Danse ou expression corporelle? A l école, les élèves font de la danse. La danse est une création artistique qui appelle à être vue par les autres. Elle comporte une chorégraphie qui peut se structurer selon différents modèles. L expression corporelle fait partie de la danse, elle n en est qu une petite partie. Elle n est pas une fin en soi et elle n est pas une finalité éducative. Bien souvent, à l école, on se focalise sur la chorégraphie finale, sur le rendu du spectacle qui sera donné avant même d avoir commencé la séquence. Dans ce cas, on ne passe pas par les étapes qui amène l élaboration de la chorégraphie et qui fait entrer l élève dans une démarche de création. L élève est alors acteur d un scénario qu il a plus ou moins élaboré. Le risque étant que l élève passe plus de temps, sur scène, à se préoccuper de se souvenir de sa place, de ses gestes qu à réellement danser. L idée est donc de partir sur une chorégraphie non figée dans les gestes. Au cours de l apprentissage, les élèves apprennent des évolutions, des déplacements, des gestes qu ils produiront soit en fonction de la zone de la scène, soit de la musique, soit du rythme etc. Comment construire la séquence (unité d apprentissage)? La séquence va comporter trois phases. Chacune des phases comporte plusieurs séances. - La phase de référence - La phase de construction du danseur - La phase d élaboration de la chorégraphie a) La phase de référence La phase de référence est la situation initiale de la séquence. C est au cours de cette phase que les élèves vont se construire un ensemble de gestes, de mouvements de référence. Chacun va essayer de produire ses propres réponses, d explorer ses possibilités physiques en fonction du projet. On met les enfants dans une situation donnée et on se donne des critères d observation (exemple : observer l évolution dans l espace, observer la forme des mouvements produits ) Lorsqu on évaluera, on reprendra cette situation initiale et l on comparera pour déterminer ce que les élèves ont appris à la fin du module. b) La phase de construction du danseur On se situe sur les apprentissages essentiels pour qu on puisse construire une chorégraphie. Lors de cette phase, les élèves vont construire les gestes moteurs propres à l acte de danser. On développe trois types de motricité : - la motricité de locomotion (marche, course, saut, tour et pivot, passage au sol, contact corporel à plusieurs),
- la motricité de production de formes (circulaire, spiralaire, les méandres, les formes torsadées, polygonales, en étoile) - La motricité de production de sens esthétique et émotionnel (la respiration, l extension du geste, le regard, la participation de la tête au mouvement) On donne un bagage moteur à l enfant pour qu il puisse s exprimer. Attention à ne pas vouloir travailler toute les motricités. De plus, on travaillera un ou deux objectifs pour chaque motricité. Le travail pourra se compléter tout au long du cycle et la progression de l élève s inscrit dans la continuité. c) La phase d élaboration de la chorégraphie Il est important de relier la chorégraphie à un projet de la classe pour rendre l apprentissage plus facile, les avoir-à-danser plus parlant pour les élèves. L enseignant est le concepteur de la chorégraphie. Il va prendre un parti pris, faire des choix pour construire le projet. Il existe plusieurs possibilités : - Mettre l accent sur le poétique (jeu de l imaginaire, de l évocation) on sort du descriptif) - Mettre l accent sur l aspect esthétique - Mettre l accent sur l aspect narratif On peut choisir un procédé de composition : - Sous forme scénarisé : introduction, développement, conclusion - En 2 parties, type ABA - Une construction type couplet/refrain avec des répétitions - Une séquence simple suivie d une variation du thème - Une forme aléatoire. L enseignant fixe le cadre sans toutefois aller dans le modèle. Le plan de la séance de danse. La séance de danse va se construire autour de moments clés. Ces moments vont prendre un temps plus ou moins long selon leur place dans la séquence d apprentissage, selon les besoins des élèves. On utilise une terminologie particulière pour nommer ces différents moments : Le rituel : C est l échauffement, la mise en activité. On privilégiera des activités dynamiques afin de mettre rapidement les élèves en action. Cette phase prend entre 5 et 10 min.
