L allergologie moléculaire en pratique : Monique Fontaine 1 er et 2 juin 2015
Pourquoi utiliser les recombinants dans les allergies aux pollens? Monique Fontaine Pneumo-allergologue Wavre ( Belgique )
Pollens les plus fréquents: Les pollens les plus fréquents : En Belgique et en France : - graminées, bouleau et noisetier Région méditerranéenne : - olivier, cyprès, peuplier et graminées
Immunothérapie Comment savoir si une ITS va fonctionner?
Allergie alimentaire Les recombinants permettent de faire la différence entre : Allergie alimentaire croisée ou une AA isolée..? Allergie sévère ou sans gravité..? Comment s y retrouver?
Intérêt des allergènes recombinés Outils pour améliorer l'interprétation des sensibilisations cutanées concomitantes Guide pour l'immunothérapie spécifique Permettent d évaluer la sévérité d une allergie alimentaire
Dénomination des allergènes recombinés 3 premières lettres du taxon + 1ère lettre du genre. Exemples : Betula verrucosa - Bet v 1 - rbet v 1 : allergène recombiné - nbet v 1 : allergène naturel Olea europea nole e 1 Fraxinus excelsior Fra e 1 Phleum pratense Phl p 1 Dactylis glomerata Dag g 1 Ambrosia artemisoefolia Amb a 1
Exemple concret Le pollen de bouleau : Betula verrucosa Plusieurs protéines peuvent êtres responsables d une réponse positive au test cutané Bet v 1 : protéine de défense ( PR10) Bet v 2 : Profiline ( protéine ubiquitaire) Bet v 4 : Polcacine
Le Bouleau: détail des protéines La PR10 (ou Bet v 1) est: LE PLUS SOUVENT thermolabile. Présente dans certains aliments de la famille des Rosacées, elle est, EN GENERAL, responsable d un syndrome oral sans gravité, EXCEPTION : la PR10 du céleri, du soja et de l'arachide sont thermostables et donc potentiellement responsables d'anaphylaxie Disponibles pour le dosage en laboratoire : Pollen de bouleau : Bet v1 Pêche : Pru p1 Céleri : Api g 1.01 Arachide : Ara h 8 Noisette : rcor a 1 Soja : Gly m 4 Kiwi : ract d8
Profilines : panallergènes ( protéines ubiquitaires ) Elles sont thermolabiles : syndrôme oral sans gravité avec les agrumes Pour les cucurbitacées : Bet v 2 résiste à la chaleur et aux enzymes salivaires réactions beaucoup plus sévères ( melon, pastèque, courgettes, concombre et citrouille). Idem pour la profiline du lychee ( croisé avec le pollen des Composées dont l armoise fait partie). Elles ne sont pas spécifiques d'une espèce en particulier. Le dosage de Bet v2 confirme une allergie à la profiline quel que soit l'allergène Disponibles pour dosage en laboratoire : Bouleau : Bet v 2 Phéole : Phl p 12 Pêche : Pru p 4 Latex : Hev b 8 pas de symptôme clinique (non alimentaire)
Exemple concret Les graminées : La Phléole des prés PHLEUM PRATENSE Plusieurs protéines peuvent êtres responsables d une réponse positive au test cutané: Phl p 1 : béta-expansine Phl p 5 : fonction biochimique mal connue Phl p 12 : profiline ( protéine ubiquitaire) Phl p 7 : polcacine
Bases moléculaires des réactions croisées entre pollens JF Fontaine PR 10 PFL PLC LTP IFR OLEe1 N C N C F A G A L E S Bétulacées Corylacées Fagacées Graminées Herbacées Bouleau Bet v 1 Bet v 2 Bet v 4 Bet v 6 Aulne Aln g 1 Aln g pfl Aln g 4 Charme Car b 1 Car b 2 Car b 4 Noisetier Cor a 1 Cor a 2 Chêne Que a 1 Que a 2 Que a 4 Châtaignier Cas s 1 Cas s 2 Phléole Phl p 12 Phl p 7 Phl p11 Phl p 1 Phl p 5 Chiendent Cyn d 12 Cyn d 7 Ambroisie Amb a 8 Amb a 9 Amb a 6 namb a1 Armoise Art v 4 Art v 5 Art v 3 nart v1 Olivier Ole e 2 Ole e 3 Ole e 8 Ole e 7 Ole e 1 Ole e 9 β-glucanase Oléacées Frêne Fra e 2 Fra e 3 Fra e 1 Fra e 9 β-glucanase Lilas Syr v 3 Syr v 1 Troene Lig v 1
JF Fontaine PR 10 PFL PLC LTP IFR OLEe1 N C N C Rosacées Pomme Mal d 1 Mal d 4 Mal d 3 Pêche Pru p 1 Pru p 4 Pru p 3 Cerise Pru av1 Pru av 4 Pru av 3 Poire Pyr c1 Pyr c4 Pyr c3 Pyr c5 Abricot Pru ar1 Pru ar 3 Bétulacées Apiacées (Ombellifères) Noisette Cor a 1 Cor a 2 Cor a 8 Carotte Dau c 1 Dau c 4 Dau c LTP Céleri Api g 1 Api g 4 LTP? Persil Pet c 1 Pet c 2 Api g 5 (CCD) Solanacées Tomate Pomme de terre Sola t PR10 Lyc e 1 Sola t PFL Lyc e 3 Sola t 1 patatine Légumineuses soja Gly m4 Gly m 3 cacachuette Ara h 8 Ara h 5 Ara h 9 Ananas Piment Ana c 1 Cap a 2 Ana c 2 Bromeline
Impact sur le diagnostic La connaissance des allergènes recombinés: Permet d interpréter les polysensibilisations cutanées Permet un diagnostic beaucoup plus précis Permet de faire la distinction entre : monosensibilisation, polysensibilisation, allergie vraie, polyallergies, allergies croisées Permet d évaluer la pertinence d une immunothérapie spécifique
Cas clinique n 1 Marcel souffre de rhinite allergique depuis plusieurs années. Cette année les symptômes sont présent d avril à fin juin. Il voudrait bénéficier d une immunothérapie Les TAC réalisés à la consultation sont positifs pour le noisetier, le bouleau, le frêne, les graminées. Les allergènes domestiques sont négatifs. Qu allez-vous lui proposer?
