Réseau des bibliothèques de l'université de Liège. Formation prévention contamination fongique



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Transcription:

Réseau des bibliothèques de l'université de Liège Formation prévention contamination fongique Avril-mai 2008

2 Les moisissures constituent un risque majeur pour les collections des bibliothèques. Elles ont un effet extrêmement destructeur sur les documents. Une bonne partie des dommages, comme l'affaiblissement du support (voire sa destruction) et les taches, sont irréversibles (fig. 1 et 2). Les moisissures peuvent en outre provoquer des réactions allergiques graves ou exacerber des affections médicales existantes chez les personnes qui sont exposées aux collections ou qui les manipulent. Pour réduire le risque d'apparition des moisissures, il faut d'abord éliminer les conditions favorables à leur croissance. Qu est ce qu une contamination fongique Les moisissures sont naturellement présentes en suspension dans l air. Elles se présentent sous la forme de spores invisibles à l œil nu associées aux poussières. Par sédimentation, ces poussières se déposent sur toutes les surfaces : les collections, les rayonnages, les sols Ces spores sont ensuite disséminées très facilement par les mouvements d air (passage des personnes, ventilation, climatisation ), par l eau ou par contact. Les spores peuvent rester en état de latence plusieurs années en attendant des conditions favorables pour se développer. Lorsque ces conditions sont réunies, un réseau de filaments croit à partir de ces spores microscopiques en formant une «colonie» appelée mycélium qui à son tour produit des spores. Ainsi, en conditions favorables, une spore va donner naissance à plusieurs milliers (voire millions) d autres spores. La dissémination de ces spores et leur développement constituent l infestation fongique. Pour se développer, il faut au moins deux conditions : un substrat nutritif (la poussière peut suffire), et des conditions hygrométriques favorables. La poussière peut constituer un substrat nutritif suffisant. En effet, la poussière présente sur les documents et dans l environnement d une bibliothèque comporte une part importante de particules organiques (débris de papier, d éléments de la couvrure, etc.) en plus de particules minérales. Il s agit donc d un terreau propice au développement des spores qui s y déposent. Bien entendu, les documents eux-mêmes constituent un excellent substrat pour la germination des spores. Un air stagnant et une élévation de la température favorisent la croissance des spores. Le risque de germination est présent à partir d une humidité relative de 60 %. Une fois la germination activée, le développement peut se poursuivre à des taux inférieurs à 60 %. La température idéale pour la germination de la majorité des moisissures est proche de la température de confort que nous établissons, soit entre 18 et 23 C. La croissance de la moisissure ralentit si l humidité

3 relative baisse et elle s arrête aux alentours de 30 %. Cependant, la moisissure ne meurt pas, elle entre en phase de dormance. Elle peut rester dans cet état de vie ralentie de nombreuses années en attendant que les conditions redeviennent favorables. On peut différencier les moisissures de la poussière par leur forme. Généralement, au début de leur développement, les moisissures sont de petites taches grisâtres, duveteuses, de forme circulaire (fig. 3 à 6). Elles se développent plus volontiers sur certains matériaux comme les peaux (parchemin, cuirs ) et les toiles. Les ouvrages présentant ce type de couvrure sont souvent les premiers attaqués. Les indices qui doivent alerter sur la présence de moisissures -Les auréoles d humidité, même si elles sont visiblement anciennes, sont un premier indice de condition favorable (fig. 7). -Une tranche effilochée ou pelucheuse, une fragilisation du document, voire des lacunes dans les cas les plus avancés d altération (fig. 8). -La présence de taches colorées ou de traces duveteuses ou incrustées dans le support. (fig. 9) -Une forme circulaire, de taille variable, transperçant plusieurs pages est un indice supplémentaire (fig. 10). -L odeur très forte se dégageant d un ouvrage peut être un indice de contamination si elle est conjuguée à un repérage visuel de dégradations. S'il existe un problème potentiel, c'est-à-dire si une collection ou un document est contaminé par des moisissures, il faut agir rapidement (voir point 3). Les objets doivent être traités sans tarder, car les spores peuvent entrer en germination très rapidement, soit en moins de vingt-quatre heures. En prenant les mesures adéquates, on peut réduire, voire éliminer, le risque de prolifération.

