en partenariat avec Fiche du professeur Il était une forêt Vincent Munier/Wild-Touch THÈME Réception NIVEAU Cycle 3 OBJECTIFS - identifier les paramètres choisis par le réalisateur et les mettre en relation avec les significations recherchées, obtenues ; - identifier les différents types de dessins et leurs fonctions, leur registre. Justifier. Relever les choix d outils et les justifier quand c est possible en fonction du registre.
RÉCEPTION DU FILM DE LUC JACQUET Compétence : décrire des œuvres. Objectif : identifier les paramètres choisis par le réalisateur et les mettre en relation avec les significations recherchées, obtenues. 2 SÉQUENCE Après avoir échangé sur l interprétation que chacun peut faire du film les éléments marquants, ses significations, ses intentions, la classe va s intéresser à sa forme : pas «en soi» mais au contraire en lien avec ces significations. L ensemble est à confronter aux intentions du réalisateur Luc Jacquet qui écrit : «[...] mélanger l énergie du réel, la vivacité documentaire à la puissance narrative et l excellence de la fiction». Mais ce film possède une autre dimension, philosophique, servie par son double aspect poétique et scientifique. On peut rappeler aux élèves les paramètres techniques qui s offrent au choix de tout réalisateur et qu ils ont expérimentés, pour certains, avant le film. Il s agit de relever les options prises pour les mettre en relation avec les significations du film ; cet ensemble de choix du réalisateur constitue l esthétique de l œuvre. Quelques paramètres Type de caméra, résolution de l image numérique (basse ou haute définition) Couleur (et type de palette) et/ou noir et blanc Contrastes Éclairage, type de lumière Sarah Del Ben/Wild-Touch
Cadrage : échelle des plans (du très gros plan au plan d ensemble) Mise au point : flou et net Point de vue : angle de prise de vue (frontal, plongée, contre-plongée, obliques, verticales) hauteur de prise de vue Profondeur de champ Mouvements de caméra, type et vitesse : panoramique, travelling (horizontal, vertical), fixe Zoom avant, arrière Vincent Munier/Wild-Touch Vincent Munier/Wild-Touch Montage : rythme, ajout d effets Effets spéciaux ou non, nature de ces effets Son (voix, musiques, bruitages ), traitements Synchronisation ou non du son, voix off 19 3 On trouvera ci-dessous les choix que l on peut faire relever par les élèves, et leur interprétation. La caméra Elle n est jamais fixe : puisqu elle filme un sujet immobile, elle multiplie les mouvements. Ils sont lents : ce rythme s accorde mieux au végétal. Ils sont aussi amples, car la voix off raconte l expansion de la forêt, des arbres, des sous-bois. La caméra alterne plongées, contre-plongées, mouvements en travelling horizontal et vertical, et le spectateur est tour à tour à la place d un oiseau, d un insecte, d un animal : il rampe, marche, vole, grimpe le long des troncs (Francis Hallé, en voix off, dit : «L animal règne sur l espace, l arbre règne sur le temps...» ; les prises de vues montrent bien cela). On peut échanger sur les moyens techniques de ces prises de vues (filins, câbles, drone ou dirigeable, rails, etc.). Choix techniques et effets Le film mêle dessins d animation et images captées, introduit des effets spéciaux qui animent le sol, les branches, les troncs. Ce mélange sert la double visée du réalisateur, la puissance narrative sur des images documentaires magnifiées. Mais il permet aussi de rendre visible ce qui ne peut l être : les molécules odorantes sont matérialisées par de petits points de couleur orangée, comme du pollen ; la croissance
4 des végétaux servie par l animation ; les rapprochements formels des insectes et des feuilles, les uns copiant les autres dans une logique mimétique visant la survie ; les plongées au cœur du tronc où la symbiose avec les fourmis s accomplit a La haute définition des images captées permet aux images de captiver le spectateur 1 à la fois par leurs qualités esthétiques (très belles, très précises, de nombreuses variations de verts transparents ou opaques, foncés ou clairs, du vert profond au vert tendre) et par de gros plans récurrents qui font entrer le spectateur au cœur de cet univers. b La croissance et l expansion des végétaux sont servies par le dessin animé. Celui-ci se superpose aux captations et les toutes premières images introduisent d emblée. Ce sont des animations basées sur les dessins que Francis Hallé fait sur place mais aussi hors de la forêt. Il est fascinant de suivre ce trait précis et rapide qui se déploie, répète les mêmes formes avec d infinies variations, superpose les contours. Ces animations rejouent pour le spectateur, plus rapidement, le très lent mouvement de croissance, de transformation, d expansion, d enchevêtrement, de gonflement, d épanouissement Le montage De longs plans en mouvement servent la notion d ampleur de la forêt et d expansion vers le haut ; parfois, un plan reprend le même événement en variant le point de vue, notamment la chute de l arbre. La voix off Dans les extraits ci-après du texte de Francis Hallé, le mélange sciences et poésie, voire philosophie, est très évident. On peut en discuter avec les élèves. Que veut-il dire par : «Sous-bois et canopée, c est deux forêts différentes. La canopée, c est la forêt du présent, et dans le sous-bois, y a la forêt du passé et la forêt de l avenir.» (Vidéo Sous-bois canopée) «L animal règne sur l espace, l arbre (le végétal) règne sur le temps.» (Il était une forêt) «[...] les arbres appellent la pluie.» (Idem.) «[...] vivre immobiles.» (Idem.) Cette double dimension se retrouve dans ses dessins. 1. On peut faire un parallèle avec la peinture minutieuse et magistrale des natures mortes du XVII e, par exemple, qui interpellait les cinq sens par sa facture, mais aussi par la composition en trompel œil (éléments débordant de l espace de la représentation pour aller vers le spectateur) ou utilisant une perspective légèrement amplifiée.
RÉCEPTION DES DESSINS DE FRANCIS HALLÉ SÉQUENCE Compétence : décrire des œuvres. Objectifs : identifier les différents types de dessins et leurs fonctions, leur registre. Justifier. Relever les choix d outils et les justifier quand c est possible en fonction du registre. Francis Hallé fait de nombreux dessins qui jouent sur différents registres. Faire observer, comparer, qualifier ceux-ci : le dessin naturaliste, contemplatif, qui saisit l ensemble d un paysage avec ses plans différents ; 215 le dessin scientifique, précis et explicatif, qui rend compte des modalités de croissance (alternance, rotation sur la tige, symétrie, diminution de la taille des feuilles, réseaux des nervures, formes des feuilles et des tiges, etc.), qui propose différents points de vue sur une fleur, (la même fleur fermée, ouverte), avec détails, accompagnés de textes ; le dessin décoratif, simplifiant la forme initiale pour l épurer, rendre compte des rythmes, de la répétition etc. ; ce type de dessin est poussé presque jusqu à l abstraction, le pur jeu des formes, des rythmes, des contrastes par les trames, le graphisme etc. ;
le dessin presque naïf (on pense au douanier Rousseau), mélange de réel et de simplification à l extrême ; 6 le dessin plus expressif, inquiétant, personnifiant presque les arbres ; la couleur, assez rarement, vient souligner les volumes. Les outils servent ces diverses expressions : pour les dessins naturalistes, le crayon à papier, les crayons de couleur permettent de modeler ombres et lumières, de donner du relief, alors que le feutre noir fait ressortir les formes pures, les rythmes (abstraction, stylisation) ou sert l explication par sa grande lisibilité. On interroge les élèves sur les différences et on les leur fait remarquer, formuler.