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l! CAM l LLE FLAMMARION FIN DU MONDE Je vis ensuite un ciel nouveau et une teria nouvelle; car le premier ciel et la premikre terre dlîient pasrrs. APOCALYPSE, 1x1, I.

FIN DU MONDE

CEUVRES DE CAF ILLE FLAMMARION OUVRAGES PHILOSOPHIQUES Uranie. roman sidéral. i vol. in-12. 30" edilion. Récits de l'infini. Lumen. 1 vol. in-12. 120 édilion. Lumen. 1 vol. in-18. 500 mille. La Pluralité des mondes habités. 1 vol. in-12. 35O édiiion Les Mondes imaginaires et les Mondes réels. 1 vol. in-12. 2% édition. Eieu dans la nature. 1 vol. in-l2.24= edition. Les Derniers jours d'un philosophe, dc Sir H. Bhvv. 1 vol. in-12. ASTRONOMIE PRATIQUE La Planéte Mars cl ses conditions d'habilabilil.6. etude synthétique, accompagn& dc 580 dcssins tdcscopiqucs el 23 cartcs areographiques. 1 vol. gr. in-80. Les Etoiles doubles, calalogne des etoiles miilliples en mouvemenl, avec la discussion des orbites. 1 vol. in-so. Études sur l'astronomie, recherches sur clivcrses qiieslioiis. 9 vol. in-18. Grand Atlas céleste, conlcnant plus de cent mille &toiles. In-folio. Grande Carte Céleste, conlenant toulcs les étoilcs visibles b I%eil nu. Planisphére mobile, daman1 la posilion des 6toiles visibles chaque jour. Carte générale de la Lune. Globes de la Lune el de la planéte Mars. L'Astronomie, Revue mensuelle, fondee en 1882. 12 vol. gr. in-80. Obseivatoire de Jttvisy et Socidte' as'troaoiitiq~re de France: Observations et travaux... ENSEIGNEMENT DE L'ASTRONOMIE Astronomie populaire, exposilion des grandes découvertes de I'astroiiomie co?lemporaine. 1 vol. gr. in-8% 1000 mille. Les Etoiles et les Curiosités du Ciel. Supplémeiil de l'astronomie populaire. 50' mille. Les Terres du Ciel, description des plaiièles de nolre sysleme. 1 vol. gr. in8% 500 mille. Les Merveilles célestes. 1 vol. in-12. k5c mille Petite Astronomie descriptive. 1 vol. in-12. Qu'est-ce que le Ciel? 1 vol. in-18. Copernic et le Syatéme du monde. 1 vol. in-18. Petit Atlas astronomique. 1 vol. in-24. Annuaires astronomiques. SCIENCES GENERALES Le Monde avant la création de l'homme. 1 vol. gr. in-80. 55e mille. L'Atmosphère, méleorologie populaire. 1 "01. gr. in-8.. 28~ mille. Mes Voyages abriens. 1 vol. in-12. C0,ntemplations scientifiques. 2 vol. in-12. L'Eruption du Krakatoa et les Tremblements de terre. 1 vol. in-18. VARIETES LITT~RAIRES Dans le Ciel et sur la Terre. 1 vol. in-12. Réves étoilés. 1 vol. in-18. Clairs de lune. 1 vol. in-18. 13822. - Imprimerers reunseî, rue hlignon, 2. Paris.

CAMILLE FLAMMARION FIN DU MONDE Illustralioiis par JUAN-l'nui. LAURENS, I:OCIIEGHOSSE, E. BAYARD, ROBIDA, P. LAURENS, SCHWABE, GRASSET, SAUNIER, MEHWART,VOGEI., BACH, ÜUILLONNET, RUDAUX, MYHBAUH, A~IID~II, BALDO, CIIOYIN. Gravure par MEAULLE. Je vts ensuite un ciel iiouveaci et une terre nolivelle; car ie premier ciel et la premi6i'e terre Btaient passés. APOCALYPSE. XX~, 1. PARIS FLAMMARION, LIBRAIRE-EDITEUI; 26, R UE RACINL, 26-1894 Tous droilr i.aurv6a

