1 Chapitre 37-C LE SYSTEME GENITAL FEMELLE Si le système génital mâle est d une compréhension assez aisée, il n en est pas de même du système génital femelle, vous aurez l occasion d en juger. Une histoire de gaspillage Dans le sexe féminin, l'ovogenèse est curieusement amorcée pendant la vie fœtale, puis reste en suspens pendant des années. A la naissance, les cellules germinales sont au nombre de 200 à 300.000. Au seuil de la puberté, l'ovaire contient encore quelque 40.000 cellules germinales, ce sont des ovocytes primaires. La très grande majorité de cette population dégénère. De cette banque, seuls 200 à 400 cellules germinales accèderont à la maturité lors des cycles menstruels, lesquels débutent à la puberté et se terminent à la ménopause. Un peu d anatomie chez la femme adulte Dans l histoire de la vie, les ovaires ont le même âge que les testicules. Ils ont toutes les formes et certains d entre eux sont d une prodigieuse générosité, c est le cas par exemple chez les vers parasites qui, par cette exaltation du pouvoir reproducteur, cherchent à faire face aux incertitudes de leurs cycles. Un exemple? Une femelle d Ascaris, qui mesure une quinzaine de centimètres et habite l intestin du cheval, élabore en une année 64 millions d ovules! Le sujet féminin de l espèce humaine n éprouvera pas de complexe à se limiter à deux ovaires. Ses ovaires produisent des ovules bien sûr, appelés à devenir des œufs bien sûr, mais ce sont des œufs humains, des êtres humains à l état unicellulaire. Les ovaires sont enfouis au fond de la cavité abdominale. L ovaire pèse 10 grammes et par sa forme ressemble à une amande. Il a une longueur de 4 centimètres, une largeur de 2 centimètres et une épaisseur d un centimètre. Il est blanc nacré. Sa surface est marquée de sillons, qui sont des cicatrices d ovulations, et de mamelons, qui sont dessinés par des ovocytes en voie de maturation. Ils ont, comme les testicules, une double fonction, ils produisent les ovules et libèrent des hormones. Sur chaque ovaire s'appliquent les franges du pavillon de l oviducte, ou trompe de Fallope. Pour la petite histoire, et pour glisser une petite respiration dans ce texte austère, ces deux canaux doivent leur nom à Gabrielle Fallopio (1523-1562), anatomiste et chirurgien qui enseigna à l Université de Pise, puis
2 à celle de Padoue. Les deux trompes de Fallope sont des canaux étroits, longs d une dizaine de centimètres, qui courent vers le bas et s ouvrent au sommet de l utérus. Leur paroi comporte une muqueuse ciliée et une tunique de muscles lisses. L utérus a la forme d une poire renversée. En dehors de la grossesse, il est long de 7,5 centimètres, large de 5 centimètres, épais de 2,5 centimètres. En fin de grossesse, il est devenu énorme puisqu il héberge l enfant à terme. La lumière de l'utérus est limitée par une assise de cellules cylindriques, où débouchent de longues glandes tubulaires comprises dans le tissu conjonctif sous-jacent. Celui-ci est vascularisé par des artères spiralées. Ces deux assises forment la muqueuse utérine, ou endomètre. L'endomètre est enveloppé par trois couches de muscles lisses. Cette tunique musculaire est le myomètre, elle s'hypertrophie pendant la gestation. L'extrémité inférieure de l'utérus est le col utérin, il fait saillie dans le vagin, lequel conduit à l'extérieur. Les cycles de l ovaire et de l utérus Les chemins de notre aventure nous conduiront dans l ovaire. Nous en ferons une longue visite, puisque son fonctionnement ne se comprend que s il couvre un cycle menstruel de 28 jours. Le cycle menstruel s instaure à la puberté en même temps que les caractères sexuels secondaires : le timbre de la voix ne se modifie pas, les seins acquièrent du volume, le panicule adipeux adoucit les formes Et jusqu à la ménopause, mois après mois, se répètent des évènements coordonnés, qui surviennent dans l ovaire et dans l utérus. Les évènements ovariens sont dominés par l ovulation, qui est un bon début pour ceux qui sont en mal d enfant. Ils sont gérés par des mécanismes endocriniens qui relèvent de l hypothalamus. Les évènements utérins ont pour but de préparer l accueil d un œuf, sa nidation et l heureux déroulement d une gestation. Ils sont dépendants des hormones sécrétées par l ovaire. Cet exposé n est déjà pas simple en soi, mais il se complique encore car si le projet d enfant est couronné de succès, s il y a donc fécondation, l embryon qui s implante dans l utérus construit sans retard, avec la participation de sa mère, un placenta qui est un organe d échange et, parmi ses nombreuses fonctions, trouve le temps de libérer son hormone «à lui», l hormone placentaire.