4 Prévenir les contaminations fongiques La lutte contre les moisissures commence par la prévention. Les moisissures n'entrent en germination qu'en présence de facteurs physiques, chimiques et organiques particuliers (voir plus haut). La régulation de ces facteurs peut éviter la germination. Le dépoussiérage et la régulation des conditions ambiantes permettent d'intervenir directement sur certains de ces facteurs. Ce document présente les mesures de base à adopter en matière de prévention et de lutte en cas de contamination fongique. Ces mesures minimales sont loin de répondre à tous les cas de figure. Il convient d évaluer pour chaque situation quelles sont les mesures complémentaires à prendre. a) Dépoussiérage des collections et des locaux : une prévention simple et efficace Les spores s'introduisent dans les immeubles par les personnes, les particules de poussière, les plantes, les aliments et les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation. La poussière et la saleté contiennent des spores et peuvent fournir, dans les conditions favorables, les nutriments nécessaires au développement d'une contamination fongique. Pour prévenir les contaminations fongiques, il faut veiller à ce que les lieux soient toujours propres. Les rayonnages et autres surfaces comme le dessus des boîtes et des livres doivent être époussetés ou passés à l'aspirateur. Les bacs et les chariots qui servent au transport des ouvrages doivent également être régulièrement dépoussiérés. Les sols doivent être propres. On ne doit pas apporter d'aliments, de fruits ni de plantes dans les aires d'entreposage et on doit en limiter et en surveiller la présence dans les autres locaux. Quelques conseils pour le dépoussiérage : Utiliser un aspirateur à filtre absolu HEPA (High Efficiency Particulate Air), en nettoyant de manière régulière les accessoires (brosses, etc.) Pour le dépoussiérage des rayonnages des chiffons non pelucheux légèrement humides peuvent être utilisés. Il faut veiller à changer régulièrement ces chiffons et impérativement les remplacer lorsqu ils sont entrés en contact avec des documents ou objets contaminés ou suspects. Pour les documents, veiller à adapter la puissance d aspiration et les brosses à la nature et à l état des documents. Dépoussiérer les parties les plus exposées (tranches, dos, plats, premier et dernier cahiers). Dépoussiérer aussi le conditionnement du document.

5 b) La régulation des conditions ambiantes Avec le dépoussiérage, une des principales mesures préventives efficace sur ces dégradations est le maintien des conditions thermohygrométriques stables et satisfaisantes. Le réglage et le maintien de la température et de l'humidité relative à des valeurs spécifiées (17-18 C et 50-55% HR) peuvent réduire la germination et la prolifération des moisissures. L humidité est le principal facteur de germination et de développement des moisissures. Attention : même dans les magasins où les conditions climatiques sont correctes (50 % +/ 5% et 18 C +/ 2 C), il peut exister des zones confinées où règnent des microclimats propices au développement localisé de moisissures. La possibilité d'activation des moisissures augmente considérablement si le taux d'humidité relative est supérieur à 60 %. Leur prolifération dépend aussi d'autres paramètres, tels que le ph et l'activité de l'eau du substrat (proportion d eau contenue dans le substrat) 1. Ces paramètres ne sont pas aussi faciles à régler que la température et l'humidité relative. Il doit y avoir une bonne circulation d'air dans les aires d'entreposage et d'exposition. On doit disposer de déshumidificateurs au besoin. Il faut éviter de créer des microclimats, telle la condensation sur les rayonnages, les appuis de fenêtre et les éviers métalliques. Les collections doivent être éloignées des murs extérieurs qui peuvent être des zones de forte humidité et de condensation. Les rayonnages et les armoires doivent être placés à au moins 10 cm du sol afin de protéger les collections en cas d'inondation. Les caisses de documents en attente ne doivent pas être posées à même le sol, surtout dans les sous-sols et rez-de-chaussées. Elles doivent être posées sur des palettes propres afin de les protéger de l humidité éventuelle du sol et de permettre une circulation d air. Les aires d'entreposage et d'exposition doivent faire l'objet d'une surveillance constante. Divers appareils permettent de surveiller et de mesurer la température et l'humidité relative; ils fournissent un tableau exact des conditions ambiantes et sont utiles pour dépister les problèmes existants ou potentiels. 1 L'activité de l'eau détermine directement les propriétés physiques, mécaniques, chimiques et microbiologiques de nombreuses substances. En mesurant l'activité de l'eau dans des aliments, on peut directement prévoir quels microorganismes représentent une source potentielle d'altération. Prenons par exemple une cuisine possédant une activité de l'eau de 0,81. La durée de conservation prévisible à 27 C est de 14 jours, 24 jours à 21 C. Si l'on élève l'activité de l'eau à 0,85 les valeurs de conservation tombent à 8 jours à 27 C et 12 jours à 21 C. C'est l'activité de l'eau, donc l'eau libre, qui fixe la limite inférieure de la croissance microbiologie. L'humidité d'équilibre d'un matériau hygroscopique joue dans ce processus un rôle important. On entend par humidité d'équilibre l'humidité relative qui doit régner dans une atmosphère environnante pour empêcher tout échange d'eau entre les matériaux et l'air. Il est donc clair que pour assurer une bonne conservation et du stockage de produits, le climat ambiant ne doit pas dépasser les valeurs limites établies par la mesure de l'activité de l'eau. L'activité de l'eau est, par définition, pratiquement identique à l'humidité d'équilibre, elle n'est toutefois pas exprimée en pourcentage (0... 100%) mais en 0... 1,0 Aw.

