Département des Langues & Cultures de l Antiquité Sortie à Versailles, 30 novembre 2012 La famille royale en assemblée des dieux, Jean Nocret, 1670. Sous le patronage de la Vénus d Arles
Une journée à Versailles, extraits, par François et Marie, étudiants de L3 avec les photographies de Mélissa (M1) Ce 30 novembre 2012, dans la brume matinale de Versailles, nous marchons en direction du château, afin de découvrir l exposition Versailles et l antique qu il accueille, avant de visiter ses appartements. Après avoir dépassé la statue en bronze de Louis XIV chevauchant fièrement son palefroi, nous arrivons dans la cour du palais, d où, étant en avance, nous nous séparons en plusieurs groupes : les plus curieux se dirigent alors vers les jardins, tandis que les plus frileux courent se réchauffer à l intérieur. Ce premier tour des environs permet à ceux qui découvrent l endroit pour la première fois d admirer l exceptionnelle beauté du lieu Versailles, ses bassins, ses jardins, son grand Canal, et aux autres de profiter de ce faste dont on ne se lasse pas, même par temps polaire. À 11h45, après avoir mangé sur le pouce, nous nous dirigeons vers la cour du château pour commencer l exposition.
Dès le début, la scénographie impressionne : nous pénétrons dans un long corridor bordé de statues de marbre blanc, mais en travers de notre chemin se dresse une Isis monumentale, entièrement noire, et dès lors notre guide souligne que la plupart des statues exposées à Versailles dataient rarement de l Antiquité et que, même si c était le cas, les membres ou la tête souvent perdus étaient remplacés par des artistes contemporains de leur redécouverte. Ce cas de figure concerne l Isis et la célèbre Diane de Versailles, car la première a été exhumée des réserves du Louvre il y a peu et attend de retrouver sa place dans le parc sous la même forme qu à l époque de sa gloire, et la seconde est, selon les conservateurs, trop ancrée sous cette forme dans la mémoire collective pour qu on ose la démanteler. Elle nous attend un peu plus loin, sous des voûtes austères qui laissent tout l espace nécessaire à la contemplation des statues, en compagnie des autres pièces maîtresses de la collection, dont la Vénus d Arles, copie romaine de celle de Praxitèle.
Nous voilà enfin partis explorer la végétation castelversaillaise, dont on nous parle tant. Après avoir contourné le château, nous dépassons le bassin de Latone, puis nous nous enfonçons davantage au cœur jusqu au bassin de Flore, qui est l un des quatre bassins des Saisons, celui-ci symbolisant le printemps. Puis nous nous dirigeons des allées d ormes qui relient respectivement bassins ou statues entre eux. Nous marchons ainsi vers le bassin d Apollon, qui est situé devant le Grand Canal, sur l axe central du parc. Élaboré par André Le Nôtre, ce bassin est un des éléments principaux des jardins de Versailles, par sa place, sa circonférence, et du coup par sa charge symbolique, puisque le Roi-Soleil, s identifiant à Apollon et donc à la figure solaire, il est ainsi placé comme lui au centre de la création. Nous remontons enfin l Allée Royale en longeant le Grand Canal, bordé de statues diverses, mais malheureusement couvertes de grandes bâches vertes, sans doute afin d en préserver la qualité, puis nous regagnons le palais : c est ainsi que s achève notre aventure à Versailles.
L entrée d Alexandre le Grand dans Babylone, par Ch. Le Brun Les étudiants ont travaillé à l articulation entre la composition de Le Brun et le texte de Quinte- Curce Ce tableau de Le Brun peint en 1665 puis mis en tapisserie en 1670 fait partie d un cycle de quatre peintures monumentales : l'entrée d Alexandre dans Babylone, Le Passage du Granique, La Bataille d Arbelles et Alexandre et Porus. Le programme fut décidé à la suite du grand succès de son tableau Les Reines de Perse aux pieds d Alexandre (1660). Ces peintures furent influencées par l œuvre de Plutarque Vie d Alexandre, traduite par François Tallemant entre 1663 et 1665, et essentiellement celle de Quinte-Curce Histoire d Alexandre, traduite par Vaugelas en 1553. La tapisserie reprenant l œuvre de Le Brun Entrée d Alexandre le Grand dans Babylone exposée à l occasion de l exposition Versailles et l Antique révèle la stratégie de Louis XIV, qui vise à se créer une dimension allégorique en prenant appui sur l Antiquité. La transposition de Louis XIV en Alexandre le Grand, le catalogue de Quinte-Curce exposant les merveilles entourant le roi macédonien et la dimension spatiale aussi fidèle qu innovante n ont pas tant pour but de dessiner l Antique que d ancrer Louis XIV dans une tradition quasi mythique. Marion, Jessica, Martin (étudiants de L2) Extrait d un travail rendu par des étudiants de L2
Louis XIV et les leçons de l Antiquité : lecture d Hérodote Les étudiants ont travaillé sur le récit d Hérodote, sa traduction dans une Belle Infidèle et sa recomposition picturale Cette toile met en scène un épisode historique relaté par Hérodote dans ses Histoires, Livre I paragraphe 214. Thomyris était la reine des Massagètes (ou Scythes), peuple nomade qui vivait entre la mer d Aral et la mer Caspienne au VI e siècle avant J-C. En 529 avant J-C, après que la reine des Scythes eut refusé la proposition de mariage faite par Cyrus dans l idée d agrandir l empire perse, celui-ci déclencha une guerre. Au cours de cette guerre, à l occasion d un banquet, il captura Spargapises, fils de Thomyris qui, honteux de s être fait prendre, se suicida. Les Massagètes triomphèrent des Perses et Cyrus fut tué lors des combats. La reine fit rechercher la dépouille de Cyrus, lui fit couper la tête et la fit plonger dans un vase rempli de sang humain. C est ce moment précis que Rubens a choisi de représenter sur sa peinture. Pierre du Ryer, écrivain né au début du XVIIème siècle, a été l historiographe de Louis XIV. Il est surtout connu pour ses traductions d œuvres antiques (dont la plus célèbre est sa traduction originale de Cicéron). Il propose en 1645 une traduction d Hérodote, «belle infidèle» : il donne, dans cet épisode, une vision des personnages un peu différente de celle de l historien grec, plus subjective, favorable à Cyrus, mettant en avant la démesure de Thomyris, dont la dimension maternelle est gommée. Lucie, Anaïs et Maud (étudiantes de L3) Pierre-Paul Rubens : Thomyris fait plonger la tâte de Cyrus dans un vase rempli de sang Huile sur toile acquise par Louis XIV en 1671 et installée à droite du trône dans le Salon d Apollon Extrait d un travail rendu par des étudiantes de L3