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4 Le cycle de l ovaire Au seuil de la puberté, l'ovocyte primaire est circonscrit d une mince membrane transparente, la zone pellucide, qui porte une assise de cellules cubiques, les cellules folliculaires. L'assemblage cellulaire qui s'individualise ainsi est appelé le follicule primaire. A chaque cycle menstruel, dans certains follicules primaires, l'ovocyte primaire grandit et devient un ovocyte secondaire. Les cellules folliculaires prolifèrent et se disposent en plusieurs assises. Le follicule primaire est ainsi devenu un follicule secondaire. Si bien des follicules secondaires dégénèrent, il en est qui se creusent de lacunes entre les cellules folliculaires. Ces lacunes s'emplissent d'un liquide, le liquide folliculaire, s'accroissent et confluent en une chambre, la cavité folliculaire. Le follicule secondaire s'est de la sorte converti en un follicule de de Graaf, dont le diamètre est compris entre 5 et 8 millimètres. L'évolution des follicules est dirigée par l hypothalamus. Celui-ci commande au lobe antérieur de l hypophyse de libérer deux hormones, l hormone folliculo-stimulante et l hormone lutéinisante. L hormone folliculo-stimulante stimule le développement initial des follicules, qui entreprennent de mettre en circulation des hormones oestrogéniques. L hormone lutéinisante pousse plus loin l évolution des follicules et provoque l ovulation. Elle invite les follicules à augmenter encore la production des oestrogènes. Après l ovulation, elle fait monter le taux de progestérone. Les oestrogènes et la progestérone ont bien sûr un impact sur l utérus. Pour en traiter utilement, nous attendrons d être sur place, lors de notre pèlerinage dans cet hôtel de luxe où chacun de nous a vécu une préhistoire de 9 mois. L'ovulation a lieu le 14 ème jour du cycle. Le liquide folliculaire continuant de s'accumuler, le follicule de de Graaf atteint un diamètre de 15 à 20 millimètres, il fait hernie à la surface de l'ovaire, où sa paroi, très amincie, se rompt. L'ovocyte secondaire est expulsé, il est capté par les franges du pavillon de la trompe de Fallope, où il est entraîné vers l'utérus par des battements ciliaires. Le génome de l ovocyte sera, comme celui du spermatozoïde, totalement original. Et sur ce point, une remarque s impose sur le déterminisme du sexe. L ovocyte recèle deux chromosomes sexuels identiques, les chromosomes X et X. A la fin de sa maturation, l ovule ne peut retenir qu un chromosome X, il n y a donc sur ce point qu une espèce d ovule.
5 Le voyage de l ovocyte Au seuil d un voyage sans retour, l'ovocyte secondaire a un diamètre de 150 microns. Il a gardé la zone pellucide, plantée d'une tunique de cellules folliculaires. Ces cellules folliculaires constituent la corona radiata. L ovocyte secondaire contient encore 46 molécules d ADN, il n est pas encore un ovule, il ne le deviendra qu après avoir été pénétré par un spermatozoïde. Le cycle de la muqueuse utérine Retournons dans l ovaire un instant : après l'ovulation, le follicule de de Graaf devient une glande endocrine, le corps jaune, qui commence à produire une hormone, la progestérone. Celle-ci agit sur la muqueuse utérine, elle la prépare à l'implantation éventuelle d'un embryon. Si l'ovule n'est pas fécondé, le corps jaune régresse à partir du douzième jour qui suit l'ovulation, il devient le corps blanc. Sa fonction endocrine s'efface, la muqueuse utérine se dégrade, les règles apparaissent. Par contre, si la fécondation a lieu, un embryon s'implantera dans la muqueuse utérine, auquel cas il développera immédiatement une annexe embryonnaire, le placenta. Le placenta libère une hormone, l hormone chorionique gonadotrophique, laquelle provoque le maintien et la croissance du corps jaune. La muqueuse utérine est donc maintenue sous l'action de la progestérone, les règles font défaut. Par ailleurs, en cas d'implantation d'un embryon, le développement des autres follicules de de Graaf est bloqué et, à quelques rares exceptions près, aucune ovulation ne se produit pendant la grossesse. Pendant chaque cycle menstruel, qui dure normalement 28 jours, la muqueuse utérine présente une évolution qui la prépare à accueillir l'embryon. Si la fécondation n'a pas lieu ou si l'embryon ne s'implante pas, elle est éliminée en grande partie, ce qui entraîne une hémorragie, l'hémorragie menstruelle. L'évolution cyclique de la muqueuse utérine peut être divisée en quatre phases, la phase de prolifération, la phase de sécrétion, la phase prémenstruelle et la phase menstruelle. La phase de prolifération, qui s'étend du 5ème au 14ème jour, est suscitée par l'action des œstrogènes. La muqueuse utérine s'épaissit, les glandes s'allongent, les capillaires deviennent plus nombreux. La phase de sécrétion va du 15ème au 26ème jour, elle résulte de l'intervention de la progestérone. La muqueuse utérine s'épaissit encore, les
6 glandes sécrètent des substances muqueuses dans la lumière de l'utérus, les vaisseaux sanguins tissent un réseau très dense. La phase prémenstruelle est amorcée par la diminution du taux de progestérone. La muqueuse utérine s'effondre et se détruit. La phase menstruelle, qui boucle le cycle, est marquée par la fragmentation des glandes et la rupture des capillaires. De petites hémorragies se manifestent, mais le sang ne coagule pas. Toute l'assise fonctionnelle de la muqueuse est éliminée par l'hémorragie menstruelle. Sa régénération débute après l'hémorragie menstruelle.