National report Algeria September 2012. Prepared by



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Transcription:

Assessment of Risk and Uncertainty Related to Coastal Aquifer Management in Algeria National report Algeria September 2012 Prepared by A. HAOUCHINE Laboratory of Geo-Environment and Water Resources -Faculty of Earth Sciences - University of Sciences and Technology Houari Boumediene USTHB Alger / Algérie

Table des matières 1 ère Partie: Description... 1 1.1. Présentation générale... 1 1.2. Identification et caractérisation des aquifères côtiers... 4 1.3. Utilisation des eaux souterraines côtières:... 8 1.4. Pressions, Sollicitations et vulnérabilité des aquifères... 9 1.4.1. Population... 9 1.4.2. Agriculture... 9 1.4.3. Tourisme et industrie... 10 1.4.4. Changement climatique... 11 2 ème partie: Evaluation des risques... 12 2.1. Surexploitation, intrusion marine... 12 2.2. Confrontations besoins-ressources, tendances... 14 2.3. Stratégie nationale... 15 2.3.1. Dessalement de l'eau de mer... 16 2.3.2. Réutilisation des eaux usées... 17 3 ème partie: Recommandations... 18 3.1. scientifiques:... 18 3.2. de gestion:... 18 3.3. De politique:... 18 4 ème partie: cas étudiés... 19 4.1. La plaine de la Mitidja... 19 4.2. La plaine d Annaba... 21 4.3. La plaine alluviale de l oued Kebir et le massif du Guerbes... 23 4.4. Le plateau de Mostaganem... 24 4.5. La plaine de l oued Nador... 25 4.6. Exemple de modélisation d'une intrusion marine: la plaine de la mitidja - est... 26 Références bibliographiques... 30

Table des figures Figure 1 Carte des bassins versants côtiers de l'algérie du Nord (extrait du MNT Algérie, Source : http://www.gdem.aster.ersdac.or.jp/download.jsp)... 1 Figure 2 Principaux domaines structuraux de l Algérie du Nord (in http://www.anpm.gov.dz)... 2 Figure 3 Carte bioclimatique de l Algérie du Nord (ANAT, 2004)... 3 Figure 4 Extrait de la carte des précipitations moyennes annuelles de l'algérie (ANRH, 2008)... 3 Figure 5 Carte de localisation et dénomination des aquifères côtiers en Algérie (Source: ANRH, 2010)... 5 Figure 6 Carte de répartition de la densité de population en Algérie du Nord. (Etablie d'après le RGPH 2008, source: ONS)... 9 Figure 7 Carte d'occupation du sol de l'algérie (INSID, 2011)... 10 Figure 8 Carte de répartition des unités industrielles en Algérie (Kacemi, 2008)... 10 Figure 9 Evolution de la température moyenne annuelle station d'oran... 11 Figure 10 Evolution de la pluviométrie moyenne annuelle station d'oran... 11 Figure 11 Evolution de la profondeur de la nappe de la Mitidja PZn 1 Hamiz/21 (Moustiri, 2011)... 12 Figure 12 localisation des différentes études de l'intrusion marine en Algérie... 13 Figure 13 Carte de répartition des stations de dessalement... 17 Figure 14 La Station d'épuration d'oran en cours de réalisation... 17 Figure 15 Carte géologique simplifiée de la plaine de la Mitidja (PNE, 2010)... 19 Figure 16 Carte géologique simplifiée des différentes nappes de la région de Annaba (PNE, 2010)... 21 Figure 17 Extrait de la carte hydrogéologique de la région de Mostaganem (Source: ANRH, 1978)... 24 Figure 18 Carte géologique simplifiée de la plaine de Oued Nador (PNE, 2010)... 25 Figure 19 Calage piézométrie Figure 20 Piézométrie mesurée... 26 Figure 21 Calcul de la piézométrie et de la concentration en sels actuelles... 26 Figure 22 résultats de la simulation scénario 1 - Toit de l'aquifère... 27 Figure 23 résultats de la simulation scénario 1 - Mur de l'aquifère... 27 Figure 24 Résultats de la simulation scénario 2 - Toit de l'aquifère... 28 Figure 25 Résultats de la simulation scénario 2 - Mur de l'aquifère... 28 Figure 26 Résultats de la simulation scénario 3 - Toit de l'aquifère... 29 Figure 27 résultats de la simulation scénario 3 - Mur de l'aquifère... 29

Table des tableaux Table 1 Bassins versants et Principaux cours d'eau de l'algérie du nord... 2 Table 2 Quelques caractéristiques des nappes côtières... 6 Table 3 Caractéristiques de certains aquifères côtiers (Djabri & al, 2003)... 8 Table 4 Les unités de dessalement d'eau de mer de grandes capacités (PNE, 2010)... 16 Table 5 Les petites unités de dessalement d'eau de mer de type monobloc (PNE, 2010)... 16

