Cérémonie d accueil dans la citoyenneté française Jeudi 24 janvier 2013 Discours (Seul le prononcé fait foi) Mesdames et Messieurs, Je suis heureux de vous accueillir aujourd hui à la Préfecture de l Orne, dans la maison de l Etat, entouré des élus de la République, avec Madame le Député, Monsieur le Vice-Président du Conseil général, Mesdames et Messieurs les Maires du département, Messieurs les Sous-Préfets, Messieurs les Chefs de service. Cette cérémonie est un moment particulier pour chacune et chacun d entre vous ; ce moment républicain marque votre entrée dans la communauté française, notre communauté. La Nation française est bâtie depuis le XVIIIème siècle sur le consentement de chaque citoyen, «un plébiscite de tous les jours» selon le mot d Ernest Renan. Intégrer la Nation française ne relève ni d un droit du sang, ni d un droit du sol mais bien d une volonté de vie commune. 1
C est un choix personnel, une volonté individuelle, consacrés par un acte solennel, la naturalisation qui demeure l aboutissement d un parcours d intégration réussi. La République vous accueille aujourd hui comme ses filles et ses fils. En devenant français, vous devenez les dépositaires d un héritage tout autant que les continuateurs d un projet. Vous apportez avec vous vos origines, vos racines, vos aspirations. Notre vieux pays a fait la Révolution, a donné naissance aux Droits de l Homme et du Citoyen en 1789. Au nom de l humanité, il a parlé d égalité et de liberté. Nous n en tirons pas de fierté particulière mais nous sommes conscients du poids de cette histoire, de l importance de ces valeurs que la République doit savoir affirmer et faire vivre dans l intérêt de tous. Siècle après siècle, notre pays s est enrichi des femmes et des hommes dont les passions et les convictions ont forgé son identité nationale. De partout, ces nouveaux arrivants ont convergé avec l espoir d une vie meilleure, avec l envie d épouser un destin commun. 2
Cette Nation est donc bien le fruit de choix et d engagements individuels à l instar de celui que vous avez manifesté aujourd hui. Vous êtes dorénavant des citoyennes et des citoyens et à ce titre vous bénéficiez toutes et tous des mêmes droits que l ensemble des Français, quelles que soient vos origines, vos racines, vos croyances. Ces droits figurent dans notre devise républicaine : Liberté, Egalité, Fraternité. Ces droits qui nous paraissent si naturels aujourd hui ont été gagnés de haute lutte souvent au prix du sang par des générations de Français, vos prédécesseurs. Nous leurs en sommes redevables. Si appartenir à la Nation française permet de bénéficier de droits fondamentaux, chaque citoyen se doit de respecter ses devoirs civiques. Cela commence par le respect des lois et des institutions nationales, acquitter l impôt et assurer la transmission de nos valeurs à nos enfants. Mesdames, Messieurs, vous avez diverses origines et cette variété se retrouve dans vos parcours individuels. 3
Nombre d entre vous ont franchi les frontières de notre territoire pour trouver du travail ou faire leurs études ; les plus jeunes d entre vous sont arrivés avec leurs parents venus en France pour travailler ; d autres ont pu chercher à fuir l oppression ou ont tout simplement choisi notre pays, parce que la France reste le pays de la liberté. Je n ignore pas le caractère déchirant pour vous de ce départ et, en votre for intérieur, même aujourd hui, cette fêlure que vous portez en vous toute la littérature européenne derrière Guerre et Paix de Tolstoï est fondée sur le sentiment national et l appartenance. Il n y a rien d étonnant à cela, c est votre histoire, votre richesse d avoir été un jour l autre! Vous êtes 51 femmes et hommes à être naturalisés, originaires de 20 pays différents : Afghanistan, Algérie, Bosnie, Brésil, Cameroun, Congo, Espagne, Haïti, Inde, Madagascar, Maroc, Philippines, Portugal, Roumanie, Russie, Syrie, Tunisie, Turquie, Ukraine et Vietnam. Cette diversité illustre le propos de Paul Valéry qui disait de la France qu il n est pas «de nation plus ouverte, ni sans doute plus mystérieuse que la française ; point de nation plus aisée à observer et à croire connaître du premier coup». 4
Mais, dorénavant vous êtes entrés dans la communauté nationale et européenne et comme nous tous, il vous appartient de devenir les plus ardents défenseurs de ses valeurs, de les faire partager autour de vous et de garantir la cohésion de cette communauté par des comportements citoyens. Vous êtes désormais citoyens et aucune appartenance ethnique, religieuse, idéologique ou d une quelconque nature ne peut remettre en cause le message fondamental d égalité : égalité entre les hommes et les femmes, égalité de droits entre citoyens, égalité des devoirs. Au nom de la République Française, je vous souhaite très fraternellement la bienvenue dans notre communauté nationale, soyez y heureux et épanouis. Et souvenez-vous de ce qu écrivait l historien américain Eugen Weber : il y avait avant 1914 autant de dissemblances entre le paysan breton et l éleveur aveyronnais «montés» tous deux à Paris, passés par la misère, qu entre un serbe et un croate à l orée des années 90. L histoire que nous allons désormais écrire ensemble s inscrit dans un temps long. 5
Mesdames, Messieurs, avant de procéder, à la remise à chacune et chacun d entre vous du livret d accueil comprenant notamment la Déclaration des droits de l Homme et du Citoyen, les extraits de la Constitution du 4 octobre 1958 et la Charte des droits et devoirs du citoyen français, je vous invite dès à présent à accompagner La Marseillaise, cet hymne national chanté lors des grands moments de la vie nationale. La chanson des marseillais fut chantée pour la première fois lors de la fête de la Fédération de 1792, à Valmy encore quelques mois plus tard, et depuis à chaque 14 juillet et à chaque 11 novembre. Vive la République, Vive la France! 6