DE LA FILIERE MANGUE FRANCISQUE DANS LE DEPARTEMENT DU CENTRE RAPPORT FINAL. Réalisée par : Eric Junior VILMONT, Ing.-Agr., Pédologue, Consultant



Documents pareils

Informations techniques sur la culture de l ananas

Valérie Roy-Fortin, agr. Bio pour tous! - 6 mars 2015

FICHE TECHNIQUE SUR LA FERTILISATION DE LA PASTEQUE

La base de données régionale sur les sols. d Alsace. La base de données régionale sur les sols d Alsace

Fiche Technique. sur l itinéraire de fertilization de la Pomme de terre. (Solanum tuberosum L.) au Cameroon

Annexe 2: Région des Savanes Caractéristiques et bas fonds identifiés

Rotations dans la culture de pomme de terre : bilans humiques et logiciel de calcul

Placettes vers de terre. Protocole Fiche «Description spécifique» Fiche «Observations»

MISE EN DÉCHARGE. Une entreprise de Bayer et LANXESS

Fiche Technique. Filière Maraichage. Mais doux. Septembre 2008

Contexte : Objectif : Expérimentation :

Les principaux sols de la plaine et des collines du Bas-Rhin

Présenté par : Dr Asmae Nouira. Novembre Hanoi Journées Scientifiques Inter-Réseaux AUF

La filière noisette : un développement des surfaces est encore possible d après Unicoque.

Sorgho grain sucrier ensilage L assurance sécheresses

Moyens de production. Engrais

Adaptation Aux changements climatiques. Agriculture et sécurité alimentaire: Cas du Burkina Faso

4. Résultats et discussion

«Silva Cell Investir dans l infrastructure verte»

RESULTATS DE L ESSAI VARIETES D ORGES D HIVER EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE CAMPAGNE

STRATEGIES DE CONDUITE DE L IRRIGATION DU MAÏS ET DU SORGHO DANS LES SITUATIONS DE RESSOURCE EN EAU RESTRICTIVE

Fertiliser le maïs autrement

GESTION ET VALORISATION DES CENDRES DE CHAUFFERIES BOIS

Agriculture paysanne durable: innovations et meilleures pratiques aux fins de transposition et de reproduction à plus grande échelle

Grandes cultures Engrais liquides ou granulaires?

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Comment prouver que les végétaux ont besoin d eau, de minéraux, d air et de lumière pour se développer normalement?

LIVRET D AMENAGEMENT. VetAgro Sup, agro campus de Clermont Ferrand

La culture de la fraise à jours neutres

Rapport annuel de monitoring automatisé de la qualité de l eau

Prélèvement/préparation p des échantillons et analyse des reliquats d azote

Anne Vanasse, agr., Ph.D. Université Laval. Le chapitre 3. Les rédacteurs

Les sols, terreau fertile pour l EDD Fiche activité 3 Que contient un sol?

Surveillance et Detection des Anomalies. Diagnostic d une digue: rappel méthodologique

UNE MEILLEURE CONNAISSANCE

Étude de la carte de Vézelise. Initiation à la lecture du relief sur une carte topographique

Bien choisir sa variété de maïs ensilage

VI) Exemple d une pépinière de plantes ornementales.

Quelques éléments de bibliographie :

TCS, strip-till et semis direct

ExPost. Aménagements de bas-fonds. septembre Division Évaluation et capitalisation Série Note de Synthèse

10 en agronomie. Domaine. Les engrais minéraux. Livret d autoformation ~ corrigés. technologique et professionnel

Conseil Spécialisé fruits et légumes

CONGRES REGIONAL CTA/ ATPS DE LA JEUNESSE EN AFRIQUE

16- Grand lac Shaw Portrait 2006

Le compost. Un petit écosystème au jardin

Le printemps et l été du compost

VITICULTURE 2012 V 12 / PACA 02 STRATEGIE D APPLICATION DU CUIVRE EN VITICULTURE

ÉVALUATION DU TYPE DE DOMMAGE CAUSÉ PAR LA PUNAISE PENTATOMIDE VERTE, ACROSTERNUM HILARE (SAY) SELON LE DÉVELOPPEMENT DES FRUITS

NOP: Organic System Plan (OSP) / EOS: Description de l Unité Information et documents requis

VII Escaliers et rampes

Les dimensions mentionnées sont pour la plupart reprises dans la réglementation (STS54, NBN EN 3509), RGPT, arrêté royal du 07/07/97)

Association des. Objectifs. convivialité, réunir les habitants autour du jardinage. action sociale, action environnementale,

La lutte intégrée contre les ravageurs de sol en grandes cultures. Geneviève Labrie

CHAPITRE 8 PRODUCTION ALIMENTAIRE ET ENVIRONNEMENT

FILIERE VANILLE. Sommaire

COMMENT CONSTRUIRE UN CRIB A MAÏS?

