Les smart grids au service de la transition énergétique. Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013



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Les smart grids au service de la transition énergétique Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013

Sommaire e 3 Edito 5 Présentation des intervenants 9 Discours d ouverture, Karine Dognin-Sauze 11 Présentation du cadre du débat national sur la transition énergétique, Sylvain Godinot 12 Première table ronde Comment les smart grids contribuent-ils à la transition énergétique? Focus sur le Grand Lyon 25 Deuxième table ronde Comment les smart grids interrogent-ils la société? 40 Conclusion de Bruno Charles 41 Discours de clôture de Nicole Gay 43 Pour aller plus loin

3 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 édito Dans le cadre de la conférence environnementale de septembre 2012, le Président de la République, François Hollande a souhaité l ouverture d un grand débat national et citoyen sur la transition énergétique, dont l aboutissement sera un projet de loi de programmation. Mais qu est-ce que la transition énergétique? Elle doit permettre d engager pleinement le pays dans un changement de nos modes de consommation et de production d énergie. La transition énergétique reposerait ainsi sur trois principes : la sobriété, l efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. Ce grand débat invite tous les territoires et les citoyens à échanger sur les grands choix en matière de politique énergétique ainsi que les conditions de mise en mouvement de la société autour d un projet mobilisateur pour un avenir durable. Il interroge sur quatre grands aspects permettant la réussite de cette transition énergétique : quelle évolution de nos modes de vie, de production et de consommation ; quelle trajectoire pour atteindre le mix énergétique en 2025 ; quels choix en matière d énergies renouvelables et quelle stratégie de développement industriel ; et enfin, comment financer cette transition. Expérimentés sur le territoire du Grand Lyon, le développement des réseaux intelligents, les «Smart Grids», est un enjeu clé pour permettre la transition énergétique. Facilitant l intégration des énergies renouvelables, ces réseaux de demain apportent également l information en temps réel aussi bien aux consommateurs, qu aux producteurs et aux distributeurs d énergie.

4 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 Ainsi, le Grand Lyon, l Agence Locale de l énergie et ERDF ont souhaité initier le débat lors de l atelier du 14 mai, afin d interroger les apports des Smart Grids au territoire du Grand Lyon, pour réussir la transition énergétique. En effet, le Grand Lyon, via sa démarche «Ville Intelligente», a développé un projet de territoire qui fait de la construction de la ville un moteur d innovation, de développement économique et d attractivité, dont les smart grids font partie. Ce projet de territoire repose sur de nombreux partenariats avec des acteurs privés, dont Électricité Réseau Distribution France, acteur incontournable des expérimentations Smart Grids. Auprès des citoyens, l Agence locale de l énergie (ALE) est l acteur clé depuis qui informe et anime depuis plus de 10 ans la thématique Énergie-Climat sur le territoire.

5 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 Présentation des intervenants Plénière d ouverture Karine Dognin-Sauze Karine Dognin-Sauze est vice-présidente du Grand Lyon à l innovation et aux nouvelles technologies. CADRE DU débat national sur la transition énergétique Sylvain Godinot Sylvain Godinot est directeur de l Agence Locale De l Energie (ALE) de l agglomération lyonnaise.

6 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 Première table ronde Comment les smart grids contribuent à la transition énergétique sur le territoire du Grand Lyon? Philippe BROUSSE GDF Suez, Responsable Greenlys / Branche Energie France. Matthieu TERENTI ErDF Rhône-Alpes Bourgogne, expert smart grids. Olivier DELASSUS Véolia Transdev. Christophe REINERT EDF, Directeur Smart Electric Lyon. Nouredine HADJ SAID INP Grenoble, Directeur de recherche

7 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 Deuxième table ronde Comment les smart grids interrogent la société? Yves CORON SIGERLY, Directeur. Servan LE GUERN GrDF Rhône-Alpes Bourgogne, Directeur adjoint du développement. François BERAUD GRANDLYON HABITAT, Directeur du développement et du patrimoine. Jean-Pierre ROCHETTE UFC Que Choisir Rhône, Vice-président Rhône. Eymeric LEFORT Grand Lyon, Directeur de mission énergie. Stéphane LABRANCHE laboratoire PACTE IEP Grenoble, sociologue.

