Les édulcorants alternatifs dans un environnement de prix élevés du sucre



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***.mul International Sugar Organization Les édulcorants alternatifs dans un environnement de prix élevés du sucre Mars 2012 MECAS(12)04

Les édulcorants alternatifs dans un MECAS(12)04 Mars 2012

Abrégé 27 mars 2012 Le marché mondial du sucre a connu des prix moyens nettement plus élevés depuis le milieu d année 2009, d où la question : les prix plus élevés du sucre sont-ils en train de transformer la demande en édulcorants? A quel point les édulcorants alternatifs à base d amidon, les édulcorants synthétiques et les édulcorants intenses naturels, sans oublier les édulcorants faiblement caloriques, peuvent-ils ravir des parts de marché au sucre? Cette étude analyse les développements survenus sur le marché mondial des édulcorants, en soulignant la forte croissance annuelle du sirop à haute teneur en fructose ou isoglucose et des édulcorants intenses naturels par rapport au sucre dans les dernières années. Cela dit, le sucre continue de dominer largement le marché mondial des édulcorants (avec une part de 83 % de la consommation mondiale), mais cette domination pourrait-elle être remise en question à plus long terme? L étude examine les points-clés concernant l offre et la demande, les questions de règlementation et d autres facteurs et elle en étudie les effets sur les principaux substituts du sucre afin de déterminer leur potentiel de croissance dans les prochaines années. Dans le cas des édulcorants intenses, alors que les édulcorants synthétiques comme la saccharine, l aspartame et le sucralose continuent d être les produits dominants, les édulcorants intenses naturels et en particulier les édulcorants à base de stévia et de luo han guo sont sur le point de connaître une croissance rapide. Les édulcorants à base de stévia ont déjà ouvert une brèche significative sur le marché des Etats-Unis, en particulier utilisés en combinaison avec d autres édulcorants, dont le sucre, et ils misent sur la tendance actuelle du marché en faveur d ingrédients moins artificiels qui est favorable à l emploi d édulcorants pouvant être commercialisés sous l appellation «naturels». Avec leur récente homologation dans l UE, les édulcorants à base de stévia voient se dessiner des perspectives de croissance rapide et considérable à l avenir. En général, il est anticipé que le marché mondial des édulcorants intenses va connaître une croissance à un rythme plus rapide que le sucre et l isoglucose, qui correspond aux progrès réalisés par les versions de produits et boissons «diet» et «light» qui s imposent de plus en plus. L isoglucose pourrait encore progresser sur le marché mondial des édulcorants ; en particulier dans l UE, au cas où les quotas de production de sucre seraient abandonnés. La Chine pourrait également assister à une autre pénétration de l isoglucose, quoique cette possibilité demeure liée aux perspectives des prix des céréales et du sucre. Les polyols, l autre grande catégorie de produits naturels et faiblement caloriques de remplacement du sucre vont aussi connaître probablement une croissance robuste de leur demande, étayée par le goût des consommateurs de grand marchés-clés pour des aliments naturels. Organisation internationale du sucre i MECAS(12)04

Table des matières Introduction 1 Contexte général 3 Fonctionnalité du sucre et des édulcorants alternatifs 4 Règlementations et autorisations 7 Prix des substituts du sucre 8 A : Sirops à haute teneur en fructose (isoglucose) 11 Croissance de la consommation d isoglucose 11 L ALENA et l isoglucose 13 Marasme de la consommation d isoglucose aux USA 13 Production, coût de la matière première et prix aux USA 16 Renforcement de la pénétration de l isoglucose au Mexique 18 Le Canada et l isoglucose 19 L isoglucose dans l UE affecté par la réforme du régime sucre 19 Asie : Le Japon domine encore mais l attention se tourne vers la Chine 22 Japon 22 Chine 22 Autres pays d Asie 23 Argentine 23 Potentiel à plus long terme pour le sirop à haute teneur en fructose 24 Etats-Unis/Mexique 24 Union Européenne 25 Chine 25 Création de nouveaux marchés pour l isoglucose? 25 B : Edulcorants intenses (synthétiques et naturels) 26 Edulcorants intenses synthétiques 28 La saccharine : toujours dominante 28 Les Etats-Unis, bastion de l aspartame 29 Cyclamates : utilisés principalement en Asie 31 Marché stable pour l acésulfame K 31 Sucralose : Tate & Lyle toujours dominant 32 Le néotame gagne du terrain 34 Feu vert pour Advantame? 35 Edulcorant intenses naturels 35 Stévia : du battage publicitaire à la réalité? 35 Principales autorisations 35 Alliances entre producteurs de stévia et de sucre 39 Les sociétés de stévia s associent aux nouveaux producteurs US 40 Les édulcorants de stévia prennent de l ampleur sur le marché? 41 Décollage du luo han guo (le fruit des moines) 41 Les protéines à goût sucré Thaumatine la plus avancée 43 C : Edulcorants basses calories 44 Alcools polyhydriques (polyols) 45 Facteurs-clés 46 Sorbitol 47 Erythritol 48 Principaux fabricants 48 Organisation internationale du sucre ii MECAS(12)04

Autres édulcorants intenses basses calories 49 Tréhalose 49 Tagatose 50 Les édulcorants alternatifs sur le marché des USA 52 Implications pour le sucre 53 Organisation internationale du sucre iii MECAS(12)04

Introduction Le marché mondial du sucre a connu des prix moyens nettement plus élevés depuis le milieu d année 2009, d où la question : les prix plus élevés du sucre sont-ils en train de transformer la demande en édulcorants caloriques et non caloriques? Les prix élevés du sucre sont-ils en train de créer une opportunité permettant réellement à des édulcorants alternatifs de remplacer le sucre? Ou des questions techniques et économiques vont-elles limiter leur potentiel? Les prix du marché mondial (le prix AIS du sucre brut) étaient en moyenne de 18,2 cents US/livre en 2009, ils ont d abord augmenté à 21,29 cents en 2010, puis à un niveau moyen de 26,01 cents en 2011. Cette question deviendrait d autant plus pertinente si les cours mondiaux du sucre se maintenaient à l avenir à des niveaux supérieurs à ceux d il y a quelques années (en 2008 les prix étaient en moyenne de 12,80 cents). 4,00 3,50 3,00 Fig. 1 : Taux de croissance annuelle de la demande globale en édulcorants 2009-11 2000-10 Pour cent 2,50 2,00 1,50 1,00 0,50 0,00 Sucre Isoglucose Edulc intenses Le marché mondial des édulcorants intenses 1 continue de s accroître à un rythme plus rapide que celui du sucre et de l isoglucose. Il est estimé que dans la période de 2009 à 2011, le marché mondial des édulcorants intenses s est accru de 3,4 % par an, prenant le pas sur la croissance plus modeste de 2,3 % de l isoglucose (malgré une croissance de près de 10 % en 2010) et sur celle de 1,2 % du sucre (dont la demande a connu une contraction de -0,8 % en 2009, en réaction à la hausse des prix et à la crise financière mondiale). Comme cela est également visible à la Fig. 1, la dynamique récente de la croissance relative est différente de celle observée dans la dernière décennie, où la croissance du sucre était en général dépassée seulement par celle de l isoglucose. Même si la consommation mondiale de sucre n a pas connu une croissance aussi rapide que celle des édulcorants intenses et de l isoglucose dans les trois dernières années, comme le montre le tableau 1, la part que représente le sucre sur le marché mondial des édulcorants est encore plus ou moins similaire à ce 1 Egalement appelés édulcorants intenses non nutritifs. Organisation internationale du sucre 1 MECAS(12)04

