LA GESTION DES COULEURS



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Transcription:

LA GESTION DES COULEURS LA GESTION DES COULEURS Introduction Même si les principes de reproduction des couleurs sont connus depuis le début du XX e siècle, il est toujours difficile d imprimer avec exactitude une couleur désirée. En effet, sous une apparente facilité d exécution des documents destinés à l impression, se cachent des réalités techniques que seuls des professionnels avertis peuvent gérer. Le phénomène s est amplifié depuis que la micro-informatique et son lot de logiciels de traitement de texte et d illustrations se sont rendus accessibles à nombre de personnes non initiées aux techniques d imprimerie. Les professionnels, obligés de travailler avec ces nouveaux partenaires, ont dû mettre en place des systèmes pour une meilleure gestion des fichiers venant de l extérieur. La clientèle, à tort ou à raison, est également devenue de plus en plus exigeante quant à la fidélité des couleurs à reproduire. En outre, les logiciels intégrant une gestion de couleur se sont complexifiés à tel point que même les professionnels peuvent parfois s y perdre. La gestion des couleurs est donc devenue une difficulté de plus à traiter. Sa mise en pratique est difficile et demande beaucoup de réflexion. Pour l aborder, un minimum de théorie, de vocabulaire et de connaissances basiques sont nécessaires pour mener cette réflexion. C est modestement l objet de ce chapitre. Flux Flux fermé Fig. 1 : boucle fermée Même si la mise en place d un système de gestion de couleur moderne ne remet pas en cause les savoir-faire traditionnels (bien au contraire), elle implique, malgré tout, une nouvelle méthodologie et un changement des habitudes du métier. Qui n a jamais entendu un scannériste dire qu il numérise ses images en, prétendre que même avec un écran noir et blanc il est capable de restituer la bonne couleur en maîtrisant les valeurs de trames? Qui n a jamais prétendu retoucher les images en puisque l on imprime en? Ces manières de faire ne sont possibles que dans un flux fermé. C est-à-dire en connaissant à l avance et avec exactitude toutes les caractéristiques techniques dues à l impression (UCR, GCR, engraissement, papier, gamme d encre, noir et encrage maxi...), en réalisant toutes les étapes de la chaîne graphique 87

spécifiquement sur du matériel avec lequel on a l habitude de travailler et dont on connaît le comportement colorimétrique. Chaque matériel ou périphérique devient dépendant l un de l autre car dès la numérisation, les fichiers sont traités en pour un périphérique donné et pas un autre, sans visualisation des couleurs exactes à l écran et sans épreuvage garanti (fig. 1). Il est impossible de récupérer un fichier extérieur et de l adapter sans en subir des conséquences sur la restitution des couleurs. Il est également impossible d envoyer un fichier à l extérieur pour une presse offset ne correspondant plus aux paramètres définis dans une boucle fermée. Imprimeur 1 Photograveur Imprimeur 2 Imprimeur 3 Fig. 2 Un photograveur qui sous-traite pour différents imprimeurs (qui semblent extérieur à une boucle fermée) fait en réalité partie intégrante de plusieurs boucles fermées. En effet, il connaît exactement les caractéristiques de la presse sur laquelle sera réalisé le document (fig. 2). Flux ouvert RVB Les choses se compliquent lorsque les intervenants extérieurs sont nombreux, ce qui est de plus en plus fréquent. Imaginons qu une agence de publicité ait à gérer une grosse publication d un grand nombre de pages comportant photos, illustrations, publicités et textes divers. Elle ne sait pas encore quel imprimeur sera chargé de l impression et donc la presse offset qui sera utilisée. De plus, elle fera sous-traiter une partie de la photogravure par différentes entreprises et recevra des fichiers de plusieurs intervenants (fig. 3). Elle même réalisera une partie de la photogravure et de la mise en page ainsi que les illustrations vectorielles. Tous ces intervenants sont confrontés à un sérieux problème. Ils utilisent tous des matériels différents (imprimantes, scanners, etc.) aux caractéristiques différentes, sans se connaître les uns les autres et sans même savoir qui va imprimer 88