8 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 introduction M. nadal, représentant d erdf Bienvenue à cet atelier-débat consacré aux smart grids au service de la transition énergétique, et organisé par le Grand Lyon, l ALE (Agence locale de l Energie), et ERDF. Le Grand Lyon a en effet lancé un très grand nombre d expérimentations dans la perspective de Smart City. L ALE est bien connue comme un acteur de référence sur la transition énergétique. ERDF, que je représente, accompagne le territoire lyonnais dans tous ses projets de smart grids. Ce débat s inscrit dans le cadre du débat national sur la transition énergétique.

9 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 Discours d ouverture Par Karine DOGNIN-SAUZE, Vice-présidente à l innovation et aux nouvelles technologies du grand lyon Nous sommes entrés dans une période de mutations profondes qui vont bien au-delà du thème de la transition énergétique. La Conférence Energie Climat, organisée par le Grand Lyon et qui a rassemblé plus de 100 partenaires locaux, s est traduite par une feuille de route construite collectivement pour organiser la trajectoire vers la sobriété énergétique à l échelle de notre territoire. Cette démarche s inscrit dans un contexte de crises multiples : crise financière, mais aussi crise des valeurs, déficit écologique et déficit de la dette publique. Les enjeux auxquels nous devons faire face sont extrêmement complexes, mais l époque n a jamais été aussi propice aux innovations. La nécessité d organiser la transition énergétique est maintenant devenue une évidence. Le projet de métropole intelligente consiste à activer l ensemble des leviers d innovation dont nous disposons pour nous projeter dans l avenir. En s appuyant sur ses atouts territoriaux, le Grand Lyon a l ambition de contribuer à une nouvelle croissance en créant les conditions favorables à l émergence d une créativité collective et en se positionnant sur les secteurs d avenir : les éco-technologies sont à la fois un moteur de croissance et une solution pour agir en faveur de l environnement. Nous disposons dans ce domaine d atouts conséquents du fait de nos pôles de compétitivité tels qu Axelera, et d un tissu économique de près de 700 entreprises positionnées sur des savoir-faire déterminants comme les technologies du web, l intelligence artificielle et la robotique. Dans le même état d esprit, le Grand Lyon accompagne l émergence d un pôle d acteurs leaders dans le domaine de l énergie au travers du déploiement d un grand nombre de projets smart grids à grande échelle.

10 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 Faire du Grand Lyon une métropole intelligente signifie aussi rendre la vie des Lyonnais plus simple et plus agréable grâce à de nouvelles pratiques qui vont transformer la ville. Ce projet de territoire se traduit par une volonté d ouvrir la ville à des expérimentations pour permettre aux industriels de concrétiser leurs solutions. Le Grand Lyon est un territoire pionnier avec la plus forte concentration en Europe de projets smart grids qui sont en phase opérationnelle. Ainsi Ikari, bâtiment à énergie positive, verra le jour dès fin juin. Un service de 30 voitures électriques en autopartage alimentées par des panneaux photovoltaïques sera lancé en septembre. Un premier bilan prometteur peut être dressé sur l utilisation du site Watt & Moi, qui a été testé auprès de 1 000 foyers équipés de compteurs Linky. La deuxième édition du concours Energie intelligente, qui permettra à des entreprises innovantes d intégrer le projet Smart Electric Lyon, est lancée. Les smart grids sont une synthèse entre la transformation induite par l introduction du numérique dans la société et l innovation radicale nécessaire dans le domaine de l énergie, innovation à la fois technique et organisationnelle. Cette rencontre entre le monde du numérique et celui de l énergie ouvre la voie à un secteur industriel d avenir, permet le traitement de données jusqu alors inconnues ou inexploitables, et constitue un outil technologique essentiel pour l efficacité de la transition énergétique. De nouvelles fonctions pourront apparaître, telles que le raccordement des solutions de transport à la gestion énergétique d un bâtiment. En outre, les smart grids, grâce aux interfaces entre les différents acteurs, permettent de prendre en compte les réalités quotidiennes vécues par l usager. En construisant de véritables communautés énergétiques, ils peuvent jouer un rôle dans l éducation à de nouveaux comportements. A ce titre, les smart grids représentent un volet majeur dans la construction de la ville intelligente. Plusieurs conditions sont cependant nécessaires à la réussite de ces expérimentations et à leur diffusion à une échelle plus massive : stabiliser des modèles économiques encore en tâtonnement, organiser l interopérabilité entre différentes innovations et surtout impliquer les usagers. Je voudrais également souligner l importance du rôle de la collectivité territoriale dans cette dynamique. Ces initiatives trouvent leur place dans un projet territorial global. Le Grand Lyon est à même de favoriser l articulation de stratégies d acteurs venant d univers différents et d organiser l accès à l espace public. Enfin, il ne faut pas oublier qu au-delà de l enjeu industriel et urbain, le véritable changement proviendra d une évolution des normes sociales.

