1 LA MAISON DE LA FOI Luc 6 : 28 Priez pour ceux qui vous maltraitent Ro 12 : 21 Ne sois pas vaincu par le mal, mais vainqueur du mal par le bien Gal 6 : 9-10 Faisons le bien sans défaillance, car au moment voulu, nous récolterons si nous ne nous relâchons pas. Ne nous lassons pas de faire le bien ; pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi. (littéralement : envers les habitants de la foi). Sous la plume d'un écrivain persan du Moyen Age, on trouve cette anecdote : un philosophe qui faisait un voyage en bateau, demanda au capitaine s'il s'intéressait à la philosophie. - "Non, c'est trop loin de mon métier". - Dommage, reprit le philosophe, vous avez perdu la moitié de votre vie." Quelques heures plus tard, le bateau chavire et les deux hommes se retrouvent dans l'eau, accrochés à la même épave. - Alors, vous savez nager? dit le capitaine. - Non, c'est trop loin de mes recherches philosophiques. - Dommage, vous allez perdre toute votre vie". Cette anecdote pourrait illustrer aussi la différence entre "celui qui croyait au ciel et celui qui n'y croyait pas". Refuser obstinément de faire confiance au Christ quand on le connaît, c'est perdre plus que notre vie ici-bas. Et c'est vrai encore de chacun de nous, croyants, quand nous nous laissons absorber par les multiples tâches que nous impose la vie moderne, qui nous oblige à passer d'une occupation à une autre sans prendre le temps de rester en communion avec Dieu. Et quand nous ne sommes pas en communion avec Dieu, il nous est difficile de le servir en voulant servir les autres. Tout groupe humain devrait vivre en communion au sein de ses membres. Malheureusement, tout groupe humain, y compris l'église, doit affronter des conflits internes dus à l'impossibilité de "pratiquer toujours le bien" ou de "vaincre le mal par le bien". C'est pourquoi, Paul dit aux Galates : Ne nous lassons pas de faire le bien, pratiquons-le envers tous, et surtout envers les frères en la foi. Faire le bien envers tous, on comprend, mais pourquoi surtout envers les frères et soeurs dans la foi? C'est une parabole de Jésus sur le retour du Christ qui va nous éclairer :( Marc 13 : 34) Il en sera comme d'un homme qui part en voyage, laisse sa maison, donne pouvoir à ses serviteurs, à chacun sa tâche et commande au portier de veiller. Il s'agit donc de Jésus qui a quitté ce monde lors de son ascension et qui a promis de revenir à une date que Dieu seul connaît. Il se compare à un propriétaire qui confie sa maison à ses serviteurs en donnant à chacun une tâche précise à accomplir. De quelle maison s'agit-il?
2 C'est l'expression traditionnelle "les frères en la foi" qui donne l'explication car le texte grec dit tout autre chose littéralement : surtout envers les habitants de la foi. Une image où la foi devient maison. Habitants de la foi, frères et soeurs dans la foi, cette maison de la foi, c'est l'église locale. Pourquoi faut-il en tant que "maison de la foi" faire le bien surtout entre nous croyants? Tout simplement parce que cette image très forte du texte original nous montre que la foi qui habite chacun de nous, individuellement, fait de nous tous, ensemble, la maison de la foi. Cette maison est unique en son genre comme le sont la maison de la culture ou la maison de la presse dans chaque agglomération. C'est dans la maison de la foi qu'on trouve la relation avec Dieu. C'est logique, puisque nous sommes appelés à être "sel de la terre et lumière du monde" pour transmettre le message de Dieu jusqu'aux extrémités de la terre. Selon la parabole de Jésus, cette maison de la foi va servir d'école de formation permanente jusqu'au retour du Christ, pour que ses habitants proclament ce message à tous ceux qui n'y sont jamais entrés. Pour y parvenir, il faut surtout faire le bien entre nous, parmi nous, parce que chaque église dans chaque ville, a pour mission d'être "maison de la foi", car elle seule est dépositaire de cette foi et il faut, plus que pour toutes les autres maisons, qu'elle soit efficace parce qu'elle n'a rien à vendre ; elle n'a que le salut à offrir gratuitement, ce qui le rend guère attirant, justement parce qu'il est gratuit. Comment cette maison va-t-elle devenir efficace? Pour cela, il faut cultiver notre jardin. En tant que croyants, rassemblés dans cette maison de la foi, nous sommes destinés à connaître un jour le "Paradis" (mot qui veut dire "jardin" en persan) càd la vie éternelle avec Dieu dont l'image la plus connue est le Jardin d'eden de la Création où l'on voit que Dieu est en relation directe et toute simple avec l'être humain et la nature. Mais nous savons que cette vie éternelle commence dès ici-bas et que c'est maintenant que se joue en partie notre devenir après notre mort, après quoi, c'est Dieu qui décidera et non pas nous. Ce qui veut dire que durant toute notre vie terrestre, nous devrions être en permanence en communication