PREMIERE PARTIE AU VINGT-ÇINQUIEME SIECLE. - LES TII~ORIES

CHAPITRE PREMIER Impiaque æternam timueiunt sæcula noclelil. VIRGILE, Géorgiqt<es, 1,468. Le magnifique pont de marbre qui relie la rue de Rennes à la rue du Louvre et qui, borde par les stalues des savants et des philosophes célébres, dessine une avenue monumentale conduisant au nouveau portique de l'institut, était absolument noir de monde. Une foule houlelise roulafi, plut61 qu'elle ne marchait, le long des

LA FIN DU MONDE......................... quais, débordant de toutes les rues et se pressant vers le portique envahi depuis longtemps par un flot tumultueux. Jamais, autrefois, avant la constitution des Etats-Unis d'europe, A l'époque barbare où la force primait le droil, où le inilitarisme gouvernait l'humanité et oh l'infamie de la guerre broyait sans arret l'immense betise humaine, jamais, dans les grandes émeutes révolutionnaires ou dans les jours de fièvre qui marquaient les déclarations de guerre, jamais les abords de la Chambre des représentants du peuple ni la place de la.concorde n'avaient présenté pareil spectacle. Ce n'étaient plus des groupes de fanatiques réunis autour d'un drapeau, marchant A quelque conquete du glaive, suivis de bandes de curieux et de désoeuvrés a allant voir ce qui se passerait D; c'était la population tout entiére, inquikte, agitée, terrifiée, indistinctement composée de toutes les classes de la société, suspendue A la décision d'un oracle, attendant fiévreusement le résultat du calcul qu'un astronome célébre devait faire connaitre ce lundi- 19, A trois heures, A la séance de l'académie des sciences. A travers la transformation politique et sociale des hommes et des choses, l'institut de France durait toujours, tenant encore en Europe la palme des sciences, des lettres et des wts. Le centre de la civilisation s'était toutefois déplacé, et le foyer du progrés brillait alors dans l'amérique du Nord, sur les bords du lac Michigan.

Nous sommes au vingt-cinquiéme siécle. Ce nouveau palais de l'institut, qui élevait dans les airs ses terrasses et ses domes, avait été édifié à la fin du vingtieme siécle sur les ruines laissées par la grande révolution sociale des anarchistes inlernationaux qui, en 1950, avaient fait sauter une partie de la grande metropole française, comme une soupape sur un cratere. La veille, le dimanche, [out Paris, répandu par les boulevards et les places publiques, aurait pu être vu de la nacelle d'un ballon, marchant lentement et comme désespéré, rie s'intéressant plus à rien au monde. Les joyeux aéronefs ne sillonnaient plus l'espace avec leur vivacité, habituelle. Les aéroplanes, les avialeurs, les poissons aériens, les oiseaux mécaniques, les hélicoptéres électriques, ies machines volanles, tout s'était ralenli, presque arrelé. Les gares aéronautiques élevées au somme1 des lours et des édifices étaient vides et solitaires. La vie humaine semblait suspendue dans son cours. L'inquiétude était peinte sur tous les visages. On s'abordait sans se connaître. Et toujours la meme question sortait des Iévres palies et tremblantes : u C'est donc vrai 1... 1) La plus effroyable épidémie aurait moins terrifié les cœurs que la prédiction astronomique si universellement commentée; ellg aurait fait moins de victimes, car déjà la mortalité commenc,ait à croître par une

4 1.A FIN DU MONDE..........,................,..............,......... cause inconnue. A tout moment, chacun se sentait traverse d'un électrique frisson de terreur. Quelques-uns, voulant parantre plus énergiques, moins alarmes, jetaient parfois une note de doute ou meme d'espérance : On peut se tromper», ou bien : a Elle passera d côte n, ou encore : (( Sa ne sera rien, on en sera quitte pour la peur», ou quelques autres palliatifs du meme ordre. Mais l'attente, I'incertiiude est souvent plus terrible que la catastrophe meme. Un coup brutal nous frappe une bonne fois et nous assomme plus ou moins. On se réveille, on en prend son parti, on se remet et l'on continue de vivre. Ici, c'était i'inconnu, l'approche d'un événement inévitable, irigstérieux, eutra-terrestre et formidable. On devait mourir, sûrement; mais comment? Choc, écrasement, chaleur incendiaire, flamboiement du globe, empoisonnenient de I'atmosphére, étouffement des poumons..., quel supplice attendait les hommes? Menace plus horripilante que la mort elle-même! Notre âme ne peut souffrir que jusqu'8 une certaine limite. Craindre sans cesse, se demander chaque soir ce qui nous attend pour le lendemain, c'est subir?.mille morts. Et la.peur! la Peur qui fige le sang dans les artér& et qui anéantit les âmes, la Peur, spectre invisible, hantait toutes les pensées, frissonnantes et chancelantes. Depuis prés d'un mois, toutes les transactions commerciales étaient arrelées ; depuis quinze jours

