La Grèce, principale porte d'entrée de l'immigration clandestine dans l'u.e. En 2010, selon les Nations Unies, 90 % des migrants souhaitant entrer illégalement dans l'u.e. sont passés par la Grèce. Document 1: 132524 immigrants illégaux arrêtés en Grèce en 2010 Le nombre d'immigrés clandestins arrêtés en Grèce en 2010 s'élève à 132 524. En 2009, ce chiffre était de 126 145. Sur le total des personnes arrêtées, 52 469 ont été renvoyés dans leur pays d'origine. 48177 étaient des Albanais interceptés à la frontière gréco-albanaise: ils ont été contraints de rentrer dans leur pays en vertu des accords bilatéraux de renvois. 2019 étaient des Asiatiques, dont 424 afghans et 680 irakiens, qui en raison des conditions de vie dans ces deux pays, auraient pu, en théorie du moins, bénéficier du droit d'asile. Le nombre d'africains reconduits aux frontières s'élève quant à lui à 581. Sur ces 581 clandestins, on compte 122 Marocains et 102 Soudanais qui auraient pu eux aussi bénéficier du droit d'asile en raison des événements au Darfour. De ces chiffres donnés hier officiellement par le chef de la police grecque, il apparait également que la Grèce a soumis à la Turquie 295 demandes de réadmission qui concernaient 10198 clandestins arrivés en Grèce par la frontière gréco-turque. Ce qu'il est intéressant de noter, c'est que la Turquie a accepté le retour de 1457 clandestins, et que finalement, 501 seulement ont été rendus aux autorités turques. Le tiers des clandestins arrêtés, soit 47 088 personnes, étaient entrés par la frontière terrestre avec la Turquie. Il s'agit d'un espace de 12,5 km de long, sur lequel le gouvernement grec envisage de construire un mur. La frontière maritime avec la Turquie a quant à elle vue le passage de 6 204 clandestins. Enfin, 33 979 étrangers ont été interceptés à la frontière albanaise: ils ont tous été arrêtés et renvoyés en Albanie. Sur ce total de 132 524 étrangers arrêtés, 50 175 sont Albanais, 28299 Afghans et 8830 Pakistanais. En 2010, 1150 personnes ont été accusées de trafics de clandestins. (...) Article paru le 3 février 2010 dans le journal grec Kathimerini Document 2: Carte de Pierre Sintès, TELEMME, 2009 Document 3: Le projet de m u r à la f r o n t i è r e gréco-turque Document 4: La Turquie vue depuis l'île de Samos Photo tirée d'un diaporama de l'express du 11-07-09 Crédit photo Chine Labbé La distance qui sépare l'europe de la Turquie est si petite que l'objectif est souvent à portée de vue pour les migrants qui se préparent au voyage.
Des conditions de voyage et de détentions inhumaines: Document 5: Des centres de détention incapables d'accueillir l'afflux de clandestins E x p r e s -07-09, s, Crédit 1 1 photo Anne-Laure Buffard Derrière les barreaux du centre de détention de Lesbos, une des îles grecques située à quelques Kms dde la côte turque, de jeunes migrants afghans, somaliens et érythréens attendent d'être libérés Document 6: Des milliers de morts aux portes de l'europe Carte réalisée par Olivier Clochard et Philippe Rekacewicz, décembre 2006, Le Monde Diplomatique Document 7: La Grèce, une escale particulièr e "Particularité grecque, c'est la police qui gère toutes les procédures d'asile. Beaucoup d'associations de défense des droits de l'homme y voient un conflit d'intérêts: "Vous ne pouvez pas à la fois arrêter quelqu'un, le protéger et le renvoyer dans son pays"", explique Spyros Kouloheris, avocat au Comité grec pour les réfugiés. Un système "désastreux", selon lui. Pour les réfugiés d'abord, mais aussi pour les policiers. Au ministère de l'intérieur, en revanche, on temporise: "Je ne pense pas qu'il y ait un problème de procédure", affirme Konstantinos Bitsios, secrétaire général.reste que, dans la formation dispensée aux futurs policiers, rien ou presque ne les prépare à entendre des demandeurs d'asile en entretien: "On leur apprend à être des policiers, pas des travailleurs sociaux", souligne Nikos Koblas, avocat associé à l'agence des Nations unies pour les réfugiés. Extrait de L'Express, 11 juillet 2009