directe avec Dieu. Cependant, nous savons tous, que "notre grande faute, c'est que nous pouvons à chaque instant nous tourner vers Dieu, mais que nous ne le faisons pas" (Martin Buber, Losungen, 27 fev 2012). Si nous refusons, alors nous perdons plus que la moitié de notre vie! Or, pour nous aider à lutter contre les forces du mal qui nous empêchent de nous tourner vers Dieu, Jésus prend deux mesures : D'abord, il nous rassemble, par son Esprit, dans cette maison de la foi parce qu'un croyant est par définition en relation avec Dieu et aussi avec les autres croyants. Ensuite, Jésus donne pouvoir à ses serviteurs, càd des dons, des capacités de travailler pour Dieu. Enfin, il confie à chacun une tâche qui sert à l'utilité commune et à cultiver le
3 jardin, tout autour de la maison de la foi, jusqu'aux extrémités de la terre. Rien de cela ne peut se faire tout seul à l'écart des autres croyants. Nous avons tout pour assurer le succès de cette maison de la foi : la relation avec Dieu, les dons qu'il nous accorde, sa grâce de chaque instant. Seul grain de sable : les forces du mal qui nous paralysent. D'où Paul qui nous recommande de persévérer dans la recherche du bien d'abord entre nous car, ensemble, nous pourrons mieux apprendre les uns des autres à lutter contre ces forces du mal. Faire le bien entre nous. Nous faire du bien à nous en tant que "ceux de la maison de la foi" (Bible Darby) pour que nous nous aidions réciproquement à approfondir notre relation avec Celui que nous nommons notre Père céleste, Celui qui nous accepte tels que nous sommes parce qu'il nous aime au point d'avoir laissé son Fils Jésus donner sa vie librement pour nous, selon les paroles de Jésus lui-même. "Ce bon Père attend le retour de son fils, il l'accueille dans ses bras sans demander de comptes... Le père n'excuse rien du passé du fugueur. Il déclare même que ce fils était perdu, mort. Il n'excuse pas. Il pardonne d'un pardon qui restitue l'honneur et rend la vie" (Anne-Marie Pelletier). Nous faire du bien entre nous, c'est faire grandir en nous la conviction d'être aimés par Dieu, d'un amour sans limite ; c'est faire grandir notre foi, notre confiance en Dieu, notre Père, qui nous accompagne dans notre vie quotidienne, qui nous aide à surmonter les obstacles, et qui est aussi source de notre communion fraternelle. Le mot "communion" signifie fondamentalement "participation" d'où le nom donné à la Cène, communion, pour prendre part à la Cène. C'est prendre part chacun pour soi et tous ensemble aux biens qui viennent de Dieu ; une participation verticale à une réalité spirituelle : De nombreux textes du NT citent notre participation à la bonne Nouvelle (Ph 1:5), la foi (Philémon 6), au Christ (I Cor 1 : 9, 10, 16, à la Cène (I Cor 10 : 16), au St-Esprit (Ph 2 : 1), au Père (I Jn 1 : 3). Tous ces biens sont compris dans cette autre expression de II Pierre 1 : 4 "participants à la nature de Dieu". L'essentiel est donc notre relation verticale avec Dieu que Jésus nous révèle comme "Père" (170 fois dans le NT). Si nous sommes en communion avec Dieu par cette participation verticale à tous les biens, les capacités et les dons qu'il nous communique, alors et seulement alors, nous pouvons être en communion les uns avec les autres et atteindre une véritable communion fraternelle qui, selon la Bible, devrait sauter aux yeux de tout visiteur. Communion verticale avec Dieu, horizontale entre les croyants, les habitants de la maison de la foi. Le mot "communion" a une autre particularité : Dès le 4ème siècle, on appelait communion (de munus = charge, mission) le fait de construire et d'entretenir les
4 remparts de la ville, où chacun avait cette mission. Cela rejoint la parabole : chaque serviteur reçoit une tâche à accomplir jusqu'au retour du Maître. Donc la communion fraternelle résulte 1) de notre communion avec Dieu notre Père et 2) de notre engagement dans l'oeuvre commune : édifier les habitants de la foi. Rappelons-nous que cet engagement est celui de tous mais chacun pour des tâches différentes, car nous sommes tous différents les uns des autres à cause des dons que Dieu accorde librement à son église. Vue à notre niveau, chaque maison de la foi est un rassemblement de carpes et de lapins mais, au niveau de Dieu, c'est un chef d'oeuvre d'unité qui prolonge ici-bas l'oeuvre du Christ, cet homme qui a laissé sa maison entre les mains de ses disciples, ses apprentis, dont nous faisons partie aujourd'hui en vue d'annoncer la Bonne Nouvelle endehors de cette maison. Communion fraternelle entre des carpes et des lapins, comment est-ce possible Parce que tout groupe humain, y compris l'église, doit affronter des conflits internes dus à l'impossibilité de "pratiquer toujours le bien" ou de "vaincre le mal par le bien". En effet, il y a beaucoup trop de friture dans notre relation verticale, trop de coupures sur cette