INTRODUCTION HISTOIRE DU LIBAN



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INTRODUCTION Depuis toujours, le théâtre s inspire de la société. Les dramaturges se basent sur la vie pour écrire une œuvre. Le théâtre représente de près ou de loin les citoyens, se servant d évènements particuliers dans un pays, ou simplement de la vie ordinaire des gens. Par exemple, la pièce de théâtre Rhinocéros d Eugène Ionesco, écrite dans le temps de la deuxième Guerre Mondiale à fait réagir puisque les personnages avaient des caractéristiques, des valeurs se rattachant parfaitement à un pays, un affrontement entre les personnages concernant une attaque de Rhinocéros se reliant ainsi à l Allemagne d Adolf Hitler contre les autres pays d Europe. Ionesco n est pourtant pas le seul à s être servi d un drame national. Wajdi Mouawad, maintenant installé au Québec, mais né au Liban, s est imprégné de son pays natal pour créer une pièce de théâtre imbibé de l histoire libanaise. Il n est jamais textuellement dit dans la pièce que le Liban est au cœur du récit, mais avec les endroits notés, il est donc facile de déterminer le pays relié à l histoire. Dans la présente recherche, nous présenterons cet œuvre, Incendies. Nous aborderons l histoire au Liban qui a inspiré l auteur, notamment la guerre civile qui a éclaté au Liban. Nous ferons bien sûr une courte biographie de Wajdi Mouawad, suivi d un résumé de la pièce. Il y aura ensuite une présentation de la pièce de théâtre jouée en Belgique en 2007 et le film de Denis Villeneuve, sorti en 2010. Nous nous attarderons par la suite à quelques-uns des thèmes. Plus précisément, nous verrons les thèmes tels que la guerre, l amour, l enfance et l importance des promesses. Nous débuterons la présente recherche avec une minuscule partie de l historique du Liban pour situer le contexte par rapport auquel la pièce de théâtre a été écrite. HISTOIRE DU LIBAN Depuis des décennies, la guerre ravage les rues du Liban. La guerre qui s accroche à ce pays de 1975 à 1990 est qualifiée de guerre civile. Le pays est divisé, l armée 1

envahit les lieux et les armées des pays voisins se mêleront du conflit pour en arriver à une guerre qui défie les frontières. Des centaines de milliers de civiles meurent sous les balles. Les prises d otages se multiplient, dont 8 Français sont victimes. À Beyrouth- Ouest, c est le comble de l anarchie. Et ainsi les onze années de troubles d une guerre presque continue et qui dure encore auront-elles couté au Liban 150 000 morts, 400 000 blessés, 30 000 handicapés, dont 20 000 chrétiens. Il y a au Liban 70 000 orphelins (Nantet, 1986, p. 344) C est une guerre qui, selon Nantet, ne se termine pas. La guerre est en continuité au Liban et en Syrie. Encore aujourd hui, le Liban est victime d attentats meurtriers. De jour en jour, la guerre et la peur gagnent les rues libanaises. L auteur libanais s est inspiré de l histoire de son pays pour arriver à recréer les états d âmes et les émotions négatives qui règnent dans un climat de guerre. WAJDI MOUAWAD Wajdi Mouawad est originaire du Liban. Il y est né le 16 octobre 1968 pour quitter vers la France 8 ans plus tard, car la guerre civile a envahi le Liban. En raison de la non-obtention des papiers légaux français, Wajdi Mouawad se dirige vers Montréal pour y habiter. Ce dramaturge ne se contente pas seulement d écrire. Il fait son entrée à l école National de Théâtre, obtiendra son diplôme durant l année 1991, puis continuera d écrire tout en acceptant le poste de directeur artistique du théâtre français du Centre national des arts à Ottawa, en 2007. Il a écrit notamment Littoral en 1999, puis en 2002 il signera la pièce de théâtre Rêves, et Forêts en 2006 pour ne nommer que ces quelques créations. Deux ans plus tard, il écrit, met en scène et joue dans Seuls présenté à Montréal en 2008. Lorsqu il se met à l écriture d Incendies publié en 2003, il s inspire non seulement de la guerre civile dont le Liban a été affligé, mais il s inspire aussi d une histoire vraie. Celle de Souha Bechara, une jeune 2