Évolution du climat et désertification

Note récapitulative : culture de Taillis à très Courte Rotation (TtCR) de saules

STRATEGIE DE GESTION DES RISQUES DANS LE SECTEUR AGRICOLE

Comment concevoir son lit biologique

Produire avec de l'herbe Du sol à l'animal

R y o aume aume du du Maroc Mar Mai 2009

Apport des méthodes géophysiques pour la caractérisation de zones fuyardes d une digue de canal

Influence du changement. agronomiques de la vigne

Caisse Nationale de Mutualité Agricole

Résumé du rapport final du Projet ECDD

EVALUATION DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA CONSOLIDATION DU PROGRAMME DE

Ne laissez pas le mauvais temps détruire le fruit de votre travail!

BILAN HYDRIQUE ET BESOIN D IRRIGATION DE LA CEREALICULTURE EN REGION SEMI-ARIDE.

BULLETIN de SANTE du VEGETAL Franche-Comté

Les ouvriers du sol et les pratiques agricoles de conservation

Biomasse forestière et bioénergie: Danger ou solution?

RESOLUTION OIV-VITI GUIDE D APPLICATION DU SYSTÈME HACCP (HAZARD ANALYSIS AND CRITICAL CONTROL POINTS) A LA VITICULTURE DE L OIV

FORUM INTERNATIONAL DU DAKAR-AGRICOLE

COMMUNE DE PONT A MARCQ CAHIER DES CLAUSES TECHNIQUES PARTICULIERES

LES 10 INVESTISSEMENTS LES PLUS RENTABLES EN PRODUCTION EN SERRE Gilbert Bilodeau, agr., M.Sc., conseiller en serriculture, IQDHO

JEUNE CONSEIL DE MONTRÉAL

L évidence écologique Une station d assainissement où il fait bon se

CONCEPTION PARTICIPATIVE D UN PROJET COLLECTIF D IRRIGATION LOCALISÉE DANS LE PÉRIMÈTRE DE PMH FOUM EL ANCER (BÉNI MELLAL)

Régionalisation des régimes de perturbations et implications pour l aménagement dans un contexte de changement climatique

STOCKAGE SOUTERRAIN. Gestion de l élimination en Europe toute entière Sécurité à long terme Solutions répondant aux besoins de nos clients

Le béton léger prêt à l emploi, la solution idéale pour les applications intérieures et extérieures

Fiche technique. Comment lutter contre les nématodes parasites des cultures maraichères par la solarisation?

Partie V Convention d assurance des cultures légumières

TROPIJUS : PLAN D AFFAIRES D UNE UNITE DE TRANSFORMATION DE LA MANGUE EN NECTAR ET EN JUS

Comment utiliser les graines de soja à la cuisine

Agricultures paysannes, mondialisation et développement agricole durable

2. Gestion du sol, fertilisation, nutrition des cultures et cultures de couverture

J'Ai TELLEMENT FAiM QUE JE POURRAiS MANGER UN ARBRE!

PRESENTATION DU PROGRAMME D ACTION NATIONAL DE LUTTE CONTRE LA DEGRADATION DES TERRES ET DES FORETS EN RDC

BILAN INTERMEDIAIRE Octobre en Guinée

COMMENT ARRIVER A L EFFET/IMPACT dans un état fragile en voie de développement? Étude de cas: bassin de MousGque HaïG

Projet MERINOVA : Les risques météorologiques comme moteurs d innovation environnementale dans la gestion des agro-écosystèmes

Libre-Service de l agence ISOPAR Garges-lès-Gonesse

Plan de désherbage, plan de gestion différenciée : objectifs et mise en œuvre concrète, quelles sont les actions à mettre en place par les communes?

Évaluation, caractérisation et

Les compensations écologiques sur la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique

République de Côte d Ivoire NOTE D INFORMATION UN INSTRUMENT PROFESSIONNEL AU CŒUR DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET DES FILIERES DE PRODUCTION

Transcription:

ETUDE PEDOLOGIQUE AU NIVEAU DES ZONES D INTERVENTION DU PROJET D APPUI AU RENFORCEMENT DE LA FILIERE MANGUE FRANCISQUE DANS LE DEPARTEMENT DU CENTRE RAPPORT FINAL Réalisée par : Eric Junior VILMONT, Ing.-Agr., Pédologue, Consultant Rultz ROZEFORT et Ned CHARLES, Assistants Juin 2011 Projet d Appui au Renforcement de la Filière Mangue Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 1