le ComitO des Administrateurs (qui remplaçait la Chambre et le Sénat d'aulrefois) avait suspendu ses séances, la divagation y ayant atteint son comble. Depuis huit jours, la Bourse était fermée à Paris, à Londres, à New-York, à Chicago, à NIelbourne, à Liberty, à Pékiii. A quoi bon s'occuper d'affaires, de politique inlérieure ou extérieure, de questions de budget ou de reformes, si le monde va finir? Ah! la polilique! Se souvenait-on meme d'en avoir jamais fait? Les outres elaient dégonflées. Les tribunaux eux-tnèmes n'avaient plus aucune cause en vue : on n'assassine pas lorsqu'on attend la fin du monde. L'humanité ne tenait plus à rien ; son cœur precipitait ses battements. comme prêt A s'arreter. On ne voyait partout que, des visages défaits, ;les figures hâves, abîmées par l'insomnie. Seule, la coquetlerie feminine résistait \ encore, m&s B peine, d'une façon superficielle, hative, éphémère, sans souci du lendemain. C'est que, du reste, la situation était grave, à peu près désespérée, meme aux yeux des plus stoïques. Jamais, dans l'histoire entière de I'humanilé, jamais' la race d'adam ne s'était trouvée en présence d'un tel péril. Les menaces du ciel po-

6 LA FIN DU MONDE / Mais saient devant elle, sans rémission, une question de vie ou de mort. remontons au début. Trois mois environ avant le jour où nous sommes, le Directeur de l'observatoire du mont Gaorisankar avait téléphone aux principaux Observatoires du globe, et notamment a celui de Paris ', une dépeche ainsi conçue : «Une comète télescopique a été décozwerte certe nuit par 211116m42~ d'ascension droite et 49053'45" de déclinaison boréale. Mouvement diurne très jaible. La comèle est verdâtre. D II ne se passait pas de mois sans que des cométes télescopiques fussent découvertes et annoncées aux divers Observatoires, surtout depuis que desastronomesintrépidesétaient installés : en Asie, sur les hauts sommets du Gaorisankar, du Dapsang et du Kintchindjinga; dans l'amérique du Sud, sur l'aconcagua, 1'Illampon et le Chimborazo, ainsi qu'en Afrique sur le Kilima-N'djaro I. Depuis trois cents ans environ, l'observatoire de Paris n'était plu* que le siège de l'administration centrale de l'astronomie française. Les observations astronomiques se faisaient en des conditions incomparablement préférables à celles des cités basses, popgleuses et poussiéreuses, sur des rriontagnes émergeant dans une atmosphbre pure et isolées des distractions mondaines. Des fils télépho-' niques reliaient constamment les observateurs avec l'administration centrale. Les instruments que l'on y conservait n'étaient plus gubre appliqués qu'à salislaire la curiosité de quelques savants fixés à Paris par leurs fonctions sédentaires, ou à la vérification de cectaines découvertes.

LA MENACE CELESTE 7 et en Europe sur l'elbrouz et le Mont-Blanc. Aussi celte annonce n'avait-elle pas plus frappé les astronomes que toutes celles du meme genre que l'on avait l'habitude de recevoir. Un grand nombre d'observateurs avaient cherché la coméle à la position indiquée et l'avaient suivie avec soin. Les Neuastronomischenachrichten en avaient publié les observations, et un mathématicien allemand avait calculé une première orbite provisoire, avec les éphémérides du mouvement. A peine cette orbite et ces éphémérides avaientelles été publiées, qu'un savant japonais avait fait une remarque fort curieuse. D'après le calcul, la comèle devait descendre des hauteurs de l'infini vers le Soleil, et venir traverser le plan de I'écliptique vers le 20 juillet, en un point peu éioigne de celui oit devait se lrouver la Terre à cette époque. «II serait, disait-il, du plus haut inléret, de multiplier les observations et de reprendre le calcul pour décider ii quelle distance la cométe passera de notre planéte et si elle ne viendra pas heurter meme la Terre ou la Lune. )) Une jeune lauréate de l'lnstitut, candidale à la direction de l'observatoire, avait saisi l'insinuation au bond et s'était postée au bureau téléphonique de l'établissement central pour capter immédiate-

