Systèmes de chauffage des bâtiments en Europe : tendances, enjeux et enseignements pour la France

Systèmes de chauffage des bâtiments en Europe : tendances, enjeux et enseignements pour la France

Systèmes de chauffage des bâtiments en Europe : tendances, enjeux et enseignements pour la France

Préambule L association Energies et Avenir tient à souligner la contribution de la BUSINESS RESEARCH GROUP LTD BRG CONSULT Division, dans le cadre de l important travail de recherche réalisé à l occasion de son rapport The Boiler and Heating System Markets in the European Union, commandé par la Direction Générale de l Energie et du Transport de la Commission européenne, en novembre 2006. Ce document qui concerne de manière exhaustive 26 pays de l Union européenne (Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, République Tchèque, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, [2 Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Suède, Royaume-Uni) a constitué la base informative principale du panorama européen présenté ci-après. Les données du rapport BRG Consult étant antérieures à 2005 et le marché de systèmes de chauffage ayant considérablement évolué ces dernières années, Energies et Avenir a eu recours à d autres sources telles que le GFCC et l EHI (L Association of the European Heating Industry) pour obtenir des chiffres 2006-2007 sur les flux des systèmes de chauffage. Ils concernent un panel plus restreint d une dizaine de pays (Autriche, Allemagne, Belgique, France, Danemark, Espagne, Italie, Pays-Bas, République Tchèque, Suède et Royaume-Uni) qui n en restent pas moins représentatifs de l ensemble de l Union européenne puisqu ils représentent, à eux seuls, environ 80% du marché européen.

Sommaire Introduction...4 1. Le chauffage en Europe : état des lieux, tendances et prospective...6 1.1. Le chauffage en Europe : un marché complexe et hétérogène...6 1.2. Des solutions de chauffage existantes multiples et en pleine évolution...9 1.3. Prospective : l impératif environnemental se heurtera-t-il aux réalités économiques?...12 3] 2. Situation et politique dans 6 pays de l Union européenne...17 2.1. Le Royaume-Uni...18 2.2. La France...20 2.3. L Espagne...22 2.4. La Suède...24 2.5. L Allemagne...26 2.6. L Italie...28 3. Six enseignements pour la France...30 4. Les propositions d Energies et Avenir...32 Annexe Energies et Avenir Association des Professionnels pour un chauffage durable...35 Les membres d Energies et Avenir siégeant au Conseil d Administration...36

Intro Après une année de débats publics et de concertations, la France s apprête à légiférer pour mettre en œuvre les grandes orientations du Grenelle de l Environnement. De ces travaux ressort, en effet, la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et de réduire la consommation énergétique des bâtiments. [4 La consommation énergétique des bâtiments dépend de deux paramètres : la capacité du bâtiment à limiter les échanges thermiques avec l extérieur, d une part, et la production d énergie nécessaire à rendre viable et confortable ce bâtiment d autre part (alimentation électrique des équipements utiles du bâtiment tels que l éclairage ou l électroménager ; le maintien de la température de la pièce et chauffage de l eau ). La consommation d énergie liée au chauffage (eau chaude sanitaire comprise), représente ainsi 35% de la consommation finale d énergie dans le résidentiel et le tertiaire, soit le premier poste énergétique de la France. Il est donc essentiel que les mesures issues du Grenelle ne s intéressent pas seulement au bâti (isolation), mais permettent d optimiser le potentiel d économies d énergie et d émission de CO 2 que représentent le chauffage et l eau chaude sanitaire. Energies et Avenir, qui regroupe les organisations professionnelles de l ensemble des métiers de la filière du chauffage à eau chaude individuel ou collectif, a choisi de s intéresser à la situation européenne en matière de systèmes de chauffage, afin d en tirer un certain nombre d enseignements pour le cas particulier de la France. En relevant les caractéristiques des parcs d équipements, l évolution de leur marché, les choix historiques et stratégiques de nos voisins européens, y compris ceux concernant l adaptation en cours de la législation européenne sur l efficacité énergétique, la France peut ainsi bénéficier de toutes ces expériences et s en inspirer pour son propre usage.

uction La présentation du panorama européen sur les systèmes de chauffage qui suit est autant un moyen de consacrer les bonnes pratiques, que de pointer les lacunes de certaines orientations en la matière. Elle souligne que les systèmes de chauffage central à eau chaude, prédominant en Europe, ont toute leur place dans la politique énergétique et environnementale de la France. Ce document vise à aider les décideurs à effectuer les meilleurs choix qui permettront à la France d atteindre les objectifs ambitieux qu elle s est fixés et auxquels les futurs lois et décrets du Grenelle doivent contribuer : 5] Atteindre 20% d énergies renouvelables dans son mix énergétique d ici 2020 ; Réduire la consommation énergétique des bâtiments neufs à 50 kwhep/an.m 2 à l horizon 2010-2012 (Bâtiment Basse Consommation) puis, à partir de 2020, de construire exclusivement, des bâtiments produisant autant ou davantage d énergie qu ils en consomment (Bâtiments à Energie Positive) ; Réduire la consommation énergétique moyenne à 150 kwhep/an.m 2 en 2020 dans le bâtiment ancien 1. 1 kwhep/an.m 2 = kilo Watt heure en énergie primaire par an et par mètre carré.