LA GESTION DES COULEURS Fig. 3 : flux ouvert le document et quel est le type de papier utilisé. Le rendu colorimétrique des écrans et des épreuves seront différents d une entreprise à l autre et les images converties sans souci de l espace colorimétrique final. Il n y aura aucune cohérence dans le traitement des couleurs. On pallie cet inconvénient si on utilise un système de gestion des couleurs intégrant des profils ICC. Les profils ICC offrent l avantage de rendre les périphériques indépendants les uns des autres. Un profil ICC n est autre que la carte d identité colorimétrique d un périphérique, que ce soit une simple imprimante, un système d épreuvage, une presse offset, un appareil photo numérique ou un scanner (mais nous reviendrons plus tard sur les profils ICC). Cette carte d identité correspond au gamut, c est-à-dire à l ensemble des couleurs qu un périphérique peut reproduire ou analyser. L agence de publicité peut fournir le profil ICC ou, au moins, indiquer un profil générique du périphérique de sortie, par exemple, une presse offset, sur papier couché, avec une gamme d encre européenne. Il est évident que plus les caractéristiques d impression finale seront connues, plus les couleurs imprimées seront prévisibles. Chaque système d épreuvage des différents intervenants pourra donc s adapter en fonction du profil ICC, en utilisant uniquement les couleurs qui pourront être restituées lors de l impression finale (fig. 4). Fig. 4 : avec un profil ICC le système d épreuvage n imprime que les couleurs de l image finale 89

90 Fig. 5 Flux Travailler en RVB plutôt qu en L habitude de travailler en RVB, le plus loin possible dans le traitement du document, jusqu à la conversion finale vers un espace offre de nombreux avantages. Une image, par exemple, peut avoir plusieurs vies, c est-à-dire, être utilisée pour différents documents et être imprimée sur différents supports (couché brillant, couché mat, etc.). Son espace colorimétrique final ne sera pas le même dans tous les cas. Si l image originale est numérisée en RVB et stockée en RVB, il suffira de reprendre cette même image de référence pour l adapter aux différents supports, ce qui évite une nouvelle numérisation. C est également vrai en cas de problème ou d erreur lors du processus de traitement. Il faut savoir qu un espace RVB est plus vaste qu un espace et que, par conséquent, un espace est généralement compris dans un espace RVB (fig. 5). Transformer une image en dès le debut de son traitement réduit le champ d utilisation de cette image (fig. 6) et c est irrémediable. On peut travailler, dans un logiciel de traitement photo, une image en RVB tout en la prévisualisant en et surtout avec les vraies couleurs qu elle aura à l impression ou à l épreuvage. C est l idée du soft-proofing qui veut dire épreuvage logiciel. Il suffit d indiquer le profil du périphérique d impression, l application se chargeant de visualiser le rendu colorimétrique sans altérer l image. Le soft-proofing demande, bien sûr, des écrans très bien calibrés, restituant fidèlement les couleurs. Flux RVB RVB Fig. 6

LA GESTION DES COULEURS Fig. 7 : structure d un profil ICC Les profils ICC Un profil ICC est d abord et avant tout un fichier informatique décrivant, mathématiquement, un espace colorimétrique. Sa structure est relativement complexe pour un non-initié à la programmation. La figure 7 donne, pour information, un aperçu de cette structure. Outre la description de l espace colorimétrique on y trouve toutes sortes d informations, entre autres : - sa taille en octets ; - le moteur de conversion pour lequel il est adapté ; - le type de périphérique pour lequel il est destiné ; - le type d espace colorimétrique qu il définit ; - la plate-forme pour laquelle il a été créé ; - sa valeur de point blanc ; - le rendu de conversion idéal pour lequel il a été étudié ; - la méthode de séparation UCR/GCR ; - la couverture d encrage ; - le créateur du profil. Toutes ces informations très facilement récupérables avec un logiciel adapté, permettent de mieux affiner une gestion de couleurs. N oublions pas qu un espace colorimétrique peut être représenté en trois dimensions (fig. 8 page suivante) suivant le système CIELab. Cette visualisation permet de mieux appréhender un profil et surtout de savoir, dans quelle mesure, il est inclus dans un autre profil (un espace d une presse offset dans un espace d un système d épreuvage par exemple). Il faut distinguer plusieurs types de profils : - les profils de périphériques d entrée ; - les profils de périphériques de sortie ; - les profils de périphériques d affichage ; - les profils génériques ; - les profils d espace de connexion (PCS) ; - les espaces de travail. Les profils d entrée, de sortie et d affichage, représentent les espaces colorimétriques des matériels, respectivement pour les scanners, les imprimantes ou les presses, les écrans. Le profil PCS (Profil Connection Space) permet de faire le lien entre les espaces colorimétriques des différents périphériques. Il travaille en Lab. Il récupère les informations colorimétriques ou RVB, les transforme en Lab pour les convertir vers un autre espace ou RVB. 91