ligne directe entre chacun de nous et Dieu. Carpes et lapins, les chrétiens ne sont pas des anges, mais chacun d'eux est en relation avec Dieu par l'esprit Saint qui est le même pour tous. Par conséquent, au lieu d'écouter notre raison humaine, notre vieil homme, il nous faut rechercher ce que nous dit le Saint-Esprit dans tous les détails de la vie de l'église comme dans les grands sujets. Cette recherche est à la fois individuelle et collective et, dans nos entretiens, la parole de l'un est égale à la parole de l'autre, même si c'est celle d'une femme, parce que le Saint-Esprit parle à tous individuellement. Mais nul ne peut dire : "Le St-Esprit m'a dit", mais "il me semble que l'esprit me dit ".Cet échange libre, pendant des mois selon le sujet, peut permettre de discerner ce qui semble bon pour l'église et ultérieurement, nous pourrons dire : c'était la volonté de Dieu. Rechercher dans tous les détails ce que dit le Saint-Esprit à chacun d'entre nous pour qu'il grandisse dans la foi, tel est l'objet principal de la formation permanente des chrétiens, une formation jamais achevée, qui dure la vie entière. C'est pourquoi, Paul dit aux Galates : Ne nous lassons pas de faire le bien pratiquons-le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi. J'ai vu récemment une camionnette de livraison s'arrêter près de chez nous ; le conducteur en est sorti un paquet à la main pour le livrer chez un voisin. Rien que du normal. Mais c'est le logo le nom de l'entreprise propriétaire du véhicule
5 qui est intéressant : "La logistique du dernier kilomètre" càd en français courant : le transport sur le dernier kilomètre. Je dois dire, comme le capitaine et le philosophe, que la livraison des marchandises "est bien trop loin de mes centres d'intérêt" mais, sur le moment, j'ai donné libre cours à mon imagination. Alors, à la lumière de ce que j'ai vu de cette livraison, j'en ai déduit que tous les autres transporteurs déposent les colis à un km du destinataire, et c'est au client de faire appel à cette unique entreprise la logistique du dernier kilomètre, s'il veut le colis à domicile. Faire le bien surtout entre nous pour quoi faire? Pour nous aider mutuellement à grandir dans la foi. Jusqu'où peut s'approfondir notre confiance en Dieu? A quoi se mesure-t-elle? Est-ce à notre capacité de déplacer des montagnes? Sûrement pas! Elle se mesure uniquement à la profondeur de notre amour pour Dieu et pour le prochain. Notre amour s'approfondit toutes les fois que nous sommes en communion avec Dieu, comme Jésus l'était avec son Père. En communion avec Dieu par l'esprit, nous pouvons alors produire les fruits de l'esprit que sont l'amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi (Gal 5 : 22). C'est aussi uniquement par la force de l'esprit en nous que nous pouvons mettre en pratique cette parole de Jésus : Aimez vos ennemis car si vous n'aimez que ceux qui vous aiment, vous ne faites rien de mieux que les païens (Mt 5 : 44,46,47). Pardonner, aimer nos ennemis, autant d'obstacles qui nous paraissent parfois insurmontables parce que, malgré notre bonne volonté, il nous arrive de renoncer devant ce "dernier kilomètre". Pourtant, quand nous allons jusqu'au bout, nous constatons que Dieu s'est occupé de la logistique du dernier kilomètre en préparant le terrain ; il est à notre portée de pardonner et d'aimer même notre ennemi. Voilà pourquoi nous avons besoin les uns des autres dans la Maison de la Foi pour nous entraider mutuellement à faire grandir notre confiance en Dieu, afin que notre relation personnelle avec notre Père céleste se rapproche le plus de l'idéal, une relation permanente. Si la communion des citoyens consistait autrefois à édifier et entretenir les murs d'enceinte, notre communion consiste, selon la lettre aux Ephésiens, à édifier le Corps du Christ (Eph 4 : 12). Pour quel résultat mesurable? Eph 4 :13 Alors tous ensemble, nous aurons peu à peu une même confiance en Dieu et finalement nous serons des chrétiens adultes et nous atteindrons la taille parfaite du Christ. Le but de la formation permanente dans cette maison de la foi n'est pas de bâtir des murs plus épais, mais d'apprendre à sortir de ses murs pour aller à la rencontre de ceux qui sont dehors et qui ont besoin de connaître la foi. C'est là notre mission. Voilà pourquoi il est nécessaire de persévérer dans cette maison de la foi pour ensemble nous aider à reconnaître que nous devons à chaque instant nous tourner vers Dieu, pour approfondir notre relation avec lui. Croire,
c'est renoncer à notre propre puissance, à notre indépendance, à notre autonomie pour admettre que nous sommes et serons des apprentis de la foi toute notre vie. N'est-ce pas cela notre dernier kilomètre? Et la solution : La logistique divine du dernier kilomètre. Laissons-nous transporter par Dieu sur tous nos derniers kilomètres. André Souchon 11-25 août 2013 6