[6 1.1. Le chauffage en Europe : un marché complexe et multiforme Huit logements européens sur dix sont équipés d un système de chauffage organisé Selon les dernières enquêtes disponibles 2, près de 80% des quelque 200 millions de logements européens sont équipés d un système de chauffage organisé, c'est-àdire un système permettant de chauffer plusieurs pièces et fonctionnant sur une même source d énergie. Il reste ainsi environ 2 logements sur 10 en Europe, soit plus de 40 millions, qui sont soit équipés de sources de chauffage non organisées (cheminées, poêles, radiateurs électriques ou au gaz mobiles...), soit dépourvus de tout moyen de chauffage. L absence d équipement est essentiellement liée au climat ou au revenu par habitant des pays concernés. La part des systèmes organisés de chauffage en Europe est passée de 67% à 80% des logements en une quinzaine d années (1990-2005). Le nombre de logements non équipés baisse d un million environ par an depuis 1990. Il est passé d un tiers à environ 20% durant la période. Plus de la moitié de ces logements non équipés se situent en Espagne, Italie et Portugal, pays qui cumulent un climat moins exigeant en termes de chauffage et un parc de résidences secondaires important, traditionnellement moins bien équipé. 2 Sauf indication contraire, les donnés chiffrées indiquées dans ce chapitre sont issues de l étude The Boiler Heating System Markets in The European Union - BRG Consult - 2006. 1 Un marché multiforme soutenu par la modernisation des systèmes et la construction neuve 1. Le chauffage en Europe : Le marché européen du chauffage est particulièrement complexe à appréhender. Certains cabinets d étude le considèrent comme l un des marchés les plus difficiles à analyser. De très nombreuses variables entrent en compte au plan national, voire régional : le climat, l histoire et la culture, la configuration du parc immobilier (par exemple le poids respectif du logement collectif et du logement individuel), les sources d énergie disponibles, l offre de produits, la sensibilité aux questions environnementales, les incitations réglementaires ou fiscales, etc. Il est toutefois possible d identifier quatre composantes de la demande : la construction neuve, l équipement de logements existants (non équipés d un système organisé), la modernisation (qui représente en moyenne 60% des ventes de chaudières, par exemple) et le développement du secteur non résidentiel (tertiaire de bureaux, etc.). Pour ce qui est du parc résidentiel, on peut aujourd hui considérer que la première installation d un système de chauffage organisé, dans les logements existants, va décliner, compte tenu de la saturation progressive du marché européen. En revanche, il reste deux sources

état des lieux, tendances et prospective d évolution que sont l équipement des logements neufs et la modernisation du parc existant. Pour cette dernière, il est couramment admis par les observateurs que le remplacement d un système de chauffage s opère lorsque le système en place devient vétuste ; il est donc plus souvent subi qu anticipé. Le chauffage à eau chaude comme système de référence On constate une autre tendance lourde en Europe : le développement du chauffage individuel à eau chaude. Celui-ci, qui représentait déjà plus de la moitié des systèmes de chauffage organisés européens en 1990, a atteint près de 60% au milieu des années 2000. Cette domination tient notamment à la popularité de la chaudière murale dans de nombreux pays liée à son prix d achat peu élevé, au faible encombrement qu il engendre et, dans le collectif, à la possibilité d individualiser les consommations... Dans certains cas (comme en Espagne ou en Italie) cette croissance a été nourrie par le développement des réseaux de gaz naturel au cours des quinze dernières années. Dans plusieurs pays, plus de la moitié des logements sont équipés de chauffage individuel à eau chaude. Ce taux atteint presque 9 logements sur 10 au Royaume-Uni et en Irlande, 3 logements sur 4 aux Pays-Bas et plus de la moitié en Belgique et en Italie. Pénétration des systèmes de chauffage individuels dotés de la boucle à eau chaude par rapport au parc de logement global Source : The Boiler Heating System Markets in The European Union, novembre 2006 - BRG Consult. En % Royaume-Uni Irlande Pays-Bas Belgique Slovénie Italie Allemagne France République Tchèque Autriche Suède Hongrie République Slovaque Grèce Finlande Espagne Danemark Pologne Lituanie Lettonie Estonie Portugal Total 70,7 86,9 54,2 85 67,4 74,9 45,4 61,6 53,4 56,5 38,2 54,6 32,6 46 36,5 45,8 17,3 41,8 32,8 38,6 32,8 37,7 30,9 34,5 27,2 33,8 32,9 32 29,9 28,7 10,1 27,4 30,4 26,4 19,8 24,5 13,4 17,9 9,9 11,6 5,5 8,7 0,5 4,6 35,7 47,2 1990 2004 Dans les pays qui ont connu un développement récent de leur équipement, le chauffage individuel à eau chaude représente un système de référence, comme en Espagne, avec plus des deux tiers du parc de logements équipés d un chauffage centralisé. 7]

[8 Stagnation de la part relative du chauffage collectif et stabilité du chauffage urbain La part relative des solutions de chauffage collectif tend à reculer en Europe. Elles sont passées en dessous de 20% des logements ces dernières années. L Allemagne représente à elle seule 40% des appartements européens équipés d un chauffage collectif. Le chauffage urbain représente globalement et depuis plusieurs années 10% des logements européens, mais ce chiffre recoupe des réalités très différentes selon les pays ou les régions d Europe. Dans les Etats de l ex-bloc communiste, les systèmes de chauffages urbains ont été préférés dans le passé et se caractérisent par leur vétusté et leurs performances médiocres, faute de modernisation. Toujours en place, ils concernent encore en moyenne 35% du parc de logements dans cette région de l Europe. Quelques pays d Europe occidentale disposent également traditionnellement de réseaux de chaleur, mais à un niveau moindre comme en Allemagne (9% des logements dans sa région occidentale), aux Pays- Bas (4% des logements) et en France (6%). Par contre de nouveaux réseaux de chaleur s appuyant sur des technologies innovantes, notamment les énergies renouvelables, se sont particulièrement développés au Danemark où ils représentent environ 60% des logements, ainsi qu en Suède, en Finlande et en Autriche. L exception électrique française 1 En 2004, dans l Union européenne, les systèmes de chauffage centralisés hors boucle à eau chaude (convecteurs, radiateurs électriques et planchers ou surfaces chauffantes électriques, climatisations réversibles et radiateurs à gaz) représentaient à peine plus de 6% du total des logements équipés de systèmes organisés. Ces chauffages sont presque tous électriques et concentrés dans un tout petit nombre de pays, la France arrivant largement en tête avec 25% de son parc de logements chauffé à l électricité, soit quatre fois plus que la moyenne européenne. En % France Finlande Suède Royaume-Uni Lettonie Après une baisse de régime d une dizaine d années, le rythme d installation de chauffages électriques en France a repris depuis la fin des années 90 et atteint désormais environ 70% des logements neufs. La France est ainsi le seul des grands pays européens dont le parc de logement voit la part du chauffage électrique direct s accroître. Une tendance qui n est pas sans conséquence sur le plan énergétique et environnemental comme on le verra plus loin. 1. Le chauffage en Europe : Pénétration des systèmes de chauffage hors boucle à eau chaude par rapport au parc de logement global (systèmes tout électrique essentiellement) Source : The Boiler Heating System Markets in The European Union, novembre 2006 - BRG Consult. Espagne Belgique Autriche Allemagne Slovénie République Slovaque Italie Total 8,9 9,6 7,7 2,4 6,1 3,8 5,8 5,7 4,2 4,5 3,4-2,5-1,6 1,7 1,6 1,2 1,1 6,3 6,6 1990 2004 21,1 16,8 18,4 14,8 24,6

