un socle hercynien, tandis qu au nord, le Rif, prolongement du Tell algérien, s est constitué avec le plissement des Alpes. Grâce à l enneigement de ses montagnes, le royaume est drainé par de longs fleuves bien alimentés. Sur la carte de la page suivante, nous verrons les bassins de drainage de la Méditerranée, de l'atlantique et du Sahara, ce dernier étant intermittent dans les cours inférieurs. Ces massifs s ouvrent largement à l ouest et encadrent les plaines (P en jaune sur la carte). Il y a donc la plaine du Rharb au Nord de Salé, la plaine de la Chaouïa au Sud de Casablanca, la plaine du Haouz (plaine dans laquelle Marrakech est), et la plaine du Sous près d'agadir, laissant à l écart les hauts plateaux du Maroc oriental. Carte Bassins de drainage Par Martin Bérubé Photo satellite : http://visibleearth.nasa.gov Deux zones de hauts plateaux (Pl rouge sur la carte) s élèvent à plus de 1 000 m: la Meseta marocaine entre le Haut et le Moyen Atlas au sud-est de Rabat; et les terres qui prolongent le Tell oranais à l'extrême Est du Maroc. 2 Workshop de la CUPEUM Marrakech 2004

I.iv- LES ZONES CLIMATIQUES Carte Zones climatiques Par Martin Bérubé Photo satellite : http://visibleearth.nasa.gov Le climat marocain, reflète le relief, c est-à-dire très contrastés. En tout lieu, en tout temps de l'année ou de la journée, il change, se transforme, nous éblouit, et ce, sous : -L influence de la Méditerranée et de l Atlantique : Vers le nord du pays, le climat est comparable à certains pays comme le Portugal ou l Espagne. Les étés y sont relativement chauds et les hivers sont frais. Sur les côtes méditerranéenne, il pourra tombé jusqu'à 2000mm de pluie. Des fougeraies pourront y pousser. -L influence de l Atlantique:, les températures estivales sont confortables, chaudes, mais ventilées grâce à la proximité de l océan. Plus au sud, le climat est plutôt sec et aride, bref un climat plus désertique. -L influence des montagnes : Sur les montagnes, les étés semblent chauds malgré l altitude, et les orages assurent une humidité et diminue la sécheresse, grave problème pour certaines autres régions du Maroc. Les hivers, par contre, sont froids et pluvieux, marqués par le gel et la neige. La végétation est visuellement comparable au dégradé de la forêt boréal du Québec, mais s effectue sur une très courte étendue. À noter que tous les Oueds prennent naissances dans les zones climatiques montagnardes humides. -L influence du désert : A l est du pays, les écarts de températures entre l été et l hiver sont plus considérables. Les étés sont très chauds et les hivers sont froids avec du gel, surtout à la tombée du jour. La sécheresse tant qu'à elle représente un défi énorme pour la croissance des végétaux. Les pluies sont irrégulières en durée, en intensité et en espacement temporel. Chaire UNESCO paysage et environnement Université de Montréal 3

