RADIOASTRONOMIE PREMIÈRE PARTIE. Jean-Michel DELUCHE Association des Astronomes Amateurs d Auvergne (4A)

Documents pareils
Chapitre 6 : les groupements d'étoiles et l'espace interstellaire

Rayonnements dans l univers

Chapitre 02. La lumière des étoiles. Exercices :

Comprendre l Univers grâce aux messages de la lumière

DIFFRACTion des ondes

Correction ex feuille Etoiles-Spectres.

Panorama de l astronomie. 7. Spectroscopie et applications astrophysiques

NUAGES INTERSTELLAIRES ET NEBULEUSES

Activité 1 : Rayonnements et absorption par l'atmosphère - Correction

Mécanique Quantique EL OUARDI EL MOKHTAR LABORATOIRE MÉCANIQUE & ÉNERGÉTIQUE SPÉCIALITÉ : PROCÈDES & ÉNERGÉTIQUE. dataelouardi@yahoo.

INTRODUCTION À LA SPECTROSCOPIE

TEMPÉRATURE DE SURFACE D'UNE ÉTOILE

LE CORPS NOIR (basé sur Astrophysique sur Mesure / Observatoire de Paris :

Atelier : L énergie nucléaire en Astrophysique

Partie Observer : Ondes et matière CHAP 04-ACT/DOC Analyse spectrale : Spectroscopies IR et RMN

Application à l astrophysique ACTIVITE

ANALYSE SPECTRALE. monochromateur

PHOTO PLAISIRS. La Lumière Température de couleur & Balance des blancs. Mars 2011 Textes et Photos de Bruno TARDY 1

TP 2: LES SPECTRES, MESSAGES DE LA LUMIERE

POLY-PREPAS Centre de Préparation aux Concours Paramédicaux. - Section Orthoptiste / stage i-prépa intensif -

Résonance Magnétique Nucléaire : RMN

Les moyens d observations en astronomie & astrophysique

La vie des étoiles. La vie des étoiles. Mardi 7 août

Vie et mort des étoiles. Céline Reylé Observatoire de Besançon

Comment dit-on qu'une étoile est plus vieille qu'une autre ou plus jeune qu'une autre?

Chapitre 4 - Spectroscopie rotationnelle

Les objets très lointains

Radio sources: données utiles pour la mesure et l'optimisation des équipements EME

Quelques liens entre. l'infiniment petit et l'infiniment grand

Gaz moléculaire et formation stellaire dans les galaxies proches : maintenant et à l'époque ALMA Jonathan Braine

Étude et modélisation des étoiles

FORMATION ET FONCTIONNEMENT D'UNE ETOILE

La physique quantique couvre plus de 60 ordres de grandeur!

TP 03 B : Mesure d une vitesse par effet Doppler

Le Soleil. Structure, données astronomiques, insolation.

Fluorescent ou phosphorescent?

Niveau 2 nde THEME : L UNIVERS. Programme : BO spécial n 4 du 29/04/10 L UNIVERS

THEME 2. LE SPORT CHAP 1. MESURER LA MATIERE: LA MOLE

1S9 Balances des blancs

Chapitre 6 La lumière des étoiles Physique

Mesures de PAR. Densité de flux de photons utiles pour la photosynthèse

Les rayons X. Olivier Ernst

Comment réaliser physiquement un ordinateur quantique. Yves LEROYER

Le pâle écho lumineux du Big Bang vu par le satellite Planck

Structure quantique cohérente et incohérente de l eau liquide

I - Quelques propriétés des étoiles à neutrons

1STI2D - Les ondes au service de la santé

Une application de méthodes inverses en astrophysique : l'analyse de l'histoire de la formation d'étoiles dans les galaxies

Sensibilisation à la Sécurité LASER. Aspet, le 26/06/2013

Le satellite Gaia en mission d exploration

Lycée Galilée Gennevilliers. chap. 6. JALLU Laurent. I. Introduction... 2 La source d énergie nucléaire... 2

ÉNERGIE : DÉFINITIONS ET PRINCIPES

Les impulsions laser sont passées en quarante ans de la

TD 9 Problème à deux corps

L inégale répartition de l énergie solaire est à l origine des courants atmosphériques

PRODUIRE DES SIGNAUX 1 : LES ONDES ELECTROMAGNETIQUES, SUPPORT DE CHOIX POUR TRANSMETTRE DES INFORMATIONS

Panorama de l astronomie

Étude statistique de la turbulence dans le milieu interstellaire

Caractéristiques des ondes

Seconde Sciences Physiques et Chimiques Activité ère Partie : L Univers Chapitre 1 Correction. Où sommes-nous?