1 ÈRE PARTIE: DESCRIPTION 1.1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE Avec une superficie de plus de 300 000 Km², l'algérie du Nord se situe entre -2.23 et +8.67 en latitude et 32.74 et 37.12 en longitude. Elle est limitée au Nord par la Mer Méditerranée, à l'est par la Tunisie, à l'ouest par le Maroc et au Sud par l'atlas saharien algérien (fig.1). Au-delà de l'atlas saharien, l'algérie s'enfonce sur plus de 2400km dans le continent africain, au cœur du Sahara. Sur le plan hydrographique, cette zone se décompose en dix-sept (17) grands bassins versants hydrologiques dont quinze présentent un exutoire vers la Mer Méditerranée et déterminent ainsi un linéaire côtier de 1622 Km. Figure 1 Carte des bassins versants côtiers de l'algérie du Nord (extrait du MNT Algérie, Source : http://www.gdem.aster.ersdac.or.jp/download.jsp) D'une manière générale, le réseau hydrographique est assez dense, conséquence d'une lithologie à forte fraction argileuse des terrains constituants les bassins versants (ANRH, 1993). Les cours d eau naissent sur les sommets des montagnes du Tell. Tout en étant parallèles, ces cours d eau descendent des flancs nord pour se jeter dans la mer en traversant les plaines alluviales. Ces plaines côtières (sièges des principaux aquifères alluvionnaires) se succèdent d Ouest en Est, en unités isolées les unes des autres par les massifs maritimes. Elles sont dues, principalement, à des affaissements et remplies d importants dépôts alluviaux, arrosées à la fois par les précipitations et par les rivières qui les traversent. Elles correspondent aux débouchés de ces cours d eau qui présentent un apport moyen annuel de 10.6 x10 9 m 3 /an. (MRE, 2010). 1

Le tableau qui suit récapitule les principales caractéristiques des bassins versants côtiers de l'algérie. Table 1 Bassins versants et Principaux cours d'eau de l'algérie du nord N Bassins versants Surface Km² Apport(Hm 3 /an) Période moyenne Principaux oueds Côtiers Oranais Ouest Oued El Malah 04 Côtiers Oranais Centre 5 831 50 la grande Sebkha d'oran Côtiers Oranais Est 16 Tafna 7 245 335 Oued Tafna 11 Macta 14 389 - Oueds El Hammam et Mekerra 01 Chéliff 43750 1540 Oued Chlef 02 Côtiers Algérois Ouest Oueds El Hachem, Nador, Mazafran, et El Harrach 11972 2850 Côtiers Algérois Est Oued Sebaou 09 Isser 4149 520 Oued Isser 15 Soummam 9125 700 Oued Soummam Côtiers Constantinois Ouest Oueds Agrioun, Djendjen et Nil 03 Côtiers Constantinois Centre 11 566 3 250 Oueds Guebli et Safsaf Côtiers Constantinois Est Oueds Mafragh et Bounamoussa 10 Kébir Rhumel 8 815 910 Oued El Kebir 14 Seybouse 6 475 450 OuedSeybouse Total apports (Hm 3 /an) 10605 Sur le plan géomorphologique et climatique, trois ensembles fortement contrastés se distinguent sur l'ensemble de l'algérie (figs. 2, 3): (a). Le Tell au Nord représente 4% uniquement de la surface totale du territoire. Il jouit d un climat méditerranéen avec des précipitations qui présentent une irrégularité interannuelle et une répartition spatiale inégale de l ouest à l est. (b). Les hauts plateaux et l Atlas saharien qui occupent 9% de la surface totale sont caractérisés par un climat semi- aride à aride (c). Le Sahara au sud, domaine désertique aride, couvre 87% du territoire. Figure 2 Principaux domaines structuraux de l Algérie du Nord (in http://www.anpm.gov.dz) 2

Figure 3 Carte bioclimatique de l Algérie du Nord (ANAT, 2004) Le climat de l Algérie, connu pour sa grande diversité spatiale et sa grande variabilité interannuelle, se distingue par (fig.4): Figure 4 Extrait de la carte des précipitations moyennes annuelles de l'algérie (ANRH, 2008) (a). une variabilité spatiale et temporelle marquée: S il pleut uniquement 400 mm en moyenne dans la région Ouest, cette moyenne peut dépasser les 1200 mm à l Est et atteindre, certaines années, les 2000 mm sur les reliefs élevés. (b). une pluviométrie qui décroît rapidement vers le Sud: A la lisière du Sahara, la moyenne devient inférieure à 100 mm (c). une concentration des précipitations en un nombre réduit de mois durant l année (de décembre à avril). Cette variété physiographique et climatique explique, en partie, la fragilité de la ressource hydrique sur l ensemble du territoire. 3

