GUIDE D ATTRIBUTION DES AIDES TECHNIQUES EN DÉFICIENCE MOTRICE À L INTENTION DES INTERVENANTS



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Transcription:

GUIDE D ATTRIBUTION DES AIDES TECHNIQUES EN DÉFICIENCE MOTRICE À L INTENTION DES INTERVENANTS Mars 2005

Ce document peut être obtenu sur demande en vous adressant à : Association des établissements de réadaptation en déficience physique du Québec 505, boul. de Maisonneuve Ouest bureau 400 Montréal (Québec) H3A 3C2 Téléphone : 514-282-4205 Télécopieur : 514-282-4280 Courriel : info@aerdpq.org Note : Afin de faciliter la lecture du texte, un seul genre a été retenu pour identifier le féminin et le masculin. Publié par : Association des établissements de réadaptation en déficience physique du Québec 2005 Révisé par : Judith Plante Agente de communication, AERDPQ Dépôt légal 1 er trimestre Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ISBN : 2-921625-32-6

REMERCIEMENTS L Association des établissements de réadaptation en déficience physique du Québec tient à remercier sincèrement tous ceux et celles qui ont collaboré à la rédaction de ce document : Nicole Boiteau, ergothérapeute Institut de réadaptation en déficience physique de Québec André Boivin, représentant de la Table des directions cliniques Centre de réadaptation en déficience physique du Carrefour de santé de Jonquière Carole Boucher, représentante de la Table des services des aides techniques Institut de réadaptation de Montréal Sylvie Doiron, représentante de la Table des services des aides techniques Centre de réadaptation Estrie Denise Mauger, représentante de la Table des directions cliniques Institut de réadaptation de Montréal

Guide d'attribution des aides techniques en déficience motrice à l'intention des intervenants TABLE DES MATIÈRES Introduction...1 PARTIE I LES PRINCIPES...3 Sur quels principes s appuie-t-on pour attribuer les aides techniques en déficience motrice...3 PARTIE II DÉMARCHE CLINIQUE ASSOCIÉE AU PROCESSUS D ATTRIBUTION...5 Les paramètres cliniques d attribution des aides techniques en déficience motrice...5 Les facteurs personnels...5 Les facteurs environnementaux et les habitudes de vie...5 Les caractéristiques techniques et fonctionnelles des aides...5 Première histoire de cas...6 Deuxième histoire de cas...7 Troisième histoire de cas...8 Les étapes du processus d attribution...10 Évaluation des besoins de la personne...11 Identification des objectifs poursuivis...11 Identification des options de solution et choix de l'aide...11 Conception du devis...12 Démarches administratives...12 Fabrication, achat, modification de l aide ou réparation...12 Livraison, essai et ajustement de l'aide technique avec la personne...12 Suivi...12 Le partage des responsabilités...13 Les responsabilités de l usager...13 Les responsabilités des intervenants...13 Les responsabilités de l établissement...14 Page i

Guide d'attribution des aides techniques en déficience motrice à l'intention des intervenants Les outils d intervention permettant de soutenir l attribution des aides...15 Le plan de services individualisé...15 Le plan d intervention individualisé...15 Les évaluations cliniques et fonctionnelles...15 PARTIE III AIDE-MÉMOIRE...17 Aides à l essai...17 Aides techniques en déficience motrice...17 Apprentissage...17 Autonomie...17 Déficience...17 Déficience motrice...18 Équipe multidisciplinaire...18 Habitude de vie...18 Incapacité...18 Suivi...18 Usager...19 Conclusion...21 Page ii