Document 8: Conditions d'accueil des clandestins dans le port d'igouminitsa. Ellen Hofmann pour ARTE Journal : quelles sont les conditions de vie des migrants qui arrivent à Igoumenitsa? Salinia Stroux, ethnologue, experte en droit d asile : "Les femmes et les enfants ne séjournent en ville que très brièvement. Ils repartent aussi vite que possible vers d'autres pays européens. Mais ils se font souvent arrêter, soit par la police portuaire, soit par la police nationale. Et ils sont enfermés dans des locaux insalubres, surpeuplés, dépourvus d installations sanitaires. On ne leur fournit ni nourriture, ni assistance médicale ou juridique et ils n'ont pas non plus accès à un interprète. Les enfants en bas âge et les bébés sont retenus dans les mêmes conditions que les femmes. Il y a aussi beaucoup d'hommes et des réfugiés mineurs non accompagnés qui arrivent à Igoumenitsa et qui y séjournent quelques temps. La plupart n ont qu un sac à dos et ne disposent pas d argent. Ils se cachent parfois pendant plusieurs mois dans les plantations d oliviers ou sur les chantiers environnants. Ils sont sous la menace constante d être arrêtés par la police. Leur objectif quotidien c'est d'embarquer dans ou sous un camion de marchandises pour gagner l Italie. Souvent, ils se nourrissent de ce qu ils trouvent dans les poubelles. Ils vivent sans accès à l eau courante et à l électricité, dans des campements de fortune livrés aux intempéries. Pour bon nombre d entre eux, ces conditions de vie génèrent des problèmes de santé ou des traumatismes psychologiques". ARTE Journal : pourquoi continuent-ils à se rendre à Igoumenitsa? Salinia Stroux : "Igoumenitsa est le deuxième grand port grec à destination de l Italie après Patras. La ville est donc un point de passage pour les réfugiés qui tentent de se rendre dans un autre pays européen par leurs propres moyens. En Grèce, il est extrêmement difficile de bénéficier du droit d asile. La Grèce n est donc pas une destination mais un pays de transit. Aucun de ces réfugiés n a envie de risquer sa vie en poursuivant le voyage, mais les conditions de vie en Grèce les obligent à continuer". ARTE Journal : comment se comporte la police grecque? Salinia Stroux : "Le port et la ville font l objet de patrouilles permanentes. La police organise aussi régulièrement des descentes dans les campements où les réfugiés dorment. Au début de l année, à plusieurs reprise, la police a brûlé tous les biens des migrants : leurs tentes, leurs habits, tout. De nombreux réfugiés se sont retrouvés sans rien, dans le froid et sous la pluie. Des actes de violences perpétrés par policiers grecs sont régulièrement signalés aux ONG et organisations de Défense des Droits de l'homme. Les réfugiés se plaignent de coups de poing et de coups de pied à la tête et sur d autres parties du corps. Malheureusement, ces informations ne parviennent jamais aux oreilles de l opinion publique. Il y a quelques mois, la police a retenu un groupe de réfugiés sur une colline pendant plusieurs jours, sans nourriture, sans abri, sans eau et sans assistance médicale. Beaucoup d histoires circulent au sujet des policiers, mais aussi au sujet des gardes-frontières. Évidemment, tous ne sont pas comme ça, il y a aussi des exceptions". ARTE Journal : comment la Grèce peut-elle faire face à cet afflux massif de migrants? Salinia Stroux : "La Grèce est actuellement le pays frontière de l Union Européenne qui présente le plus fort taux d immigration illégale. Depuis que l Espagne et l Italie ont bouclé leurs frontières, la route entre la Turquie et la Grèce est devenue l'un des principaux points d'accès à l Europe. Mais en même temps, la Grèce est aussi l un des pays qui paie le plus lourd tribut au règlement Dublin II. En clair : les clandestins qui ont transité par la Grèce seront refoulés vers la Grèce depuis les pays européens où ils seront interpellés. Car le règlement «Dublin II» oblige les réfugiés à faire leur demande d asile dans le premier pays de l Union Européenne où ils arrivent. Mais le pays se transforme de plus en plus en une immense prison où les migrants sont retenus sans aucune aide ni protection et sans le moindre espoir d obtenir le droit d asile. En matière de protection des réfugiés et de droits de l Homme, la Grèce est encore un pays sous-développé. Les clandestins sont retenus prisonniers sans le moindre espoir, jusqu à ce qu ils abandonnent. La Grèce sert de tampon aux autres pays européens, en leur évitant un taux d immigration trop important. Extraits de l'interview d'ellen Hoffmann, 3 septembre 2010 (Sources : Amnesty International, AFP, Office grec de l'immigration)
A montrer aux élèves: le diaporama réalisé par L'Express sur l'immigration clandestine en 2009 (Lesbos, Patras). Attention cependant, prévenir les élèves que ces deux centres ont fermés: http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/actualite/monde/europe/parcours-de-clandestins-engrece_768051.html?p=13 le film d'amnesty International sur la situation de l'immigration en Grèce en 2010: http://www.eurosduvillage.eu/grece-les-nouvelles-routesde-l,4033.html