3e symposium en douleur et réadaptation I N F O R M A T I O N S C O M P L E M E N T A I R E S CONTEXTE La douleur est omniprésente en clinique : plus de 80 % des patients qui consultent le font pour la douleur. Bien que plusieurs avenues de traitement aient été démontrées efficaces, il n'en reste pas moins qu'environ 30 % de la population canadienne souffre de douleur chronique. Plus qu'une atteinte de la santé physique, la douleur chronique affecte également la santé mentale de l'individu qui en souffre. De plus, les gens présentant des douleurs chroniques utilisent cinq fois plus de services médicaux que la population générale. La douleur chronique a donc des répercussions importantes sur le bien-être social et économique de la population. OBJECTIFS Le présent symposium se veut un moyen concret d'intégrer les plus récents avancements scientifiques dans la compréhension et le traitement de la douleur, tant aiguë que chronique. Cette activité se veut également un moyen d'échange et de transfert de connaissances dans le domaine de la douleur et de la réadaptation, entre chercheurs et cliniciens. COMITE SCIENTIFIQUE Afin de choisir adéquatement les sujets à aborder dans le cadre de ce symposium ainsi que les conférenciers experts à inviter pour nous en parler, un comité scientifique a été constitué. En voici la liste des membres : Pierre Arsenault, Ph.D., MD omnipraticien et professeur associé à l Université de Sherbrooke Sophie Duhaime, B.Sc., M.Sc. (c) étudiante à la maîtrise en sciences cliniques à l UQAT Isabelle Gaumond, Ph.D. professeure-chercheure en sciences de la santé à l UQAT Nancy Julien, M.Sc., Ph.D. (c) professeure-chercheure en sciences de la santé à l UQAT Serge Marchand, Ph.D. professeur titulaire et chercheur à l Université de Sherbrooke Dat Nhut Nguyen, MD anesthésiologiste au CSSS de Rouyn-Noranda Yannick Tousignant-Laflamme, M.Sc., Ph.D. (c) physiothérapeute et étudiant au doctorat en sciences cliniques à l Université de Sherbrooke
HORAIRE L horaire pour les deux journées du 3 e symposium en douleur et réadaptation a été établi comme suit : Jeudi, le 12 juin 2008 07h30 08h30 Inscription / déjeuner 08h30 09h30 Mot de bienvenue Serge Marchand Bases neurophysiologiques du développement et de la persistance de la douleur 09h30 09h45 09h45 10h45 Réhabilitation et douleurs : aspects physiopathologiques et thérapies nutritionnelles Guy Simonnet 10h45 11h00 11h00 12h00 La mesure de la douleur en réadaptation : au-delà du 0 à 10 Yannick Tousignant-Laflamme 12h00 13h30 Dîner 13h30 14h30 Contourner les écueils biologiques à la réadaptation en douleur chronique Dat Nhut Nguyen 14h30 14h45 14h45 15h45 16h00 Contourner les écueils communicationnels à la réadaptation en douleur chronique Cocktail Jacques Charest Mot de la fin Serge March Vendredi, le 13 juin 2008 08h00 08h30 08h30 09h30 09h30 09h45 09h45 10h45 10h45 11h00 Inscription / déjeuner Le traitement pharmacologique de la douleur dans la réadaptation: d aujourd hui à demain! Douleur et santé mentale : perception, difficultés diagnostiques, évaluation Pierre Arsenault Djéa Saravane 11h00 12h00 Le cerveau et la douleur : neurobiologie de la Pierre Rainville subjectivité et fondement de l empathie 12h00 Mot de la fin Serge Marchand 12h00
CONFERENCIERS Les conférenciers invités (et confirmés) sont les suivants :
CONFERENCES Dans cette section, chaque conférence est résumée et les objectifs spécifiques y sont également mentionnés. Pierre Arsenault, Ph.D., MD Titre : Le traitement pharmacologique de la douleur dans la réadaptation : d aujourd hui à demain! Bien qu il soit impossible de soulager complètement la douleur chronique, il est néanmoins souhaitable de tout mettre en œuvre pour que les patients retrouvent un niveau tolérable de douleur et une autonomie fonctionnelle. Le traitement de la douleur chronique nécessite une prise en charge des composantes biologique, psychologique et sociale. Ne cibler que les aspects physiques sans considérer le rôle des cognitions, des émotions, du sommeil, des relations sociales, des expériences antérieures, des anticipations, des circonstances, serait nier les influences d un ensemble de facteurs