men1 au passage toutes les observations coinmuniquées. En moins de dix jours, elle en avait recueilli plus d'une centaine el, sans perdre LI^ instant, avait passe trois jours el lrois longues nuits,i recommencer le calcul sur toule la série des observations. Le résultat avail été que le calculateur allemand avait commis une erreur dans la distance du périhélie et que la conclusion tirée par I'astronome japonais était inexacte quant à la date du passage à travers le plan de l'écliptique, lequel passage était avancé de cinq ou six jours; mais I'intéret du probléme devenail encore plus grand, car la distance minimum de la comète à la Terre paraissait encore plus faible que ne l'avait cru le savant japonais. Sans parler pour le momenl de la possibilité d'une rencontre, on avait l'espoir de trouver dans l'énorme perturbation que l'astre errant allait subir de la par1 de la Terre et de la Lune un moyen nouveau de déterminer avec une précision extraordinaire la masse de la Lune et celle de la Terre, et peut-elre méme des indications précieuses sur la répartition des densités a l'intérieur de notre globe. Aussi la jeune calculatrice renchérissait encore sur les invitations precédentes en montrant combien il était important d'avoir des observations nombreuses et précises. La veille de la séance, elle avait complètement expliqué l'orbite eh comité académique. C'est a I'Observatoire du Gaorisankar, toutefois, que loutes les observations de la comète étaient

LA MENACE ccllsce cenlralisées. Établi sur le sommet le plus élevé du monde, a 8000 mèlres d'altitude, au milieu des neiges éternelles que les nouveaux procédés de la chimie électrique avaienl chassées a plusieurs kilomètres tout auiour du sanctuaire, dominant presque toujours de plusieurs cen- Elle avait expliqué I'orbilc en cornile académique. laines de mélres les nuages les plus élevés, plananl dans une almosphére pure et raréfiée, la vision nalurelle et télescopique y était vraiment centuplée. On y distinguait à l'œil nu les cirques de la Lune,les salelliles de Jupiter et les phases de Venus. Depuis neuf ou dix généralions déjà, plusieurs familles d'astronomes séjournaient sur le mon1 asiaiique, lentenienl el graduellemen1 accli-

1 O LA FIN DU MONDE matées a la rarefaction de I'atmosphére. Les premiéres avaient rapidement succombé. Mais la science et l'industrie étaient parvenues à tempérer les rigueurs du froid en emmagasinant les rayons du Soleil, et l'acclimatement s'était fait graduellement, aussi bien que dans les temps anciens à Quito et a Bogoia, où l'on voyait, dès le diu-huitiéme ou, le dix-neuvième siècle, des populations heureuses vivre dans l'abondance, de jeunes femmes danser sans fatigue des nuits entiéres, a une altitude où les ascensionnisles du Mont-Blanc, en Europe, pouvaientà peine faire quelques pas sans manquer de respiration. Une petite colonie astronomique s'était progressivement installée sur les flancs de l'himalaya, et l'observatoire avait acquis par ses travaux et par ses decouvertes l'honneur d'etre considéré comme le premier du monde. Son principal instrument était le fameux équalorial de cent métres de foyer à l'aide duquel.on était parvenu enfin à déchiffrer les signaux hiéroglyphiques adressés inutilement à laterredepuis plusieurs milliers d'années par les habitants de la planéte Mars. Tandis que les astronomes européens discutaient sur l'orbite de la nouvelle cométe et constataient que vraiment celte orbile devait passer par notre planéte et que les deux corps se rencontreraient dans l'espace, l'observatoire himalayen avait envoyé un nouveau phonogramme : e La comète va devenir visible à l'œil nu. Tonjours verditre. ELLE SE DIRIGE VERS LA TERRE.»

L'accord absolu des calculs astronomiques, faisaient le PIUS éleve du monde. tenir aux savants les discours les plus elranges.

