ferti-pratiques Autonomie fourragère Fertilisation en système herbager fiche n 23
Produire plus d herbe Pour sécuriser les marges Produire plus d herbe revient moins cher que d acheter des fourrages et des aliments. L autonomie fourragère préserve les marges et sécurise le revenu face à la volatilité des prix des fourrages et des céréales. Par ailleurs, les aléas climatiques imposent encore plus aujourd hui qu hier, de disposer d un stock de fourrage de plusieurs mois d avance. Les facteurs clef de succès en système herbager sont : l équilibre entre le pâturage et les stocks (ensilage, foin), le pilotage de la production d herbe en gérant conjointement la fertilisation et la fréquence d exploitation, la qualité de la prairie et de l herbe consommée par les animaux. La quantité produite doit s accompagner de la qualité de l herbe : valeur azotée et soufrée : stade de récolte assez précoce, composition en graminées et en légumineuses, équilibre minéral en calcium, potassium, magnésium et sodium : mise à l herbe réussie sans risque de tétanie d herbage, herbe plus appétente laissant moins de refus, composition en oligo-éléments : zinc, cuivre et sélénium, éléments importants pour la santé des animaux. Bien nourrir l herbe, c est mieux nourrir les animaux. Pour en savoir plus : FERTI-pratiques n 13 «Fertilisation des prairies, pour une herbe de qualité»
En pratique En 4 étapes, calculer le plan annuel de fertilisation de l exploitation : 1 Estimer les ressources en effluents (quantité, composition). 2 Évaluer les besoins selon les types de sols et les types de prairies. 3 Répartir les quantités d effluents (tenir compte de la capacité de stockage pour le lisier ou le fumier et des périodes d apport à respecter (Cf. Programme d action de la directive nitrate en zone vulnérable). 4 Calculer l équivalence engrais de ces effluents et compléter par des engrais et amendements minéraux pour s ajuster aux besoins. En fauche, l herbe exporte des quantités très importantes d éléments notamment en potassium et en azote. La fertilisation raisonnée tient compte des exportations et des réserves des sols dans le calcul des apports. Exportation en kg d élément/ha hors lessivage N P 2 O 5 K 2 O Mg0 Dans 7t de MS en foin de prairie permanente 105 50 210 20 Dans 10t de MS d ensilage de prairie temporaire 200 60 300 30 Dans 10t de MS de foin de luzerne 320 60 260 40 D après CORPEN 1988 et COMIFER 2007 Analyser les effluents d élevage pour les valoriser La composition des effluents en matière sèche et en éléments nutritifs est très variable d un élevage à l autre. Les tables de composition donnent une indication moyenne mais l analyse de fumier ou de compost permet un contrôle. L azote ammoniacal doit être analysé dans un lisier ou un digestat car il est équivalent à l engrais minéral. L analyse de terre et l analyse d herbe pour les prairies L analyse de terre fournit un diagnostic notamment sur l acidité à corriger. L analyse d herbe réalisée en prélevant au moins 20 à 30 poignées fournit un indicateur de nutrition pour l azote, le phosphore et le potassium qui complète l information de l analyse de terre.