11 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 Présentation du cadre du débat national sur la transition énergétique Par Sylvain GODINOT, directeur de l ALE de l agglomération lyonnaise Cet atelier s inscrit dans le cadre du débat national sur la transition énergétique et fera l objet d une contribution écrite qui sera remise à la Région Rhône-Alpes pour être transmise au Commissaire de l Environnement. Deux tables rondes se succéderont cet après-midi. La première sera consacrée à la contribution des smart grids à la transition énergétique, et la deuxième portera sur le thème «Comment les smart grids interrogent-ils la société?» Pour que ces travaux s inscrivent dans le cadre du débat national, les sujets seront traités sous l angle de la contribution à la sobriété énergétique. Comment les smart grids peuvent permettre au citoyen d être plus sobre, tel est l enjeu du débat d aujourd hui. Je vous propose de regarder maintenant un film réalisé par la Région Rhône-Alpes. Projection du diaporama de la Région Rhône-Alpes.

12 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 Première table ronde Comment les smart grids contribuent-ils à la transition énergétique? Focus sur le Grand Lyon Animée par Luc SIMONET, ERDF Rhône-Alpes Bourgogne, Directeur du développement > M. SIMONET : Les smart grids demeurent un concept assez flou pour le grand public. Pourtant, les réseaux électriques vont subir une véritable révolution. L arrivée de la production répartie va complètement changer les réseaux. Il faudra s adapter à une exploitation des réseaux beaucoup plus complexe. Les consommateurs vont jouer un rôle actif, à la fois à travers les services permis par les smart grids et à travers les outils de production qui seront à leur disposition. Le territoire du Grand Lyon concentre un éventail de projets smart grids qui permettent des applications concrètes de ce concept. Projet 1 : Greenlys - Premier focus sur l impact de l effacement diffus sur le courbes de charge Le projet GreenLys mené sur Lyon et Grenoble concerne un millier de clients, et essaie de couvrir toute la chaîne, amont et aval, de la distribution d électricité. Quels sont les nouveaux services proposés au client dans ce cadre? > M. BROUSSE, GDF Suez, Responsable GreenLys / Branche Energie France : J aborderai trois d entre eux : les effacements de consommation, les nouvelles offres tarifaires et les services web. L effacement peut être défini comme la capacité d un consommateur à reporter, voire à annuler, tout ou partie de sa consommation d électricité sur réception d un signal. Dans le cadre du projet GreenLys, plus de 20 000 effacements ont été réalisés. L effacement ne doit pas être perçu par le client comme une contrainte et une perte de confort. Le client a toujours la possibilité d interrompre l effacement. Ce dernier doit lui permettre de bénéficier de certains avantages financiers, de réaliser une économie sur sa facture et d accomplir un geste éco-citoyen. GreenLys permet aussi de tester de nouvelles offres tarifaires, en proposant des tarifs différenciés suivant des paliers de consommation et des offres horo-saisonnières, c est-à-dire des tarifs qui varient suivant la période. Nous réfléchissons sur un système de tarification incitatif pour l utilisateur qui accepte des effacements.