TABLE DES MATIERES I- CONTEXTE ET OBJECTIF DE L ETUDE... 5 II- APPROCHE METHODOLOGIQUE... 5 III- LIMITES DE L ETUDE... 14 IV- PRESENTATION DU DEPARTEMENT DU CENTRE... 14 4.1- LIMITES ADMINISTRATIVES ET POPULATION... 14 4.2- CARACTERISTIQUES BIO-PHYSIQUES... 16 Climat, relief et topographie... 16 Géologie et sol... 16 V- RESULTATS DES TRAVAUX EFFECTUES... 20 5.1- ETAT DES CONNAISSANCES SUR LES PRINCIPALES EXIGENCES PEDO-CLIMATIQUES LIEES A LA MISE EN PLACE D UN VERGER DE MANGUIERS... 20 Climat... 20 Sol... 20 Techniques culturales... 20 L alimentation minérale des manguiers... 20 Principaux ennemis de la mangue... 21 5.2- ETAT DE LA PRODUCTION AU COURS DES DERNIERES ANNEES... 22 5.3- LOGIQUE D UTILISATION DES SOLS PAR LES EXPLOITANTS ET MODE DE GESTION DE LA FERTILITE... 23 5.4- CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DES SITES RETENUS... 26 VI- CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS... 59 VII- LES ANNEXES... 61 ANNEXE 1 : LES TERMES DE REFERENCE DE L ETUDE... 62 ANNEXE 2 : COORDONNEES GEOGRAPHIQUES DES POINTS DE PRELEVEMENT DES ECHANTILLONS DE TERRE ET D OUVERTURE DES PROFILS... 64 ANNEXE 3 : RESULTATS DES ANALYSES PHYSICO-CHIMIQUES DES SITES RETENUS... 66 VIII- RÉFÉRENCES... 69 Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 2

LISTE DES FIGURES Figure 1 : Points de prélèvement au niveau du site 1 (M. Ravix), Commune des Belladères... 8 Figure 2: Points de prélèvement au niveau du site 2 (Pierre Toussaint), Commune de Lascahobas... 9 Figure 3 : Points de prélèvement au niveau des sites 3 & 4 (S. Labranche et Parcelle de démonstration), Commune de Mirbalais... 10 Figure 4 : Points de prélèvement au niveau des sites 5 & 6 (Ricot Fils et Alix Anouce), Commune de Boucan Carré... 11 Figure 5: Points de prélèvement au niveau du site 7 (Parcelle de démonstration), Commune de Thomonde... 12 Figure 6: Points de prélèvement au niveau du site 8 (Grand-Pierre Jules), Commune de Hinche... 13 Figure 7: Découpage administratif du Département du Centre... 15 Figure 8: Géologie du département du Centre... 17 Figure 9 : Occupation des sols du département du Centre... 18 Figure 10 : Distribution spatiale du ph et de la granulométrie au niveau du site 1... 28 Figure 11 : Distribution spatiale de la conductivité électrique et de la granulométrie (Site 1)... 29 Figure 12: Potentialités des sols de la Commune des Belladères... 30 Figure 13 : Distribution spatiale du ph et de la texture (Site 2)... 33 Figure 14 : Distribution spatiale de la conductivité électrique et de la texture (Site 2)... 34 Figure 15: Potentialités des sols de la Commune de Lascahobas... 35 Figure 16 : Distribution spatiale du ph et de la texture (Site 3)... 37 Figure 17 : Distribution spatiale de la conductivité électrique et de la texture (Site 3)... 38 Figure 18 : Distribution spatiale du ph et de la texture (Site 4)... 40 Figure 19 : Distribution spatiale de la conductivité électrique et de la texture (Site 4)... 41 Figure 20: Potentialités des sols de la Commune de Mirebalais... 42 Figure 21 : Distribution spatiale du ph et de la texture (site 5)... 44 Figure 22 : Distribution spatiale de la conductivité électrique et de la granulométrie (Site 5)... 45 Figure 23 : Distribution spatiale du ph et de la granulométie au niveau du Site 6... 47 Figure 24 : Distribution spatiale de la conductivité électrique et de la granulométrie (Site 6)... 48 Figure 25 : Potentialités des sols de la Commune de Boucan Carré... 49 Figure 26 : Distribution spatiale du ph et de la granulométie au niveau du Site 7... 51 Figure 27 : Distribution spatiale de la conductivité électrique et de la granulométrie (Site 7)... 52 Figure 28 : Potentialités des sols de la Commune de Thomonde... 53 Figure 29 : Distribution spatiale du ph et de la granulométie au niveau du Site 8... 56 Figure 30 : Distribution spatiale de la conductivité électrique et de la granulométrie (Site 8)... 57 Figure 31: Potentialités des sols de la Commune de Hinche... 58 Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 3