femme libanaise, militante au sein du Parti communiste libanais qui a tenté d assassiner Antoine Lahad, un général de l armée Liban- sud. 1 Elle a été emprisonné pendant une décennie, puis lorsque libérée, elle quitte le Liban pour s installer à Paris, où elle réside actuellement. Wajdi Mouawad s est basé un peu sur cet événement, tout laissant son imagination faire le reste du travail. RÉSUMÉ D INCENDIES L action d Incendies se passe à la fois au Liban et au Québec. Jeanne et Simon, deux jumeaux de 22 ans, viennent tout juste d apprendre le décès de leur mère qui, depuis 5 ans, n a pas dit un mot. Le notaire leur apprends qu ils ont tous deux une tâche à accomplir pour remplir les dernières volontés de Nawal, la mère. Simon doit retrouver leur frère dont ils ignoraient l existence jusqu à présent pour lui donner une enveloppe écrite par Nawal et Jeanne doit remettre une lettre à leur père qu ils croyaient mort. Les jumeaux auront à découvrir et connaître le passé de leur mère pour arriver à comprendre et à trouver les hommes auxquels les lettres sont destinées. Ils partiront pour le Liban, pays natal de Nawal. La vie des jumeaux est complètement bouleversée par leur quête. Ils connaitront la vraie histoire de leurs naissances, le mensonge étant fracassé, en apprenant d atroces vérités non seulement sur eux, mais sur leur mère. Simon, je t appelle pour te dire que je pars vers le pays. Je vais essayer de retrouver ce père, et si je le trouve, s il est encore en vie, je vais lui remettre l enveloppe. Ce n est pas pour elle, c est pour moi. C est pour toi. Pour la suite, Mais pour ça, c est d abord elle, c est maman qu il faut retrouver, dans sa vie d avant, dans celle que toutes ces années, elle nous a caché. (Mouawad, 2003, p. 52) 1 http://www.youtube.com/watch?v=hrjsbw71o8y 3

Ils vont voir le pays qui est à la base de leurs origines, tout en découvrant la guerre qui a ravagé le Liban comme ses habitants. Ils découvrent que leur mère a eu un enfant en très jeune âge, a dû le donner en adoption. Puis, quelques années plus tard, alors qu elle cherche à trouver son fils, elle partira avec une femme au travers les chemins ruinés par la guerre. N ayant qu un but en tête, elle ira jusqu à tuer le chef de toutes les milices pour se rapprocher de la vérité. Elle sera enfermée à la prison de Kfar Rayat où sous le numéro 72, elle sera violée et torturée par son bourreau à maintes reprises. Les jumeaux vont découvrir que la raison pour laquelle Nawal a cessé de parler 5 ans plus tôt est en fait qu elle assistait à un procès débattu en cour internationale pénale et qu elle a découvert que son bourreau est non seulement le père de ses enfants, mais est également aussi le fils qu elle a passé des années à chercher. Jeanne et Simon devront remettre leur lettre à une seule et même personne, et devront apprendre à faire la paix avec le passé de leur mère et la vraie histoire de leurs naissances. Le titre Incendies n est donc pas pour signifier que quelque chose prend en feu, mais il signifie davantage l incendie des personnages et même de périodes comme l enfance, alors que toute réalité part en fumée. Dans la pièce, chaque changement de scène est identifié par un titre, et quelques- uns annonce l incendie d un personnage, comme son histoire est racontée. LA PIÈCE PRÉSENTÉE EN BELGIQUE, 2007 La pièce de théâtre présentée en Belgique en 2007 par le Zone Urbaine Théâtre a remporté le prix du meilleur spectacle au prix de la critique 2007. Les représentations, du 1 er au 30 mars 2007 ont accueillis des centaines de spectateurs. «Les braises d une vie. Trois heures d embrasement et d émotions pour cette épopée Shakespearienne de Wajdi Mouawad : un magnifique incendies, orchestré au ZUT par Georges Lini et ses comédiens.» (Friche, 2007) Georges Lini, metteur en scène 4