13 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 GreenLys développe pour les utilisateurs des services d aide à la maîtrise de leur consommation via un portail web, où ils pourront suivre leur consommation, piloter la température du logement, créer des alertes au-delà d un certain seuil de consommation et bénéficier d éco-conseils personnalisés. Second focus sur la gouvernance fournisseur d énergie / distributeur > M. TERENTI, ERDF Rhône-Alpes Bourgogne, expert smart grids : Un des enjeux de l effacement de consommation est de réduire les pics de consommation, et notamment celui de 19 heures. L effacement permet de décaler la consommation dans le temps. Cependant, lors de la remise en service des équipements, les consommations s accroissent de nouveau, ce qui implique un besoin de production supplémentaire, et donc un réseau supérieurement dimensionné pour répondre à ce besoin. Les gestionnaires de réseau de distribution doivent donc se coordonner pour chercher à optimiser la valeur et à réduire ces pointes. Cette optimisation repose sur une modélisation des réseaux relativement complexe. > M. SIMONET : Le projet GreenLys montre que si les effacements ne sont pas pilotés correctement, on peut assister à une dégradation du cycle global. Le gestionnaire de réseau de distribution doit donc être impliqué dans le dispositif. > M. TERENTI, : En effet, le succès de ce dispositif repose sur une coordination large des différents acteurs : gestionnaires des réseaux de transport, gestionnaires de la distribution, etc. Les réflexions menées visent à positionner ERDF dans la boucle d optimisation des effacements.

14 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 Projet 2 : Smart Community Lyon Focus sur la gestion de la charge du véhicule électrique avec la production d énergie renouvelable, quelles conditions pour les bénéfices escomptés? > M. SIMONET : Nous allons maintenant aborder le projet de Smart Community mené dans le quartier Confluence. Il s agit d utiliser de l énergie photovoltaïque pour recharger des véhicules mis à la disposition des habitants en autopartage. > M. DELASSUS, Veolia Transdev : Cette flotte de 30 voitures sera répartie sur 6 stations, comprenant au total 30 bornes de charge, dont 3 de charge rapide. Ces dernières permettent de recharger le véhicule en une demi-heure. Le service sera lancé en septembre à destination des résidents et entreprises de Lyon Confluence. Il s agit de voitures fabriquées au Japon par Mitsubishi, ce projet étant financé par le NEDO (agence publique japonaise pour l énergie). Les objectifs sont multiples, notamment offrir un nouveau service de mobilité et amener des changements de comportement en incitant à l abandon des voitures personnelles au profit de solutions multimodales. Le service doit présenter un équilibre économique, avec des recettes qui compensent le coût de fonctionnement, afin d être viable à long terme sans subvention des collectivités. Ces véhicules utiliseront des sources d énergie 100 % renouvelable, et si possible, l énergie solaire produite par les nouveaux bâtiments de la Confluence, en particulier le bâtiment Ikari. L énergie sera stockée pour pouvoir être utilisée au moment où nous en aurons besoin. Les voitures seront accessibles par les abonnés au moyen d une carte et seront facturées en fonction de leur utilisation. Focus sur l nteropérabilité des solutions et expérimentation de nouvelles offres tarifaires > M. SIMONET : Le projet Smart Electric Lyon devrait concerner plusieurs dizaines de milliers de clients. Quelles sont les contributions attendues de cette expérimentation?