état des lieux, tendances et prospective 1.2. Des solutions de chauffage multiples et en pleine évolution Le chauffage à eau chaude, une tradition européenne pérenne Avec plus de 5,5 millions d unités livrées en 2007 dans l ouest de l Europe contre 5,8 millions en 2005 (source EHI), le marché des chaudières est le plus important marché des équipements de chauffage en Europe. Dans le domaine des chaudières individuelles, les chaudières murales gaz sont souvent prédominantes, notamment au Royaume-Uni, en Italie et au Pays-Bas, et cette tendance s accentue dans l ensemble des pays européens. La part des chaudières classiques, murales ou au sol, équipées de brûleurs atmosphériques ou à air soufflé, largement majoritaire au début de la décennie, décroît à mesure du développement de la condensation, qu il s agisse des chaudières individuelles ou collectives. Cette part atteignait 64% en 2005 et 47% en 2007 (source EHI). Les réseaux de chaleur se sont bien développés dans des pays comme le Danemark ou l Allemagne (notamment en fonctionnement géothermique). Ils permettent de bénéficier du très bon rendement sur énergie primaire des installations de cogénération de grande puissance, ainsi que de la géothermie grande profondeur (1 500 m 2 000 m et plus) où l on trouve, dans certaines régions, des nappes d eau chaude directement exploitables. La croissance de ces réseaux devrait se poursuivre dans ces régions où elle correspond à une orientation de politique énergétique (en Allemagne notamment) et au développement des technologies de cogénération collective, des énergies renouvelables dans le mix énergétique des réseaux. La possibilité de distribuer du froid via des réseaux peut également rendre cette technologie attractive pour le sud de l Europe. La construction de logements sociaux, auxquels les réseaux de chaleur sont souvent associés est un autre moteur de développement en Europe, d autant que cette technologie a fait des progrès considérables en terme de performance et d émissions de CO 2. Pour ce qui est des chaudières à combustibles solides, les chaudières traditionnelles à charbon appartiennent au passé. Le parc de chaudières fonctionnant au charbon installé en Europe a chuté de 40% en 15 ans face à la volonté des Etats de remplacer ce type de chauffage très polluant, principalement par du gaz naturel. En ce qui concerne les chaudières bois ou biomasse, elles connaissent un nouvel essor dans un certain nombre de pays, notamment nordiques ou germaniques ainsi qu en France. Les autres systèmes de chauffage restent minoritaires, sauf en France Les solutions de chauffage à air chaud sont essentiellement électriques et marginales en Europe où elles représentent moins de 1% des équipements de chauffage. Les solutions électriques sont concentrées dans un petit nombre de pays, la France étant de loin le leader du chauffage électrique. Le degré d implantation du chauffage électrique est directement lié à la politique ou aux ressources énergétiques des Etats (développement du nucléaire et /ou tarification régulée), comme en France et au Royaume-Uni... Les pays qui ont ou ont eu une tradition nucléaire et hydraulique 9]

[10 ont également un parc significatif de systèmes de chauffage électrique (pays scandinaves, Allemagne). La climatisation est peu présente en Europe comparativement aux autres pays de l OCDE (100% au Japon et 80% aux USA). Elle a longtemps été considérée comme une option luxueuse et bien que les changements climatiques annoncés stimulent la demande (cf. canicule de 2003), elle souffre encore d une mauvaise image en termes de coût et d environnement. La climatisation connaît un nouvel essor, notamment en France, en Italie et en Espagne, depuis 2000, par l intermédiaire des pompes à chaleur réversibles (air-air) qui disposent d une fonction rafraîchissante et à l addition d une fonction chauffage sur bon nombre de modèles de climatisation. Les inconvénients de cette solution sont l impossibilité de produire de l eau chaude sanitaire et la consommation d électricité induite annuellement. Des technologies performantes en voie d intégration Les chaudières à condensation, les pompes à chaleur et les chaudières à bois ou à biomasse sont déjà des technologies éprouvées capables d assurer la transition du parc installé vers des solutions plus économes en énergie ou en émission de gaz à effet de serre. La technologie de la condensation est déjà largement développée. Dans certains pays elle représente une part majoritaire des ventes de chaudières. Dans les dix principaux pays d Europe de l Ouest 3, la 3 Sources : GFCC et EHI Association of the European Heating Industry Données concernant l Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, l Allemagne, l Italie, les Pays-Bas, l Espagne, la Suède, la République Tchèque et le Royaume-Uni. 1 condensation est déjà majoritaire en 2007 (54% des chaudières livrées) mais avec de fortes disparités (de 1% des matériels vendus en Espagne à 95% de ceux commercialisés au Royaume-Uni où la condensation est devenue obligatoire en 2005). La France se situe à un taux deux fois inférieur à cette moyenne ouest-européenne. Les pompes à chaleur (PAC air-air, air-eau, eau-eau) connaissent un essor récent, à l exception de la Suède, pionnière de la pompe à chaleur dans les années 1980. Ce pays représentait encore en 2007 presque à lui seul la moitié des ventes de PAC dans les dix principaux pays européens (source EHI). Le développement est également soutenu en France et en Allemagne depuis quelques 1. Le chauffage en Europe : Marché total - 10 pays d Europe de l ouest : part de la condensation dans les livraisons totales de chaudières gaz et fioul Source : GFCC et EHI - Association of the European Heating industry En % Autriche Belgique France Danemark Irlande Pays-Bas Espagne Suède Suisse Royaume-Uni Total 0 0 1 2 2005 2006 2007 11 7 11 9 13 19 20 24 22 15 19 32 35 35 36 45 45 47 45 53 59 63 54 66 85 89 91 92 95