déterminants dans le traitement de la douleur. Le recours à la médication demeure néanmoins une étape incontournable. Une réadaptation à la douleur sans une diminution préalable de douleur est presque vouée à l échec a moins d un support de tout instant et de qualité de la part d une équipe d intervenants; un luxe que nos sociétés ne peuvent encore se payer! La pharmacologie joue donc un rôle initial important pour initier le mouvement de la réadaptation. Il arrive qu elle devienne la seule option lorsque diverses autres interventions nonpharmacologiques se sont avérées inefficaces. Dans certains cas, la pharmacothérapie de la douleur, lorsque mal administrée, peut nuire aux efforts de réadaptation notamment à cause des effets secondaires. Il est donc important de bien connaître les médicaments qui sont utilisés pour soulager la douleur, leur indication, leur mécanisme d action, leurs effets secondaires, leurs limites. Les objectifs de cette conférence sont de : 1) Revoir les principes neurophysiologiques à la base des choix thérapeutiques ; 2) Réviser les principales molécules disponibles au traitement de la douleur et certaines de leurs caractéristiques ; 3) Répondre à certaines questions qui sont souvent soulevées lors de l utilisation de certains analgésiques et co-analgésiques ; 4) Présenter quelques perspectives d avenir dans le traitement pharmacologique de la douleur.
Jacques Charest, Ph.D., psychologue Titre : Contourner les écueils communicationnels à la réadaptation en douleur chronique Le succès de la réadaptation dépend largement de l habileté du praticien à amener le client à collaborer avec les tâches prescrites. L indispensable collaboration du patient est assurée par le développement d une alliance thérapeutique forte. L alliance thérapeutique est forte lorsque le praticien utilise une communication adéquate et qu il y a accord sur le but poursuivi et les tâches prescrites. Les objectifs de cette conférence sont de saisir l importance de : 1) Convenir avec le patient d un changement minimal ; 2) Prescrire des tâches ; 3) Maintenir la collaboration du client par une communication adéquate. Serge Marchand, Ph.D. Titre : Bases neurophysiologiques du développement et de la persistance de la douleur La douleur est un phénomène complexe qui fait appel à des mécanismes endogènes excitateurs et inhibiteurs. Ces mécanismes endogènes de modulation de la douleur se retrouvent à tous les niveaux du système nerveux central, de la moelle jusqu aux centres supérieurs. Comme nous le verrons, ces différents mécanismes s inter-influencent et peuvent être à la base de cascades d évènements qui vont participer à l augmentation ou à la diminution de l activité nociceptive. Ces mécanismes jouent généralement un rôle de protection contre la douleur. D une part, en augmentant l activité nerveuse associée à une stimulation nociceptive pour signaler une blessure et déclencher des comportements de protection. D autre part, en réduisant l activité nerveuse inutile suite à une stimulation nociceptive pour en restreindre l étendue et en atténuer les conséquences. Malheureusement, un dérèglement de ces mêmes mécanismes peut engendrer le développement et la persistance de certaines douleurs chroniques. Au cours de cette conférence, nous aborderons différentes études de nos laboratoires sur le rôle de ces mécanismes endogènes dans le développement et la persistance de certaines douleurs. Nous présenterons aussi des données sur le rôle de l évolution de ces mécanismes endogènes pendant le développement, sur la perception de la douleur et possiblement comme facteur de risque de