15 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 > M. REINERT, EDF, Directeur Smart Electric Lyon : Plusieurs questions fondamentales doivent être résolues dans la perspective d une généralisation des dispositifs de smart grids. Les questions technologiques devraient recevoir des solutions assez rapidement. Les questions socio-comportementales sont essentielles : les utilisateurs doivent comprendre quels bénéfices ils peuvent retirer de ces outils. Les questions économiques sont importantes, des bénéfices devant pouvoir être retirés de ces services. Enfin, il faut travailler sur les questions d organisation, afin de trouver des partenariats entre les différents acteurs amenés à intervenir. Smart Electric Lyon est focalisé sur la production de services à destination de clients résidentiels ou d entreprises du secteur tertiaire. Le dispositif facilitera la transmission d informations entre les clients et le réseau électrique. Les clients seront amenés à prendre une part active dans la gestion de leur système électrique. Ce dispositif comprend trois volets : accès à l information, tarification, équipements électriques. 25 000 clients équipés de compteurs Linky pourront disposer d informations sur leur consommation et la comparer à celle de foyers se trouvant dans des situations similaires. Les tarifs auront pour but d inciter les utilisateurs à reporter leur consommation à des périodes où l énergie est moins coûteuse. Afin d adapter automatiquement la consommation en conséquence, des équipements asservis en matière de chauffage, d eau chaude, etc. seront utilisés. Ce dispositif suppose un échange de communications entre le compteur et les équipements, ce qui nécessite une standardisation de ceux-ci. > M. SIMONET : Ce dispositif repose sur une interopérabilité des équipements, or les équipementiers sont en concurrence les uns avec les autres. > M. REINERT : Effectivement, ce projet rassemble des acteurs concurrents, qui construisent ensemble les conditions pour que ces solutions puissent se développer.

16 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 Quel «business model» pour ces projets? Focus sur le coût des smart grids, le partage de l investissement, les économies d échelle > M. SIMONET : Au travers de ces projets, trois sujets ont été évoqués : l information des clients, les services proposés aux clients et le pilotage du réseau. Je souhaiterais maintenant demander à Nouredine Hadj Saïd si les smart grids sont une pure vision de technicien ou s ils représentent un passage obligé. Par ailleurs, quelles nouvelles compétences seront nécessaires, puisque l exploitation du réseau va se complexifier? Enfin, les expérimentations coûteuses menées à l heure actuelle par le Grand Lyon sont-elles vraiment utiles, voire fondamentales pour l avenir? > M. HADJ SAID, INP Grenoble, Directeur de recherche : Nous entrons dans un nouveau paradigme énergétique, qui repose sur quatre piliers : sobriété, énergie propre et durable, sécurité d approvisionnement et sécurité du système électrique, et enfin accessibilité. L accessibilité signifie que l énergie doit être accessible à un coût acceptable et que les utilisateurs doivent pouvoir consommer librement. Au cours des dernières années, nous avons connu, au niveau mondial, plusieurs pannes généralisées privant des millions de personnes d électricité, or nos sociétés modernes sont extrêmement vulnérables sur ce point. L économie, la vie quotidienne dépendent de l électricité. L aspect coût n est pas négligeable : on estime qu une panne généralisée, à l échelle d un pays, coûte environ 1 % du PIB chaque jour. > M. SIMONET : Les smart grids peuvent-ils constituer une réponse à cette problématique de sécurité du réseau et à ses conséquences économiques? >M. HADJ SAID : Vous avez demandé si les smart grids sont réellement un passage obligé. Je dirais que nous n avons pas le choix.

17 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 Nous observons actuellement la convergence de deux aspects au niveau des systèmes électriques : de nouveaux usages apparaissent et nous entrons dans un nouveau cycle d investissements. L Agence internationale de l Energie a chiffré à hauteur de 1 500 milliards d euros les investissements qui seront nécessaires dans le secteur électrique pour les pays européens à l horizon 2030. Les nouvelles énergies ont un impact sur le réseau qui n est pas le même que celui des énergies classiques. La gestion des réseaux électriques, jusqu à présent, reposait sur le fait qu à tout instant les productions devaient correspondre aux consommations, or des énergies telles que le solaire et l éolien dépendent des conditions météorologiques. Des solutions intelligentes doivent donc être trouvées. > M. SIMONET : Quels enseignements pouvons-nous retirer de l échec de Boulder, cette ville qui s est lancée à fond dans les smart grids? >M. HADJ SAID : L exemple de Boulder, ville située au Colorado, est particulièrement intéressant. Une compagnie d électricité, Xcel Energy, a voulu dès 2008 et avec d autres partenaires, équiper l ensemble de ses systèmes d information avec de la fibre optique enterrée. Les travaux se sont avérés beaucoup plus onéreux que prévu en raison du sol rocheux, ce qui a entraîné des difficultés dans les relations avec la municipalité et les consommateurs au sujet de la répercussion de ces surcoûts. Cependant, le projet a aussi démontré des réussites techniques : le nombre de plaintes relatives à la tension électrique a considérablement diminué et la qualité d alimentation du réseau a été significativement améliorée. En effet, le dispositif permettait de détecter immédiatement les défaillances et d y remédier.

