Cours 4 : La gestion du risque inondation dans les bassins versants Méthodes, acteurs et pratiques Support de cours Ecole des Ponts 2012 Freddy VINET professeur de géographie Université de Montpellier
PPR
Comme pour les PPR arsenal réglementaire édifié et modifié au gré des événements : Loi 1858 «relative à l exécution des travaux destinés à mettre les villes à l abri des inondations» Loi 1935 Loi de 1982 sur l indemnisation des victimes de catastrophes naturelles Loi de 1987 sur l information sur les risques Loi de 1995 PPR Loi de 2003 renforçant le rôle des communes Directive Européenne oct. 2007
La directive européenne inondation (DI octobre 2007), transposée par la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l environnement (Lene, Grenelle 2) - trois étapes successives, renouvelées tous les six ans : une évaluation préliminaire des risques inondations (EPRI) fin 2011, qui permettra d identifier pour chaque type d inondation les territoires à risque important d inondation (TRI) pour ces TRI, une cartographie des surfaces inondables et des risques d inondation (intégrant les enjeux) fin 2013 ; pour ces TRI et à l échelle des grands bassins hydrographiques, des plans de gestion du risques inondation (PGRI) à établir d ici fin 2015 : Les cartes des zones inondables (2013) sont envisagées en fonction de trois scénarios : a) crue de faible probabilité ou scénarios d événements extrêmes; b) crue de probabilité moyenne (période de retour probable supérieure ou égale à cent ans); c) crue de forte probabilité, le cas échéant. les cartes : nombre d habitants exposés, types d activités économique, installation à risque ou polluantes
Gérer dans le cadre des bassins-versants : La réactivation des Etablissement publics territoriaux de bassin depuis 1992 Transfert des compétences liées à la gestion de l eau des communes vers les EPTB. La réappropriation du bassin-versant comme espace d action
La recomposition de la gestion des bassins versants dans l Aude après 1999
Le Smmar :
Rationalisation de la gestion des BV - moyens financiers - moyens humains et techniques : Techniciens attachés au CG 11 Et non aux synd. de communes
Quelle principes d action contre les inondations dans le cadre des BV? des méthodes complémentaires Structurelles, Réduction de vulnérabilité, information et éducation des méthodes «douces» : Fin des interventions structurelles «dures» des actions durables Financement et entretien (mémoire, alerte, ouvrages de protection) des actions cohérentes sur le BV Solidarité amont aval, solidarité rive gauche rive droite des actions choisies et assumées Recherche d une adhésion des élus et de la population Partage des responsabilités Incertitude assumée Solidarité financière assurée par une Clé de répartition (SMMAR fichier XLS) : potentiel fiscal 70 %, population 15 %, superficie BV 15 %
L émergence des structures de bassins versants Réactivés et réorientés après les inondations récentes Coût et lourdeur des aménagements : délégation de compétences communales Favorisés par l Etat dans le cadre des PAPI Action intégrée Solidarité de bassin versant l exemple du syndicat de bassin versant du Vidourle (SMIAMVVA)
L exemple du Syndicat mixte interdépartemental d aménagement et de mise en valeur du Vidourle et de ses affluents - Créé par arrêté préfectoral en juin 1989 d une volonté commune des CG34 et CG30 - Financé par Etat, Région, Agence de l eau RMC, communes, UE, Fédérations de pêche Gard et Hérault -Comité syndical : 6 délégués du CG Hérault, 6 délégués du Cg Gard, 12 délégués des communes adhérentes (54) -Les employés permanents : le directeur, des ingénieurs hydrauliciens, Une équipe verte. -Les objectifs initiaux (qualité des eaux, patrimoine, potentiel piscicole) ont été supplantés par la nécessité de lutter contre inondations - Financement : subventions = 80 à 100 % des projets
Les limites des méthodes structurelles Évaluation de l efficacité des mesures de réduction de l aléa (digues et barrages)
Impact politique des travaux de génie civil Campagne d affichage de la Région Languedoc-Roussillon
Publicité du conseil général du Gard 2007
Cliché : M. Bonavida Les limites des protections structurelles Rupture de digue à Cuxac-d Aude en 1999
