Des persécutions à l édit de Milan I/ La conversion de l Empire 1/ La fin de la Tétrarchie En 305 Dioclétien et Maximien abdiquent. Constance Chlore et Galère deviennent Auguste. Mais la Tétrarchie se disloque et nombreux sont les généraux qui veulent devenir empereur. Le fils de Constance Chlore, Constantin, essaye de refaire l unité de l Empire. Il vainc Maxence, fils de Maximien, à la bataille du Pont Milvius (312) «Par ce signe tu vaincras», ce qui lui permet d être maître de l Occident. En 324, grâce à une victoire à Nicomédie, Constantin s empare aussi de l Orient. 2/ Constantin et l Empire chrétien En 313 Constantin promulgue l édit de Milan qui reconnaît la liberté de culte du christianisme. Il se convertit d ailleurs sur son lit de mort (337). En 325 c est lui qui convoque le concile de Nicée pour condamner le prêtre Arius. En 330 il fonde Constantinople et commence la construction de l église Sainte Sophie. 3/ La victoire des empereurs chrétiens En 361 un neveu de Constantin, Julien, est proclamé empereur par ses soldats à Lutèce. Il renie le christianisme (on l appelle l apostat) et essaye de recréer la religion païenne, mais c est un échec. Puis Théodose devient empereur. Il interdit les cultes païens en 395 et enrôle de très nombreux Barbares dans l armée pour refouler ceux qui attaquent, c est même un Vandale qui devient le général en chef de l armée. II/ la formulation des dogmes chrétiens 1/ Les premiers Conciles œcuméniques Veiller à la pureté de la doctrine pour pouvoir la transmettre. L exemple du premier concile de Jérusalem est de ce point de vue particulièrement éclairant : les disciples doutent sur l attitude à adopter quant à l observance par les 1
chrétiens issus de la gentilité des prescriptions de la loi juive, et les apôtres réunis prient et décident, assistés pas l Esprit Saint (Ac 15). La période romano-chrétienne a revêtu une importance extraordinaire du point de vue doctrinal. Après la libération de l Eglise, le moment est arrivé de formuler avec précision la droite doctrine à propos de certaines questions fondamentales de la foi chrétienne : la très Sainte Trinité, le mystère du Christ et le problème de la grâce. La définition du dogme catholique s est faite au prix de batailles très dures contre des hérésies qui ont provoqué des schismes dont certains perdurent aujourd hui encore. Huit conciles œcuméniques, qui se sont réunis entre les 4ème et 9ème siècles, forment le premier cycle de l histoire conciliaire de l Eglise. Les deux premiers ont défini la doctrine théologique sur la Trinité : le premier concile de Nicée (325) en définissant la consubstantialité du Fils avec le Père et le premier concile de Constantinople (381) en définissant la divinité de l Esprit Saint. Les quatre conciles suivants ont formulé les vérités christologiques fondamentales : le concile d Ephèse (431) a proclamé la maternité divine de Marie, le concile de (451) Chalcédoine a défini la doctrine des deux natures dans l unique personne du Christ, le deuxième concile de Constantinople (553) à condamné la doctrine nestorienne des trois chapitres et le troisième concile de Constantinople (680-681) a formulé la doctrine des deux volontés dans le Christ. Les deux derniers conciles de ce premier cycle sont le deuxième de Nicée (787) et le quatrième de Constantinople (869-870). 2/ La formulation du dogme trinitaire Le mystère de la Trinité un seul Dieu en trois personnes est le plus grand mystère de la foi chrétienne. La formulation du dogme trinitaire fut précisée et définie longtemps après et plus exactement trois siècles après Jésus Christ. Cela nécessitera l'utilisation d'un nouveau vocabulaire emprunté à la philosophie, qui ne pourra laisser la place à des divergences d'interprétation. L'Eglise a pour cette raison cherché une formulation logique de cette foi trinitaire en la traduisant dans le credo, ou la profession de foi. Vu que la trinité est fortement incohérente avec la logique humaine, de nombreuses hérésies ont surgi, comme autant de tentatives de ramener cette foi trinitaire à quelque chose de plus simple à comprendre, de moins exigeant pour la foi. Et cela a exigé des professions de foi plus précises pour répondre aux questions qu'elles n ont manqué de soulever. Le premier credo se trouve peut-être dans la première épître aux Corinthiens (8,6) : «pour nous néanmoins, il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui 2