INTRODUCTION Le Guide d attribution des aides techniques en déficience motrice à l intention des intervenants est le fruit d une initiative de la Table des directions cliniques de l Association des établissements de réadaptation en déficience physique du Québec (AERDPQ) et a été élaboré en collaboration avec la Table des responsables des programmes des aides techniques. Le Guide présente les paramètres cliniques devant supporter le processus d attribution des aides pour l ensemble de la clientèle présentant une déficience motrice. L un des principaux moyens permettant de compenser les incapacités et de maximiser les capacités résiduelles découlant d une déficience motrice est sans contredit la possibilité de recourir aux aides techniques et aux nouvelles technologies. Par exemple, l orthèse tibiale, la prothèse ou le fauteuil roulant augmentent la mobilité d une personne ayant une déficience motrice. Ce faisant, ces aides contribuent à diminuer les situations de handicap. L attribution et l entraînement à ces aides sont des activités faisant partie intégrante du processus de réadaptation. Dans le cadre de leur mission, les établissements de réadaptation qui ont un mandat d attribution des aides techniques regroupent un ensemble d activités cliniques et techniques. Ils peuvent tout autant agir sur le plan de l évaluation de produits, de la conception, de l adaptation ou de la distribution d aides techniques. De plus, ils contribuent activement au développement et à la recherche dans le domaine des nouvelles technologies. D ailleurs, la Régie de l assurance maladie du Québec (Règlement sur les appareils suppléant à une déficience physique et assurés en vertu de la Loi sur l assurance maladie) leur a confié la gestion de ses programmes d attribution des aides techniques, témoignant ainsi de l importance de leur rôle en ce domaine. La personne atteinte d une déficience motrice peut avoir accès aux aides techniques de différentes manières. Elle peut en payer le coût, faire appel aux régimes d assurances privés, aux organismes de bienfaisance ou aux programmes gouvernementaux prévus à cette fin. Ces derniers comportent toute une série de normes et de critères régissant l admissibilité de la personne, le type d aides disponibles selon des problématiques précises, leur entretien, leur remplacement et leur disposition lorsqu elles ne sont plus utilisées. page 1

Cependant, ces règles seules ne peuvent déterminer l intervention la plus appropriée dans la situation spécifique d une personne ayant une déficience motrice. L intervenant devra faire référence au cadre conceptuel retenu par le milieu de la réadaptation en déficience physique, aux principes cliniques sous-jacents à toute intervention de même qu à des considérations directement associées aux aides techniques. Ce Guide trace les balises cliniques déterminant l intervention entourant le recours à une aide technique, les programmes gouvernementaux étant un moyen de concrétiser l orientation retenue. Le Guide comporte trois parties. La première, d ordre conceptuel, définit les principes devant guider l attribution des aides. La seconde, d ordre opérationnel, présente la démarche clinique du processus d attribution. Elle répond aux questions suivantes : Quels sont les paramètres cliniques d attribution des aides techniques en déficience motrice? Quelles sont les étapes du processus d attribution? Quelles sont les responsabilités de l usager? Quelles sont les responsabilités des intervenants? Quelles sont les responsabilités de l établissement? Quels outils d intervention permettent de soutenir l attribution des aides? Enfin, la troisième partie, intitulée Aide-mémoire, s attarde au vocabulaire propre au contexte d attribution des aides. Les discussions et la consultation des écrits ont permis d identifier différents termes dont la définition méritait d être soulignée et précisée en vue d une compréhension commune. page 2

PARTIE I LES PRINCIPES SUR QUELS PRINCIPES S APPUIE-T-ON POUR L ATTRIBUTION DES AIDES TECHNIQUES EN DÉFICIENCE MOTRICE? Le cadre conceptuel du Processus de production du handicap (PPH) et l approche écosystémique permettent de dégager les principes directeurs concernant l attribution des aides techniques. Essentiellement, ces principes font ressortir la nécessité de choisir l aide en fonction des habitudes de vie de la personne et de ses relations interpersonnelles et sociales. Le cadre conceptuel du PPH favorise une compréhension de la personne intégrant les facteurs personnels et les facteurs environnementaux. La question première à se poser, nonobstant la source de financement, est la suivante : Compte tenu des caractéristiques de l usager et de son environnement, quelles aides peuvent contribuer à améliorer son autonomie dans ses habitudes de vie, à diminuer les situations de handicap et à favoriser sa qualité de vie? La réponse à cette question permet d identifier les besoins réels de la personne. Elle amène à considérer, d une part, les motivations de l usager, sa manière de vivre, ses champs d intérêt et sa capacité d apprentissage et, d autre part, les composantes de son environnement facilitant sa participation sociale ou l exercice de ses rôles sociaux, ou encore y faisant obstacle. Par ailleurs, l approche écosystémique invite à aborder la personne comme faisant partie d un système de relations (famille, école, travail, communauté) qui conditionne ses choix et ses habitudes de vie. Cette conception de la personne permet de considérer l autonomie de l usager en lien avec les relations que ce dernier entretient dans ses différents milieux, ces relations pouvant contribuer à maintenir, à améliorer, mais aussi à restreindre son autonomie et son intégration sociale. Une évaluation clinique menée en intégrant les principes du cadre conceptuel du PPH et ceux de l approche écosystémique implique un travail en interdisciplinarité. Chaque intervenant, que ce page 3

