L assainissement des petites collectivités Iles ou atolls éloignés : Quelles solutions simples et durables?
Quelques chiffres de 2012 Polynésie Française : 270 000 habitants Tahiti + Moorea : 200 000 habitants (75%) Nombre d îles de + de 5000 habitants : 4 Nombre d îles de + de 1000 habitants : 10 Nombres d îles habitées : 76 Superficie totale : 5,5 millions de km²
De grandes disparités face à l eau o Des habitants d îles hautes habitués à une eau abondante et gratuite. Des consommations par habitant jusqu à 500 litres par jour o Des habitants des atolls qui considèrent l eau comme un bien rare et précieux avec une consommation de 35 à 50 litres par jour
Des spécificités locales Habitat dispersé Population peu nombreuse Milieu récepteur fragile Des moyens techniques et financiers limités Un foncier difficile à gérer
Des normes de rejet qui tiennent compte de la fragilité du milieu récepteur (Arrêté n 1401 CM du 16 décembre 1997) niveau MES (mg/l) DCO (mg/l) DBO 5 (mg/l) e 30 120 40 f 20 80 20 Coliformes fécaux ou E. Coli /100 ml 100 Streptocoques fécaux / 100 ml 100
Des charges polluantes standards Production d effluents de 250 à 500 litres par UP DBO : 60 gr par up MES : 70 gr par up DCO : 130 gr par up Une durée de production de 13h par jour Un coefficient de pointe de 3 à 4
La situation actuelle 242 stations d épuration en PF 89% à Tahiti 50% à Papeete 10 STEP à Moorea, 6 à Raiatea, 3 à Huahine et 3 à Bora Bora 4 STEP pour les 70 autres îles
Technologies employées 103 stations biodisques 70 boues activées 56 stations antédiluviennes 12 lits bactériens 76% des stations rejettent en milieu liquide (rivière, lagon ou mer) 24% rejettent dans le sol 44% rejettent en norme «e» et 48% en norme «f + désinfection»
Quelles solutions pour les 70 îles non équipées???
Assainissement individuel autonome? La sacro sainte fosse septique : Difficile d installation sur les sols d atolls Rendement d épuration aléatoire Risque d infiltration d eaux de pluie ou saumâtres Pas de vidange dans les îles sauf à la main Cout d achat non négligeable
Réseau or not réseau? A ce jour il n existe quasiment pas de réseau de collecte des eaux usées en PF : un seul réseau est complet à Bora Bora et il existe des mini réseaux sur Moorea, Papeete et Punaauia L idée d un réseau de collecte est souvent rejetée au prétexte que la population des îles est fortement dispersée Il s agit là d une idée fausse car si l habitat est effectivement dispersé et horizontal, les distances à parcourir pour collecter 90% de la population ne sont pas si importantes
RANGIROA Situation : atoll des Tuamotu Circonférence : 280 km Nombre d habitants : 2 400 95% des habitants vivent sur le même motu de 10 km de longueur
MANIHI Situation : atoll des Tuamotu Circonférence : 75 km Nombre d habitants : 700 95% des habitants vivent sur 5 km (avec une passe)
RURUTU Situation : îles Australes Circonférence : 40 km Nombre d habitants : 3 villages Avera : 840 Hauti : 400 Moerai :1 100 80% des habitants vivent à moins de 5 km d un village
NUKU HIVA Situation : îles Marquises Circonférence : 150 km Nombre d habitants : 3 villages Hatiheu : 370 Taiohae : 2 100 Taipivai : 460 80% des habitants vivent à moins de 5 km d un village
FANGATAU Situation : atoll des Tuamotu Circonférence : 20 km Nombre d habitants : 145 95% des habitants vivent sur 1 km
Ces multiples exemples démontrent que le réseau de collecte reste la meilleure solution si on veut atteindre des performances d épuration importantes et préserver l environnement. On choisira un réseau séparatif à l évidence (les eaux de pluie sont précieuses aux Tuamotu) Enterré ou pas, voir enterré hors sol En béton, en acier, en PE ou PVC Eventuellement sous pression
La station d épuration
Ses qualités Simple et d un entretien réduit Robuste et facile à exploiter (ne veut pas dire rustique) Fonctionnelle et peu encombrante Peu vorace en énergie (autonome ou solaire) Peu sensible aux variations de charge Durable dans le temps
Prétraitement et traitement primaire Le dégrillage : obligatoire en raison du mode de vie des polynésiens Le dessablage : recommandé en raison des spécificités géographiques (le vrai sable n est jamais loin) Le dégraissage : statique si existant
Le traitement : LAGUNAGE NATUREL
Le traitement : LAGUNAGE NATUREL Bien adapté aux petits volumes Peu de technicité Faible cout d exploitation Pas (ou peu) besoin d énergie Peu de boues faciles à sécher Etanchéification obligatoire dans la majorité des cas Emprise au sol importante Attention aux moustiques vecteurs de maladie Curage a prévoir tous les 5 ans environ Pas d exemple existant à ce jour en PF
Le traitement : Les boues activées Efficace pour toutes dimensions sup à 100 up Bon rendement épuratoire Cout d investissement important Consommation d énergie importante (solaire impossible) Personnel bien formé voire qualifié pour l exploitation Extraction des boues fréquentes pour un bon fonctionnement Surveillance nécessaire (2 à 5 fois par semaine)
Le traitement : La phyto-épuration Avec des Roseaux type Phragmites Avec des bambous
Le traitement : La phyto-épuration Bien adaptée aux petits volumes Procédé simple et sans énergie (ou peu) Possibilité d avoir zéro rejet (bambou) Cout d exploitation faible Formation du personnel facile Besoin d étanchéification selon les sols Emprise au sol Suivi d exploitation régulier Enlèvement régulier des roseaux ou des bambous.