de cette version d Incendies découvre la scène avec ses comédiens, puisqu au lieu d utiliser la traditionnelle façon de jouer au théâtre, c est-à-dire les acteurs, sur une scène et les spectateurs devant eux, le zone urbaine théâtre explore un autre moyen de présenter la pièce. Les spectateurs, une soixantaine à la fois, sont sur des chaises pivotantes au milieu de la salle. Les comédiens jouent autour du public, un côté étant l Europe (puisqu ils n ont pas joué à la québécoise) et l autre côté de leur espace de jeu étant le pays de naissance de Nawal, rempli de sable et de poussière. Les comédiens jouent des deux côtés, passent d un «pays» à un autre, laissant aux spectateurs vaguer à leur imagination sans limites, quant au pourquoi de cette course entre deux lieux. C est un espace dépourvu de gros décors, misant d abord et avant tout sur le jeu des comédiens, la mise en scène qui mettent en valeur le texte. INCENDIES : Le film Le film est accueilli comme un chef d œuvre de ville en ville. «Une grande pièce devient un grand film, brûlant d actualité» (Blais, 2010). Il est aussi nommé aux Oscars dans la catégorie meilleur film étranger. Incendies réalisé par Denis Villeneuve est un miroir de la pièce avec quelques changements. Le tournage de ce film s est fait en partie au Québec, alors que la partie du Moyen-Orient s est tournée en Jordanie. La section de la pièce où on raconte le procès a cependant été supprimé pour le film et a été remplacé par le fait que Nihad alias Abou Tarek bénéficie d une nouvelle identité et d un nouveau lieu de résidence soit le Canada, à proximité et à l insu de tous de Nawal Marwan. Le réalisateur du film a également enlevé l objet que Nawal donne à son fils avant qu il parte pour un orphelinat situé au sud. Dans la pièce, elle lui remet un nez de clown qui signifie l enfance et la dignité. NIHAD. Le spectacle, moi, c est ça ma dignité. Et depuis le début. Je suis né avec. On l a trouvé, paraît-il, dans le seau où on m a déposé après ma naissance. Les gens qui m ont vu grandir m ont toujours dit que cet objet était une trace de mes origines, de ma dignité en quelque sorte, puisque, d après l histoire, il m a été donné par ma mère. Un petit nez rouge. Un petit 5

nez de clown. Qu est-ce que ça veut dire? Ma dignité à moi est une grimace laissée par celle qui m a donné la vie (Mouawad, 2003, p. 87) Dans la pièce, Nawal reconnaît son fils au tribunal par ce petit nez. Dans le film, puisque cette partie a été supprimée, elle le reconnaît grâce à un tattoo sur sa cheville droite, une journée où elle est à la piscine. C est à ce moment qu elle choisira de se taire, par amour. LES THÈMES L amour L amour est un des thèmes les plus importants dans cette pièce de théâtre. Il est démontré non seulement comme l amour qui relie deux amants, mais comme l amour d un parent face à son enfant. Dans Incendies, l histoire de Nawal Marwan débute avec un amour passionnel qui la mène à devenir mère de façon prématurée. L amour qu elle vouera à son fils lui guidera le chemin pour le retrouver envers et contre tous. Même lorsqu elle se rendra compte du lien négatif entre eux, c est-à-dire, lorsqu elle saura que son bourreau est son fils et le père de ses enfants, elle ne pourra donc que cesser de détester le tortionnaire, pour aimer le fils qu il est. NAWAL. Je te racontais ma promesse faite au jour de ta naissance. Quoi qu il arrive je t aimerai toujours, Quoi qu il arrive je t aimerai toujours Sans savoir qu au même instant, nous étions toi et moi dans notre défaite Puisque je te haïssais de toute mon âme. Mais là où il y a de l amour, il ne peut y avoir de haine. Et pour préserver l amour, aveuglément j ai choisi de me taire. Une louve défend toujours ses petits. ( Mouawad, 2003, p.90) Il y a aussi l amour fraternel. Celui-là qui, dans la pièce, relie un frère et une sœur audelà de la rationalité. Lorsque Jeanne décide de partir pour mieux comprendre sa mère et ses requêtes, alors que son frère ne chercher qu à oublier et faire la paix avec tout ce dont il a été question lors de la lecture du testament. Simon ira la rejoindre 6