état des lieux, tendances et prospective années, la France se classant, en 2006-2007, au deuxième rang européen en terme d unités vendues pour les PAC air-eau et eau-eau. Le coût élevé de l installation rend toutefois ce type de matériel très sensible aux incitations fiscales sans lesquelles sa pénétration se ralentirait considérablement. Le chauffage au bois ou à biomasse a été soutenu en France ou dans les pays germaniques et nordiques où il rencontre un accueil favorable. Les prévisions font toutefois état de parts de marché directement liées à la disponibilité en combustibles, bûches et granulés, et à l organisation des réseaux de production et de distribution de ces combustibles. Ces systèmes, fondés sur une énergie renouvelable faiblement émettrice d émissions de CO 2 par convention voient la poursuite de leur développement également liée à la mise sur le marché de matériels garantissant de très faibles émissions polluantes. Le solaire thermique est une technologie essentiellement utilisée pour produire de l eau chaude sanitaire (plus de 80% des matériels installés, selon une étude conduite dans douze pays européens). Lorsqu elle est utilisée pour le chauffage du logement, c est le plus souvent en complément d une chaudière conventionnelle, car rares sont les régions où les conditions d ensoleillement sont suffisantes pour que le solaire thermique puisse couvrir la totalité des besoins en énergie de chauffage. Il permet cependant de faire baisser les émissions de CO 2 des systèmes traditionnels auxquels il est associé. Cette technologie basée sur les énergies renouvelables reste encore inégalement développée en Europe. Elle est implantée de manière très disparate et pas uniquement pour des raisons climatiques : par exemple, en 2004, 40% du parc de capteurs européens se trouvaient en Allemagne où le gouvernement a fortement encouragé le développement de cette technologie. C est à Chypre, en Grèce et en Autriche que sont produits le plus grand nombre de kilowatt/heure solaires thermiques par habitant. Récemment, les installations ont été très dynamiques en Espagne et en Italie : suite à de nouvelles réglementations le nombre de mètres carrés de capteurs vendus en Italie a ainsi augmenté de près de 85% en 2007. Pour le futur, il est certain que cette technologie, dont les performances ne cessent de s améliorer et dont les produits sont plus abordables, devrait poursuivre son développement. Et des technologies prometteuses La micro cogénération permet de produire à la fois de la chaleur et de l électricité. Aujourd hui en développement, cette solution induit des bénéfices environnementaux et des économies pour le particulier : son intérêt réside dans la production décentralisée d électricité et la réduction d émission de gaz à effet de serre, notamment grâce à la décentralisation de la production d électricité au plus près du consommateur et à ses très bonnes performances énergétiques (fort rendement). Cette technologie est aujourd hui au stade de ses premiers pas commerciaux. Encore au stade expérimental, la pile à combustible est un générateur qui produit de l'électricité à partir d hydrogène ou de gaz. C est une autre voie pour la production combinée de chaleur et d électricité à l horizon de la prochaine décennie. Le fonctionnement d'une telle pile, lorsqu elle est alimentée à partir d hydrogène, est particulièrement favorable à son environnement local, puisqu'il ne produit que de l'eau. 11]

[12 Les chiffres et les observations de ce panorama européen amènent un certain nombre de conclusions sur l état, le devenir et les problématiques du marché du chauffage au sein de l Union européenne. La protection de l environnement est un facteur-clé d évolution du chauffage en Europe La prise de conscience des impacts environnementaux du chauffage par les autorités comme par le grand public, suite aux sommets de Rio et de Kyoto, s est développée lentement et inégalement en Europe, avec historiquement trois niveaux de sensibilité : les pays d Europe de l Ouest sensibles aux enjeux environnementaux (pays du Nord, Pays-Bas, Allemagne, Autriche et Suisse) ; les pays d Europe de l Ouest en voie de sensibilisation aux enjeux environnementaux (Royaume-Uni, France, Irlande, Belgique, Italie, Espagne, Portugal et Grèce) ; les pays d Europe de l Est où la fourniture de chauffage était considérée comme plus importante que la prise en compte des changements climatiques ou l épuisement des énergies fossiles. Ces différences sont cependant en train de s estomper. Les régions traditionnellement les moins sensibles aux enjeux environnementaux rejoignent progressivement les pays les plus impliqués. Le Royaume-Uni, 1 par exemple, a fait un grand bond en avant en termes de réduction des gaz à effet de serre en passant massivement à la technologie de la condensation. 1.3. Prospective : comment concilier environnement et réalités économiques? Ces enjeux ont progressivement été traduits par des directives européennes et les législations nationales qui ont influé à la fois sur les tendances des produits et les technologies établies. Les chaudières conventionnelles modernes, bien que n utilisant pas la condensation, ont gagné en efficacité et réduit leurs émissions. Le développement des chaudières à condensation et des pompes à chaleur, ainsi que le renouveau des chaudières à biomasse sont des illustrations parmi d autres de ces nouvelles priorités environnementales. L efficacité énergétique et environnementale nécessite des investissements L analyse globale des comportements européens masque des différences importantes d un pays à l autre comme, par exemple, le coût des équipements, notamment entre des marchés aux produits très sophistiqués, comme la France et l Allemagne, et des marchés émergents comme ceux des pays de l Est. Le cabinet BRG Consult a toutefois évalué les coûts d achat, d installation et d exploitation des principales solutions de chauffage existant en Europe. 1. Le chauffage en Europe :

état des lieux, tendances et prospective Classification des différents systèmes de chauffage en fonction de leur coût global (installation et fonctionnement) Type de chaudière Coût du système Coût d installation Coût du système et de l installation Coût de fonctionnement Chaudière murale gaz Sans condensation Avec condensation ** *** *** *** ** *** *** ** Chaudière sol gaz Sans condensation Avec condensation ** *** *** *** ** *** *** ** Brûleur fioul - **** **** *** *** Combustibles solides Traditionnel Haute efficacité (pellet) ** ***** *** **** *** **** *** *** Pompes à chaleur Air-eau air ambiant Air-eau extérieur géothermie **** **** ***** *** ***** ****** **** **** ***** ** * * 13] Tout électrique - Climatisation réversible - * * * **** ** ** ** **** Source : The Boiler Heating System Markets in The European Union, novembre 2006 - BRG Consult. Il ressort de ce panorama européen que les matériels utilisant les énergies renouvelables sont les plus onéreux à acquérir et installer (solaire thermique, géothermie, biomasse...). L efficacité énergétique et environnementale coûte cher, notamment dans la construction neuve où le décideur est plus souvent le promoteur que l utilisateur du logement. Ainsi, en France, alors que sept constructeurs de maisons individuelles sur dix considèrent la géothermie comme le système idéal de chauffage, ils retiennent trois fois sur quatre un mode de chauffage électrique direct (convecteurs, panneaux rayonnants, planchers rayonnants 4 ). Dans ce contexte, la réglementation et les différentes incitations des Etats prennent une dimension essentielle. 4 Etude Energies et Avenir Batim-Etudes Le choix des systèmes de chauffage dans les logements neufs, 2007.