12 LA FIN DU MONDE C'était à qui renchérirait sur les données exacles du calcul, en les aggravant de disserîations plus ou moins fantaisistes. Mais, depuis longlemps, tous les journaux du monde, sans exception, elaient devenus de simples opérations mercantiles. La presse, qui avait rendu autrefois tant de services A I'affranchisseinent de la pensée humaine, ii la liberté et au progrés, était A la solde des gouvernants et des gros capi!alistes, avilie par des compromissions financières de tout genre. Tout journal était un.mode de commerce. La seule question pour chacun d'eux se résumait A vendre chaque jour le plus grand nombre de feuilles possible et à faire payer leurs lignes par des annonces plus ou moins déguisées : (( Faire des affaires)), tout était 18. Ils inventaient de fausses nouvelles qu'ils démentaient tranquillement le lendemain, minaient A chaque alerte la stabilité de 1'Btat; lravestissaient la vérité, mettaient dans la bouche des savants des propos qu'ils n'avaient jamais tenus, calomniaient effrontément, déshonoraient les hommes et les femmes, semaient des scandales, mentaient avec impudeur, expliquaient les trucs des voleurs et des assassins et multipliaient les crimes sans paraîlre s'en douter, donnaient la formule des agents explosifs récemment imaginés, meltaient en péril leurs propres lecteurs et trahissaient à la fois toutes les classes sociales, dans le seul but de surexciter jusqu'au paroxysme la curiosité générale et de uvendre dcs numéros».

Tout n'était plus qu'affaires et réclames. Sciences, arts, liltérature, philosophie, éludes el recherches, les journaux ne s'en préoccupaient plus. Un acteur de second ordre, une actrice legére, un ténor, une chan teuse de café-concert, un gymnasiarque, un coureur à pied ou à cheval, un échassier, un cyclornane ou un vdlocipediste acluatiquc devenait en un jour plus célèbre que le plus érninent des savants ou le plus habile des inventeurs. Le tout était habilement masqué sous des fleurs patriotiques, qui en imposaient encore un peu. En un mot, l'intérbt personnel du journal dominait toujours, dans toutes les apprecialions, l'inter& général et le souci du progrés réel des citoyens. Longtemps le public en était resté dupe. Mais, à l'époque ou nous sommes, il avait fini par se rendre à I'éviderice et n'ajoutait plus aucune foi à aucun article de gazette, de telle sorte qu'il n'y avait plus de journaux proprement dits, mais seulement des feuilles d'annonces et de réclames a l'usage du commerce. La première nouvelle lancée par toutes les publications quotidiennes, qu'irnecomète arrivait à grande vitesse et allait rencontrtr la Terre à telle date fixée d'avance, - la seconde nouvelle, que l'astre vagabond pourrait amener une catastrophe universelle en e,mpoisonnant I'atrnosphére respirnble, - cetle double prédiction n'avait été lue par personne, sinon d'un œil distrait et avec l'incrédulité la'plus con~pléte. Elle n'avaii pas produit plus d'effet que l'annonce de la découverte de la fontaine

de Jouvence faite dans les caves du palais des Fées de Monliiiarlre (élcve sur les ruines dit Sacrk-Cccrii.) cpi avait été lancée en méme temps. Les litteralcui~s, les poétes, les artistes en avaient méine pris prétexle pour cdebrcr, en prosc, en vers, en dessins, en tableaux de tous genres, les voyages cotnelaires à travers les régions celestcs. On y voyait la cométe passant devant l'essaim des étoiles effrayées, ou bien descendant du haut des cieux, se précipitant et menaçant la Terre endormie. Ces personnificalions symboliques entrelenaient la curiosité publique sans accroître les preniiéres tei~eurs. On commençait presque à s'habituer à l'idée d'une rencontre sans trop la redouter. La marée des impressions populaires fluclue comme le barométre. Du reste, les astronomes eux-m&nes ne s'elaienl pas d'abord inquiétés de la rencontre au point de vue de ses conseyuences sur le sort de l'humanité, et les revues aslronomiques spéciales (les seules qui eussent conserve quelque aulorité) n'en avaient encore parlé que sous forme de calculs à vérifier. Les savants avaient traile le probléme par les mathématiques pures el le consid6raient siinplement comme un cas intéressant de la mécanique celesle. Aux interviews qu'ils avaient subis, ils s'étaient conlentes de répondre que la rencontre était possible, probable niéme, mais sans intérét pour le public. Tout à coup, un nouveau phonogramme, lance