les aménagements structurels ont montré leurs limites - Efficacité des ouvrages Efficacité hydraulique : diminution de la fréquence des crues Efficacité politique (aménagement «visible») et immédiate - Effets pervers Risque technologique Report de l écoulement à l aval pour les digues Consommation d espace Coût élevé de l investissement et l entretien Diminution de la conscience du risque Ruptures territoriales ETC ETC
Précautions : dimensions limitées et impacts paysager et hydraulique modérés Assurer la pérennité de l entretien Maîtriser l occ. du sol dans les zones «protégées» Associer la population aux décisions - Implication et information des populations Transparence en matière de prévention des risques Maintenir la conscience du risque même après des aménagements structurels Clarifier les compétences Implication de tous les acteurs et en particulier des structures de BV
Chenal de dérivation de Coursan (Aude) Source : BRL
Sens de l écoulement Lit Mineur COURSAN
Débit (m3/s) Le rôle des barrages 700.0 Ecrêtement de la crue du 9 septembre 2002 du Brestalou par le barrage de Goustourelles 600.0 Débit entrant Débit sortant 500.0 400.0 300.0 200.0 100.0 0.0 08/09/02 12:00 08/09/02 15:00 08/09/02 18:00 08/09/02 21:00 09/09/02 00:00 09/09/02 03:00 09/09/02 06:00 Date Heure Très peu de barrages uniquement anticrue - coût, oppositions locales, nuisances paysagères Seuls les bassins de rétention sont utilisés pour réduit l aléa à l amont des zones urbaines
La gestion structurelle des inondations en zone urbaine : - Ralentir les afflux d eau venant de l amont - Faciliter le transit dans l agglomération - Eviter la surinondation à l aval Souvent les bénéfices sont minimes
Les PAPI Programmes d action et de prévention des inondations
La démarche PAPI Objectifs : assurer la cohérence, l efficacité et la durabilité des programmes de Réduction du risque inondation dans les BV retenus. Contenu : - Diagnostic et stratégie - Programmation des actions - Gouvernance (cohérence avec autres actions en cours : SCOT, PPR ) - Les axes Axe 1 : l amélioration de la connaissance et de la conscience du risque Axe 2 : la surveillance, la prévision des crues et des inondations Axe 3 : l alerte et la gestion de crise (dont PCS) Axe 4 : la prise en compte du risque inondation dans l urbanisme (liens avec PPR) Axe 5 : les actions de réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens (obligatoires) Axe 6 : le ralentissement des écoulements Axe 7 : la gestion des ouvrages de protection hydrauliques
La validation des projets : - Pour les actions d investissement importantes (25 % du montant total du programme ou montant > 2 M ) ACB - gouvernance : crédibilité de la structure porteuse - Labellisation : comité de labellisation national ou de bassin subventions
Les papis : outils d apuration des interventions structurelles outils d innovation Axes Bassin du Vidourle (2003-2006) Bassin des Gardons Bassin du Tech (2005-2008) Bassin de l Orb (2003-2010) Bassin de la Touloubre (fin 2003- fin 2008) Bassin de l Aude (2006-2009) Total en Millions d Euros (et en %) Conduite de programme Information du public et conscience du risque Prévision et alerte 0,72 0,00 0,141 0,5 0,312 0,49 2,2 (1,1) 0,845 0,92 0,39 0,3 0,04 0,72 3,2 (1,7) 1,14 2,61 0,221 0,7 0,282 1,35 6,3 (3,2) Réduction de vulnérabilité 6,6 8,60 0,661 0,7 0,03 0,8 17,4 (8,9) Gestion des flux à l amont 9,97 16,95 2,29 5,9 11,22 41,43 87,8 (45) Protections collectives (dont digues) 10,57 9,80 10,456 11,9 0 35,21 78 (40) Total 29,85 39 14,16 20 11,88 80 195
Haut bassin Bv : 800 km2 Centré sur Sommières et Lunel Bassin compact Bassin moyen Basses plaines
Retarder l eau en amont des zones à enjeu : Le ralentissement dynamique - ralentir les ruissellements dans leur cheminement vers le cours d eau ; - atténuer l accélération des eaux dans les lits des cours d eau ; - si possible, dériver les écoulements vers les annexes fluviales (ox-bow ) ; - mobiliser temporairement les espaces de stockage pour laminer la crue... Polder d Erstein (Source : VNF) Un Polder : champ d expansion des crues du Rhin en Alsace : Le polder permettra, en moins de 15 heures, de stocker entre ses digues jusqu à 7,8 millions de m3 d eau afin d atténuer les crues les plus importantes et de protéger ainsi les populations riveraines situées en aval.