qu elle était dix ans plus tôt à environ 83 %. En bref, alors que la consommation d édulcorants intenses s accroît, la part qu ils représentent demeure petite comparée au sucre (quoique cette situation puisse varier de façon significative d un pays à un autre). Par contre, la part du marché mondial des édulcorants que représente l isoglucose a baissé dans la dernière décennie de 8,2 % à 7,3 %, cela correspondant essentiellement à la stagnation du marché des édulcorants caloriques (dont le sucre) aux Etats-Unis jusqu à ces derniers temps. En 2010 et 2011, la consommation mondiale d isoglucose s est accrue de 9 % et 4 %, respectivement ; beaucoup plus rapidement que le sucre malgré l envolée des prix des céréales. Cela est dû principalement au décollage de la consommation d isoglucose au Mexique qui a correspondu à l entrée en vigueur du libre-échange dans le secteur des édulcorants en application des accords de l ALENA. Concernant l avenir, le taux actuel de croissance annuelle de la consommation mondiale de sucre va probablement rebondir aux environs de 2 %, la contre-performance récente de cette croissance étant l exception plutôt que la règle. Tableau 1 : Marché mondial des édulcorants (en équivalent sucre blanc) 2 Unité 1985 1990 1995 2000 2005 2009 2010 2011 Sucre Mln de tonnes 91,5 101,5 108,9 117,2 136,4 148,4 151,6 154,9 Edulcorants Mln de intenses tonnes 7,2 8,5 11,5 12,9 16,4 17,0 17,6 18,1 Isoglucose Mln de tonnes 6,2 7,6 9,7 11,7 12,0 12,1 13,2 13,7 Polyols Mln de tonnes 0,5 0,6 0,7 0,7 0,8 0,8 0,9 1,0 Total Mln de tonnes 105,4 118,2 130,8 142,5 165,6 178,3 183,3 187,7 Part sucre % 86,8 85,9 83,3 82,2 82,3 83,2 82,7 82,5 Part édulc. intenses % 6,8 7,2 8,8 9,1 9,9 9,5 9,6 9,6 Part isogl. % 5,9 6,4 7,4 8,2 7,3 6,8 7,2 7,3 Polyols % 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 0,5 Source : Estimations de l OIS. Edulcorants intenses en équivalent sucre blanc. Alors que les édulcorants intenses ne représentaient qu un peu moins de 10 % du marché mondial des édulcorants en 2011 et que l isoglucose n en représentait qu environ 7 %, il y a des variations considérables d un pays à un autre. Les producteurs d édulcorants intenses et d isoglucose espèrent que les prix élevés du sucre vont créer une nouvelle demande pour leurs édulcorants étant donné que les fabricants de produits alimentaires et de boissons recherchent constamment les édulcorants dont l emploi revient le moins cher. Cette étude passe en revue les marchés de l isoglucose, des édulcorants intenses et des édulcorants faiblement caloriques en soulignant, en particulier, les développements récents et les perspectives en termes de croissance du marché et de facteurs déterminant la demande et elle identifie par ailleurs les principaux producteurs et les expansions récentes ou envisagées de leur capacité de production. 2 A part les édulcorants d amidon autres que l isoglucose. Le glucose, le fructose et le dextrose, par exemple, ne sont pas aussi sucrés que le saccharose et ne sont normalement pas substitués au sucre dans un grand nombre d applications alimentaires. Sur le vaste marché des édulcorants des USA ces «édulcorants d amidon» comptent pour moins de 1 % de la consommation totale d édulcorants caloriques, de près de 20 mln de tonnes. Organisation internationale du sucre 2 MECAS(12)04

La première partie de l étude analyse les développements et les perspectives concernant l isoglucose en soulignant le ralentissement de la consommation sur le marché dominant des Etats-Unis, mais la croissance massive de l utilisation d isoglucose observée au Mexique depuis l entrée en vigueur du libre-échange dans le secteur des édulcorants, en application des accords de l ALENA. La croissance rapide de la consommation d isoglucose en Chine est également étudiée, de même que les développements concernant la production et la consommation d isoglucose dans l UE, maintenant que la réforme du secteur sucrier européen est achevée. Un autre point-clé abordé ensuite est le potentiel de développement d une consommation d isoglucose notable dans d autres pays. Dans la seconde partie, l étude se concentre sur les édulcorants intenses et notamment sur les édulcorants artificiels établis de longue date tels que saccharine, cyclamate, aspartame et acésulfame K, ainsi que sur les édulcorants de la deuxième génération tels que sucralose, néotame et advantame. Les édulcorants intenses naturels (dérivés de sources naturelles telles que feuilles, baies et fruits) sont considérés séparément, notamment les édulcorants à base de stévia (soulignés pour leur potentiel considérable après l homologation règlementaire aux Etats-Unis en 2008 et dans l UE à la fin 2011), les édulcorants à base de luo han guo et les protéines sucrées (comme les thaumatines). Dans la troisième partie, l étude se tourne vers les principaux édulcorants faiblement caloriques. Ce groupe comprend les alcools polyhydriques (polyols) ainsi que les édulcorants tagatose et tréhalose dont la consommation pourrait décoller dans les prochaines années. Le dernier chapitre de l étude évalue dans quelle mesure les tendances et les développements des marchés identifiés pour les édulcorants intenses, les édulcorants faiblement caloriques et l isoglucose pourraient avoir un effet sur les perspectives de croissance de la consommation de sucre. Les estimations des niveaux de consommation produites par l OIS sont basées sur la littérature disponible dans ces domaines, y compris mais sans s y limiter les sites Internet des principaux producteurs d édulcorants intenses, les rapports publiés dans la presse, les communiqués de presse et les exposés délivrés à l occasion de conférences. Il y a très peu de statistiques concernant la production, le commerce et les prix d édulcorants autres que le sucre et l isoglucose dans le domaine public. Les industries concernées sont peu enclines à fournir des statistiques et les informations sont souvent de nature privée et confidentielle. Cette rareté des données disponibles explique l absence d une structure normalisée pour étudier chacun des édulcorants concernés dans ce document. Contexte général Les édulcorants peuvent être divisés premièrement entre édulcorants caloriques et non caloriques, et ensuite, pour les non caloriques, entre édulcorants naturels et synthétiques. Les édulcorants non caloriques naturels peuvent à leur tour être divisés entre édulcorants à pouvoir sucrant inférieur (principalement les polyols, le tagatose et le tréhalose) et les édulcorants à pouvoir sucrant élevé comme les édulcorants à base de stévia ou de luo han guo (voir encadré 1). Ce classement a été utilisé en tant que cadre de travail général dans la présente étude. Les édulcorants non caloriques sont généralement des édulcorants intenses utilisés en très petites quantités pour adoucir les aliments. De ce fait, les aliments utilisant des édulcorants non caloriques contiennent peu ou pas de calories apportées par les édulcorants euxmêmes, qu ils soient caloriques ou non. Organisation internationale du sucre 3 MECAS(12)04