1. Le chauffage en Europe : [14 Une politique européenne de la performance énergétique qui monte en puissance La réglementation sur les bâtiments peut avoir un impact très fort sur le choix des systèmes de chauffage, notamment avec l application de la directive 2002/91/EC sur la performance énergétique des bâtiments. Cette directive fournit aux Etats membres une méthode intégrée de calcul d efficacité énergétique, fondée sur toute une série de facteurs comme l'emplacement des installations du bâtiment, du chauffage, du refroidissement et de l'éclairage. Sur la base de cette méthode, les Etats membres sont libres de fixer leurs propres seuils de performance énergétique. Elle devrait fortement influencer les matériels et les systèmes de chauffage, tout au moins dans le neuf ou les grands projets de rénovation. La mise en place de cette directive EPBD Energy Performance of Buildings directive était fixée à 2006, mais la plupart des Etats membres l'ont cependant repoussée à 2009. L Allemagne et le Royaume-Uni sont toutefois en avance sur leurs voisins. A ce jour, la France a pour une large part appliqué cette directive et, avec le Grenelle, pris de l avance sur certains points, notamment concernant l objectif de consommation d énergie primaire dans les logements neufs. Fixé à 50kwh/m 2, il rentrera en application dès 2012. La Directive éco-conception des produits utilisant de l énergie (EuP), qui prépare des mesures d application à l horizon de la prochaine décennie (2010-2012), va également influencer les systèmes de chauffage et d eau chaude sanitaire. Rappelons que, plus largement, la France s est engagée d ici 2020 à porter à 20% de son mix énergétique les énergies renouvelables et à réduire de 20% ses émissions de carbone et sa consommation énergétique. Un enjeu majeur : la rénovation du parc de logements existants Toutes les études montrent l enjeu que représente le parc existant pour la maîtrise des consommations d énergie. Elles montrent aussi la difficulté de stimuler des travaux d amélioration de la consommation énergétique. Par exemple, en France, bien que 61% des nouveaux propriétaires jugent les recommandations du Diagnostic de Performance Energétique pertinentes, seule une petite moitié des personnes interrogées (47%) déclarent que le DPE les incite à prévoir des travaux d améliorations énergétiques 5. La rénovation des maisons et appartements appartenant à des particuliers constitue un défi particulièrement difficile à relever dans ce cadre. Le gisement d économies y est pourtant immense ; en France par exemple, les particuliers consomment la moitié de l énergie du parc immobilier existant, tertiaire inclus. Le taux de renouvellement actuel des 14 millions de chaudières y est inférieur à 5% par an, alors que chaque renouvellement d un système vétuste permet d économiser jusqu à 30% de CO 2 émis. De même, on estime que la moitié seulement du parc installé de systèmes de chauffage fait l objet de contrats d entretien. Pourtant, la 5 Etude Energies et Avenir Batim-Etudes Etude de perception sur le Diagnostic de Performance Energétique, 2008.

état des lieux, tendances et prospective maintenance à elle seule peut engendrer jusqu à 10% d économies d énergies et un contrat d exploitation, jusqu à 20 ou 25% dans le logement collectif. On peut ajouter que les projets de constructions neuves sont stables et que la pénétration du chauffage organisé est proche de la saturation. En matière de chauffage, l amélioration de la performance énergétique et la diminution des émissions de CO 2 seront donc essentiellement portées par le marché de la rénovation. Côté technologies : un éventail de possibilités, mais pas de solution miracle La condensation apparaît aujourd hui comme une technologie performante, immédiatement disponible et bien adaptée au marché du neuf comme du remplacement. Elle permet d atteindre des performances équivalentes à celles des pompes à chaleur en termes de consommation d énergie primaire et peut accueillir des sources d énergies renouvelables complémentaires comme le solaire thermique. Son succès croissant en Europe atteste de ses qualités. Elle est cependant loin d être devenue le standard du marché, notamment en France, où sa part dans le total des livraisons d équipement est inférieure à 28% en 2007 (Source EHI). Les chaudières biomasses constituent une solution de chauffage amenée à se développer dans les régions propices à la production de leurs combustibles, pour des raisons de distribution. Les travaux de sa filière pour optimiser la gestion de ses émissions polluantes devraient influencer sa diffusion. Les pompes à chaleur (air-eau, géothermie) sont promises à un bel avenir, mais la hauteur des investissements initiaux laisse penser que cette solution aura encore besoin, dans les années à venir, de soutien financier. La question de la formation des professionnels au niveau de l installation de ces équipements, de l évaluation et du maintien de leurs performances et de la réglementation en vigueur est une autre contrainte qu il convient de résoudre. Enfin, il ne faut pas oublier qu en deçà de -15 Celsius, cette technologie perd considérablement en efficacité. Les réseaux de chaleur, du fait des importantes infrastructures associées à cette technologie, restent une bonne solution dans les pays qui ont déjà développé des réseaux de ce type. Ils constituent un bon moyen pour utiliser les ressources géothermiques situées à grande profondeur, ainsi que la cogénération de grande puissance. Le solaire thermique connaît un développement récent partiellement en raison des initiatives incitatives ou réglementaires mises en place dans de nombreux pays comme l Espagne, la France l Allemagne et l Autriche notamment. Néanmoins, cette solution fonctionne de manière optimale dans les conditions climatiques où le chauffage est le moins nécessaire. Parmi les solutions d avenir, les premiers systèmes de micro cogénération sont arrivés sur le marché, en Allemagne et au Royaume-Uni. On devrait constater ses premiers développements de parts de marché d ici quelques années. Les piles à combustible sont, quant à elles, encore au stade expérimental et sont attendues à un stade opérationnel à l horizon de la prochaine décennie. 15]