Ecole Centrale d Electronique VA «Réseaux haut débit et multimédia» Novembre 2009

Photons, expériences de pensée et chat de Schrödinger: une promenade quantique

Exo-planètes, étoiles et galaxies : progrès de l'observation

Un spectromètre à fibre plus précis, plus résistant, plus pratique Concept et logiciel innovants

LE COSMODETECTEUR : UN EXEMPLE DE CHAÎNE DE MESURE

Etrangeté et paradoxe du monde quantique

Qu est-ce qui cause ces taches à la surface du Soleil?

Interactions des rayonnements avec la matière

Plan du chapitre «Milieux diélectriques»

SPECTROSCOPIE D ABSORPTION DANS L UV- VISIBLE

Etude RFPro Exposition professionnelle

Celestia. 1. Introduction à Celestia (2/7) 1. Introduction à Celestia (1/7) Université du Temps Libre - 08 avril 2008

Atlas de la lumière. Peter von Ballmoos Centre d'etude Spatiale des Rayonnements, Toulouse

Champ électromagnétique?

Professeur Eva PEBAY-PEYROULA

SYSTEME DE PARTICULES. DYNAMIQUE DU SOLIDE (suite) Table des matières

L histoire de la Physique, d Aristote à nos jours: Evolution, Révolutions

Spectrophotométrie - Dilution 1 Dilution et facteur de dilution. 1.1 Mode opératoire :

THEME 3. L UNIVERS CHAP 2. LES SPECTRES MESSAGES DE LA LUMIERE DES ETOILES.

Jeunes en Apprentissage pour la réalisation de Nanosatellites au sein des Universités et des écoles de l enseignement Supérieur

Chapitre 11 Bilans thermiques

L énergie sous toutes ses formes : définitions

Sophie Guézo Alexandra Junay

LE RÉFRIGÉRATEUR PRÊT À INSTALLER

Chapitre 22 : (Cours) Numérisation, transmission, et stockage de l information

- I - Fonctionnement d'un détecteur γ de scintillation

Objectifs pédagogiques : spectrophotomètre Décrire les procédures d entretien d un spectrophotomètre Savoir changer l ampoule d un

Les Contrôles Non Destructifs

Notre galaxie, la Voie lactée

CULTe Le samedi 9 février2008 à 15h. Conf 1 : WIFI, les bases

Chapitre 10 : Radioactivité et réactions nucléaires (chapitre 11 du livre)

PHYSIQUE Discipline fondamentale

Microscopie de fluorescence Etat de l art

PHYSIQUE-CHIMIE. Partie I - Propriétés de l atome

101 Adoptée : 12 mai 1981

Présentation du programme. de physique-chimie. de Terminale S. applicable en septembre 2012

Ondes gravitationnelles de basses fréquences et relativité

2 e partie de la composante majeure (8 points) Les questions prennent appui sur six documents A, B, C, D, E, F (voir pages suivantes).

TECHNIQUES: Principes de la chromatographie

Transcription:

RADIOASTRONOMIE PREMIÈRE PARTIE Jean-Michel DELUCHE 24-10-2012 Association des Astronomes Amateurs d Auvergne (4A)

La RADIOASTRONOMIE Un Exemple : Cassiopée A, le reste d une explosion d étoile massive dans le visible et l invisible

SOMMAIRE Principes généraux De la physique classique A la physique quantique Les phénomènes naturels Les contraintes Les Antennes L Observation radio Conclusion

Principes généraux L idée générale Chaque évènement naturel laisse une trace thermique La chaleur agite des électrons qui provoquent l absorption ou l émission de photons

Principes généraux Le photon Un photon est à la fois un «grain de lumière» et une «onde électromagnétique» caractérisée par sa longueur d'onde λ ou sa fréquence ν λ = c / ν, c : vitesse de la lumière, λ s'exprime en m, ν en Hz

Principes Généraux Les ondes électromagnétiques Sont composées d un champ électrique E et d un champ magnétique B. Ces deux champs sont perpendiculaires λ E

Principes Généraux Tableau de correspondances km m mm μm nm pm Radioastro λ= 20m à 0.2mm v =15 MHz à 1.5 THz MHz GHz THz PHz EHz

De la physique classique Images de l agitation thermique 1 Kelvin = -273 C Le rayonnement cosmologique du fond diffus de l Univers ~ 3K Le rayonnement infrarouge du corps humain ~ 300K Le rayonnement du soleil dans le visible ~ 6000 K

De la physique classique Le domaine du visible En 1666 Newton trouva la décomposition de la lumière par le prisme La longueur d onde du visible varie de 400 à 800 nm λ moyenne de l œil humain = 555 nm

De la physique classique La physique historique Explique très bien "la vie courante", à l'échelle macroscopique : le mouvement d'une pomme, le mouvement des planètes Newton en 1687 : Pour lui l énergie varie de façon continue Ex : l énergie cinétique d'un corps Ec = 1/2mv 2 avec m = masse et v = vitesse Représentation de l'atome sur le modèle planétaire par un électron qui gravite autour du proton