1.2. IDENTIFICATION ET CARACTÉRISATION DES AQUIFÈRES CÔTIERS L Agence Nationale des Ressources Hydriques (ANRH) a procédé durant l'année 2009 à l établissement de la carte des ressources en eau souterraine du Nord de l Algérie, cette carte constitue le document le plus récent en matière d évaluation des ressources en eau. A cet effet, un inventaire systématique de toutes les nappes aquifères a été effectué. Ainsi, 177 aquifères ont été cartographiés avec des ressources exploitables globales de 2724 Hm 3 /an en année moyenne et de 762 Hm 3 /an en année sèche. Les valeurs qui correspondent à une probabilité d occurrence de 50% sont définies comme les valeurs «d une année moyenne», tandis que les valeurs qui correspondent à une probabilité d occurrence de 90% sont définies comme les valeurs «d une année sèche» et celles qui correspondent à une probabilité d occurrence de 10% comme les valeurs «d une année pluvieuse». Au sens strictement théorique, les vraies années sèches sont celles pendant lesquelles les valeurs, sont inférieures à celles dont la probabilité d occurrence est de 90%. Concernant les aquifères littoraux, l exploitation de cette carte nous a permis de recenser 59 aquifères sur le littoral (fig.5), permettant une ressource exploitable globale de 914.5 Hm 3 /an en année moyenne. Leur importance et disposition sont très variables. Cette importance reste conditionnée par la nature lithologique des formations qui les constituent. Ce sont en général des nappes alluviales de type 3 et type 5 selon la classification adoptée par l ANRH ; à dominante sableuse, argilo sableuse et argilo graveleuse. Dans la plupart des cas, elles sont en relation avec un cours d eau qui les traverse ; la fonction alimentation ou drainage est très variable d un aquifère à l autre. Les nappes de type 3 correspondent aux nappes alluviales étroites situées le long des cours d eau importants, et en liaison hydraulique avec eux. Les débits des ouvrages sont élevés, et les réserves régulatrices faibles. (Isser, Sebaou, Cheliff). Les nappes de type 5 sont celles situées dans les remplissages alluviaux des grandes plaines de subsidence (exemple : la plaine de la Mitidja, la plaine d Annaba, la plaine de l Oued El Kebir). Ce sont les aquifères les plus importants, constitués par un remplissage sableux et graveleux, avec des épaisseurs de plus de 200 m. Ils sont localisés dans les zones telliennes à forte précipitation, et sont en relation hydraulique avec les oueds. Le pouvoir régulateur de ces aquifères est très élevé et les réserves importantes. L'Ouest algérien, représenté par les bassins versants des côtiers oranais (BV n 4), comprend 17 aquifères avec un potentiel de 102.87 Hm 3 /an. La partie Centrale de l'algérie, délimitée par les bassins versants des côtiers algérois (BV n 2) est composée de 26 aquifères et un potentiel exploitable de 398.25 Hm 3 /an. Enfin, la partie Est, circonscrite dans les bassins versants des côtiers constantinois, est formée de 16 aquifères et présente un potentiel exploitable de 413.38 Hm 3 /an. 4