sont toutes choses et par qui nous sommes» qui date d'environ 60. D'autres credo se retrouveront dans différents recueils liturgiques ou sont évoqués par les Pères de l'eglise. Concile de Nicée et arianisme : La première grande formulation de la foi trinitaire a été faite au concile de Nicée (325) sous l'impulsion de l'empereur Constantin, récemment converti (324). Arius, prêtre d'alexandrie (mort en 386) niait que le Christ, deuxième personne de la trinité soit égal au Père : pour lui, il a été créé par le Père et même l'incarnation est la production d'un être nommé Verbe différent du Fils. La controverse s'envenime rapidement dans les églises orientales, et Constantin mit son autorité au service de l'eglise. Il convoque un concile réunissant tous les évêques, c'est le premier concile œcuménique de l'histoire. On y affirme la «consubstantialité» du Fils et du Père et on y condamne les erreurs d'arius (condamnation confirmée au concile de Constantinople). Constantinople et l Esprit-Saint : Cette période aura été une intense période de lutte entre les trinitaires et le reste des chrétiens qui luttaient contre cette doctrine, sur la nature du Fils, mais aussi sur le Saint-Esprit dont on soutiendra à son tour qu'il n'est qu'une créature (hérésie pneumatomaque). L'aboutissement en sera le concile de Constantinople (381) qui précisera l'article sur le Saint Esprit, fort bref dans le credo de Nicée : «...Et en l'esprit Saint, le Seigneur, qui vivifie, qui procède du Père, qui avec le Père et le Fils reçoit même adoration et même gloire, qui a parlé par les prophètes...» C est ainsi qu après ces deux premiers conciles œcuméniques, celui de Nicée et celui de Constantinople, qui laisseront leur nom au symbole de Nicée- Constantinople, la divinité des trois personnes de la Trinité est affirmée de façon solennelle par l Eglise. 3/La formulation du dogme christologique Question de la nature du Christ : homme, Dieu, homme-dieu? La réflexion des premiers siècles traduit alors le mystère dans le langage conceptuel de la philosophie, à travers les grands Conciles christologiques. Nicée (325) souligne contre Arius que le Christ est Vrai Dieu, de la substance du Père. Constantinople (381) précise qu il est Vrai homme, assumant une humanité complète (contre Apollinaire). Se pose alors la question de l unité de ces deux natures : Ephèse (431) souligne qu elles ne sauraient être séparées (contre Nestorius), et Chalcédoine (451) qu elles ne sauraient être confondues (contre 3
Eutychès). Elles sont donc unies «selon la personne» (Cyrille d Alexandrie), unies «sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation». Ainsi, contre ces hérésies réduisant le Mystère à l échelle de notre compréhension, les Pères de ces Conciles usent de l outil conceptuel dont ils disposent pour garder intact et entier le Mystère, dans sa plénitude. Vrai Dieu né du Vrai Dieu, Il est le Verbe éternel et éternellement engendré du Père, qui a assumé en toute chose excepté le péché la nature humaine complète, nature créée en Lui, à son Image. Par là, il rend cette nature capable de Dieu. C est ainsi, et ainsi seulement, que nous sommes sauvés, que nous devenons par Lui fils adoptifs du Père, dans l unité du Saint Esprit. Cette adoption amoureuse du Père, ce «Règne qui vient», le Christ l a obtenu pour tout homme sans exception d une manière totale et définitive, par l Amour qu il manifeste au Père et à l humanité sur la Croix. III/ Etude de documents 1/ Néron et l incendie de Rome Un désastre survint fut-il dû à Néron, on ne sait- mais