IDENTIFICATION ET GESTION DES FORETS A HAUTE VALEUR POUR LA CONSERVATION DANS LES CONCESSIONS DE LA CIB. UFA Pokola, Kabo et Loundoungou-Toukoulaka,



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Congolaise Industrielle des Bois IDENTIFICATION ET GESTION DES FORETS A HAUTE VALEUR POUR LA CONSERVATION DANS LES CONCESSIONS DE LA CIB UFA Pokola, Kabo et Loundoungou-Toukoulaka, République du Congo Version 5 Août 2010

Historique du document Version Date Titre Version 0 Oct. 2005 Orientations CIB selon les principes FSC Version 1 Juin 2007 Les forêts à haute valeur pour la conservation : Approche de la CIB Version 2 complétée Version 3 complétée Version 4 révisée Version 5 révisée Sept. 2008 Fév. 2009 Août 2009 Août 2010 Les forêts à haute valeur pour la conservation : Approche de la CIB Identification et gestion des forêts à haute valeur pour la conservation dans les concessions de la CIB Identification et gestion des forêts à haute valeur pour la conservation dans les concessions de la CIB Identification et gestion des forêts à haute valeur pour la conservation dans les concessions de la CIB

SOMMAIRE INTRODUCTION... 2 1.1 OBJECTIFS... 2 1.2 RAPPEL SUR LES FHVC... 2 1.2.1 Principes et critères du FSC... 2 1.2.2 Les hautes valeurs pour la conservation... 3 2 PRESENTATION DES CONCESSIONS CIB... 5 2.1 GEOMORPHOLOGIE... 5 2.2 VEGETATION... 5 2.2.1 Les forêts mixtes de terre ferme... 5 2.2.2 Les forêts de limbali... 6 2.2.3 Les forêts secondaires... 6 2.2.4 Les formations humides... 6 2.3 FAUNE... 6 2.3.1 Mammifères... 6 2.3.2 Autres vertébrés... 7 2.4 POPULATIONS HUMAINES... 7 2.4.1 Démographie... 7 2.4.2 Utilisation des ressources forestières... 8 2.4.3 Agriculture... 8 2.4.4 Occupation de l espace... 8 2.5 EXPLOITATION FORESTIERE... 8 3 EVALUATION DES VALEURS DE CONSERVATION ET IDENTIFICATION DES FHVC SUR LES CONCESSIONS CIB... 11 3.1 HVC 1 : CONCENTRATION DE BIODIVERSITE... 11 3.1.1 HVC 1.1 : Aires protégées... 11 3.1.2 HVC 1.2 : Concentration d espèces vulnérables, menacées ou en danger d extinction... 11 3.1.3 HVC 1.3 : Concentration d espèces endémiques... 13 3.1.4 HVC 1.4 : Zones de concentration saisonnières d espèces... 13 3.2 HVC 2 : VASTES FORETS A L ECHELLE DE PAYSAGE... 14 3.3 HVC 3 : ECOSYSTEMES MENACES OU RARES... 16 3.3.1 Rareté des écosystèmes... 16 3.3.2 Menaces de l exploitation sur les écosystèmes... 16 3.4 HVC 4 : SERVICES ECOLOGIQUES ESSENTIELS... 17 3.4.1 HVC 4.1 : Protection critique de bassins hydrographique... 17 3.4.2 HVC 4.1 : Protection critique contre l érosion... 17 3.5 HVC 5 : BESOINS ESSENTIELS DES COMMUNAUTES... 18 3.6 HVC 6 : IDENTITE CULTURELLE TRADITIONNELLE... 18 3.7 ANALYSE SPATIALE ET IDENTIFICATION DES FHVC... 19 3.7.1 Méthode d évaluation... 19 3.7.2 Résultat de l évaluation... 22 4 GESTION DES FHVC... 23 4.1 MESURES DE GESTION DES HVC... 23 4.1.1 Les différents documents de gestion... 23 4.1.2 Les séries d aménagement... 26 4.1.3 Exploitation des essences commercialisables... 27 4.1.4 Gestion de la faune... 27 4.1.5 Mesures d exploitation à impact réduit... 29 4.2 SUIVI-EVALUATION DES MESURES DE GESTION... 35 4.2.1 Types d indicateurs de suivi... 35 4.2.2 Programmes de recherches pour évaluer l efficacité de mesures de gestion... 35 4.3 EVALUATION DES MESURES DE GESTION... 36 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES... 41 ANNEXES... 43-1 -

INTRODUCTION 1.1 OBJECTIFS La Congolaise Industrielle des Bois (CIB) a pour objectif de certifier la gestion forestière de l ensemble de ses concessions selon les standards du Forest Stewardship Council (FSC). Ce document décrit l approche de CIB vis-à-vis des forêts à haute valeur pour la conservation, conformément au principe 9 du FSC, et notamment l identification des valeurs de conservation et la mise en place des mesures de gestion associées. 1.2 RAPPEL SUR LES FHVC Le concept de Forêts à Haute Valeur de Conservation (FHVC) a été développé par le FSC comme un moyen d assurer une protection supplémentaire aux forêts très importantes sur le plan environnemental, socio-économique ou biologique. 1.2.1 Principes et critères du FSC PRINCIPE 9. FORÊTS DE HAUTE VALEUR POUR LA CONSERVATION (FHVC) Les activités d'aménagement dans les forêts de haute valeur de conservation doivent maintenir ou améliorer les caractéristiques de telles forêts. Les décisions concernant les forêts à haute valeur de conservation doivent être prises dans le contexte du principe de précaution. Critère 9.1 L évaluation destinée à détecter la présence de forêts de haute valeur pour la conservation sera réalisée en tenant compte de l échelle et de l intensité de la gestion. Critère 9.2 Lors des consultations effectuées dans le cadre de la certification, il importe de mettre en évidence les mesures assurant la conservation des forêts à haute valeur de conservation. Critère 9.3 Le plan de gestion devra comprendre des mesures spécifiques pour maintenir ou améliorer les caractéristiques des forêts à haute valeur de conservation. Ces mesures devront notamment figurer dans le résumé public du plan de gestion. Critère 9.4 Une surveillance annuelle devra être conduite pour évaluer l efficacité des mesures destinées à maintenir ou améliorer les caractéristiques de ces forêts. Traduction SGS QUALIFOR, AD-33CG-01, 2005-2 -