Cas clinique n 1 Biologie : dosage des allergènes recombinés? Bet v 1 : <0,10 ku/l Bet v 2 : 20,3 ku/l Bet v 4 : <0,10 ku/l Phl p 1, 5 : 65 ku/l Ole e 1 : 0,80 ku/l Comment interpréter ces résultats?
Cas clinique n 1 Quelle immunothérapie? Quelle chance de succès?
Cas clinique n 2 Geneviève se plaint de rhinite en mars et avril chaque année qui devient de plus en plus gênante malgré la prise des antihistaminiques. En général à partir de mai elle est asymptomatique. TAC : Positifs pour noisetier, bouleau. Les autres pollens sont négatifs. Les allergènes domestiques sont négatifs également. Allez vous lui proposer une immunothérapie?
Cas clinique n 2 Biologie : Bet v 1 : 70 ku/l Bet v 2 : 0,5 ku/l Bet v 4 : <0,10 ku/l t14 ( noisetier) : 12 ku/l Qu allez vous lui proposer?
Cas clinique n 2 Quelle immunothérapie? Quelle chance de succès?
Impact sur le traitement Les traitements désensibilisants sont riches en allergènes majeurs ( Bet v 1, Phl p 1, Ole e 1) La connaissances des allergènes recombinés va permettre de prévoir le succès de l ITS
Allergies alimentaires croisées les plus fréquentes Les plus fréquentes : Pollen de bouleau Fruits de la famille des rosacées, Ombellifères, solanacées et certaines légumineuses. Graminées plus rares, parfois via les profilines.. Pollen d armoise épices (Latex ficus fruits exotiques) (Acariens crustacés, escargot)
Allergies alimentaires isolées Aux fruits Sont potentiellement sévères Ne sont pas associées à une pollinose Plus fréquentes en Méditerranée Comment les distinguer des allergies croisées? Quels conseils et quels régimes allez vous proposer?
LTP : Protéines de transfert lipidique ne sont pas spécifiques d'une espèce, thermostables et potentiellement responsables d anaphylaxie. La plus connue Pru p 3 allergie fréquente en méditerranée Présente dans les fruits de la famille des rosacées entre autres Les autres LTP identifiées:. Noisette : "Cor a 8" Asperge : Aspa o1 Noix : Jug r3 Laitue : Lac s 1 Blé : Tri a14 Orange : Cit s3 Raisin : Vit v1 Citron : Cit l3 Chou : Bra o3 Tomate : Lyc e3 Châtaigne : Cas s8 Arachide : rara h 9 Disponibles pour dosage en laboratoire : Pêche : Pru p 3, Arachide : rara h9 Noisette : Cor a 8, Armoise : nart v3 Le dosage de Pru p 3 confirme une allergie aux LTP dans la famille des rosacées.
Cas clinique n 3 Gloria vit en Belgique depuis une dizaine d année. Elle se plaint de rhino-conjonctivite tous les ans entre le mois de mars et le mois de juillet. Elle prend des antihistaminiques ce qui semble suffisant pour contrôler les symptômes. Il y a 2 semaines elle a présenté une réaction «bizarre» en mangeant une pêche..
Cas clinique n 3 Sensation de picotements de la muqueuse buccale et sensation de gonflement de la «gorge», au moment où elle consommait le fruit. Ensuite léger malaise qui l oblige à s allonger. La patiente prend un antihistaminique et les symptômes disparaissent progressivement en 30 minutes..
Cas clinique n 3 Il s agit d un premier épisode Les TAC sont positifs pour le bouleau, le noisetier, le chêne, la pêche, la prune, la noisette S agit il d une allergie croisée, d une allergie vraie potentiellement sévère?
Cas clinique n 3 Biologie : Bet v 1 : 25 ku/l.. AC bouleau pêche? Pru p 3 : 56 ku/l AA à la pêche? Pru p 4 : 0,10 ku/l. Profiline négative Conclusion : régime d éviction? Oui! Trousse d urgence? oui!
Les LTP ( Pru p 3 ) Nom Produit Source Glycosylé Art v 3 Armoise commune Artemisia vulgaris Jug r 3 Noix (J. regia) Juglans regia Mal d 3 Pomme Malus domestica r Api g 2 Céleri Apium graveolens r Art v 3 Armoise commune Artemisia vulgaris rcor a 8 Noisette Corylus avellana rjug r 3 Noix (J. regia) Juglans regia role e 7 Olivier Olea europaea rpar j 2 Pariétaire de Judée Parietaria judaica rpru p 3 Pêche Prunus persica
Conclusions : impact sur le diagnostic? L usage des recombinants: Permet de mieux comprendre les risques liés à : L allergie alimentaire L allergie respiratoire Les allergies croisées Permet de déterminer avec un grand degré de certitude les risques encourus par le patient.!
Impact sur le diagnostic L usage des recombinants : Permet d éviter certains régimes d éviction alimentaire inutiles Permet de confirmer l absence de risque chez un patient sensibilisé au latex via la profiline Nous oblige à raisonner à partir des grandes familles de protéines et non plus exclusivement à partir de l allergène complet!