450000 410000 370000 330000 290000 50000 100000 150000 200000 250000 300000 350000 400000 450000 500000 550000 600000 650000 700000 750000 800000 850000 900000 950000 1000000 1050000 PLAINE COTIERE ORANAISE M E R PLATEAU DES HASSIS 450000 PLAINE ALLUVIALE DE LA MITIDJA PLAINE DE COLLO PLAINE DE L'OUED KEBIR BOUTELDJA MASSIF DUNAIRE OUED ZHOR PLAINE D AZZABA OUED MAZAFRAN OUED DJENJEN PLAINE D'ANNABA PLAINE D EL KALA OUED NADOR VALLEE DU BAS SEBAOU CALCAIRES DE BEJAIA OUED NIL SKIKDA ANNABA CALCAIRES DE TOUDJA OUED HACHEM OUED AGRIOUN JIJEL 410000 OUED BELLAH ALGER BEJAIA OUED DAMOUS BASSE SOUMMAM OUED TENES OUED RAS OUED HARBIL TIPAZA TIZI OUZOU OUED EL KEBIR OUEST PLAINE D'EL TARF TENES OUED DJEMAA 370000 OUED KRAMIS VALLEE DU HAUT SEBAOU PLAINE DE L OUED SAF SAF OUED CHELLIF AVAL BLIDA CALCAIRES DES BABORS OUED SEYBOUSE AVAL PLATEAU DE MOSTAGANEM CONSTANTINE SOUK-AHRAS 330000 HAUTE ET MOYENNE SOUMMAM SETIF MONTS D ARZEW PLATEAU DE ACHAACHA 290000 ORAN M E D I T E R R A N E E MOSTAGANEM CHLEF 250000 MASSIF DUNAIRE DE TERGA REGION DE OULHACA PLATEAU D ORAN PLATEAU DE SIDI SAFI PLAINE DE HABRA SIG TIARET BATNA TEBESSA 250000 210000 210000 170000 130000 90000 TLEMCEN VALLEE DE LA TAFNA VALLEE DE L OUED GHAZOUANAH MONTS DES TRARAS VALLEE DE L OUED KISS 0 50 100Kilomètres SAIDA AQUIFERES_COTIERS ALLUVIONS DE L OUED EL KEBIR CALCAIRES DE BEJAIA CALCAIRES DE TOUDJA CALCAIRES DES BABORS DUNAIRE DE TICHY ET CAP AOKAS DUNES DU SAHEL FLANC SUD DU MURDJADJO MASSIF DUNAIRE DE BOUTELDJA MONTS DES TRARAS MONTS D ARZEW OUED DJENJEN OUED HACHEM OUED NIL OUED AGRIOUN OUED ARARA OUED BELLAH OUED BOUDOUAOU OUED CHELLIF AVAL OUED CORSO OUED DAMOUS OUED DJEMAA OUED ESEBT OUED GUEBLI OUED HARBIL OUED KRAMIS OUED MAZAFRAN OUED MENCHA OUED MESSELMOUN OUED NADOR OUED RAS DJELFA OUED SEYBOUSE AVAL OUED TENES OUED ZHOR OUED ZITOUN PLAINE ALLUVIALE DE LA BASSE SOUMMAM PLAINE ALLUVIALE DE LA HAUTE ET MOYENNE SOUMMAM PLAINE ALLUVIALE DE LA MITIDJA PLAINE COTIERE ORANAISE PLAINE D'ANNABA PLAINE D'EL TARF BISKRA PLAINE DE COLLO PLAINE DE HABRA SIG PLAINE DE L'OUED KEBIR PLAINE DE L OUED SAF SAF PLAINE D AZZABA PLAINE D EL KALA ET MASSIF DUNAIRE PLATEAU DE ACHAACHA PLATEAU DE MOSTAGANEM PLATEAU DE SIDI SAFI PLATEAU DES HASSIS PLATEAU D ORAN MASSIF DUNAIRE DE TERGA REGION DE OULHACA SYSTÈME AQUIFERE DE BOUTELDJA VALLEE DE LA TAFNA VALLEE DE L OUED GHAZOUANAH VALLEE DE L OUED KISS VALLEE DU BAS ISSER VALLEE DU BAS SEBAOU VALLEE DU HAUT SEBAOU 170000 130000 90000 50000 100000 150000 200000 250000 300000 350000 400000 450000 500000 550000 600000 650000 700000 750000 800000 850000 900000 950000 1000000 1050000 Figure 5 Carte de localisation et dénomination des aquifères côtiers en Algérie (Source: ANRH, 2010) 5

Table 2 Quelques caractéristiques des nappes côtières Nom de l'unité hydrogéologique Superficie (km²) PLAINE ALLUVIALE DE LA MITIDJA 1492 Sédimentaire / Alluvial Type Fonctionnement Partie Est Libre / Partie Ouest captive Potentiel (Année Moyenne) Hm 3 /an 307.15 PLAINE ALLUVIALE HAUTE ET MOYENNE SOUMMAM 206 Alluvial Libre 68.60 PLAINE D'ANNABA 757 Alluvial / Sédimentaire Aquifère multi-couches 61.20 PLATEAU DE MOSTAGANEM 700 Sédimentaire Libre et semi captive 50.40 MASSIF DUNAIRE DE BOUTELDJA 255 Alluvial Libre 50.80 PLAINE ALLUVIALE DE LA BASSE SOUMMAM 92 Alluvial Aquifère bi-couches 39.00 PLAINE DE L'OUED EL KEBIR 61 Alluvial / Fissuré Aquifère multi-couches 32.50 VALLEE DU BAS SEBAOU 73 Terrasses Alluviales Libre 30.12 VALLEE DU HAUT SEBAOU 65 Alluvial Libre 26.12 OUED NIL 23 Alluvial Captive à semi captive 19.80 PLAINE ALLUVIALE DU BAS CHELLIF 824 Alluvial Libre 17.28 DUNAIRE DE TICHY ET CAP AOKAS 7 Alluvial Libre 16.40 VALLEE DU BAS ISSER 74 Terrasses Alluviales Aquifère bi-couches 14.49 FLANC SUD DU MURDJADJO 302 Karstique/Alluvial Libre 14.20 MONTS DES TRARAS 545 Fissuré / Alluvions Aquifères multi-couches 13.74 DUNES DU SAHEL 157 Alluvial Libre 11.41 VALLEE DU KEBIR /GUERBES 321 Alluvial Libre 11.08 OUED DJENJEN 49 Alluvial Libre 11.00 OUED AGRIOUN 20 Alluvial Libre 11.00 PLAINE D'EL TARF 110 Alluvial Aquifère bi-couches 10.59 PLAINE D'EL KALA ET MASSIF DUNAIRE 52 Alluvial Libre et semi captive 8.86 PLAINE DE L'OUED SAF SAF 100 Alluvial Libre 8.52 OUED SEYBOUSE AVAL 74 Alluvial Libre et semi captive 5.53 PLATEAU DE AIN TEMOUCHENT 245 Karstique/ volcano-sédimentaire Aquifère bi-couches 4.25 PLATEAU DES HASSIS 546 Alluvial / Fissuré Aquifère bi-couches 3.87 OUED DJEMAA 5 Alluvial Libre 3.30 PLAINE DE COLLO 37 Alluvial Libre 3.00 REGION DE OULHACA 75 Alluvial et fissuré Aquifère multi-couches 2.87 6