De la physique classique Les découvertes en thermique Depuis l âge du fer, les forgerons utilisent les couleurs du fer chauffé pour travailler le métal En 1859 Kirchhoff élabora le principe du Corps Noir Mesura la répartition spectrale de l énergie rayonnante pour chaque longueur d onde La loi de Wien 1893 définie un maximum au spectre continu Acier chauffé à blanc

De la physique classique Quelques points chauds dans le ciel Objets chauds et denses : étoiles (UV, visible), naines brunes (visible, IR) planètes (IR) Poussières (IR) L Univers primordial (fond diffus cosmologique) Soleil Vue d'artiste d'une naine brune de type L

De la physique classique Echec de la physique classique Incapable d'expliquer en totalité le rayonnement du Corps Noir La loi de Rayleigh-Jeans incapable de reproduire le rayonnement du Corps Noir aux faibles fréquences = «catastrophe ultraviolette» UV L Hydrogène pas stable et le spectre de sa raie est inexplicable IR

De la physique classique Naissance de la physique quantique En 1900, Planck propose que l énergie varie de façon discontinue : quanta L énergie est un multiple d'une quantité de base : le quantum d'énergie (hν) Loi de Planck permet de rendre compte du rayonnement du Corps Noir

A la physique quantique Naissance de la physique quantique La loi de Planck : E = h ν où h= Cste et ν = fréquence du rayonnement Ondes radio à grandes λ faibles Températures

A la physique quantique Le modèle semi-classique Le modèle de Bohr, notion de Raie Energie d'un niveau : En = 13.6 / n 2 avec En en ev λ =122 nm n1 Niveaux d énergie n2 n3 Les séries de l hydrogène n4

A la physique quantique Le fonctionnement Changement de niveau d énergie d'un atome ou d'une molécule : Excitation - par absorption d'un photon extérieur -par collision avec des atomes voisins Désexcitation -par émission d'un photon E atome / molécule E1 Excitation Photon Entre Désexcitation Photon Sort E 2 E Photon = E2 E1

A la physique quantique La raie HI de l'hydrogène neutre Mécanique quantique : Corrections relativistes Il faut sont à appliquer aux résultats semi-classiques des corrections d'énergies fines

A la physique quantique La raie HI de l'hydrogène neutre Structure fine de Dirac : Prise en compte du spin de l'électron valeur fractionnaire ou entière SPIN de l électron

A la physique quantique La raie HI de l'hydrogène neutre Déplacement de Lamb : Electrodynamique quantique Polarisation du vide

A la physique quantique La raie HI de l'hydrogène neutre Structure hyperfine : Prise en compte du spin du proton Application : La raie HI : transition entre niveaux F=1 et F=0 de l'état fondamental, l énergie est très faible Raie HI

Les phénomènes naturels Observables La raie HI de l'hydrogène neutre Les Rayonnements non thermiques à très hautes énergies Les molécules, traceurs de l Univers froid

Les phénomènes naturels La raie HI de l'hydrogène neutre Structure hyperfine : La durée de vie de l hydrogène neutre à l'état excité est de 11Millions d années L hydrogène est très abondant ce qui explique la détection de la raie HI en λ = 21 cm Raie HI

Les phénomènes naturels Intérêt de la raie HI de l'hydrogène neutre L étude de la structure spirale de la Voie Lactée La mesure de la rotation des galaxies L étude de l'expansion de l Univers Rapprochement Eloignement

Les phénomènes naturels Les Rayonnements non thermiques Aux très hautes énergies le rayonnement synchrotron : Rayonnement émis par des électrons (ou particules chargées) qui spiralent autour d'un champ magnétique Plus l'électron est énergétique, plus le rayonnement est émis dans un cône étroit Exemple : pulsar, plérions, rémanent de supernovae

Les phénomènes naturels Les Rayonnements non thermiques Aux très hautes énergies le rayonnement de freinage : Rayonnement émis par des électrons qui passent à proximité d'un noyau Fréquent dans les plasmas

Les phénomènes naturels Les molécules : traceurs de l Univers froid Si l'observateur regarde l'étoile au travers un nuage de matière interstellaire. Les molécules absorbent le rayonnement émis par l'étoile créant une raie d'absorption caractéristique de la molécule Exemples : en 1937 découverte des radicaux CH + raie en 395,8 nm, et CH raie à 430 nm

Les phénomènes naturels Les molécules : traceurs de l Univers froid Rotation et vibration : 3 types d excitation / de niveaux d énergie : électrons : ultraviolet / visible vibration : infrarouge rotation : radio