1.2.2 Les hautes valeurs pour la conservation Le Tableau 1 présente les six hautes valeurs pour la conservation reconnues au niveau international. Tableau 1 : Les six hautes valeurs de conservation (HVC) HVC Description 1 Forêts contenant des concentrations de valeurs de biodiversité importantes au niveau global, régional ou national (p. ex. endémisme, espèces menacées, refuges) 1.1 Zones protégées 1.2 Concentration d espèces vulnérables, menacées ou en danger d extinction 1.3 Concentration d espèces endémiques 1.4 Zones de concentrations saisonnières d espèces (p. ex. migration) 2 Grande forêt, à l échelle du paysage, comprise dans l unité d aménagement ou la contenant, et où des populations viables de la plupart ou de toutes les espèces s y trouvant naturellement sont réparties selon des modes de disposition et d abondance naturels. 3 Forêts constituant ou comportant des écosystèmes rares, menacés ou en voie de disparition. 4 Espace forestier assurant un service écologique essentiel dans des situations critiques (p. ex. protection de bassin versant, contrôle de l érosion). 4.1 Protection critique de bassins hydrographique 4.2 Protection critique contre l érosion 4.3 Protection contre les incendies 5 Espace forestier fondamentalement nécessaire à la satisfaction des besoins élémentaires des communautés locales (p. ex. besoins de subsistance, de santé). 6 Espace forestier fondamentalement nécessaire à l identité culturelle traditionnelle des communautés locales (p. ex importance culturelle, écologique, économique ou religieuse, identifiées en coopération avec les communautés). Sources : Proforest (2003 ; 2008) ; WWF-WARPO (2006). - 3 -

Figure 1 : Les concessions CIB dans le contexte des aires protégées - 4 -

2 PRESENTATION DES CONCESSIONS CIB La Congolaise Industrielle des Bois (CIB) est attributaire de quatre concessions forestières dans le Nord du Congo (Figure 1) : les Unités Forestières d'aménagement (UFA) de Kabo, Pokola et Loundoungou-Toukoulaka et l Unité Forestière d'exploitation (UFE) de Pikounda-Nord. La superficie totale de des concessions CIB est de 1 412 000 ha, avec près de 1 000 000 ha de terre ferme, dont près de 40% n a jamais été exploité de manière industrielle (2008). Seules les trois premières UFA (Kabo, Pokola et Loundoungou-Toukoulaka) sont aménagées et exploitées. 2.1 GEOMORPHOLOGIE Les concessions CIB reposent principalement sur des terrains sédimentaires quaternaires (alluvions argileuses ou sableuses) de la Cuvette congolaise. Des formations plus anciennes (tertiaire, rarement secondaire) constituées de grès et argilites apparaissent au nord de l UFA Kabo et à l Ouest de l UFA Loundoungou (ORSTOM, 1983 ; Carte géologique du Congo, 1975). Le relief est généralement plat, hormis quelques secteurs légèrement ondulés à proximité du Parc national de Nouabalé-Ndoki. L altitude varie faiblement de 300 à 450 mètres. Le faible relief limite les risques d érosion et explique l abondance des marécages et des zones inondables. 2.2 VEGETATION Quatre grands types de végétation se distinguent sur l ensemble des concessions CIB (Laporte & Lin, 2004 ; Gillet, 2004 & 2006 ; Rapport d inventaire d aménagement CIB) : les forêts mixtes de terre ferme, les forêts monodominantes de limbali (Gilbertiodendron dewevrei), les forêts secondaires et les formations humides. D un point de vue phytogéographique, les formations forestières CIB se rattachent aux forêts denses humides semi-sempervirentes (de Namur, 1990) qui correspondent à des formations de transition entre la forêt sempervirente et la forêt semi-décidue (Vivien et Faure, 1985 ; White, 1986). Plus de 1 700 espèces de plantes ont été recensées dans le nord Congo (PFBC, 2006), et près de 620 espèces ligneuses (arbres, arbustes et lianes) ont été recensées sur les concessions CIB (Gillet, 2009). 2.2.1 Les forêts mixtes de terre ferme Ces forêts se caractérisent par une structure complexe et une grande diversité végétale. Les forêts mixtes de terre ferme constituent les forêts de production de bois d œuvre et par conséquent ont fait l objet d un inventaire d aménagement avec un taux de sondage à 1% ; près de 250 essences y ont été répertoriées ; les distributions spatiales et les densités des principales essences sont présentées dans les rapports d inventaires d aménagement CIB. Parmi les forêts mixtes de terre ferme, on distingue, selon l ouverture de la canopée et la structure du sous-bois, trois sous-types de forêts 1 : les forêts denses, les forêts claires et les forêts plus ou moins ouvertes à Marantaceae (Laporte et Lin, 2004 ; Gillet, 2004, 2006 ; rapports d inventaire d aménagement CIB). Les forêts à Marantaceae se distinguent par leurs caractéristiques structurale, notamment par un faible nombre de tiges et une faible surface terrière, et par une plus faible richesse floristique (Gillet 2006 ; rapport d inventaire d aménagement de Pokola) (voir Annexe 1). 1 Les variations sont toutefois progressives (continuum) entre forêts denses, forêts claires, forêts à Marantaceae, et ces différentes formations sont souvent difficiles à délimiter, sur le terrain ou par télédétection - 5 -