(Suite) Nom de l'unité hydrogéologique Superficie Potentiel (Année Moyenne) Type Fonctionnement (km²) Hm 3 /an PLATEAU DE ACHAACHA 277 Sédimentaire semi captive 2.76 MASIF DUNAIRE DE TERGA 185 Alluvial Libre 2.62 OUED ZITOUN 3 Alluvial Libre 2.40 OUED HACHEM 23 Alluvial Libre 1.85 OUED GUEBLI Altérites Libre 1.85 PLATEAU DE SIDI SAFI 146 Karstique et fissuré Libre 1.78 VALLEE DE LA TAFNA 78 Terrasses Alluviales Semi captive 1.71 CALCAIRES DE TOUDJA 13 Karstique Libre 1.45 OUED BOUDOUAOU 12 Alluvial Libre 1.43 OUED RAS 2 Alluvial Libre 1.43 OUED TENES 38 Alluvial Libre 1.27 VALLEE DE L'OUED GHAZOUANAH 51 Alluvial Libre 1.23 OUED MENCHA 131 Alluvial Captive 1.20 OUED ZHOR 160 Alluvial Libre 1.10 VALLEE DE L'OUED KISS 156 Alluvial Libre 1.05 CALCAIRES DE BEJAIA 13 Fissuré / Karstique Libre 0.92 OUED NADOR 10 Alluvial Captive 0.76 OUED CORSO 4 Alluvial Libre 0.42 OUED ARARA 5 Alluvial Libre 0.37 OUED DAMOUS 6 Alluvial Libre 0.35 OUED MAZAFRAN 6 Alluvions Mitidja Libre 0.28 PLAINE COTIERE ORANAISE 22 Alluvial / Eboulis de pente Aquifère bi-couches 0.27 OUED MESSELMOUN 5 Alluvial Libre 0.26 OUED HARBIL 3 Alluvial Libre 0.23 OUED ESEBT 3 Alluvial Libre 0.17 MONTS D'ARZEW 51 Fissuré / Altérites Libre 0.15 OUED BELLAH 2 Alluvial Libre 0.14 OUED KRAMIS 13 Alluvial Libre 0.14 7

En complément du tableau précédant, Le tableau suivant récapitule quelques caractéristiques de certains aquifères côtiers de l Algérie. Table 3 Caractéristiques de certains aquifères côtiers (Djabri & al, 2003) Aquifères Oran Mostaganem Tipaza Alger Béjaïa Jijel Skikda Annaba Bouteldja Types de nappe NL+NC* NL* NL+NC NL+NC NL+NC NL+NC NL+NC NL+NC NL Perméabilités moyennes (m/s) 10-4 10-5 10-4 10-4 10-5 10-4 10-4 10-4 - 10-6 4.10-4 Profondeurs (m) 5 à 80 80 10 à 65 5 à 50 10 à 130 10 à 100 5 à 120 5 à 100 120 Epaisseurs moyennes. (m) 15-30 30 5 10 3-30 15-30 20-70 20-60 15-80 10-150 Nombre d'ouvraqes 13 30 30 202 56 75 118 87 81 Débit global extrait (L/s) 230 350 400 1000 1287 1721 1560 1311 1264 Partie Ouest Partie Est *NL= nappe libre, *NC= nappe captive Les chiffres portés sur ce tableau ne donnent qu un aperçu très exhaustif de l état des sollicitations des nappes. Nous notons néanmoins que ces formations alluviales sont plus importantes à l Est qu à l Ouest. Nous remarquons aussi que les débits extraits dans la zone Est sont nettement supérieurs à ceux de la zone Ouest. Cette situation est encore exacerbée par la variation des précipitations entre les deux zones. Par conséquent, les contraintes se feront sentir plus à l Ouest qu à l Est. 1.3. UTILISATION DES EAUX SOUTERRAINES CÔTIERES: Nous ne disposons pas d'un quantitatif très précis concernant l'utilisation des eaux par secteur; néanmoins, les besoins actuels de la zone côtière s'expriment comme suit: Type de besoins Besoins Besoins (Hm 3 /an) en % Agriculture GPI 310 PMH 500 51.56 Industrie 63 4.01 A.E.P 698 44.43 Total besoins 1571 GPI: Grands périmètres irriguées PMH: Petite et moyenne hydraulique Ainsi, avec un volume régularisable des eaux superficielles de 445 Hm 3 /an (MRE, 2008) et une ressource souterraine de 914 Hm 3 /an (en année moyenne), la ressource mobilisable totale serait de1359hm 3 /an; soit un déficit de -212 Hm 3 /an. 8