Le traitement : Les lits bactériens
Le traitement : Les lits bactériens Système à biomasse fixée simple Adapté aux faibles volumes Peu vorace en énergie (énergie solaire possible) Peu sensible aux variations de charge Rendement épuratoire aléatoire Investissement peut être important Parfois sensible au colmatage (prétraitement efficace) Traitement et extraction des boues
Le traitement : Les bio-disques
Le traitement : Les bio-disques Sur les bio-disques mis en rotation dans des cuves semicylindriques se développent naturellement des bactéries formant un biofilm. Lors de leur émersion, ces bactéries se saturent en oxygène, et lors de leur immersion elles absorbent la pollution dissoute dont elles se nourrissent.
Décantation secondaire lamellaire Dès qu'il dépasse une épaisseur de quelques mm, le biofilm se détache et est entraîné vers le décanteur final où il est séparé de l'eau épurée. Les boues ainsi piégées sont automatiquement renvoyées par pompage périodique vers l'ouvrage de tête pour y être stockées et digérées.
Les bio-disques Simple de fonctionnement Incolmatable Facile a régler Boues facilement décantables Encaisse bien les variations de charges Station compacte Frais d entretien réduit (peu d énergie, solaire possible) Modulable pour s adapter à la croissance des populations En sous sol, en local, enterré, semi-enterrée Pas de nuisance sonore, peu d odeurs, Très efficace en zone tropicale Prévoir un traitement des boues
Au final quel choix pour les îles? Réponse 1 : du lagunage naturel ou de la phytoépuration si le foncier est disponible Réponse 2 : du biodisque en version solaire ou électrique
Et les boues de stations?? Privilégier les solutions sans boues (bambous, phytoépuration, ) Lit de rhizocompostage Séchage solaire et compostage Séchage solaire et enfouissement
Et les eaux traitées? Dans les îles hautes : rejet en rivière, en lagon ou infiltration dans le sol Dans les atolls : réutilisation de l eau (arrosage, toilettes, aquaponie, aquaculture)
Des synergies possibles Voir l environnement dans son ensemble : fourniture d eau potable, traitement des eaux usées, traitement des déchets solides, production agricole ou aquacole, activités locales (hôtellerie, ferme perlière, ) Assembler les compétences (aéroport, pompiers, centrale thermique, assainissement, )
Et Technival dans tout cela? 100 stations d épurations construites en 13 ans 70 stations en exploitation De 20 à 2 000 Equivalents habitant Des références prestigieuses : CHT, Hotel Sheraton, Radisson, Taha a Pearl Beach, le Haut Commissariat, résidence Vaikea. Des stations disponibles en location. 30 emplois créés dans le secteur de l environnement en 10 ans.
En conclusion Si la situation est globalement satisfaisante pour les projets neufs de Tahiti et des îles les plus peuplées, tout reste à faire dans les îles éloignées. Mettre en œuvre l adage qui propose de penser global et d agir local Proposer des solutions fiables pour les 14 îles de plus de 1000 habitants à l horizon 5 ans Lancer une réflexion globale eau-assainissement-déchets pour les 60 autres petites îles Développer un partenariat public-privé pour des solutions compatibles avec les contraintes et les spécificités locales