soit l ergothérapeute, le médecin, le mécanicien en orthèses-prothèses, l orthésiste, le physiothérapeute, le prothésiste ou le technicien en orthèses-prothèses, possède, selon son expertise, une connaissance d une dimension particulière de la personne. S ajoute bien entendu, celle de l usager et des personnes significatives de son milieu de vie. Il importe de rassembler ces connaissances de manière à obtenir un portrait global et authentique de l usager et de ses besoins. page 4

PARTIE II DÉMARCHE CLINIQUE ASSOCIÉE AU PROCESSUS D ATTRIBUTION LES PARAMÈTRES CLINIQUES D ATTRIBUTION DES AIDES TECHNIQUES EN DÉFICIENCE MOTRICE Les paramètres cliniques d'attribution découlent des principes énoncés précédemment. Il est important de bien saisir que ces paramètres cliniques sont en interaction et doivent être considérés dans leur ensemble pour bien guider l'équipe travaillant en interdisciplinarité dans le processus d'attribution des aides techniques en déficience motrice. Lors de l attribution d aides techniques, il importe de considérer : Les facteurs personnels : En respectant les besoins bio-psychosociaux réels exprimés par l'usager; En tenant compte des caractéristiques personnelles de l'usager; En considérant la motivation de l'usager et sa capacité d'apprentissage. Les facteurs environnementaux et les habitudes de vie : En tenant compte du contexte de vie de l'usager (environnement); En tenant compte du système de relations de l'usager : - famille, garderie, école, travail et communauté; En s'assurant que les aides servent à la réalisation d'activités significatives pour l usager; En s'assurant que les aides puissent répondre aux besoins actuels de l'usager ou aux besoins anticipés à la fin du processus de réadaptation. Les caractéristiques techniques et fonctionnelles des aides : En privilégiant des aides polyvalentes, de manière à en réduire le nombre, et cela, au moindre coût; page 5

En privilégiant une gradation dans les aides nécessaires de façon à ne pas sur-appareiller l'usager prématurément. Les exemples qui suivent faciliteront la compréhension et l utilisation de ces paramètres dans l analyse des autres situations vécues par les usagers. PREMIÈRE HISTOIRE DE CAS : DAME DE 48 ANS ATTEINTE DE SCLÉROSE EN PLAQUES 1 Madame Bernier est une dame de 48 ans qui est atteinte de sclérose en plaques depuis l'âge de 25 ans. Elle vit avec son mari dans leur maison qui est entièrement accessible. Madame fonctionne en fauteuil roulant manuel depuis environ 15 ans. Monsieur travaille, madame est donc seule toute la journée. Bien qu elle présente de plus en plus de faiblesse aux membres supérieurs, elle peut toujours se préparer des repas simples durant l'absence de son mari. Par contre, elle ne peut plus faire seule les transferts au lit; elle doit donc passer toute sa journée au fauteuil, car elle ne reçoit pas de services du CLSC. De plus, elle ne peut sortir seule à l'extérieur, étant maintenant incapable de se propulser sur des moyennes et longues distances ainsi que sur des plans inclinés. Madame Bernier revoit son neurologue qui recommande un fauteuil roulant motorisé adapté à sa condition. Madame est vue par la suite par un ergothérapeute d'un service d'aides techniques pour l'évaluation fonctionnelle et pour le choix du fauteuil roulant une fois que l admissibilité sera déterminée. L'ergothérapeute note une diminution de la force musculaire des membres supérieurs à environ 3/5 avec une diminution des amplitudes articulaires des deux épaules. Il est clair que la propulsion du fauteuil manuel est difficile et que Madame se sent confinée à son domicile. L usage quotidien du fauteuil roulant est donc requis pour le maintien de ses activités. Madame Bernier est admissible à un fauteuil roulant motorisé selon l'article 53.2 des règlements de la RAMQ. De plus, madame désire qu'une bascule motorisée soit installée sur son fauteuil 1 Adapté d exemples du Centre de réadaptation Lucie-Bruneau. page 6