1.4. PRESSIONS, SOLLICITATIONS ET VULNERABILITE DES AQUIFERES La zone littorale est un milieu très sensible. Elle est soumise à diverses pressions anthropiques (croissance urbaine, agriculture intensive, développement industriel et tourisme) et à divers phénomènes naturels (changement climatique) provoquant de fortes dégradations. La fragilité naturelle du milieu défavorise les zones littorales qui restent très vulnérables devant les risques naturels (inondations, érosion), et les actions anthropiques (eaux usées, extraction de sable, engrais, pesticides, etc ). Dans l'ensemble, les aquifères côtiers sont fortement sollicités par des usages concurrentiels: 1.4.1. POPULATION Avec une population de 34,1 millions d habitants (RGPH 2008), 63 % des Algériens vivent dans le Nord, soit 4 % du territoire national ; 28 % sur les Hauts-Plateaux soit sur 9 % du territoire ; alors que le Sud, c'est-à-dire 87 % du territoire n accueillent que 9 % de la population (fig.6). Densite_Population (RGPH,2008) 270-3 700 150-270 90-150 20-90 Figure 6 Carte de répartition de la densité de population en Algérie du Nord. (Etablie d'après le RGPH 2008, source: ONS) Sur le littoral, la densité est donc de 281 Hab/km 2 contre 12 Hab/km 2 au niveau national. Cette concentration de la population et des activités sur la frange littorale conduit donc à de fortes tensions dans l usage de la ressource hydrique. En outre, La population rejette plus de 8 684 tonnes de déchets solides urbains, évacués vers 380 décharges sauvages implantées sur la bande littorale. 1.4.2. AGRICULTURE Même si elle ne représente que 3.54% de la surface totale du territoire national, la majeure partie de la surface agricole utile se concentre essentiellement sur le littoral où les conditions climatiques y sont plus favorables et le sol de bonne qualité (fig.7). L augmentation démographique généralisée en zone littorale s accompagne du développement des activités agricoles intensives, ce qui entraîne à coup sûr une surexploitation des nappes côtières. 9

Figure 7 Carte d'occupation du sol de l'algérie (INSID, 2011) De plus, l urbanisation anarchique sur les terres à vocation agricole participe fortement à l imperméabilisation des sols ce qui entraine une réduction drastique de la recharge des nappes par infiltration des précipitations qui constituent dans la plupart des cas le mode d alimentation essentiel. 1.4.3. TOURISME ET INDUSTRIE Outre la forte concentration de la population permanente, le littoral algérien constitue la destination privilégiée d une population supplémentaire d estivants. Nous ne disposons pas actuellement de chiffres précis pour toute la côte, mais, pour la wilaya côtière de Tipaza, ce nombre a été estimé à 17 millions pour l'année 2011, et la corniche oranaise a affiché à elle seule le nombre 9 millions en 2005 (Kacemi, 2008). Le littoral en Algérie est par ailleurs, caractérisé par une concentration des activités industrielles (fig.8). Ainsi pas moins de 5 242 unités industrielles y sont implantées soit 51% du parc national (MATE, 2000 ; in Kacemi, 2008). Figure 8 Carte de répartition des unités industrielles en Algérie (Kacemi, 2008) 10

1.4.4. CHANGEMENT CLIMATIQUE Dans une communication présentée lors du séminaire régional sur les changements climatiques en méditerranée (oct.2008), O. Bessaoud montre que, dans le cas de l ouest algérien : Les températures ont augmenté de 1 à 2 C sur la période allant de 1926 à 2006 (fig.9), soit le double de la hausse moyenne planétaire (0.74 C) et que pour la même période, la quantité moyenne annuelle des précipitations a chuté de 15% (fig.10). En outre, il est fait mention que dans les zones côtières une élévation du niveau de la mer est constatée. Ceci entrainera à coup sûr une forte pression sur la ressource en eau et un grand risque de contamination des nappes côtières. Figure 9 Evolution de la température moyenne annuelle station d'oran Figure 10 Evolution de la pluviométrie moyenne annuelle station d'oran L Algérie a connu durant les 25 dernières années, une période de sécheresse intense et persistante, caractérisée par un déficit pluviométrique important, évalué à près de 30%, sur l ensemble du pays (MRE, 2006) 11