6 Mesures préventives - Assurer une bonne ventilation générale des locaux. - Eviter les facteurs d instabilité de l ambiance intérieure et l apport des contaminants par l extérieur comme l ouverture des portes, des fenêtres. - Surveiller les éventuelles entrées d eau dans les locaux : fuite, infiltration, condensation - Vérifier à l aide de thermohygromètres, s il n existe pas des microclimats, c est-à-dire des zones où les conditions climatiques sont différentes des conditions de l ambiance générale (zones plus chaudes ou froides, plus humides ou plus sèches). - Si les locaux sont climatisés ou équipés d infrastructures régulant la ventilation de l air (extracteurs d air, ventilateur ), il faut assurer une maintenance régulière des installations et travailler avec les services techniques. Nombre d infestations sont la conséquence directe d installations mal entretenues ou en panne. - Inspecter l état sanitaire des collections de façon régulière. - Prévoir un local de quarantaine pour entreposer les documents douteux pendant la phase de diagnostic. - Examiner soigneusement les documents qui partent ou reviennent de prêt, afin de repérer les problèmes éventuels. - Examiner soigneusement les dons, acquisitions afin de ne pas intégrer en magasin des documents contaminés. Cet examen se fera dans le local de quarantaine. - Effectuer un dépoussiérage des collections et un nettoyage régulier des locaux. Ceci réduit la charge microbienne présente et limite les risques de développement des moisissures. - Consigner par écrit tous les incidents (petits ou grands) ainsi que les interventions conséquentes. - Proscrire tout aliment ou boisson dans les magasins, les lieux de consultation et d exposition. - Sensibiliser le personnel à l'intérêt d une surveillance et d un entretien réguliers des collections et des locaux.

7 Que faire en cas de contamination fongique Les collections contaminées ne doivent plus être communiquées aux lecteurs et elles doivent être isolées des autres collections et, dans la mesure du possible, il faut cloisonner ou bâcher l espace. La propreté est essentielle; après avoir manipulé des objets contaminés, on doit se laver les mains et essuyer les surfaces de travail. Il est préférable de pécher par excès de prudence. Premières mesures à prendre 1. Limiter les manipulations des collections aux opérations d isolement et de nettoyage. 2. S'équiper de gants en latex ou nitrile et d un masque P3 pour toute manipulation de documents présentant des moisissures. 3. Isoler la pièce et/ou les documents infestés : Délimiter la zone contaminée et établir une zone tampon. Il faut isoler les collections où la contamination est visible mais également établir un périmètre de sécurité = zone tampon. Il convient donc d'isoler également les collections voisines des collections visiblement contaminées. Un éclairage en lumière rasante aide à mieux percevoir les moisissures (fig. 11 à 14 ). Placer des torchons humides javellisés aux points d'accès pour éviter le transport des spores sur les chaussures (même proportion que pour l usage domestique). On peut renforcer cette mesure en se munissant de protège-chaussures pour pénétrer dans la zone contaminée. Si possible prendre des photos des zones contaminées et des zones tampons. Idéalement ces photos devront être prises avec un cadrage précis permettant de répéter à intervalles réguliers les mêmes photos pour voir l évolution de la contamination. En cas de contamination limitée, emballer les documents infectés dans du papier kraft (le plastique bulles est à proscrire) afin d éviter la contamination à d autres éléments et la dispersion des spores. En cas de contamination étendue, il faut cloisonner l espace. Les collections infestées ainsi que les collections de la zone tampon ne doivent plus être communiquées aux lecteurs. 4. Prévenir les directeurs de la bibliothèque et du réseau. 5. Abaisser progressivement s il y a lieu la température jusque 17-18 C et l'humidité relative à 50% pour ralentir la prolifération des champignons. Pour abaisser l humidité relative, les solutions du type déshumidificateurs, silica gel seront privilégiées.