Fonctionnalité du sucre et des édulcorants alternatifs Les propriétés des divers édulcorants varient considérablement et ce même en termes de pouvoir sucrant. La qualité et le type de sucrosité peuvent varier sensiblement entre les divers édulcorants. Le sucre 3 est décrit comme ayant un goût propre laissant une sensation sucrée peu prolongée. La thaumatine a un arrière-goût sucré plus persistant et la saccharine a un arrière-goût amer, un inconvénient dont souffrent également les édulcorants à base de stévia. La mesure dans laquelle des édulcorants particuliers peuvent être utilisés dans des applications de produits alimentaires et de boissons spécifiques varie également en fonction de leurs propriétés. En bref, les caractéristiques fonctionnelles et techniques des édulcorants jouent un rôle critique en ce qu elles déterminent leur degré de compétitivité sur le marché et la mesure dans laquelle des édulcorants particuliers peuvent se substituer à d autres dans les domaines d utilisation ou ils sont en concurrence. Encadré 1 : Principales catégories et principaux types d édulcorants Edulcorants Calorique Non-calorique Naturel Synthétique Saccharose Isoglucose-55 Isoglucose-42 Glucose (sirop) Dextrose Fructose cristallisé Pouvoir inférieur Erythritol Isomalt Lactitol Mannitol Maltitol Sorbitol Tagatose Tréhalose Xylitol Pouvoir élevé Edulc. de Luo Han Guo et de stévia Protéines à goût sucré : Brazzéine Thaumatine Advantame Cyclamate Acésulfame K Aspartame Saccharine Sucralose Néotame Le pouvoir est le pouvoir sucrant relatif d un édulcorant comparé au saccharose (à poids égal) Le sucre utilisé en tant qu édulcorant nutritif dans toutes ses applications courantes (sodas exclus) offre d autres avantages en plus du goût sucré ce qui crée des obstacles à son remplacement direct par des édulcorants alternatifs. Les fonctionnalités typiques du sucre sont : pouvoir sucrant, saveur, texture/structure, cristallisation, humectance, solubilité, faible hygroscopicité, point de gel, dépression, effets osmotiques, stabilité à la chaleur et stabilité aux acides. L importance relative 3 Le sucre (saccharose) procure un goût sucré qui se développe rapidement, propre et peu persistant. Ces qualités hautement désirables en font l étalon or du goût sucré. Le sucre est par ailleurs un ingrédient fonctionnel important dans la préparation des aliments. Il contribue à la charge, la texture, la préservation, la saveur et la couleur. Le sucre est cependant un édulcorant nutritif, qui se métabolise facilement et qui produit 4 kcal/g (16,7 kj/g) d énergie. Organisation internationale du sucre 4 MECAS(12)04

de ces fonctionnalités-clés du sucre varie dans les principales catégories d aliments et de boissons. Tableau 2 : Pouvoir sucrant des principaux édulcorants caloriques Saccharose (non raffiné) (sucre roux) 0,92 Saccharose (raffiné) (sucre blanc) 1,00 Isoglucose-55 0,95 Isoglucose-42 0,85 Glucose (sirop de) 0,70 Dextrose 0,85 Fructose cristallisé 1,30 Dans l ensemble, les édulcorants intenses, mis à part les applications dans le domaine des versions «diet» et «light» de sodas, sont incapables de remplacer directement le sucre dans de nombreux procédés de fabrication alimentaire. Les caractéristiques techniques des édulcorants intenses peuvent, cependant, être surmontées parfois par l addition d agents de charge solubles (polyols en particulier), d épaississants, de gélifiants et de conservateurs. Il n en demeure pas moins que dans de nombreux cas le sucre est difficile à remplacer. Par exemple, sa stabilité chimique permet au saccharose d être utilisé dans la cuisson au four et dans d autres procédés impliquant l emploi de températures élevées pour créer le produit. Certains édulcorants intenses comme l aspartame, sont instables quand ils sont exposés à des températures élevées. Contrairement à d autres édulcorants artificiels, le sucralose est stable à la chaleur et il peut par conséquent être utilisé dans les produits cuits au four ou frits. L isoglucose 55 est sans doute le produit de remplacement parfait du sucre dans les sodas, mais il ne convient pas dans l industrie chocolatière. En fait, le succès de l isoglucose varie de façon significative selon les catégories de produits alimentaires. Ses propriétés liquides font qu il a le plus de succès dans les secteurs des boissons, des produits laitiers et des sirops de fruits en conserve. Il supporte moins bien la comparaison au sucre dans les procédés où celui-ci est apprécié pour ses qualités de charge, en particulier dans les produits de boulangeries et de confiserie. En termes de sucrosité relative l isoglucose 55 est comparable au saccharose (voir Tableau 2). L isoglucose 90 est supérieur et l isoglucose 42 est inférieur au saccharose. Substituts naturels du sucre La sucrosité et les densités énergétiques des édulcorants intenses «naturels» (trouvés dans les baies, les fruits, les légumes, les champignons et les feuilles) comparées au saccharose sont indiquées au Tableau 3. Les édulcorants à base de stévia et de Luo Han Guo sont les deux édulcorants intenses naturels les plus connus mais les protéines à goût sucré commencent également à être commercialisées. Les édulcorants faiblement caloriques comme les polyols représentent le principal autre groupe de substituts du sucre issus de sources naturelles. Substituts artificiels du sucre Les édulcorants intenses artificiels connus de longue date (appelés édulcorants artificiels de synthèse et parfois édulcorants chimiques) comprennent la saccharine, les cyclamates, l aspartame et l acésulfame de potassium (acésulfame k). Les Organisation internationale du sucre 5 MECAS(12)04