2 EME PARTIE: EVALUATION DES RISQUES 2.1. SUREXPLOITATION, INTRUSION MARINE L'inégale répartition de la ressource en eau autour de la Méditerranée, sa rareté relative ainsi que sa fragilité créent un risque majeur de pénurie qui augmente continuellement face à l'accroissement démographique et aux besoins sans cesse croissants du développement socio-économique. Ce constat général prend toute son importance en Algérie, pays considéré en situation de "pénurie hydrique" avec un ratio de 530 m 3 /hab/an (situation de 2010), bien inférieur au seuil de rareté de 1000m 3 /hab/an fixé par la Banque mondiale. Les ressources souterraines sont le plus souvent exploitées au-delà de leur disponibilité entraînant alors des rabattements considérables. En outre, leur taux de renouvellement étant tributaire des conditions climatiques, elles sont par conséquent très sensibles aux changements climatiques. En effet, la diminution drastique des précipitations suite à la sécheresse qui sévit depuis le début des années 70 conjuguée à une utilisation intensive, a entraîné une nette diminution des réserves d eau souterraine des principales nappes aquifères du nord du pays. Dans beaucoup de plaines, le niveau des nappes a déjà chuté dans des proportions alarmantes (> 20 m dans la plaine de la Mitidja. (Fig.11)) Figure 11 Evolution de la profondeur de la nappe de la Mitidja PZn 1 Hamiz/21 (Moustiri, 2011) Aux risques d épuisement et de dégradation qualitative de la ressource, se superpose le risque d intrusion marine. Les aquifères côtiers algériens avec leur système exoréique et leur différentes caractéristiques hydrogéologiques (faible épaisseur des nappes, conductivités hydrauliques relativement élevées, nappes libres majoritairement, faibles distances par rapport à la côte, etc.), constituent des aquifères très vulnérables au phénomène d'invasion des eaux marines. Les pompages excessifs au cours de ces dernières années ont provoqué un abaissement significatif des niveaux des nappes, en induisant dans certains secteurs une invasion des eaux salées à l intérieur des terres et en inversant, dans certains cas extrêmes, le gradient d écoulement souterrain. Il en est ainsi des plus importantes nappes côtières de la Mitidja, d Oran, de Terga et d Annaba. Une fois envahis par l'eau salée, les aquifères sont alors très difficiles à dépolluer, et deviennent impropres pour toute utilisation; l'exemple de l'aquifère de la plaine de Oued Nador est édifiant à plus d'un titre. Hormis quelques études réalisées dans un cadre universitaire (fig.12), très peu de travaux ont été entrepris sur le problème de l intrusion marine en Algérie. Ces différentes études ont permis de mettre en évidence l importance de l extension de l intrusion marine dans ces aquifères et de proposer, dans certains cas, des scénarios d évolution. 12

Figure 12 localisation des différentes études de l'intrusion marine en Algérie 13

2.2. CONFRONTATIONS BESOINS-RESSOURCES, TENDANCES Les tableaux qui suivent (MRE, 2006) montrent, pour les zones côtières, un scénario élaboré en fonction d une persistance ou d une périodicité importante de la sécheresse des trois dernières années, avec réduction de 50% des apports superficiels et prise en compte des potentialités en eau souterraine pour les années sèches. Ressources Type de ressources Situation 2006 Horizon 2020 Capacité de stockage (hm 3 ) 1 371 3 000 Volume régularisable (hm 3 /an) 445 1 169 Ressources souterraines (hm 3 /an) 670 670 Total ressources (hm 3 /an) 1 115 1 839 Besoins Type de besoins Besoins 2006 (hm 3 /an) Besoins 2020 (hm 3 /an) Agriculture G.P.I. 310/ (47 800 ha) 1 055/ (162 300 ha) P.M.H. 500/ (150 000 ha) 500/ (150 000 ha) A.E.P. 698 1 050 Industrie 63 120 Total besoins 1 571 2 725 Confrontation besoins-ressources Horizons Ressources (hm 3 /an) Besoins (hm 3 /an) Bilan Observations. Situation 2006 1 115 1 571-456 Déficit Horizon 2020 1 839 2 725-886 Déficit D'après cette analyse, nous constatons que les déficits importants observés sur la zone côtière vont se creuser davantage à l'horizon 2020, malgré l'effort de construction de barrages programmés (46 barrages en projet). D'où la nécessité de: Recourir aux ressources non conventionnelles; Privilégier l'aep en zone côtière, notamment à l'ouest, par le dessalement d'eau de mer; Veiller à réutiliser systématiquement les eaux usées épurées; Imposer des plans de culture et des procédés d'irrigation basés sur l'économie de l'eau. 14