chronicisation. Nous verrons qu une meilleure compréhension de ces mécanismes aide à mieux orienter le processus de réadaptation de la douleur chronique. Les objectifs de cette conférence sont de mieux : 1) Identifier les mécanismes neurophysiologiques de l hypo et de l hyper algésie ; 2) Reconnaître le rôle des centres supérieurs dans le développement et la persistance de la douleur. Dat Nhut Nguyen, MD, anesthésiologiste Titre : Contourner les écueils biologiques à la réadaptation en douleur chronique Beaucoup d efforts ont été consacrés à réduire la douleur dans le but réhabiliter les patients souffrants de douleur chronique. Mais les découvertes récentes montrent que ces efforts sont inefficaces si les thérapeutes n adressent pas les autres déficits dont souffrent ces patients. Cette conférence cherche à intéresser les participants à ces déficits et à développer de nouveaux outils pour réhabiliter ces patients. Les objectifs de cette conférence sont de saisir l importance de : 1) Reconnaître quelques symptômes négatifs en douleur chronique ; 2) Comprendre comment certains patients se blessent à répétitions ; 3) Chercher de nouvelles approches pour guider les patients en douleur chronique. Pierre Rainville, Ph.D. Titre : Le cerveau et la douleur : neurobiologie de la subjectivité et fondement de l empathie Les développements des dernières décades en imagerie médicale ont permis des avancements exceptionnels dans notre compréhension des mécanismes neurologiques impliqués dans la douleur. Les études d imagerie cérébrale témoignent d une relation robuste entre l expérience subjective de la douleur et l activité de plusieurs structures du cerveau. En effet, différentes interventions qui modulent l expérience de la douleur, telles que la distraction, l hypnose, l anticipation de la douleur et les attentes de soulagement (e.g. effet placebo), affectent l activité cérébrale évoquée par des stimuli douloureux.
Ces études démontrent également que différentes régions cérébrales sont impliquées de façon prépondérante dans les dimensions sensorielles (p. ex. l intensité subjective) ou affectives (p. ex. le désagrément subjectif) de la douleur. Les différences interindividuelles dans l expérience de la douleur se reflètent également dans le niveau d activité observé dans ces mêmes régions cérébrales. Ainsi, l activité cérébrale associée à la douleur est déterminée non seulement par les paramètres objectifs de stimulation (nociception) mais aussi par plusieurs facteurs psycho-sociaux qui influencent le traitement des signaux nociceptifs dans le cerveau. Enfin, des études récentes sur l empathie à la douleur démontrent une implication au moins partielle des mêmes structures cérébrales lorsque l on est témoin d une douleur infligée à autrui. Ces découvertes sur les corrélats neurophysiologiques de l expérience subjective et de l empathie ont des implications cliniques évidentes pour le soulagement de la douleur et une portée théorique importante en neurosciences de la conscience. Les objectifs de cette conférence sont de mieux : 1) Identifier les mécanismes cérébraux de la douleur et sa modulation psychologique ; 2) Reconnaître la validité des évaluations subjectives de la douleur ; 3) Apprécier comment la douleur d autrui affecte l observateur. Djéa Saravane, MD Titre : Douleur et santé mentale : perception, difficultés diagnostiques, évaluation De l antiquité au XXI siècle, de l Europe à l Afrique et quelles que soient les religions ou doctrines, la douleur a inspiré les comportements et les opinions les plus variés. Le problème de la douleur en santé mentale a été ignoré et les études antérieures concluaient que la réaction à la douleur était incomplète ou absente. Fort heureusement, les études récentes viennent prouver le contraire. Les patients ressentent la douleur mais ne réagissent pas, ne l expriment pas et l expression de cette douleur se fait dans un langage ou dans un comportement qu il faut savoir décoder. Ainsi un patient atteint de schizophrénie peut avoir des hallucinations cénesthésiques douloureuses qu il intègre dans le contexte de son délire. Alors, comment peut-on évaluer cette douleur? Il n existe pas d échelles spécifiques d évaluation de la douleur en psychiatrie. À partir d expériences cliniques, plusieurs pistes sont à l étude : observation du comportement, échelle pour adulte handicapé avec ses trois critères : retentissements somatique, psychomoteur et psychosocial. La douleur en santé mentale est un véritable défi pour les soignants : - Comment parler de la douleur au moment où l on souffre? - Comment transmettre la souffrance en le mettant en mots? - Comment comprendre ce patient douloureux qui reste silencieux?