édulcorants les plus récents comprennent le sucralose 4 et le néotame, tandis que l édulcorant Alitame a été abandonné par son fabricant, Pfizer. La plupart des édulcorants intenses artificiels contiennent peu ou pas de nutriment énergétique et la comparaison de la sucrosité basée sur le contenu énergétique est donc sans valeur. Les sucrosités relatives à poids égal sont représentées au Tableau 4. Les édulcorants intenses artificiels ont une saveur sucrée dont la persistance est plus prolongée et des degrés divers d arrière-goût (ex. amer, métallique) et de nombreuses sociétés commercialisent donc des modificateurs de persistance et des modificateurs de goût. Tableau 3 : Sucrosité relative des substituts naturels du sucre Nom Edulcorants intenses naturels Sucrosité en poids Edulcorant de stévia* 250 Edulcorant de luo han guo 300 Protéines à goût sucré Thaumatine 2,000 Mabinline S.O. Monelline 3 000 Pentadine 500 Brazzéine 500-2,000 Curculine 550 Miraculine Edulcorants faiblement caloriques Polyols S.O. Sucrosité en valeur énergétique Densité énergétique Erythritol 0,7 14 0,05 Isomalt 0,45-0,65 0,9-1,3 0,5 Hydrolysat d amidon hydrogéné 0,4-0,9 0,5-1,2 0,75 Lactitol 0,4 0,8 0,5 Maltitol 0,9 1,7 0,525 Mannitol 0,5 1,2 0,4 Sorbitol 0,6 0,9 0,65 Xylitol 1,0 1,7 0,6 Autres Tagatose 0,92 2,4 0,38 Tréhalose *(contenant principalement du Rébaudioside A, un glycoside de stéviol) 4 Le sucralose est produit à partir du saccharose, il a pour base la structure du saccharose dont trois groupes hydroxyles ont été substitués par trois atomes de chlore. Organisation internationale du sucre 6 MECAS(12)04

L emploi combiné d édulcorants intenses non caloriques a gagné du terrain dans l industrie des boissons et des produits alimentaires en raison de l amélioration du goût et de la baisse de coût que cela permet. Une combinaison de plusieurs édulcorants tend à produire une après saveur ayant plus de rondeur et à réduire les effets indésirables des édulcorants individuels. Cela est désigné par le terme de synergie qualitative. Une combinaison de plusieurs édulcorants peut par ailleurs procurer une sucrosité totale supérieure à la somme des sucrosités des édulcorants respectifs. Cela est désigné par le terme de synergie quantitative. L exemple type de synergie quantitative est le mélange d aspartame et d acésulfame K. Enfin, les édulcorants intenses ne sont pas à l abri de la concurrence émergente de nouveaux produits de haute technologie du genre exhausteurs de goût sucré, comme cela est démontré dans l encadré 2. L impact potentiel de tels exhausteurs, qui permettent effectivement d utiliser 30 à 50 % moins de sucre ou d isoglucose tout en conservant le goût sucré procuré par le pourcentage normal de sucre ou d isoglucose dans certains produits alimentaires, pourrait changer la donne à l avenir. Tableau 4 : Sucrosité relative des édulcorants intenses artificiels Nom Sucrosité (en poids) Acésulfame de potassium 200 Alitame 2000 Aspartame 160 200 Sel d aspartame-acésulfame 350 Cyclamates 30 Néohesperidine dihydrochalcone 1500 Néotame 8000 Saccharine 300 Sucralose 600 Règlementations et autorisations Les édulcorants non caloriques (édulcorants intenses naturels et synthétiques) sont étroitement réglementés par les administrations compétentes dans tous les pays. Ces règlementations peuvent être complexes. Non seulement les limites varient dans les diverses catégories de produits alimentaires, dans certains pays l utilisation combinée d édulcorants caloriques et non caloriques n est pas autorisée. Les définitions «diet», zéro calorie, basses calories, à contenu calorique réduit, varient également d un pays à un autre. Récemment, par exemple, l Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) 5 a autorisé l utilisation de l édulcorant Reb A issu de la plante stévia bien longtemps après que la Food and Drug Administration (FDA) des Etats- Unis ait reconnu l innocuité de l édulcorant par la désignation GRAS (Generally Recognised as Safe). En Australie, la Food Standards Agency of Australia and New Zealand (FSANZ) a déjà approuvé le nouvel édulcorant Advantame, du Japonais 5 La Directive 94/35/CE de l Union européenne (connue également sous le terme «Directive édulcorants») et ses quatre modifications 96/83/CE, 2003/115/CE, 2006/52/CE et 2009/163/UE est un outil important qui limite le niveau auquel certains édulcorants peuvent être présents dans un type d aliment spécifique. Organisation internationale du sucre 7 MECAS(12)04

Ajinomoto. Tous les édulcorants intenses les plus connus ont dû être approuvés par les administrations compétentes dans les pays où ils sont commercialisés. Prix des substituts du sucre Comme cela peut être observé au Tableau 5 et à la Fig. 2, il y a un avantage en termes de prix à utiliser des édulcorants intenses (mais pas toujours dans le cas des polyols) ce qui, ajouté à leur contenu calorique faible ou nul, se prête à l expansion de ce marché. En outre, la hausse et la volatilité récentes des prix du sucre sur de nombreux marchés pourraient avoir conduit les sociétés de production d aliments et de boissons à revoir leurs options. Aux Etats-Unis, au début 2011, les prix de gros d édulcorants intenses comme Splenda (sucralose) et aspartame étaient le cinquième et le dixième, respectivement, du prix du sucre raffiné. Même un mélange subtil 90:10 sucre-édulcorants intenses pourrait contribuer à faire baisser le coût en édulcorant d un produit sans en compromettre la fonctionnalité. Fig. 2 : Amérique du Nord : comparaison du prix des édulcorants et du sucre 120 % (base équivalent sucre) 100 80 60 40 20 0 Sucre Stévia (Reb A Isoglucose 55 Sucralose Cyclamates Aspartame Acésulfame K Saccharine Néotame Source : USDA La Fig. 2 et le Tableau 5 montrent clairement que les édulcorants intenses naturels à base de stévia sont considérablement plus chers que les édulcorants intenses artificiels tels que cyclamates, aspartame, saccharine, acésulfame K et néotame. Le sucralose est le plus cher des édulcorants intenses artificiels. Les polyols sont considérablement plus chers que les édulcorants intenses mais ils sont utilisés typiquement en tant qu agents de charge au lieu d être utilisés directement en tant que substituts du sucre. L isoglucose 55 est environ 50 % meilleur marché que le sucre aux Etats-Unis et en Chine. Organisation internationale du sucre 8 MECAS(12)04