II- LES MONTAGNES ET LES PAYSAGES MAROCAINS Environ un tiers du territoire marocain est recouvert de montagnes qui atteignent des hauteurs impressionnantes. Le Maroc renferme quatre principales chaînes de montagnes. Le Rif : Il est au Nord du pays, borde la Méditerranée et fait face à l'espagne tout en proposant des biotopes variés selon l altitude des régions. En fait, à l ouest, on retrouve surtout une végétation épineuse: des sapins, des pins, des cèdres, etc. De l autre côté, il y pousse des steppes arides et des maquis. Encore plus à l est, on y retrouvera le chanvre. Le plus haut sommet du Rif atteint 2456 mètres et porte le nom de Djebel Tidighine. Le Moyen Atlas : À l est de la ville de Fès, la plus haute montagne de cette chaîne se nomme le Bou Naceur (3340 mètres.) Sur ces montagnes, on y retrouve surtout des fleurs, des forêts de chênes et de cèdres et plusieurs cours d eau ou oueds. La plupart de ces cours d eau vont filer jusqu à la mer Méditerranée et l océan Atlantique. C est parmi les montagnes du Moyen Atlas que se situe le lac montagneux le plus vaste du Maroc soit l Alguelmane Sidi Ali qui accueil des cigognes durant la saison estivale. D autres fleuves partent de ces montagnes et cascadent sur les pentes et les falaises afin de poursuivre leur chemin vers les plus grandes étendues d eau. Le Haut Atlas: Les plus hauts sommets de l Afrique du nord font partie de cette chaîne. En fait, dix montagnes dépassent les 4000 mètres, la plus haute étant le djebel Toubkal (4165 m). Le Haut Atlas renferme des attraits touristiques intéressants. Ainsi, parmi ces montagnes, il repose près de Ouarzazate (160mm de pluie/an) la vallée de roses où il y naît, à chaque année, des milliers de roses colorées. Au pied du Haut Atlas, une région de palmiers et de dattiers se nommant Tafilalet s y trouve. Plus d un million de dattiers produisent plusieurs types de dattes différents. Enfin, il est possible de voir des oasis à Tamtattouchte et à Fuguig. Tourbière, Chefchaouen, Rif Photo : Delacre et Tarrier Cascade des Vierges, M-A Tétraclinie & Arbouseraie, Tizi-n-Ait-Ouira, M-A Photo : Delacre et Tarrier Sommet enneigé du Djebel Toukbal, H-A Junipéraie à Touflith, H-A Photo : Delacre et Tarrier En général, à partir de 600 mètres d'altitude, et jusqu'aux plus haut sommets, le climat est toujours humide et les précipitations annuelles sont comprises entre 650mm dans l'atlas Oriental et de plus de 1 mètre dans le Rif, et l'enneigement est souvent important. Cédraie, semis naturel, Jaffar, H-A Cascade, tizi-n Test, H-A Photo : Delacre et Tarrier 4 Workshop de la CUPEUM Marrakech 2004

III- LE OUED ET LES PAYSAGES MAROCAINS Le Maroc possède beaucoup de cours d eau (oueds) comme le Sebou, le Sous, la Moulouya, le Draa et le Dadès. Ces cours d eau se propagent vers les grands fleuves et éventuellement vers l océan et la mer. Cependant, dépendamment des saisons, la quantité d eau qu ils contiennent varie. En fait, en hiver ils sont sujet au gel, et en été, ils sont plutôt susceptibles à la sécheresse. Ils n offrent donc pas toujours une source sur laquelle on peut compter sans préoccupation. Cela représente d ailleurs un grand problème pour le Maroc, surtout pour l agriculture. Ceci étant dit, je vous offre une lecture paysagère du Oued Ziz sur cette page et sur une partie de la page suivante. Nous pouvons y voir ce qu'un oued peut faire surgir du sol, soit la végétation naturelle ou celle contrôlée par l'homme dans les oasis, mais Position géographie de la photo du bas (carré blanc) Par Martin Bérubé Photo satellite : http://visibleearth.nasa.gov lorsqu'on atteint en aval l'extrémité du oued, la vie peut disparaître et devenir un paysage désertique. Vue en plongée de la Vallée du Ziz Vue transversale satellite de l'atlas. Au centre, en vert, l'oeuvre végétal du Oued ziz Par Martin Bérubé Photo satellite : http://visibleearth.nasa.gov Vallée du Oued Ziz Chaire UNESCO paysage et environnement Université de Montréal 5

Des hommes entretiennent la tuyauterie d'irrigation dans la Vallée du Ziz Village et oasis dans la Vallée du Ziz Désert de roches dans la Valée du Ziz Routes desvendants dans le canion tortueux du Oued Dades dans le Haut-Atlas Oued Dades dans le Haut-Atlas Oued fossile, Tafraoute, Anti-Atlas Photo : Delacre et Tarrier Oasis de Merzouga

IV- LA KHETTARA ET LES PAYSAGES MAROCAINS Les principaux espaces hydrauliques qui permettent l irrigation sont : -Les canaux d irrigation, les seguias, et les petits barrages- Les puits -Les khettaras La construction des khettaras demande des anneaux de renforcement www.waterhistory Les seguias sont des canaux à ciel ouvert qui acheminent l eau vers la ville et les khettaras sont des lignes de puits régulières, sorte de taupinières géantes alignées avec une rigueur extrême. Le principe est simple : il s agit d aller capter l eau dans la nappe phréatique et de l amener par gravité jusqu aux jardins de la palmeraie. Certaines khettaras peuvent mesurer jusqu à 15 km de long. Le diamètre de la canalisation souterraine est de l ordre de 1m pour permettre à un homme courbé en deux afin d en assurer l entretien. L ingéniosité du système réside dans sa conception et son adaptation aux exigences de la vie dans le désert : cette méthode évite les corvées d eau, épuisantes tant pour les hommes que pour les animaux ; elle assure un débit constant sans risque de tarir la nappe, et limite l évaporation. L eau, dès sa sortie des khettaras, emprunte les seguias pour être distribuée selon un système conventionnel basé sur la gravité. Mais pendant la sécheresse, les seguias et les khettaras sont moins bien entretenus. Le système ancien avait aussi pour but de réguler le cours du bouillant du cours d eau. Il résulte de ce désordre une salinisation liée à la dégradation chimique des sols. Les avantages du réseau souterrain : -Réduit l évaporation lors du transport -Nul besoin de pompes -Utilise une ressource renouvelable Tafilalt oasis, Rheris/ Bassin du Ziz, Sud du Marco Pour position géographique, voir deux pages plus haut Libro.uca.edu/irrigation/irrigation9.htm Système de Khettaras dans la Vallée Tafilalet www.waterhistory.org Chaire UNESCO paysage et environnement Université de Montréal 7