Les phénomènes naturels Les molécules : traceurs de l Univers froid Détection du Glycolaldéhyde, structure de l'épine dorsale des molécules d'arn, dans un cœur moléculaire! (Beltrán et al. 2009, ApJ 690, L93)

Les phénomènes naturels Les molécules : traceurs de l Univers froid Exemple de Molécules dans le système solaire : comète 103P/Hartley 2 (Deep Impact!) NASA/JPL Astrophysique sur Mesure Françoise Roques et Gilles Bessou

Les phénomènes naturels Principe de l effet Maser Est un phénomène naturel, «Laser dans le domaine Micro-onde», a été étudié avant le laser milieu amplificateur, pompage, cavité Le pompage crée une inversion de population Energie Energie Principe du LASER n4 n3 n2 n1 P O M P A G E n4 n3 n2 n1 Transition Rapide effet maser Transition Rapide Inversion de la population Population Population

Les phénomènes naturels L effet Maser en astrophysique Le maser astrophysique : Milieu amplificateur : le nuage interstellaire Principe du LASER Cavité de très grande dimension générée par le nuage interstellaire (pas de va et vient comme pour le laser) Pompage : absorption de photons extérieurs (émis par des étoiles, des poussières) et ou excitation par collision moléculaire

Les phénomènes naturels Intérêt de l effet Maser en astronomie Maser très sensible aux conditions physiques Permet d'obtenir des informations précises de température et de la densité des nuages interstellaires Quelques molécules dont l'émission maser est connue Molécule Fréquence (GHz) OH 1,665 H20 22 CH3OH 25 SiO 43 HCN 89

Les contraintes Fenêtres atmosphériques terrestres

Les contraintes L Effet Doppler Déplacement en fréquence d une onde reçue quand la source est en mouvement par rapport à l observateur UV IR Etat repos Si la source se rapproche : λ Si la source s'éloigne : λ Spectre : intensité de la source en fonction de la fréquence ou de la vitesse

Les contraintes L intensité des signaux L unité de flux est le Jansky : 1Jy =10-26 W.m -2.Hz -1 Le flux du Soleil est de 50 000 Jy, valeur très petite par rapport à la puissance totale émise Les grands radiotélescopes captent des signaux de l ordre du millième ou du dix millième de Jansky Quelques radiosources intenses produisent des centaines ou des milliers de Jansky

Les contraintes La pollution Radio Elle vient s ajouter à la réception des signaux. Les antennes télévision sont les plus puissantes, les antennes de téléphonie fleurissent partout. Les sites professionnels utilisent une antenne spécifique dite de surveillance.

Les Antennes Généralités Une même antenne radio est utilisée en émission ou en réception Les antennes utilisées sont de type YAGI (antenne râteau) pour les basses fréquences de type Radar pour les fréquences plus hautes. Dans ce deuxième cas la technologie est beaucoup plus compliquée.

Les Antennes Pouvoir Séparateur θ Il est défini par l angle θ

Antennes Pouvoir séparateur θ Définition et Calcul : Le plus petit angle sous lequel on distingue encore 2 sources proches (étoiles doubles) détermine la capacité à discerner des détails, pour l'œil θ = 1' d'arc. θ = 1,22 λ / D, D : diamètre du miroir primaire, λ : longueur d'onde d'observation Exemple : pour θ désiré = 1" d'arc en optique sur la raie Hα (λ=656 nm) D=165 mm en radio sur la raie HI (λ=21cm) D=53 km!!!! l interférométrie est nécessaire (plusieurs antennes)

Les Antennes Pouvoir Séparateur θ (Cas des étoiles doubles)

L Observation radio Traitement des spectres Raie d émission HI Ligne de Base Conversion fréquence / vitesse (effet Doppler) km/s Retire la ligne de base pour obtenir la véritable intensité de la raie Température de brillance en K Bande de fréquence de 10 MHz

CONCLUSION Nous avons vu : La radioastronomie est une technologie qui vient un complément du domaine visible Les observations ont permis d étudier l Univers grâce à : L hydrogène neutre (raie HI) Les électrons à haute énergie (rayonnements synchrotron et de freinage) Les molécules (à travers les nuages intergalactiques, le système solaire) L effet Maser (domaine micro-ondes)

Radiotélescope de Nançay La Station de Nançay, à la fois site d'observation et laboratoire instrumental Il est spécialisé dans le domaine de la radioastronomie basse fréquence de 30 MHz à 10 GHz

BONNE NUIT Votre cerveau pendant le sommeil : Type de sommeil fréquence type d onde Profond 0.5 à 4 Hz delta Relaxation 8 à 13 Hz alpha Paradoxal sup à 14 Hz bêta Grande activité 30 à 35 Hz gamma cérébrale

BONNE NUIT Au 7 Novembre pour la deuxième partie Radiotélescope Ryle à l Université de Cambridge