Guy Simonnet, Ph.D., pharmacien Titre : Réhabilitation et douleurs : aspects physiopathologiques et thérapies nutritionnelles Sur le plan neurobiologique, il faut rappeler que s il existe des systèmes endogènes inhibiteurs de la douleur, il existe également des systèmes facilitateurs de la douleur dont la mise en jeu induit un «gain» de la sensation douloureuse. Ces processus de sensibilisation ne relèvent pas directement des systèmes nociceptifs, mais de systèmes d amplification impliqués dans de nombreuses autres fonctions. Étonnamment, les grands axes de recherche sur la douleur, tout comme les pratiques médicales se sont «enfermés» dans la seule stratégie de l inhibition de la nociception alors que la stratégie consistant à s opposer à ce processus de gain n a pas été véritablement explorée et exploitée. La rationnel physiologique et thérapeutique est simple: en s opposant à la sensibilisation à la douleur, il devrait être possible de réduire efficacement la sensation douloureuse en particulier chronique (la douleur aiguë n est pas seulement une douleur qui dure mais une douleur qui se sensibilise et se mémorise) et par voie de conséquence «restaurer» l efficacité des inhibiteurs de la nociception (les antinociceptifs classiques) qui auraient perdu de leur efficacité en raison d une hypersensibilité exagérée (concept de sensibilisation latente). Dans cette perspective, la réduction de l apport quotidien en polyamines, substances naturelles présentes dans notre alimentation modulant positivement les récepteurs NMDA impliqués dans la sensibilisation à la douleur, représente une stratégie alternative, non antinociceptive per se, mais capable, en association avec les anatlgiques classiques, de réduire de manière très efficace les douleurs exagérées et/ou chroniques et par- delà améliorer la réhabilitation des patients. Les objectifs de cette conférence sont de : 1) Mieux connaître les processus de sensibilisation à la douleur et leur implication dans les douleurs exagérées (postopératoires) et douleurs chroniques 2) Différencier douleur par excès de nociception d hypersensibilité à la douleur (concept de vulnérabilité à la douleur) 3) Identifier les facteurs endogènes et exogènes (environnementaux) liés à l histoire individuelle, capables de favoriser la mise en jeu des systèmes facilitateurs de la douleur.
Yannick Tousignant-Laflamme, M.Sc., candidat au Ph.D., physiothérapeute Titre : Titre : La mesure de la douleur en réadaptation : au-delà du 0 à 10 Comme la douleur est la première cause de consultation médicale, son évaluation est critique dans le diagnostic et dans la réponse au traitement. Il est donc essentiel de bien évaluer la douleur en considérant les particularités de chaque clientèle. De plus, les plus récentes données scientifiques concernant les différences hommes/femmes dans la perception de la douleur et dans la réactivité cardiaque et autonomique à la douleur seront présentées de façon à ce que les participants puissent intégrer ces éléments à leur pratique quotidienne. Les objectifs de cette conférence sont de : 1) Connaître les différentes méthodes et outils d évaluation de la douleur chez l enfant, l adulte et la personne âgée. 2) Intégrer à sa pratique clinique les plus récentes données scientifiques concernant les différences hommes/femmes dans la perception de la douleur. FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE Une demande d accréditation de formation médicale continue de 8 heures (section I pour les médecins spécialistes et catégorie I pour les omnipraticiens) a été acheminée au Centre de Formation Continue de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l Université de Sherbrooke. Une demande a également été acheminée à l Ordre Professionnel de Physiothérapie du Québec afin de reconnaître l événement comme étant une formation continue. Finalement, une attestation de participation sera donnée aux infirmières qui participeront au symposium. * Étant donné ces demandes, nous utiliserons une formule d évaluation des conférences et des conférenciers lors de l événement. En plus d évaluer la qualité des conférences et des orateurs, nous vérifierons la manière à laquelle les professionnels de la santé se proposeront de changer leur pratique selon ce qu ils viendront d apprendre (en ajoutant au formulaire d évaluation une question à ce sujet). (Voir documents en annexe : attestation de participation, formulaire d évaluation).