2.2.2 Les forêts de limbali Ces forêts monodominantes, composées de Gilbertiodendron dewevrei (Caesalpiniaceae) en peuplements presque purs, présentent une canopée très fermée et un sous-bois généralement ouvert. Ce type de forêt se rencontre généralement en zones inondables le long des cours d'eau (forêts ripicoles de limbali) et parfois sur les terres fermes de plateaux (forêts de limbali sur terre ferme). Les forêts de limbali sont très répandues dans l'ufa Loundoungou où elles ont fait l objet d un inventaire (voir rapport d inventaire d aménagement). Ce type de forêt est également très répandu dans le parc national Nouabalé-Ndoki (FAO, 1976, Plan d aménagement du PNNN, 2001) et se retrouve dans tout le bassin du Congo (Hart, 1990). 2.2.3 Les forêts secondaires Ces formations occupent les anciennes zones défrichées, telles que les vieilles routes d exploitations et les cultures abandonnées près des villages. Ces zones sont colonisées par les espèces pionnières comme le parasolier (Musanga cecropioides), qui forme par endroit des peuplements quasiment purs, l'essessang (Ricinodendron heudelotii), l'assas (Macaranga spp), le mengama (Myrianthus arboreus), l azobé (Lophira alata), le fromager (Ceiba pentandra) ou des petits arbres comme Harungana madagascariensis, Zanthoxylum spp, Calancoba welwitschii, etc. La diversité du peuplement arboré est faible (Maniatis, 2004 ; Missa-Lola, 2007). Quelques grands arbres conservés lors des défrichements agricoles témoignent de l ancienne forêt. 2.2.4 Les formations humides Les forêts inondables et marécageuses Ces forêts inondées toute ou partie de l année occupent des superficies importantes. On y distingue principalement les forêts marécageuses inondées en permanence, les forêts ripicoles en bordure des cours d eau et les forêts périodiquement inondées de plaines alluviales. Ces formations constituent des écosystèmes fragiles qui abritent une flore et une faune particulière. Clairières humides Le massif forestier inclut des espaces ouverts plus ou moins marécageux : les baïs et les éyangas. Les baïs sont traversés et alimentés par un cours d eau saisonnier ou permanent ; les éyangas sont des dépressions marécageuses, sans relations directes avec le réseau hydrographique. La végétation au centre des clairières est essentiellement composée de plantes herbacées (Cyperaceae et Poaceae). Ces clairières abritent une faune et une flore particulières et représentent des milieux importants pour l alimentation (eau et minéraux) et les contacts sociaux des grands mammifères (Magliocca & Gautier-Hion 2001 ; Elkan & Clark, 2004). 2.3 FAUNE 2.3.1 Mammifères Près de 60 espèces de mammifères ont été recensées dans le Nord Congo (Poulsen et al., 2005 ; plan d aménagement du PNNN), parmi lesquelles l éléphant de forêt, le gorille de plaine, le chimpanzé, l antilope bongo, la panthère, la loutre tacheté et l hippopotame. La liste des principaux mammifères menacés à l échelle nationale ou internationale est présentée en Annexe 2. - 6 -

2.3.2 Autres vertébrés Plus de 400 espèces d oiseaux ont été recensées au Nord Congo, parmi lesquelles plusieurs espèces protégées au niveau national (voir liste figurant en annexe du plan aménagement PNNN). L'herpétofaune du Nord Congo comprend trois espèces de crocodiles inscrites au CITES et partiellement protégées au Congo - le crocodile du Nil Crocodilus niloticus, le crocodile de forêt Osteolaemus tetraspis et le faux-gavial Crocodilus cataphractus -, de nombreuses espèces de serpents, dont une - le python de Seba - est partiellement protégée au Congo, plusieurs espèces de lézards et de tortues. L ichtyofaune reste mal connue, bien qu elle soit très importante pour les populations locales. L ensemble du bassin de la Sangha compterait près de 300 espèces de poissons. 2.4 POPULATIONS HUMAINES 2.4.1 Démographie Environ 25 000 personnes vivent sur les concessions CIB (voir Annexe 3 : Classement IUCN des essences Nom Pilote Nom scientifique Catégorie IUCN Mukulungu Autranella congolensis CR Afrormosia Pericopsis elata EN (1) Agba Prioria balsamifera EN Ebène noir Diospyros crassiflora EN (2) Pao rosa Bobgunnia (=Swartzia) fistuloides EN Wengué Millettia laurentii EN Acajou Khaya anthotheca VU Azobé Lophira alata VU Bilinga Nauclea diderrichii VU Bosse clair Guarea cedrata VU Dibétou Lovoa trichilioides VU Doussié Afzelia bipindensis VU Eyong Eribroma oblongum VU Iroko Milicia excelsa VU Kanda Beilschmiedia spp VU Kosipo Entandrophragma candollei VU Koto Pterygota spp. VU Sapelli Entandrophragma cylindricum VU Sipo Entandrophragma utile VU Tiama Entandrophragma angolense VU Ayous Triplochiton scleroxylon LR Iatandza Albizia ferruginea LR CR: Gravement menacé d'extinction; EN: Menacé d'extinction; VU: Vulnérable; LR: Risque moins élevé (1) essence classée en annexe II du CITES (2) essence protégée par la législation congolaise - 7 -

Annexe 4), soit une densité de 1,7 habitant par km 2. Les populations sont localisées essentiellement le long des deux principaux cours d eau la Sangha à l Ouest et la Motaba au Nord-Est et à l Est en bordures du grand marécage de la Likouala les terres Mizouvou et les terres Kabounga. Les cinq sites de la CIB (Pokola, Kabo, Ndoki 1, Mokobo et Loundoungou) regroupent près des deuxtiers de la population totale des concessions. Le centre semi-urbain de Pokola concentre à lui seul près de la moitié de la population des concessions (recensement démographique 2008). Les villages et campements comptent environ 9 000 habitants, dont près de la moitié sont des seminomades, Bambenzélé essentiellement, et Bangombé. 2.4.2 Utilisation des ressources forestières Pour les populations vivant en zone forestière, les produits forestiers autres que le bois d œuvre ont une valeur alimentaire, culturelle, économique et symbolique. La chasse, la pêche et la cueillette sont généralement des activités de subsistance pratiquées par l ensemble des populations forestières. Les activités commerciales informelles constituent également une source importante de revenus. 2.4.3 Agriculture Les activités agricoles, principalement développées par les villageois, concernent essentiellement la culture de produits vivriers, basées sur des systèmes extensifs d abattis-brûlis, et destinés à l autoconsommation (agriculture d autosubsistance). 2.4.4 Occupation de l espace Le terroir villageois comprend des zones d habitations, des zones de cultures, des jachères et des zones de forêt. Alors que les trois premières sont aisément circonscrites, les limites sont plus approximatives au niveau de la forêt (Etudes socio-économique CIB, JMN-Consultant). Les territoires semi-nomades sont bien définis et reconnus entre les clans (Lewis, 2002 ; Moukassa et al., 2005). En général, les zones de forêts de terre ferme sont nommées et attribuées à des clans spécifiques, et ceci est reconnu par les autres clans. Les semi-nomades parcourent l espace forestier lors des expéditions de «Moaka», courts séjours en forêt (quelques jours), et de «Molongo», longs séjours en forêt pouvant durer quelques semaines à plusieurs années. L occupation de l espace par les communautés villageoise et semi-nomade dans les concessions CIB est présentée sur la Figure 2. 2.5 EXPLOITATION FORESTIERE En 2008, près des deux-tiers des forêts de production (les forêts mixtes de terre ferme) des concessions CIB ont été parcourus par l exploitation industrielle de bois d œuvre. Toutefois, le taux d exploitation est très variable selon les unités forestières (Figure 3) : 97% pour l ancienne UFA Toukoulaka, 93% pour l UFA Pokola, 89% pour l UFA Kabo, 22% pour l ancienne UFA Loundoungou, 0% pour l UFE Pikounda. Les forêts non exploitées correspondent à des forêts anciennes. En 2007, année de forte production, la CIB a exploité 46 essences (dont 33 avec une production supérieure à 500 m 3 ), avec un prélèvement moyen de un arbre / ha. - 8 -