2.3. STRATEGIE NATIONALE Le Ministère des Ressources en Eau (MRE) qui représente l'institution compétente pour l'ensemble des activités liées à "la recherche, l'exploitation, la production, le stockage, la distribution de l'eau potable et industrielle, à l assainissement et l épuration des eaux usées pour tous les usagers domestiques, agricoles et industriels" a opté pour une stratégie de l'eau qui consiste en des programmes quinquennaux visant à réaliser les objectifs de la politique nationale de l eau. Cette politique de développement vise quatre objectifs stratégiques: Accroître et sécuriser la mobilisation des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelle; Garantir l'accès à l'eau et améliorer la qualité des services; Assurer l'accès à l'assainissement et protéger les écosystèmes hydriques Soutenir la stratégie de sécurité alimentaire avec l'extension des zones irriguées. En effet, il est clairement noté que le plan d'action contenu dans le Schéma Directeur des Ressources en Eau vise pour les vingt ans à venir : La couverture des besoins en eau potable, industrielle et agricole dans le scénario d'une année hydrologique moyenne. La couverture des besoins en eau potable et industrielle ainsi que 60% des besoins en irrigation dans le cas d une année sèche. Dans le cas d'un scénario saison humide, il y aura une amélioration de la dotation journalière par habitant qui atteindra 180 l/j/hab. Ces priorités nationales sont encadrées essentiellement par les loi et textes règlementaires suivants: Loi n 05-12 du 4 août 2005 relative à l eau. Loi n 10-02 du 29 juin 2010 portant approbation du Schéma National d'aménagement du Territoire. Loi n 83-17 du 16 juillet 1983 portant code des eaux. Ordonnance n 96-13 du 15 juin 1996 modifiant et complétant la loi n 83-17 du 16 juillet 1983 portant code des eaux. Loi n 83-03 du 05 février 1983 relative à la protection de l environnement Décret exécutif n 05-375 du 26 septembre 2005 portant création de l'agence nationale des changements climatiques, fixant ses missions et définissant les modalités de son organisation et de son fonctionnement. Décret exécutif n 93-160 du 10 Juillet 1993 réglementant les rejets d'effluents liquides industriels (J.O n 46/93) Décret exécutif n 93-163 du 10 Juillet 1993 portant institution d'un inventaire du degré de pollution des eaux superficielles (J.O n 46/93) Décret exécutif n 97-253 du 8 juillet 1997 relatif à la concession des services publics d alimentation en eau potable et d assainissement; Décret n 86-226 du 2 septembre 1986 relatif à la concession des travaux de recherche et de captage d eau; Les documents de planification sont principalement: Le PNE (2010-2030) Plan National de l eau ; Les PDARE (2005-2010) Plans directeurs d aménagement des ressources en eau; Le projet GIRE (depuis novembre 2004) Gestion Intégrée des Ressources en Eau; Le Plan National de communication. Enfin, même si à moyen terme, la demande en eau est satisfaite, la mise en place d'une politique rigoureuse de gestion de la demande est nécessaire. 15

2.3.1. DESSALEMENT DE L'EAU DE MER La stratégie nationale consiste en un programme ambitieux d installation d usines de dessalement de petite et de grande taille. Plusieurs projets sont déjà réalisés, d autres en cours de réalisation (fig.13), ce qui permet de réduire la pression sur les ressources souterraines. 17 stations de dessalement sont fonctionnelles actuellement avec une capacité totale de 847 500 m 3 /j, en attendant la finalisation très proche de 08 autres de grande capacité, variant entre 100 000 et 500 000 m 3 /J. Ce qui permettrait de produire un total de 2 367 500 m 3 /j à l'horizon 2030 (PNE, 2010) WILAYA Commune Sites Capacité Nominale m 3 /j Dates de mises en exploitation Tlemcen Honaine Honaine 200 000 Août 2010 Ain Temouchent Beni saf Chatt el Hillal 200 000 Mai 2009 Tlemcen Tlemcen Souk Tleta 200 000 Janvier 2010 Oran Mersa El Hadjadj Mactaa 500 000 Prévision 1er trimestre 2011 Oran Arzew Kahrama 90 000 Février 2005 Mostaganem Mostaganem 200 000 février 2010 Ténès Ténès Mainis 200 000 Novembre 2010 Tipaza Gouraya Oued Sebt 100 000 Novembre 2010 Tipaza Tipaza Fouka 120 000 Avril 2010 Alger Alger Hamma 200 000 Février 2008 Boumerdes Boumerdes Cap Djinet 100 000 Juillet 2010 Skikda Skikda Plage Oued Kikha 100 000 Octobre 2003 Taref El Taref Echatt 50 000 NC Table 4 Les unités de dessalement d'eau de mer de grandes capacités (PNE, 2010) Wilaya Nom Capacité nominale en m 3 / jour Dates de mise en exploitation Skikda Skikda 2 (2unites) 2500*2 Jul - 2007 Skikda 1 (2 unites) 1000x2 Jul - 2007 Tizi Ouzou Tighzirt 2500 2004 Zeralda 1 2500 Fév-2005 Zeralda 2 2500 Fév -2005 Alger Ain Benian 1 2500 Mars -2005 Ain Benian 2 2500 Mars -20 Staoueli Palm Beach 2500 Jul - 2007 Tipaza Bou Ismail 5000 Jun - 200 Chlef Tenes 5000 Jul - 2007 Bousfer 1 3000 2005 Oran Bousfer 2 2500 2005 Les dunes Ain Turk 5000 Jun - 2007 Bouzedjar 2500 Aout - 2006 Aïn Témouchent Tlemcen Bouzedjar 2500 Aout - 2006 Chatt El Ward 1 2500 Jul - 2006 Chatt El ward 2 2500 Jul - 2006 Ghazaouet 1 2500 0ct - 2003 Ghazaouet 2 2500 Fév - 2004 Table 5 Les petites unités de dessalement d'eau de mer de type monobloc (PNE, 2010) 16