Mairie labastide rouairoux) Vieilles usines textiles dans le lit du Thoré (81)
Les projet du synd. Du Vidourle dans le Cadre du plan «Bachelot» : le volet «ralentissement dynamique» 56 petites retenues de 0,2 Mm3 et 11 grandes retenues de 1,5 Mm3 + 15 Mm3 en basse vallée Source : SMVA
Transposé dans les bassins versants méditerranéens Inefficacité Bassin du Vidourle : 6 bassins de rétention 13 millions d euros, 3 à 6 euros par m 3 retenu Exemple de bassin de rétention à Nîmes
Approche évaluative des bassins de rétention Inconvénients avantages La mise en place de l ouvrage La gestion de l ouvrage Les effets pervers possibles hydrauliques.. biologiques et. géomorphologiques humains. Coût élevé des études et travaux Acquisitions foncières ou servitudes d inondations Rareté des sites Accessibilité Préjudice esthétique Coût de l entretien Coût de restauration en cas de crue (embâcle..) risque de rupture Possibilité de dysfonctionnement (crue à deux pointes ) Gain en terme de hauteur d eau à l aval + Gain en terme de retard de l onde de crue (temps d alerte ) + Gain en terme de filtrage (embâcle ) = Traduction de ces gains hydrauliques en gains socio-économiques Perturbation des flux solides Modification des milieux Diminution de la conscience du risque (sentiment de sécurité) Risque d augmentation des enjeux à l aval
L entretien des cours d eau Gestion de la ripisylve - Objectif : éviter les embâcles, participer au ralentissement dynamique aspects paysagers indirectement liés à la ripisylve
Vallée de l Aude (11) DDA11
La gestion des engravements : - Les effets des engravements : obstacles à l écoulement, favorisent la surinondation Favorisent la végétation -Les contraintes de leur gestion coût Le transport de matériaux coûte 4,5 euros le m3 pour 5 km pb accès à la rivière Cohérence des actions sur le lit mineur Effet pervers (déchaussement ouvrages) Peu d effet sur les crues majeures Ne pratiquer que lorsque nécessaire (enjeu fort, dysfonctionnement manifeste de l hydrosytème)
Engravements à Sommières (L. Boissier)
Le recalibrage des cours d eau (Durban-Corbières, 11) Risberme Aménagement de la Berre dans la traversée de Durban-Corbières en nov. 2004 Enrochement, protection rapprochée Lit mineur artificiel avec brise courant Le même endroit après les crues de nov. 2005
La transparence hydraulique
Conscientisation des populations Plus qu une mesure de prévention en soit, l information des riverains et des autorités Concernées par le risque crée les conditions nécessaires au succès des mesures de prévention : - campagne d information - entretien de la mémoire du risque - information institutionnelle - IAL : information acquéreur locataire obligatoire depuis 2005 - DICRIM dossier communal d information sur les risques majeurs - sensibilisation des scolaires Les plans communaux de sauvegarde = outil majeur de la gestion de crise au niveau local
Repère de crue à Couture (Garonne, dpt 82)
Conclusion : - Diversifier les méthodes - Adapter la méthode au type de crue, à leur fréquence et aux enjeux - Raisonner en termes de coût/avantages aux sens larges des termes - Importance du politique dans la prise de décision
Digue du bas vidourle (à risberme)