Puits Khettara Seguia Petit barrage Bassin de rétention Canaux d'irrigation

V- IRRIGATION MODERNE Au Maroc, la maîtrise et la mise en valeur des ressources en eau sont une pratique très ancienne et depuis toujours un facteur déterminant de la structuration de l espace et du développement des terroirs, car le contexte et les conditions climatiques y sont variables et irréguliers. L irrégularité spatiale et temporelle des conditions climatiques, l impact des sécheresses et des inondations successives, la distorsion entre les courbes de progression démographique et celles des productions agricoles et la nécessité absolue d amélioration du bien être des populations, sont autant de facteurs qui font de la maîtrise de l eau un impératif technique, et économique et une voie privilégiée pour le développement économique et social. Il tombe actuellement 150km³ d eau au Maroc. L eau utile, dite l eau renouvelable, est de 30km³, soit 1/5 du total. L eau mobilisable, soit l eau que l on est capable de capter à l aide des différentes techniques modernes est de 20km³, soit 66% de toute l eau renouvelable. L eau mobilisable souterraine est 4km³ et l eau mobilisable de surface est de 16km³. Actuellement, cette eau mobilisable est disposée à 68%(11km³) pour l eau de surface et à 65%(2,65 km³) pour l eau souterraine. Globalement, 46% de l eau renouvelable est consommée. Les prélèvements en eau pour l'agriculture représentent 89% du total, l industrie et la collectivité se partage l autre 11% à part égale. Par ailleurs, les volumes mobilisés par les 94 barrages sont de 9,4km³ et ceux par des prises au fil de l eau sont de 1,6km³. Durant les trois dernières décennies, la capacité totale des barrages est passée de 2,2km³ à 14,5km³, et les volumes régularisés de 2,1km³ à 9,4km³, soit un taux d accroissement annuels moyens respectifs de 6% et 5%. La production hydro-électrique était de 1 600 GWh en 1991, soit 15% de la production énergétique totale du pays. Chute d eau http://www.geru.ucl.ac.be/ En 1990, 236 000 points d'eau (puits 91%, sources 8%, points d'eau de surface 1%) étaient recensés en zone rurale, soit environ 1 point d'eau pour 50 habitants, dont 16% équipés d'un moyen d'exhaure, mécanique ou motorisé. Une enquête sanitaire a montré que 84% des points d'eau fournissent de l'eau non potable. Finalement, 10% de la population rurale est desservie de manière satisfaisante par des systèmes collectifs et 8% bénéficient de réseaux de distribution, soit Ainsi 80% de l eau des lacs de barrages est acheminée par les rivières existantes avant d être rediriger. Pour parer à la perte d eau lors de l arrosage, la technique du compte goutte peut être exemple, l eau qui passe à travers des ouvertures plus petites qu 1 mm de diamètre doit être extrêmement exempt de toutes saletés afin de ne pas boucher le mécanisme. Chiffres: http://www.billy-globe.org/fr_2001/eau/persoons.htm Chaire UNESCO paysage et environnement Université de Montréal 9