roulant pour pouvoir soulager l'inconfort au siège et prendre des périodes de repos. L'ergothérapeute convainc plutôt madame Bernier qu'un coussin de siège spécial et un dossier inclinable manuellement la soulageront de sa douleur au siège tout en lui permettant de se reposer au fauteuil motorisé, et cela, à un coût bien inférieur à la bascule motorisée. Après des essais de fauteuils et de mécanismes d'inclinaison de dossier, madame Bernier fait son choix avec l'aide de l'ergothérapeute et du mécanicien en orthèses-prothèses. DEUXIÈME HISTOIRE DE CAS : ENFANT DE 10 ANS PRÉSENTANT UNE AMPUTATION TRANS-FÉMORALE CONGÉNITALE 2 L enfant porte une prothèse depuis plusieurs années et consulte pour son remplacement. La prothèse offre à l enfant la possibilité de s intégrer dans les activités autant à la maison que dans sa collectivité. Il fréquente l école régulière. Lorsque sa prothèse est en réparation, il ne veut pas aller à l école. Sa prothèse lui permet de marcher, de monter les escaliers, de courir, sauter et faire de la bicyclette avec ses amis. Compte tenu de son âge, il peut faire à peu près les mêmes activités que tous ses copains. L enfant demeure à la campagne et doit se déplacer sur toutes sortes de terrains différents. La prothèse doit donc être polyvalente pour permettre une marche confortable et sécuritaire. Les composantes de celle-ci doivent être aussi solides que possible et assez légères pour ne pas limiter l enfant dans ses activités quotidiennes autant que sportives. L hiver, il fait de la planche à neige avec son appareillage. Les parents sont très disponibles pour les rendez-vous d ajustement et de réparation. L enfant ne consulte que sporadiquement son équipe de réadaptation, et sa déficience est stable selon son médecin. 2 Adapté d exemples du Centre de réadaptation Estrie. page 7

Pour cet enfant, la prothèse doit être ultra solide mais aussi très légère. Ces deux qualités sont difficiles à concilier. D une part, les composantes pédiatriques sont légères, mais leur résistance est moindre. D autre part, les composantes pour adultes sont plus solides, mais présentent beaucoup de poids et sont beaucoup plus volumineuses. Nous devons donc faire des choix en tenant compte de ces facteurs. Il faut aussi considérer la croissance de l enfant et choisir des pièces qui grandiront avec celui-ci et qui permettront un ajustement plus facile. À la suite de l évaluation clinique et de l écoute des besoins, nous déterminons le type de prothèse qui répond le mieux aux besoins de la personne. La RAMQ rembourse le coût de certaines prothèses et de certaines composantes, mais nous pouvons aussi demander à d autres organismes, tels que les assureurs privés ou les Amputés de guerre du Canada, le paiement de différentes prothèses. Après discussion avec les parents et diverses démarches effectuées auprès d organismes payeurs, le choix optimal est fait et une nouvelle prothèse est attribuée. TROISIÈME HISTOIRE DE CAS : DAME DE 53 ANS PRÉSENTANT UNE COXARTHROSE SÉVÈRE BILATÉRALE ASSOCIÉE À UNE SUBLUXATION AINSI QUE DE L INSUFFISANCE CARDIAQUE SÉVÈRE 3 Madame Bouchard vit seule dans un appartement accessible au fauteuil motorisé, sauf pour la salle de bain. Elle est autonome pour une grande partie de ses activités de la vie quotidienne, avec un environnement adapté et un ensemble d aides techniques. Elle effectue actuellement ses déplacements avec un fauteuil manuel prêté par le CLSC; elle peut aussi faire quelques pas pour ses transferts avec une marchette qui lui est également fournie temporairement par le CLSC. Deux de ses filles demeurent tout près et lui offrent de l aide régulièrement pour ses activités de la vie quotidienne et domestique et pour toutes ses sorties 3 Adapté d exemples du Centre de réadaptation Lucie-Bruneau. page 8