[16 1 1. Le chauffage en Europe : état des lieux, tendances et prospective La formation des professionnels aux nouvelles technologies est une condition sine qua non pour réussir la conversion vers les énergies renouvelables La formation des professionnels assurant l installation et la maintenance des systèmes de chauffage à eau chaude est un véritable enjeu, comme l ont montré les difficultés qu ont connues les premières vagues de développement des pompes à chaleur ou du solaire thermique dans bon nombre de pays européens précurseurs dans les années 70 et 80. Avec l avènement ou le développement de nouvelles sources d énergie (solaire, géothermie, systèmes combinés associant solutions de chauffage traditionnelles et ENR ) et l apparition de nouveaux générateurs de plus en plus sophistiqués (pompes à chaleur, chaudières à condensation, micro cogénération, etc.), les Etats qui commencent à développer ce type de solutions et leurs filières professionnelles doivent s assurer qu ils disposent de la main-d œuvre compétente.

2. Situation et politique dans six pays de l Union européenne 2.1. Le Royaume-Uni 2.2. La France 2.3. L Espagne 2.4. La Suède 2.5. L Allemagne 2.6. L Italie 217]

2. Situation et politique [18 2.1. Le Royaume-Uni Un parc immobilier composé en majorité de maisons équipées de systèmes de chauffage au gaz (90%). Un parc de chaudières atypique, pour des raisons historiques, composé de nombreux sous-segments. Une réglementation volontariste ayant entraîné un renouvellement massif et rapide du parc de chaudières au bénéfice de la condensation (1 er marché européen en volume en 2007). Des solutions alternatives à la chaudière sous représentées. 1. La situation énergétique Le Royaume-Uni produisait traditionnellement une grande partie de l énergie qu il consommait, celle-ci étant essentiellement d origine fossile (pétrole, gaz, charbon). Depuis 2005, la politique énergétique du pays a changé et s est tournée à nouveau vers l énergie nucléaire ainsi que les énergies renouvelables pour certaines régions. En 2004, la consommation en énergie primaire du Royaume-Uni représentait 232,1 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) : Carburants solides : 38,3 Mtep..16,5% Pétrole : 81,6 Mtep...35,1% Gaz : 87,4 Mtep...37,6% Nucléaire : 20,6 Mtep...8,9% EnR : 3,7 Mtep...1,6% Autre : 0,6 Mtep...0,3% Electricité : 0 Mtep (29,2 en énergie finale)...0,0% 2. Les caractéristiques du parc installé et du marché britannique Le parc immobilier britannique se compose à 80% de maisons. 95% des logements disposent d un système de chauffage. Le chauffage individuel est largement prédominant : 0,6% seulement des logements sont équipés de systèmes de chauffage collectifs et le chauffage urbain n est quasiment pas représenté. 90% des systèmes de chauffage du parc sont alimentés en gaz et environ 80% des logements ont accès au gaz naturel (seule l Irlande du Nord est mal desservie). Le parc des chaudières reste atypique par rapport à celui de l Europe continentale et très diversifié. Un parc de chaudières spécifiques (systèmes ouverts) existe par exemple uniquement au Royaume-Uni pour des raisons législatives et historiques liées à la salubrité de l eau chaude sanitaire : ces chaudières gaz murales en fonte qui sont vétustes et fonctionnent avec une efficacité énergétique inférieure à 65%, pour les plus anciens modèles, représentaient toujours, en 2004, 26% des chaudières du parc. 4% des logements sont encore équipés de chaudières à pétrole et 1,5% de chaudières à charbon. 90% des chaudières vendues aujourd hui sont murales dont 80% sont des modèles à condensation.

dans six pays de l Union européenne Les systèmes de chauffage électrique sont relativement peu représentés bien que le marché du chauffage électrique britannique soit le second d Europe, loin derrière la France : on ne compte que 6% de logements équipés de chauffages tout électrique. 2% des logements disposent d un système de chauffage électrique autre qu à accumulateurs de chaleur. L eau chaude sanitaire est principalement assurée par les chaudières : 87% des logements britanniques utilisent de l eau chaude sanitaire chauffée par la chaudière du chauffage. 3. Les tendances Le marché de remplacement et de la primo installation devraient porter la demande jusqu en 2025. Le marché des pompes à chaleur a tardé à se développer jusqu à présent du fait, notamment, de la mauvaise isolation des bâtiments anciens : seules 1 500 PAC ont été vendues en 2007 (PAC air-eau et eau-eau). Ce segment a néanmoins connu une croissance de ces ventes de 60% entre 2005 et 2006 et de 200% en 2007, ce qui démontre qu il entre dans une phase prometteuse. Avec 2,3% du marché européen du solaire thermique, le marché britannique reste sousdéveloppé. Il a connu cependant une croissance récente avec une hausse de 25% entre 2005 et 2006 grâce au progrès technologique et au coût croissant des énergies traditionnelles, d autant que le gouvernement subventionne ce système de chauffage, mais les ventes ont stagné en 2007. 4. Les incitations La réglementation de la construction (Building Regulation) de 2005 a révolutionné le marché britannique de la chaudière en rendant obligatoires, à partir de 2005, en cas de remplacement ou d installation, les chaudières à condensation. Le gouvernement pousse au développement de la géothermie, du solaire thermique (TVA réduite à 5%) et des pompes à chaleur air-eau qui sont subventionnées depuis 2003 ( Clear Sky Program ) à hauteur de 1 200 dans le résidentiel anglais et 4 000 dans le résidentiel écossais. 219]