ils reprèsenlaicnl In Comèle Iiassanl dcvanl I'essaiw des étoiles cffi;ly&rs

f (i i.,\ FIN DU MONDE........... i I cette fois du Moiit-Hamilton, en Californie, & vint frapper les chimistes et les physiolo, oistes : n Les observations spectroscopiques etablissent que ln comète est une masse nsse? dense, coinposie dc plusieurs gar, dans lesquels domine I'OXYDE DE CARBONE. )) L'affaire se corsait. La rencontre avec la Terre elait devenue certaine. Si les astronomes ne s'en préoccupaient pas outre mesure, élant accoutumés depuis des siècles à considérer ces conjonctions célestes comme inoffensives; si meme les principaux d'entre eux avaienl fini par mettre dédaigneusement à la porte les innombrables intervieweurs qui venaient incessamment les importuner, en leur déclarant que cette prédiction n'intéressait pas le vulgaire el que c'était là un pur sujet astronomique qui ne les regardait pas, les médecins avaient commencé à s'émouvoir et discutaient avec vivacité sur les possibilités d'asphyxie ou d'empoisonnement. Moins indiffhrents pour l'opinion publique, ils n'avaient point éconduit les journalistes, au contraire, et,yn quelques jours la queslion avait subitement change de face. D'astronomique, elle était devenue physiologique, et les noms de tous les médecins cékbres ou fameux brillaient en vedelte à la premiére page des journaux quotidiens; leurs portrails occupaient les revues illustrées, et une rubrique spéciale annonçait un peu partout: Consultations sur la cométe.» Dejh méme la variété, la diversité, l'antagonisme des apprécia-

lions avait crd6 plusieurs camps hosliles SC jelaiil muluellemcnt d la tele des injui-es bizarres el 011 voyait, dans ces figures ailegoriqnes, la Çoinete ineiiaçonl la 'l'erre endorinie. lraitant tous les médecins de «cliarlalans avides de réclame D.

18 LA FIN DU MONDE Cependant le Directeur de l'observatoire de Paris, soucieux des inlérets de la science, s'était ému d'un pareil tapage, dans lequel la vérité astronomique avait été plus d'une fois étrangement travestie. C'élait un vieillard vénérable, qui avait blanchi dans l'étude des grands probléiiles de la constitution de l'univers. Sa voix était écoutée de tous, et il s'était décidé a transmettre aux journaux iin avis déclarant que toutes les conjectures étaient prématurées jusqu'à ce qu'on eût entendu les discussions techniques autorisées qui devaient avoir lieu a 1'Instilut. Nous avons dit, je crois, que l'observatoire de Paris, toujours a la tete du mouvemeilt scientifique par les travaux de ses membres, était devenu surtout, par la transforn~ation des méthodes d'observation, un sanctuaire d'éludes théoriques, d'une part, et, d'aulre part, un bureau central téléphonique des observatoires établis loin des grandes villes, sur les hauteurs favorisées d'une parfaile transparence atmosphérique. C'était un asile de paix ou régnait la concorde la plus pure. Les astronomes consacraient avec désintéressement leur vie entiére aux seuls progrés de la science, s'aimaient les uns les autres sans jamais éprouver les aiguillons de l'envie, et chacun oubliait ses propres mérites pour ne songer qu'a mettre en évidence ceux de ses collégues. Le Directeur donnait l'exemple, et, lorsqu'il parlait, c'était au nom de tous.

11 publia une dissertation technique et sa voix fut écoutée... un instant. Mais il semblait que la question astronomique fut déja hors de cause. Personne ne contestait et ne discutait la rencontre de la cométe avec la Terre. C'était un fait acquis par la certitude mathématique du calcul. Ce qui préoccupait, c'était maintenant la constitution chimique de la cométe. Si son passage par la Terre devait absorber I'oxygéne almokphériqqe, c'était la mort immédiate par asphyxie ; si c'était l'azote qui devait se combiner avec les gaz cométaires, c'était encore la mort, niais précédée d'un délire immense et d'une sorte de joie universelle, une surexcitation folle de tous 'les sens devant être la conséquence de I'extraction de l'azote el de l'accroissement 1 proportionnel de l'oxygène dans la respir a t' ion pulmonaire. L'analyse speclrale signalait surtout l'oxyde de carbone dans la conslitutlion chimique de la cométe. Ce que les revues scientifiques discutaientsurtout, c'était de savoir si le mélange de ce gaz délétére avec I'atmosphére respirable empoisonnerait la population entiére du globe, humanité et animaux, comme l'affirmait le président de l'académie de médecine. L'oxyde de carbone! On ne parlait plus que de lui. L'analyse spectdale ne pouvait pas s'etre trompée. Ses méthodes étaient trop sûres, ses procédés trop préçis. Tout le monde savait que le moindre mélange de ce gaz dans l'air respiré amène rapidement la mort. Or un nouveau message telèpho-