extérieures. Ajoutons que son quartier comporte plusieurs ressources auxquelles elle aurait accès régulièrement si elle possédait un fauteuil à propulsion motorisée. Elle consulte pour une demande de fauteuil roulant à propulsion motorisée et de marchette; elle possède une prescription d un orthopédiste. Lors de l évaluation globale de sa mobilité, nous observons aux membres inférieurs une force musculaire entre 3+ et 4 sur 5 ainsi que des amplitudes limitées à toutes les articulations, en raison de sa condition aux hanches ainsi que de l obésité et de l œdème. Elle a beaucoup de difficulté à se lever de la position assise, vu l incapacité aux membres inférieurs et l obésité morbide à prédominance abdominale qu elle présente. La démarche est en rotation externe prononcée des deux membres inférieurs avec boiterie importante et elle traîne les pieds au sol; sa tolérance debout n est que de quelques minutes. Il n est possible pour madame de propulser un fauteuil roulant manuel que sur de très courtes distances en terrain plat, en raison de sa faible endurance générale reliée principalement à sa condition cardiaque. Elle nous mentionne aussi qu elle a déjà conduit une automobile dans le passé. Madame présente comme diagnostic une coxarthrose sévère bilatérale associée à une subluxation ainsi que de l insuffisance cardiaque sévère. Elle a également une condition d obésité importante associée. Sur le plan médical, nous avons obtenu les rapports radiologiques démontrant la déficience importante aux hanches. Nous avons aussi obtenu de son cardiologue une attestation à l effet qu elle présente une insuffisance cardiaque sévère (classe III selon le NYHA). Madame Bouchard présente un trouble fonctionnel qui empêche de façon permanente l utilisation de ses membres inférieurs et nécessite l utilisation quotidienne d un fauteuil roulant. Elle répond donc aux critères d obtention d un fauteuil manuel octroyé par la RAMQ, selon l article 51.6. De plus, en vertu de l article 53.3, madame est admissible à l obtention d un fauteuil à propulsion motorisée (appareil reconditionné), puisqu elle présente une insuffisance cardiaque sévère (ou, dans un autre cas, pulmonaire) et qu elle répond aux critères pour l obtention du fauteuil manuel (règle 51). Nous notons aussi dans notre évaluation que madame a besoin d une marchette de façon permanente, avec utilisation quotidienne, pour lui permettre de faire l ensemble de ses transferts page 9

et lui donner accès à la salle de bain. Ce seront donc les articles 15.1 et 30 qui s appliqueront dans ce cas. LES ÉTAPES DU PROCESSUS D ATTRIBUTION Le Petit Robert définit «processus» comme étant un ensemble de phénomènes conçus comme actifs et organisés dans le temps. Parler de processus d attribution, c est répondre aux besoins de l usager dans une séquence organisée d actions. L aide technique en déficience motrice est un moyen utilisé pour agir sur la déficience, pour compenser une incapacité ou pour prévenir ou diminuer une situation de handicap. Dans les établissements de réadaptation, l attribution se réalise dans le cadre d un plan d intervention individualisé en adaptation-réadaptation. «Pour réaliser les étapes du processus, l approche interdisciplinaire est primordiale. En effet, la poursuite d objectifs fonctionnels en accord avec les besoins et le potentiel du bénéficiaire, les attentes et les possibilités de l environnement, rendent souvent le choix difficile et loin de toute évidence. Une telle démarche engendre un processus interactif où des compromis sont à faire entre l atteinte d une correction souhaitée, la prévention ou l aggravation d une déficience, l optimisation de la fonction, l esthétique et la satisfaction des bénéficiaires et des personnes de leur entourage 4.» L équipe multidisciplinaire du programme des aides techniques peut être composée, notamment, de l ergothérapeute, du médecin, du mécanicien en orthèses-prothèses, de l orthésiste, du physiothérapeute, du prothésiste, du technicien en orthèses-prothèses, de l usager et des personnes significatives de son milieu de vie. Elle considère dans son analyse les observations et les recommandations des intervenants des autres programmes offrant des services à la personne. 4 Conseil consultatif sur les aides technologiques (1992). Le positionnement et les aides techniques à la posture. Avis n o 19. page 10