8 6 Vérifier s il n y a pas eu propagation au reste des collections. Vérifier que des documents de la zone contaminée ou de la zone tampon n'ont pas été déplacés récemment dans d'autres parties de la bibliothèque ou dans d'autres bibliothèques de réseau. Le cas échéant avertir le ou les responsables des bibliothèques concernées par les déplacements de collections. 7. Le mobilier doit être nettoyé, dépoussiéré à l'aide d'un aspirateur muni de filtres absolus HEPA (High Efficiency Particulate Air) et désinfecté avec de l'éthanol à 60%. Un pourcentage d'eau est nécessaire pour hydrater les spores, briser leur paroi cellulaire et laisser pénétrer l'alcool. Changer et nettoyer régulièrement le matériel (laver les brosses et embouts au moins tous les jours à l'éthanol à 60%). 8. Les sols peuvent être nettoyés à la javel diluée dans de l eau (même proportion que pour l usage domestique) sans rinçage. 9. Analyser les causes de la propagation : traiter les documents sans traiter la cause de la propagation est inutile. Les causes sont diverses : variation brusque de la température et/ou de l'humidité relative (reprise du chauffage, panne de climatisation spécialement pendant les périodes chaudes), infiltrations d eau, inondation, transfert de documents contaminés non traités dans les magasins, poussière et humidité importante (supérieure à 60%), stockage dans des espaces humides, manque de ventilation, confinement, proximité de murs extérieurs avec risques de condensation ou d humidité résiduelle A ne pas faire - Déplacer les documents infectés dans d'autres locaux. - Brosser les moisissures, cela provoquerait la dispersion des spores. - Agiter ou feuilleter les documents. - Mettre en contact les documents contaminés et sains. - Passer des collections contaminées aux collections saines sans changer de gants ou se laver les mains. - Passer des zones contaminées aux zones saines sans s essuyer les pieds sur un torchon javellisé. - Se contenter de supprimer les documents moisis. - Emballer les documents dans des sacs en plastique ou dans du plastique bulle. - Ouvrir les fenêtres pour ventiler. Quelques références Arnoult, J.M., et al, Protection et mise en valeur du patrimoine des bibliothèques : recommandations techniques, Paris : Direction du livre et de la lecture 1998.

9 Flieder F. et Capderou C., Sauvegarde des collections du patrimoine : la lutte contre les détériorations biologiques, Paris : CNRS, 1999. Florian Mary-Lou E., Conidial fungi (mould, mildew) biology : a basis for logical prevention, eradication and treatment for museum and archival collections. Leather conservation news, vol. 10, 1994. Florian Mary-Lou E., Fungal facts : solving fungal problems in heritage collections, London : Archetype, 2002. Roquebert M.-F. et al, Les contaminants biologiques des biens culturels, Paris : Museum national d histoire naturelle, Elsever, 2002 (Patrimoine).

Fig. 1 Fig. 2 Fig. 3 Fig. 4

Fig.5 Fig.6 Fig.7 Fig.8

Fig. 9 Fig. 10 Fig. 11

Fig. 12 Fig. 13 : le même livre que sur la figure 12 mais vu en lumière rasante fig.14