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Calendrier de production de certaines variétés de manguiers selon les producteurs... 23 Tableau 2 : Regard sur l utilisation de certaines pratiques culturales par les exploitants... 24 Tableau 3 : Principales formations en gestion des sols reçues par les exploitants... 24 LISTE DES SIGLES ET ABBRÉVIATIONS DDA : Direction Départementale du Centre INRA : Institut National de la Recherche Agronomique CE : Conductivité Electrique MPCE : Ministère de la Planification et de la Coopération Externe BID : Banque Interaméricaine de Développement IICA : Institut Interaméricain de Coopération pour l Agriculture ONG : Organisation non gouvernementale CNIGS : Centre National de l Information Géo-spatiale HPC : Haut Plateau Central BPC : Bas Plateau Central PICV : Programme d Intensification de la Culture Vivrière BAC : Bureau Agricole Communal MARNDR : Ministère de l Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 4

I- Contexte et objectif de l étude La mangue francique est le principal produit agricole d exportation d Haïti, et procure des revenus substantiels pour tous les acteurs du secteur. Les consommateurs ethniques ont une forte préférence pour la mangue Francique, et sont prêts à payer le prix fort, même quand le prix des compétiteurs baisse. Ceci signifie que la demande pour la mangue est forte, et aussi des gains financiers appréciables pour le pays si les volumes produits et expédiés peuvent être augmentés. Etant une culture pérenne, la mangue représente plus de 50 à 60% de la couverture végétale dans les différentes zones du Plateau Central. Quand elle est associée à d autres cultures et des pratiques culturales qui préservent le sol, la mangue contribue à la protection de l environnement. Parallèlement, la filière de la mangue haïtienne fait face à plusieurs défis et difficultés. Plusieurs raisons expliquent cette situation, mais le manque d information sur les techniques de production demeure l une des causes principales. De plus, les planteurs ne sont pas suffisamment formés et organisés pour gérer un programme de production, plus particulièrement sur certains aspects spécifiques liés à la production de la mangue. Le projet d Appui au Renforcement de la Filière Mangue Francisque dans le Département du Centre d Haïti veut promouvoir le développement économique principalement par la production et la commercialisation de la mangue francique au niveau du plateau central, à travers une stratégie qui favorise la stabilisation et la réhabilitation écologique de la zone. En aidant les planteurs à utiliser des techniques de production appropriées, IICA peut réaliser les objectifs de son mandat à savoir, l augmentation des revenus agricoles des planteurs, préserver et augmenter la couverture végétale dans les régions ciblées. Cette étude pédologique, menée au niveau du département du Centre, s inscrit dans une perspective d augmentation de la production de la mangue francisque au niveau du département. L étude vise la réalisation d un diagnostic dans la zone d intervention du projet ainsi qu une évaluation des sols de quelques sites retenus par l équipe de coordination de l IICA pour la mise en place des vergers. Les résultats de ce travail devraient permettre à l Institution commanditaire de prendre des décisions avisées. Le présent document constitue le rapport préliminaire de l étude. Il fait état, entre autres, des éléments de contexte, de la méthodologie de travail, des activités réalisées, des interprétations et recommandations appropriées. II- Approche Méthodologique La démarche utilisée s inspire de la méthodologie présentée dans l offre de services et s étale sur plusieurs étapes complémentaires. La première étape a été une concertation avec les responsables du projet et la réalisation d une revue bibliographique. Des discussions ont été dès le départ tenues Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 5

avec les principaux responsables du projet au niveau central, dans la perspective d une compréhension parfaite des termes de référence, des objectifs du travail et des résultats attendus. La revue de la documentation existante a permis de collecter, traiter et interpréter les informations déjà disponibles sur la situation de la production fruitière (celle de la mangue francisque particulièrement) dans le pays mais surtout dans le département du Centre. Ces données élémentaires ont permis d avoir un minimum de connaissances sur les réalités de la zone et de mieux préparer le travail de terrain. La deuxième étape consistait à effectuer une visite de reconnaissance sur le terrain et d établir des contacts avec les cadres du projet affectés au département du Centre, en vue de leur implication et d une meilleure planification des activités à réaliser sur le terrain. Ces visites ont aussi touché le responsable du DDA Centre, les projets intervenant dans le domaine, certains bénéficiaires potentiels de vergers de mangue francisque, et tous ceux qui, dans un sens ou dans l autre, peuvent collaborer à la réalisation des activités prévues. La troisième étape visait la collecte d informations sur le milieu bio-physique et la réalisation d une série de «Focus groupe» afin de déterminer la logique d utilisation des sols par les exploitants, leur mode de gestion de la fertilité des sols et leur niveau d intérêt pour la filière manque francisque. Ces informations ont été obtenues à partir : des parcours de transects dans les communes et des observations directes ; des entretiens semi-directifs sur la base de guide d entretien. Ces entretiens ont été menés de façon individuelle et collective (focus groupe réunissant 30 à 40 personnes) avec des agriculteurs incluant des potentiels bénéficiaires de vergers de manguiers du projet IICA. Ces focus groupe, au nombre de 10, ont touché toutes les communes du département. Il faut souligner que l équipe du projet affétée au département du Centre nous a fournis une excellente collaboration dans la préparation et l animation des ateliers. Focus groupe au Haut Plateau Central Focus groupe au Bas Plateau Central Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 6