Le processus d attribution comprend les étapes suivantes : Évaluation des besoins de la personne; Identification des objectifs poursuivis; Identification des options de solution et choix de l aide; Conception du devis; Démarches administratives; Fabrication, achat, modification de l aide ou réparation; Livraison, essai et ajustement de l aide technique avec la personne; Suivi. Ces étapes se caractérisent et se définissent comme suit : Évaluation des besoins de la personne : Basée à la fois sur les caractéristiques personnelles de l usager, les facteurs environnementaux (physique et social) et les habitudes de vie en interaction avec son milieu. Identification des objectifs poursuivis : En lien avec l usager, sa condition, son milieu de vie, ses attentes, les conditions d utilisation de l aide; En lien avec l appareil choisi : esthétique, efficacité, sécurité, solidité, durabilité, efficience. Identification des options de solution et choix de l aide : En tenant compte des considérations anthropométriques, de la capacité reliée au système sensitif, de la spécificité du système musculosquelettique et neuromoteur et des objectifs fonctionnels; Identification et bonne connaissance des aides existantes; Identification et connaissance des modes de financement; Identification et divulgation des possibilités et des limites des aides disponibles suggérées; page 11

Choix des aides en tenant compte des besoins et des objectifs poursuivis par l usager ainsi que des perspectives et des recommandations des différents professionnels intervenant auprès de l usager dans un contexte d adaptation-réadaptation; Expérimentation des aides avec apprentissage dans le milieu de vie, si possible; Vérification de la compatibilité de l aide choisie avec les aides qu utilise déjà l usager. Conception du devis : Détermination des composantes de l aide technique; Détermination de leur agencement ou montage; Détermination des étapes de fabrication. Démarches administratives : Procéder aux démarches administratives relatives au financement de l aide, si l usager ou les proches ne la paient pas eux-mêmes. Fabrication, achat, modification de l aide ou réparation : Fabrication, modification ou achat de composantes; Réparation de l aide technique. Livraison, essai et ajustement de l aide technique avec la personne : Vérification de l aide technique afin de s assurer qu elle répond aux objectifs visés; Ajustement de l aide pour la rendre conforme aux besoins; Information et conseils donnés aux usagers et à leurs aidants, démonstration et entraînement au besoin. Suivi : Contrôle après l utilisation pour s assurer de l adéquation entre les caractéristiques de l aide et les besoins de l usager; Ajustements dus à l utilisation, à la croissance, aux changements de conditions de la personne. page 12

LE PARTAGE DES RESPONSABILITÉS Tous les acteurs impliqués dans le processus d attribution des aides techniques en déficience motrice se doivent d assumer leurs responsabilités particulières, lesquelles sont garantes de la qualité des résultats obtenus et de la réponse aux besoins exprimés. Les responsabilités de l usager L usager est responsable de son plan d intervention; il doit participer activement à toutes les étapes du processus d attribution, notamment : Identifier les activités qu il désire accomplir en tenant compte de ses besoins, de ses capacités personnelles et de ses habitudes de vie; S informer du fonctionnement de l aide, de ses possibilités et de ses limites et s assurer que l aide lui permettra d éviter ou de minimiser les situations de handicap; Adhérer au choix effectué avec ses possibilités et ses limites, même lorsque celui-ci a dû faire l objet de compromis; Consacrer le temps et l énergie nécessaires pour effectuer des essais et faire l apprentissage pour une utilisation optimale; Informer le clinicien l ayant accompagné lors de son choix, de son adaptation à l utilisation de l aide reçue et de l évolution de ses besoins, le cas échéant; S engager à respecter les conditions d attribution, les normes d entretien et de récupération, le cas échéant; Prendre des mesures visant le remplacement de l aide en cas de bris causé par un sinistre, une perte ou un vol; Retourner au centre de réadaptation en déficience physique de sa région les aides qui lui ont été prêtées lorsqu il cesse de les utiliser. Les responsabilités des intervenants Informer l usager concernant le processus d attribution et bien définir le rôle que ce dernier sera appelé à y jouer; Conseiller, accompagner et soutenir l usager dans la mise en œuvre de son plan de services et de son plan d intervention individualisés, qui déterminent l attribution des aides techniques en déficience motrice devant répondre à ses priorités et besoins réels; Identifier avec l usager, parmi les modèles et les types d aides disponibles, celles répondant à ses besoins, les avantages et les inconvénients de chacune d elles; Identifier parmi ce choix celle offrant l efficacité souhaitée au moindre coût; page 13