ce fut le plus grave et le plus épouvantable de tous ceux que la violence d un incendie fit éprouver à Rome. Le feu prit d abord dans la partie du cirque contiguë au mont Palatin. Là, à cause des boutiques remplies de marchandises, les flammes s alimentèrent et l incendie, ravivé par le vent, se propagea dans toute la longueur du cirque. Pendant ce temps Néron était dans sa maison, à l extérieur de Rome, et il ne rentra à Rome qu au moment où le feu approcha de la maison qu il avait construite pour relier le Palatin au jardin de Mécène. Le bruit s était répandu qu au moment même où la ville était en flammes, le prince était monté sur son théâtre domestique et avait chanté la ruine de Troie. Ce fut seulement au sixième jour qu on arrêta l incendie. Sur les quatorze quartiers que comptaient Rome seul quatre étaient indemnes. Tacite, Annales, XV 2/ Le régime de Dioclétien Esprit fécond en inventions et en machinations scélérates, Dioclétien, acharné à tout détruire, ne put s empêcher de porter la main sur Dieu lui-même. On peut dire que sa cupidité, jointe à sa peur, fut la perte du monde. Il associa en effet trois princes à son pouvoir, divisant le monde en quatre parties, et multipliant le nombre des armées, car chacun des empereurs s efforçait de posséder beaucoup plus de troupes que n en avaient eu leurs prédécesseurs lorsqu ils étaient seuls à diriger l Etat. Le nombre de ceux qui recevaient de l argent de l Etat en était arrivé à dépasser tellement celui des contribuables que les paysans, voyant leurs ressources épuisées par l énormité des impôts, abandonnaient leurs champs, qui retournaient à la forêt. Pour que la 4
terreur fût partout, on morcela à l infini les provinces, et voici que plusieurs gouverneurs et de multiples bureaux écrasent chaque pays, presque chaque cité. Comme les diverses iniquités de l empereur avaient tout fait enchérir considérablement, il s efforça de fixer par une loi les prix des marchandises. La crainte fit tout disparaître du marché, et la hausse des prix sévit plus gravement encore. Lactance, De la mort des persécuteurs. 3/ L édit de Milan Lorsque moi, Constantin Auguste, et moi, Licinius Auguste, nous sommes venus sous d heureux auspices à Milan et que nous y recherchions tout ce qui importait à l avantage du bien public, nous avons décidé en premier lieu et avant tout, de donner des ordres de manière à assurer le respect et l honneur de la divinité, c'est-à-dire que nous avons décidé d accorder aux Chrétiens et à tous les autres le libre choix de suivre la religion qu ils voudraient, de telle sorte que ce qu il peut y avoir de divinité et de pouvoir céleste puisse nous être bienveillant, à nous et à tous ceux qui vivent sous notre autorité. Ainsi donc, dans un dessein salutaire et tout à fait droit, nous avons décidé que notre volonté est qu il ne faut refuser absolument à personne la liberté de suivre la religion des Chrétiens. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique Les persécutions contre les chrétiens 64 : Première persécution, elle est organisée par Néron. Néron a mis le feu à Rome pour reconstruire une ville plus belle. Face à l hostilité de la foule il accuse les chrétiens d être responsables de l incendie et ordonne leur arrestation et leur exécution. C est à ce moment que Pierre et Paul sont arrêtés et tués. Ils sont crucifiés, brûlés vifs ou jetés aux bêtes dans l amphithéâtre. 177 : Persécution de Marc-Aurèle, martyres de sainte Blandine et saint Plotin à Lyon. 250 : Persécution de Dèce. Elle dure peu de temps et touche peu de monde. 284-305 : Persécution de Dioclétien. C est la plus terrible et la plus longue. Elle arrive à un moment où les chrétiens sont très bien intégrés dans l Empire et très reconnus. Beaucoup de hauts fonctionnaires, de nobles, d officiers de l armée sont chrétiens. Nombreux sont ceux qui sont arrêtés et tués. 313 : L empereur Constantin se convertit au christianisme et arrête les persécutions. + documents iconographiques. 5