18 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 > M. SIMONET : Si je résume, le projet a permis de démontrer que l utilisation de ces nouvelles technologies dans l exploitation des réseaux apporte réellement des avantages concrets. Les investissements réalisés pourront donc éviter des pertes importantes dans l avenir. Apparemment, les entreprises qui se sont lancées dans ce projet ont oublié certaines règles basiques du métier lors de la création d un nouveau réseau. Débat avec la salle > M. SIMONET : Je remercie les intervenants et je propose de passer au débat avec la salle. > De la salle : Le concept d effacement est maintenant bien connu sur le réseau électrique, mais la même démarche est-elle prévue pour le gaz? > M. BROUSSE : A l heure actuelle, il n existe pas de démarche similaire sur le gaz naturel. > De la salle: Une partie des effacements est liée à de la substitution entre énergies. De fait, les effacements existent aussi sur le gaz mais prennent des formes différentes car les approvisionnements sont différents. > M. BROUSSE : Même si la démarche est un peu différente de la logique d effacement, il ne faut pas oublier que l on peut produire de l électricité à partir du gaz naturel (électricité avec cogénération), et ainsi le gaz naturel peut participer à la démarche de flexibilité, au même titre que les énergies renouvelables.

19 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 > De la salle : Je voudrais savoir pourquoi le contrat EJP (effacement des jours de pointe) a été arrêté par EDF. Aujourd hui, on nous impose le compteur Linky et les consommateurs ignorent combien il va leur coûter. Or GreenLys reprend exactement les mêmes principes que le contrat EJP, sous une forme différente. > M. REINERT : Lors de l ouverture du marché de l électricité, un certain nombre de dispositions qui prévalaient dans l univers du monopole ont été remises en cause. Autrefois, les effacements entraînaient des économies importantes liées au dimensionnement du réseau. En 2000, lors de la création des tarifs d utilisation des réseaux publics, ce potentiel d économies a été divisé par deux. Il reste actuellement environ 800 000 contrats EJP, notamment parmi les clients industriels et la grande distribution. L objectif à l heure actuelle est de reconstruire de nouveaux dispositifs plus simples et mieux adaptés à l évolution des usages. > M. TERENTI : Après les conclusions rendues par le groupe de travail, l ensemble des acteurs participant au projet sont d accord sur la généralisation du compteur Linky. De nouvelles offres tarifaires et un nouveau business model apparaissent avec les smart grids, mais supposent l installation d un compteur de nouvelle génération. D autre part, l intégration massive d énergies renouvelables, qui sont par nature intermittentes, nécessite des compteurs qui permettent de connaître en temps réel les consommations.