pour comprendre et permettre à sa sœur de faire la paix avec le décès de sa mère : «Pour Jeanne, alors. Elle ne vivra pas, Jeanne, si elle ne sait pas.» Il y a également l amour qui se retrouve dans l amitié. Lorsque Nawal décide de tout quitter pour essayer de retrouver son fils, elle croise la route de Sawda, une jeune femme qui a entendu parler de Nawal et de ce qu elle s apprête à entreprendre. Lors de leur rencontre, Nawal ne veut rien savoir, alors que Sawda tient à partir avec elle. Elle déclare qu avec Nawal qui a appris à écrire comme le lui avait demandé sa grandmère avant son décès et elle, elles sauront parcourir plus de chemin. Elles se lieront d amitié, se soutenant l une et l autre dans ce périple. NAWAL. Et moi et moi comment je ferai pour vivre sans toi? Rappelle-toi le poème appris il y a longtemps, nous étions encore jeunes. Je pensais encore retrouver mon fils. (Elles récitent le poème Al Atlal en arabe) Récite-le chaque fois que je te manquerai, et quand tu auras besoin de courage, tu réciteras l alphabet. Et moi quand j aurai besoin de courage, je chanterai, je chanterai, Sawda, comme tu m as appris àa le faire. Et ma voix sera ta voix et ta voix sera ma voix. Comme ça, on restera ensemble. Il n y a rien de plus beau que d être ensemble. ( Mouawad, 2003, p.64) Wajdi Mouawad semble avoir bâti son œuvre à partir de cette émotion, pour contrer en quelque sorte les événements atroces de la pièce de théâtre. LA GUERRE La guerre est un des éléments déclencheur de l histoire. Cette guerre civile qui, dans incendies, torture des civils. Cette guerre de territoires et de vengeance. L auteur présente la guerre dans la pièce comme étant un cercle vicieux, un cercle qui ne cesse de tourner, puisque personne n y met fin. Dans Incendies, le médecin que Nawal et Sawda rencontre leur fait un résumé d où la guerre vient et ce n est qu une succession de vengeances. Outre le fait que Nawal Marwan ait dû mettre son fils en adoption, c est en raison de la guerre qu il est devenu un bourreau et qu il s occupait de la prison de Kfar Rayat. Nihad Harmmani ou aussi connu sous le nom d Abou Tarek a 7

dû apprendre à se battre et à tirer pour rester en vie. Après s est fait capturé par l ennemi, il n aura pas le choix de s occuper de la prison pour assurer son futur, alors que la raison pour laquelle il s est enfuit au tout départ était pour retrouver sa mère. Il ne saura qu avec la lettre de Nawal qu il avait bel et bien retrouvé sa mère sans la reconnaître. L ENFANCE D après les écrits de Wajdi Mouawad, la vie se base sur l enfance vécue. La période de l enfance en est une fragile. Lorsqu un enfant nait, ses portes sur l humanité sont ses parents. Lorsque l amour maternel ne s y retrouve pas ou peu, l enfant est brisé et peut manquer ainsi de la confiance en soi et peut faire les mauvais choix. Lorsqu il y a l absence d un ou des parents l éducation ne sera peut-être pas à la hauteur de l éducation familiale. Dans le cas de Nawal, elle s est retrouvée confrontée au choix de garder l enfant mais de quitter tout ce qu il l entoure, la famille, la maison, le village ou de délaisser son enfant pour sauvegarder tout le reste. Son premier fils a trouvé refuge dans la guerre, puisqu il n arrivait pas à retrouver sa mère «Pas de cause, pas de sens» Alors qu avec ses jumeaux, la mère était présente de corps sans nécessairement s impliquer dans leurs vies tout en leur mentant sur leurs origines ce qui amène à une relation sur des bases fragiles. Comment une personne peut bien grandir, sûre d elle-même, lorsque la base, l enfance n est finalement qu un tas de poussière? C est ce que les jumeaux, Jeanne et Simon devront apprendre à faire. Reconstruire l enfance. NAWAL.Simon, Est-ce que tu pleures? Si tu pleures ne sèche pas tes larmes Car je ne sèche pas les miennes. L enfance est un couteau planté dans la gorge Et tu as su le retirer. 8

À présent, il faut réapprendre à avaler sa salive C est un geste parfois très courageux. Avaler sa salive. À présent, il faut reconstruire l histoire. L histoire est en miettes. Doucement Consoler chaque morceau. Doucement Guérir chaque souvenir. Doucement Bercer chaque image.(mouawad, 2003,p.91) L enfant est selon Wajdi Mouawad, le point marquant d une vie. L enfance construit la personne à venir, puisque rendu adulte, il faut apprendre à panser les blessures du passé. L IMPORTANCE DES PROMESSES Wajdi Mouawad, dans sa pièce de théâtre Incendies marque l importance des promesses faites non seulement à soi-même, mais également à autrui. Dans le texte, Nazira, la grand-mère de Nawal vivant au pays, lui demande sur son lit de mort de lui promettre de quitter la ville et d apprendre NAZIRA : Ne tombe pas Nawal, ne dis pas oui. Dis non. Refuse. Ton amour est parti, ton enfant est parti. Il a eu un an. Il y a quelques jours seulement. N accepte pas Nawal, n accepte jamais. Mais pour pouvoir refuser, il faut savoir parler. Alors arme- toi de courage et travaille bien. Écoute ce qu une vieille femme qui va mourir a à te dire : apprends à lire, apprends à écrire, apprends à compter, apprends à parler. Apprends. C est ta seule chance de ne pas nous ressembler. Promets-le-moi. ( Mouawad, 2003, p.30) C est ce que Nawal fera. Elle suivra les conseils de sa grand-mère, pour ensuite quitter le village et partir à la recherche de son fils. Nawal fera une autre promesse, à son fils, le premier venu. Lors de sa naissance, elle promet de toujours l aimer. Elle passe des années à le chercher et le retrouve, sans le savoir. Elle détestera son bourreau jusqu à ce qu elle se rende compte qu il est son fils et elle choisira de s emmurer dans un silence profond pour sauvegarder l amour qu elle lui voue. Elle 9