L avoir-à-danser : (voir exemples ci-dessous) C est le moment de la séance où l enfant est mis en situation de créer sa propre réponse par rapport à la consigne. On propose une situation aux élèves (voir les exemples ci-dessous) qui doit amener à un travail moteur particulier. Après un temps de recherche, il y a observation des différents groupes entre eux. C est un temps de mise en commun. On peut alors prendre des idées dans les différents groupes, modifier son travail, l enrichir. On validera toutes les réponses à condition qu elles soient bien dans le respect de la consigne cela afin d accroître le répertoire gestuel des enfants. Exemples d avoir-à-danser à proposer : - Motricité de locomotion : o Courses courir pour rattraper, fuir Sur la glace, le sable gêné par le vent, la fatigue, la descente o Saut sauter pour franchir, pour attraper o Tours sur soi, autour, s enrouler, se dérouler o Passages au sol aller au sol comme une feuille morte, de glace qui fond le sol est un partenaire (herbe, couette, sable chaud) un ennemi (de la braise, des clous ) o Contacts corporels accompagner le mouvement de l autre pour l amplifier, le restreindre, le prolonger, l arrêter - Motricité de production de sens : o Respiration : sa propre respiration (rythme, intensité, vitesse ) à l origine du mouvement de l autre o Extension du geste : poursuivre son geste, travailler avec un ou des ballons de baudruche, des feuilles de papier de soie o Regard : fixer son regard sur suivre du regard, regarder de différentes façons o Intégration de la tête au mouvement, placement de la tête, regarder par le menton, la poitrine, être tiré par le nez - Motricité des formes naturelles - 6 formes o Les avoir-à-danser sont à rechercher dans des propositions amenant : L enfant à construire des formes graphiques (dessiner son prénom en grand/en petit par le nez/en accélérant les grandes boucles/en faisant à la chaîne, être une algue attachée au fond la mer calme, déchaînée ) Un groupe d enfants à construire des formes sculpturales
L étude phase individuelle : Cette phase va permettre de travailler les gestes moteurs précédents. C est une phase d appropriation et de réinvestissement de l avoir-à-danser. L enseignant choisit un ou deux éléments sur lesquels le travail va porter. On va transformer les gestes découverts précédemment en gestes «dansés». On peut introduire des paramètres pour amener les élèves à passer des avoir-à-danser au geste dansé. Mise en relation travail en groupe Au cours de cette phase, les groupes s organisent. Les enfants doivent tenir compte des autres. La présentation travail de spectateur. Les critères d évaluation porteront sur la consigne qui doit être respectée et sur l acte : comment il fait. Cette structure étant une trame, un guide, elle est donc modifiable et adaptable. Construire une unité d apprentissage : Pour construire une unité d apprentissage : Avec des PS : 3 / 4 semaines tous les jours Avec des GS : 1 à 2 fois / semaine pendant plusieurs semaines. En danse, il faut compter 8 à 12 séances de 30/35 min. Pour les cycles 2 et 3, il faut au moins 10 séances (Il faut être humble sur les objectifs à atteindre en 10 séances!) On peut préconiser des travaux de 35-40 min sur 20 séances. L organisation peut être la suivante sur 10 séances (EXEMPLE) Séance 1 Phase de référence Séance 2 à 5 apprentissage - Motricité / Rythme Séance 6 retour à la phase de référence Séances 7 à 10 travail de la chorégraphie
Rituel Sit ref. Motricit é Rythme Avoir-àdanser Etude Mise en relation Situation de référence Motricité Travail espace Motricité Travail locomoti on Motricité M Rythme (lent/ra pide) Motricité Mix. des 2 (Loco + Esp) Rythme Energie (doux/for t) Rythme Mixe (loc, esp. Energie) Chorégr aphie en petits groupes Chorégr aphie en petits groupes Choré. Choré. Choré. Il n est pas question de formaliser chaque séance avant, mais par contre, il est important d avoir une idée de l ensemble avant d avoir commencé. Dans le cadre de la motricité on va accueillir tous les mouvements des élèves. Ensuite au niveau de la chorégraphie, on va construire des phrases dansées en utilisant les différents gestes ou mouvement vu précédemment. Le rôle du spectateur faire verbaliser aussi ce qu on pourrait faire d autres donc induire une plus grande motricité. Il amène au danseur une autre vision des choses. Verbaliser pour apprendre à apprendre.
