SOMMAIRE. L amélioration de l enseignement de l anglais, langue seconde, au primaire : un équilibre à trouver. Conseil supérieur de l éducation

Documents pareils
GESTION DU DOSSIER SCOLAIRE DE L ÉLÈVE. Adoption le Amendement le Mise en vigueur le 6 mai 2004 Résolution #

(CC )

Enseignement au cycle primaire (première partie)

CONTENU DU CAHIER DE GESTION

LE RENOUVEAU PÉDAGOGIQUE

POLITIQUE RELATIVE AUX CRITÈRES RÉGISSANT L ADMISSION ET L INSCRIPTION DES ÉLÈVES PRÉSCOLAIRE, PRIMAIRE ET SECONDAIRE

10 REPÈRES «PLUS DE MAÎTRES QUE DE CLASSES» JUIN 2013 POUR LA MISE EN ŒUVRE DU DISPOSITIF

Normes de mise en œuvre des programmes et applications concrètes. En vigueur à compter du 1 er janvier 2014

RÉSUMÉ DU PLAN STRATÉGIQUE DE RECHERCHE ( ) Une culture de l excellence en recherche et en développement

RECUEIL DE LEGISLATION. A N juillet S o m m a i r e

CONFERENCE NATIONALE DU HANDICAP. Relevé des conclusions

POLITIQUE D OCTROI DES DONS ET COMMANDITES

Une école adaptée à tous ses élèves

MegaStore Manager ... Simulation de gestion d un hypermarché. Manuel du Participant

Et avant, c était comment?

Approbation temporaire

Association d Accueil aux Médecins et Personnels de Santé Réfugiés en France (APSR)

Prépa CAP ESSEC Osez l ESSEC en admission sur titre

Formation certifiante au métier de coach scolaire

Plan Réussir Pour la réussite et la persévérance scolaires

RÉSUMÉ DES NORMES ET MODALITÉS D ÉVALUATION AU SECONDAIRE

Service de l adaptation scolaire et des services complémentaires

Niveau de scolarité et emploi : le Canada dans un contexte international

Association d Accueil aux Médecins et Personnels de Santé Réfugiés en France (APSR)

L excellence en anglais est l affaire de tous

C EST QUOI UNE ÉCOLE PUBLIQUE ALTERNATIVE QUÉBÉCOISE?

Éducation physique (M-12) Guide de mise en œuvre. L ABCD de l éducation physique

DOSSIER DE PRESSE. A l occasion de la remise du rapport de Cécile Gallez, députée du Nord,

Pourquoi et comment les collectivités locales associent d autres acteurs à la définition et à la mise en œuvre d actions publiques?

Mobilisation contre le décrochage scolaire. Bilan de l action entreprise sur l année 2013 et perspectives pour l année 2014

RÉSULTAT DISCIPLINAIRE RÈGLE DE RÉUSSITE DISCIPLINAIRE Programme de formation de l école québécoise Secondaire - 1 er cycle

PROJET EDUCATIF 1/ INTRODUCTION AU PROJET EDUCATIF : BUT, PUBLIC VISE ET DUREE DU PROJET

POLITIQUE DE COMMUNICATION

COOPÉRATION EN ÉDUCATION

Berne, mai Questions fréquentes au sujet de l aide sociale

Conditions d inscription au concours

pas de santé sans ressources humaines

POLITIQUE RELATIVE À L EMPLOI ET À LA QUALITÉ DE LA LANGUE FRANÇAISE

régie par l Autorité des marchés financiers

BILAN DE L EDUCATION PHYSIQUE A L ECOLE PRIMAIRE RAPPORT DE LA COMMISSION DES INSPECTEURS DU VALAIS ROMAND (CPI)

FORMATION SELON LE SYSTEME DUAL L APPRENTISAGE CFC DE GESTIONNAIRE EN INTENDANCE L APPRENTISAGE AFP D EMPLOYÉ-E EN INTENDANCE

Préparation d une maturité avec mention bilingue français-allemand ou français-anglais