Tableau 5 : Prix départ usine des édulcorants en Chine, juin 2011 Prix USD/tonne Sucrosité comparée Prix par unité de sucrosité au sucre Sucrose 1 115 1 1 115 Glycosides de stévia 182 120 450 360 Sucralose 102 878 800 171 Acésulfame K 8 183 200 41 Aspartame 15 800 200 78 Glycyrrhizine 13 896 150 93 Saccharine 5 200 300 17 Cyclamates 2 470 30 82 Néotame 100 230 8 000 13 Erythritol 5 188 0,7 7 411 Mannitol 3 011 0,8 5 018 Sirop de maltose (80 %) 478 0,9 531 Sorbitol (70 %) 844 0,7 920 Xylitol 918 0.8 10 149 Isoglucose 42 509 1 509 Isoglucose 55 847 1,1 588 Isomaltitol cristallisé 4 839 0,55 8 435 Maltitol (75 % liquide) 727 0,90 808 Source : CCM International Organisation internationale du sucre 9 MECAS(12)04

Encadré 2 : Exhausteurs de goût sucré : variantes high-tech des édulcorants intenses? Les exhausteurs de goût sucré sont des composés utilisés en très petites quantités pour intensifier la saveur sucrée du saccharose (et d autres édulcorants). En bref, ils amplifient l effet sucrant d une quantité donnée de sucre, permettant des économies en termes de coût et une réduction du contenu calorique des boissons et denrées alimentaires. Senomyx et Redpoint Bio sont les leaders de cette technologie. Senomyx fait équipe avec Firmenich pour lancer un exhausteur de saccharose en 2012, tandis que Redpoint Bio collabore avec International Flavors and Fragrances pour la commercialisation d un exhausteur de goût sucré à base de stévia. Le programme Sweet Taste de Senomyx a abouti à la découverte et au développement d un exhausteur de saccharose et d un exhausteur de sucralose qui ont tous deux reçus les autorisations règlementaires aux Etats-Unis. En octobre 2009, l innocuité de l exhausteur de saccharose S6973 de Senomyx a été reconnue par la désignation GRAS, mais la marque a poursuivi les recherches dans d autres exhausteurs de goût sucré. En octobre 2010, la marque a annoncé qu elle allait collaborer avec Firmenich au développement commercial de son exhausteur S6973 dans les applications de boissons, tandis qu en début d année Firmenich avait décidé de procéder à la commercialisation du même exhausteur de goût sucré pour quasiment toutes les catégories d aliments et dans certaines catégories de boissons en poudre. Senomyx perçoit des revenus de l utilisation de ses licences, de paiements jalonnés et de redevances annuelles sur toutes les ventes de S6973. En décembre, le contrat a été étendu pour couvrir la découverte, le développement et la commercialisation d exhausteurs naturels de goût sucré pour le saccharose, le fructose et le Rebaudioside. En avril 2011, Senomyx a reçu un brevet des Etats-Unis pour la production du S2383, un exhausteur du sucralose. 2011 a été une «année déterminante» pour Senomyx en raison des lancements commerciaux des produits de sa marque contenant ses modulateurs «Sweet Taste» : pour la réduction de saccharose (S6973) et la réduction des concentrations de sucralose (S2383). Il n y a sur le marché aucun produit comparable au S6973, qui sans avoir lui-même de goût sucré, permet aux producteurs de réduire de jusqu à 50 %, le contenu en saccharose des produits tout en conservant le même goût sucré que procurait le contenu total de sucre. Cela signifie des réductions du contenu calorique et des économies de coût qui intéressent les multinationales prêtes à lancer leur premier produit utilisant S6973, même si certaines grandes sociétés entendent naturellement protéger leurs marques internationales et ne se sont décidées à changer leurs formules qu après des examens approfondis et des essais auprès des consommateurs. Au début 2012, Senomyx a laissé entendre que Pepsi Co serait intéressé par ses travaux de développement d un exhausteur de saccharose (S9632) qui permettrait de réduire les niveaux d isoglucose dans les aliments et les boissons de jusqu à 33 %, sans sacrifier les préférences de profil sucré et le goût. Redpoint Bio a révélé avoir identifié le RP44, un exhausteur de goût sucré entièrement naturel en juin 2009. RP44 est en fait le Reb C, un composant de la plante stévia. En juin 2010, Redpoint Bio a passé un accord de licence et de commercialisation avec International Flavor and Fragrances pour RP44. L innocuité du produit a été reconnue par la désignation GRAS accordée par la Flavor and Extract Manufacturers Association (FEMA) en octobre 2010. Selon Redpoint Bio, des essais de goût ont révélé que RP44 permettait de réduire de jusqu à 25 % le contenu en édulcorants caloriques de divers prototypes de produits utilisant le sucre, le fructose et l isoglucose. Ailleurs, le producteur de stévia PureCircle a passé en juillet 2011 un accord de distribution à l échelle mondiale portant sur plusieurs années avec Firmenich dans le but d accélérer la commercialisation du nouvel arôme naturel NSF-02 de la société. NSF-02 a déjà reçu la désignation GRAS de la FEMA aux Etats-Unis et il fait désormais partie de la nouvelle gamme d arômes de PureCircle, qui comprend également NSF-01. Ces arômes ont été conçus spécifiquement pour intensifier l arôme, la saveur sucrée et le goût des produits quand ils sont utilisés en combinaison avec les édulcorants à base de stévia, Reb A et SG-95, et avec le sucre ou l isoglucose. Selon les termes du nouvel accord, Firmenich aura le droit exclusif de commercialiser NSF-02 en tant qu ingrédient autonome et en tant que partie de la gamme d arômes de la société. L accord couvre également des collaborations ultérieures entre les sociétés pour accélérer l adoption du nouveau modificateur d arôme à l extérieur des Etats-Unis. Organisation internationale du sucre 10 MECAS(12)04