2. Situation et politique 2.2. La France Un taux d équipement des bâtiments élevé et stable. Une domination atypique des systèmes électriques, liée à un parc nucléaire historique qui profite également aux nouvelles technologies basées sur cette énergie. Les pompes à chaleur connaissent un développement plus rapide que le thermique solaire malgré l existence d incitations financières dans les deux cas. Un taux d équipement en chaudières à condensation en progression, mais encore inférieur de moitié à la moyenne européenne. [20 1. La situation énergétique La France est le premier pays producteur d énergie nucléaire de l UE. La production d électricité d origine nucléaire représente environ 40% de son approvisionnement en énergie primaire. La biomasse et l énergie hydraulique sont les deux premières sources d énergie renouvelable et sont conséquentes dans le bouquet énergétique français. En 2004, la consommation de la France en énergie primaire représentait 273,7 Mtep : Carburants solides : 14,1 Mtep..5,1% Pétrole : 92,8 Mtep...33,9% Gaz : 39,2 Mtep...14,3% Nucléaire : 115,5 Mtep...42,2% EnR : 17,3 Mtep...6,3% Autre : -5,3 Mtep...-1,9% Electricité : 0 Mtep (35,8 en énergie finale)...0,0% 2. Les caractéristiques du parc installé et du marché français La pénétration du chauffage organisé est passée de 77% en 1990 à 90% en 2004. La France représente le premier marché européen fonctionnant à l électricité avec environ 25% du parc des logements équipés de ces systèmes de chauffage en 2004. Le chauffage électrique représente, en 2007, 70% des systèmes de chauffage installés dans le neuf alors qu il ne représentait, en 2000, que 43% (source : Batim Etudes, baromètre trimestriel). La pénétration des climatisations réversibles en tant que système de chauffage était encore inférieure à 5% en 2004 et leurs ventes étaient concentrées à 70% dans le sud de la France, mais ce marché total de la climatisation a été multiplié par 5 entre 95 et 2004, notamment dopé par la canicule de 2003. 46% des ventes concernent la primo installation résidentielle et 40% le tertiaire. Le marché de la boucle à eau chaude est dominé par les chaudières murales gaz individuelles. Dans le total des chaudières gaz et fioul (murales ou sol), les chaudières à condensation connaissent depuis 2003-2005 un taux de progression important et atteignent en 2007 25% des ventes (Source GFCC) grâce notamment à la politique d incitation fiscale mise en place en 2001 et aux efforts de la filière. Les chauffages collectifs représentent 16% du parc de logements et le chauffage individuel basé sur la boucle à eau chaude, 44%. 65% du parc des chaudières individuelles est alimenté par le gaz (chiffre 2004), 32% en fioul et 3% en combustible solide. La France est l un des marchés d Europe les moins développés en termes de technologie thermique solaire (3,7% du parc européen de capteurs en 2007) mais elle connaît depuis une croissance importante : en 2004, les ventes de capteurs solaires thermiques en France représentaient 10% des ventes européennes, avec 235 000 m 2 (Source EHI). Les réseaux de chaleur (chauffage urbain) représentent 6% de la chaleur distribuée dans les secteurs résidentiel et tertiaire.

dans six pays de l Union européenne 3. Les tendances La tendance du chauffage tout électrique à gagner des parts dans le neuf ne cesse de s accentuer, du fait du faible coût d installation du chauffage électrique direct, mais aussi du développement récent des pompes à chaleur, de la hausse des prix des énergies fossiles et de l image environnementale positive de l électricité qu a su créer l opérateur historique. Les systèmes performants en termes de consommation énergétique ou associés à des énergies renouvelables se développent : la croissance du solaire thermique s est accélérée en France depuis 2004 et se stabilise à un niveau de développement élevé puisque, depuis 2006, elle est le troisième pays européen en terme de vente en volume de cette technologie, après l Allemagne, l Italie, et devant l Espagne (Source EHI) ; le marché des pompes à chaleur (hors airair) encouragé par des programmes de certification et d incitations depuis 1995 et qui connaît depuis 2004 un développement rapide devrait se poursuivre : la France est, en 2007, le second marché le plus dynamique d Europe, derrière la Suède, avec 69 000 PAC vendues. Le Grenelle de l environnement en cours devrait fortement influencer les prochaines tendances de l ensemble de ces marchés. 4. Les incitations La France a mis en place des politiques incitatives en matière d efficacité énergétique depuis les années 1990 qui ont porté leurs fruits : Les crédits d impôt : en 1999, l ADEME a lancé le Plan Soleil pour stimuler le marché du thermique solaire, assorti d un plan d incitation financière avec un crédit d impôt de 40 à 50%. Ces mesures ont engendré un regain d intérêt pour ce type de solution qui devrait continuer à s accentuer ; les ventes de chaudières à condensation ont presque doublé entre 2005 et 2007 (77 900 à 150 000 unités) grâce à un crédit d impôt porté en 2005 de 25 à 40% pour les logements existants. Il reste toutefois une marge de progression importante pour faire de la condensation l équipement de référence ; aujourd hui, tous les systèmes de chauffage basés sur des énergies considérées comme renouvelables bénéficient d un crédit d impôt de 50% : - toutes les pompes à chaleur. Ces mesures ont contribué à renforcer le redémarrage du marché des pompes à chaleur observé depuis 2004, - les chaudières bois, biomasses, - les systèmes de production d électricité à base d énergie renouvelable (éolienne, hydraulique, photovoltaïque...) pouvant alimenter un système de chauffage ou assurer la production d eau chaude sanitaire. Les incitations financières apportées par les distributeurs d énergie, notamment les Certificats d économie d énergie. La cogénération fait l objet d une incitation par le biais d un système de rachat d électricité. Les programmes de certification et d incitations de l ANAH ont également contribué au développement du marché des pompes à chaleur en accordant une subvention variable selon le propriétaire (occupant ou bailleur) pouvant aller jusqu à 20% du montant des travaux, ainsi que la possibilité de primes : 900 (PAC Air- Eau), 1 800 (PAC à capteurs enterrés). Il existe enfin des aides régionales, type primes, selon les régions pour certains types de pompes à chaleur (% du prix du forage par exemple) et d équipements solaires. Le Grenelle de l environnement travaille dans deux directions dans le neuf et l existant : l évaluation et la redistribution des politiques incitatives ; la modification des normes de consommations d énergies des bâtiments (Bâtiments Basse Consommation ou Bâtiments à Energie Positive). 21]