Mieux exploiter les prairies Améliorer les prairies résulte d une combinaison de plusieurs actions : L entretien du ph autour d une valeur optimum entre 6,3 et 6,5 : un chaulage régulier est nécessaire en sols acides. La composition en légumineuses est favorisée par un ph neutre. La durée du pâturage avec assez d animaux pour ne pas laisser de refus tout en évitant le surpâturage et l excès de piétinement en période humide. L apport d engrais azoté ajusté à la proportion de légumineuses pour soutenir la production des graminées. L apport d effluents de l élevage complété par la fertilisation minérale particulièrement pour les prairies de fauche qui exportent beaucoup de potassium, magnésium, soufre et phosphore. La minéralisation de la matière organique du sol ou des effluents intervient seulement dans des sols réchauffés et humides. En sortie d hiver, l apport d un engrais azoté favorise la croissance précoce de l herbe. Il permet de sortir les animaux au pâturage plus tôt et libère des surfaces en 1 ère coupe pour des fourrages de qualité (ensilage ou foin à un stade jeune). Fertilisation organique apport de Matière Organique, de P, K, Mg et de N et S minéralisables Fertilisation minérale amendements minéraux basiques, engrais apportant azote et soufre directement assimilables, combiné à du P, K et Mg en complément des apports organiques contribuent ensemble à la fertilité des prairies (productivité et qualité)
Gérer les effluents des animaux Les effluents d élevage sont de vrais «engrais de ferme» dont il faut estimer la valeur en éléments nutritifs : Les composts et fumiers sont des amendements organiques : leur valeur en matière organique, en phosphore et potassium est importante. Les purins, lisiers ou digestat de méthanisation se rapprochent des engrais : la fraction ammoniacale de l azote doit être mesurée ou estimée. Le plan de fertilisation répartit annuellement les ressources en fumiers et lisiers sur les cultures et les prairies. Il calcule aussi le besoin en amendements minéraux basiques et en engrais minéraux sur l année. Les prairies n ont pas toutes le même potentiel ni le même usage. Alors que les pâtures reçoivent trop de déjections et de fumiers, les parcelles de fauche éloignées n en ont souvent pas assez. Les Chambres d agriculture du Massif Central raisonnent la stratégie d apport des fumiers de bovins et de leurs composts sur la base de l exportation d herbe : Type de prairie Fréquence d apport Quantité par apport Fauche précoce ou 2 coupes et plus par an Tous les ans 10 à 15t/ha de compost ou 15 à 20t/ha de fumier Fauche tardive en foin Tous les 2 ans idem Pâturage Tous les 3 ou 4 ans idem Limiter l apport à 15t de fumier au lieu de 30t permet d épandre deux fois plus de surface chaque année. Réduire les pertes pour mieux recycler La volatilisation dans l air concerne l ammoniac et d autres gaz azotés ou soufrés. Le lessivage dans l eau entraine les éléments solubles comme le potassium, le magnésium et le sulfate. La teneur réelle de ces éléments dans les fumiers ou composts est souvent plus faible que dans les tables. Pour en savoir plus : FERTI-pratiques n 18 «Valoriser les produits organiques issus des élevages»
Les fiches FERTI-pratiques remettent l agronomie et l économie au centre du raisonnement de la fertilisation. Elles proposent des réponses pratiques aux questions des agriculteurs sur la nutrition des plantes et la fertilité des sols pour une agriculture productive et durable. N hésitez pas à poser vos questions à agronomie@unifa.fr Toutes les fiches sont téléchargeables sur www.unifa.fr PROCHAINE PARUTION Fertilisation de la pomme de terre Pour être certain de recevoir les prochaines fiches inscrivez-vous sur www.unifa.fr Sur ce thème voir aussi www.arvalisinstitutduvegetal.fr www.comifer.asso.fr - Calcul de la fertilisation azotée - chapitre 6 (Prairies) www.idele.fr www.ipa-chaulage.info www.unifa.fr L Union des industries de la fertilisation (UNIFA), représente une catégorie d acteurs stratégiques de la filière agricole. Elle a pour mission de promouvoir l utilité des fertilisants ainsi que le rôle fondamental de leurs producteurs dans le développement d une agriculture compétitive et durable en France. L UNIFA compte 47 adhérents qui produisent des engrais (minéraux et organo-minéraux) et des amendements minéraux basiques en France et en Europe. Ces adhérents représentent 92% de la production française de fertilisants et 71% des livraisons, sur un marché annuel de près de 12 millions de tonnes de produits. Conception Crédits photo : K+S Kali France, UNIFA, Watier Visuels Septembre 2011 UNION DES INDUSTRIES DE LA FERTILISATION LE DIAMANT A 92909 PARIS LA DÉFENSE CEDEX Tél. : 01 46 53 10 30 www.unifa.fr