La dernière étape consistait à collecter des informations permettant l évaluation de certains paramètres physico-chimiques de huit (8) sites d intérêt, retenus parmi tant d autres, pour la mise en place des vergers de manguiers. La démarche veut que se réalise dans l aire de chaque site, des prélèvements d échantillons de terre pour analyses de laboratoire et l ouverture d un profil pédologique. Sur les lieux et avec l aide d un responsable du site jouant le rôle de guide accompagnateur, le site a été prospecté de manière à identifier des éventuelles unités pédologiques, en se basant principalement sur des critères tels : la couleur du sol, l occupation de l espace et la pente du terrain. Les échantillons ont été prélevés à la tarière, à une profondeur variant de 0 à 40cm suivant la méthode de distribution aléatoire, tout en s assurant d une répartition la plus homogène possible des points de prélèvement. Les échantillons prélevés sont placés dans des sachets en polyéthylène avec des fiches d information sur le numéro de l échantillon, la localité ou l habitation concernée, la date, la couleur du sol et la profondeur de prélèvement. En cas d excès d humidité, ils subissent un séchage à l air libre. Les coordonnées géographiques des points de prélèvement ont été relevées au GPS. Pour ce faire, la notation s est réalisée de la manière suivante (en lettres capitales): deux (2) premières lettres du nom de la commune correspondante ; deux (2) premières lettres du nom ou du prénom du propriétaire ou responsable du terrain. Dans le cas de noms composés, on retient les premières lettres des noms qui les composent (Exemple : pour Grand-Pierre, on a noté GP) ; un chiffre exprimant l ordre de prélèvement. On a eu ainsi pour le site de M. Ravix situé dans la commune de Belladère cette notation : BERA1, 2, etc. La notation des points d ouverture des profils fait seulement précéder de la lettre P, celle des points de prélèvement, sans chiffre. Ainsi, le profil ouvert sur le terrain de M. Ravix a été noté : PBERA. Au laboratoire, les paramètres suivants ont été mesurés : la texture du sol (granulométrie) qui consiste à déterminer les proportions de sable, limon et d argile dans un échantillon de terre. Laquelle permettra de déterminer la classe texturale du sol selon le triangle d Holdridge. La méthode de Bouyocos, basée sur le principe de la sédimentation des particules, a été utilisée (Soltner, 1987). le ph, déterminé par la méthode éléctrométrique à l aide d un ph-mètre à électrode en verre et à lecture directe, sur une suspension de terre fine suivant un rapport sol/eau 1/5 (Mathieu et Pieltain, 2003). la conductivité électrique, déterminée par la méthode potentiométrique. C est un indicateur de la teneur en sels solubles dans la solution du sol. La valeur de la conductivité électrique (CE) a été lue à l aide d un conductivimètre. Les résultats des analyses de laboratoire sont ensuite présentés spatialement pour les zones concernées en utilisant la méthode de «KRIGEAGE». Le krigeage est une méthode Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 7

d interpolation issue de la géostatistique. Il est donc une méthode d'interpolation spatiale, parfois considérée comme la plus juste d'un point de vue statistique, qui permet une estimation linéaire basée sur l'espérance mathématique et aussi sur la variance de la donnée spatialisée. À ce titre, le krigeage se base sur le calcul, l'interprétation et la modélisation du variogramme, qui est une appréciation de la variance en fonction de la distance entre données. Plus simplement, le krigeage est un outil mathématique permettant d'éliminer dans une série statistique les "aberrations", les valeurs relevées improbables, ou incohérentes, en se basant sur la valeur des données avoisinantes (Source : wikipedia.org). Suivant la méthodologie préalablement décrite, un total de quarante (40) échantillons de terre a été prélevé et huit (8) profils pédologiques ouverts au niveau de huit (8) sites des communes de Mirebalais, Boucan Carré, Belladères, Lascahobas, Thomonde et Hinche. Les différentes cartes suivantes (Figures 1 à 6) présentent une distribution spatiale des points de prélèvement des échantillons de terre au niveau des sites retenus pour ce travail. Figure 1 : Points de prélèvement au niveau du site 1 (M. Ravix), Commune des Belladères Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 8

Figure 2: Points de prélèvement au niveau du site 2 (Pierre Toussaint), Commune de Lascahobas Projet d Appui au Renforcement de la Filière Mangue Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 9