A : Sirops à haute teneur en fructose Il existe toute une variété d édulcorants caloriques à base d amidon tels que le glucose, le dextrose, le maltose et les sirops de fructose. Tous ne peuvent pas être considérés réellement comme des substituts du sucre étant donné que pour certains, leur utilisation est déterminée par des facteurs autres que l apport de la saveur sucrée (propriétés de charge, de contrôle de la cristallisation, de maintien de l humidité, par exemple). Parmi ces édulcorants à base d amidon (parfois appelés sucres d amidon et sirops d amidon), l étude se concentre plus particulièrement sur les sirops à haute teneur en fructose ou isoglucose qui peuvent être substitués directement au sucre dans plusieurs catégories d aliments et de boissons (voir la section précédente). Etant donné que l isoglucose présente à la base les mêmes caractéristiques que le sucre liquide, il connaît le plus de succès dans l industrie des boissons : aux Etats-Unis le marché des boissons compte pour 94 % des édulcorants consommés par le secteur. Ce type d édulcorant a eu moins de succès dans les applications où le sucre est apprécié pour ses qualités d agent de charge comme cela est le cas dans la plupart des produits de boulangerie et de confiserie. Bien que la majeure partie de l isoglucose (et d autres édulcorants à base d amidon) soit produite à partir du maïs et par conséquent appelée aux Etats-Unis sirop de maïs à haute teneur en fructose (HFCS) (isoglucose encore une fois en français), d autres sources riches en amidon, comme le tapioca ou l amidon de pomme de terre, sont utilisées dans certains pays. Croissance de la consommation d isoglucose Après avoir connu une période d expansion forte et soutenue dans les années 1990, le marché a connu des difficultés pour poursuivre sa croissance depuis l an 2000. Les producteurs d isoglucose ont été confrontés à une instabilité des coûts de leurs matières premières et à une envolée des prix de l énergie. Entre 2000 et 2009, la consommation mondiale de sucre a connu une croissance de 31 mln de t (en équivalent sucre blanc) (soit 26 %) tandis que le niveau de la consommation d isoglucose de 12,1 mln de t mesuré en 2009 n était supérieur que de 4 % à celui de l an 2000. Durant la période intermédiaire, la consommation d isoglucose a atteint son apogée en 2007 à 12,8 mln de t, environ 10 % de plus que le niveau de 2000. Cependant, en 2010 et 2011, la consommation mondiale d isoglucose a connu une croissance plus rapide que celle de la consommation mondiale de sucre (voir Fig. 3). En 2000, à l échelle mondiale, une tonne d isoglucose était consommée pour chaque volume de 9,8 tonnes de sucre tandis qu en 2011 ce rapport avait baissé à une tonne d isoglucose consommée pour chaque volume de 8,9 tonnes de sucre. L industrie des Etats-Unis domine le marché mondial, comptant pour 60 % de la production mondiale et c est également aux Etats-Unis que la consommation d isoglucose a été stagnante ou en déclin durant la majeure partie de la dernière décennie 6. La Fig. 4 montre la répartition par régions de la production mondiale. 6 L isoglucose a eu un impact initial sur le marché des édulcorants américains vers le milieu des années 1970 quand les prix du sucre se sont envolés et que sont apparues les nouvelles technologies utilisant les enzymes. En bref, les Etats-Unis remplissaient toutes les conditions nécessaires à un développement réussi de l industrie de l isoglucose, notamment : (1) un déficit en sucre sur le marché intérieur donnant des prix du sucre élevés ; (2) une offre abondante d amidon à bas prix ; (3) une infrastructure de production et de consommation de produits alimentaires bien développée ; Organisation internationale du sucre 11 MECAS(12)04

Généralement parlant, le coût élevé et les problèmes de logistique posés par le transport et la manutention de l isoglucose sur de longues distances signifient que son commerce en est plutôt limité. La consommation régionale est par conséquent à peu près la même que la production régionale. L augmentation de la production observée aux Etats-Unis dans les deux dernières années est déterminée par l envolée des exportations au Mexique depuis l ouverture du libre-échange sur le marché des édulcorants dans le cadre des accords de l ALENA. Comme cela peut être observé à la Fig. 5, la pénétration de l isoglucose la plus forte est aux Etats-Unis, suivis par le Japon, le Canada, le Mexique et Taiwan qui utilisent également des quantités considérables d isoglucose. La croissance la plus rapide de la pénétration de l isoglucose dans les dernières années a été au Mexique et en Chine. Pour cent 12,0 10,0 8,0 6,0 4,0 2,0 0,0-2,0-4,0-6,0 Fig. 3 : Croissance de la consommation annuelle de sucre et d isoglucose 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Sucre Isoglucose Part isogl. Fig. 4 : Production mondiale d isoglucose, par régions 14 12 mln de tonnes 10 8 6 4 2 0 2001/02 2002/03 2003/04 2004/05 2005/06 2006/07 2007/08 2008/09 2009/10 2010/11 USA Asie Europe Autres amériques RDM (4) les sources de capitaux nécessaires pour financer la recherche et le développement, la construction des usines et équipement ; et (5) une politique gouvernementale favorable. Organisation internationale du sucre 12 MECAS(12)04

Fig. 5 Part de l'isoglucose dans la consommation de sucre et isoglucose % 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 Etats-Unis Japon Canada Mexique Taiwan Argentine Chine UE L ALENA et l isoglucose L isoglucose occupe une place de choix au cœur du marché intégré des édulcorants du Mexique et des Etats-Unis. Aux Etats-Unis, la demande a été orientée à la baisse pendant la majeure partie de la dernière décennie. Les statistiques du ministère de l Agriculture américain (USDA) montrent que la consommation d isoglucose aux Etats-Unis a décliné du niveau de 9,1 mln de t de 2000 à environ 7,5 mln de t (en poids à l état sec) des prévisions de l année 2012, avec une part approximative de 42 % du marché national du sucre et de l isoglucose. Entre-temps, les exportations d isoglucose au Mexique, malgré la forte volatilité d une année à l autre, ont commencé à augmenter de façon significative dans la dernière partie de la décennie précédente, avant même l entrée en vigueur des accords de libre-échange de l ALENA. Le Mexique est normalement un gros importateur d isoglucose étant donné que sa production n est qu une fraction de la consommation nationale, mais dans la première moitié des années 2000, le Mexique a pris des mesures pour bloquer les importations d isoglucose des Etats-Unis, donnant lieu à un différend qui a opposé les deux pays pendant une décennie sur les dispositions du sucre des accords de l ALENA. Alors que le marché de l isoglucose au Mexique est encore considérablement plus petit que celui des Etats-Unis, l utilisation de l isoglucose (importé principalement des Etats-Unis) par le secteur des boissons, s est envolée dans les dernières années dans l environnement de libre-échange établi par les accords de l ALENA (tandis que les Etats-Unis reçoivent près de 1 mln de t de sucre brut et raffiné du Mexique). La consommation d isoglucose au Mexique a augmenté de seulement 0,4 mln de t en 2005 à un niveau record de 1,6 mln de t en 2011. La pénétration de l isoglucose sur le marché mexicain semble cependant se stabiliser après trois années de gains rapides. Marasme de la consommation d isoglucose aux USA Aux Etats-Unis, la consommation de sucre augmente alors que la consommation d isoglucose décline. Il est estimé que la part du marché des édulcorants caloriques occupée par l isoglucose se serait repliée à 44,5 % en 2011, après avoir culminé à 50,3 % en 2006 (voir Fig. 6 et 7). Une amélioration significative de la compétitivité Organisation internationale du sucre 13 MECAS(12)04