FILIÈRE SCIENCES SOCIALES, COMMERCE ET ADMINISTRATION & FILIÈRE SCIENCES NATURELLES

AGENDAS D ACCESSIBILITÉ PROGRAMMÉE L ESSENTIEL

Circulaire n 5051 du 04/11/2014

Guide du programme Transition vers l'après-secondaire

La santé des jeunes Rhônalpins en insertion

Avant de parler de projet commun, il est important de rappeler ce qu est un projet à travers quelques indicateurs :

Direction de l Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports

Assistants d éducation, Assistants Vie Scolaire, Assistants pédagogiques Texte En date

Le Conseil Régional de Lorraine

N de convention Audencia/MAE à rappeler pour toute candidature : 97/08

10h-13h Tour de table / Accompagnement de projet Intervenants: Alaa Homsi (Club international des Jeunes à Paris)

RÉFÉRENTIEL BTS TRANSPORT ET PRESTATIONS LOGISTIQUES

La prématernelle opère cinq matins par semaine de 8h45 à 11h15. Voici les formules offertes :

DECLARATION DE BRUXELLES

NOTICE POUR LE CONTRAT D APPRENTISSAGE

SCIENCES DE L ÉDUCATION

Comité stratégique de la démarche Alsace 2030 : des ambitions fortes, une vision partagée

Programme Bourses Diversité et Réussite

RÈGLEMENT NUMÉRO 10 SUR LES CONDITIONS D ADMISSION AUX PROGRAMMES ET D INSCRIPTION AUX COURS

PROJET D ETABLISSEMENT

Définir et consolider son projet associatif

CONSEIL DE COORDIN AT I O N DU PROGRAM M E DE L ONUSID A

DIRECTIVES PEDAGOGIQUES CHEF(FE) DE PROJET E-BUSINESS RNCP AU NIVEAU II*

with the support of EFMET cooperation partners:

CONCOURS «BOURSES D ÉTUDES GERRY TREMBLAY» TENU PAR LA CAISSE D ÉCONOMIE DES EMPLOYÉS D ALCOA-MANIC-MCCORMICK

Ensemble vers de saines habitudes de vie!

Peut-on envisager un effet direct?

Programme Bachelor Bac à Bac+3 Dossier de candidature - Février 2015

Dossier de. Année universitaire

STATUTS BUT ET COMPOSITION DE L ASSOCIATION

EDUCATEUR SPECIALISE ANNEXE 1 : REFERENTIEL PROFESSIONNEL

UE5 Mise en situation professionnelle M1 et M2. Note de cadrage Master MEEF enseignement Mention second degré

e in Toutes les aides du ra r Conseil Régional de Lorraine Lo n jeune e : être -) ;-I :-D ;-)

1. Consolider l emploi dans les entreprises d insertion

GUIDE DE LA PROCÉDURE D ADMISSION COMPLÉMENTAIRE

Présentation du programme Éthique et culture religieuse. Par Diane Leblanc et Estelle Mercier Conseillères pédagogiques

Projet de Cité des Métiers CHARLEROI. 23 avril Liège Olivier Marchal Coordinateur du projet

POLITIQUE INTERCULTURELLE

L assurance qualité N 4. Décembre 2014

Les «devoirs à la maison», une question au cœur des pratiques pédagogiques

CHARTE DES PROGRAMMES

Centre national de la danse Mesures en faveur de la formation, de l insertion, des conditions de vie et de la diversité des jeunes créateurs

Formulaire de demande d inscription. Licence. 1. Identité. Vos études à l Université Paris-Sorbonne Abou Dhabi. Réservé à l administration :

Lundi. Mardi Mercredi. Jeudi. Vendredi. LeS nouveaux rythmes à l école primaire. Exemples d emplois du temps

MASTER GATH GESTIONS DES ACTIVITÉS TOURISTIQUES ET HÔTELIÈRES

LE DIPLOME D ETAT (D.E.)

DES ACQUIS ET DES COMPÉTENCES

le QuEbec POUR Enrichir Affirmer les valeurs communes de la société québécoise

E-Forum sur l Approche par les Compétences

Devenez expert en éducation. Une formation d excellence avec le master Métiers de l Enseignement, de l Education et de la Formation

Autonomie et fragilités de la recherche académique Financements sur projet et reconfigurations du travail scientifique

MASTER LANGUES, LITTÉRATURES ET CIVILISATIONS ETRANGÈRES ET RÉGIONALES. Parcours Langues et Technologies (LT)

1 - Quels sont les principaux obstacles rencontrés à la mise en accessibilité?