20 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 > De la salle : La régulation de l énergie électrique est beaucoup plus facile que celle des autres sources d énergie. Alors pourquoi, dans les immeubles, les consommations d énergie électrique sont-elles pénalisées par le coefficient de 2,58 par rapport aux autres sources d énergie? A l inverse, pour les véhicules, l énergie électrique est subventionnée! > M. SIMONET : Le coefficient de conversion énergie secondaire électrique / énergie primaire est actuellement figé à 2,58 par un décret. Dans les scénarios de l ADEME, ce coefficient est réduit à 2. > M. REINERT : Si nous situons la question dans une perspective à long terme, la consommation qui continue de croître actuellement est celle des usages spécifiques de l électricité, non substituables, tels que les appareils électroménagers, les équipements vidéo, etc. Lorsque l efficacité thermique des bâtiments aura été renforcée, il restera encore ces consommations à pourvoir. > M. GODINOT : Le coefficient de conversion entre énergie finale et énergie primaire vise à intégrer les pertes d énergie lors de la production d électricité. Actuellement, compte tenu du mix énergétique, environ 3 kwh sont consommés pour produire 1 kwh d électricité. J espère que cet aspect sera pris en compte également pour les véhicules. Cette valeur pourrait baisser à deux si les énergies renouvelables se développent.

21 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 > De la salle : Dans le cadre des smart grids, une tarification de l électricité variable à la seconde, qui serait trois fois plus chère ou dix fois plus chère aux heures de pointe, ne serait-elle pas la solution à long terme? Par ailleurs, les piles à combustible sont très utilisées au Japon. Mitshubishi a installé 100 000 chaudières en cogénération pour produire de l électricité. Ce dispositif est subventionné et il permet de gagner de l argent. Cependant, l électricité est vendue aux particuliers à un tarif deux fois et demi plus élevé au Japon qu en France. > M. REINERT : La question de la tarification est extrêmement complexe. Cet enjeu est crucial, compte tenu du poids de l énergie dans le budget des ménages. On peut imaginer une tarification qui permettrait de répercuter, de façon instantanée, sur la consommation le coût du dernier kw appelé sur le marché. Or la volatilité de ce coût est très importante. Utiliser une telle tarification vis-à-vis de clients résidentiels les exposerait à un risque relativement important. Les tarifications innovantes développées lors des expérimentations en France ont permis d une certaine manière de mutualiser le risque entre les clients. Cependant, nous serons peut-être obligés d intégrer le fait que l énergie n a pas le même coût de production en permanence. Jusqu où faut-il aller dans ce sens? Je me garderai bien de répondre à cette question. > M. HADJ SAID : Si l on répercute la volatilité du coût de la production sur la consommation, cela pourrait avoir certains effets bénéfiques, notamment par rapport au moment où l on consomme de l énergie, mais en parallèle, il ne faut pas oublier qu actuellement nous avons une certaine solidarité, puisque les tarifs de l électricité sont les mêmes à la ville et à la campagne, alors que les coûts sont différents.

22 Actes de l atelier-débat mardi 14 mai 2013 On pourrait pousser le raisonnement plus loin et envisager une tarification au kilomètre, ce qui pénaliserait clairement les foyers éloignés de la production d électricité. La question est donc très complexe. > M. SIMONET : Je précise que la France a décidé de déployer le compteur Linky, qui ne comporte que 10 registres de consommation et ne serait pas compatible avec une tarification à la seconde. > De la salle : L exemple de Boulder que vous avez cité montre que des acteurs relativement crédibles ont fait l erreur de ne pas adopter le courant porteur en ligne, avec certaines raisons sans doute. Pouvez-vous nous expliquer quels sont les inconvénients d avoir choisi en France le courant porteur en ligne dans le cadre des smart grids? > M. HADJ SAID : La distribution aux Etats-Unis, basée sur le monophasé, est différente de celle de la France. Le monophasé est en effet plus adapté aux Etats-Unis où la densité de population est faible. L utilisation du courant porteur en ligne serait plus difficile aux Etats-Unis puisque le courant porteur est bloqué au niveau du transformateur et qu il faut utiliser un transporteur de données, or cette solution n est pas nécessairement appropriée aux régions de faible densité, alors qu elle est parfaitement adaptée en France où la densité est beaucoup plus importante. > De la salle : J ai relevé qu une idée revient souvent dans le débat, celle qu il faut éduquer le consommateur. Pourquoi ne pas créer une chaîne de télévision dédiée à toutes ces nouvelles pratiques, et en particulier pour avertir les usagers lors des pics de consommation?