L IRRIGATION GRAVITAIRE L irrigation par planche (2 photos à gauche) : Cette méthode consiste à faire couler une mince couche d eau sur un sol incliné de 0,2 à 3%. Le débit varie en fonction de la largeur et de la longueur du sol. En général, on coupe l eau lorsque celle-ci a atteint l extrémité de la planche. Le nivellement au laser est requis. L irrigation par bassin (sans photo) : Cette technique consiste à inonder un bassin de 40m² à 50m², en moyenne. Elle est facile d utilisation, occasion environ 50% de perte et nécessite beaucoup de pertes de terre dues à la grande quantité de digues. L irrigation à la raie (2 photos de gauches) : Cette méthode convient au pente de 0,2% à 3%. Elle demande un sol labourer de sillons parfaitement uniforme. La possibilité de désamorçage du système et la surveillance accrue qu elle demande ont entraîné l absence du succès espéré. À gauche, l irrigation par siphon est l une des quatre méthodes d irrigations à la raie. Il y a aussi l irrigation à gaine soule sans manchette, l irrigation à gaine souple avec manchette, et la transirrigation. L IRRIGATION GOUTTE À GOUTTE Dans l irrigation goutte à goutte, l eau est livrée à la plante à faible dose entraînant ainsi l humidification d une fraction du sol. La percolation est extrêmement limitée. De la même façon, l évaporation est éliminée. Elle réduit la présence de mauvaises herbes. Elle met en œuvre des équipements fixes et légers. Elle permet la fertilisant et une automatisation à travers de l équipement de pointe. L installation est composée d une source d eau, d une station de pompage, de canalisations principales et secondaires, de rampes et porte rampes, d une unité de tête, des distributeurs, des goutteurs intégrés, en ligne, en dérivation, et des gaines perforées. L irrigation demande une solide expertise. Elle nécessite une filtration sans reproche des impuretés contenus dans l eau d irrigation ainsi que celles qui peuvent se former en cours d utilisation. Il existera à cette fin des filtres à tamis, des filtres à disques ou des filtres à sables insérés tôt ou tard dans le système. L IRRIGATION PAR ASPERSION L irrigation par aspersion est recommandée dans les cas de sols à faible profondeur ne pouvant être correctement nivelés pour une irrigation de surface, de sols trop perméable, de terrains irréguliers. Par contre, elle doit être écarter dans les régions trop venteuses et aussi lorsque l irrigation se fait avec de l eau salée sur des plantes sensibles au sel. Elle nécessite, en plus, une enrouleuse et de tant à autre un surpresseur. 10 Workshop de la CUPEUM Marrakech 2004

VI- LES PLAINES ET LES PAYSAGES MAROCAINS Le côté Atlantique abrite non seulement de nombreuses villes impériales du Maroc mais aussi des plaines colorées qui vont rejoindre les plages de sable fin. Céréales, raisins olives, riz, canne à sucre sont quelques exemples de ce qu on retrouve sur les plaines fertiles marocaines qui occupent une place importante au niveau de l économie du pays. Ces plaines ont souvent de très grandes étendues. S étirant des montagnes du Rif jusqu au Moyen Atlas, le bassin du Sebou (36 000 km 2 ) se compose de bas plateaux, de cours d eau, quelques collines et des plaines fertiles qui permettent la culture de plusieurs aliments. Les six photos du bas démontrent la fertilité de diverses plaines. Carte Plaines majeures Par Martin Bérubé Photo satellite : http://visibleearth.nasa.gov Prairie d'orchis sp., Tamaroyde, M-A Annuelles, Aoulouz, Souss Phytocénose à phragmites, Anez, A-A Steppe alfatière, Tamayoust, Plaine du Haouz,M-A Famille de Gazelles Dorcas, Souss-Massa, plaine du Souss Steppe arbustive, Plaine du Haouz, M-A Exemple : Région Plaine du Haouz et bassin côtier Jadida-Essaouira À gauche, nous voyons une grande partie de la plaine du Haouz. Nous voyons, en jaune, la palmeraie. Cette plaine exploite au maximum les ressources renouvelables en eau disponible de la région. En effet, 90% des 1,6km³ de l eau renouvelable est exploité. Cette plaine est composée de 5% de forêt, 16% d arganier, de 1 700 000ha de cultures céréalières et de 156 000ha de cultures arbustives. Les cultures bovine, ovine et de caprin sont effectuées, représentant ainsi 14%, 16% et 15% de la production nationale. Dans cette plaine, les ressources en eau sont passées de 580m³ en 1970 à 317m³ en 2000 par habitant. YACOUBI SAUSANE, Mohammed, Les ressource en eau au Maroc, Bilan, perspectives et plan d action, 1999 Chaire UNESCO paysage et environnement Université de Montréal 11