3 SOUTIEN À L ÉDUCATION INTERCULTURELLE (allocation supplémentaire 30212)

Consultation sur le référencement entre assureurs de dommages et carrossiers. Commentaires présentés à L Autorité des marchés financiers

Dossier d inscription

Transcription:

AVIS AU MINISTRE DE L ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT L amélioration de l enseignement de l anglais, langue seconde, au primaire : un équilibre à trouver SOMMAIRE AOÛT 2014 Conseil supérieur de l éducation

L AMÉLIORATION DE L ENSEIGNEMENT DE L ANGLAIS, LANGUE SECONDE, AU PRIMAIRE : UN ÉQUILIBRE À TROUVER AVIS AU MINISTRE DE L ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT SOMMAIRE Le débat soulevé en 2011 par l annonce de la généralisation de l enseignement intensif de l anglais, langue seconde, à tous les élèves de 6 e année du primaire n est pas seulement une manifestation récente de la polarisation des Québécois sur les questions linguistiques; il témoigne également d un certain décalage entre les attentes sociales et le niveau atteint par les élèves en langue seconde. Si beaucoup s entendent sur l importance de connaître l anglais, tous ne s accordent pas sur le niveau à atteindre et, surtout, sur les moyens d y parvenir. Les enjeux éducatifs soulevés par cette mesure ont incité le Conseil supérieur de l éducation à produire un avis sur l enseignement de l anglais, langue seconde, au primaire. Le Conseil a abordé le thème de l anglais, langue seconde, au primaire par une réflexion plus générale sur le statut des langues. Les milliers de langues qui sont parlées dans le monde sont en effet un capital humain et culturel à préserver. Il importe donc de cultiver la curiosité des enfants du primaire pour la diversité linguistique et l ouverture à d autres cultures. Par ailleurs, les nouveaux outils de communication donnent accès à de l information de partout sur la planète et permettent d entrer en contact avec des personnes de toutes origines. Dans ce contexte, l anglais est devenu la lingua franca au moyen de laquelle pratiquement tous ceux qui ont des langues différentes peuvent correspondre, échanger et transiger. De plus, quoique le français soit une langue de diffusion internationale, la situation géographique du Québec fait en sorte que la maîtrise de l anglais y est un important facteur de mobilité sociale. Qui plus est, en dehors de toute considération utilitaire, les recherches montrent que l apprentissage d une autre langue favorise le développement cognitif, et ce, pour tous les types d apprenants. À ce titre, apprendre une langue seconde fait partie du développement global de la personne. Il n y a donc pas lieu d exclure des cours de langue seconde les élèves plus faibles, les élèves à risque ou les élèves souffrant d un handicap, ou de difficultés d adaptation ou d apprentissage (EHDAA). Même si on convient que la compétence en anglais peut être acquise et perfectionnée ailleurs qu à l école, en vertu de l égalité des chances, le système scolaire public doit faire en sorte que tous les élèves puissent développer des bases suffisantes pour communiquer dans cette langue, voire dans une troisième langue. Au Québec, l enseignement de l anglais, langue seconde, touche cependant une corde d autant plus sensible qu elle fait résonner une certaine ambivalence. En effet, en tant que parent, pour les raisons susmentionnées, chacun veut un enseignement efficace de l anglais pour ses enfants. En même temps, comme citoyen d un État où la majorité linguistique est fragile, plusieurs craignent que l apprentissage de l anglais se fasse au détriment du français et envoie aux allophones un message ambigu quant à la priorité du français comme langue commune. Le Conseil a constaté que l enseignement de l anglais, langue seconde, au primaire soulève des enjeux liés à l identité, à l efficacité et à l équité : la place à accorder à l enseignement de l anglais, langue seconde, au primaire est à trouver dans l équilibre entre les mesures prises - 1 -