Figure 2 : Occupation actuelle de l espace par les communautés villageoises et semi-nomades dans les concessions CIB - 9 -

Figure 3 : Historique de l exploitation des concessions CIB Les zones non exploitées apparaissent en vert foncé - 10 -

3 EVALUATION DES VALEURS DE CONSERVATION ET IDENTIFICATION DES FHVC SUR LES CONCESSIONS CIB 3.1 HVC 1 : CONCENTRATION DE BIODIVERSITE Forêts contenant des concentrations de valeurs de biodiversité importantes au niveau global, régional ou national (p. ex. endémisme, espèces menacées, refuges) 3.1.1 HVC 1.1 : Aires protégées Les aires protégées au Congo, tels que les parcs nationaux et les réserves, sont établies pour protéger la biodiversité à l échelle nationale, régionales ou internationale. Les forêts des aires protégées sont des FHVC et les concessions avoisinantes doivent prendre en compte ces valeurs qu elles peuvent partager (Proforest). Les concessions de la CIB sont situées à proximités de quatre aires protégées au niveau national ou sous-régional (Figure 1) : - Le parc national de Nouabalé-Ndoki est adjacent aux UFA de Kabo et de Loundoungou- Toukoulaka ; - Le parc national de Ndoki en République Centrafricaine et le parc national de Lobéké au Cameroun sont adjacent à l UFA de Kabo ; - La réserve communautaire du Lac Télé (zone RAMSAR, seul site dans le bassin du Congo) est adjacente à l UFA Loundoungou-Toukoulaka. Plus loin à l Ouest mais non adjacent aux concessions CIB, le parc national d Odzala est situé à environ 100 km de la rivière Sangha (limite ouest de l UFA Pokola). 3.1.2 HVC 1.2 : Concentration d espèces vulnérables, menacées ou en danger d extinction L interprétation de cette HVC porte sur la présence avérée ou potentielle de plantes ou d animaux rares ou menacées (Proforest). Faune Les concessions CIB abritent de nombreuses espèces animales plus ou moins menacées dont plus de 30 espèces de mammifères inscrites sur la liste rouge de l IUCN ou en annexe du CITES (Annexe 2). Pour les quatre espèces de mammifères les plus étudiées - éléphant, gorille, chimpanzé et antilope bongo - les densités de population observées dans les concessions CIB sont parmi les plus élevées du Nord Congo 2 (voir Annexe 5, Rapport d inventaire d aménagement ; Rapport semestriel 12 PROGEPP, Elkan 2003, Stokes, 2007). 2 Les densités de grands singes, d éléphants et de bongo sont plus élevées dans les UFA de Kabo et de Pokola que dans le parc national de Nouabalé-Ndoki - 11 -

Les distributions spatiales des espèces sont généralement liées au type d habitat et aux perturbations humaines actuelles ou passées (Annexe 6 ; rapports d inventaire d aménagement ; rapport semestriel 12 PROGEPP, Elkan 2003 ; Malonga, 2005) Les densités observées sont généralement : - plus faibles dans les zones actuellement chassées ou ayant subit une forte pression de chasse dans le passé, notamment près des villages ; - plus élevées au voisinage des clairières forestières (baï et eyangas) ; - plus élevées dans les zones anciennement exploitées, les animaux bénéficiant du recru forestier pour leur alimentation. Flore Les forêts mixtes de terre ferme renferment 14 espèces d arbres considérées comme vulnérables (VU) et six espèces considérées comme en danger (CR et EN) par l IUCN (Annexe 3) : l afrormosia (Pericopsis elata, Fabaceae), également classé en annexe II du CITES, l agba (Prioria balsamifera, Ceasalpinianceae) l ébène noir (Diospyros crassiflora, Ebenaceae), protégé par la législation congolaise, le mukulungu (Autranella congolensis, Sapotaceae), le pao rosa (Swarzia fistuloides, Fabaceae) et le wengué (Millettia laurentii, Fabaceae). A l échelle des concessions CIB, les densités et la distribution spatiale de ces espèces varient sensiblement (Annexe 7 et Annexe 8) : - L ébène noir se trouve plus ou moins partout, en densité relativement importante ; - L afrormosia est spatialement très localisé, essentiellement à l ouest de l UFA Kabo ; - Le pao rosa se répartit de manière localisée dans la partie nord des concessions (UFA Kabo et nord des UFA Pokola et Loundoungou-Toukoulaka) ; - Le mukulungu est présent plus ou moins partout, mais en densité plus élevées dans l UFA Loundoungou-Toukoulaka ; - Le wengué est très abondant dans la partie sud des concessions, rare au nord. Notons que la plupart des essences commerciales appartenant à la famille des Meliaceae (sapelli, sipo, kosipo, tiama, bossé clair, dibétou, acajou) sont considérées comme vulnérables par l IUCN. Ces espèces sont présentes sur l ensemble des concessions CIB, en densités généralement importantes. - 12 -