du prix de l isoglucose par rapport au sucre semble ne pas avoir été suffisante pour convaincre les fabricants d aliments et de boissons d utiliser l isoglucose. Dans la première moitié des années 2000, l isoglucose se vendait typiquement à un prix inférieur de 40 % au prix de gros du sucre raffiné. Cependant, les prix de l isoglucose ont augmenté fortement, parallèlement à l augmentation des prix du maïs dans le milieu de la décennie et l isoglucose a même été plus cher que le sucre en 2008. Cette tendance a cependant été de courte durée et l isoglucose est progressivement redevenu compétitif par rapport au sucre dans les dernières années alors que les valeurs du sucre se maintenaient à des niveaux élevés sur le marché des Etats-Unis (voir Fig. 8). Les prévisions indiquent que la consommation d isoglucose aux Etats-Unis va encore baisser de 1 % en 2012, à 7,447 mln de tonnes courtes, en poids à l état sec après avoir baissé de 2,5 % l année dernière, selon les estimations. En même temps, les prévisions indiquent que la consommation de sucre va encore augmenter en 2012, faisant baisser à seulement 42 % la part que représente l isoglucose dans la consommation totale de ces deux édulcorants (voir Fig. 7). Fig. 6 : Etats-Unis : changements des livraisons d isoglucose sur le marché intérieur 2,00 0,00 % -2,00-4,00-6,00 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012p Source : USDA et OIS Fig. 7 : Consommation d isoglucose et de sucre aux USA 11 55 mln de t courtes 10 9 8 50 45 40 % 7 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012p 35 Isogl Sucre Part isogl Source: USDA et OIS Organisation internationale du sucre 14 MECAS(12)04

Fig. 8 : Prix mensuels de l isoglucose & du sucre aux Etats-Unis Cents/livre 65 55 1,1 1 0,9 45 0,8 35 0,7 25 0,6 0,5 15 0,4 5 0,3 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Rapport Sucre bet en gros Isoglucose 42 Rapport Source : USDA Le déclin susmentionné de la demande en isoglucose est causé par la baisse de la consommation de boissons gazeuses sans alcool (les sodas) 7 à quoi vient s ajouter l importation de sucre liquide du Mexique qui prend la place de l isoglucose 42 dans de nombreuses applications qui utilisaient traditionnellement l isoglucose. Bien que les sodas représentent encore la plus grande catégorie de boissons aux Etats-Unis, ils ont cédé 0,8 % en volume de vente en 2010. Le résultat a été un recul de la part de marché des sodas de 48 à 47 %. Les boissons faiblement caloriques, continuent de prendre des parts de marché aux sodas conventionnels. En 2011, les fabricants de sodas ont continué de s'intéresser à des formules qui utilisent des ingrédients jugés «plus naturels» (comme les jus de fruits et les édulcorants à base de stévia) et qui contiennent moins de calories que le sucre. En outre, les inquiétudes des consommateurs concernant les liens possibles entre la consommation d isoglucose et les problèmes d obésité, de maladies cardiovasculaires, de diabète et de maladies du foie d origines non alcoolique 8 signifient que certains fabricants d aliments et de boissons se sont convertis de l isoglucose au sucre dans leurs formules de produits depuis 2009. Selon l institut d étude de marché Packaged Facts, alors que le nombre de lancements de nouveaux produits contenant de l isoglucose a quasiment doublé entre 2009 et 2010, il y a eu un gain correspond du nombre de nouveaux produits mis sur le marché en avançant pour argument 7 Les ingrédients de base des sodas sont le sucre, l eau et les arômes. 8 Il n y a pas de consensus pour ce qui est de l isoglucose et du danger qu il représente pour la santé comparé au sucre. Certaines études démontrent qu il serait plus dangereux et d autres études démontrent le contraire. La communauté des scientifiques pense, dans l ensemble, qu il faudrait entreprendre davantage de recherche sur l effet qu a l isoglucose sur le corps humain et pour déterminer s il est plus dangereux que d autres types d édulcorants. Pour fabriquer l isoglucose, les raffineurs de maïs doivent extraire l amidon du maïs, traiter l amidon par un processus enzymatique pour le transformer en glucose et traiter ensuite le glucose avec un autre processus enzymatique pour en transformer environ la moitié en fructose. Ce procédé est «naturel» selon la FDA car les enzymes sont fixés à une colonne et ne se mélangent donc pas réellement à l amidon et parce que l isoglucose ne contient pas de colorants et d arômes ajoutés. D autres, cependant, considèrent qu étant donné que la fabrication de l isoglucose exige toute une série de procédés mécaniques et de réactions chimiques, notamment l introduction de trois enzymes différents pour intensifier la transformation moléculaire, l isoglucose ne peut pas être considéré comme un aliment naturel. Organisation internationale du sucre 15 MECAS(12)04

qu ils ne contenaient «pas d isoglucose». En 2010, 150 produits ont été introduits dans 55 catégories en utilisant cet argument comme publicité, en particulier dans trois catégories comprenant les produits de boulangerie, les boissons fonctionnelles et les amuse-gueule salés. La «Corn Refiners Association» (CRA) a entrepris un effort concerté qui s est traduit par des campagnes de publicité et de marketing destinées à convaincre le public que l isoglucose utilisé dans les aliments et les boissons était, de par sa composition, peu différent du sucre qui contient 50 % de glucose et 50 % de fructose. En outre, en septembre 2010, l organisation a prié la FDA d autoriser l emploi du terme «corn sugar» (sucre de maïs) à la place du terme sirop de maïs à haut contenu en fructose (HFCS), le nom de l isoglucose en anglais. Il est envisagé que la FDA prendra jusqu à 2 ans pour se prononcer sur l autorisation ou le refus d utiliser le nouveau nom. Cependant, des producteurs de sucre ont réagi par une action en justice intentée en avril 2011. Trois distributeurs de sucre soutiennent que le fait de prétendre que l isoglucose est l égal du vrai sucre avec des slogans du genre «your body can't tell the difference» (votre organisme ne fait pas la différence) est une affirmation mensongère qui trompe les consommateurs. Ils accusent les défenderesses, dont Archer Daniels Midland Co et Cargill, d utiliser une campagne publicitaire pour vaincre les réticences croissantes des consommateurs inquiets des problèmes d obésité. Pendant ce temps l organisme à but non lucratif de défense des consommateurs Citizens for Health est la dernière organisation en date à s opposer à la demande de la CRA. Un autre organisme de défense des consommateurs, la National Consumers League, continue également de faire pression sur la FDA pour que celle-ci rejette la demande de changement du nom de l isoglucose en invoquant pour motif que ce changement de nom serait contraire à la politique publique, ne correspondrait pas aux preuves scientifiques en train d émerger et ne respecterait pas la loi Food, Drug, and Cosmetic Act. Production, coût de la matière première et prix aux USA Il est anticipé que cette année la production d isoglucose sera à peu près égale au niveau de 8,180 mln de tonnes courtes estimé pour l année 2011, après une forte augmentation de 6 % en 2010 et une augmentation d environ 1 % en 2011 (voir Fig. 9). Le fléchissement de la demande en isoglucose aux Etats-Unis est cependant compensé par la croissance des exportations au Mexique. En fait les exportations au Mexique continuent de contribuer au maintien des taux d utilisation de la capacité dans les usines de production d isoglucose aux Etats-Unis. Les principales sociétés de production aux Etats-Unis sont Archer Daniels Midland Company ; Cargill, Incorporated ; Corn Products International, Inc. ; National Starch LLC ; Penford Products Co. ; Roquette America, Inc. et Tate & Lyle Americas. En 2010, vingt amidonneries de maïs étaient en activité dans 11 Etats. Organisation internationale du sucre 16 MECAS(12)04