pour assurer la vitalité du français (première orientation) et la nécessité d outiller les élèves québécois pour le 21 e siècle (deuxième orientation). Cet équilibre peut exiger des aménagements différents selon les contextes, les milieux, les régions. Première orientation : optimaliser l enseignement de l anglais, langue seconde, sans compromettre la vitalité du français Pour dissocier les enjeux d identité et d efficacité, il faut préciser que le véritable risque pour la pérennité du français au Québec ne réside pas dans un enseignement plus efficace de l anglais, langue seconde, mais dans un manque de conscientisation des individus aux conséquences de leurs comportements langagiers et dans un affaiblissement des institutions qui défendent la langue officielle. La pérennité du français exige donc une vigilance constante des citoyens et de l État, car elle ne pourra jamais être tenue pour acquise dans le contexte nord-américain, où l anglais a naturellement tendance à s imposer (que l on optimalise ou non l enseignement de la langue seconde). Le Conseil recommande donc au ministre de l Éducation, du Loisir et du Sport de suivre l évolution de la vitalité de la langue française au Québec, et ce, en collaboration avec la ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française. Il lui recommande également d être attentif à la situation de la langue d enseignement, et ce, particulièrement dans les milieux multilingues. Cependant, protéger le français ne signifie pas renoncer à des compétences en anglais, puisque, au contraire, apprendre une autre langue augmente la capacité de réfléchir sur le fonctionnement de sa propre langue. Deuxième orientation : réunir les conditions pour améliorer l efficacité de l enseignement de l anglais, langue seconde, au primaire, pour donner à tous les élèves la possibilité de développer aux niveaux attendus les compétences visées Le volet anglais, langue seconde, du Programme de formation de l école québécoise (PFEQ) vise le développement de trois compétences (interagir oralement, réinvestir sa compréhension, écrire des textes). Le développement des compétences, amorcé au 2 e cycle du primaire, se poursuit au secondaire : l arrimage entre les deux ordres d enseignement devrait en être facilité. L anglais actuellement offert au 1 er cycle du primaire joue quant à lui un rôle d éveil à la langue seconde et s articule autour de deux compétences (mobiliser sa compréhension et communiquer oralement). Le Conseil constate que ce programme est ambitieux, notamment quand on le compare au Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL). Cependant, il faut rappeler que le programme ne vise pas le bilinguisme parfait des élèves et que, selon les données disponibles, il serait en deçà du niveau de maîtrise souhaité par une bonne partie de la population. L objectif du PFEQ est de permettre aux élèves de devenir fonctionnels en langue seconde à la fin de leur secondaire. Au primaire, les élèves devraient avoir développé un niveau suffisant de confiance et d autonomie pour communiquer des messages personnels et créatifs sur des sujets qui leur sont familiers. Le programme repose, entre autres choses, sur le développement de stratégies transférables et il préconise l enseignement des langues dans une perspective complémentaire, qui met en évidence les ressemblances et les différences dans le fonctionnement des langues. Ces - 2 -