Figure 3 : Points de prélèvement au niveau des sites 3 & 4 (S. Labranche et Parcelle de démonstration), Commune de Mirbalais Projet d Appui au Renforcement de la Filière Mangue Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 10

Figure 4 : Points de prélèvement au niveau des sites 5 & 6 (Ricot Fils et Alix Anouce), Commune de Boucan Carré Projet d Appui au Renforcement de la Filière Mangue Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 11

Figure 5: Points de prélèvement au niveau du site 7 (Parcelle de démonstration), Commune de Thomonde Projet d Appui au Renforcement de la Filière Mangue Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 12

Figure 6: Points de prélèvement au niveau du site 8 (Grand-Pierre Jules), Commune de Hinche Projet d Appui au Renforcement de la Filière Mangue Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 13

III- Limites de l étude Les analyses de certains paramètres chimiques de fertilité (K, N, P, Ca, MO) n ont pas pu être effectuées. Cependant, les teneurs en matières organiques (MO) ont pu être appréciées à travers des observations directes et vu que le calcaire constitue le substrat majoritaire des sols du département du Centre, le calcium (Ca) ne devrait par être déficient. IV- Présentation du département du Centre 4.1- Limites administratives et population Créé par la loi du 19 août 1976, le département du Centre est borné au nord par les départements du Nord et du Nord-est, au sud par le département de l ouest, à l est par la République Dominicaine et à l ouest par le département de l Artibonite. Il est formé de (12) communes, subdivisées en (35) sections communales (Figure 7). Le chef-lieu du département est Hinche. Quatre (4) de ses communes sont frontalières et le reste est considéré comme intérieur. Son relief dominant est le plateau. Le département du Centre comprend 4 arrondissements qui sont : Hinche, Mirebalais, Lascahobas, Cerca- La-Source. L arrondissement de Hinche comprend les communes de Hinche, Maissade, Thomonde, Cerca-Cavajal. Celui de Mirebalais comprend les communes de : Mirebalais, Saut-d eau, Boucan Carré. L arrondissement de Lascahobas comprend les communes de : Lascahobas, Belladere, Savanette. Celui de Cerca-La- Source comprend les communes de : Cerca- La- Source et Thomassique. Le Centre couvre une superficie d environ 3,674 km 2, soit 13.3% du territoire national. Il est le troisième en importance de superficie après les départements de l Ouest et de l Artibonite. Sa population est estimée à 678 626 habitants (Recensement par estimation de 2009). Projet d Appui au Renforcement de la Filière Mangue Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 14

Figure 7: Découpage administratif du Département du Centre Projet d Appui au Renforcement de la Filière Mangue Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 15

4.2- Caractéristiques bio-physiques CLIMAT, RELIEF ET TOPOGRAPHIE Le département est composé majoritairement de montagnes et de plateaux. Son climat est caractérisé par des irrégularités pluviométriques assez marquées et par l existence de deux saisons bien distinctes: une saison sèche qui s étend en général de novembre à avril (5 mois) et une saison pluvieuse en été, marquée par des chutes très importantes et parfois violentes. La pluviométrie est conditionnée par le relief, l orientation des versants et l altitude. Ainsi, observe-t-on des zones de forte pluviométrie (Mirebalais: 2,172 mm, Lascahobas: 1,913 mm) et d autres zones moins arrosées qu on retrouve dans les environs de Hinche (1,253 mm). La pluie moyenne pour le département est de 1,515 mm/an. La saison des pluies s étend généralement sur une période de sept (7) mois, d avril à octobre (Livre Blanc du Centre, 1997). Les données ayant rapport à la température sont rares. Selon certaines sources disponibles, la température moyenne annuelle se situe autour de 24 o C. GEOLOGIE ET SOL Les sols du département du Centre varient suivant qu on se trouve au niveau des versants, des plateaux ou vallons. Ils reposent en très grande majorité (65%) sur des matériaux calcaires, marneux et sableux (Figure 8). Au niveau des plateaux, on rencontre surtout des Brunisols. Projet d Appui au Renforcement de la Filière Mangue Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 16

Figure 8: Géologie du département du Centre Source, CNIGS (2002) La grande majorité de ces sols supportent des cultures agricoles moyennement denses à denses (53%) et des savanes et pâturages avec d autres occupations (32%), (Figure 9). Tenant compte de la configuration naturelle du département, les risques de dégradation par érosion hydrique ne sont pas trop élevés. Cependant, les techniques de mise en valeur qui privilégient des cultures sarclées, sans structures de conservation, et accentuées par la coupe abusive des ressources ligneuses pour la production de charbon de bois et des bois de construction, de planches et de bois de chauffage, expliquent en grande partie pourquoi les sols du département sont actuellement dans un état de dégradation avancée. Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 17