Sensibiliser l usager à l impact de l utilisation des aides sur ses habitudes de vie et sur ses situations de handicap; Déterminer les capacités et les habiletés requises par l usager pour utiliser efficacement les aides; S assurer que l usager possède les capacités physiques et cognitives nécessaires à l apprentissage et à l utilisation de ces aides; Informer l usager des règlements des différents programmes (RAMQ, CSST ) relatifs à l attribution des aides techniques en déficience motrice ainsi que de leurs modalités d application; Soutenir l usager dans ses démarches auprès d organismes payeurs s il y a lieu; Donner à l usager la formation contextualisée et situationnelle, c est-à-dire dans le milieu le plus approprié répondant à ses besoins ou à la situation, pour une utilisation optimale des aides techniques en déficience motrice; Informer l usager quant à l utilisation, à l entretien et au retour des aides, le cas échéant. Entre autres, l informer de l existence de plans d assurances pour les aides plus dispendieuses; Déterminer la fréquence des évaluations périodiques suivant l attribution des aides; Informer l usager des modalités de récupération, le cas échéant; Identifier dans son établissement les aides nécessaires en vue de la création d une banque d aides pour essais; Maintenir ses connaissances à jour (perfectionnement); Participer à la recherche et au développement. Les responsabilités de l établissement Être à l écoute de sa clientèle; S assurer de la satisfaction de ses clients; Favoriser le maintien et le développement des connaissances des intervenants; S assurer de la diffusion et de l appropriation du Guide d attribution par l intermédiaire de ses intervenants et de leurs partenaires; S assurer d avoir une banque d aides pour essais; Faire des représentations auprès des organismes et des associations; Promouvoir la collaboration interétablissements; Encourager la participation à la recherche et au développement. page 14

LES OUTILS D INTERVENTION PERMETTANT DE SOUTENIR L ATTRIBUTION DES AIDES Le processus d attribution des aides doit s intégrer à la mission d adaptation, de réadaptation et de soutien à la participation sociale et à la collectivité des établissements de réadaptation en déficience physique. À cette fin, il doit s inscrire dans le plan d intervention individualisé, qui tient compte des résultats des évaluations cliniques et fonctionnelles. Le plan de services individualisé Lorsque plusieurs établissements du réseau de la santé et des services sociaux sont simultanément engagés dans une démarche auprès d une personne ayant une déficience physique, le plan d intervention de l établissement de réadaptation s inscrit dans le cadre d une démarche de plan de services individualisé (PSI). Le PSI correspond à l ensemble des plans d intervention impliquant divers organismes et établissements qui contribuent à l actualisation et au maintien de la participation sociale des personnes ayant des incapacités. Sa perspective d ensemble assure une cohérence aux interventions, évite les dédoublements, permet les références et suivis nécessaires et vise à donner des réponses le plus personnalisées possible aux besoins de chacun. Le plan d intervention individualisé Le plan d intervention individualisé est un processus structuré par lequel un organisme ou un établissement, en fonction de son mandat et avec la participation active de la personne ou de son représentant, détermine les objectifs à atteindre et gère les interventions nécessaires pour répondre à des besoins spécifiques identifiés par cette personne ou son représentant 5. L établissement peut aussi procéder à un plan de services individualisé lorsque les besoins de la personne requièrent les services de partenaires externes. Les évaluations cliniques et fonctionnelles Les évaluations cliniques et fonctionnelles peuvent être réalisées séparément par chaque professionnel ou de façon combinée. Cependant, une approche interdisciplinaire favorisera 5 Boisvert, Daniel et coll. (1990). Le plan de service individualisé : participation et animation. Éditions Agence d Arc. page 15