3.1.3 HVC 1.3 : Concentration d espèces endémiques L interprétation de cette HVC porte sur la présence avérée ou potentielle d espèces endémiques de plantes ou d animaux, c'est-à-dire des espèces se trouvant uniquement sur les concessions de la CIB (Proforest). Aucune espèce endémique n est reconnue parmi les groupes taxonomiques les plus étudiés (vertébrés et phanérogames). Certains groupes de plantes (champignons, fougères, plantes épiphytes, ) ou d animaux (insectes, batraciens, poissons, ) restent peu étudiés et présentent peut-être des espèces endémiques, éventuellement associées à des milieux particuliers. Dans l état actuel des connaissances, les concessions CIB n abritent pas d espèces endémiques ou de zones présumées de concentration d espèces endémiques (zones refuges). 3.1.4 HVC 1.4 : Zones de concentration saisonnières d espèces Dans le cas du nord Congo, où la différence entre les saisons est peu marquée, l interprétation de cette HVC porte sur des ressources ponctuelles ou de faibles étendues mais qui ont une importance élevées pour le maintient de la biodiversité. Il peut s agir des clairières forestières fréquentées périodiquement par plusieurs espèces animales pour leur alimentation et les contacts sociaux, certaines zones de concentration d arbres fruitiers importante pour la subsistance saisonnière des frugivores, ou de zones humides (rivières, marécages, ) utilisées comme ressources ou refuges temporaires pour de grandes populations d animaux menacés (Proforest). Les clairières humides sont très fréquentes dans la partie centre des UFA de Kabo et de Pokola (plus de 900 clairières répertoriées - voir Annexe 9) et, bien que n occupant pas de grandes superficies, certaines clairières ont un rôle saisonnier important dans l alimentation et la reproduction notamment des éléphants, des bongos, des gorilles, des buffles, et des sitatunga. Trois catégories de clairières sont distinguées, avec par ordre d importance écologique : - Les baïs majeurs reconnus pour leur importance écologique en terme d habitat et/ou leur fréquentation par la faune sauvage ; ces baïs sont répertoriés dans les plans d aménagement ; - Les baïs mineurs peu nombreux et de moindre importance écologique ; - Les éyangas présents en grand nombre sur les concessions. Les forêts inondables et marécageuses occupent près de 30% de la superficie totale des concessions CIB. Ces milieux sont fréquentés, de manière temporaire ou permanente, par plusieurs espèces animales menacées (notamment le gorille et l éléphant). Mais dans l état des connaissances, aucune zone n est particulièrement utilisée comme refuge ou ressource temporaires par de grandes populations d animaux. Aucune zone présentant une densité particulièrement importante d arbres fruitiers n a été identifiée sur les concessions CIB. Les zones adjacentes du parc national de Noubalé-Ndoki peuvent constituer des espaces de migrations saisonnières pour les grands mammifères. - 13 -

3.2 HVC 2 : VASTES FORETS A L ECHELLE DE PAYSAGE Grande forêt, à l échelle du paysage, comprise dans l unité d aménagement ou contenant celle-ci, et où des populations viables de la plupart ou de toutes les espèces s y trouvant naturellement sont réparties selon des modes de disposition et d abondance naturels. Ce concept est particulièrement approprié pour des régions où les forêts sont très fragmentées et où il n existe que quelques blocs isolées de forêt de très grande étendue, qui prennent donc une très grande importance au niveau national (Proforest, 2008). Cependant, il existe plusieurs interprétations possibles de cette valeur et on pourrait notamment considérer que les «paysages» prioritaires de conservation définis pour le bassin du Congo présentent cette valeur (voir encadré ci-dessous). Sites prioritaires de conservation du partenariat pour le bassin du Congo : le concept de paysages Les sites les plus importants (zones prioritaires) pour la conservation de la biodiversité en Afrique centrale ont été identifiés en 2000 lors d un atelier à Libreville regroupant de nombreux experts en sciences naturelles et sciences humaines. Dans une deuxième phase, les sites prioritaires ont été regroupés en vastes zones relativement intactes, les «paysages», sur la base de leur représentativité, de la viabilité de leurs populations animales, de leur intégrité et de la résilience de leurs écosystèmes. Ces paysages sont suffisamment grands pour couvrir les territoires utilisés par des espèces ayant un très vaste domaine vital et pour conserver des populations viables d espèces rares. Chaque paysage est centré sur une ou des aires protégées et s étend sur des zones d usage des communautés locales et d exploitations industrielles telles que les concessions forestières. Le paysage intègre donc les aires protégées (les zones prioritaires de conservation) dans un contexte géographique plus large (des zones périphériques tampon) qui implique tous les acteurs concernés (administration, société civile, ONG internationales, populations locales, secteur privé ). Au total, 12 paysages ont été identifiés, couvrant 38 % des forêts du bassin du Congo Paysage tri-national de la Sangha Les concessions CIB sont presque entièrement incluses dans le paysage tri-national de la Sangha (Figure 4). Les valeurs de ce paysage sont les suivantes : - Contient de vastes étendues de forêts intactes variées, abritant des communautés intactes de grands mammifères parmi les plus importantes d Afrique (notamment les éléphants et les grands singes) ; présence de milieu (baï) très recherchés par la faune. - Importance pour la conservation au niveau global, régional et nationale reconnue par le milieu scientifique. - Conditions favorables de préservation du fait de la présence importante d aire protégées et d accord internationaux de coopération. - Gestion durables des zones périphériques aux aires protégées renforcée par des accords de partenariat entre ONG de conservation et secteur privé. Paysage Lac Télé-Lac Tumba Ce paysage inclus l extrémité orientale de l UFA Loundoungou-Toukoulaka (Figure 4). Les valeurs de ce paysage sont notamment : - Vaste étendue de forêts inondables parmi les plus importantes au monde, constituant un écosystème unique en Afrique. - Importance pour la régulation hydrologique du bassin de Congo et la régulation climatique de l Afrique centrale. - Fortes richesse et diversité de la flore et de la faune (population importantes d espèces menacées, endémisme) dans la réserve communautaire du Lac Télé. Les forêts du basin du Congo Etat des forêts 2006-14 -

Figure 4 : Le Paysage de la tri national de la Sangha et le Paysage Lac Télé-Lac Tumba (extrait de l ouvrage «Les forêts du basin du Congo - Etat des forêts 2006») - 15 -

3.3 HVC 3 : ECOSYSTEMES MENACES OU RARES Forêts constituant ou comportant des écosystèmes rares, menacés ou en voie de disparition. Cette valeur comprend la formation forestière au sens large (forêts denses humides semisempervirentes) et les types de forêts ou de milieux d étendues plus restreintes contenu dans cette formation. L interprétation de cette HVC à l échelle nationale doit considérer les écosystèmes rares à l état naturel, ou très réduit par rapport à leur étendue originale à cause de pressions humaines, ou menacées par les activités d exploitation actuelles ou prévues (Proforest). 3.3.1 Rareté des écosystèmes Les différents types de forêts de terre ferme rencontrés dans les concessions CIB se retrouvent dans le parc national de Nouabalé-Ndoki, à l exception des forêts très ouvertes à Marantaceae (Laporte & Lin, 2004 ; FAO, 1976). Les forêts ouvertes à Marantaceae sont présentes essentiellement dans les UFA Pokola et Loundoungou-Toukoulaka et occupent une faible superficie, moins de 6 000 ha (Laporte & Lin, 2004). Cependant, à l ouest de la rivière Sangha, ces formations occupent des surfaces considérables : près de 250 000 ha dans le parc national d Odzala (Brugière et al. 2000) et plusieurs dizaines de milliers hectares dans la partie sud de l UFA Ngombé. Du fait d un faible relief, les forêts marécageuses et inondables couvrent des surfaces considérables au nord Congo et au sein des concessions CIB. Ces forêts occupent près de 430 000 ha dans les concessions CIB, soit 29% de la surface totale des concessions. Les clairières forestières, qui jouent un rôle important pour la faune, sont très fréquentes dans les concessions CIB (près d un millier de clairières répertoriées - voir Annexe 9) et se retrouvent en densités plus ou moins fortes dans tout le Nord Congo. 3.3.2 Menaces de l exploitation sur les écosystèmes Seules les forêts de terre ferme sont exploitées par la CIB. Les formations humides, notamment les clairières, ne sont donc pas directement menacées par l exploitation (voir règles de gestion). L exploitation des forêts de terre ferme est de faible intensité 3 et n entraîne pas de modifications importantes dans la structure du peuplement ; la surface terrière diminue sensiblement (environ 10%) après exploitation mais celle-ci semble stimuler la régénération de certaines essences exploitées (rapports d inventaire d aménagement). Les concessions CIB abritent des populations importantes de grands mammifères plus ou moins menacées à l échelle nationale et internationale. L exploitation forestière ne semble pas avoir d effets négatifs à long terme sur la densité et la répartition spatiale de ces populations (rapport semestriel PROGEPP 12, 2007 ; rapports d inventaire d aménagement CIB ; Stokes, 2007 ; Clark et al. 2009). Aucun écosystème forestier se trouvant sur les concessions CIB ne peut donc être considéré comme particulièrement rare ou menacé. 3 Le prélèvement moyen de l exploitation est inférieur à 2 arbres / ha - 16 -