Figure 9 : Occupation des sols du département du Centre Source, CNIGS (2002) Sur le plan agronomique, selon les statistiques sur les potentialités des sols fournies par le GNIGS, environ 66% des superficies du département du Centre, sont constitués de sols ayant une qualité variant entre très limitée et faible. Le reste est constitué dans l ensemble de sols à potentialité moyenne à très bonne (Figure 10). Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 18

Figure 10 : Potentialités des sols du département du Centre Figure 3 : Occupation des sols du département du Centre Source, CNIGS (2002) Source, CNIGS (2002) Projet d Appui au Renforcement de la Filière Mangue Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 19

V- Résultats des travaux effectués 5.1- Etat des connaissances sur les principales exigences pédo-climatiques liées à la mise en place d un verger de manguiers 1 CLIMAT Le manguier s'adapte facilement dans les régions tropicales semi-arides, présentant une alternance très nette de période sèche et humide. La pluviométrie annuelle doit varier entre 1000 mm à 1200 mm. Pendant la saison sèche, il lui faut au moins 60 mm de pluie tous les mois. La température moyenne du mois le plus froid ne doit pas être inférieure à 15 o C. SOL Le manguier peut être cultivé dans des types de sol très variés, cependant un sol profond (>2 m), argilosableux ou sablo-limoneux, riche en matière organique et bien drainé est préférable, de même qu'un ph de 6 à 6,5. Le manguier ne supporte pas les sols trop humides, riches en sels ou en calcaire. TECHNIQUES CULTURALES En ce qui a trait à la préparation du sol, la parcelle doit être soigneusement débarrassée de tous débris d'arbres de souches et de racines, puis effectuer un labour profond (30 à 40 cm). Le piquetage se fait de manière à obtenir 10 X 10 m entre les piquets et les entre les lignes. La «trouaison» consiste à creuser des trous d'une dimension de 80 à 90 cm de profondeur et de diamètre pour les sols durs et de 50 à 60 cm pour les sols légers. Cette opération est suivie d'un «reboutage» des trous en apportant 20 Kg de fumure organique comme fumure de fond. Le plant doit être enfoncé dans le trou juste au niveau du collet suivi d'un léger arrosage. Le premier apport d'engrais doit avoir lieu un an après la plantation et en début de saison des pluies. En termes d entretien, le sol doit être toujours propre en désherbant régulièrement les interlignes pour ne pas occasionner la création des foyers de criquets et autres insectes. On recommande une fumure azoto-potassique dans les cinq premières années. L amélioration d un verger traditionnel peut facilement être réalisée par surgreffage. La mise à fruit après surgreffage est très rapide (parfois des la 2 eme année) L ALIMENTATION MINERALE DES MANGUIERS L'alimentation minérale des manguiers demande un minimum de connaissances sur les techniques de fertilisation et les engrais. La fumure avant plantation concerne surtout le phosphore de façon à favoriser un bon enracinement et un développement rapide, alors que la fertilisation annuelle vise une 1 Sources combinées Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 20

alimentation équilibrée de l'arbre pour optimiser le rendement et la qualité. Les choix doivent être guidés par l'analyse du sol, complétée par un diagnostic foliaire. Le potassium constitue l élément clé dans l alimentation minérale des manguiers. Il améliore la qualité des fruits, plus spécialement la coloration, les arômes, le calibre et la conservation, de même qu'il favorise la résistance au stress, dû à la sècheresse, au froid, à la salinité ou aux maladies. La carence en potassium se développe sur les feuilles âgées en petites taches rougeâtres, irrégulièrement réparties. Les feuilles sont plus petites et plus fines que pour un arbre sain. Dans un stade plus avancé, les nécroses apparaissent sur la bordure des feuilles. Carence en potassium sur feuille Le manguier est sensible au chlorure, particulièrement pendant les deux premières années. Par la suite, la production est affectée par l'emploi d'engrais à base de chlorure. En ce sens, les apports de potassium sous forme de sulfate de potassium aident à contrôler la salinité. Le soufre est un composant majeur des aminoacides et des protéines végétales. Il favorise l'action des activateurs enzymatiques et participe à la synthèse chlorophyllienne. En cas de carence en soufre, la croissance est ralentie, et les feuilles tombent alors que des nécroses apparaissent sur les feuilles jeunes. Le sulfate de potassium contient également 18% de soufre (S), ce qui couvre les besoins d'une production normale de mangues. PRINCIPAUX ENNEMIS DE LA MANGUE - Les termites attaquent en général les jeunes plants ; - Les mouches de fruits piquent les fruits et y pondent des œufs qui après leur éclosion donnent des larves qui provoquent des pourritures; - Les criquets et les cétoines causent des dégâts au niveau des panicules florales, les feuilles et les rameaux; - Les cochenilles attaquent les feuilles, les branches et les fruits Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 21