2. Situation et politique [22 2.3. L Espagne Un parc de logement peu équipé mais en progression. Un marché des chaudières où la condensation est encore sous représentée. Le développement exponentiel de la climatisation réversible et des PAC air-air grâce à leur usage rafraîchissant. Le solaire, une ENR à fort potentiel désormais encouragée par une politique volontariste. 1. La situation énergétique L Espagne dépend fortement de ses importations d énergie. Sa production d électricité a encore recours au charbon, même si la part du gaz, du nucléaire et des énergies renouvelables ne cesse d augmenter. L Espagne est le deuxième pays d Europe producteur d énergie photovoltaïque. En 2004, l approvisionnement en énergie primaire représentait 140,2 Mtep : Carburants solides : 21,1 Mtep..15,0% Pétrole : 68,9 Mtep...49,1% Gaz : 25,2 Mtep...17,9% Nucléaire : 16,4 Mtep...11,7% EnR : 9 Mtep...6,4% Autre : -0,3 Mtep...-0,2% Electricité : 0 Mtep (19,8 en énergie finale)...0,0% 2. Les caractéristiques du parc installé et du marché espagnol L Espagne connaissait un taux de pénétration du chauffage organisé assez faible d à peine plus de 40% en 2004, en comptant les résidences secondaires. Jusqu en 2010, le taux de primo installation devrait se maintenir puis décroître, soit une pénétration des systèmes de chauffage atteignant 50% des logements en 2010 et 65% en 2025. L Espagne bénéficie d un réseau de gaz en plein développement : en 2004, 25% de tous les logements étaient connectés au gaz naturel. En 2004, 90% des logements disposant de système de chauffage organisé étaient alimentés au fioul ou au gaz (55 et 35%). 27% des logements existants ont un système de chauffage individuel (des chaudières gaz dans 80% des cas). 60% des nouvelles maisons et 40% des nouveaux appartements étaient en 2004 équipés de système de chauffage individuel, essentiellement de chaudières gaz individuelles murales. La condensation représentait en 2007 seulement 1% des livraisons de chaudière gaz et fioul. Les systèmes de chauffage collectif connaissent un renouveau aujourd hui grâce à des systèmes d aide pour passer des anciens systèmes au combustible solide au gaz ou au fioul. Le marché de la climatisation réversible a doublé entre 2002 et 2004, avec l arrivée de matériel à bas prix. Il concurrence les systèmes de chauffage en raison du climat espagnol particulièrement clément.

dans six pays de l Union européenne Le marché des pompes à chaleur reste anecdotique (100 installations de géothermie/pac air-eau en 2004). L Espagne a le meilleur potentiel en termes d exploitation de l énergie solaire : elle ne représentait que 5,6% du marché européen en 2004, mais les ventes de systèmes solaires thermiques ont augmenté de 30% entre 2005 et 2006 et de 57% entre 2007 et 2008. 3. Les tendances En 2005, le marché des chaudières a connu sa plus forte croissance depuis des années grâce à la construction neuve, à la pénétration des systèmes de chauffage organisé, notamment via le réseau gaz qui s est beaucoup développé. L Espagne étant désormais largement équipée, on s attend à un doublement de la demande de remplacement de matériel à partir de 2010. Les chaudières murales classiques devraient rester la référence, sauf changement législatif stimulant le marché de la condensation. On s attend au développement de petites pompes à chaleur air-eau destinées aux petites maisons individuelles. Le solaire commence à bénéficier de la nouvelle réglementation qui rend obligatoire l installation de solaire thermique dans la construction neuve et les rénovations, même si 95% des installations sont exclusivement dédiées à la fourniture d eau chaude sanitaire. 4. Les incitations La politique énergétique de l Espagne a pour objectif de réduire la dépendance au pétrole, notamment par la promotion des énergies renouvelables. En 2005, la promulgation du New Technological Code for building a rendu obligatoire l installation du solaire thermique dans le neuf et dans les bâtiments rénovés. En 2007, la croissance des systèmes solaires thermiques a ainsi été de 57,1% par rapport à 2006. Des labels correspondant aux émissions de CO 2 des bâtiments ont été créés, mais ceuxci n ont pas encore de valeur réglementaire. 223]

2. Situation et politique 2.4. La Suède [24 Un marché dominé par le chauffage urbain. Le premier marché de pompes à chaleur mature en Europe. Le marché des chaudières se tourne vers les énergies renouvelables. 1. La situation énergétique La Suède importe environ un tiers de ses besoins en énergie. Les énergies fossiles sont relativement mineures dans le mix énergétique suédois, la priorité de l Etat étant d utiliser les énergies faibles en gaz carbonique. L énergie nucléaire et les énergies renouvelables sont donc les principales sources de production. En 2004, la consommation en énergie primaire représentait 53,1 Mtep : Carburants solides : 2,9 Mtep..15,0% Pétrole : 15,4 Mtep...49,1% Gaz : 0,9 Mtep...17,9% Nucléaire : 20 Mtep...11,7% EnR : 14,1 Mtep...6,4% Autre : -0,2 Mtep...-0,2% Electricité : 0 Mtep (11,2 en énergie finale)...0,0% 2. Les caractéristiques du parc installé et du marché suédois Quasiment 100% du parc des logements suédois est équipé de systèmes de chauffage organisés. 45% du parc des logements est chauffé par des réseaux de chaleur, 9% du parc des logements est chauffé par des systèmes de chauffage collectif, 36% du parc des logements est chauffé par des systèmes de chauffage central individuel (pompes à chaleur comprises), 9% du parc des logements est chauffé par des systèmes de chauffage tout électrique. Le marché des pompes à chaleur a été initié dès les années 1980, en raison de la conscience écologique forte et des fluctuations des prix des énergies, mais n a connu qu un succès éphémère (hors géothermie) en raison de la conjoncture et de l abandon des politiques d incitations, avant de redémarrer en 1996, notamment grâce au développement des pompes air-eau. 100 000 pompes à chaleur ont été vendues en 2004, dont 60% autre que air-air (40 000 géothermiques, 20 000 air-eau). Elles représentent 30% du parc des systèmes de chauffage individuel. Le marché des chaudières est très limité, avec 21 000 unités vendues en 2004. 43% sont à combustible solide, 38% sont électriques, 14% fonctionnent au fioul. En 2005, le marché des chaudières a connu une croissance de 20% grâce aux chaudières à granulés qui représentaient, en 2005, 20% des ventes de chaudières à combustible solide. Le marché du thermique solaire suédois représentait 1,9% du marché européen en 2004, c est le seul pays du nord qui subventionne l achat de ce type de matériel (depuis 1978).