3.4 HVC 4 : SERVICES ECOLOGIQUES ESSENTIELS Espace forestier assurant un service écologique essentiel dans des situations critiques (p. ex. protection de bassin versant, contrôle de l érosion). 3.4.1 HVC 4.1 : Protection critique de bassins hydrographique Les forêts peuvent contrôler la qualité, la quantité et la régularité des nappes phréatiques et des cours d eau. Cette fonction constitue un service écologique que l on définir comme critique si les populations ou les écosystèmes en aval en dépendent de façon très significative (Proforest, 2008). La plupart des cours d eau situés dans l espace forestier utilisé par les populations locales ont un rôle important pour la pêche et l économie de ces populations. La majorité de l UFA Londoungou-Toukoulaka constitue un bassin versant des grands marécages de la Likouala qui comprend des zones de pêche importantes et la réserve communautaire du lac Télé. Les forêts ripicoles, inondables et marécageuses, sont des écosystèmes fragiles qui assurent une protection des cours d eau, de la biodiversité et des ressources naturelles qui y sont associées. Ces types de forêts présentent une valeur importante de conservation 3.4.2 HVC 4.1 : Protection critique contre l érosion Une forêt s avère primordiale à la protection contre l érosion si un phénomène d érosion ou d instabilité du terrain aurait des conséquences très sévères sur le fonctionnement de l écosystème, l économie locale ou la santé des populations (Proforest). Compte tenu du faible relief, les risques d érosion liés à l exploitation forestière sont très faibles sur l ensemble des concessions CIB. - 17 -

3.5 HVC 5 : BESOINS ESSENTIELS DES COMMUNAUTES Espace forestier fondamentalement nécessaire à la satisfaction des besoins élémentaires des communautés locales (p. ex. besoins de subsistance, de santé). La majorité des populations autochtones vivant sur les concessions CIB, en particulier les communautés semi-nomades et les populations des villages isolés et démunis, sont très largement dépendantes de la forêt pour leur subsistance. La viande de chasse et le poisson d eau douce constituent une source essentielle de protéines pour les communautés villageoises et semi-nomades (Moukassa, 2001, 2004 ; Etudes socio-économiques CIB). La cueillette reste une activité importante pour les semi-nomades, en particulier pour les femmes. Les produits de cueillette, d origine animale (chenilles, miel ) ou végétale (fruits, graines, feuilles, tiges, sèves, champignons ), sont utilisés par les semi-nomades et les villageois pour leur alimentation, les soins médicaux, les constructions ou la fabrication d objets divers. Les populations des bases vie CIB dépendent en partie des ressources de la forêt mais cette dépendance n est pas essentielle à leur survie. 3.6 HVC 6 : IDENTITE CULTURELLE TRADITIONNELLE Espace forestier fondamentalement nécessaire à l identité culturelle traditionnelle des communautés locales (p. ex importance culturelle, écologique, économique ou religieuse, identifiées en coopération avec les communautés). Pour les semi-nomades, la chasse, la pêche et la cueillette ont une grande importance culturelle et religieuse. La tradition orale des semi-nomades est basée sur des contes où ces activités jouent un rôle majeur. Les rites, danses et autres actes religieux sont en majorité liés et appliqués à la chasse qui, en tant qu activité, définit l identité culturelle des semi-nomades (Lewis, 2002). L identité culturelle des semi-nomades est fondamentalement liée à des sites (lieux de culte, arbres sacrés, ) ou à des espaces forestiers. Les séjours en forêt, notamment le «Molongo», sont un moment propice de la transmission du «savoir spécialisé» des adultes vers les jeunes et permettent des échanges sociaux entres différents groupes de résidence (Lewis, 2002 ; Leclerc, 2003 ; Elende et al, 2005). - 18 -

3.7 ANALYSE SPATIALE ET IDENTIFICATION DES FHVC 3.7.1 Méthode d évaluation Processus consultatif Pour définir les FHVC sur ses concessions, la CIB a depuis 2004 4 consulté directement ou indirectement : - ses partenaires impliqués dans les différents projets en cours (voir chapitre 0), notamment les ONG Wildlife Conservation Society (WCS), Tropical Forest Trust (TFT), Forest People Program (FPP), Nature plus ; - les autres parties prenantes dans l aménagement et la gestion des forêts, en particulier le Ministère en charge des forêts, les populations autochtones (voir chapitre ) ; - divers experts lors de visites des concessions (Greenpeace 5 ) ou de missions d évaluation des projets CIB (SECO 6, BMZ-GTZ 7, ). Sources d informations sur les concessions Les principales sources d informations proviennent essentiellement des études réalisées pour la préparation des plans d aménagement des UFA CIB, notamment : - les cartes de répartition de la densité des grands mammifères ; - les cartes de répartition de la densité des essences évaluées par l IUCN ; - les études socio-économiques et les cartes d utilisation de l espace par les communautés autochtones ; - les cartes de végétation et du réseau hydrographique. Cotation des valeurs par zone Au sein de chaque UFA, des zones relativement homogènes en terme de valeur pour la conservation ont été identifiées (Figure 5). Pour chaque zone, la valeur de conservation a été évaluée par un système de cotation : - valeur très importante : 2 - valeur assez importante : 1 - valeur faible : 0 Une cotation globale est ensuite établie par zone par la somme des cotes pour toutes les valeurs de conservation. Une zone est considérée comme FHVC si : - la cote pour l une des valeurs est égale à 2 - la cotation globale des valeurs est supérieure à 3. 4 Date de l engagement de la CIB vers la certification FSC 5 Greenpeace, 2005 : Report on the site visit to CIB in Congo- Congo Brazzaville, december, 2004 6 SECO, 2004 : Evaluation de la collaboration CIB-MEFE-WCS pour la gestion de la faune dans les concessions forestières de Kabo, Pokola, Loundoungou, Nord Congo 7 BMZ-GTZ, 2003 : Evaluierung des PPP-PROJEKTS 98.4203.0-165.03 nachhaltige waldbewirtschaftung der wälder im nordkong - 19 -