5.2- Etat de la production au cours des dernières années Le manguier est l'un des principales espèces de notre couverture végétale (en dessous de 800 m d'altitude). En effet, il se rencontre un peu partout dans le pays avec des concentrations plus ou moins fortes dans des zones bien déterminées. Toutefois on ne rencontre pas de verger proprement dit en Haïti ; les rares vergers connus sont d implantations récentes. Gros-Morne demeure la plus grande zone de production. D'autres zones sont aussi réputées pour la production de mangues. Ce sont Passe Reine, Saint-Marc, Cabaret, Arcahaie, Cul-de-sac, Léogâne, Lascahobas...Les terroirs comme ceux de la plaine du Cul-de-sac, Cabaret (Cazale), Arcahaie, Passe Reine sont connus pour la bonne qualité de leurs mangues (coloration, goût). Dans le Département du Nord également, on rencontre des zones très productrices (Vieux., 1993). Au niveau national, la production de la mangue a été relativement stable entre 2000 et 2003 à 250 000 tonnes et a connu une augmentation jusqu à 2007 avant de se stabiliser à nouveau vers 300 000 tonnes. En conditions favorables, les manguiers ont un rendement moyen de 10 tonnes/ha (USAID, 2005). Selon TechnoServe (2010), les paysans possédant plus de 5 manguiers ont une production entre 0,5 et 1,5 tonne annuellement. Source FAO En ce qui a trait au département du Centre et selon les principaux résultats des focus groupe, les zones de production de la mangue dans le Haut Plateau sont situées par ordre d importance dans la 1 ere section Juanaria et la 2 eme section Marmont de la commune de Hinche, la commune de Cerca Cavajal. La variété «Madan Blanc» et la «Franc» est concentrée dans la 1 ere et 2 eme section de la commune de Hinche. La «Jean Marie» spécifique au Haut Plateau Central, est rencontrée surtout dans la commune de Cerca Cavajal. Quant au Bas Plateau Central, les zones de production importantes de la mangue se retrouvent au niveau de la 3 eme section Gascogne de la commune de Mirebalais, plus précisément dans les localités Kadwa, Devarieux, Bere, Montabor, Cholette, Débite, Menaj, Verak, et la 1 ère section Grande Savane de Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 22

la commune de Saut d eau. A Belladère, la production est considérable dans les localités de Camaron, Loba, Grande Plaine, Mastéguasse et Fontoufe. Parmi les variétés cultivées dans le département du Centre, on retrouve : Blanc, Baptiste, Corne, Carotte, Doudouce, Fil (Rouge et Blanc), Franc, Francisque, Jean- Marie, Abricot, Kòdòk, Canelle. Les saisons de production des variétés diffèrent selon les périodes. Le calendrier de production pour certaines variétés est présenté dans le tableau ci-dessous : Tableau 1: Calendrier de production de certaines variétés de manguiers selon les producteurs Variétés J F M A M J J A S O N D Francisque Jean Marie Fil Blanc Ti laurent 5.3- Logique d utilisation des sols par les exploitants et mode de gestion de la fertilité Les donnés tirées des focus groupe, associées à la littérature et aux observations de terrain, ont montré que la culture associée est la pratique culturale la plus répandue dans le Plateau Central. La base la plus fréquente des associations est constituée du maïs et du petit mil auxquels s ajoutent le manioc, le pois congo, le pois inconnu, la patate, etc. Cette forme d utilisation du sol vise d abord à assurer l autoconsommation familiale avec un maximum de sécurité face aux aléas climatiques. Cette technique répond aussi aux diverses contraintes posées par l environnement aux paysans qui disposent généralement de peu de moyens techniques et financiers. Au niveau des exploitations paysannes, les manguiers sont rarement cultivés en vergers mono spécifiques. Associés à d autres fruitiers, ils demeurent cependant l élément important des systèmes de cultures arborés. Les arbres sont aussi souvent isolés au milieu de parcelles de cultures vivrières. La plupart des exploitations possèdent au total moins de 10 arbres dispersés à travers différentes parcelles. La rentabilité de la production de la variété «Francisque» rarement cultivée en dehors du Bas Plateau Central, a conduit à la mise en place dans le Haut Plateau Central de vergers, d une surface de 12,9 hectares, respectivement 11,61ha et 1,29ha sur les fermes de Marmont, et de Colladère appartenant à MPP. Les principales pratiques culturales ou méthodes de gestion des parcelles appliquées par les producteurs fruitières sont détaillées dans le tableau suivant. Les pratiques culturales comme Irrigation, l apport de matières organiques, le désherbage et traitements phytosanitaires sont réalisées non pas pour les fruitiers mais pour les cultures d autosubsistance ou vivrières. Projet d Appui au Renforcement de la Filière Manque Francisque, Rapport préliminaire de l Etude pédologique Page 23