taira la haine qu elle porte au bourreau pour honorer la promesse faite le jour de son accouchement, la promesse qu elle l aimerait toujours, peu importe ce qui pourrait arriver. De plus, avec la lecture du testament de Nawal et des requêtes qui y sont inscrites, les jumeaux, Jeanne et Simon, arriveront à faire en sorte que leur mère tienne sa dernière promesse qui est de briser le silence qui les entourait. Promesse qu ils ont su délier en remettant les lettres au père et au frère faisant ainsi jaillir la vérité. L auteur libanais semble avoir mis en lumière l importance des promesses comme une valeur de vérité pour les personnages. Pour Nawal, qui est décédée sans avoir levé le voile sur la vérité de son passé et sur la véritable histoire de la naissance de ses jumeaux, elle ne se voyait pas digne d avoir son nom sur une pierre tombale en raison de la promesse qui n a pas été tenue. NAWAL : Pierre et épitaphe. Au notaire Hermile Lebel. Notaire et ami, aucune pierre ne sera posée sur ma tombe et mon nom gravé nulle part. Pas d épitaphe pour ceux qui ne tiennent pas leurs promesses. Et une promesse ne fut pas tenue Pas d épitaphe pour ceux qui garde le silence. Et le silence fut gardé. Pas de pierre. Pas de nom sur la pierre. Pas d épitaphe pour un nom absent sur une pierre absente. Pas de nom. (Mouawad, 2003, p.14) Le nom ne sera gravé que lorsque les enfants ont remplis les dernières volontés de leur mère, puisque c est à ce moment que le silence sera comme un voile qu on retire, que la vérité sera étalée au grand jour et qu enfin la dernière promesse sera tenue. CONCLUSION Pour conclure, après avoir présenté tous les aspects de cette pièce, que ce soit un lien avec l histoire du Liban ou les thèmes abordés, il est possible de voir une critique sur le monde et plus précisément sur un monde de guerre. Nous pouvons affirmer 10

qu Incendies est en fait une dénonciation de ces événements. C est une dénonciation qui reproche la vengeance des coups portés à autrui au sein d un même pays. Alors que dans cette œuvre, Nawal cesse la confrontation en décidant de se concentrer sur une valeur, une émotion encore plus forte que la haine, soit l amour. Il ne reste qu à voir si un être humain, avec ses valeurs, sa personnalité et son passé propre à luimême aura le même courage d enrayer les coups avec le pardon. 11

PÉRIODIQUE Bélair,Michel(2011)Les derniers rendez-vous de Wajdi Mouawad. Montréal. Le devoir Jeu :cahiers de théâtre.(1976).montréal. Éditions Quinze Friche, Michèle(2007) Le vif, Belgique. L express Wickham,Philip.(2005)Théâtre et guerre. Numéro 117(4)p.3-181 LIVRES : Nantet, Jacques(1986)L histoire du Liban, Saint-Cénéré.Éditions Téqui Maatouk,Frédéric.(1992)Les contradictions de la sociologie arabe.paris.paris l Harmattan.126p. Treignier,Michel.(1993)Guerre et paix au Moyen-Orient.Paris.Paris Hatier.79p Mouawad,Wajdi.(2006)Incendies, texte et mise en scène de Wajdi Mouawad. Montréal. Théâtre du nouveau monde.35p. MOUAWAD,Wajdi.(2003). Incendies.Montréal.LEMÉAC éditeur.94p. Mouawad,Wajdi.Côté, Jean-françois.(2005). Architecture d un marcheur : entretiens avec Wajdi Mouawad. Montréal. Leméac. 146p INTERNET www.bellone.be http://www.youtube.com/watch?v=hrjsbw71o8y FILM Villeneuve, Denis(Réalisateur), Mouawad, Wajdi( scénariste), 2010. Incendies production micro_scope. 12