Figure 5 : Les différentes zones identifiées sur les concessions CIB, homogènes pour les valeurs de conservation Les zones agro-forestières apparaissent en rose - 20 -

Tableau 2 : Evaluation des valeurs de conservation et indentification de FHVC par zones sur les concessions CIB HVC 1.1 HVC 1.2 HVC 1.4 HVC 2 HVC 4.1 HVC 5 HVC 6 Zone Proximité Concentration Concentration Vaste forêt Protection bassins Subsistances Identité Global aires protégée d espèces menacées saisonnière d espèces préservée hydrographiques communautés culturelle UFA Kabo K1. Zone nord (adjacentes aux parcs nationaux) 1 2 FHVC 1 1 0 1 0 FHVC K2. Zone ouest 0 1 0 0 1 2 FHVC 2 FHVC FHVC K3. Zone centre et est 0 2 FHVC 1 (clairières) 1 1 0 (non fréquentée) 0 (non fréquentée) Zones agro-forestières villageoises et sites CIB 0 0 0 0 1 1 1 3 UFA Pokola P1. Zone nord-ouest 0 1 0 0 1 2 FHVC 2 FHVC FHVC P2. Zone nord-est 0 2 FHVC 1 0 0 1 1 (clairières) (non fréquentée) (non fréquentée) FHVC P3. Zone sud 0 1 1 (clairières) 1 1 2 FHVC 2 FHVC FHVC Zones agro-forestières villageoises et sites CIB 0 0 0 0 1 1 1 3 UFA Loundoungou-Toukoulaka L1. Zone nord-ouest 0 0 1 2 FHVC 1 1 1 (adjacentes au parc national) (non fréquentée) (non fréquentée) FHVC L2. Zone est Loundoungou 0 1 0 1 (non exploitée) 1 2 FHVC 2 FHVC FHVC T1. Zone nord Toukoulaka 0 2 FHVC 0 1 1 1 1 FHVC T2. Zone centre Toukoulaka 1 1 0 0 1 2 FHVC 2 FHVC FHVC T3. Zone sud Toukoulaka 1 2 FHVC 0 1 0 2 FHVC 2 FHVC FHVC Zones agro-forestières villageoises et sites CIB 0 0 0 0 1 1 1 3 Cotation des valeurs : 0 = valeur faible ; 1 = valeur assez importante ; 2 = valeur très importante FHVC - 21 -

3.7.2 Résultat de l évaluation A l exception des zones agro-forestières définies autour des villages et des sites CIB, les différentes zones des concessions CIB peuvent être considérées comme des forêts à hautes valeurs de conservation (Tableau 2 et Figure 5) compte tenu de leurs caractéristiques biologiques et socioéconomiques, et notamment : - la grande taille des concessions recouvrant des forêts préservées et des forêts primaires ; - la proximité d un réseau important d aires protégées ; - l importance de la biodiversité, en particulier l abondance des populations de grands mammifères menacés (gorille de plaine, chimpanzé, éléphant, ) ; - la présence de populations semi-nomades dépendant directement de la forêt pour leur subsistance et leur identité culturelle. Cas particulier des zones agroforestières Les zones agro-forestières délimitées autour des villages et des sites forestiers sont réservées aux activités de proximité des habitants, essentiellement l agriculture, mais aussi une partie de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Bien que ces zones soient importantes pour la subsistance des populations locales, les écosystèmes forestiers y sont dégradés par les défrichements agricoles (conversion des forêts et diminution de la biodiversité) (Maniatis, 2004), et par une chasse et éventuellement une pêche intensives (biodiversité appauvrie par une raréfaction de la faune). Ces zones agro-forestières constituent la série de développement communautaire définie dans le plan d aménagement (Figure 6) et ne sont pas considérées comme des forêts à haute valeur pour la conservation (Tableau 2). Selon les règles prévues par les plans d aménagement, ces zones agro-forestières sont gérées par un conseil de concertation composé de l ensemble des parties prenantes : représentant des populations locales, des collectivités locales, de l administration, des ONG et de la CIB. - 22 -

4 GESTION DES FHVC Par mesures de précaution, compte tenu notamment de la relative méconnaissance des écosystèmes liée à leur complexité, les mesures de gestion définies par la CIB prennent en compte toutes valeurs importantes de conservation (cotation HVC 1 ; cf. Tableau 2) et sont mises en œuvre sur la quasi-totalité des concessions CIB, à l exception des zones de développement communautaire. La stratégie de maintien des HVC se résume en trois points : Protection des zones, des milieux, des sites, des espèces et des ressources particulièrement sensibles ; Mise en œuvre de mesures d exploitation à impact réduit (EFIR) dans les zones exploitées ; Gestion de la faune sur l ensemble des concessions. Les règles de gestion ont été déterminées après consultation des principales parties prenantes locales (les populations, ONG locales), nationales (Ministère en charge des forêts) ou internationales (WCS et différents partenaires de CIB voir encadré ci-après). 4.1 MESURES DE GESTION DES HVC Le Tableau 3 présente les objectifs de gestion des HVC, les menaces sur les valeurs de conservation et les mesures de gestion pour maintenir les caractéristiques des HVC avec les documents de référence. Les mesures de gestion sont généralement transversales et concernent plusieurs HVC. Autrementdit, une mesure de gestion n est généralement pas spécifique à une seule valeur de conservation mais est destinée à maintenir les caractéristiques de plusieurs HVC. Les mesures de gestion présentées dans ce document sont définies dans les plans d aménagement des UFA et détaillées dans les procédures internes à l entreprise. 4.1.1 Les différents documents de gestion Les principes de gestion sont définis dans les plans d aménagement des UFA et précisées dans les plans de gestion des UFP : - Le plan d aménagement constitue le référentiel légal de la gestion à long terme de l Unité Forestière d Aménagement (UFA). Ce plan est défini pour la durée de la rotation (30 ou 35 ans selon les UFA) mais peut éventuellement être révisé tous les 5 ans. - Le plan de gestion précise les règles de gestion forestière sur la durée d ouverture de l Unité Forestière de Production (UFP) correspondant généralement à cinq assiettes annuelles de coupe. Pour chaque activité importante de la CIB, les mesures de gestion et de suivi-évaluation sont détaillées dans des procédures internes à l entreprise. Celles-ci sont régulièrement révisées, en général chaque année, afin prendre en compte les résultats du suivi-évaluation des mesures mise en œuvre, les nouvelles techniques ou connaissances scientifiques, et l évolution de la règlementation en la matière. - 23 -