Fig. 9 : Production & consommation d isoglucose aux USA 10 mln de t courtes 8 6 4 2 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012p Production Consommation Source : USDA Comme cela peut être observé à la Fig. 10, les coûts de matière première des producteurs d isoglucose ont été historiquement volatiles. Les perspectives du maintien de la situation relativement tendue de l offre de maïs, suggèrent que le coût net de l édulcorant de maïs (c.-à-d. le prix du maïs moins les crédits des sousproduits) devrait se maintenir à des niveaux relativement élevés dans les prochains mois. Les coûts nets de l édulcorant de maïs dans la période de janvier à septembre 2011 ont été en moyenne de 0,12 USD/livre, contre une moyenne de seulement 0,06 USD en 2010. Les coûts n avaient pas augmenté autant que prévu en raison de la valeur élevée des aliments à base de gluten de maïs et de l huile de maïs, deux sous-produits-clés de la mouture humide de maïs. Fig. 10 : Coût net de l édulcorant de maïs 14,50 12,50 10,50 8,50 6,50 4,50 2,50 0,50 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Maïs - USD/boisseau Coût net édulc maïs cents US/livre Crédit total des sous-prod - USD/boiss Source : USDA L augmentation des coûts nets du maïs a été la cause principale de la hausse sensible des prix de l isoglucose aux Etats-Unis en 2011 et de nouveau en 2012. Le leader du marché, Archer Daniel Midland Co. avait annoncé avoir finalisé ses contrats pour les livraisons d édulcorant de maïs en 2011 en imposant une augmentation de prix de 25 %. Par contre, Tate & Lyle avait déclaré pour sa part que les négociations Organisation internationale du sucre 17 MECAS(12)04

annuelles des prix des livraisons d isoglucose pour l année s étaient traduites par des marges «légèrement plus élevées» pour les acheteurs utilisant des contrats à terme fixes pour l année. Les négociations de prix entre les producteurs d isoglucose et les grandes marques de produits alimentaires et de boissons pour les livraisons en 2012 ont donné lieu à une augmentation des prix causée par la persistance des coûts élevés du maïs. Les industriels de la mouture humide du maïs sont parvenus à imposer des augmentations de prix proches de 20 % pour l isoglucose 55 et de 10 à 15 % pour l isoglucose 42. Cette augmentation des prix des contrats s est immédiatement traduite par une augmentation des prix spot : la cotation de janvier a grimpé de 13 % par rapport au niveau statique de 21,65 cents US/livre, en poids à l état sec, de 2011. Vu qu il est probable que les prix élevés du sucre vont persister dans les pays de l ALENA, cette augmentation des prix de l isoglucose ne devrait pas nécessairement causer une autre contraction de la demande de ce produit. Renforcement de la pénétration de l isoglucose au Mexique Quand on compte la production intérieure d environ 400 000 t, le Mexique consomme près de 1,6 mln de t d isoglucose par an. Cependant, l USDA indique que la consommation au Mexique va stagner en 2011/12 car les principaux fabricants de sodas vont probablement ne pas utiliser davantage d isoglucose, du moins à court terme. La forte augmentation observée dans les dernières années pourrait avoir déjà commencé à saturer le marché l isoglucose comptant déjà pour environ 28 % de la consommation totale d isoglucose et de sucre (comparé à un rapport de 43 % aux Etats-Unis). Qui plus est, les perspectives indiquent des prix du sucre orientés à la baisse alors que les prix du maïs pourraient bien faire preuve de plus de fermeté et donc toute autre pénétration de l isoglucose semble peu probable à court terme. Cela implique que la consommation de sucre devrait se rétablir légèrement après avoir baissé de façon significative entre 2009 et 2011 (de 0,8 mln de t pour s établir à 4,3 mln de t). L augmentation de l utilisation d isoglucose a affaibli la consommation de sucre au Mexique. Pour simplifier, on peut dire que le Mexique exporte davantage de sucre aux Etats-Unis où il se vend au prix des contrats à terme de sucre sur le marché intérieur US et il importe de l isoglucose en tant que substitut meilleur marché. Les exportations d isoglucose au Mexique dans la période de janvier à novembre 2011 ont atteint 891 000 t, ce qui est légèrement supérieur au volume de la période correspondante en 2010 et qui reste un niveau record. Un autre facteur ayant un effet sur la pénétration de l isoglucose au Mexique est le prix du maïs aux Etats-Unis car celui-ci est la matière première principale de la production d isoglucose. Malgré le maintien des prix mondiaux du maïs à des niveaux élevés, les prévisions indiquent une augmentation de la production d isoglucose étant donné que le produit continue d être compétitif comparé au sucre. Malgré cela il n y a pas d investissement dans une nouvelle capacité de production étant donné que la concurrence de l isoglucose importé des Etats-Unis continue d être forte. La Fig. 11 montre les perspectives à long terme de la capacité de production et de la consommation locales d isoglucose au Mexique, sur la base des statistiques compilées par McKeany-Flavell, un consultant du secteur des matières premières. La capacité de production mexicaine a atteint son pic en 2000 et elle a stagné aux environs de 533 000 t (en poids à l état sec) jusqu en 2006, date à laquelle il est estimé qu elle s est repliée à 478 000 t. La production intérieure mexicaine dépend elle aussi fortement du maïs importé des Etats-Unis. Selon IDAQUIM, le groupe de l industrie qui représente les producteurs d isoglucose, l industrie mexicaine consomme environ 2 millions de tonnes de maïs Organisation internationale du sucre 18 MECAS(12)04