Les espaces de travail sont ceux qui vont «accueillir» les espaces colorimétriques des images. Ils ne doivent donc pas être trop petits pour englober l ensemble des couleur des images et ils ne doivent pas être trop grands non plus. En effet, s il y a un changement de couleurs dans les images, ces couleurs peuvent être très éloignées de l espace colorimétrique final d impression et subir des modifications importantes lors de la transformation. L espace de travail devient l espace (le profil) attribué à l image lors de son enregistrement. Fig. 8 : comparaison de 2 profiles ICC Les profils génériques sont des profils passe-partout et correspondent à des critères standards de travail. Ces profils sont élaborés suivant les conditions d impression européenne sur de nombreuses presses européennes (profil ISO coated ou ISO Fogra 27 par exemple). Ils sont idéaux lorsque l on ne connaît pas les profils des presses sur lesquelles seront réellement imprimés les documents. Système de gestion des couleurs La gestion des couleurs est avant tout une démarche qualité. Il ne s agit pas forcément de reproduire à l identique les couleurs d un document original mais de prédire et de garantir comment il sera imprimé. Un système de gestion des couleurs (SGC) appelé aussi CMS (pour Color Management System) permet une cohérence des couleurs d un bout à l autre de la chaîne graphique. Ceci ne peut se faire que si l on procède méthodiquement et en respectant la règle des «3C» : Calibration, Caractérisation, Conversion. Calibration ou linéarisation Chaque appareil doit être calibré, c est-à-dire qu il faut s assurer de son fonctionnement de manière linéaire dans le temps suivant des conditions environnementales bien établies : éclairage pour les moniteurs, degré d hygrométrie, température ambiante, paramétrages pour tous les périphériques. Tout changement peut avoir une influence sur la perception ou la restitution des couleurs, d où l importance d une bonne calibration. Caractérisation Tous les périphériques doivent être caractérisés. En d autres termes, il faut établir leur carte d identité colorimétrique. L idéal est donc de réaliser des profils 92

LA GESTION DES COULEURS Sonde écran ou colorimètre Spectrocolorimètre pour lecture des patches. Caractérisation des périphériques d impression ICC personnalisés. Toute une panoplie d outils et de logiciels spécialisés est à la disposition des professionnels de la chaîne graphique. Les spectrophotomètres, appelés aussi spectrocolorimètres, capables de déterminer la courbe spectrale d une couleur, permettent les mesures de patches (pastilles de couleurs) imprimés avec le périphérique à caractériser. Cette lecture permet de comparer la couleur effectivement réalisée par le périphérique et la valeur de la couleur que le périphérique aurait dû réellement effectuer. Il en est établi une courbe qui permet de compenser les écarts colorimétriques du périphérique pour qu il puisse se rectifier. Les colorimètres ou photocolorimètres sont généralement utilisés pour la caractérisation des écrans. Là aussi est établie une courbe de compensation. Les gammes, comme la gamme IT8, composées de patches aux couleurs prédéfinies, permettent de caractériser, donc d établir une courbe de compensation, par comparaison, pour les périphériques d entrée. Tous ces appareils sont conjointement utilisés avec des logiciels gérant les mesures effectuées et établissant la caractérisation, c est-à-dire, le profil ICC des périphériques. Conversion Un document travaillé en RVB doit être converti en pour pouvoir être imprimé. Il faut un moteur de conversion. Ce n est autre qu un applicatif comme ColorSync d Apple pour ne citer que le plus connu. Il est chargé de transformer les couleurs d un profil colorimétrique vers un autre, suivant la méthode de rendu souhaitées : perceptif, absolu, relatif ou par saturation. Les schémas de la figure 9, page suivante, expliquent le «mouvement» des couleurs de l espace d origine vers l espace cible. Perceptif : on adapte les couleurs proportionnellement vers l intérieur du gamut cible. Même si la quasi-majorité des couleurs sont altérées, l œil humain perçoit toujours les relations des couleurs entre-elles. Gamme IT8 7.2 pour caractérisation des scanners Absolu : seules les couleurs hors gamut sont ramenées dans la couronne intérieure du gamut cible entre 90 et 100 %. Les couleurs à l intérieur de l espace cible sont réparties dans les 90% restants. Relatif : les couleurs hors gamut sont ramenées à l intérieur de l espace cible de façon proportionnelle. Saturation : toutes les couleurs, hors et à l intérieur de l espace cible, sont ramenées vers la limite de ce dernier. 93