20 LA FIN DU MONDE..,_... <.._......._... _... nique de l'observatoire du Gaorisankar avait confirmé celui du Mont-Hamilton, en l'aggravant. Ce message disail : «La Terre sera entièrement ploizgée dans la tête de la comète, qui est déjà trente fois plus large que le diambtre entier du globe, et qui va en s'agrandissant de jour en jour. )> Trente fois le diamètre du globe terrestre! Lors même que la comète passerait entre la Terre et la Lune, elles les toucherait donc loutes les deux, puisqu'un pont de trente terres suffirait pour réunir nolre monde à la Lune. Et puis, pendant les trois mois dont nous venons de résumer l'hisloire, la comète était descendue des prorondeurs télescopiques et devenue visible l'oeil nu : elle était arrivée en vue de la Terre, et, comme une menace céleste, elle planait maintenant, gigantesque, toutes les nuits devant l'armée-des étoiles. De nuit en nuit, elle allait en s'agrandissant. C'était la Terreur meme suspendue au-dessus de toutes les tetes et s'avançant lentement, graduellement, épée formidable, inexorablement. Un dernier essai était tente, non pour la détourner de sa route, - idée émise par la classe des utopistes qui ne doutent jamais de rien, et qui avaient osé imaginer qu'un formidable vent électrique pourrait etre produit par des batteries disposées sur la face du globe qu'elle devait frapper - mais pour examiner de nouveau le grand probléme sous tous ses

aspects, et peut-etre rassurer les esprils, ramener i'espérarrce en découvrant quelque vice de forme dans les sentences prononcées, quelque cause oubliée dans les calculs ou les observalions : la rencontre ne serait peut-etre pas aussi funeste que les pessimistes l'avaient annoncé. Une discussion générale conlradicloire devait avoir lieu ce lundi-là A I'Inslitut, quatre jours avant le moment prévu pour la rencontre, fixée au vendredi 13 juillet. L'astronome le plus célèbre de France, alors Direcleur de l'observatoire de Paris; le Président de l'académie de médecine, physiologisle et chimiste éminent ; le Président de la Société asironomique de France, habile malliématicien ; d'autres orateurs encore, parmi lesquels une femme illustre, par ses découvertes dans les sciences physiques, devaient tour à tour prendre la parole. Le dernier mol n'était pas dit. Pénélrons sous la vieille coupole du vingtieme siècle pour assister à la discussion. Mais, avant d'entrer, examinons nous-memes celle fameuse Coméle, qui écrase en ce moment toutes les pensées.

CHAPITRE II LA COMETE Vapores qui ex eaudis Cometarum oritinlur incidere pobsunl in atmospheras planelaruin et ibi condensari et converti in aquam, et sales, et sulphura, et Iimum, el lutum, et lapides, et suhstanlias alias lerreslres migrare. NEWTON, Principia, 111, 671. L'élrange visiteur était descendu lentement des profondeurs infinies. Au lieu d'apparaîlre brusquement, tout d'un coup, ce qui plus d'une fois a été observé pour les grandes comètes, soit lorsque ces astres arrivent subitement en vue de la Terre aprés leun passage au périhélie, soit lorsqu'une longue série de nuits nuageuses ou illuminees par la Lune a interdit i'observation du ciei aux chercheurs de cornéles, la flottante vapeur sidérale était restée d'abord dans les espaces télescopiques,

24 LA FIN DU MONDE............. observée seulement par les astronomes. Dans les premiers jours qui suivirent sa découverle, elle n'était encore accessible qu'aux puissanls équato- theque bien fournie de tous les livres de science. Au vingt-cinquiéme siécle, les habitants de la Terre commençaient A y penser.