fondements sont conformes aux conclusions des recherches les plus sérieuses dans le domaine de l enseignement des langues. De plus, si on utilise l approche pédagogique prescrite par ce programme, le temps consacré à la langue seconde augmente le temps total consacré à la littératie, ce qui signifie également une meilleure connaissance du fonctionnement de la langue d enseignement (donc une meilleure maîtrise), et peut avoir des retombées positives en lecture, en analyse et en résolution de problème. Autrement dit, un enseignement de l anglais conforme au programme a également des effets positifs sur la maîtrise du français et sur toutes les tâches qui exigent de lire et d analyser. Le Conseil observe toutefois que les conditions pour un enseignement efficace de la langue seconde ne sont pas toujours réunies. En effet, selon les experts, le temps actuellement consacré à l anglais, langue seconde, dans la scolarité obligatoire n est pas suffisant et est trop dispersé pour développer les compétences aux niveaux visés. De plus, les approches pédagogiques utilisées seraient encore trop souvent centrées sur l enseignement explicite de la grammaire alors que l enseignement d une langue seconde devrait d abord développer des automatismes et des compétences à l oral en abordant la langue comme outil de communication. Il faut donc s assurer que les programmes universitaires de formation à l enseignement de l anglais, langue seconde, permettent aux candidats de développer, en plus d une maîtrise adéquate de la langue cible, une compréhension suffisante du PFEQ et de ses fondements. L enseignement intensif de l anglais, langue seconde, en 5 e ou 6 e année du primaire augmente et concentre le temps consacré à la langue seconde; ce faisant, il permet de remplir deux importantes conditions d efficacité. Le Conseil tient cependant à souligner que, pour que ce programme porte ses fruits sans répercussions sur les autres matières, certaines autres conditions doivent être remplies. Les spécialistes et les titulaires affectés au programme intensif doivent en effet être adéquatement formés et soutenus pour enrichir le programme d anglais et développer des situations d apprentissage plus riches dans les autres matières; ils doivent travailler en complémentarité dans l esprit du PFEQ avec une approche pédagogique appropriée et le soutien de l équipe-école. De plus, ils devraient être en mesure de répondre aux besoins de tous les types d apprenants. L enseignement intensif est donc une solution prometteuse qui mérite d être encouragée et soutenue, en particulier dans les milieux où les occasions de contact avec la langue cible en dehors de l école sont rares (ou se résument à l écoute de la télévision). Par contre, si toutes les conditions d efficacité ne sont pas réunies, en particulier les ressources humaines nécessaires, le Conseil estime que l enseignement intensif est du temps mal investi. En effet, même si c est probablement la formule la plus équitable, la démocratisation de l enseignement intensif est porteuse d un autre enjeu lié à l équité. Si les ressources sont insuffisantes pour soutenir adéquatement les élèves à risque et les EHDAA, on crée sur eux, sur leurs parents et sur les enseignants concernés une pression indue. C est pourquoi il ne recommande pas au ministre de rendre obligatoire cette formule. Par contre, il lui recommande de soutenir les écoles qui désirent l implanter (après qu elles aient analysé leurs besoins en fonction de leur milieu), pour qu elles s assurent de mettre en place toutes les conditions requises. Pour émettre cette recommandation, le Conseil tient également compte du fait que certaines écoles proposent d autres projets particuliers (programme d éducation internationale, concentration en sports ou en arts, etc.), projets qui seraient compromis si l enseignement - 3 -

intensif de l anglais, langue seconde, devenait obligatoire. D ailleurs, le Conseil a pu constater que plusieurs écoles proposent une bonification significative du programme d anglais qui n est pas la formule intensive. Il faut encourager et soutenir ces initiatives, dont pourraient également s inspirer des écoles qui veulent améliorer leur offre en anglais sans aller jusqu à offrir un programme intensif. Enfin, dans les milieux à forte concentration d allophones (ou même d anglophones), le français, langue d enseignement, est une langue seconde (voire une troisième langue) pour une majorité d élèves. Même si rien dans la recherche n indique que l apprentissage d une troisième langue est déconseillé pour des élèves de cet âge (au contraire), le défi prioritaire pour les écoles concernées est de consolider la maîtrise de la langue d enseignement. Pour ce faire, en vertu du principe d interdépendance des langues, reconnaître la connaissance que ces élèves ont de leur langue d origine est une avenue prometteuse, qui leur permettrait de bénéficier pleinement des avantages cognitifs que procure l apprentissage de plus d une langue. Un pas en ce sens pourrait être de faire une place aux langues d origine des élèves parlées dans la classe ou à d autres langues dans le programme «d éveil à l anglais» offert actuellement au premier cycle. D ailleurs, plusieurs écoles en milieu multilingue offrent déjà des activités d éveil aux langues. Il y aurait également lieu de voir comment le Programme d enseignement des langues d origine (PELO) (ou des projets communautaires qui ont les mêmes visées) peut rejoindre davantage d élèves. Ces initiatives pourraient également contribuer à développer la curiosité de tous les élèves pour d autres langues. Il faut en effet garder à l esprit que la mission de l école du 21 e siècle est de préparer les enfants à évoluer dans un monde où pouvoir s exprimer dans trois langues est en train de devenir la norme. *** Le texte complet de l avis est accessible sur le site Web du Conseil supérieur de l éducation (www.cse.gouv.qc.ca). Il est aussi possible d en demander un exemplaire en téléphonant au 418 643-3850. - 4 -