VII- LES DUNES ET LES PAYSAGES MAROCAINS Au sud du pays, l erg Cherbi, à proximité de la frontière algérienne, est la plus vaste étendue de pierres et de sable à l intérieur du Maroc. Certaines dunes de sable peuvent atteindre 200m de hauteur. Khettaras, Tafilet, M-S Erg Chebbi, Maroc saharien Puits au Sud de l'atlas à la frontiètre algérienne Erg Chebbi, Maroc saharien Seguïa aérien Stress hydrique, Jorf, Maroc saharien 12 Workshop de la CUPEUM Marrakech 2004 Bassin près d'un village dans le sud marocain

VIII- LES CÔTES INDUSTRIELLES ET LES PAYSAGES MAROCAINS L intense trafic maritime des navires de transport de produits pétroliers ou chimiques est une menace permanente en particulier pour la côte nord-ouest du Maroc: chaque année, les 5000 navires transportant du pétrole, les 2000 transportant des produits chimiques, les 1300 transportant du gaz naturel liquide, représentent un risque d accident ou de rejets illégaux important. En tant que précédent, le pétrolier «Prestige» coula en 2003. Rabat La première de ces pressions tient au phénomène de concentration humaine et au tourisme. La densification du littoral a principalement concerné la côte Atlantique (qui représente 61% de la population urbaine des grandes villes et 80% des effectifs permanents des industries), mais elle est aussi perceptible sur la partie méditerranéenne. La croissance de la population y dépasse le taux moyen de l ensemble du Maroc (plus 3.05% entre 1960 et 1992 contre plus 2.5%). L évolution observée montre une densification des zones urbaines puisque les 2/3 de la population du littoral méditerranéen marocain se concentrent sur les quatre grandes villes: Tanger, Tétouan, Oujda et Nador. La côte méditerranéenne du Maroc présente un patrimoine écologique riche tant par sa valeur intrinsèque que par son intérêt socioéconomique. Les écosystèmes procurent en effet les ressources à la base de diverses activités économiques: sylviculture, pêche, activité agricole et forestière. Ainsi, 43.5% de l économie de la Région de Tanger-Tétouan est tournée vers l agriculture, l élevage et la pêche. Tanger Casablanca Casablanca Chaire UNESCO paysage et environnement Université de Montréal 13

IX- LES CÔTES TOURISTIQUES ET LES PAYSAGES MAROCAINS Problèmes majeurs de la zone côtière méditerranéenne Après une accalmie, de nouveaux objectifs de développement touristique ont été mis en avant: un accord-cadre signé en 2001 entre le Gouvernement et la Fédération du tourisme de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc prévoit pour objectif l entrée de 10.000.000 de touristes d ici 2010 et la construction de 80.000 chambres pour la même échéance. Outre l empreinte écologique que peut signifier cette activité sur le territoire, elle est aussi synonyme d un accroissement saisonnier d eaux usées, de déchets, de trafic routier, etc., dont la gestion pèse sur les collectivités insuffisamment équipées, créant du même coup des conséquences néfastes pour le littoral. Agadir Tarfaya Sidi Ahmed Srir, le Sahara dans l'océan Steppe ligneuse à Euphorbes cactoïdes, Cap Rhir Plage de Sisi Bouzid 14 Workshop de la CUPEUM Marrakech 2004

X- BIBLIOGRAPHIE European Commission Mediterranean Regional Programme For Local Water Management Budget Line B7-4100 YACOUBI SOUSSANE, Mohammed, Les ressources en eau au Maroc, Bilan, perspectives et plan d action, IME, Maroc, 1999 Map No. 3686 Rev. 4 United Nations, April 2004 Department of Peacekeeping Operations MEDA MEDA --ISIIMMISIIMM Institutional and Social innovations in Social innovations in Irrigation Mediterranean Management Water pumping in a southern moroccan oasis Baali E.H., M. Azouggagh & O. Ahl Rchid, Agricultural machinery department, HIV Hassan II, Ravat, Morocco https://zulu.ssc.nasa.gov./mrsis http://visibleearth.nasa.gov http://www,wmo.ch/index-fr.html http://www.minenv.gov http://www.billy-globe.org/fr_2001/eau/persoons.htm http://www.fao.org/waicent/faoinfo/agricult/aquastat/morocco.htm http://www.geru.ucl.ac.be/ http://fr.chinabroadcast.cn/1/2004/02/18/46@13094.htm http://www.ccmaghreb.com/maroc/default.html http:// http://www.billy-globe.org/ http://www.marocain.biz/mar/tanger.php Chaire UNESCO paysage et environnement Université de Montréal 15