Fig. 9 : mode de conversion des couleurs Structure d un système de gestion de couleur Sans système de gestion des couleurs, chaque document ou partie de document (photo par exemple) est traitée colorimétriquement en fonction du périphérique utilisé et surtout sans se soucier des transformations subies lors du transfert d un poste de travail à l autre. L anarchie totale s installe dans la gestion des couleurs et l impression n est que le résultat des manipulations (parfois sauvages) effectuées tout au long du traitement du document. Chaque périphérique, système d exploitation et application interprète et reproduit les couleurs différemment et indépendamment d où une distortion importante des couleurs (fig. 10). Le même document semble différent d une imprimante à l autre. Il est vu différemment sur différents moniteurs. Il est différent sur la sortie imprimante et l écran. Et surtout, le résultat en sortie de presse offset n est pas prévisible. Pour supprimer le côté aléatoire des transformations des couleurs d un profil à un autre, il est important de n utiliser qu un seul profil standard et de référence pour la conversion des couleurs. Il s agit, généralement d un profil qui couvre la quasi-majorité des couleurs traitées. C est donc ce PCS (Profile Connection Space) qui sera chargé de faire le lien entre les périphériques et en quelque sorte de réglementer la gestion des couleurs (fig. 11). 94

LA GESTION DES COULEURS Fig. 10 : flux de travail sans système de gestion des couleurs PCS Fig. 11 : flux de travail avec système de gestion des couleurs Mise en place d un SGC La mise en pratique d un système de gestion de couleur n est pas la chose la plus aisée qui soit. Cela demande rigueur et connaissances théoriques solides. Les habitudes de travail doivent aussi être remises en cause. Le traitement du document en RVB doit se faire le plus longtemps possible, la conversion en qui est irréversible en dernier lieu. Il faut posséder le matériel adéquat pour la caractérisation, assurer régulièrement la linéarisation (calibration) des périphériques à disposition et maîtriser les logiciels permettant de gérer et de créer les profils ICC. Mais le plus important reste la méthodologie à mettre en place au sein d un service de pré-presse ainsi que le cahier des charges techniques à fournir aux partenaires de l entreprise. Le schéma sur la figure 12 donne un aperçu d un mode opératoire générique et adaptable à nombre d entreprises. Il est évident que chacun doit s adapter à sa propre configuration et tester dans ses moindres recoins les périphériques et interactions entre ces périphériques. Les profils ICC ne doivent pas être élaborés uniquement en fonction du périphérique mais en fonction du couple papier/périphérique. Il faudrait même pousser le vice jusqu à créer des profils pour les différents types de papiers réellement utilisés avec le périphérique. Si l on ne dispose pas de logiciels de 95

création de profils ICC, il faut tâcher d utiliser des profils ICC génériques (définis par les constructeurs ou les différents consortiums) les plus proches de ses habitudes de travail. Une des erreurs les plus courantes est d utiliser un profil pour du papier couché, alors que l impression se fera sur papier non couché. Une autre est l utilisation d un profil générique américain ou japonais pour des gammes d encres européennes. Le choix d un espace de travail -assez large pour accueillir les espaces colorimétriques des matériels, mais pas trop pour ne pas avoir à faire des conversions de couleurs trop visibles à l œil nu- est primordial. L espace AdobeRGB est celui généralement le plus utilisé. Cependant, l espace de travail ECI-RGB est plus intéressant car plus homothétique et adapté aux presses européennes. La température du point blanc ne doit pas être négligée. Il est important de travailler avec les mêmes valeurs d un bout à l autre de la chaîne. L illuminant D50 est, normalement, celui qui devrait être utilisé dans les industries graphiques. Le maître mot d une bonne calibration est «cohérence». 96 Fig. 12 : principe général de mise en place d un flux de travail avec gestion de la couleur