Exemples de situation d avoir-à-danser pour la maternelle : Animation danse du 09/11/2011 Montargis Objectif de danse Consignes 1 observation Consignes 2 observation Situation 1 Phase de construction du danseur : mise en relation ou phase d élaboration de la chorégraphie = quand je rencontre quelqu un je réagis et je m exprime sur le plan moteur (cela peut devenir je cache mes yeux, je fais la statue ) Marcher sur les lignes sans se rencontrer La moitié des personnes ont un bâton qui lui octroie une priorité 1/3 des personnes a un bâton vert : quand 1 personne est en face elle s accroupie, 1/3 a un bâton rouge : quand 1 personne est en face elle doit faire demi-tour. Les bâtons donnent toujours la priorité Quand 2 personnes sont face à face elles se contournent RAS Situation très complexe Suggestion ne laisser que les consignes de couleur sans priorité Interdiction de se contourner Quand 2 personnes sont face à face l une ou l autre ou les 2 changent de direction
Objectif de danse Consignes 1 observation Consignes 2 observation Marcher comme Chacun choisi un animal ou un personnage et le mime Evolution simple : chacun choisit un personnage Situation 2 Phase de référence Cette situation peut être reprise dans la phase de construction du danseur en insistant sur la motricité, sur le mime après étude de l animal ou du personnage. Il s agit alors de production de sens esthétique et émotionnel Evolution simple : on change au coup de tambourin. La surface d évolution est déterminée par des plots sur lesquels il y a un animal. On regarde un plot et on se déplace vers le plot en mimant l animal. On va vers le plot que l on veut. Ce n est pas l animal qui détermine le déplacement mais le plot qui est dans le champ visuel. Si ce n est pas le cas il faut autant de couleurs de plots qu il y a d enfants et leur demander de se déplacer vers les plots de sa couleur. La surface d évolution est L enfant reste dans On doit passer dans
Objectif de danse Consignes 1 observation Consignes 2 observation divisée en 3 zones, chacune étant dédiée à un animal. une même zone au moins 2 zones On doit passer dans les 3 zones On change de zone au coup de tambourin Situation 3 Phase de construction du danseur : mise en relation ou phase d élaboration de la chorégraphie = quand je veux je vais danser avec quelqu un 3 enfants/1 gros ballon, les 3 tiennent le ballon en l air, les mains à plat sur le ballon. Se déplacer dans la surface d évolution. Quand on est près d 1 groupe on peut changer de groupe si on en a envie mais il ne faut pas que le ballon tombe par terre Les groupes se suivent. Le ballon tombe par terre, rechercher avec les enfants l explication. Si c est parce que 2 enfants avaient décidé de changer de groupe Réduire la zone d évolution et augmenter le nombre de groupes. Suggérer le passage dans les groupes, par endessous.
Objectif de danse Consignes 1 observation Consignes 2 observation l enseignant peut désigner à l avance de l enfant qui va changer de groupe (cela me semble plus raisonnable vu l âge des enfants mais tout peut être testé et les consignes peuvent changer selon le résultat obtenu Situation 4 (non vue) Phase de construction du danseur : travail de la posture immobile ou du déplacement Jeu des statues (id 123 soleil) Quand la musique s arrête je fais la statue 123 soleils bis : y ajouter un déplacement spécifique (en tapant des pieds, en silence) La position de statue doit être réelle. Si 1 enfant tourne la tête le lui dire ou faire observer par des spectateurs
Les outils incontournables : La surface d évolution : - séparer la surface d évolution en zones dans lesquelles les consignes changent sur la motricité de locomotion, de production de formes ou de sens, - mettre des plots de couleurs différentes autour de la surface d évolution pour induire des directions, Le support de l imagination : plus l enfant est jeune plus on travaille avec un support descriptif (histoire lue en classe, comptine, ronde). L idéal est de s en séparer à un moment donné et de le remplacer par un autre (une histoire inventée par la classe mais reprenant les mêmes personnages dans une autre situation), Les inducteurs de motricité : pour les moyens, fin d année et pour les grands on peut se servir d inducteurs type ballon de baudruche, foulards, sacs en plastique pour provoquer une motricité spécifique et les supprimer par la suite, la motricité étant la même. La musique : c est un outil parmi d autres.