Figure 6 : Les séries d aménagement sur les concessions CIB Les séries délimitées dans l UFE Pikounda-Nord sont provisoires - 24 -

Parc national Nouabalé-Ndoki Figure 7 : Les zones de chasse sur les concessions CIB - 25 -

4.1.2 Les séries d aménagement Les différentes séries d aménagement sont présentées sur la Figure 6 à l échelle des concessions CIB. Outre la série de production, espace forestier pouvant être exploité pour le bois d œuvre, les plans d aménagement délimitent trois autres séries : les séries de conservation, de protection et de développement communautaire. La série de conservation Bien que tous les types de forêts rencontrés sur les concessions CIB sont représentés dans les aires protégées voisines (tri-national Sangha, parc national d Odzala et réserve communautaire du Lac Télé), en application du principe de précaution, des zones forestières au sein des UFA sont soustraites à l exploitation forestière pour constituer des zones témoins, représentatives des écosystèmes forestiers. Ces zones sont classées dans les plans d aménagement en série de conservation (Figure 6). Les zones de conservation ont été identifiées et délimitées en concertation avec les parties prenantes : administration congolaise, WCS, centre de recherche, populations locales. Elles ont été choisies en fonction de plusieurs critères : - Intérêts écologiques et/ou biologiques particuliers de la zone : représentativité des types d écosystèmes forestiers présents sur les concessions, présence de milieux particulièrement sensibles, richesse ou biodiversité faunistique importantes, - Historique de l exploitation : présence de forêts naturelles anciennes non exploitées, constituant une zone témoin ; - Proximité d une aire protégée au niveau national, facilitant le contrôle et la protection de la zone sur le long terme ; - Accessibilité de la zone : mise en défend naturelle (barrière naturelle telles que les rivières et marécages, éloignement des villages) facilitant la protection de la zone sur le long terme. - Présence de stations de recherche d intérêt national ou international. La série de conservation pourrait inclure des sites de valeur culturelle ou cultuelle des populations autochtones. A l échelle de l UFA et dans le cadre du plan d aménagement, ces sites, qui occupent de très faibles superficies, ne peuvent raisonnablement pas être identifiés de manière exhaustive sur l ensemble du massif forestier. Cependant, les sites situés à proximité des villages sont inclus dans la série de développement communautaire, et donc soustrait à l exploitation. Les sites et ressources clés situés au sein du massif forestier, dans la zone d exploitation, sont systématiquement identifiés avant le passage en coupes (voir chapitre 4.1.5). La série de protection Les zones humides constituent des écosystèmes fragiles et sont soustraites à l exploitation de manière à protéger les sols, les cours d eau, la biodiversité et les ressources naturelles et culturelles qui y sont associées. La proximité de réserve communautaire du lac Télé (zone RAMSAR) renforce la valeur écologique de ces zones humides. L ensemble des zones humides - cours d eau, marécages, forêts marécageuses, forêts inondables, forêts riveraines, les clairières marécageuses ou inondables (baïs et éyangas) - constitue la série de protection du plan d aménagement (Figure 6). - 26 -

Cependant, des cours d eau de faible importance et de nombreuses clairières (cas généralement des éyangas) se trouvent au milieu du massif forestier, dans la zone d exploitation (la série de production). Des mesures de gestion sont alors appliquées pour protéger ces zones humides (voir chapitre 4.1.5). La série de développement communautaire La série de développement communautaire série rassemble les zones agro-forestières délimitées autour des villages et des sites forestiers et réservées aux activités de proximité des habitants, essentiellement l agriculture, mais aussi une partie de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Les défrichements agricoles sont interdits en dehors des zones agro-forestières. Rappelons que ces zones agro-forestières ne sont pas considérées comme des forêts à haute valeur pour la conservation (cf. chapitre 3.7.2). 4.1.3 Exploitation des essences commercialisables L aménagement de la série de production repose sur un système de coupes polycycliques où l exploitation prélève à chaque passage les arbres considérés comme mûrs, c est à dire ceux dont le diamètre est supérieur au diamètre minimum d exploitabilité. Les structures de populations des essences commercialisables ont été analysées à partir des résultats d inventaires d aménagement 8. Cette analyse, qui prend en compte la densité et la répartition spatiale de l essence, sa structure diamétrique (distribution des effectifs par classe de diamètre), son diamètre de fructification (lorsqu il est connu), son tempérament vis-à-vis de la lumière et ses capacités de régénération, ses potentialités de reconstitution après exploitation (dépendant de l accroissement diamétrique, de la mortalité et des dégâts d exploitation), a permis de définir : - Les diamètres minima d exploitabilité des essences exploitables : ce diamètre a été augmenté pour toutes essences présentant une structure a priori défavorable pour le renouvellement à long terme des populations ; - Les essences protégées en raison de leur faible densité et de leur répartition spatiale très localisée (p. ex. afromosia, pao rosa). 4.1.4 Gestion de la faune La gestion de la faune a pour principaux objectifs : - Maintenir la diversité biologique et protéger les écosystèmes forestiers à l échelle de l UFA ; - Protéger les espèces menacées de disparition par le braconnage ou la chasse commerciale ; - Assurer la pérennité des ressources fauniques exploitées par les populations locales comme sources primaires de protéines ; - Réduire les impacts indirects de l exploitation sur le parc national Nouabalé-Ndoki. Les mesures de gestion de la faune mise en œuvre par la CIB en partenariat avec WCS et le MEF (PROGEPP) se résument en deux points : 8 Un inventaire d aménagement (arbres, faune et PFNL) de l ensemble des concessions CIB a été mise en œuvre de 2001 à 2003 sur une base d échantillonnage de 1%. - 27 -